Skip to main content

Full text of "Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie"

See other formats


^? 


BULLEThN 


D£S 


COMMISSIONS   ROYALES 


DWUT   KT  D'AUCHÉOLOGlli. 


BULLETIN 


COMMISSIONS  ROYALES 


D'AKT   ET   D^ARGHÉOLOGIE. 


DIX-SEPTIÈME    ANNÉE. 


BRUXELLES, 

C.     MUQUAllDT,    ÉDITEUR,     RUE    DE    LA    RÉGENCE,     45. 

Même  maison  à  Gand  et  à  Leipzig. 


1878 


THE  GETTY  CENTER 
UBRARY 


LES  OBJETS  ÉTRl  SOI  ES  D'EÏGEIILSEN 


5*  ARTICLE  0) 

(PREMIÈRE     PARTIE) 


C*'  GozzADiNi  (sénateur  du  royaume  d'Italie),  De  quelques  mors  de  chevaux 

italiques  et  de  l'épée  de  Ronzano  en  bronze.  Bologne,  1875,  in-4°.  Grav. 
Id.,  Intorno  agli  scavi  archeologici  fatti  dal  sig.  A.  Arnoaldo  Veli  presso 

Bologna.  Bologne,  1877,  in-4''.  Grav. 
Id.,  Kegia  deputazione  di  storia  patria  per  le  provincie  di  Eomagna. 

Tomate  VIII,  XIV,  XV  (Extr.  de  la  Gazzetta  dell'  Emilia,  n»'  92,  176, 

186.  Voy.  aussi  1873,  n"  329-330). 
Id.,  Observations  sur  la  lettre  du  s'  Zannoni,  Bullettino  dell'  Instituto 

di  corrispondenza  archeologica,  1875,  p.  268. 
Id.,  Note  sur  une  cachette  de  fondeur  ou  fonderie  à  Bologne.  (Cartailhac, 

Matériaux  pour  l'histoire,  etc.,  de  l'homme,  mai  1877,  note  lue  à  l'Institut 

de  France,  dans  la  séance  du  25  mai  1877  ;  Revue  archéologique,  XXXI V, 

p.  61). 

Zannoni,  Lettre  à  Henzen  sur  les  fouilles  de  la  Certosa  (ibid.,  pp.  177, 
209;. 

Id,,  Gli  scavi  délia  Certosa  di  Bologna,  Disp.  1  et  2.  Bologne,  187G 
(Helbig,  Compte  rendu,  Bull,  cité,  1876,  p.  237;  Revue  archéol  ,  1877, 
XXXIII,  p.  69). 

Id. ,  Cenno  negli  scavi  délia  via  del  Pratello  in  Bologna,  1873,  in-4". 


(i)  Voy.  Bull,  des  Connu,  roy.  d'art  et  d'archéol.,  W,  pp.  259  et  -135;  XII, 
p.  212;  XIII,  p.  385. 

La  nomeiiclatiire  bibliogruphique  ci-dessus  ne  comprend  pas  les  ouvrages  cités 
dans  les  précédents  articles,  notaninienl  les  ouvrages  du  B""  Von  Sacken,  sur  le 
cimetière  de  Hallstatt,  du  t**  Conestabile,  Sovra  due  discfii,  ceux  de  M.  Alex. 
BERTRAND  cités  dans  le  présent  liuUelin,  XIII,  p.  409,  note  \,  etc. 


—  (î  - 

Zanxoxi,  Scavi   Renacci,  segniti  di  qnelli  délia  Certxsa  e  di  Arnoaldi. 

1874. 
Id.,  Sur  la  fonderie  de  Bologne,  citée  oi-des^ins,  Matériaux,  etc.,  de  Car- 

TAILHAC,  1877,  p    47. 
NVoRSAAF,  La  colonisation  de  la  Russie  et  du  Nord  Scandinave  et  leur  plus 

ancien  état  de  civilisation  (Mémoires  de  la  Société  royale  des  Antiquaires 

du  Nord  à  Copenhague,  1873-74,  pp.  73  à  198). 
D''  Engelhardt,  Influence  classique  sur  le  Nord  dans  l'antiquité  (ibid., 

1876,  pp.  109  à  318,  et  Cartailhac,  Matériaux  pour  l'histoire  natu- 
relle, etc.,  de  l'homme,  1867,  p.  59). 
Dh  Roi-GEMOXT,  L'âge  du  bronze  ou  les  Sémites  en  Occident.  Paris  1866. 
E.  Desor,  Le  bel  âge  du  bronze  lacustre  en  Suisse.  Neuchâtel,   1874, 

in-fol.  Grav.  (En  collaboration  avec  Favre). 
Id.,  Une  nouvelle  découverte  préhistorique.  La  fonderie  de  Bologne.  Lu 

à  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Neuchâtel,  mai  1877,  8  p.  (Voy. 

aussi  ^latériaux  de  Cartailhac,  1877,  pp.  197  et  285;  Revue  archéolo- 
gique, XXXIII,  pp.  350  et  406). 
CoNZE,  Frammenti  di  vasi  di  bronzo,  trovati   nel  Tirolo  méridionale 

(Annali  dell'  Instituto  de  corrispondenza  archeologica ,  1874 ,  p.  166  ; 

Monumenti,  id.,  X.  pi.  vi). 
D''  LiNDEXscHMiT,   Die   .\lterthunier  unserer  heidnischen   Vorzeit,    III, 

fascic.  V. 
Id.,  Zur  Heurtheiling  der  alten  Bronzefunde  diesseits  der  Alpen  (Archiv 

fiir  Anthropologie  de  Brunswick,  Vlll,  p.  167). 

Frantzius,  Correspondenzblatt  der  deutschen  Gesellschaft  fur  Anthropo- 
logie. Ethnologie  und  Urgescliichte.  Heidelberg,  n°du  l'2  décembre  1872 
{.Archiv  fiir  Anthropologie). 

Jahre'^bericht  der  Gesellschaft  (ïirnutzliche  Forschungen  zu  Trier.  Trêves, 
1872-73,  p.  21,  question  8  :  «  Wo  sind  bis  jetzt  etruskische  Bronzewerken 
gefunden  worden  ?  « 

D'  Herm.  Genthe,  Ueber  den  etruskischen  Tauschhandel  nach  dera  Norden 
(Programme  du  Gymnasium  de  Francfort  s;M,  pour  Pâques  1873). 

In.,  2'  édit.  augmentée,  avec  une  carte  archéologique  des  découvertes. 
Francfort,  1874. 

Id.,  Ueber  den  Antheil  der  Rheinlande  an  vorromiscbem  und  vômischeni 
Bernsteinhandel  (Kxtr.  des  Monatsberichte  des  Vereins  fur  rheinische 
westfâlisclie  Geschichtsforschung  und  Alterthumskunde,  1877.  p.  1). 

T»--  VirîCHow,  V.'rh;indlnngen  der  Berliner  Gesellschaft  fiir  Anthropologie. 
Séan<-e  du  13  janvier  1x74,  p.  75. 

Hostmans  ,  Der  UrncnlViedhof  b<M  Darzau  .  in  d»'r  Provinz  Hannover. 
Brunswick.  ]^'7\.  in  1". 


MuLLER,  Bericht  iiber  vorchristlichen  Altorthilmer  (Extr.  de  la  Zeitschrift 

des  historischen  Vereins  fiir  Niedersachsen,  1X74,  p.  293). 
Jahrbiicher  des  Vereins  von  Alterthurasfreunden  im  Rheiiilande.  Bonn, 

LV-LVI,  p.  271;  LVIII,  pp.  103  et  suiv. 
MoREL,  La  Champagne  souterraine.  Matériaux  et  documents  ou  résultats 

de  vingt  années  de  fouilles  archéologiques  dans  la  Marne,  2*  fascic, 

1876,  in-S". 
Id.,  Album  des  cimetières  de  la  Marne  de  toutes  les  époques  (Matériaux 

pour  l'histoire  de  la  Champagne  souterraine),  2'  fascic,  1870,  in-plano, 

oblong. 
Id.,  Découverte  d'une  sépulture  renfermant  une  épée  de  bronze  à  Courtavant 

(Aube).  Tours,  1875. 
Id.,  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  XXXV,  p.  98. 
Id.,  Découverte  de  Somme-Bionne.  Gaulois  inhumé  sur  son  char  et  objets 

étrusques  (Congrès  archéol.  de  France,  XLII»  session,  Châlons-sur-Marne, 

1875,  p.  86). 

Id.,  Découverte  d'une  sépulture  de  l'âge  de  bronze  (Journal  de  la  Marne, 

du  17  décembre  1874). 
De  Baye,  L'art  étrusque  en  Champagne  (Extr.  du  Bull,  monum.  et  de  la 

XLIl*  session  citée  ci-dessus,  p.  58). 
Mazard,  Essai  sur  les  chars  gaulois  de  la  Marne  (Revue  archéologique 

de  mars  1877  et  livr.  suiv.;  Cartailhac,  Mater.,  1877,  p.  281). 
De  Mortillet,  Découverte  de  sépultures  dans  Seine-et-Marne,  l'Aisne 

et  le  Loir-et-Cher  (Extr.  des  BuUet.  de  la  Société  d'anthropol.  de  Paris, 

4  février  1875). 
Id.,  Origines  du  bronze  (Extr.  de  la  Revue  d'anthropologie  du  D' Broca, 

année  1875). 
Id  ,  Revue  préhistorique  (ibid.,  n'  1,  de  1877). 
Ch.  Robert,  Épigraphie  de  la  Moselle.  Paris,  1873,  p   96. 
Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule  (Epoque  celtique),  aux  mots  : 

Besseringen,  Birkenfeld,  Doerth,  Diirckheim,  Eygenbilsen,  Graeckwyl. 
Flouest,  Notes  pour  servir  à  l'étude  de  la  haute  antiquité  en  Bourgogne. 

1"  fascic.  Le  tumulus  du  Bois  de  Langres,  etc.,  1872  ; 

2*     id.,     Les  fouilles  de  Magny  Lambert,  1873; 

3'     id.,    Le  tumulus  de  la  Bosse  du  Meuley,  1874  ; 

4'     id..     Les  tumulus  des  Mousselots,  1876  (Cartai  hac,  1877,  pp.  274 
et  278). 
Id.,  Comptes  rendus  des  ouvrages  de  Gozzadini  et  Desor  (Matériaux  pour 

l'histoire  de  l'homme,  par  Cartailhac,  XI*  et  XII«  année,  1875,  p.  241; 

1876,  p.  221). 

Chabas,  Étude  de  l'antiquité  historique  d'après  les  sources  égyptiennes  et 
les  monuments  réputés  préhistoriques,  1"  édit.,  1872  ;  2'  édit.,  1873. 


—  8  — 

H.  Martin,  Études  d'archéologie  celtique.  —  Notes  et  voyages  dans  les 

j)ays  celtiques  et  Scandinaves.  Paris,  1872. 
Alex.  Bertrand,  Le  casque  de  Berru  (Revue  arcliéologiciue,  XXIX,  1875, 

1"  semestre,  p.  244.  Cfr.  Bull.  Antiq.  de  France,  1875,  XXXVI,  p.  91). 
Id.,  De  la  valeur  des  expressions  Celtes  et  Galates  (ibid.,  XXXI,  1876, 

pp.  1,73  et  1.53). 
Éd.  DE  Barthélémy,  Note  sur  une  sépulture  antique  fouillée  à  Berru 

(Marne)  en  1872  (Mémoires  de  la  Soc.  nat.  des  Antiq.  de  France,  XXXV, 

IV'  série,  V,  p.  93). 
Eug.  Bl'Rnouf,  L'âge  du  bronze  et  les  origines  de  la  métallurgie  (Revue 

des  deux  mondes  du  15  juin  1877,  XLVIP  année,  3*  période,  tome  XXI, 

4'^  livraison,  ]).  752). 
Compte  rendu  du  VII*  Congrès  anthropologique  et  «  préliistorique  »  de 

Stockholm  (Hagemans,  Bull,  de  l'Acad.  d'archéol.  de  Belgique.  I,  889; 

Alex.  Bertrand,  Revue  archéol.,  novembre  1875,  pp.  246  et  322). 
Id.,  du  VHP  Congrès,  etc.,  de  Buda-Pest.  Séances  des  7,  8  et  9  septembre 

1876  (Revue  archéologique  de  décembre  1876,  XXXII,  p.  414,  Cazalis 

DE  FoN-DoucE,  Toulousc,  1870,  64  p.  Extr.  des  Matériaux  pour  l'histoire 

de  l'homme,   de  Cartailhac,   1876,  p.  417.  —  Compte  rendu  de  la 

liuitième  session,  etc  ,  I,  pp.  221  et  suiv.) 


Feu  le  comte  Coneslabile,  si  compélenl  pour  toutes  les 
questions  concernant  les  objets  de  style  étrusque  (i)  dé- 
couverts au  nord  des  Alpes,  avait  bien  voulu  engager  l'au- 


(i)  Il  doit  t'tre  bien  entendu,  une  fois  pour  toutes,  qu'il  ne  s'agit  pas  ici 
d'antiquités  étrusques,  sensu  stricto,  c'est-à-dire  d'antiquités  provenant  de 
ri^tnirie  centrale,  celle  oii  ont  été  laites  les  découvertes  de  Caere,  Corneto,  eti;. 

Il  s'agit  niOnie  ici,  presque  exclusivement,  d'antiquités  arcbéo-italiques  de  la 
contrée  cinumpad;uif,  d'où  les  Gaulois  ont  refoulé  les  Ktrusqiies  plus  au  midi 
à  l'époque  oii  Felsina,  occiqtée  par  les  Itoii,  a  perdu  son  nom  pour  s';qqie!i'r 
Uononia. 

L'intéi'ct  de  la  discussion  est  uni(|uenient,  pour  nous,  de  savoir  si  les  objets 
proviennenl  de  l'Italie,  indépendamment  de  la  controverse  sur  le  point  de  savoir 
si,  tout  en  étant  itaiiotes,  ils  sont  archéo-éirusqnes  ou  ombriens,  insubriens,  etc. 
Seulement,  tous  les  savants  italiens  sont  d'accord  pour  les  attribuer  ï\  ime  époque 
reculée.  M.  hf.  Mef.stkii  dk  Ravkstein  (Miim'e  de  Hairsteiii,  Catalofjue  descriptif, 
I,  p.  3î)0j  fait  (lu  reste  remarquer,  en  l'ait  d'art  ai'ibéo-italiqiu^  (|ue  notamment 
l'art  indifîène  des  Saninites  était  trè.s-resseinl>lant  à  celui  des  r:trus(uies. 


—  9  — 

teiir  du  présent  nrticl(^  à  conliniier  la  série,  cnlropriso  ici 
même,  de  résumés  des  découvertes  et  des  publications 
contemporaines  relatives  à  cette  partie  du  champ  d'études  des 
congrès  dits  «préhistoriques.  »  Il  considérait,  disait-il,  ces 
résumés  comme  d'une  grande  importance,  el,  de  fait,  les 
découvertes  el  publications  abondent  à  un  tel  point,  comme 
l'indique  la  nomenclature  ci-dessus,  qu'elles  fournissent  am- 
plement matière  à  un  cinquième  article.  D'ailleurs  certaines 
hésitations  se  manifestent  encore  en  Belgique  au  sujet  de 
l'attribution  aux  Etrusques  de  ce  genre  d'objets,  considérés 
comme  anté-romains,  tandis  que  même  à  Copenhague  la 
thèse  est  aujourd'hui  acceptée;  il  ne  sera  donc  pas  inutile  de 
mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  belge  l'état  de  la  question 
à  l'étranger,  et  de  faire  mention  des  autorités  imposantes 
qui,  en  dehors  de  nos  frontières,  sanctionnent  les  théories, 
nouvelles  pour  nos  concitoyens,  qui  ont  été  ici  exposées. 

I. 

EEVUE  DES  NOUVELLES  D:fiCOU VERTES. 

A. 

Au  beau  Musée  de  Mayence  figurent  à  une  place  d'hon- 
neur des  fac-similé  de  l'œnochoé,  du  bandeau  d'or  et  du 
seau  h  cordons  (ï Eygenbilsen ,  présentés  comme  objets  de 
provenance  étrusque,  trouvés  au  nord  des  Alpes  et  appar- 
tenant aux  temps  antérieurs  à  l'envahissement  des  Romains. 

Le  savant  D' Lindenschmit,  directeur  de  ce  Musée  et 
auteur  des  Alterthûmer  iinserer  heidnischcn  Vorzeit,  est,  on 
le  sait,  le  principal  promoteur  du   mouvement  important 


—  10  - 

qui  s'osl  fait  dopiiis  quinze  ans  pour  la  question  de  l'âge  de 
bronze  et  de  l'origine  des  objets  d'art,  si  peu  en  raj)port 
avec  l'état  supposé  de  barbarie  et  d'isolement  des  peuples  de 
l'Europe  centrale  et  septentrionale,  qu'on  retrouve  dans  les 
sépultures  de  ceux-ci,  antérieures  à  la  conquête  romaine. 

Voici  en  (pieis  ternies  le  D' Lindenschmil  lui-même  a  ré- 
sumé les  nouvelles  découvertes  et  les  lieux  où  on  les  a 
signalées,  dans  une  communication  faite  à  la  Société  des 
reclierclies  utiles  de  Trêves  (i). 

Indépendamment  de  la  route  qui  des  Alpes  orientales 
s'étendait  vei's  la  Moravie  (Hradisl)  et  la  Bohême  (Horsowitz), 
deux  ramifications  furent  suivies  par  le  commerce  étrusque, 
l'une  par  la  Suisse  vers  la  Franche-Comté  et  la  Cùte-d'Or, 
l'autre  par  les  Vosges  et  l'Alsace  vers  le  Rhin  inférieur,  avec 
un  embranchement  vers  la  Basse-Saxe  auquel  se  rattachent 
les  nombreuses  découvertes  faites  par  le  Palatinat  Rhénan 
d'une  part,  etd'aulrc  part  celles  qui  onteu  lieu  dans  les  bassins 
<le  la  Saar,  de  la  Moselle  et  de  la  Meuse.  En  laissant  de  coté 
les  découvertes  déjà  connues  de  la  Suisse,  du  Tyrol,  de  la 
Styrie  et  de  la  Basse-Autriche  (environs  de  Salzbourg),  il  y  a 
lieu  de  citer  en  France  les  découvertes  deMagny-Lambert,en 
Allemagnecellesd'Ufrmg(Haute-Bavière),Brumath  (Alsace), 
Hassloch  et  Diirckheim  (Palatinat  Rhénan),  des  environs 
(le  Mayence  et  de  Wiesbaden  (Bhin  moyen),  d'Armsheim 
(Hesse  Rhénane),  de  Wald-Algesheim,  Saint-Goar,  Tholey, 
Olzenhausen,  Schwarzenbach,  Weisskirchen  et  Besseringen 
('environs  de  Trêves),  de  K(Mïij)en  (Rhin  inférieur),  de  Verden 
(llajiovrej  et  iX Eijijenbilsen  (HeUjiqw). 


(i)  JnhrexherkhI  do  Tr^vps,  IST^-Tô.  p.  ^2\ . 


—  II  — 

Le  D'  Lindenschmil  parlait  enfin  d'une  trouvaille  loule 
récente  près  de  Bcifort,  signalée  par  le  bourgmestre  d(^ 
Haguenau,etd'une  remarquable  découverte  debijouxd'or  et 
de  vases  de  bronze  qui  venait  d'être  faite  à  ZerlT,  aux  en- 
virons de  Trêves. 

A  l'époque  de  cette  communication  du  D""  Lindenschmit, 
on  comptait  dans  les  contrées  énumérées  par  lui  :  trois  am- 
phores de  style  classique,  dix-neuf  œnochoés  à  bec  relevé  en 
proue,  neuf  seaux  à  côtes  et  cinq  plats  en  bronze  de  travail 
recherché  et  de  style  incontestablement  étrusque,  souvent 
trouvés  à  côté  d'objets  de  parure  en  or  de  même  origine. 

Depuis,  le  D''Hermann  Genthe,  professeur  au  Gymnasium 
de  Francfort,  actuellement  à  Corbach  (Waldeck) ,  a  fait  paraître 
un  travail  très-étendu  sur  le  commerce  des  Étrusques  avec 
le  Nord  (i),  dont  i!  sera  rendu  compte  plus  loin. 

Ce  travail,  à  part  de  légères  inexactitudes  (2),  constitue 


(1)  Ueber  den  etniskisclicn  Tauschhandel  etc. 

(2)  Le  n'*  209,  s'il  a  rapport  à  Eygenbilsen,  comme  on  peut  le  supposer,  est 
mal  placé  à  la  rive  droite  de  la  Meuse. 

Quant  aux  n"'  206,  207  et  208,  qui  concernent  les  découvertes  d'Anloo  et  de 
Nimègue,  et  qui  sont  aussi  mal  placées  sur  la  carte,  on  a  vu  ci-dessus  {Bull, 
des  Comm.  roy.  d'art  et  d'arcliéol.,  XIII,  p.  -iOt,  noie  2)  qu'ils  doivent,  au  moins 
provisoin-meut,  être  supprimés. 

Certains  noms  sont  parfois  estropiés  par  le  D""  Genthe,  comme  Scheuermanns 
(ailleurs  bien  écrit),  Laudesbarough  (Londesborouch),  Coudebec-les-Elbeuf 
{Caudebec-lez^  Elbeuf). 

Il  faut  voir  ce  que  deviennent  encore  ces  noms  quand  ils  passent  dans  la 
bouche  des  critiques  du  If  H.  Genthe.  Dans  les  Matériaux  pour  l'histoire 
naturelle  de  rhoinme  dirii;és  par  M.  Gartailhac,  1873,  p.  33,  Diirckheim, 
Graecliwyl,  Malrai,  Kaltern  (Caldaro) ,  deviennent  Dintkeim,  Greschivyl, 
Mattrey,  Ractern. 

Ainsi  encore  Correspondenz-Blatl  der  deuluchen  Gesellschaft  fïtr  Anthropo- 
logie, etc..  VI,  pp.  93  et  91,  cite  la  trouvaille  A'Eygebihen,  près  de  Tonderu 
(Genthe). 


—   1-2  — 

nn  pas  immense,  e(  l'auteur  a  rendu  un  service  iinporlant 
à  la  science  en  prcsenlant  un  tableau  synoptique  de  toules 
les  découvertes  d'objets  étrusques  faites  au  nord  des  Alpes. 

Le  D''  Lindenscbmil  avait  déjà  fait  porter  ses  recherches 
sur  une  série  d'objets  antiques  trouvés  en  Italie  et  au  nord 
des  Alpes  (i).  Le  D'  Genthe  a  élargi  le  travail  et  voici  la 
nomenclature  des  objets  qu'il  compare  :  seaux  (chau- 
drons et  seaux  portatifs),  amphores  et  vases,  œnochoés  à 
long  col,  bassins  et  plats,  écuelles  faites  au  repoussé,  ter- 
rines, vaisseaux  à  puiser,  etc.,  urnes  et  bassins  à  suspendre  ; 
couteaux,  rasoirs,  faucilles;  pointes  de  flèche,  haches, 
ciseaux,  kelts;  outils,  comne  petits  couteaux,  scies,  limes, 
marteaux;  attirail  pour  la  pèche;  ornements  de  cheval, 
comme  disques  de  courroies;  chars  et  accessoires;  orne- 
ments et  bijoux,  comme  fibules,  boucles  de  ceinture;  ban- 
deaux de  tète,  bagues,  boucles  d'oreilles,  pendeloques, 
diadèmes,  chaînes,  bracelets,  colliers,  épingles  à  cheveux, 
peignes,  boutons;  armes  offensives,  comme  glaives,  poi- 
gnards, lances,  pointes  de  lance  et  de  flèche,  masses 
d'armes;  armes  défensives  :  casques,  boucliers,  cuirasses; 
autres  pièces  d'attirail  militaire,  comme  armes  de  guerre 
et  cornes  (en  bronze);  chars  à  deux  roues  ;  objets  d'offrande; 
chars,  chaudrons;  — enfin  objets  d'art,  comme  le  trépied 
de  Diirckheim,  la  figure  de  Junon  de  Coire,  la  Minerve 
d'Oehringen,  le  miroir  d'Avenches.  le  vase  peint  de  Zurich 
(;i  figures  noires  sur  fond  rouge). 

Le  \v  Genthe  groupe  toutes  les  trouvailles  faites  au  nord 
des  Alpes  en  203  numéros  (2),  dont  un  grand  nombre  sont 

())  M/erIh.  tinfter.  Iieidii.  Yorzeit,  MI,  fascic.  1,  pi.  i  (Beilage). 

(î)  M.  l'i.dir^T.  Tinii.  dex  Moiinxrlnts,  p.  ÔO.  on  \)C\v\c  lo  nonibro  a  207. 


coii)|»k'.\os  cl  coiicci'iR'iil  meitu!  globalcuiciil  loules  les  aiili- 
(liiilcs  d'un  luùine  pays;  à  la  lable  des  nialières  un  trouve, 
cil  oulrc,  l'iiidicalion  de  ceux  des  lunnéros  de  la  carie  où 
l'ambre  s'esl  monlrc  dans  les  scpullures  à  cùlé  d'objets  de 
bronze  d'origine  étrustiue. 

En  citant  la  iroiwaiUe  (n'hjc  d'hJy^jenbilsen  (i),  l'auteur  in- 
vo(|ue  l'opinion  de  Mestorfct  du  comte  Conestabile  au  sujet  dii 
l'élruscisme  des  objets  cClvygcnbUsen ,  et  il  n'Iiésite  pas  à 
se  joindre  à  eux. 

Un  certain  nombre  de  découvertes  sont  groupées  sur  la 
carte  du  D"' Genllio  autour  de  Trêves,  où,  en  elTet,  ont  été 
opérées  les  remarquables  Irouvailles  de  Besseringen,  etc., 
citées  par  Lindenschmil;  mais  ce  n'est  pas  à  celles-là  seu- 
lement qu'il  est  fait  allusion,  car  Gentlie  nous  apprend 
(p.  IGo)  qu'on  a  trouvé  dans  les  mêmes  environs  : 

i°  En  juillet  1875,  partie  d'un  vase  de  bronze  avec  une 
tête  de  lion  pour  déversoir,  complètement  semblable  à  un 
vase  du  Musée  Grégorien  (i>)  ; 

2"  En  septembre  1875,  ])rès  de  Zerff,  un  anneau  d'or, 
uneœnocboé  à  long  bec,  en  ïoi-ma  de  \)vonc(langsclinabeli(jé) , 
et  enfin  deux  plateaux  semblables  à  ceux  de  la  trouvaille 
d'Armslieim  (ô). 

Le  D""  Lindenscbmit,  (pii  avait  déjà  parlé  de  ces  objets 
à  Trêves,  complète  les  renseignements  en  disant  («)  :  «  Les 


(i)  :2'-'  cdit.,  p.  l7o,  MX. 

(i)  D'iipros  une  leUie  du  h"  Lindk.nscumit  en  dalc  du  19  oclubre  187j,  cet 
objet  décrit  par  le  D"-  Genthe,  2'  édit.,  p.  16a,  n"  loo,  u  clé  acquis  par  le  Musée 
de  Mayencc. 

(3)  Voy.  ci-dessus,  Bull.  Oen  Comm,  roij  (rurl  et  d'arcltiol.,  XI,  p.  -ii-J. 

(*)  LcUrc  citée  ci-dessus. 


—  Il  — 

Iroiivailles  de  Zci'lT  sont  conservées  au  Musée  de  Trêves. 
Le  Musée  de  Mayeiice  possède  uu  moulage  exact  de  l'an- 
neau d'or.  L'œnochoé  n'a  pas  d'ornements  particulièrement 
remarquables.  De  même,  les  bassins  sont  exactement  sem- 
blables à  ceu.x  d'Armsheim  et  de  Rodenbach  (i).  J'ai  préci- 
sément, depuis  quelques  semaines  seulement,  ces  deux 
sortes  de  bassins,  représentées  chacune  par  un  exemplaire 
d'après  des  trouvailles  d'un  tumulus  des  environs  de  Ratis- 
bonne,  déposées  dans  le  Musée  de  cette  dernière  ville.  » 

En  outre,  de  toutes  récentes  découvertes  faites  en  Alle- 
magne sont  signalées  à  l'auteur  du  présent  article  par  le 
D'  Lindenschmit  (2). 

l"  Deux  grands  tumulus  ont  été  fouillés  près  de  Hunder- 
singen,  Grand-Bailliage  de  Riedlingen  (Wurtemberg).  On 
y  a  découvert  beaucoup  de  fragments  d'un  très-grand 
bassin  et  d'un  gobelet  en  bronze,  une  grande  lance  de  ïcv 
et  beaucoup  de  débris  d'armes  de  fer,  entre  autres  deux 
lames  de  poignard  bien  conservées,  l'une  avec  poignée  en 
fer,  l'autre  en  bronze,  dans  le  style  de  celles  de  Hallstatt; 
une  belle  et  grande  pointe  de  flèche  en  bronze,  deux  bra- 
celets et  trois  colliers  en  or,  un  large  ruban  orné  en  or;  plu- 
sieurs colliers  en  bronze,  des  fibules  en  bronze,  avec  incrus- 
lalion  de  pâtes  de  verre  coloré,  et  une  quantité  de  boutons, 
d'épingles  à  cheveux,  en  ambre  (jui  est  travaillé  et  orné 
d'incrustalions  de  couleur.  En  outre,  des  roues  de  chariol 


(ij  Vuy.  ':i-a|ii('^  hi  troii^ailli;  ûc  lludei)hach,  h  propos  de  vasi'S  peints. 
L'ii  bassin  pareil  a  été  lioiivé  dans  le  depaiieineiil  de  la  Marne  avee  les  débris 
d'un  char  (Voy.  plus  loin). 
(»)  Lettre  du  1  juin  1877. 


—  15  — 

en  fer  cl  heaucoup  de  garnitures  en  bronze,  de  harnais  de 
chevaux  ; 

2"  Un  immense  lumukis  a  été  IbaiHé  dans  le  parc  de 
Ludwigsburg  (aux  environs  de  Stullgarl).  Il  contenait  les 
restes  d'un  char  à  quatre  roues,  des  garnitures  de  roues  en 
fer;  des  anneaux  en  fer, avec  ornements  en  bronze  apphqués 
au-dessus;  de  nombreuses  phalères  en  bronze;  près  du 
squelette,  un  bandeau  d'ornement  en  or,  ayant  sans  doute 
servi  de  colHer,  un  très-beau  manche  de  poignard,  des 
disques  en  bronze  et  des  lames  en  fer.  Aux  pieds,  un  vase 
à  anse  en  cuivre  (?)  et  un  seau  de  bronze  à  cannelures 
horizontales. 

Enfin,  une  importante  découverte  a  été  faite  tout  récem- 
ment à  Bologne  (i). 

Il  y  a  quelques  mois,  l'ingénieur  Zamioni,  ayant  à  l'aire 
creuser  un  égout  au  centre  de  la  ville  de  Bologne,  près  de 
l'église  de  Saint-François,  rencontra,  dans  la  tranchée  qu'il 
faisait  exécuter,  à  deux  pieds  de  profondeur,  une  immense 
amphore  en  terre  cuite,  qui  paraissait  receler  des  objets 
bizarres.  Le  vase  ne  mesurait  pas  moins  de  r'40  de  hauteur 
sur  r'20  de  diamètre.  M.  Zannoni  ne  larda  pas  à  s'aperce- 
voirque  le  vase  était  complètement  rempli  de  débris  en  métal. 
11  en  retira  14,000  pièces,  toutes  en  bronze,  d'une  excellente 
composition,  et  toutes  revêtues  de  la  belle  patine  verte  qui 
caractérise  les  bronzes  anciens.  Ces  objets,  emballés  avec 
un  soin  très-particulier,  de  manière  à   n'occuper  que  le 


(0  Desor,    L'ne  tiouv.  décoiiv.  préliial.,  p.  -2,  et  Cozzadini,  ^ole  sur  une 
citcliette,  etc. 


—    IC)  — 

luuiiis  de  pliicf  |»o>siltlo.  se  coinposaiL'Ul  (.'.ssLiilii'llLiiiL'iil 
iriisliiisilcs  cl  il'oljjcls  <lc  parure. 

Voici,  tlaiis  loiilrc  de  leur  iiiiporlaiice  nuiuéri(|ue,  les 
j)rincij)alcs  séries  : 

Une  séi'ie  de  kells  ou  haches  en  hroux^e,  (]ui  ne  coinplc  pas 
moins  de  "2,077  éeiianlilions.  Tous  les  lypes  de  haches  des 
cilés  lacuslres  s'y  lioiivenl  représenlés,  depuis  le  simple 
coin  en  hion/.e  jus(prau  couleau-iiaclie  le  plus  élégant. 
Parmi  ces  derniers,  il  y  en  a  niènie  cpii  sont  ornés  de  gra- 
vures. 

Les  fibules  sont  encore  plus  nombreuses,  M.  Zannoni  en 
a  compté  2,107,  (|ui  se  iMpportent  ii  iij  types  dilïércnls; 
celles  dites  à  denii-co(|uc  sont  de  beaucoup  les  plus  nom- 
breuses. 

Les  cou'eau.v  sont  éiialement  Irès-ahundants.  11  y  en 
a  de  toute  forme  et  de  toute  dimension;  quelques-uns  ont 
même  la  lame  ornée  de  jolis  dessins. 

Ciseauc.  nu()i(pie  inijins  nombi'eux,  ils  se  com|itent 
aussi  par  centaines,  parmi  lestpiels  il  y  a  bon  nombi'c  de 
gouuos. 

Les  pointes  de  lanvc,  au  iioml)i'e  de  "27 o,  se  Ibnl  remar- 
quer pai-  une  grande  variété  de  dimensions  jointe  à  une 
uniroi'un'lé  IVa|)panle  dans  la  l'orme.  Il  y  en  a  (pii  ont  plus 
d'un  pied  de  long. 

Faucilles.  On  en  compte  une  50%  dont  (piel(jues-unes, 
très-grandes,  ne  le  cèdent  guère  en  dimension  à  celles  de 
l'âge  gallo-romain  de  la  Tèiie. 

Les  mors,  (pii  juscpi'à  jtrésenl  avaient  passé  pour  une 
raivii'',  sont  a>sc/,  aliondanls,  les  uns  enliei'S,  les  autres  en 
fragmenis,  tn  loul  eiivirun  OO.  L'espacement  des  branches 


—  17  — 

montantes,  qui  sont  (runc  rare  élégance,  indique  des  che- 
vaux de  grande  taille  et  non  pas  des  poneys,  comme  les  mors 
en  bronze  des  cités  lacustres.  La  toilette  des  chevaux  est  en 
outre  représentée  par  un  certain  nombre  de  phalères  sem- 
blables à  celles  des  palafittes  de  Suisse. 

Des  hamcçom  de  toute  dimension  et  même  des  harpons 
de  bronze. 

Des  marteaux  à  la  façon  de  ceux  de  l'âge  de  la  pierre  et 
d'autres  plus  petits  à  douille,  comme  en  Suisse. 

Une  grande  enclume,  un  rabot  triangulaire. 

Enlin  les  scies  en  bronze,  dont  l'apparition  dans  les  pala- 
fittes avait  été  un  sujet  d'élonnement,  se  trouvent  repré- 
sentées par  une  1:2*  d'échantillons. 

Parmi  les  objets  de  parure,  il  y  a  à  mentionner  en  pre- 
mière ligne  une  collection  de  plusieurs  cenlaines  de  bra- 
celets de  formes  et  de  dimensions  diverses,  mais  lous  massifs, 
ayant  fréquemment  les  extrémités  façonnées  en  tètes  d'ani- 
maux. 

Les  épingles  à  cheveux  sont  nombreuses,  sans  l'être 
autant  qu'en  Suisse.  Elles  sont,  pour  la  plupart,  à  bouton 
plat. 

Les  rasoirs  sont  au  nombre  de  oO,  tous  avec  une  petite 
tige  en  guise  de  manche. 

Le  bronze  laminé  était  aussi  en  grand  usage.  Il  en  existe 
de  nombreux  lambeaux  avec  dessins  au  repoussé,  qui  rap- 
pellent en  partie  les  mêmes  dessins  qu'on  retrouve  sur  les 
urnes  en  terre  cuite  de  Villanova.  Ce  sont,  selon  toute  appa- 
rence, des  débris  de  zona  et  peut-être  des  plastrons,  comme, 
en  portent  encore  les  campagnards  dans  différentes  pro- 
vinces de  l'empire  d'Autriche. 


—    18  — 

Muiilionnoiis  eiicuri'  comme  ul)jcl.s  curieux  un  peigne  en 
hroiizo,  avec  dciils  nombivuscs,  (\v>,  (abcs  crcud'  avec  jX'ii- 
(leloques,  ôcs  lames  carnes  ornées  de  dessin.^,  que  lecoiiilc 
Gozzadini  j)i'eiid  pour  des  cloclielles. 

Les  armes  sont  relalivemeiil  moins  nombreuses.  Cepen- 
dant les  poignards,  les  llèclies  et  les  épées  no  l'ont  pas  défaut. 
Parmi  ces  dernières,  il  en  est  une  dont  la  poignée  res- 
semble, à  s'y  méprendre,  à  l'épée  à  antennes  du  Musée  de 
Ncucliàlel. 

Les  moules  ne  devaient  pas  manijucr  dans  un  atelier  de 
cette  importance.  Il  y  en  a  en  terre  et  d'autres  en  métal 
(bronze  dur),  à  la  façon  du  moule  de  Iiaclic  (jiii  ju-ovienl 
de  la  station  de  Morges  et  se  trouve  dans  la  collection  de 
M.  le  i)résidcnt  Forel  (à  Morges). 

Tous  ces  objets  ne  sont  pas  d'égale  conservation;  ainsi 
parmi  les  haciies ,  il  y  en  a  (pii  sont  à  l'état  d'ébauche, 
montrant  encore  les  bavui'es  de  moule,  d'autres  jjai-faite- 
ment  aiguisées  et  martelées  n'ayant  pas  encore  servi,  d'au- 
tres dont  les  angles  sont  cbi'écliés  et  qu'il  s'agissait  proba- 
blement de  réparer,  et  d'autres,  enfin,  qui  ne  sont  que  des 
rebuts  destinés  à  la  fonte. 

Les  fibules  offrent  à  jieu  près  la  même  variété;  il  n  en  a 
de  |)arfailemcnl  intactes  et  d'autres  plus  ou  moins  endom- 
magées. Ce  qui  intéresse  plus  particulièrement,  ce  sont  les 
réparations  que  jilusieurs  avaient  subies.  D'ordinaire,  c'est 
l'ardillon  qui  est  sujet  à  se  casser.  Bon  nombre  en  étaient 
privées,  mais  il  s'en  trouvait  aussi,  surtout  |)aiini  les  fibules 
massives,  dont  Fanlillcn  piinnlif  avait  été  l'iMiiplacé  ou  i"a- 
just(''  à  nouveau,  lanlnl  au  moyen  d'un  petit  l'ivet  de  fer, 
lanlnl  ;iu    mnyen  d'un»'   incision  fiilc  dans  le   corjis  de  la 


—  Il)  — 

lildilo,  (M  (laiis  laijtK'llL'  se  li-oiivail  logée  une  lame  de  bronze 
(Hie  rnii  (ransfoniiail  en  arilillon  par  rapproehenn^nl,  la 
soudure  n'étant  pas  encore  connue. 

Les  culols  ne  sont  pas  sans  iniporlance  au  point  de  vue 
industriel.  Le  l'ait  que  plusieurs  d'entre  eux  laissent  encore 
apercevoir  des  morceaux  d'outils,  tels  que  fragments  de 
lames  de  couteaux,  oreillettes  de  haches,  indique  sufiisam- 
inenl  (pie  les  rebuts  avaient  été  recueillis  en  vue  de  la 
refonte, 

La  trouvaille  représente,  par  conséquent,  à  la  Ibis  un 
magasin,  un  atelier  de  jéparalion  et  une  fonderie. 

Ce  (pii  manquait  encore  à  la  démonstration  de  l'origine 
commune  de  tous  ces  bronzes  si  ressemblants  dans  tous  les 
pays,  est  mis  en  lumière  par  cette  découverte  :  il  n'est  plus 
nécessaire  de  chercher  le  lieu  d'origine  ailleurs  qu'en 
Italie 

G  Cette  énorme  quantité  de  pièces,  dit  le  comte  Gozzadini, 
est  un  nouveau  et  puissant  argument  pour  démontrer  que 
la  région  où  fut  établie  celte  fonderie,  était  anciennement 
un  grand  centre  de  fabrication  d'objets  en  bronze  (ju'on 
exportait  au  delà  des  Alpes.  »  La  date  en  est,  d'après  lui, 
de  dix  à  onze  siècles  (i)  avant  J.-C 

«  On  pouvait  se  demander,  ajoule  Dcsor,  si  les  stations 
lacustres  et  les  nécropoles  d'Italie  n'avaient  pas  été  alimentées 
les  unes  et  les  autres  par  quelque  centre  industriel  commun 
(Hongrie,  Caucase,  etc.).  La  fonderie  de  Bologne  vient 
dissiper  tous  les  doutes.  » 


(0  Un  millier  d'années  pour  Villanovii,  cola  est  bien  adaiis  anjouKriiiii  :  il  est 
inutile  de  faire  remarquer  que  la  Iteune  archéologique  a  conimis  une  coquille 
on  pariant  (\X\1,  1876,  p.  223)  d'un  millier  de  siècles! 


—  20  — 

—  Étudions  maiiiît'uaul  quelques  spécialités  des  trou- 
vailles faites  au  nord  des  Alpes,  et  arrèlons-nous  non- 
seulement  aux  objets  analogues  à  ceux  (XEygcnbilsen,  mais 
encore  à  d'autres  particularités  dont  l'importance  devient  de 
plus  en  plus  saillante;  cette  étude  fera  l'objet  des  para- 
graphes suivants. 

B.   OEnochoés  à  bec  relevé. 

Quant  aux  œnochoés  à  anse  avec  palmclles  et  à  long 
bec  en  forme  de  proue,  auxquelles  le  D'  Genthe  assimile 
celles  dont  le  goulot  se  termine  en  tuyau  oblique,  cet  au- 
teur en  cite  une  vingtaine  dans  les  localités  suivantes  : 
Remmesweiler  (Birkenfeld),  Weisskirchen ,  Armsheim, 
Wiesbaden,  Metllach,  Ottweiler,  Olzenhausen,  Saint-Goar, 
Hermeskeil,  Besseringen  et  Wald-Algesheim  :  l'étruscisme 
de  ces  œnochoés  est  démontré  par  les  pi.  vi  et  suiv.  du 
Museo  Gregoriano  et  par  les  pi.  xv,  fig.  .5,  et  xvi,  fîg.  2,  ^ 
et  5  du  travail  du  comte  Gozzadini,  Di  una  antica  necro- 
poli,  etc.  Genthe  ajoute  qu'au  Musée  du  Louvre,  à  Paris, 
on  voit  plusieurs  de  ces  œnochoés,  sans  désignation  plus 
précise  d'origine,  sauf  pour  une  seule  qui  est  indiquée 
comme  provenant  du  Puy-de-Dôme;  en  outre,  le  départe- 
ment de  la  Marne  en  a  récemment  fait  connaître  encore  une 
autre  (i). 

Cette  découverte  de  la  Marne  est  vraisemblablement  celle 
de  Somme-Bionne  déjà  mentionnée  ci-dessus  (2),  dont  il 

(i)  Dans  l'ouvrage  de  Genthe,  il  fyiit  supprimer  ici,  d'après  ce  qui  a  été  dit 
[ilus  haut,  renonciation  de  la  Meuse  ((Jueldrc)  comme  ayant  aussi  fourni  une 
'pnochoé  a  long  hec. 

(ï)  Bull,  dcx  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  XIII,  p.  390. 


—  21   — 

a  été  rendu  compte  en  ces  ternnes  (i)  :  «  Le  squelette  avait 
à  ses  pieds  une  œnochoé  semblable  à  colles  de  Pouan  et 
(VEygenbilsen,  Belgique » 

Les  découvertes  françaises  qui  viennent  d'être  énumérées, 
sont  précisées  de  la  manière  suivante  par  M.  Morel  (2)  : 

«  Cette  forme  de  vase  à  bec  relevé,  considérée  aussi  par 
M.  de  Longpérier  comme  étrusque,  s'est  retrouvée  en  France, 
en  trois  endroits  différents,  (outre  celle  de  Somme-Bionne)  : 
celle  de  Bourges,  celle  de  Pouan  (au  Musée  de  Troyes)  et 
celle  d'Aubernac,  actuellement  au  Musée  du  Louvre. 

»  Nous  ne  connaissons  pas  celle  de  Bourges;  elle  doit 
faire  partie  de  quelque  collection  particulière,  car  elle 
n'existe  pas  au  Musée  de  cette  ville,  ainsi  que  nous  nous  en 
sommes  assuré  auprès  de  M.  le  conservateur  (3). 

B  Celle  du  Musée  du  Louvre  nous  a  paru  un  peu  plus 
petite  que  la  nôtre. 

»  Celle  de  Pouan  a  absolument  les  mêmes  dimensions 
que  celle  de  Somme-Bionne.  La  hauteur,  prise  à  la  partie 
dominante  de  l'anse,  est  de  O'"2o;  prise  à  l'extrémité  du 
goulot,  cette  hauteur  est  de  0"'294  »  (4.;. 

M.  Morel  compare  son  œnochoé  à  l'œnochoé  belge  et 
dit  :  «  L'œnochoé  de  Somme-Bionne,  comme  celles  qui  ont  été 


(1)  Bull,  de  la  Société  nation,  des  Antiq.  de  France,  XXXV,  p.  98. 

(2)  Champ,  souterr.,  :2«  fascic.  (1876),  p.  54. 

(3)  I.e  livret-catalogue  de  l'Histoire  du  travail {Eximsiilon  universelle  de  1867), 
p.  60,  n°  767,  porte  en  effet  que  ce  vase,  trouvé,  en  1849,  près  de  Bourges,  a  été 
exposé  par  le  baron  de  Girardot. 

(i)  D'après  le  croquis  de  l'œnochoé  de  Pouan  publié  dans  le  Bull,  des  Comm. 
roy,  d'art  et  d'archéol.,  XI,  p.  450,  l'œnochoé  de  Pouan  aurait  eu  des  propor- 
tions plus  que  doubles  ;  c'est  pourquoi  on  publie  ici  la  mesure  juste  et  exacte, 
prise  spécialement  par  le  chanoine  Coffinet  pour  M.  Morel. 


2:2  — 

(lécouverlcs  jusqu'ici,  pivseiitc  des  Iraccs  de  dorure...  Elle 
a  beaucouj)  de  rapport  avec  celle  (XEijrjenhihen,  quant  à  la 
l'orme  générale  et  aux  dimensions.  Seulement  elle  ne  pos- 
sède pas,  comme  celle  dernière,  soit  sur  l'anse  ou  sur  le 
goulot,  de  doubles  l'anus  de  perles,  soil  aucune  espèce 
d'ornement  sur  le  col.  Elle  en  diffère  aussi  eu  ce  sens  que 
les  levrettes  de  Sommc-Bionne  sont  remplacées  à  KyrjenhUsen 
par  des  unicornes  affrontés.  » 

La  comparaison  est  rendue  facile  par  la  représentation 
faite  par  M.  Morel,  dans  son  album,  sur  la  même  planche, 
{\vs  (rois  œnochoés  d'EijgenbUscn,  de  Somme-Bionne  et  de 
Pouan,  avec  leurs  anses  (i). 

Ensuite,  M.  Morel  présente  l'énumération  suivante  des 
œnochoés  à  bec  relevé  découvertes  jusqu'ici  (2)  : 

«  M.  Schuermans,  dans  sa  notice,  cite  seize  œnochoés 
trouvées  au  nord  des  Alpes,  sur  les  bords  du  Rhin  et  spé- 
cialement de  ses  affluents.  Le  cimetière  de  Ilallstalt  a 
foui-ni  aussi  seize  œnochoés  à  bec  en  forme  de  proue,  avec 
anses  et  palmetles. 

»  Celui  de  Marzabolto  a  fourni  une  (enocho(''  en  bronze 
à  M.  Gozzadini. 

»  Le  Musée  d(^  Parme  possède  une  œnochoé  de  l)ronze 
sans])ec,  trouvée  à  Fraore,  avec  des  débris  d'armes  en  fer, 


(1)  Album  des  ciiiict.  de  lu  Munie,  "2"  lasc,  1S70,  |)1.  8,  lig.  i,  T,,  :;,  7  .■(  8. 

(î)  Cliaciine  des  iiiJicalions  de  M.  Mohei.  ii';i  pu  être  vérifiée;  en  les  roproduit 
donc  ici,  sauf  exanicii  ultérieur  :  on  y  siippi'ime  en  tout  cas  la  niculion  d'une 
ainochoé  à  bec.  rdcvé  découverte  prétendiicnicnt  à  Mook ,  près  do  Nimègue 
(Voy.  ce  Diillelin,  IX,  p..i5-2,  el  ci-dessus,  Wll,  p.  Il,  note  2).  Certaines  des 
citations  de  M.  Moukl  constituent  des  répélilions;  il  est  bon  d'en  prendre  note 
pdur  ne  pas  ^'mssir  outre  mesure  le  uonibre  des  dccouverles  par  de  doubles 
enipliiJN. 


—  2-  — 

une  eis(o  en  bi'oii/.e  ol  {\('>  lilmlcs  d'oi' d  d'iirgoiil  raj)|)(.'l;int 
cellos  (le  Villanova. 

«  F.o  Musée  de  Berlin  possède  une  œnoclirx'  trouvée  par 
le  colonel  Von  Cohausen,  en  1852,  dans  le  lumulus  de 
Galischeid,  près  de  Saint-Ooar,  en  même  (,em|is  qu'un  ban- 
deau d'or  e(  la  garniUire  d'un  de  ces  cliariols  caractéris- 
lirpies  qu'on  appelle  étrusques. 

«  Le  Musée  de  Mayence  possède  aussi  une  œnochoé  pro- 
venant d'une  localité  non  désignée  de  la  Hesse-RIiénanc. 

»   Chacun  connaît  en  Italie  l'œnochoé  de  Prénesle. 

»  On  a  trouvé  à  Hradisî,  en  Moravie,  une  œnochoé  munie 
de  quatre  unicornes. 

»  En  1810,  il  existait  à  Wiesbaden  une  œnochoé  à  rivets, 
avec  anses. 

»  Deux  autres  ont  aussi  été  trouvées  dans  un  tumulus  de 
la  forêt  de  Hatten  (Alsace),  en  même  temps  qu'un  bandeau 
d'or  et  les  débris  do  deux  chars  de  guerre  (Max.  de  Ring, 
Tombes  celtiques  de  l'Alsace).  » 

Enfin,  M.  Morel  termine  par  la  citation  d'un  fait  des 
plus  importants  pour  nous,  en  ce  qu'il  tend  à  faire  supposer 
que  la  trouvaille  iVEyr/cnl/'iLscn  n'est  pas  isolée  en  Bel- 
gique (i)  : 

«  M.  Edouard  de  Barthélémy  a  acquis  lécemment  à  Chà- 


(i)  Pourvu  que  nous  n'ayons  pas  ii  flédiner  l'iionnenr  qu'on  nous  attribue, 
roninic  nous  sommes  obligé  de  le  faire  devant  !a  trop  grande  générosité  de  la 
Revue  arclidolofiiqne,  nouv.  série,  2"  année,  V  (mai  1H72),  p.  5ôl,  oii  Ton 
fcilirrne  qu'on  trouve  dans  les  Musées  de  Belgique  d'imporlants  olgets  d'éniaii 
attribués  aux  Gaulois  aiilé-romains  (Voir  aussi  Méiii.  de  la  Soc.  nat.  des  Antiq. 
de  France,  XXXIK,  \>.  100).  Nos  Musées  ne  possèdent  que  des  émaux  de  l'époque 
nnnaino. 


—  24  — 

lons-sur-Marneuneansed'œnochoéen  bronze,  avec  palmeltes, 
provenant,  parait-il,  d'une  vente  piil)lique  à  Bruxelles.  » 

D'après  certaines  énoncialions(i)  relatives  à  la  découverte 
récente  d'une  tombe  avec  débris  de  char,  grande  épée  de 
Ter  à  deux  tranchants,  et  casque  à  forme  asialicpie  (analogue 
à  celui  de  Berru),  une  autre  œnochoé  aurait  encore  été 
trouvée  non  loin  de  Sonmie-Bionne,  à  Somme-Tourbe. 

En  Allemagne,  depuis  l'ouvrage  de  Genthe,  une  nouvelle 
œnochoé  à  bec  j-elevé,  semblable  à  celle  iVKijgenbilsen,  a  été 
déterrée  à  Rodenbach,  en  Bavière.  C'est,  dit  le  D'  Linden- 
sclimiî,  «(  la  forme  étrusque  connue  qui  revient  dans  toutes 
les  découvertes  de  lumulus  funéraires  de  ce  genre  »  (-2). 

En  outre,  une  dernière  œnochoé  en  bronze  à  bec  relevé, 
tout  à  fait  pareille  à  celle  d'Eygenbilsen,  a  été  découverte 
récemment  entre  Coblence  et  Neuwied  ;  elle  a  été  déposée 
au  Musée  de  Wiesbaden.  Le  surplus  des  objets  exhumés 
a  été  dispersé  (5). 

Une  autre  œnochoé  d'Allemagne,  celle  de  Kempen,  déjà 
mentionnée  parmi  les  œiiochoés  à  bec  en  forme  de  proue  (4), 


(0  Moniteur  belge,  1876,  2»  semestre,  p.  2695;  Revue  archéol.,  XXXIII, 
p.  137. 

Le  défaut  de  précision  empêche  de  ranger  parmi  les  œiiochoés  du  même  genre, 
deux  amphores  du  Mont  Beuvray  «  qui  se  faisaient  remarquer  par  leur  forme 
«  étrusque,  longue  et  effilée.  »  {Revue  des  Sociétés  savantes,  septembre  et 
octobre  1874,  p.  332). 

(2)  Li.NDENSCHMiT,  AHerlIi.  uns.  heidn.  Yorzeif,  III,  fascic  v,  p.  8,  et  pi.  m, 
fig.  3. 

(3)  Lettre  du  D''  LiNnENsciiMrr  du  -i  juin  1877.  Voy.  aussi  les  Annalcn  des 
Vereius  fur  Nassaulsclie  Allerlliumskuiidc  und  Cescliichlsforschung,  XIV,  1877, 
p.  432,  cil  l'on  désigne  Urmilz,  près  de  Coblence,  comme  étant  le  lieu  de  la 
trouvaille;  elle  est  signalée  comme  complètement  semblable  à  celle  que  Dorow 
avait  trouvée  en  1817  ii  la  Fasanerie,  près  de  Wiesbaden. 

(*)  Huit,  des  Canim.  rni/.  d\trt  et  d'arcliéol.,  \I,  pp.  257  et  513. 


—  25  — 

mérile  de  retenir  un  peu  l'altention.  Voici  quelques  détails 
fournis  à  son  égard  par  le  D''  Lindenschmil  (i)  :  «  Je  liens  les 
renseignements  concernant  la  découverte  de  Kempen  du 
révérend  M.  Rein,  à  CrefeUi,  qui  mérite  toute  confiance,  et 
auquel  je  dois  un  moulage  du  remarquable  ornement  de 
l'œnochoé.  Cet  ornement  représente  un  personnage  avec 
quatre  ailes,  lequel  se  termine  en  deux  serpents  entrelacés 
au  lieu  de  jambes.  Le  travail  dénote,  à  ne  pas  s'y  tromper, 
un  caractère  de  haute  antiquité.  » 

Le  dessin  donné  ci-dessus  de  l'anse  de  l'œnochoé  de 
Hradist  ("2)  a  déjà  mis  sous  les  yeux  du  lecteur  un  génie 
avec  deux  (ou  quatre  ?)  ailes  et  terminé  en  queue  de  [)ois- 
son  :  il  y  a,  dans  cette  réunion  du  reptile  ou  du  poisson 
avec  le  volatile,  un  sujet  digne  de  remarque  et  un  lien  entre 
les  deux  trouvailles  si  éloignées  de  Weslphalie  et  de 
Bohème;  évidemment  les  deux  œnochoés,  non-seulement  de 
la  même  forme,  mais  avec  des  ornements  aussi  analogues, 
doivent  avoir  été  fabriquées  dans  un  même  pays. 

Or,  ce  pays  est  l'Étrurie. 

Le  caractère  étrusque  des  rej)résentations  de  personnages 
ailés,  terminés  en  queue  de  serpent,  a  été  parfaitement  mis 
en  relief,  d'après  Panofka,  par  M.  de  Meester  de  Rave- 
stein  (3).  Parlant  d'un  INérée  ailé  dont  la  partie  inférieure 
est  un  serpent  recourbé  sur  lui-même,  M.  de  Meester  en  dit  : 
«  Le  personnage  se  révèle  comme  dieu  marin  par  le  corps 


(0  Lettre  citée  du  -4  juin  1876. 

(i)  Bull,  des  Comin.  ivij,  d'arl  et  d'archéoL,  XI,  p.  3^7. 

(3)  Musée  de  Ravestein,  Catalogue  descriptif,  I,  pp.  105  tt  398.  Voy.  aussi 
ibid.,  p.  216,  où  il  est  question  d'une  Néréide  à  double  queue  de  poisson  du  beau 
vase  à  reliefs  de  Cunies. 


—  ;>(;  — 

(\(i  poisson  qui  se  joint  il  sa  pai^lie  Iminaine.  Deux  aiK'salla- 
chées  au  dos  de  ce  monsirc  niai'in  i  assimilent  aux  /hjures 
élrusques  en  bronxe  où  celle  parlicidarité  est  assez  com- 
mune. »  Plus  loin,  en  parlant  spécialemeni  d'une  statuette 
<le  ce  lype  :  >i  Le  |)ersonnage,  dil-il,  est  d'un  slyle  et  d'une 
forme  où  l'on  reconnaît  l'antiquilé  la  |)lus  i-eciilée;  il  cesse 
d'avoir  depuis  les  lianches  des  formes  humaines.  Ce  person- 
nage a  des  ailes....  Nous  pensons  que  ce  l)ronze,  trouvé  à 
Cornelo,  représente  un  de  ces  trénies  infernaux  connus  sous 
le  nom  de  Kcr.  » 

C'est  également  l'opinion  d'Inghirami  (i  ),  qui  dessine  un 
miroir  gravé  au  centre  dufjuel  est  représenté  un  person- 
nage dont  les  deux  jambes  se  terminent  en  (pieuc  de  ser- 
pent, avec  l'exli-émité  dt^  la  (pieue  du  poisson. 

Le  même  Inghirami  (2)  exhibe  pai-mi  des  objets  étrusques 
découverts  ensendjie  à  Pérouse,  une  déesse  de  type  étrusque 
Irès-caractérisé,  avec  quatre  ailes,  deux  élevées  et  deux 
abaissées  \c\-<>  la  terre. 

Micali  (7,)  donne  égaU'menI  la  représentation  de  person- 
nages à  quatre  ailes,  dont  l'un  élreint  dans  sa  main  deux  ser- 


(1)  Mùinoiiciili  l'Inr-^tlii  u  il/  einisco  niniie,  11,  p.  IKi,  pi.  \ii;  voy.  le  même 
cluv.  WiNCKKi.MA.vx,  MoHinueiiti  uniichi  incdili.  II,  pi.  liio.  lJ';i|)rès  Inchiuami, 
ibid.,  Iiidici,  p.  36,  ce  miioir  proviendrait  des  onvirmis  de  Naples. 

Voy.  aussi  dk  Moxtk.vlc.on,  L'antiquilé  expliquée,  I,  p.  7-2,  pi.  xxxiv. 

(i)  L.  cit.,  III,  pi.  XY,  lig.  1,  et  p.  20'2.  Im,iiihami  annonee,  pp.  205  et  201, 
qu'il  se  réserve  de  parler  des  divinités  ii  quatre  ailes  quand  de  nouveaux 
monuments  qu'il  étudie  lui  en  donneront  une  meilleure  occasion  :  s'il  a  exécuté 
sa  promesse,  le  passage  n'a  pas  été  reU'onvé. 

l.NciHRAMi,  1,  p.  155,  pi.  XVI,  cite  éjjalement  un  oiseau  fantasti(|ue  ii  queue  de 
poisson  recourbée,  représenté  sur  une  urne  en  albâtre  du  Musée  de  Vollerra. 

(s)  M(ii:iniu;iiti  inediti  a  illi/strazioue  délia  storia  degli  anlichi  poiwii  ilali<uti. 
Floreu'-c,  ISit.  pp.  219  et  TA7,,  pi.  xxxvi,  i.iv,  li.u.  ."  (k). 


—  ^27  — 


peiils,  (t  (loiil  l'aulrc  e.sl  consich'iv  p.'ir  lui  coiiiiiu'  Scllihiiis, 
le  Mercure  des  Étrusques. 

L'auteur  du  présent  article  a  voulu  compléter  ces  rensei- 
gnements, et  voici  ceux  qu'à  sa  demande  lui  transmet  le 
comte  Gozzadini,  qui  s'est  adressé  à  l'un  des  archéologues 
les  plus  distingués  de  Rome  : 

«  Je  ne  saurais,  répond  cet  archéologue,  à  quel  type  on 
pourrait  songer,  sinon  à  celui  du  dieu  asiatique  peint  sur 
les  alabaslri  du  style  appelé  corinthien.  Ce  type  est  repré- 
senti'  d'une  manière  très-variée,  il  se  termine  tantôt  en  ser- 
pent, tantôt  en  poisson;  tantôt  il  est  ailé,  tantôt  il  est  repré- 
senté sans  ailes.  Vous  trouverez  une  série  de  ces  types 
reproduits  par  X Elite  des  monumeiiLs  <:cramo(jrai)hiqucs,\\h 
51  et  suiv.  (ClV.  Monum.  dclf  Iitslilulo  dicorrisp.  archeoL, 
Vl-VII,  pi.  XLVi,  fig.  4;  /iu//^//.,iljid.,  187i,p.  o9,  note  1.) 

»  Il  est  vrai  que  je  ne  puis  citer  aucune  i)ublication  qui 
montre  le  dieu  avec  quatre  ailes,  mais  si  ma  mémoire  ne 
m'abuse,  je  crois  avoir  vu  des  alabaslri  qui  le  représentent 
de  celte  manière.  Par  contre,  il  faut  faire  attention  que  ces 
alabaslri  ne  sont  pas  de  fabrique  étrusque.  Il  me  semble 
également  douteux  qu'ils  soient  même  des  produits  grecs, 
car  plusieurs  points  de  vue  indiquent  plutôt  une  fabrication 
asiatique.  » 

Un  bracelet  égyptien  en  émail,  au  Musée  de  Munich, 
re])résente  un  génie  possédant' deux  paires  d'ailes  (i);  un 
autre  ol)jet  du  même  Musée,  vase  en  bronze,  jiorte  à  l'anse 
un  personnage  féminin  de  forme  grossière,  à  longues 
tresses,  et  doué  de  deux  paires  d'ailes  (2). 

(1)  BusTY,  Chefs-d'œuvre  des  arts  industriels,  p.  324. 
(i)  Rens.  ot  moiila?o  transmis  pur  le  D'  Linornschmit. 


—  28  — 

Un  candélabre  du  Musée  de  Carlsruhe  supporte  un 
personnage  à  ailes  (doubles  ?)  et  avec  de  petites  ailes  au 
talon,  assez  semblable  au  Sethlans  de  Micali  (i). 

Enfin  un  vase  étrusque  dépeint  par  le  comte  de  Caylus(2), 
représente  une  femme  à  quatre  ailes,  avec  des  pattes  d'oi- 
seau, qu'il  considère  comme  une  harpie  :  les  deux  pattes 
d'oiseau  proéminentes  de  celte  figure  semblent  exister  aussi 
sur  le  dessin  donné  ci-dessus  de  l'œnochoé  de  Hradist  (s). 

C.   Seaux  à  cannelures  (cistes  à  cordons). 

Après  l'œnochoé  à  bec  relevé,  l'objet  ayant  à  Eygenbilsen 
le  caractère  étrusque  le  plus  marqué  est  la  ciste  à  canne- 
lures horizontales. 

Ce  genre  d'objets  est  une  transformation  de  certains  vases 
primitifs  en  terre  cuite  qu'on  rencontre  à  Villanova  (4), 
comme  on  en  a  trouvé  également  à  Sesto-Calende  (5). 

Les  cistes  en  bronze  formées  de  plaques  rivées,  déjà 
remarquées  comme  des  antiquités  d'un  genre  particulier  (e), 
commencent  à  être  considérées  partout  comme  un  produit  ar- 
chéo-italique; elles  se  trouventjusque  dans  l'exli'ème  nord  (7); 

(i)  Rens.  et  moulage  transmis  par  le  D'  Lindenschmit. 

(2)  Recueil  d'antiquités  égyptiennes^  étrusques,  etc.,  V,  pi.  xlvii,  tig.  1, 
2,  3,  5 

(3)  Voy.  aussi  Raoll-Rochette,  Mém.Acad.  //«cr.,  1847,  p.  153,  pl.vii,fij;.i". 
(i)  Gozz\DiM,  Intorno  agit  scavi,  etc.,  p.  36;  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et 

d'archéol.,  XHF,  p.  398. 

(s)  Rio.NDELLi,  Di  una  tomba  gnllo-italica  scoperta  a  Sesto-Caleude  snl  Ticino, 
Milan,  1867,  p.  4,  pi.  i,  fig.  3. 

(a)  TuoYON,  Habitalioits  lacustres  des  temps  anciens  et  modernes,  \>.  3i4. 
Il  avait  même  rumiirquû  que  parfois  on  y  avait  appliqué  de  minces  plaques  de  fer 
pour  réparer  les  paities  endommagées.  Voy.  aussi  Flouest,  Tumiil.  des  Mous- 
se lot  s,  p.  28. 

(7)  D'  Engii.mai'.dï.  Influence  classique,  etc.,  p.  '210. 


—  29  — 

mais  parmi  ces  cisles  les  plus  caraclérisées  sont  les  seaux  à 
cordons,  qui  manquent  encore  en  Scandinavie. 

Ce  genre  d  objels  avait  été  négligé  jusqu'ici,  parce  qu'on 
n'en  avait  pas  apprécié  l'imporlance;  maintenant  que  l'atten- 
tion y  a  été  appelée,  les  exemplaires  s'accumulent  d'une 
manière  étonnante  :  d'une  vingtaine  connues  en  1872,  le 
nombre  s'élève  aujourd'hui  au  quadruple. 

Le  D""  Genlhe,  dans  son  énumération,  cite  tout  spéciale- 
ment les  cistes  cylindriques  à  cordons,  formées  de  feuilles  de 
bronze  rattachées  sur  ellos-mèmes  par  des  rivets,  avec  fond 
simplement  rabattu  par  les  bords,  et  non  soudé.  Il  rap- 
proche les  uns  des  autres  les  seaux  de  ce  genre  trouvés  à 
Cumes,  Monteveglio,  Nocera,  dans  le  Hanovre  (six  pièces), 
à  Mayence,  Eygenbilsen,  Zerff,  Nienburg,  Gommeville, 
Grauholz,  Marzabotto,  Hallstatt  (six  pièces),  Magny-Lam- 
bert  et  Pansdorf. 

Sur  cette  dernière  et  sur  celle  iïEytjenbilsen  seules,  le 
D""  Genlhe  constate  l'ornementation  du  fond  à  l'aide  de 
cercles  concentriques. 

Le  comte  Gozzadini  (t)  signale  d'abord  la  découverte 
récente  faite  à  Ramonte  de  plusieurs  longues  et  minces  poi- 
gnées rectangulaires,  de  la  forme  et  de  la  grandeur  de  celles 
dont  sont  communément  pourvues  nos  cistes  à  cordons; 
elles  ont  deux  trous  de  chaque  côté,  contenant  encore  les 
rivets  qui  fixaient  les  poignées  à  une  ciste  ou  bien  à  un  coffre. 
Les  rivets  sont  en  bronze,  à  tète  conique  et  pointue,  comme 
ceux  de  la  ciste  de  Magny-Lambert.  La  circonstance  que 
ces  rivets  sont  plus  longs,  comme  s'ils  avaient  été  destinés  à 

(()  De  quelques  mors,  p.  20,  pi.  m,  fig.  8  et  18. 


—  -()  — 

tr.ivei'scr  mic  itriiialmc  l'ii  l»ois,  ii'cxclul  p;is  loui'  ('iiiploi  à  la 
coiileclioii  des  cistes;  car  on  a  li'ouvé  dans  les  rouilles  Ar- 
noaldi  deux  |)(ii(('s  cisles  li'ès-ivsseiid)laiiles  à  celles  de 
iMagny-Lamberl,  el  doublées  en  bois. 

Autre  rapprochement  :  I<'s  |)oiu'nécs  de  Kaniuiile  poiienl 
des  pendelocpies  en  bron/e  fondu,  par  paires,  assez  sem- 
blables à  celles  de  la  ciste  IVaneaise,  el  reliées  de  méiiie  \nn- 
un  anneau  aux  ))oig'nées;  en  outre,  on  en  a  ti'ouvé  de  sem- 
blables encore  accrochées  à  une  ciste  des  fouilles  Benacci, 
]^rès  de  Bologne. 

Voici  de  nouveaux  détails  (i)  sur  la  découverte  {.les  cistes 
à  cordons,  faite  en  Italie  : 

«  Quant  aux  seaux  à  côtes  îiorizonlales,  on  en  exhume 
continuellement  ici  :  je  viens  {.Yen  trouver  lors  de  fouilles  que 
j'ai  fait  faire  pi-ès  de  la  ville  de  Bologne,  à  l'arsenal  militaire, 
par  une  commission  du  gouvernement;  on  en  a  aussi  obtenu 
plusieurs  dans  les  fouilles  Arno;ddi,  Benacci  et  De  Luca, 
près  de  la  Chartreuse  {Certosi).  l'allés  sont  petites  et  ordi- 
nairement munies  de  jiendelofiues  semblables  à  celles  de  la 
ciste  de  Magny-Lambci-t,  découverte  par  M.  Flouesl.  Ainsi 
le  nombre  des  cistes  felsinéennes  ou  bolonaises  est  de  beau- 
coup augmenté;  il  lait  pencher  davantage  la  balance  du 
côte  de  la  fabrication  étrusqm»,  et  désormais  il  est  très-bien 
prouvé  (pie  ces  cistes  étaient  en  usage  non-seulement  chez 
les  Étrusques  du  bel  âge,  comme  ceux  de  Marzabotto  cl  de 
la  Coi'losa,  mais  aussi  chez  les  ProIo-Ktrusf|Uis  ou  IOlrusqu<'s 


(i)  Ili'ns.  paitic.  (ic  M.  Ii'  rninU;  Cu/zaihm.  Ii'lliv  iln  H)  imIuIh'c  l.sTo. 


(l'iiii  ;'iii(j  reciiié,  coiimio  cou.\  do  \'ilhiuova  (ij  et  tics  uicii- 
luui'S  (.!(,'  la  Ccilosa.  Ces  cistes  reinonleiil  duiii;  à  une  liaiilc 
antiquité.  Seiileineiil  il  parait  que  les  Proto-Étrusques  aCfec- 
tioiinaient  les  cistes  petites,  et  les  Étrusques  les  cistes 
grandes,  |)oinl  (pii  mérite  toutefois  d'être  étudié  de  plus 
j)rès  par  des  observations  j)i'écisos  et  spéciales.  » 

L'ingénieur  Zannoni,  employé  aux  fouilles  de  la  Ger- 
tosa('2),a  i-endu  conqjte  de  la  continuation  de  ces  fouillcs(r.)  : 
Les  fouilles,  de  la  Cerlosa  et  du  terrain  Arnoaldi,  ont 
été  portées  sur  la  propriété  Bcnacci  ;  on  y  a  retrouvé  des 
tombeaux  auti(pies  se  i'ap]iroclianl  de  l'époiiue  de  Villanova. 
Outre  une  quantité  extraordinaire  de  tibules,  LYarmillae, 
d'épinglesdebronze, d'objets  travaillés  en  ambre  et  en  or,  on 
y  a  découvert  des  vases  de  bronze,  et  entre  autres  sept  cistes 
à  cordons,  dont  six  à  ornements  ])ointillés,  comme  celles  de 
Magny-Lamberl  (i)  et  de  Hallslatt;  la  septième  était  égale- 
ment ornée,  mais  d'une  manière  plus  simple. 

Dans  une  autre  trancliée  ouverte  en  dernier  lieu  et  conte- 
nant encore  des  sépultures  de  l'époque  de  Villanova,  l'ingé- 
nieur Zannoni  trouva  enli'c  beaucouj)  d'autres  objets  une 
ciste  à  cordons  en  terre  cuite,  plus  une  belle  ai-milla , 
ornée  de  petites  sphères  et  de  pendeloques,  comme  'à 
Hallstatl  et  dans  les  sépultures  antiques  de  la  Vénétic. 


(i)  On  se  rappellera  que  jusqu'ici  l'usage  dus  cislcs  a.  côtes  n'avait  pas  été 
retrouvé  cliez  les  Étrusques  de  Villanova,  DiiH.  des  Coiiim.  roij.  d'art  et  d'arcliéol., 
XIII,  p.  598. 

(2)  Iliid.,  XIII,  p.  597. 

(s)  Bullet.  deir  List,  di  corrisi).  arclieoL,  1875,  jip.  177,^209,  2G8  (Le!tie 
à  Hekzen  et  observations  du  C"  Gozz.vuim.) 

(i)  Voy.  le  dessin  de  celui  de  Magny- Lambert,  dans  le  Uull.  des  Cotiim.  roi/, 
d'art  et  d'arcliM..  XII,  p.  2".0. 


—  52  — 

Le  comte  Gozzadiiii,  parliint  prf'cisciiieii'  de  ces  cistes  à 
cordons  dont  les  modèles  ont  été  trouvés  en  terre  cuite  à 
Villanova,  dit  que  ces  vases  ont  acquis  une  telle  importance 
comme  objets  d'antiquité  anté-hisloriquc  ou  proto-historique 
(ju'il  y  a  lieu  d'en  étudier  avec  le  plus  grand  soin  la  destina- 
tion, l'époque,  la  provenance,  comme  aussi  les  différences 
qui  peuvent  amener  leur  classification.  Ce  travail,  le  savant 
sénateur  italien  l'a  entrepris  en  présentant  à  la  Commission 
d'histoire  de  la  Romagne  (i),  en  énumérant  et  en  groupant 
avec  des  recherches  minutieuses,  toutes  les  cistes  connues 
de  ce  genre;  d'après  les  variétés  de  leurs  formes  et  d'après 
l'usage  auquel  elles  étaient  destinées,  il  les  divise  en  deux 
classes,  l'une  paléo-étrusque,  l'autre  étrusque  proprement 
dite. 

Voici  cette  énumération  d'après  un  travail  tout  récent  de 
M.  Gozzadini  (on  en  élaguera  des  détails  bien  intéressants, 
mais  qui  allongeraient  outre  mesure  la  présente  notice)  : 

Le  comte  Gozzadini  cite  d'abord  les  cistes  à  cordons  trou- 
vées en  Italie  (2)  : 

Trois  à  Gaverzano  (environs  de  Bellune;. 

Une  à  Fraore,  près  de  Parme. 

Une  à  Castelvetro,  près  de  Modène,  avec  un  miroir  gravé, 
de  style  archaïque. 

Une  dans  les  environs  d'Esté. 


(0  Regia  depiifazionr,  Tornata  VIII,  12  mars  1870. 

(i)  G07.7.At>iM,  Iii/onw.  etc.,  pp.  58  à  45. 

Voy.  aussi  Zannoni,  Scuvi  délia  Certosa,  1870,  Hisp.  1  et  2,  au  sujet  de  la 
première  ciste  h  cordons  trouvée  le  25  août  1869  {Bull,  dcli'  lusl.  di  corrisp. 
arcluoL,  1876,  p.  238). 


—    ,)0 


Quaranle-ciiK]  dans  Ips  environs  de  Bologne,  à  savoir  : 

1  à  Monleveglio ,  avec  caraclèrcs  gravés  et  orncnienls 
semblables  à  celle  d'Ufiing  (ci-après);  au  dedans  élail  un 
vase  peinl  avec  figures; 

3  à  Marzabotlo  ; 

5  à  Ramonle  ; 

1  à  Toiano,  avec  un  caractère  étrusque  gravé; 
1:2  à  la  Cerlosa  de  Bologne; 

/p  à  S.  Polo,  dans  les  fouilles  Arnoaldi  (sépultures 
archéo-étrusques)  ; 

2,  ibid.  (sépultures  étrusques); 

7,  ibid.,  fouilles  Benacci  ; 

\,  ibid.,  fouilles  de  Luca; 

(3,  ibid.,  ruelle  de  la  Cerlosa; 

I    au   Jardin   public  ; 

5   à   l'arsenal   militaire; 

1    à   Bagnarolo. 

Une  à  Verruccliio,  aux  environs  de  Kiniini. 
Une  à  Pompéi  (i),  Musée  national  de  Naples. 
UneàlNocera,  Gampanie,  trouvée  dans  une  nécropole 
dont  les  aulres  tombeaux  ont  fourni  aussi  des  vases  peints. 
En  tout  cinquante-quatre. 

Le  comte  Gozzadini  met  ensuite  en  présence  de  celles-là 


(0  c'est  par  supposition  que  le  Prof,  de  I'etka,  aciuelleinent  conservateur  du 
Musée  de  Naples,  attribue  la  ciste  à  Pompéi;  il  déclare  qu'aucune  mention  d'origine 
n'existe  à  l'inventaire  du  Musée. 

Il  est  vrai  qu'on  a  trouvé  à  Pompéi  des  tabourets  en  bronze  de  la  même  forme, 
également  à  cordons  horizontaux  (Gozzadixi,  /.  c,  p.  57). 


oi- 


un  (ublciiu  iiiL'iiliomi.iiil  les  cisles  à  cordon^  ili'cuiiverles  en 
cli'liors  tk'  ri  la  lie  : 

Une  en  Suisse  (i),  à  Grauholz,  près  de  Berne. 

Deux  en  France,  à  Magny-Lamberl  cl  à  Goiiimeville  ;  la 
j»remièi'e  Irouvant  des  analogies  à  llallstall,  et  dans  les  Ibuilles 
Arnoaldi  (voy.  |)lus  liaulj. 

Une  en  Belgique,  à  Eyijenhilsen  .  semblable  à  celles  de 
Caverzano  cl  de  Xocera. 

Une  en  Tyrul,  près  de  Morilzing  i^i). 

Six  en  Aulriclie,  à  Ilallslalt,  la  première  analogue  aux 
cisles  des  fouilles  Arnoaldi;  la  deuxième  de  li-avail  arcliéo- 
clrus(|ue;  la  Iroisième  et  la  qualrième  semblables,  comme 
celle  A' Eygenbihen,  à  celles  de  Caverzano  et  Xocera. 

Une  en  Bohème,  à  Strakonilz,  semblable  à  celle  de 
Primenldoi'f  (ci-aj>rès);  elle  esl  signalée  comme  dén)on- 
Iranl  l'existence  du  courant  qui  de  la  Ilaule-Ilalie  se  serait 
dirigé  par  Hallslalt  vers  le  >'ord. 

Trois  dans  les  contrées  rhénanes,  à  Mayencc('),  à  Ulting 
(ressemblant  à  celles  de  Monteveglio,  Toiano,  Marzabollo  cl 
la  Certosa,  pour  les  dessins  du  fond),  enfin  à  Sloiermark 
Mic  pas  confondre  avec  Steiermark--Slyrie). 


(i)  A  suiipi'iiiior  <:elle  du  tiiiiiiilu^  irAiiet,  qui  ctait  unie,  saii.s  coriliiiià. 
La  (iescri|itioii  de  la  ciste  de  Graiiiiol/  se  trouve  dans  l'ouviay;e  cité  de  Tun^oN, 
p.  344  ;  dans  le  inènie  tunuilus,  on  a  trouvé  un  cliariol  en  ler  (ibid.). 
(i)  \oy.  sur  celle  ciste,  Co.nzi;,  Antaili,  etc..  1870,  p.  l'Jii;  Moituinvuli,  \, 

pi.  VI, 

(5)  Le  h'  LiNiJENsciiMiT  a  fuit  rcmai'iiiicr  au  conile  Guzz.vdim  qu'on  a  exliumé 
l'eu  de  cistes  à  cotes  sur  la  livc  gauche  du  Hliiu,  et  que  nolauimcnl  les  débi'is 
des  cistes  semblables  prétenduenient  trouvées  à  Hirkcnfeld  (Voy.  Unll.  des 
Onmii.  roi/,  d'art  cl  d'anhéal.,  XI IF,  ji.  ô86j,  concernent  dC"  'rnochoés  et  iiuii 
des  seaux. 


{lii)(|  t'ii  Ihiiiovrc,  (luiil  (jinilrc  à  Ludiiiu  (semblables  ;i 
celles  (le  IMimeiildorf  e(  Slrakoiiiiz)  et  une  à  Menburg. 

Une  en  Pologne,  près  de  Kaliscli,  avec  dessins  d'oiseaux, 
quadrupèdes  el  soleils. 

Une  en  Prusse,  à  Pi-imenldorl",  province  de  Posen  (sem- 
blable à  celles  de  Gaverzano  et  Nocera),  avec  deux  anses 
mobiles,  comme  celle  à' Eyfjenbihen  (i). 

Deux  dans  le  llolslein,  à  Meyenburg  (ressemblant  à 
celles  de  Hallslatl,  Magny-Lambert  et  à  deux  des  cistes  de 
Bologne)  et  à  Pansdorf,  près  de  Lubeck  (semblable  à  celles 
de  Primcntdorf,  Ef/genbilscn,  Caverzano  et  Nocera). 

En  tout  24,  dont  une  sur  la  rive  droite  de  l'Oder,  deux 
entre  l'Oder  et  l'Elbe,  cinq  entre  l'Eser  et  le  Weser;  aucune 
entre  le  Weser  el  le  Kbin, 

Depuis  la  confection  de  ce  relevé,  on  a  encore  fait  les 
découvertes  suivantes  (-i)  : 

I"  ïumulus  de  Ludwigsburg,  près  de  Stuttgart,  un  seau 
en  bronze  à  cannelures  horizontales  ; 

T  Un  autreàUfling,  découvert  dans  des  tourbières,  dont 


(i)  GozzADiNi,  p.  -i9,  d'après  Vikchow,  cite  conimc  ayant  ilcs  anses  mobiles 
(tans  le  genre  de  celles  du  seau  à''Eygenlnlsen,  certaines  cistes  de  Luttuni,  de 
Pansdort'et  de  Gorval  (?).  Ce  nom  de  Gorval  ou  Gorwal  revient  en  effet  sous  la 
plume  de  ViiiCHOw,  VeHuDuUiuigen,  etc.,  p.  144. 

Le  Df  ViKCFiow,  iliid.,  p.  14'2,  cite  encore  des  cistes  analogues  du  Musée  de 
Berlin,  et  spécialement  deux  provenant  de  Hockericht,  dans  le  cercle  d'Ohlau, 
eu  Silésie,  et  de  la  lorét  de  iluiistei',  près  de  Marienwerder,  dans  la  Prusse 
occidentale. 

Il  lait  remarquer,  p.  148,  que  ces  cisles  datent  du  vm"  au  iv^  siècle  avant  l'ère 
ciirétienne  et  n'oni, jamais  été  trouvées  en  compagnie  d'ol)jets  de  l'époque  romaine , 
ce  qui,  a  ses  yeux,  contredit  l'opinion  d'une  importation  romaine  de  ces  produits 
essenliellcment  archaïques. 

(-2)  Rcns.  partie,  du  h'  LiNDicNsciiMrr.  Lettre  du  'i  juin  1877. 


—  so- 
les environs  possèdcnl  un  gnnul  nombre  île  lumulus.  Ce 
seau,  peul-élre  le  même  que  celui  qui  est  cilé  j)lus  haut  (i), 
repose  dans  les  coUeclions  de  la  Société  historique  de  la 
Haute-Bavière,  à  Munich.  Il  a  dix  cercles  cannelés,  deux 
poignées  en  bronze,  et  est  orné,  à  son  fond,  de  trois  anneaux 
en  relief,  entre  lesquels  se  trouvent  cinq  proéminences  entou- 
rées de  trois  cercles  concentriques. 

Enfin,  à  la  vente  de  la  collection  Gartlie  (Cologne),  on  a 
vu  figurer  un  seau  cylindrique  dont  l'origine  n'est  |)as 
indiquée,  mais  qui,  s'il  ne  s'agit  pas  d'un  de  ceux  qu'on  a 
précédemment  signalés,  a,  selon  toute  vraisemblance,  été 
découvert  aussi  en  Allemagne  (2). 

La  comparaison  de  ces  différentes  découvertes  montre 
que  plus  des  deux  tiers  appartiennent  à  l'Italie,  le  surj)lus 
au  nord  des  Alpes.  Toutes  sont  des  mêmes  types  et  de  la 
jnéme  technique  (0),  et  nécessairement  elles  se  rapportent 
à  un  centre  commun,  l'Italie,  d'où  elles  se  sont  répandues  et 
disséminées  dans  les  pays  lointains  par  le  moyen  des  rela- 
tions commerciales.  Or,  comme  le  caractère  de  ce  genre  de 
monuments  est  archéo-étrusque,  comme  d'un  autre  côté 
le  plus  grand  nombre  ont  été  trouvés  dans  l'Élrurie  sep- 


(0  Le  D'  LiNDENscHMiT  pai'le  de  ce  seau  comme  «  iioch  niclit  edirl  iind 
besprochen,  niirgenannt  in  dem  Verzeichniss  der  Fundort  zur  praehistorischen 
Karle  Buyerns,  \on  F.  Ohi.enschlageh.  » 

(4)  Calalog  des  Kunsl-Sammlungen  dex  ain  14  October  1876  in  Ciiln  verxtor- 
heiien  Henn  Hugo  Gauthe  (III  Ablliciluiig.  Das  antikes  Kabincl,  gricchische, 
luijiibthe,  gallische,  kelliscbe  Allerlliùmer.  Versleigerung  iii  C6hi  des  5  bis 
«  November  1877.  Hebcrié)  :  n"  5j'J.  Cylindriscber  Eimer,.  gcwelit  mit  zwei 
gewundeiici)  Henkolii.  Hohe,  0"<H  ;  biam.,  O^âô. 

Ce  seau  a  été  adjugé  au  prix  de  230  mark. 

(ï)  GozzADiM, //(/or/irt,  elc,  p.  43. 


—  37  — 

lentrionale,  peu  clans  l'Étrurie  méridionale,  aucune  clans 
l'Étrurie  centrale,  le  centre  cherché  doit  se  trouver  dans  la 
première. 

Le  D""  Virchow  (i)  a,  en  outre,  fait  ressortir  la  circon- 
stance que  Hallstatt ,  colonie  cellifiue,  en  communication 
avec  l'Étrurie,  était  le  centre  d'un  commerce  secondaire, 
d'où  rayonnaient  les  exportations  du  Danube  vers  l'Oder 
et  la  Vis  tu  le. 

Le  comte  Gozzadini  d('!clare,  en  conséquence,  ne  pouvoii" 
se  rallier  à  l'opinion  de  M.  Alex.  Bertrand,  qui  rattache  ces 
cistes  ta  la  Gaule.  Il  fait  remarquer  entre  toutes  ces  cistes 
une  analogie  complète  pour  la  matière,  la  facture  et  l'orne- 
mentalion,  et  il  ajoute  que  celle-ci  se  retrouve  sur  d'autres 
objets  incontestablement  étrusques;  enfin,  il  insiste  sur 
ce  que  Gerhard  avait  reconnu  ce  caractère  étrusque  dans 
la  ciste  à  cordons  de  Monteveglio,  qui  d'ailleurs  porte  un 
sigle  étrusque  gravé. 

Outre  une  série  d'observations  dans  ce  sens,  le  comte 
Gozzadini  présente  celleque  les  cistes  à  cordons  appartiennent 
à  l'époque  de  Villanova,  et  sont  par  conséquent  antérieures 
à  l'invasion  de  la  Cisalpine  par  les  Gaulois. 

D.   Bandeaux  d'or. 

Le  D'Genthe  ne  nous  fournit  pas'un  grand  secours  en  ce 
qui  concerne  le  bandeau  d'or  d'Eygenbilsen,  et  l'on  n'est 
|)as  encore  en  mesure  de  renverser  d'une  manière  péremp- 
toire  la  llièse  de  M.  Franks  au  Congrès  de  Bruxelles,  que 


(i)  Gnz.ZADiNi,  Iiilonio.  l'tc  ,  p.  W,  iKilo  1. 


—  5S  — 

et-  bandeau  d'oi-  est  do  iravail  barbare;  d'nn  autre  côlé, 
le  coiiHe  Gozzadini  continue  à  constater  (\)  qu'on  n'a  encon» 
j'ien  trouvé  de  semblable  aux  environs  de  Bologne. 

Poursupi)léer  autant  que  possible  au  silence  de  ces  savants, 
rassemblons  ici  tous  les  exemples  où  des  bandeaux  d'or  ont 
été  trouvés  dans  les  sépultures  avec  des  objets  étrusques 
antérieurs  à  l'ère  cb  rétien  ne.  Un  premier  élément,  tel  quel, 
pour  amener  la  preuve  ultéi'ieure  de  l'étruscisme  du  bandeau 
d'or  d'Eygenbilsen,  sera  fourni  par  ce  rapprocbement. 

Ces  découvertes  sont  les  suivantes  : 

Dans  une  sépulture  fouillée  à  Billy  ([.oir-et-Clier),  on  a 
trouvé  à  côté  de  bâches  de  bronze  à  ailerons  cl  d'un  harna- 
chement de  cheval  attribué  à  l'époque  du  bronz(\  des  lames 
d'oi-  très-minces  d<'  O"'00ij  surO'"035,  ornées  d'estampages,  de 
cercles  concentriques  et  de  lignes  de  points;  elles  présentaient 
sur  l'une  des  faces  des  traces  de  cuivre  ou  de  bronze,  qui  prou- 
vent (|u'çlles  étaient  appli(piécs,  cl|>robablemenl  sur  métal  (■i). 

On  cite  à  l'appui  de  cette  trouvaille  les  tumulus  du  Doubs, 
en  France,  d'Anet,  en  Suisse,  le  cimetière  de  Ilallstatt,  en 
Autriche,  tous  endroits  qu'on  a  signalés  par  des  décou- 
vertes d'objets  du  style  étrusque,  et  qui  ont  présenté  des 
bandeaux  de  ce  genre,  il  en  existe  aussi  au  .Muséc^  de  Saint- 
Germain  (7.). 

(1)  Rens.  partie.  (LeUres  du  20  mars  et  dit  19  avril  1877.) 
(î)  Ces  feiiillo;^  d'or,  dit  M.  de  MunTiLi.KT,  Décoin; .  de.  sépiill.,  p.  G,  sont  oriires 
lie  dessins  gL'omén'i(|iiPS  au  rcpnussi'',  et  doivent  inoir  ('té  appliquées  sur  d'autres 
objets. 

(3)  l)F.  MoKTii.i.ET,  bccoiiv.  (Ic  .séjjiilt.,  p.  (j  ;  licriK'  (irchéuloiiiqiu-,  janvier 
1875,  p.  75,  qui  cite  Castan,  Lea  lombea  celtiques  du  innssif  d'Alaise;  de 
BoNSTETTEN,  Nfllice  sur  les  lonibelles  d'Anet,  1849  ;  f\otice  sur  des  nriues  et  des 
chariots  de  guerre  découverts  à  Tiefenau,  prés  de  Berne,  185:2,  de.  lUdionii. 
(irrliéol.  de  lu  Cuule  (Kpo(|Mi'  (■olti((ue'i,  v"  Ankt. 


Dans  un  Inmnhis  piùs  (rAllenluften  (canton  do  Bnrnc), 
on  a  trouvé  doux  hiindeaux  d'or,  ayant  0'""  sur  0"'17, 
commo  on  en  acxlKimé  aussi  à  Graecliwyl  (i),  et  toujours 
avec  des  objets  de  style  étrusque.  Jahn  et  de  Felienberii,- 
considèrent  ces  bandeaux  comme  des  produits  de  l'Étrurie 
qui  rappellent  la  civilisation  et  le  culte  de  l'Orient  et  de  la 
Crèce  (2). 

Des  plaques  en  or  ont  été  également  trouvées  dans  le  lu- 
muhis  d'Ungiiiirhiihel ,  et  reposent  au  Musée  de  Berne  (.-,). 

La  sépulture  de  la  Ibrèt  de  Ilatten,  en  Alsace,  rappelée 
par  M.  de  Bnrilit'Iemy  (4),  contenait  avec  plusieurs  vases 
de  style  étrusque,  dont  une  œnochoé  à  bec  relevé,  un  cercle 
d'or  fin  de  (^72  sur  O-'OIC.  et  de  0'"003  d'épaisseur. 

Dans  une  autre  sépulture  d'Alsace,  fouillée  dans  le  can- 
ton de  Biisch,  on  a  Irouvé  un  bandeau  d'or  à  coté  d'une 
œnochoé  à  bec  en  forme  de  proue,  dont  l'attache  supé- 
rieure est  une  lionne  ou  panthère.  Le  bandeau  est  un  cercle 
d'or  iiû,  enroulé,  du  poids  de  32  t/2  grammes;  circonfé- 
rence :  0'"72;  ayant  0'"l(')0  de  large  sur  0'"00ô  d'épais- 
seur. Il  est  uni  et  ne  présente  aucune  espèce  d'orne- 
ment (ii). 


(1)  Le  Diciionn.  archéol.  de  In  Cnule  (Epoque  reltiqiie),  v"  Graeckwyi.,  ne 
parle  pas  de  baiidcaii  d'oi'  dans  le  Inn»-  article  consacré  aux  déroiiverles  de 
Graecliwyl. 

(2)  Mittheiliiiuien  des  /niliqiiiirischen  Geselhchufl  in  Ziirioli,  \\\,  pp.  100 
il  H8;  XVII  (1870),  i,  pi.  i. 

(.1)  Ff.ouEST,  Lea  tumulim  des  Mousselots,  p.  Uo. 

{i)  liiill.  des  Coimn.  m/,  d'art  et  d'archéol.,  XII,  p.  '2'2\,  et  XIII.  p.  501. 
Cfr.  Bull,  de  la  Société,  etc.,  d'AIsrice,  IH  (1839),  p.  2)9. 

(K)  Hidt.  de  In  Société,  etc.,  d'Alsace,  III  (1839-60),  2^  partie,  pi.  i.  lig.  2 
et  .".. 


—  40  — 

En  outre,  toujours  en  Alsace  (i),  on  vient  de  découvrir  un 
merveilleux  bandeau  en  or  richement  estampé,  et  des  bracelets 
de  même  mêlai,  dans  une  tombellede  la  forètd'Ensisheim,  que 
Max.  de  Ring  se  flattait  d'avoir  dépouillée  il  y  a  vingt  ans,  et 
(ju'il  considérait  connue  une  sépulture  celtique  anlé-romaine. 

Dans  une  sépulture  fouilléeàGrebinz,  en  Styrie, on  a  trouvé 
une  feuille  d'or  à  côté  d'un  vase  étrusque,  mais  dont  le  carac- 
tère avait  été  méconnu;  ce  vase  portait  des  pcndelociues  (-2). 

Le  vase  étrusque  en  terre  cuite  do  Rodenbach  dont  il 
sera  <pi(!Stion  ci-après  au  ^  relatd"  aux  vases  |>eints,  a  été 
trouvé  (Ml  même  temps  que  des  colliers  et  bracelets,  dont 
l'origine  étrusque  doit  être  considérée  comme  aussi  incon- 
testable (pie  celle  du  vase  lui-même,  et  la  même  origine  peu! 
être  atlribuée  dès  lors  au  bracelet  analogue  qui  a  été  trouvé, 
avec  des  monnaies  gauloises,  à  Frasnes-lez  Buissenal,  en 
Belgiipie,  cl  «pii  est  déposé  dans  la  collection  du  duc 
d'Arenberg,  à  Bruxelles  (r^),  objel  dont  l'origine  éiruscpie 
était  déjà  S()ii|)Çonnée  (i). 


(1)  Flouest,  Les  linniilus  des  Mousselols,  p.  5n. 

La  Ih'vite  des  Socii'tés  aaimnles,  1874,  p.  19,  annonce  que  M.  Ch.  Cournault, 
à  NaiK  y,  a  fait  la  description,  avec  dessins  coloriés,  des  bijoux  on  or  trouvés, 
en  1875,  dans  le  tumulus  d'Knsisheim,  entre  autres  un  diadème  présentant  une 
parfaite  analogie  avec  deux  pUujues  d'or,  déposées  au  Musée  de  Berne,  et  trouvées 
aux  environs  de  cette  ville  (sans  doulc  ceux  d'Alleiiliiften  ou  d'Ungliurhûbei). 

(i)  Mittheil.  dex  h/slor.  Verdiis  fur  Steiermark,  Vl[  (1856),  p.  191. 

(3)  Jailli),  des  Yereins  von  Mterihinnsfr.  im  Rlieiiil.,  L-LI,  p.  280. 

(i)  Voy.  ci-dessus,  Xf,  p.  325. 

Dans  la  UUredléedu  D""  LiNDENScnMrr,iiu  iji.in  1877,  celui-ci  lait  remarquer 
que  si  le  bracelet  de  Frasnes,  évidomnicnl  étrusque  d'après  lui,  n'a  pas  été 
découvert  avec  les  objets  de  bronze  habituels,  c'est  ([u'il  appartenait,  non  à  un 
lombeaii,  mais  à  un  tn'sor.  Or  un  trésor  ne  contient  pas  nécessairement  tous 
otijets  contemporains,  comme  les  tombeaux,  tt  Ton  peut  tout  aussi  bien  y  voir 
des  objets  anciens  avec  des  monnaies  récertes,  que  des  monnaits  antiques  avec 
des  objets  beaucoup  plus  modernes. 


_  41  — 

L'immense  lumulus  du  parc  de  Liidwigsburg  et  les  grands 
tumulus  de  Hiindersingen,  parmi  les  découvertes  signalées 
plus  haut,  contenaient  des  bandeaux  d'or  (i),  non  pas  ajourés 
comme  celui  QVEijgenfnlsen,  mais  revêtus  d'ornements  au 
pointillé,  tout  à  lait  pareils,  comme  tous  ceux  des  objets 
d'or,  aux  ornements  au  pointillé  des  objets  de  bronze. 

A  Galischeid,  tumulus  fouillé  près  de  Doerth,  aux  environs 
de  Saint-Goar,  on  a  trouvé  un  bandeau  ou  une  bordure  large 
de  0"'0a4,  fait  d'une  feuille  d'or  de  l'épaisseur  d'une  feuille  de 
papier  et  brisée  en  plusieurs  morceaux  qui  gisaient  froissés, 
mais  qui,  déployés,  avaient  environ  0"'2I0  de  long.  Cette 
bordure  avait  été  laminée  ou  frappée  à  l'aide  d'une  matrice; 
son  ornementation  consiste  en  deux  volutes,  en  forme  de 
S  couchée,  entre  lesquelles  apparaît  une  feuille  trilobée  (2). 

En  même  temps  que  ce  bandeau  d'or,  a  été  découverte 
une  œnochoé  en  bronze  avec  bec,  ayant  beaucoup  de 
caractère,  en  forme  de  bec  d'oiseau  (5),  c'est-à-dire  ana- 
logue à  celle  d'Eyfjenbilsen,  et  l'on  remarquera  de  même 
que  les  ornements  du  bandeau  d'or  de  Galischeid  se  re- 
trouvent d'une  manière  plus  compliquée  dans  celui  iVEygen- 
bilsen,  qui  comprend  également  des  S  et  des  trèfles. 

A  Weisskirchen,  une  plaque  d"or  très-mince,  découpée  à 
jour,  et  contenant  également  des  ornements  trilobés,  a  été 
découverte  en  même  temps  que  des  objets  étrusques,  parmi 
lesquels  une  œnochoé  (i),  etc. 


(1)  Même  leUrc  du  D''  Lindenschmit. 
(i)  Diclionn.  archéol.  (Kpoqiie  celtique),  v"  Doerth. 

(s)  Ibid.  et  Jalirb.  des  Vereins  von  Allerfliiimsfr.  im  liheinl.,  de  Boiiu,  XLI, 
pi.  I,  Kg.  \,  p.  1. 

(i)  Lindenschmit,  Alleiili.  uns.  Iieidn.  Vorzeit,  II,  fascic.  '2,  pi.  i,  ii"  (i. 


—  Kl  — 

Au  Heerapfel,  à  Schwarzeiihach,  un  vase  étrusque,  ana- 
logue à  un  vase  du  Musée  étrusque  Grégorien,  a  élé 
découvert  à  côté  d'un  bandeau  d'or,  ayant  les  dimensions 
de  celui  û'Kygenbilsen,  mais  d'un  dessin  différent.  Ce  ban- 
deau d'or  est  celui  que  Gerhard  avait  trouvé  assez  caracté- 
ristique poui"  en  faire  le  tilre  d'un  sien  article  :  Elrmhischc 
f.ohhelunuck  ans  den  Mo.^rllanden  (\),  et  cependant,  on  s'en 
souvient,  Gerhard  croyait  encore  à  l'importation  de  ces 
objets  étrusques  parles  Romains. 

Dans  la  sépulture  gauloise  de  Somme-Bionne ,  déjà 
annoncée  ici  (2),  maisqucM.  Morel  vientde  publier  avec  plus 
de  détails  (-),  on  a  trouvé,  en  même  temps  qu'une  œnocboé, 
et  en  même  temps  aussi  qu'un  vase  peint  sur  lequel  on 
reviendra  plus  loin,  un  bandeau  d'or  ainsi  décrit  par  l'in- 
venleui-  : 

fi  Ce  bandeau  est  de  l'épaisseur  d'une  feuille  de  pajiier; 
sa  longueur  est  de  0"'18,  sa  largeur  de  O'"0'2;).  L'estampage 
imite  les  moulures  d'une  couronne.  La  bande  d'or  d'Eyr/en- 
bilscn  diffère  de  la  nôtre  par  ses  dimensions,  qui  sont  de 
0"'0()  de  largeur,  et  en  ce  qu'elle  est  découpée  à  jour  comme 
à  l'emporte-pièce.  » 

M.  Morel  (4)  niet  en  présence  les  dessins  de  trois  des  ban- 
deaux ci-dessus  cités,  ceux  de  Gallscheid,  de  Somme-Bionno 
et  (VK^genbUse)}. 

Eulln   une  feuille  d'or   très-mince  de   0"'0(>   à  ()"'07    de 


(1)  Jahrbucher,  etc.,  de  Bonn,  XXIII,  pi.  iv  ii  vi. 

(*)  Bull,  (les  Comin.  roy.  d'arl  el  iVurcliéol.,  Mil,  p.  "91. 

(r.)  CJuimpdfiiie  soii/rrroiiip,  p  58. 

Voy.  ;tiissi  /;////.  de  la  Snc.  drs  Antiq  de  l'raiirt'.  \\\V,  p.  9S. 

(4)   AlUinti  rit.'-,  pi.  K,  H'^',  1.  4  ft  (î. 


_    y!.-^   _ 


longueur  sur  0"'05  do  hauleur,  tlccoive  de  figures  géomé- 
Iriquos,  a  ('té  découverte  à  Ponllevoy;  elle  se  (rouvnit  avec 
une  liache  de  bronz(S  un  moule  à  haches  el  un  casque  de 
J)ronze  de  forme  conique  (\). 

Gerhard,  on  vient  de  le  dire,  avait  reconnu  le  caraclère 
étrusque  des  objets  d'or  de  Schwarzenbach  ;  aussi,  l'un  des 
savants  rapporteurs  de  l'Académie  de  Belgique  s'était-il 
empressé  de  se  rapporter  à  l'appréciation  d'un  maître  dont 
l'autorité  en  cette  matière  n'aurait  pu,  du  reste,  être  con- 
testée sans  témérité  : 

a  L'opinion  de  M.  Schuermans  {disait-il  au  sujet  de 
l'étruscisme  du  bandeau  iX FAjqenbUsen)  est  vraisem!)lable 
si  le  bandeau  ressemble  à  celui  qui  a  été  découvert  dans  les 
environs  de  Saarbriick  el  que  Gerhard  a  reconnu  comme 
étrusque  (2).  » 

Un  autre  des  rapporteurs,  M.  le  baron  deWitte,  renché- 
rissant sur  son  collègue,  disait  (5):  «  Loin  de  contester  l'opinion 
de  M.  Schuermans  que  ces  objets  sont  de  fabrique  étrusque, 
je  suis  porté  à  la  regarder  comme  très-vraisemblable  :  ce 
n'est  pas  la  première  fois  que  l'on  trouve  au  nord  des  Alpes 
des  bijoux  (Vor,  ...  qui  ont  été  reconnus  comme  appartenant 
à  l'art  étrusque.  » 

Ce  concours  d'adhésions  dispenserait  d'insister,  car  au 
Congrès  de  Bruxelles  (4)  M.  Franks  a  formellement  déclaré 


(i)  Bull.  Soc.  iifiliivi.  Aiitiq.  de  Fiance,  1875-,  p.  I06,  où  l'on  ronsidt'i'o  rtllc 
feuille  (l'or  comme  ayant  orné  un  eouvercle  de  coffret. 

(î)  Bitlt.  Acad.  roij.  de  Jiehi.,  1872,  "!<■  série,  XWIIl,  p.  bl4. 

(3)  Ibid.,  p.  518. 

(1)  Congrès  inlern.  d'unlhrop.  el  d'arehéol.  prt'hisl.  (Compte  rendu  de  lu 
6»  session.  Bruxelles.  lS7:>,  p.  :;i".) 


_  44  — 

tiue  "  le  bandeau  d'or  iVEijfjenbilsen  ressemble  assez  à 
»  rorneniciit  on  or  trouvé  avec  une  œnochoé  en  bronze  à 
»  Weisskirchcu ,  ainsi  qu'aux  oruenienls  de  Schwar- 
»  zen bac h.  » 

Ainsi  se  trouve;  infirmée,  par  le  l'ail,  l'asserlion  du  même 
M.  Franks  au  Congrès  de  Bruxelles  :  «  La  bande  d'or 
{y  Eiigenbilsen  est  de  travail  barbare.  » 

L'opinion  de  Gerhard  doit  tout  naturellement  prévaloir 
sur  une  boutade  sans  preuve,  émanant  d'ailleurs  d'un  des 
ilerniers  partisans  de  l'art  aulochllione,  placé  en  présence 
de  réfutations  qui  surgissent  de  toute  part;  mais  cette 
thèse,  bien  que  M.  Franks  l'ait  atténuée  en  reconnaissant 
une  imitation  grecque  ou  élrusipie,  est  désormais  sans  écho  : 
si  le  bandeau  à' EyijenhUsen  est  barbare  ou  d'imitation  bar- 
bare, il  doit  eu  être  de  même  de  ceux  de  Schwarzenbach, 
de  Weisskirchen,  etc.,  etc..  D'ailleurs  combien  bizarre 
ne  serait  pas  cette  coïncidence  de  tant  de  bandeaux  d'or 
barbares  avec  des  objets  incontestablement  étrusques  ! 

Fùt-il  vrai,  comme  le  prétendent  certains  archéologues  (i), 
que  dans  l'antiquité  grec(|ue  et  étrusque  on  rencontrât  un 
nombre  très-restreint  d'objets  d'or,  tandis  que  ces  objets 
abonderaient  jusque  dans  l'extrême  nord,  encore  pourrait-on 


(i)  SoRTERUP,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Nord. 
Copenhague,  18i8-t9,  p.  110. 

On  peut,  (In  resle,  opposer  h  cette  opinion  celle  de  M.  Engemiardt,  qui,  dans 
la  même  publication,  1876,  p.  ;2ll,  cite  une  mince  feuille  d'or  ornée  de  dessins 
i'stam|i6s,  ayant  Hé  sans  doute  appliquée  à  un  bouclier,  et  quon  a  trouvée  dans 
un  tertre  ù  Jaegersborj;  Hcgn,  près  de  Copenhague  {Gtiide  illustré  du  Musée  de 
CopenlKifiue,  ô'  édit.,  I87(î,  p.  10).  Cet  objet  est  pour  .M.  Engei.hardt  un  de  ceux 
qui  all.'sicnt  le  mieux  que  l'industrie  méridionale  avait  pénétré  dans  le  Nord 
prndant  .  <■  qu'.m  appelle  |;i  dernière  période  de  l'âge  du  bronze. 


—  4o  — 

Irouvcr  une  (wplicalioii  l'ofl  plinisiljlc  de  ce  graiid  noiii- 
])!•(;,  s'il  e.xistail  réellcnioiil. 

Li  circonstance  qu'on  Iroiivc  plus  de  bandeaux  d'or,  elc, 
de  ce  côlé  des  Alpes,  impliquerai l  une  seule  chose,  la  faci- 
lilé  avec  laquelle  les  industriels  étrusques  se  prêtaient  aux 
exigences  du  commerce  international,  en  appropriant  leur 
travail  au  goût  et  au  genre  de  leurs  acquéreurs  transalpins. 

On  a  la  preuve  la  moins  équivoque  que  les  Gaulois 
notamment  recherchaient  avec  avidité  les  ornements  d'or, 
dans  les  célèbres  torques  auxquels  Manlius  a  dû  son 
surnom  (i). 

Roget  de  Belloguet  (-ï)  rappelle  que  Silius  Italicus  rattache 
avec  un  galon  d'or  les  cheveux  d'un  de  ses  guerriers 
gaulois  (IV,  202)  :  ratilum  sub  vertke  nodum  II  est  possible, 
dit-il,  que  galon  d'or  exagère  le  sens  des  mots  latins  où  il  ne 
s'agirait  que  d'un  nœud  rouge;  mais  celte  traduction  lui 
paraît  justifiée  par  le  terme  dont  le  même  auteur  s'est  servi 
quelques  vers  plus  haut,  en  parlant  de  la  tunique  de  Cryxus, 
dont  les  manches  rigehani  ex  aura,  étaient  raidies  par  l'or 
qui  entrait  dans  leur  tissu  (IV,  135). 

Les  vêtements  des  Gaulois,  ajoute-t-il,  étaient  en  outre 
ornés  de  bandes  ou  de  filets  du  même  métal,  et  ce  luxe  est 
conforme  à  ce  que  Virgile  et  Strabon  nous  rapportent  de 


(i)  Le  rédacleur  des  Cutaloglti  del  Miiseo  Campana,  classe  II,  p.  7,  t(!Ut  en 
reconnaissant  le  fait  de  l'usasie  des  colliers  d'or  par  les  Gaulois,  cherche  néan- 
moins à  démontrer  que  les  Étrusques  connaissaient  ce  genre  de  distinction,  et 
il  cite  h  l'appui  certains  monuments  de  l'Etruric,  entre  autres  une  statue  de 
bronze  d'un  personnage  à  demi  couché,  exhumée  d'une  nécropole  à  Pérouse,  et 
portant  un  collier  d'or. 

(2")  Ethnogénie  gauloise,  MF,  p.  87. 


—  4(1  — 

lu  ricliL'SM-  du  cuslmiio  gaulois;  \  iruilc  {Acu  ,  \'IIL  C»;»'.)), 
pourrait  bien  iic  s'<'trL'  occupe  (pie  des  (îaulois  de  ju-einier 
rang;  mais  Slraijon  (IV,  p.  104)  s'exprime  en  général,  el 
il  faul  en  conclure  que  les  guerriers  gaulois,  déjà  connus 
d'après  l'iiisloire  romaine  par  leurs  lorques  en  or,  se  eliar- 
U'eaienl  en  outre  de  toute  espèce  d'oriieniiMits  d<;  même 
métal,  dont  les  mines  d'oi-  de  la  Gaule  leur  permetlaionl  de 
se  munir  avec  abondance.  C'est  ainsi  que  sir  Richard  Coll 
lloare  nous  montre  dans  les  tumulus  duWiltshire  des  feuilles 
d'or  roulées  en  cône,  des  plaques  du  même  mêlai  avec  (.ks 
trous  pour  les  suspendre,  comme  les  i)lialères  des  soldats 
romains,  peut-être  les  ch-cora  des  Calédoniens  de  Tacite 
(A(jrico!.,  11'.)). 

Les  vêtements  des  Gaulois  furent  imités  par  la  suite  des 
temps  jus(pi'en  Orient  :  à  Laodicée,  on  fabrifpiait  des  birrhi 
à  l'imitation  des  biniii  des  Xervicns  (i). 

Ci'la  induit  un  auteur  (2)  à  recliei'clier  ce  qu'étaient  ces 
vêlements,  et  il  (Miari-ivcitconclui'e  (pie  c'étaient  des  tunitpies 
(le  laine  d'une  grande  linesse,  analoaues  à  la  i)arau'aude 
ou  dalmali(pie,  souvent  ornée  d'une  bordure  d'or. 

Et  ce  (pii  engage  à  croire  (pie  tel  pouri'ail  bien  avoir  été 
l'usage  des  bandeaux  semblables  à  celui  dl'Ji/genbilse)i,  esl 
la  circonslancc  (pu-,  dans  plusieurs  sépultures  où  ont  été 
(j.xhumées  des  anli(piilés  de  ce  genre,  il  \  avait  en  elTel  des 
resles  de  vêlements  en  étoffes  de  laine  ou  d'autres  tissus  (r>). 

Ainsi,  en  Crimée,  on  a  d('Couv('rt  une  ipiantité  de  i)elites 
feuilles  en  or  très-mince,  provcnanl  évidemmenl  soit  des  vêle- 

(i)  Voy.  ci-di'ssus,  Bull.  îles  Comin .  roij .  d'arl  il  il'iirchcol..,  IN,  |i.  •Jo8. 

'îj  BEiLt,  L'LlridU'  cl  les  ÉlrKKfjues,  11,  p.  ÔTS. 

(s)  LiNDiiN-sciiMii,  AbbililiDiticu  voit  Maiir.cr  Mlirllnin'i  /■.  IV.  |i|.  ii,  lij;.  -. 


—   i7  — 

iiKMi(S(.hKlrl'uiil,.soiUlL'couroiii)csOii  baiidt'aux  iiiuiiuaii'Ob(i). 

Le  coiiile  Ouvarolï\;>;  dcpoinl  cliuz  les  pi-iiples  itriiiiitifs 
de  la  Russie  l'iisage,  pour  les  vèloineiils,  de  pièces  de  bro- 
cart d'or  ou  galon;  ces  pièces  étaient  soutenues  par  une 
doublure  de  bois  de  bouleau,  au  collet,  pour  empèclier  le 
galon  de  se  cliiCfonner  par  les  mouvements  du  cou,  et  à  lu 
j)oi(rine,  pour  le  garantir  des  effets  de  la  transpiration.  Cette 
doublure  de  bouleau  (jue  l'on  ne  trouve  que  sous  les  galons 
et  le  brocart,  montre  le  soin  tout  j)arliculier  que  l'on  prenait 
pour  conserver  ces  sortes  de  tissus,  ce  qui  s'e.\pli(pie  parle 
prix  qu'ils  se  jiayaient  de  ce  temps-là. 

Ces  objets  d'or  étaient-ils  façonnés  par  les  Barbares  eux- 
mêmes?  M.  de  Lastcyrie  (5)  le  pense,  et  M.  Anat.  de  Barthé- 
lémy avec  lui  :  «  Un  fait  reconnu  depuis  bien  peu  de  temps, 
mais  de  plus  en  plus  évident,  dit  ce  dernier,  est  «juc  les 
Barbares  qui  ont  envahi  et  ravagé  l'empire  romain ,  traî- 
naient avec  eux  des  ouvriei's  très-experts  dans  l'ai't  de  tra- 
vailler les  métaux  et  qui  fabriquaient  des  bijoux  en  or  ciselé 
ou  incrusté  de  grenats  et  de  vei-re  coloré,  que  nos  bijoutiers 
modernes  pourraient  imiter  et  imiteraient  en  elïel  avec  avan- 
tage. M.  de  Lastevrie  cite,  à  côté  de  la  fameuse  découverte 
de  Pétrossa,  une  sorte  de  bandeau  de  grande  richesse, 
trouvé  à  Novo-Teherskask,  sur  les  bords  du  Don,  et  une 
énorme  libule  en  forme  d'eperviei'  en  or  très-pur  et  incrusté 
de  pierres  précieuses.  L'auteur  y  voit  un  art  particuliei', 

(1)  Compte  rendu  de  la  Commission  impériale  d'archéologie  pour  raunée  l8Gf , 
pp.  xviii  et  XX ;  pour  ryiiiiée  18(36,  pp.  iv,  vi,  vu,  etc. 

(î)  Élude  sur  les  peuples  primitifs  de  la  Russie.  Les  Mtrieus.  Suiiit-I'otcrs- 
bourg,  iSlii,  p.  156. 

(ô)  Mémoire  hihV\("M]é\n']C  des  iiibcriptioiis,  cité  p;ir  !a  liciiie  urehêolotjique, 
avril  1875,  p.  271. 


—  iS  — 

HK'oniiu  aux  Grecs  el  aux  lioinaiiis,  cl  (|iril  i-allaclie  av(îc 
raison,  croyons-nous,  à  l'Asie  Mineure,  où  se  trouvent  tanl 
(rinléressants  monuments  antérieurs  à  toute  influence 
,urec(|uo  comme  l'ont  très-bien  montré  dans  une  communi- 
cation récente  MM.  Perrol  et  Guillaume.  M.  Perrot  a  lu  sur 
cet  art  de  l'Asie  Mineure  un  mémoire  que  donnera  proba- 
blement la  Revue  arcbéologique.  » 

Celteexplicalion  ne  semble  pas  pourtantpouvoirélreadmisc 
en  ce  qui  concerne  les  bandeaux  d'or  et  autres  bijoux  de 
même  métal  qui  accompagnent  les  objets  étrusques,  bien 
(ju'on  ait  trouvé  sur  certains  d'entre  eux,  notamment  sur  le 
bandeau  d'or  &EygenbUsen,  des  réminiscences  de  l'Orient. 

—  Ces  réminiscences,  indices  d'une  communauté  d'origine 
(pii  n'est  pas  contestée,  on  les  remarque  en  Étrurie  même, 
comme  on  le  verra  plus  loin  à  propos  des  bandeaux  d'or 
de  Prénestc.  Le  tout  est  de  savoir  si  les  objets  qui  en  sont 
empreints,  sont  sortis  des  mains  d'ouvriers  étrusques;  or 
c'est  là  ce  (|ue  les  anti(juitcs  étrusques  trouvées  en  même 
temps  tendent  incontestablement  à  établir  (i). 


(i)  M.  DE  Meester  i)E  Havestein  {Musée  de  Ravestein,  Calai,  dcscripl.,  I, 
[)  593)  dit  que,  quant  aux  découvertes  faites  en  Étrurie  qui  ont  un  style  asiatique, 
on  peut  lire  un  savant  article,  auquel  il  se  rélei'e,  du  D'Brunn,  dans  les  Annales 
de  l'Institut  de  Rome,  18(50,  pp.  40"  et  suiv.  Voy.  aussi  Tolrnal,  Calai,  du 
Musée  de  yarboiine,  p.  7,  et  de  Meestkk,  /.  cil.,  pp.  85  el  535. 

Jahn  avait  déjà  (ait  remarquer  (voy.  Revue  arcliéol.,  1875,  p.  180)  que  le 
raractère  asiatique  du  fameux  vase  de  Graeclnvyl  ne  faisait  nullement  obstacle 
a  sa  ronrec.tion  par  les  Étrusques,  (|ui  s'étaient  emparés  des  formes  arcliaïques 
de  l'Orient  el  les  reproduisirent  souvent. 

M.  DE  LoMipfciiiEK  a  également  eu  occasion  de  faire  reniarqiui'  (lu'il  y  avait 
heu  de  distinguer  entre  les  objets  à  dessins  asiatiques,  de  provenance  directe  ou 
d'imitation  étrusque  {Acad.  Inscr  et  R.  L.,  Comptes  rendus,  1875,  p.  183). 

Voy.  aussi  de  Witte  el  Lenormant,  Élile  des  monuments  céramographiques, 
m,  p   77;  Revue  archéol.,  XXXII!,  p.  4-29,  etc.,  etc. 


—   i!)    — 

11  y  avait  cm  Gaule,  elc,  des  iiiine.s  d'or;  dès  les  (ein[)S 
les  plus  reculés,  elles  oui  élé  exploitées  par  des  peuples 
étrangers,  plus  avaucés  en  civilisation.  Posidv)nius  (Athénée, 
VI,  4)  etSlrabon(arg.  de  III,  p.  Ii(5)  nous  apprennent  que  les 
Phéniciens  exploitèrent  non-seulement  les  mines  de  fer  des 
montagnes  du  centre  de  la  Gaule,  mais  en  outre  les  mines 
d'or  des  Pyrénées,  des  Cévennes  et  des  Alpes. 

En  retour  des  minerais  et  des  pépites  d'or,  les  Phéniciens, 
et  après  eux  les  Étrusques  que  l'on  retrouve  sur  leurs  traces 
commerciales  (i),  ne  rapportaient-ils  pas  aux  habitants  de 
la  contrée  des  objets  façonnés  d'après  les  goûts  de  ceux-ci? 

Aujourd'hui  que  le  caractère  étrusque  des  bronzes  (œno- 
choés,  cistes,  bassines,  amphores,  etc.)  est  si  bien  établi, 
comment  donc  admettre  que  des  peuples  assez  arriérés  pour 
devoir  être  tributaires  de  l'étranger  quant  aux  bronzes, 
possédassent  cependant  un  art  assez  perfectionné  pour 
façonner  eux-mêmes  les  objets  d'or  dont  la  technique  est 
beaucoup  plus  artistique  que  celle  des  bronzes. 

Et  si  ces  peuples  ont  emprunté  les  objets  de  bronze  à 
l'Étrurie,  pourquoi  seraient-ils  allés  chercher  ailleurs  les 
objets  d'or  qu'ils  n'étaient  pas  en  étal  de  fabriquer  eux- 
mêmes? 

M.  Flouest  (2)  a  présenté  à  cet  égard  de  très-judicieuses 
observations  : 

«  Si  l'on  s'accorde,  dit-il,  à  penser  que  l'or  ouvré,  durant 


(1)  De  Meester  de  Ravestein,  Musée  de  Raveslein,  Catalogue  descriptif,  I, 
p.  526. 

(2)  Tumulus  des  Mousselots,  p.  o2. 


—  VA)  — 

lt'>  loiiilaiiiL'.N  i>L'ri()(U'S  (loiil  l'hisloirc  n'a  garde  (|a'uii  sou- 
\ciiir  confus,  venait  en  lirandc  ]»arlie  de  I  Oural  o),  un 
dcvieiil  fort  hésitant  lorsqu'il  s'agit  d'indi(iuor  la  contrée  où 
l'art  de  l'orfèvre  a  pris  naissance.  Cependant,  il  faut  recon- 
naître qu'on  se  tourne  vers  l'OriiMil,  i>lus  volontiers  encore 
à  son  sujet  que  pour  aucun  autre  métal.  A  ce  point  de  vue, 
il  foui'iiil  |»eul-élre  à  la  thèse  du  grand  courant  hyper- 
boréen  (2)  ses  meilleurs  argumenis.  L'or  aurait  été,  en  eiïel, 
l'un  des  apports  ])rincipaux  de  la  vaste  inmiigralion  qui, 
Iranchissanl,  aux  lenq)S  des  mythes  héracléens,  le  Caucase 
et  les  sleppes  à  peine  émergés  de  la  Basse-Russie,  aurait 
directement  importé  la  première  semence  de  la  civilisation 
dans  le  centre  et  le  nord  de  l'Europe,  sans  rien  empi'unter 
aux  courants  méridionaux.  Il  est  certain  cpie  la  plupart  des 
formes  et  des  motifs  ornementaux  dont  nous  le  trouvons 
revêtu  sur  notre  sol,  évoquent  la  pensée  de  l'Asie,  et 
semblent  se  réclamer  de  l'art  (pii  llorissait  sur  les  rives  du 
Tigre  aux  beaux  j(»ui\s  de  Babylone  et  de  Ninive  (0).... 

»  Nous  voici  donc,  en  api)arenceau  moins,  bien  éloignés 
cette  fois  des  contrées  circunqiadanes  vers  lesquelles  la 
l>lupart  des  objets  étudiés  noiis  ont  constamment  acheminés. 


(1)  Cetic  origine  oiiralicnne  de  l'or,  (|iii  clMit  acceptco  coiiiiiiC  1111  lait  ccrfuiii, 
vient  d'uU'e  renversée  par  Wuh^aak,  rnii  de  ceux  (|iii  b'cii  étaient  le  pln^ 
prévalus.  {Mcin.  Soc.  Aiiliq.  du  Nord,  1873-7 i,  p.  IH.) 

(2)  Expression  (pie  M.  Alex.  Ueuthanu  avait  lancée,  mais  que  luiniènic  n'a 
pas  maintenue,  pour  débigncr  eertain  courant  ayant  apporté  li  TKurope  une 
l»artie  de  ses  produits  inétalluryifpies. 

(3)  On  se  rappelle  que  telle  est  l'opinion  du  b'  Uriinn,  ii  propu»  des  méandres 
du  seau  d'Iùjijcnbilsen,  t\u"\\  considère  comme  ap|iartenaut  au  style  aitislique  de 
Ninive  ou  de  Cliyprc.  liiill.  des  Coitiiii,  roij.  d'ml  cl  d'arclu'ol.,  M,  pp  251 
"•t  :.>T(l.  \i>\,-/  ci-dessus,  Wll,  p.  iH,  noie  1. 


Il  y  a  eu  cc|i('ii(l;iiil,  dès  la  liaulc  (•iiiliqiiilL',  d'Iiabiit'.s  orfè- 
vres dans  lo  pays  pi'ivilégié  qui  s'clend  des  AI])C'S  aux 
Apennins.  Jusqu'à  ce  jour,  il  es!  vrai,  nous  ne  connaissons 
guère  leurs  œuvres  anciennes  que  par  les  révélations  de 
Marzabolto,  el  bien  (ju'ellcs  doivent  également  leur  décora- 
tion au  procédé  primitif  de  ['estampage ,  on  ne  peut  se 
refuser  à  confesser  que,  malgré  leur  perfection,  les  simples 
nervures  ou  les  modestes  treillis  des  bracelets  (des  Mousse- 
lots)  ne  restent  beaucoup  au-dessous  des  élégantes  |)al- 
meltes,  des  feuillages,  des  méandres  et  des  enroulements  en 
grenetis,  distinguant  les  bijoux  restitués  par  la  riche  métro- 
pole (i). 

»  Prenons  garde  toutefois  que  si  le  mobilier  funéraii'e  de 
Marzabotto  l'ait  déjà  pressentir  le  jtrocliain  et  magnifique 
épanouissement  du  grand  art  étrusrpie,  il  se  rattache  aussi 
par  des  signes  irrécusables  à  l'art  archaïque  et  novice  encore 
de  Villanova.  ïl  marque  ainsi  l'une  des  phases  ascension- 
nelles d'une  industrie  vouée  au  jirogrès,  et  désormais 
voisine  de  son  apogée;  mais,  |)ar  là  même,  n'affirme-l-il  pas 
une  phase  antérieure  et  nécessaire  d'initiation  et  de  premiers 
efforts?  On  ne  saurait  facilement  admettre  que  l'orfèvrerie 
paléo-étrusque  ait  pu  de  prime  abord  correspondre  aux 
aspirations  du  luxe  [)ar  les  remarquables  bijoux  auxcpicls  je 
viens  de  faire  allusion.  Il  est  plus  rationnel  de  croire  qu'à 
l'exemple  de  toutes  les  industries  humaines,  elle  a  dû,   en 


(i)  Ou  rciiiuniiiunt  ici  que  le  bandeau  d'or  d'Ei/ijcubihen  n'est  pas  aussi 
éloigné  que  les  objets  dos  Mousselots  de  rorncmeiitalioii  de  l'or  de  Maivaboîlo, 
tout  cil  reslaut  encore  dislinctc  de  eelle-ci.  Voy.  Gozzadini,  De  iiUeriori  scopcrte 
iieir  aniica  ticcropoli  a  Marz-ahollo  nel  liolotjiiesc,  \>].  xvi  el  xvii. 


—  o2  — 

s'implanlatil  sur  les  rives  du  Pu,  préluder  à  ses  chefs- 
d'œuvre  par  loule  une  séi'ie  de  produits  moins  parfaits. 
J'ignore,  je  l'avoue,  à  quels  signes  on  reconnaîtra  les  pro- 
duits de  sa  période  initiale,  et  il  semble  que  les  archéologues 
italiens  n'aient  point  encore  eu  sujet  de  s'en  inquiéter.  L'or 
n'élait-il  ni  travaillé,  ni  même  connu  à  Golasecca,  à  Poggio- 
Renzo,  à  Villanova?  Aloi's  que  les  Gaulois  recevaient  déjà 
des  artisans  établis  dans  ces  centres  de  population  leurs 
parures  de  bronze,  étaient-ils  néanmoins  obligés  de  deman- 
der leurs  bijoux  d'or  aux  Hyperboréens....?  Je  n'ose  ré- 
pondre (i);  mais  je  ne  laisse  pas  d'être  frappé  de  la  rencon- 
tre de  quelques-uns  des  éléments  décoratifs  de  nos  bracelets, 
sur  des  feuilles  d'or,  recueillies  dans  des  tumulus  aux 
dépouilles  desquels  on  ne  conteste  pas,  en  général,  une 
origine  paléo-étrusque.  » 

S'attachant  à  quelques  détails  d'ornementation  de  ses 
objets  d'or,  M.  Flouest  conclut  :  «  si  la  provenance  paléo- 
étrusque de  nos  bracelets  ne  peut  être  positivement  affirmée, 
on  voit  cependant  qu'elle  n'est  pas  absolument  invraisem- 
blable, dès  lors  ils  ne  sauraient  devenir  le  fondement 
inébranlable  d'une  objection  à  diriger  contre  la  justesse  des 
observations  développées  jusqu'ici.  » 


{i)  Note  de  M.  Flouest  :  «  L'or  n'appaiait  en  Italie  qu'a  la  première  époque 
du  fer,  qui  correspond  à  l'âge  du  bronze  des  pays  Scandinaves  et  se  rattache 
assez  vite  à  la  période  palco-étrusque.  Durant  cette  période,  il  est  encore 
très-rare  et  toujours  en  petite  quantité.  Il  est  douteux  qu'il  se  montre,  dès  le 
début,  sous  forme  de  feuilles  estampées,  et  il  serait  probablement  erroné  de  le 
fonsiJérer  comme  travaillé  dans  le  pays  dès  son  apparition.  » 

M.  DE  RoiGEMOM  considèro  cependant  l'or  comme  ayant  apparu  dès  l'ûge  du 
bronze.  Les  Sémites,  jjp.  517,  58:2,  4:24,  etc. 


—  33  — 

M.  Flouest  montre  ensuite  la  grande  habileté  pratique  qui, 
rnèlée  à  beaucoup  d'art,  se  montre  dans  la  fabrication  dont 
il  s'attache  à  faire  ressortir  le  mérite.  «  Or,  dit-il,  croira-t-on 
que  cette  fabrication  ait  pu  se  perfectionner  à  ce  point  dans 
un  milieu  dont  elle  aurait  été  la  seule  manifestation  indus- 
trielle? C'est  là  cependant  ce  qu'il  faut  soutenir,  si  l'on 
admet  que  les  objets  en  or  ont  une  autre  patrie  que  les 
objets  en  bronze.  11  serait  bien  déraisonnable,  en  effet,  de 
supposer  qu'on  se  fût  borné  à  ne  demander  que  les  premiers 
au  pays  des  orfèvres,  s'il  avait  été  en  même  temps  un  centre 
de  production  pour  les  seconds.  Les  négociants  qui  allaient 
y  chercher  des  parures  en  or,  ou  dont  l'initiative  les  en 
exportait,  ne  se  seraient  certainement  pas  abstenus  d'ajouter 
à  leur  assortiment  de  bijoux,  des  échantillons  de  tous  les 
produits  indigènes.  Si  cependant,  en  dépit  de  découvertes 
chaque  jour  plus  fréquentes,  on  demeure  impuissant  à  con- 
stater, en  faveur  du  pays  de  l'or,  le  moindre  parallélisme 
dans  la  diffusion  des  éléments  divers  de  sa  productivité, 
n'est-on  pas  moralement  contraint  de  se  retourner,  pour  la 
joaillerie  d'or,  vers  la  contrée  qui  fournissait  presque  tout 
le  reste?  S'il  est  prouvé  qu'elle  connaissait  et  pratiquait  tout 
ce  qui  semble  attribuer  à  cette  joaillerie  un  caractère  parti- 
culier, la  présomption  morale  n'acquerra- t-elle  pas  une 
puissance  à  peu  près  irrésistible?  » 

M.  Flouest  montre  les  mêmes  objets  qu'aux  Mousselots, 
en  Suisse,  et  dans  les  tombes  de  Hallstatt  :  or  les  hardis 
mineurs,  les  rudes  forgerons  de  la  Haute-Autriche,  ne 
passent  pas  pour  avoir  été  des  orfèvres.  Ils  demandaient  à 
l'exportation  toutes  les  œuvres  de  luxe  qu'ils  étaient  si 
jaloux  de  posséder,  et  c'est  principalement,  on  est  unanime 


.>'l- 


à  le  reconnailre  (i),  par  les  eolporleurs  prolo-élrusques  qu'ils 
en  étaient  approvisionnés.  «  Si  donc,  continue  M.  Flouesl, 
un  produit  assez  spécialisé  en  lui-même  pour  qu'il  soit 
malaisé  de  croire  qu'il  a  été  simultanément  conçu  d'une  façon 
id(Milique  ihm^  des  centres  de  fabrication  différents,  nous 
apparait  en  Bourgogne,  en  Suisse,  en  Autriche,  au 
milieu  de  cent  autres  produits  dont  la  provenance  n'est  pas 
douteuse,  sera-t-il  moins  logique  de  s'en  autoriser  pour  lui 
api)liquer  la  j)résomption  générale  que  de  créer  à  son  sujet 
une  exception  dont  on  ne  pourrait  d'ailleurs  préciser  la 
nature,  les  conditions  et  la  cause?  » 

Les  Étrusques,  quoi  qu'en  ait  dit  Sortcrup  (dont  l'opinion  a 
été  rapportée  p.  4i,  à  la  note),  étaient  très-habiles  dans  l'art 
de  travailler  tous  les  métaux,  dont  l'or,  et  l'antiquité  classique 
connaissait  parfaitement  les  bandeaux  d'or  analogues  à  celui 
lïJujgeubilsen. 

a  Chez  les  Étrusques,  comme  chez  les  Grecs,  les  dia- 
dèmes et  les  coiffures  d'or  étaient  la  coiffure  des  femmes 
d'un  rang  élevé.  L'habileté  des  orfèvres  étrusques  était 
célèbre,  ils  n'avaient  pas  de  rivaux,  et  les  bijoux  en  or  ciselé 


(i)  A  moins  d'ailmettie  avcr  quelques  uns  que  Hallstatt  ne  soit  qu'une  étape 
des  Orientaux  vers  l'ËIrurie;  mais  cotte  thèse  n'a  plus  guère  de  partisans. 

Dans  les  Silztiiifjsb.  der  Kaiser! .  Acad.  der  Wissenscli.  (Wien),  Vf,  1851, 
p.  834,  Jacrii  discute  les  textes  de  Jistin,  XX,  et  Liv.,  V,  55,  et  fait  remarquer 
que  si  Topiniou  de  Miii.LER  qui  fait  venir  les  Étrusques  de  la  Rliélie,  était  fondée, 
il  faudrait  trouver  dans  le  Tyrol  des  monuments  d'art  ayant  non-seulement  la 
ressemblance  la  plus  frappante  avec  ceux  de  l'Ktrurie,  mais  encore  surpassant 
ces  derniers  en  antiquité,  ce  qui  n'est  pas.  Voy.  aussi  dk  Rougemont,  p.  587. 

Une  opinion  intermédiaire  est  celle  de  Pehhens,///s/o//v  de  Florence,  I,  p.  18; 
cet  auteur  admet  une  première  immigration  p.ir  terre  des  Rhasena,  et  beaucoup 
plus  tard  une  autre  immigration  plus  civilisée,  par  mer,  d'autres  Indo-Enropéens: 
les  deux  courants  se  seraient  confondus  et  auraient  produit  la  civilisation 
étrusque,  Voy.  Uevue  nrchéidoiiiiiite,  XXXIII.  |i.  MW. 


—  m  — 

cl  esLimpé  qu'ils  fabriquaient,  étaient  recherchés  même  à 
Athènes.  Ils  se  sont  surpassés  dans  cet  étonnant  ouvrage, 
où  l'art  le  plus  consommé,  des  prodiges  d'exécution  qui 
délient  nos  plus  habiles  ouvriers,  sont  mis  au  service  du 
goût  le  plus  pur  et  le  plus  délicat.  » 

Cet  éloge  de  l'orfèvrerie  étrusque  qu'on  peut  retrouver  en 
d'au  très  ouvrages  d'observateurs  experts  (i),  est  emprunté  au 
savant  rédacteur  du  Catalogue  des  bijoux  du  Musée  Napo- 
léon III  (Paris  186:2),  lequel  cite  notamment  parmi  les 
bijoux  de  ce  Musée,  le  suivant  (2)  :  «  Diadème  funéraire  en 
or,  du  style  gréco-étrusque,  formé  d'une  large  lame  estampée, 
dont  la  partie  inférieure  figure  un  méandre  entre  deux 
astragales,  etc.  » 

Une  feuille  d'or  flexible  estampée  décorée  de  figures  d'ani- 
maux, de  style  asiatique,  paraissant  avoir  servi  d'orne- 
ment de  têle,  a  été  trouvée  aux  environs  d'Athènes,  avec 
des  armes  datant  d'environ  sept  siècles  avant  l'ère  chrétienne; 
elle  n'est  pas  assez  longue  pour  former  une  couronne 
fermée,  mais  elle  a  pu  servir  de  décoration  partielle  sur  la 
partie  antérieure  d'un  bandeau  (ô). 

Les  bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique  (4) 
affirment  qu'à  Caere,  à  Vulci,  on  a  trouvé  des  objets  d'or, 
dont  quelques-uns  en  feuilles  si  minces  qu'on  suppose  qu'ils 


(1)  Par  exemple  chez  Castellani,  Dell'  orefheria  unlica. 

(■2)  P.  7,  n»  o. 

(3)  Bull.  Soc.  Antiq.  de  France,  187 i,  pp.  i'iSet  loi.  Ce  bandeau  est  au 
Musée  du  Louvre 

Voy.  .lussi  sur  les  découvertes  de  Scui.iemann  a  Mycènes,  Revue  archéol., 
XXXIH,  p.  412. 

(i)  XI,  1»,  184i,  p.  257,  d'après  les  Aiimli  ikll  In-slU.  lU  corrisp.  archeol., 
I,  p.  88,  et  Miiseo  Gregoriano,  pi,  i.xxi  et  lxxv. 


—  S6  — 

ont  été  fabriqués  spécialement  pour  l'usage  des  morts  (i). 

M.  le  comteGozzadini  veut  bien  signaler  (2)  des  découvertes 
faites  tout  récemment  à  Préneste;  si  elles  ne  peuvent  pas 
encore  combler  la  lacune  en  ce  qui  concerne  les  analogies 
à  invoquer  pour  les  objets  d'Eygenbilsen,  cela  tient,  d'après 
lui,  à  ce  que  ces  objets,  très-précieu\  pour  l'art,  appar- 
tiennent à  des  tombeaux  reculés  et  sont  de  style  oriental. 
Mais  elles  peuvent  au  moins  être  citées  par  analogie. 

Voici  la  description  (0)  d'un  bandeau  d'or  trouvé  dans  ces 
fouilles  :  Il  a  0"'I8  de  long  sur  0"'I0  de  large  (les  dimen- 
sions de  celles  iVEi/genbUsen  sont  de  0"'2:2  sur  0"'05j),  et 
certains  indices  tendent  à  démontrer  que  cet  ornement  a  été 
cousu  à  une  pièce  d'habillement;  même,  à  cause  de  la  dispo- 
sition des  aniniau.x  ligures  sur  le  bandeau,  et  à  raison  de 
l'impossibilité  d'admettre  (jue  des  animaux  aient  été  repré- 
sentés pour  être  portés  la  lètc  en  bas,  il  y  a  lieu  de  supposer 
que  ce  bandeau  d'or  servait  en  guise  plutôt  de  diadème 
sur  une  mitre  ou  sur  un  bonnet  d'étoffe,  que  de  pectoral  sur 
un  vêtement  du  corps.  La  place  occupée  par  le  bandeau 
dans  la  sépulture  confirmait  cette  hypothèse;  il  était  près  de 
la  tète  du  défunt.  Si  cette  observation  est  fondée  et  si  elle 
peut  être  généralisée,  il  y  aura  lieu  (Yen  tenir  compte  pour 
déterminer  l'usag*^  au(piel  a  servi  le  bandeau  {XEijgen- 
hilscn. 


(1)  BiAHDOT,  Les  terres  cuites  grecques  funèbres  dans  leur  rapport  avec  les 
mystères  de  Bacchus,  p.  508,  dit  que  souvent  les  lôtes  des  morts  étaient  ceintes 
de  couronnes  d'or;  quelques-unes,  dit-il,  étaient  des  bandeaux  lisses,  d'autres 
étaient  gravées  ou  enrichies  d'ornements  eu  relief. 

(î)  Kens.  partie  du  19  avril  1877;  Cfr,  Revue  archéol.,  mars  18"7,  p.  208. 

(s)  Uutl  dtU  Iiislil.  di  corrisp.  archcoL,  juin  187G,  n»  121. 


-  57  — 

Bien  que,  comme  on  l'a  déjà  dil  (i),  les  dessins  de  ce 
derruer  bandeau  n'ail  pas  encore  été  retrouvé  en  Étrurie, 
il  y  a  donc,  au  moins  pour  l'art,  pour  la  matière,  pour  la 
destination  des  objets  de  ce  genre,  une  présomption  en 
faveur  de  l'origine  archéo-italique,  présomption  qui  a 
pour  elle  le  témoignage  de  Gerhard  et  l'assentiment  de 
M.  de  Witte. 

C'est  au  temps  qu'il  appartiendra  d'apporter  le  complé- 
ment de  preuve  désiré,  et  à  cet  effet,  une  enquête  a  été 
instituée  par  l'auteur  du  présent  article,  qui  en  a  chargé 
l'homme  le  plus  compétent  en  cette  matière,  le  comte 
Gozzadini.  Le  savant  italien  a  daigné  accepter  cette 
mission,  et  si,  comme  il  l'espère,  le  résultat  entrevu  est 
obtenu,  la  thèse  de  l'importation  étrusque  de  tous  les  objets 
(ÏEifgcnbUscn,  sans  exception,  sera  victorieusement  démon- 
trée, et  elle  donnera  son  appui  à  l'opinion  du  D""  Linden- 
schmit  — au  môme  titre  que  les  statuettes,  les  vases  peints 
et  les  armes  dont  il  sera  question  plus  loin. 

Remarquons  en  attendant,  avec  le  D""  Lindenschmit  (2), 
que,  avec  les  œnochoés  et  cistes  à  cannelures  horizontales 
qui  sont  reconnues  étrusques,  on  a  trouvé  souvent  des  ban- 
deaux d'or,  jouant  le  même  rôle  que  le  bandeau  (YEygenbil- 
sen;  or  ces  autres  bandeaux  d'or  sont  évidemment  étrusques, 
l'ornementation  au  pointillé  du  bandeau  d'or  de  Ludwigs- 
burg   est    étrusque;    telle    est    aussi    l'ornementation    en 


(i)  Voy.    ci-dessus,    Uiill.    des    Comm.    roi/,    d'an    et    d'archM.  ,    \l 
p.  211. 
(2)  Lettre  dfja  cit(^e  du  i  juin  1877, 


—  58  — 

méaiulres  brisés  du  bandeau  d'or  d'ÂIlenluflen  (i),  lesquels 
ont  été  reconnus /io/i  celtiques  par  les  plus  déterminés  cel- 
toinanes  de  la  Suisse. 

Le  D'  Lindensehmil  n'hésite  pas  à  alllirmer,  à  l'égard  de 
ces  aulres  bandeaux,  que  les  circonstances  des  trouvailles 
ont  indiqué,  sans  exception,  pour  l'or,  comme  pour  le  bronze, 
une  origine  pleinement  étrusque. 

Dans  ces  conditions,  on  comprend  que  le  D'  Linden- 
schmit  (qui  a  du  reste  pour  lui  l'autorité  imposante  de 
Gerhard  à  propos  des  ornements  d'or  semblable  de  Weiss- 
kirchen)  déclare  que  le  bandeau  à'Eygenhilsen  est  néces- 
sairement étrusque  lui-même.  Aussi,  pour  lui,  le  manqué 
actuel  de  renseignements  tient  sans  doute  à  la  circonstance 
qu'il  faut  les  chercher  dans  quelque  autre  région  de  l'Italie 
que  celles  où  les  regards  ont  été  portés  jusqu'ici,  et  rele- 
vant les  innombrables  points  d'analogie  qui  se  montrent 
de  tous  côtés  dès  que  l'attention  est  une  fois  attirée  spécia- 
lement sur  un  genre  d'objets  déterminés,  il  ne  doute  point 
que  la  lacune  ici  signalée  ne  soit  comblée  dans  un  très-bref 
délai. 

—  Il  vient  d'être  dit  deux  mots  de  la  destination  d'objets 
semblables  au  bandeau  à'Eygenbilsen  :  une  autre  opinion 
s'est  produite. 

La  présence  presque  constante  d'une  œnoehoé  à  côté  du 
bandeau  d'or,  avait  engagé  M.  Morel  à  anticiper  un  peu  sur 
ce  qui  sera  peut-être  la  vérité  do  demain.,  et  il  avait  appelé 
ce  bandeau  du  qualificatif  «  traditionnel.  «  Il  présente  au- 
jourd'hui une  hyi>othèse  nouvelle,  pour  laquelle  il  tire  parti 

(i)  Millheil.  lier  ZUricher  oiitiipinr.  Cesellscliaft.  Wli,  pi.  i. 


—  oO  — 

(le  deux  circonstances  relevées  à  propos  du  bandeau  d'Ei/- 
genbUsen. 

Voici  les  propres  paroles  de  M.  Morel  (i)  :  «  M.  Schuer- 
mans  dit.  que  ce  bandeau  aHecte  une  forme  courbée,  comme 
s'il  était  destiné  à  ceindre  un  corps  plus  ou  moins  sphérique, 
par  exemple  une  tète,  un  casque,  ou  à  suivre  le  contour 

d'un  vêlement;  et,  malgré ,  il  n'est  pas  venu  cà  notre... 

collègue  l'idée  de  la  restitution  que  nous  proposons,  et  cela 
parce  qu'il  n'a  pas  assisté  personnellement  à  la  découverte,  et 
n'a  pu  voir  la  place  qu'il  occupait.  Aussi  M.  Ans  'm  Weerlli, 
de  Bonn,  qui  est  allé  voir  en  Belgique  le  produit  de  la  dé- 
couverte à'Eygenbilseu,  a  remarqué  que  le  revers  du  ban- 
deau porte  des  traces  d'une  sorte  de  mastic  analogue  à  celui 
que  décrit  Pline  quand  il  parle  du  procédé  pour  appliquer 
l'or  sur  le  cuivre;  après  certaines  préparations  dont  ce 
dernier  métal  était  l'objet,  les  feuilles  d'or  y  étaient  adaptées 
à  l'aide  d'un  amalgame  de  pierre-ponce,  d'alun  et  de 
mercure.  » 

M.  Morel,  s'appuyant  sur  ces  données,  n'accepte  pas  l'idée 
de  M.  Aus  'm  Weerth,  qui  applique  les  ornements  semblables 
de  Schvvarzenbach  à  un  casque;  c'est  l'œnocboé,  la  voisine 
presque  constante  du  bandeau  d'or,  qu'il  orne  de  ce 
bandeau. 

A  ce  sujet,  M.  Morel  insère  dans  son  ouvrage  une  no- 
tice fort  remarquable  de  M.  E,  Morel,  son  frère,  curé  de 
Sampigny,  où  celui-ci  démontre  d'une  manière  très-érudife 
et  très-logique  que  cliez  les  anciens  existait  l'usage  de  cou- 


Ci)  Champ,  soitlerr.,  p.  29.  Voy.  aussi  MonUeiir  belge,  1876,  2°  sem.,  p.  ^6To. 


—  60  — 

ronner  les  vases  d'un  strophium  ou  si  rophilium(\);  il  rapporte 
à  cet  usage  le  collier  de  coquilles  en  feuilles  d'or  découvert 
près  du  seau  de  Grauholz,  certains  colliers  d'or  trouvés  sur 
un  vase  de  terre  à  Plouarnel,  et  dit  qu'à  Sommc-Bionne 
ce  n'est  plus  la  couronne  de  perles  qui  se  fait  voir  sur 
l'œnochoé,  mais  bien  le  strophilium,  comme  h  Eygenbilsen, 
à  Doerth,  Weisskirchen,  lleerapfel,  Hattcn,  etc. 

Il  ajoute  :  «  M.  Schuermans,  dans  la  description  qu'il  a 
faite  de  la  découverte  iVEygenbilsen,  remarque  que  la  bande 
d'or  alTecte  une  forme  courbée,  comme  si  elle  était  destinée 
à  ceindre  un  corps  plus  ou  moins  sphérique  ;  de  plus,  le 
revers  poite  des  traces  d'une  sorte  de  mastic  analogue  à 
celui  que  décrit  Pline  quand  il  parle  du  procédé  pour  ap- 
pliquer l'or  sur  le  cuivre.  La  même  observation  doit  être 
faite  pour  le  bandeau  de  Somme-Bionnc. 

»  Or,  cà  quel  vase  de  bronze,  à  quel  corps  plus  ou  moins 
sphérique,  ce  bandeau  peut-il  mieux  et  plus  naturelle- 
ment s'appliquer  qu'à  rœnochoc  près  de  laquelle  il  a  été 
trouvé? 

■t,  Et  si  nous  voulons  connaître  l'endroit  précis  où  ce 
sirophilium  était  attaché,  voyons  ce  qui  se  faisait  pour  les 
vases  de  terre.  Quand  le  potier  moulait  une  couronne  sur 
un  vase,  où  plaçait-il  c(;lle  couronne,  cette  branche  de  lierre 
ou  de  vigne?  sur  le  ventre  du  vase,  dans  la  partie  supé- 


(i)  M.  UE  Meester  de  Ravlstein  {Musée  de  Ravesleiii,  Calai.  descripL,  I, 
|).  147)  dit  :  «  On  a  imaginé  de  décorer  le  bord  des  vases  d'une  couronne.  Ce 
dernier  enibellissenienl  convient  d'anlant  mieux  aux  vases,  que  l'usage  des 
anciens  ^'tail  de  les  couronner  de  fleurs  dans  les  festins,  d'où  est  venue  l'expres- 
sion :  cdiiruniii'r  le  vin.  \< 


—  Gl   — 

rieure.  En  aj)i)!i([uaiil  lo  i)ati(li'au  d'or  sur  l'œiiochoé,  au  lieu 
indiqué  et  consacré  par  l'usage,  il  est  facile  de  voir  que  ce 
bandeau  s'adapte  pariaitement  comme  un  diadème. 

»  Nous  pouvons  donc  légitimement  conclure,  et  d'après 
l'observation  et  d'après  les  principes  que  nous  avons  posés, 
que  cet  ornement  lui  appartient.  Le  lui  restituer,  c'est  faire 
acte  de  rigoureuse  justice.  » 

Get«  acte  de  justice  » ,  M.  Th.  Morel  n'hésite  pas  à  l'accom- 
plir à  propos  du  bandeau  (ÏEi/genbilsen,  dont  il  propose 
formellement  la  restitution  sur  l'œnochoé. 

Il  est  bien  vrai  que  le  bandeau  (ÏEyfjenhihen  poi'le  des 
traces  d'une  sorte  de  soudure;  mais  les  déductions  ingé- 
nieuses de  MM.  Morel  n'ont  pas  encore  rencontré  l'assen- 
timent des  savants.  Elles  ont  été  soumises  aux  discussions  du 
Congrès  de  Ghâlons-sur-Marne  en  1875;  or  M.  de  Baye 
n'en  a  pas  moins  soutenu  (i)  que  les  bandeaux  d'or  en  ques- 
tion sont  des  bandeaux  funéraires,  destinés  à  être  placés 
sur  la  tète  des  défunts,  et  il  s'a])puie  sur  des  faits  nom- 
breux constatés  par  M.  De  Clercq,  qui  possède,  a-t-il  dit,  des 
bandeaux  semblables  trouvés  dans  les  sépultures  de  l'île  de 
Chypre  (2), 

On  ne  peut  ici  qu'énoncer  l'opinion  émise,  en  attendant 
que  le  temps  vienne  la  confirmer. 


(i)  Congrès  archéologique  de  France,  Xl.ll^  session,  p.  153. 

(2)  La  Revue  archéologique,  janvier  1877,  p.  \h,  parle,  en  cffft,  de  feuilles 
d'or  estampées  trouvées  a  Curiuni,  dans  les  fouilles  cypriotes  du  géiiér;il  ue 
Cesnola,  dont  un  bandeau  de  front,  plus  de  nombreuses  feuilles  d'or,  débris  de 
la  dorure  de  statues  eu  bois. 


—  (il> 


E.  Suuuelles  de  bronze. 


L'élude  de  la  (lucstioii  des  exporlalions  arcliéo-ilaliques 
comporle  encore  celle  des  slatuetles  de  bronze  :  combien  les 
preuves  relallves  à  l'origine  archéo-italique  de  tanl  d'anli- 
(piilés  de  l'époque  anléroniaine,  trouvées  au  nord  des  Alpes, 
ne  se  renlorceront-elles  |)as  s'il  est  déinouiré  (pu;  les  expor- 
tations italiennes  se  faisaient  sur  la  plus  grande  échelle  et 
comprenaient  même  les  autres  objets. 

A  la  vente  de  la  |)reinière  collection  de  Rencsse,  qui  eut 
lieu  à  Anvers  en  1850,  figuraient  deux  statuettes  signalées 
comme  de  travail  barbare  (i)  et  «pii  avaient  été  trouvées  à 
NeuNvied  et  à  Cologne,  en  1818  et  en  18-20. 

Le  savant  D""  Lindenschmit,  de  Mayence,  consulté  au 
sujet  des  dessins  de  ces  statuettes,  y  reconnait  de  la  ma- 
nière la  moins  douteuse  et  la  j)lus  formelle,  un  caractère 
étrusque  franchement  déterminé.   Ce  caractère  j)our  l'une 


(i)  «  M"  25.  I'"ii;iirc  burbarc  louant  dans  la  main  Ji'oid'  un  liàton.  dont  k  haut 
y>  parait  avoir  été  courbé. 

»  Elle  lut  trouvée  près  de  Xeuwied  en  1818;  elle  est  toute  couverte  d'un  vert 
»  de  gris  antique,  qui  forme  nue  espèce  de  laque,  u  (C'est  la  lig.  Il-""  et  lU'.) 

»  iN'o  23.  Figure  do  lemme  d'un  travail  très-barbare;  les  veux,  qui  sont  creux, 
»  ont  étéaulielois  ren)plis  d'une  pierre  liue.  Klie  a  la  main  droite  très  din'nrnie.  » 

«  Trouvée  à  Cologne  en  18-20.  »  (C'est  la  lig.  1»  et  1''.) 

[Cataloyiie  du  iiiaijtii/iijiœ  cubinet  tiéliiissé  par  feu  M.  le  comte  Clemens- 
yVeiicesliis  DK  HtNKSsK-UitEiiiUACH  (dont  la  vente  s'est  l'aile  a  Anvers  au  salon 
d'exposition,  rue  de  Vénus,  par  le  groIJier  Ter  Bruggen,  le  3!  mai  I85(i  et  jours 
suivants).  N"  A.  .\iiliqiiilés  grecques,  romahies,  cellea,  geniniiucs,  g/ailui.ses,  etc. 
Anvers,  Ancelle,  507  numéros,  52  p.  ia-8"). 

Voy.  à  ce  sujet  les  Jalirbiiclier  de  Uonn,  LVIII,  pp.  105  et  suiv.,  jil.  \ii, 
II;.'.  7  et  8,  d'après  un  album  conservé  dans  la  l'amillc  Di:  HK.stssi;,  tl  d<  ssiné 
en  \SiH,  par  le  peintre  Weixkeu,  de  Florence. 

I.cs  dessins  insérés  dans  le  texte  sont  réduits  aux  5/1. 


03 


tics  ^l.auelk'^  iVMiIlL'  lie  la  cuMi|iii]ai.soii  laite  avec  un  très- 


/'zyi'^ 


grand  nombre  de  inoiiimients analogues,  n'est  pas  duul.ux 
non  plus  à  sq^^  yeux  pour  l'autre  slalueKe,  à  raison  de  l'aMi- 


—  64  — 

lude  du  |)rrsuiiii;ige,  de  la  coiironualioii  cl  Cw.  la  proportion 
des  membres,  cl  iiolammeiil  de  l'ornement  de  lèle  et  de  la 
chevelure  retombant  sur  la  nuque  :  le  personnage  est  du 


Tfg.R^ 


Kij.ÏÏ^ 


reste  identique  à  une  statuette  étrusque  trouvée  en  Étrurie, 
qui  figure  dans  l'ouvrage  de  Micali.  Celui-ci  l'appelle 
«  uno  de'  più  scliietti  exemplari  delF  antico  stile  Toscanico.  » 
Micali  y  voit  la  représentation  d'une  divinité  (i). 


(i)  Monuineiili  ineilili,  etc.,  p.  80,  [»1.  xi,  lig.  1. 


—  (>:)  — 

ScuilciiiL'iil,  !(•  [y  Liiidciiscliinit  se  deiiiaïKle  si  ce  iic 
seraient  |)as  là  (ks  copies  ou  iiiiitalions,  comme  au  siècle 
(leri)ier  on  en  a  vendu  un  certain  nombi-e  aux  collection- 
neurs. 

Si  le  recours  à  l'original  n'est  plus  possible  pour  la  pre- 
miére  des  deux  statuettes,  et  s'il  faut,  à  l'égai'd  de  celle-ci, 
se  contenter  du  dessin,  certaines  circonstances  portent  à 
admettre  l'antiquité  de  l'objet  :  c'est  la  patine  distinguée 
i|U(;  le  Catalogue  de  la  vente  de  Henesse  y  signale;  c'est  en 
outre  l'altération  que  ce  Catalogue  lait  remarquer  à  l'instru- 
ment tenu  par  la  main  droite;  c'est  enfin  la  mention  de  la 
date  et  du  lieu  de  la  trouvaille.  On  eût  évidemment  obtenu 
une  somme  plus  importante  de  l'acquéreur,  en  désignant 
celle  statuette  comme  clrus(/ue,  qu'en  la  qualifiant  seule- 
ment de  barbare,  et  un  Sjiéculateur  n'y  eût  pas  failli.  Puis 
le  comte  de  Rcnessc,  si  on  lui  avait  vendu  la  statuette 
comme  étrusque,  n'eût  pas  manqué  non  plus  de  se  préva- 
loir de  cette  attribution,  quelque  paradoxales  que  fussent, 
en  1818  et  1820,  des  trouvailles  étrusques  faites  à  Cologne 
ou  à  Neuwied,  lui  qui  n'a  pas  hésité  à  déclarer  égyptiennes 
ou  même  phéniciennes  certaines  antiquités  trouvées  vers 
la  même  époque  à  Rumpst,  à  Anvers  et  à  Kalwyck  (i). 

L'ignorance  du  caractère  étrus(|ue  de  la  statuette,  et  par 
l'inventeur  et  par  l'acquéreur,  est  donc  une  foi-te  présomp- 
tion de  sincérité  dans  l'énoncé  des  eirconslances  de  la  trou- 
vaille. 


(i)  Vf.y.  il  cet  égard,  le  Bull,  des  Comm.  roij.  iVurt  el  d'archéol.,  XI,  pp.  3-JO, 
iàtj  et  462,  et  les  observations  éciiaiigées  avec  M.  de  WrnE,  Académie  d'archéo- 
logie de  Belgique,  Biillclin,  1,  pp.  718  et  758. 


—  60  — 

Qu;hiI  a  la  sccoiule  slaluellc,  rcnseigncnioiits  pris,  elle 
('xist(!  encore  aujourd'imi  au  cabinet  d'antiquités  de  l'Uui- 
vcrsilc  de  Gand,  pour  lequel  M.  Den  Duils,  conservateur  de 
ce  cabinet,  l'avait  acquise,  et  le  caractère  étrusque  de  l'objet 
peut  s'y  vérifier. 

Outre  le  style  étrusque,  reconnaissable  môme  dans  le 
dessin  de  la  statuette,  deux  particularités  décèlent  bien  po- 
sitivement l'étruscisme  de  l'objet  :  c'est  d'abord  la  robe  par- 
semée d'ornements  constellés,  comme  on  en  voit  sur  un  Ircs- 
,qrand  nombre  de  statuettes  étrusques  (i).  C'est  ensuite  le 
geste  de  soulever  un  pan  de  la  tunique,  geste  qui  est  propre 
aussi  à  un  grand  nombre  de  statuettes  analogues  (2). 
Micali  (5)  dit  que  ce  doit  être  là  un  geste  symbolique,  vu 
(|u'il  se  trouve  si  souvent  ré|)été  sur  ce  genre  d'objets  ;  il 
l'attribue  à  la  Bonne  déesse  (4),  tandis  qu'Inghirami  (3) 
soutient  que  cette  particularité  signale  les  représentations 
étrusques  de  la  déesse  Espérance. 

En  tout  cas,  comme  le  fait  remarquer  M.   de  Meester  de 


^1)  Voy.  iiutaintiicnt  Weiss,  Kostuinkunde ,  Handbuch  der  Gencliichle  der 
Traclil,  etc.,  FI,  pp.  931  et  932;  Inghiuami,  Monumeiiti  etruschi,  III,  pi.  ix 
à  XIV,  etc. 

(î)  Geuuakd,  Leber  die  Gotlheiten  der  Etrunker,  1843,  pi.  m,  fig.  6;  Micali, 
Monumeuti  inediti,  p.  111,  pi.  xviii,  parle  de  40  staluellcs  trouvées  ensemble 
en  Étrurie,  el  faisant  le  geste  indiqué,  geste  «  che  Tarte  etrusca  mai  non 
cessava  di  ra|ipresentare  in  qualuMque  eta.  L)i  qui  è  elle  iiiille  e  mille  se  ne 
tiovano  in  tutti  i  Musei,  n  etc. 

{z)  Sloria  degli  aiilichi  popoli  ilaliani,  IH,  p.  43;  voir  aussi  Bullel.  dell' 
Inslit.  di  corrisp.  archeol.,  1869,  p.  1G3,  et  de  Meester  de  Havestein,  Musée 
de  liavesleiu,  Catalogue  descriptif,  I,  pp.  116  et  377. 

(i)  iloHumentt  per  servire,  l.  cit. 

(a)  L.  cit.,  pp.  178,  182,  etc.;  Miisco  Cliiaramunli,  I,  pi.  \x;  Museo  Vio- 
Clementiiio,  IV,  pi.  viii,  p.  9. 


—  67  — 

Ravesleiu  (ij,  ([ui  a  icimi  plusieurs  l'iïigies  en  bronze  de 
femmes  soulevant  d'un  cùlé  leur  luniiiue,  ce  sonl  là  des 
modèles  d'un  slyle  li'ès-ancien,  et  peut -être  marquent-elles 
un  des  premiers  pas  faits  par  l'art  étrusque  quand  il  com- 
mença à  se  dé.qager  de  l'immobilité  qu'il  tenait  de  l'Egypte. 

Pline  (i>)  disait  :  signa  iuscanica  per  terras  dispersa,  quac 
in  Etruria  factilaia  non  est  dubiicm.  Ce  passage,  mis  en  évi- 
dence par  le  D'  Lindensclimit,  signifie  sans  contredit,  sinon 
il  y  aurait  tautologie,  que  les  nombreuses  statuettes  à  la 
manière  étrusque,  dont  la  présence,  au  temps  du  naturaliste 
romain,  était  signalée  de  toutes  parts  sur  le  continent  euro- 
péen, étaient  bien  réellement,  non  pas  seulement  des  imita- 
lions,  mais  de  véritables  produits  de  l'Etrurie. 

Cependant,  jusqu'ici,  au  nord  des  Alpes,  en  fait  de  sta- 
tuettes proprement  dites,  Lindenscbmil(3)  et  le  D''Genthe(4) 
n'avaient  encore  signalé  que  deux  exemplaires  incontesta- 
blement étrusques  •  la  statuette  de  Junon  de  Coire  (Suisse)  (;>), 
et  celle  de  Minerve  d'OEhringen  (Wurtemberg). 

Comme  les  statuettes,  surtout  de  divinités,  sont,  au  point 
de  vue  soit  religieux,  soit  artistique,  plus  que  tous  autres 
monuments,  empreints  de  types  reconnaissables,  comj)létons 
autant  que  possible  les  recherches. 


(i)  L.  cit.,  |).  576.  Ariod.  Facretti,  dans  son  Corpus  insci'ipl.  Italie,  donne 
au  ni  1929  une  statueUe  de  ce  genre  avec  inscription  élrusque. 

(a)  Hist.  naliir.,  XXXIV,  16. 

(3)  Alterth.  uns.  heidn.  Vorzeit,  II,  fascic.  xi,  pi.  11,  tig.  6a  et  6b.  Voy.  aussi 
VoN  Sackkn,  bas  Grabfeld  von  Hullslult,  p.  159. 

(■i)  Veber  dcn  etrusk.  Tauschhandel,  etc.,  Inédit.,  pp.  9  et  15  (:i°  cditioi' 
de  1874,  p.  17),  qui  cite,  en  passant,  une  statuette  étrusque  de  Leucothoé,  qui 
aurait  été  trouvée  ii  Neu\vied,d'où  provient  aussi  une  des  statuettes  de  Benesse. 

(3)  Dans  son  Ueber  den  Antheil,  etc.,  p.  1,  le  D''  GtNiHE  parle  de  deux  idoles 
en  bronze  trouvt^es  à  Coire. 


—   (i8  — 

Sans  pai'lor  d'-s  iioiiil)i'Lniscs  slalueU(;.>  du  .Mu>co  du 
F.ouvre,  à  Paris,  de,  les  Musées  d'Alleinauuc  ahoudeni  eu 
iiiûiiuinculs  étrusques  de  ce  genre  :  le  Musée  de  Dai-nisladl 
exhibe,  uulre  les  deux  lutteurs  étrusques  de  Borsdorf,  dont  il 
sera  reparlé,  tel  vase  de  bronze  provenant  de  l'Etruric.  En 
outre,  on  y  remarque  une  sorte  de  saltimban(]ue,  la  tète  entre 
les  jambes,  dont  le  caractère  étrusque  est  encore  incontes- 
table. Mais  l'origine  de  ces  objets  n'est  |),is  connue. 

Il  en  est  de  même  de  quatre  statuettes,  posilivomenl 
étrusques,  du  Musée  de  l'Université  d(!  Bonn  ;  une  seule 
d'entre  elles,  n"  34  du  Catalogue  d'Ovei-beck  (|)ersonnage  nu 
se  tenant  sui'deu.v  sei'pents)  (i),  est  indiquée  comme  ayant  été 
trouvée  en  Allemagne,  bords  de  la  Lippe.  Mais  cette  |)rovc- 
nance  n'est  pas  sulïisaniment  certaine  |iour  être  scientiliciue- 
ment  acceptée,  et,  de  même  (|uc  les  n-'  59 '  et  ôil'',  40  et  4o, 
l'objet  pourrait  bien  être  entré  directement  d'Italie  dans  la 
collection  du  i)rince  d'Iscnburg,  de  (jui  le  Musée  de  Bonn 
tient  ces  objets  (i>). 

Ce  n'est  donc  pas  la  (ju'il  faut  espérer  un  secours  utile; 
mais  ce  (jue  les  Musées  nous  refusent .  iienl-ctre  les  recueils 
d'antiquités  nous  le  fourniront-ils. 

Dorow  (:.)   a   lait   à   cvi  égard  une  déclaration  bien  |)ré- 


(i)  Conipai'.  DE  Meestkk  ueIUvksikin,  )Iiis.  de  Uaveslein.  Calai,  tlrscripl.,  I, 
p.  iOI,  11"  741. 

(il  Ri'ii.seitiii.  (lu  \y  Hkhgk,  coiisulU-  par  railleur  du  prosciil  ailiclc  sur  rcs 
objets  vu»  audit  Musée. 

On  a  digii  fait  remarquer  {Bull,  des  Comiii.  roy.  d'arl  eld'arcln'ol.,  XI,  p.  291) 
qu'une  krearga  étrusque  a  été  trouvée  aux  environs  de  Bonn. 

(5)  Voyage  arcliéoloifi(/iir  dans  raucientie  Elniiie^  f'-adiiit  jiar  KviiiKS.  Paris. 
18-29,  p.  7. 


~  09  — 

cieiise;  il  avait  visité  les  Musées  de  l'Etrurie,  et  disait  : 
«  Dans  quelfiues  bronzes  étrusques  qui  ont  incontestable- 
ment été  trouvés  ici,  j'aperçois  une  grande  analogie  avec  les 
figures  de  divinités  et  de  prêtres  des  Gaulois,  que  j'ai  ob- 
tenues dans  des  fouilles  faites  le  long  du  Rhin  et  dans  l'an- 
cienne Gaule.  La  collection  de  Gortona  possède  aussi  des 
bronzes  comme  ceux  que  j'ai  trouvés  en  Weslpbalie....  » 

Doi'0\v(i)a  du  reste  découvertà  Wicbelshof,  près  de  Bonn, 
une  statuette  dont  il  signale  le  caractère  fort  ressemblant 
avec  celles  de  l'Étrurie  :  elle  avait  les  jambes  réunies,  la  lète 
couverte  d'un  bonnet  phrygien  et  portait  un  costume  d'ap- 
parence étrangère.  La  statuette,  dit-il,  a  été  déposée  au 
Musée  de  Bonn,  et  elle  est  sans  doute,  dès  lors,  une  de  celles 
dont  il  a  été  parlé  ci-dessus, 

Wagener(;2),  de  son  côté,  cite  plusieurs  antiques  ayant  la 
plus  grande  analogie  avec  les  statuettes  étrusques  :  telle 
figurine  du  Musée  de  Berlin,  aux  bras  rudimentaires  et 
arrondis,  qu'il  cite,  a  une  ressemblance  très-frappante  avec 
une  des  statuettes  du  chariot  de  Judenburg,  dont  il  sera 
reparlé  ci-après;  telle  statuette  dejunon  qu'il  dit  avoir  été 
adorée  à  Andernach,  Gannstadt,  Dalheim,  etc.,  semble, 
d'après  sa  main  droite  soulevant  un  pan  de  sa  robe,  d'après 
son  bonnet  pointu,  d'après  les  caractères  archaïques  d'une 
inscription  qui  s'y  trouve  gravée,  une  figurine  du  style 
étrusque  le  plus  caractérisé.  Tels  dieux  Lares,  avec  bulles, 


(i)  Die  benhmaele  aux  iler  alhjt'ntiauischer  uud  roniisclier  Zeil  iu  deu 
Itheiniscli-Weslfalischen  Proviiizeii,  p.  25,  n»  7,  pi.  vm,  lig.  4^  ct4i>. 

(•2)  Hamlbiicli,  c[c.,  lig.  279,  Gôl,  706,  707,  819,  pp.  125,  588,  -U\,  eU-, 
CIV.  DoRow,  Muséum  fitr  Gescliiclile,('\i\,  pi,  u,  lig.  1. 


—  70  — 

qui  aiirairnt  été  trouvés  en  Thuriiigo,  ont  bien  encore  une 
;ip|xirencc  quelque  peu  étrusque.  Enfin  tel  animal  tenant  du 
lion  cl  du  chien  que  cet  auteur  assigne  comme  divinité  aux 
Slaves  chez  qui  ce  monument  aurait  été  trouvé,  |iorte  une 
inscription  en  caractères  bien  semblables  à  ceux  de  l'Ëtrurie 
antique..  . 

Mais  ce  qui  ne  laisse  prise  à  aucune  espèce  de  contro- 
verse, est  la  découverte  d'un  de  ces  petits  chars  aujourd'hui 
reconnus  étrusques,  comme  ceux  de  Lucera  et  de  Vulci, 
en  Étrurie,  —  ce  n'est  pas  un  char  surmonté  seulement  d'un 
chaudron,  etc.,  comme  ceux  de  Francfort  S/0  (Branden- 
bourg),  Peccatel  (Mecklenbourg),  Oberkehle  (Silésie),  Szas- 
varos  (Transylvanie),  Ystad  (Suède),  —  c'est  un  char 
portant  toute  une  collection  de  figurines  étrusques,  dont 
plusieurs  ressemblent  à  la  statuette  du  Musée  de  Berlin, 
'lécrile  par  Wagener,  à  laquelle  il  a  été  fait  allusion  plus 
.laut.  Ce  chariot  a  été  trouvé  à  Judenburg,  en  Styrie  (i). 

Et  comme  si  ce  n'était  pas  assez,  comme  s'il  fallait  aller 
chercher  jusque  dans  le  nord  Scandinave  des  arguments 
pour  combattre  certaines  conclusions  un  peu  absolues 
peul-ètre  des  savants  archéologues  danois,  ne  voilà-t-il  pas 
(ju'en  feuilletant  l(Mii-s  M'-mo'rcs,  nous  y  lisons  une  compa- 


(<)  Garri'cci,  Ih'mnriiS  on  a  bronze  ohjert  foiind  ni  Lucrrn.  'radiiit  par  Wyuk 
(Sori('-té  dos  aniiquairos  de  Londres,  iSfiT),  pp.  8  et  9,  pi.  xxxvi,  lit;.  3;  Congrès 
internalicnaJ  d'anlhropo!or/ie  et  d'.nrcliéolnfjir'  préhistoriques,  2'  session  (Paris, 
1«G7),  p.  -202;  Gf.nthe  (1"  édit.),  pp.  10  et  7A. 

Ce  char  est  sans  doute  celui  du  .Mu'-ée  de  Griit/,,  que  Chantre,  Éludes 
paléo-ethnologiquex  danx  le  bassin  du  Rhône  Age  du  bronze.  Recherches  sur 
l'origine  de  la  mélallurgie  en  France,  Paris,  l8To-76,  I,  p.  223,  cite  comme 
portant  un  genre  de  statuettes  qui  ont  servi  de  modMe  aux  figurines  en  terre 
cuite  du  lac  du  Bourget  et  des  palalittes  de  la  Suisse. 


raison  du  genre  do  colle  de  Dorow,  présentée  par  lo  grand 
sculplenr  Thorvaldscn  à  son  retour  d'Italie. 

Voici  ce  que  les  Mémoires  des  Antiquaires  du  Nord  (i) 
portent  formellement  :  «  .VI.  Tliorvaldsen  montre  plusieurs 
antiquités  de  bronze  trouvées  on  Italie,  composées  de 
palstafs,  de  fibules,  de  boucles  et  de  plusieurs  autres  objets 
d'une  parfaite  ressemblance  avec  nos  antiquités  du  Nord, 
dont  lo  Comité  arcbéologiquc  produisit  quel(|ucs-unes  propres 
à  établir  la  comparaison.  » 

Mais,  dira-t-on,  il  ne  s'agit  pas  là  de  statuettes;  celte 
énonciation  d'autres  objets  est  trop  vague.... 

Cette  énonciation  se  précise  quand  nous  lisons,  dans  l'un 
des  volumes  suivants  (2),  cette  autre  déclaration  de  l'archéo- 
logue Sorterup  :  «  On  trouve  parmi  les  objets  en  bronze  du 
Danemark  de  véritables  objets  d'art.  Parmi  les  objois  en 
bronze,  il  n'y  a  que  ceux  qui  sont  connus  sous  le  nom  do 
spectres  étrmq lies,  qui  ont  conservé  leurs  anciennes  formes 
grossières.  « 

Lorsqu'on  poursuit  les  investigations  et  qu'on  recherche 
ce  qui  a  été  considéré  comme  spectres  étrusques,  auxquels 
des  motifs  hiératiques  auraient  fait  conserver  leur  ancienne 
forme,  tout  ce  que  l'on  trouve  au  Musée  de  Copenhague, 
se  borne  à  certaines  statuettes  publiées  par  le  savant 
D*^  Engelhard t  (0),  comme  statuettes  do  l'âge  de  bronze. 


(1)  i«40-i8.u,  p.  21. 

(2)  MCmos  Mémoires,  4840-1849,  p.  MO;  on  y  fait,  en  outre,  p.  1S7,  une 
l'omparaison  entre,  certaines  aMli(iuit(''S  du  Danemark  et  d'Arles,  au  midi  de  la 
France.  C.(r.  p.  113,  sur  la  richesse  et  la  p;rande  conformité  des  objets  de  bronze 
t  déterrés  dans  VÉtrurie,  en  France,  en  Angleterre  et  en  Danemark.  » 

(î)  Ibid.,  187-2,  pi.  IX,  fig.  1,  -2  et  "2^  p.  70,  fig.  7,  et  p.  71,  ftg.  8  et  ». 


Ce  sont,  outre  deux  aiiti(|ues  faisant  depuis  longtemps 
partie  du  Musée  de  Copenliag-ue,  et  dont  on  ne  peut  que 
présumer  la  trouvaille  en  Danemark  même,  cinq  autres 
ligures  découvertes  à. îavngyde,  Kaiserberg,  dans  une  localité 
non  précisée  du  Holstein,  enfin  à  Ilorne  et  à  Faroe.  Ces 
sept  objets,  analogues  de  facture,  et  constituant  tous  des 
statuettes  auxquelles  convient  parfaitement  l'expression  do. 
«  spectres  étrusques,  »  ont,  en  effet,  une  apparence  étrusque 
que  confirme  la  comparaison  de  l'un  d'eux  avec  le  saltim- 
banque du  Musée  de  Darmstadt,  et  le  casque  d'un  autre, 
véritable  j)ot  à  deux  cornes,  semblable  au  casque  étrusque 
ile  Canosa  (i)- 

Assurément,  parmi  les  figurines  étrusques  retrouvées  ainsi 
au  nord  des  Alpes,  il  en  est  qui  proviennent  des  lucumonies 
du  centre  et  du  sud  de  l'Etrurie.  Les  trouvailles  récentes 
signalées  par  le  D''  Lindenscbmit  (2)  tendent  aussi,  du 
reste,  à  comprendre  ces  parties  de  l'Etrurie,  par  les  vases 
peints  trouvés  dans  rEuroi)e  transalpine,  dans  le  mouve- 
ment du  commerce  d'exportation  auquel  se  livraient  les 
Étrusques  du  nord,  ceux  de  la  contrée  circumpadane. 
Il  est  à  remarquer  toutefois,  quant  aux  statuettes  analogues 
à  la  deuxième  statuette  de  Renesse,  qu'une  découverte  de 
quarante  de  ces  objets  a  eu  lieu  en  1859  (3),  à  Marzabolto, 


(1)  Le  I)'' Ars  "m  Wkeiiïii  l'a  ic'piodiiit  ;i  l;i  p.  20  do  son  Gnibfund  von  Wahhd- 
ijesheim . 

(i)  D'après  (les  i(:iiseij,'iieini;iil.s  inédits  du  sa\ant  coiiberv.ileur  du  Musée  do 
Mayence,  le  nombre  s'en  est  encore  récemment  augmenté. 

(j)  MicAi.i,  Monumenli,  I.  cit.  Il  est  à  remarquer,  on  outre,  que  Weiss, 
KoxtiiiiiliUTiilc,  II,  p.  1()8U,  lii;.  458,  représente  une  statuette  étrusque,  portant 
sur  la  tr-te,  outre  lu)  iiotil  eli;ir,  ini  seau  ;•  (otos,  toninie  ceux  do  l'Elrurio 
circuœpadaiic. 


—  7Ô   - 

localité  devenue  depuis  peu  célèbre,  précisément  par  les 
points  de  rap])rocliement  avec  les  antiquités  élrusipics  trou- 
vées aux  bords  l\u  Rhin. 

Une  Ibis  que  rattenlioii  est  attirée  par  les  statuettes 
étrusques,  il  va  lieu  de  comprendi'e  dans  l'élude  des  monu- 
ments {\o  ce  genre,  les  statuettes  servant  d'accessoires  à  cer- 
tains objets,  vases,  trépieds,  cliaudrons,  etc. 

On  peut  citer  à  cet  é£ï;ai'd  : 

1°  L'Artémis  du  vase  de  Graeeliwyl,  en  Suisse,  qui  a  été 
reconnue  comme  de  provenance  orientale,  forme  imitée  du 
reste  en  Étrurie  (i)  ; 

:2"  La  harpie  de  l'œnochoé  de  Ilradist  (2); 

3"  Le  personnage  à  quatre  ailes  avec  double  queue  de 
serpent  de  l'œnochûé  de  Kempen  (5); 

4"  Les  silènes  et  autres  personnages  des  vases  de  Schwar- 
zenhach  (4)  ; 

'  0°  Le  cheval  marin  et  son  cavalier  du  tréj^ed  de  Diirck- 
heim  (n); 

6"  Les  jeunes  gens  recourbés,  qui  servent  d'anse  au  vase 
de  Diirckheim  (r.)  ; 


(1)  Dictionii.  archéol.  de  la  Gaule  (Époque  cel'iqiio),  s"  Graeckwyl. 

Aux  exemples  de  semblables  représentations  d'Artémis,  trouvées  en  Italie, 
on  peut  ajouter  le  n«  409  des  séries  ix  et  x  (salle  G)  du  Musée  Campana,  vase 
peint  k  figures  noires  :  «  Figura  muliebrc  fon  ali  a[ierte  che  sosfieneda  ciascuna 
mano  un  leoiie  per  una  gamba.  » 

(2)  Voy.  ci-dessus,  XI,  p.  527. 

(s)  Ibid.,  XI,  p.  .-|8,  et  ci-dessus,  XVII,  p.  2o. 

(i)  Gerhaud,  Archaeolofjische  Zeiliing,  benkmûler  iiml  Forschmiaen,  18n6, 
pi.  8j,  pp.  i6l  et  ^0\);  Àrchaeol.  Aiizeiner,  1833,  n"  74,  p,  51;  LiNDuNscHsirr, 
Mlertlt.  lins,  liekln.  Vorzeit,  l,  2*  fascic,  p!.  m,  h"  ô. 

(.i)    LlNDENSCHMlT,  /.  C,  H,  5*  faSCiC,  pi.  1. 

(c)  Id.,  II,  -2"  faseie.,  |)l.  ii. 


7"  Les  lutteurs  de  Borsdorf  (i)  ; 

8"  Le  cavalier  attaqué  par  une  lionne,  du  char  de  Fa  (2)  ; 

9"  Les  statuettes  d'animaux  figurant  sur  certains  vases  : 
le  mulet  de  Waldalgesheim  (:,),  les  levrettes  de  Magny- 
Lambert,  les  panthères  et  lions  ailés  de  Weisskirchen , 
Rodenhach,etc.  (i),  les  griffons  des  bassins  desMousseIots(5) 
et  de  Lunebourg  (g),  les  lions,  lièvres,  serpents,  fau- 
cons, etc.,  du  vase  cité  deGraechwyl  (7),  etc.,  etc.,  indépen- 
damment d'une  quantité  de  tètes  fantastiques  en  relief  qu'on 
trouve  sur  un  grand  nombre  d'objets,  à  Nierslein,  Langen- 
lohnslein  (s),  etc.,  etc.; 

(1)  LiNDENSCHMiT,  /.  c,  II,  o"fascir.,  pi.  11,  fig.  i. 

Corapar.  pour  le.s  lutteurs,  Cataloghi  del  Miiseo  civico  de  Bologna,  n"'  1760, 
17C1,  et  ceux  dos  tombeaux  de  Chiusi  et  Corneto,  dont  parle  de  Rougemont. 
Les  Sémites,  p.  388. 

(»)  Mi(.iée  de  Toulouse.  Catalogue  des  antiquités  et  objets  d'art  (par  Roschach), 
p.  182,  n"  137-.  l'objet  a  été  trouvé  au  même  endroit  que  les  débris  de  char, 
mentionné'^  ri-aprés,  p,  99. 

(ô)  Aus  'm  Weerth,  Der    Grabfund    von    Waldalgesheim ,   p.    17,   pi.   iv: 

LiNDENSCHMiT,  /.  Cit.,  Ill,   l"fascic.,  pi.   II. 

(4)  Biilt.  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol.,  XIM,  p.  ."591,  et  Lindenschmit, 
Allertii.  uns.  heidn.  Vorzeit,  1,  2°  fascic,  pi.  m,  n"  1 ,  4'  fasclc,  pi.  11; 
m,  b"  fascic.,  pi.  ni,  Cg.  o^. 

(5)  Flouest,  Tu?n.  des  Mousselots,  p.  2!^,  pi.  i,  fig.  .". 

Compar.  pour  l'étruscisme  de  ces  griffons  :  Micali,  Monumenti  inediti,  p.  193, 
pi.  xxxiii  ;  Ver.\iigliou,  //  sepolcro  dei  Volunni,  scoperto  in  Perugia  nel  Febbrajo 
del  18 iO  ed  altri  monumenti  inediti  Etruschi  e  Romani,  pi.  vu,  Gg  3,  \  et  6. 
-M.  DE  Meester  de  Ravestein,  Mus.  de  Ravestein,  Catal.  descript.,  I,  p.  110, 
n"  141,  décrit  une  coupe  de  Véies,  ornée  à  l'extérieur  de  cinq  monstres,  la  gueule 
ouveite  et  montrant  une  longue  et  tine  langue,  comme  les  grillons  des  Mousselots 
et  du  sépulcre  des  Volumni. 

(«)  Lindenschmit,  /.  cit.,  Il,  fascir.  m,  pi.  v,  lig.  1. 

(t)  La  collection  Garthe,  citée  ci-aprcs,  contenait,  n"  31 1,  un  groupe  de  deux 
panthères  trouvé  près  de  Wiesbadeii,  et  provenant  de  la  collection  Minutoli,  qui 
pourrait  bien  appartenir  à  cette  catégorie  d'antiques.  Les  savants  archéologues 
de  Nassau  auront  sans  doute  des  éléments  pour  étudier  ce  point  de  plus  près. 

(8)  lo.,  /.  cit..  Il,  -2'"  fascic,  pi.  11,  fig.  1  et  2,  i--  fascic,  pi.  11,  Dg.  1,  9; 
III,  l"  fascic,  pi.  II,  fig.  ."•»  et  C,  et  3'  fascic,  pi.  11,  lig.  3. 


—  75  — 

10"  Les  vases  ayanl  eux-mêmes  la  forme  d'un  animnl, 
comme  le  cheval  de  Grobzig  (Anhall),  le  chat  de  Skeuditz 
(entre  Halle  et  Leipzig),  le  monstre  à  quatro  tètes  d(> 
Kœnigsgraetz  (Bohème),  le  cheval  enharnaché  de  Prague, 
le  lion  de  Brunswick,  le  Pustrich  de  Kelbra  (.Vlersebourg), 
vases  qui,  d'aj)rès  de  Rougemont,  supposent  des  relations  de 
commerce  entre  les  Germains  et  les  peuples  du  Sud  (i). 

Etc.,  etc.  (2). 

Les  statuettes  de  la  collection  de  Renesse  ont  donné  amsi 
l'occasion  d'apporter  un  appoint  de  certaine  valeur  à  la  thèse 
d'une  circulation  comni'^rciale  des  objets  étrusques  depuis 
l'Italie  jusqu'à  la  Baltique,  par  l'Europe  centrale  :  Neuwied 
et  Cologne  se  trouvent  être  des  étapes  de  la  route  de  Suisse, 
par  le  Rhin  et  le  Hanovre,  étapes  à  ajouter  à  celles  que 
Genthe  a  marquées  sur  sa  carte  des  roules  suivies  par  les 
Étrusques  vers  le  Nord. 

F.    Vasea  peints  étrusques  et  Halo-grecs. 

Au  Congrès  anthropologique  et  antéhistorique  de  Bologne, 
en  1871,  on  avait  posé  la  question  ;  «  Des  poteries  étrusques 
ont-elles  été  trouvées  dans  la  région  des  Alpes  et  au  delà?  » 

Personne  n'avait  pu  y  répondre  (.-). 

Récemment  encore,  on  cherchait  à  expliquer  pourquoi 


(1)  Les  Sémites,  p.  398 

(2)  On  omet  de  nombreuses  statuettes  dc^crites  d'une  manière  insuffisante, 
comme  celles  de  Boucher  df,  Perthes,  Antiquités  celtiques  et  diluviennes. 
Mémoires  sur  l'industrie  primitive  et  les  arts  et  leur  origine,  î,  p.  Ii8;  elles 
livaient  été  trouvées  à  Pontusval  (Finistère)  et  aux  environs  d'.^hbeviUe. 

(5)  Revue  archéologique,  1873,  2'  sera.,  p,  190. 


—  70  — 

les  Élrusques  av;tienl  tVanelii  les  Alpes  avec  leurs  bronzes, 
en  laissant  par  tloça  leurs  poleries. 

il  Les  (îilïicullés  du  passage  dos  Alpes,  disait  M.  Flouesl(i), 
même  en  supposant  leurs  cols  moins  envaliis  que  de  nos 
jours  par  les  placiers,  expliquent  que  la  céramique  prolo- 
(■■lrns(iue  n'ai!  jamais  pris  par!  dans  la  pacolillc  (\q<>  mar- 
chands voyaiivurs.  Les  objels  lourds,  encombrants  ou  fra- 
giles en  étaient  nécessairement  exclus.  On  disposait  bien 
d'uni^  race  de  poneys,  peut-être  même  avail-on  de  petits 
chars;  mais  il  n'en  reste  pas  moins  probable  que  nombre  de 
transports  se  faisaient  à  dos  d'hommes.  On  conçoit  dès  lors 
combien  étaient  forcément  limités  les  éléments  de  la  charge, 
si  nombreux  que  fussent  les  porteurs.  » 

Voilà  un  savant  qui  explique  ])ourquoi  l'on  ne  trouve  pas 
de  vases  élrusques  au  nord  des  Alpes;  en  voici  un  qui 
cherclic  même  à  prouver  que  ces  découvertes  sont  logique- 
ment impossibles  :  «  Pourquoi,  dit  M.  Desor  (j>),  ne  trou- 
vons-nous pas  de  vases  étrusques  dans  les  tumulus  du  nord 
des  Alpes?  Cette  question  est  très-intéressante.  Peut-être  la 
solution  du  problème  .sera-l-elle  facilitée  quand  il  sera  bien 
établi  que  les  vases  soi-disant  élrusques  ne  sont  pas  fabri- 
qués en  Eirurie,  mais  qu'ils  proviennent  de  la  Grande 
Grèce.  )> 

Mais  le  système  de  l'exportation  transalpine  des  objets 
éti'us(|ues  anlê-romains  n'entend  pas  êli-e  soutenu  de  celle 


(i)  Mulériaiu-  pour  l'histoire  primilive  et  uaturellr  île  Clioininr,  Xi"  aiiia^e 
(1875),  p.  2C8. 

(i)  Congrès  (!.■  Bruxelles,  p.  .')08. 


/  / 


maiiiùre;  il  rcciisc  ses  ijj'oprcs  clùteiisoi.ii'S,  cii  protlui^aiil 
des  l'iiils  cerlaiiis  d'exporlalioii  de  vases  élrusiiiies. 

Une  disliiicliuii  est  à  établir  avant  tout;  car,  d'après  ccr- 
laiiis  auteurs  (i),  riiilUicncc  de  l'industrie  étrusque  dans  la 
céramique  s'ariiriiiei-ail  de  deux  manières  diirérentes  :  par 
les  imitations  ou  j)ar  les  importations;  j)ar  les  emprunts 
à  l'art  étrusque  ou  arcliéo-ilaliqiie  qu'aurait  laits  l'industrie 
gauloise  ou  par  les  ol)jels  fabriciués  dans  la  Grande  Grèce, 
et  impoi'tés  au  nord  des  Alpes. 

Il  s'agit  en  premier  lieu  de  vases  étrusques  proprement 
dits  ou  d'imitations  de  jtareils  vases;  en  second  lieu,  de 
vases  peints  provenant  de  la  Grande  Grèce,  (jui  auraient 
été  trouvés  dans  les  zones  commerciales  exploitées  par  les 
Étrusques,  et  qui  ne  peuvent  en  conséquence  avoir  été 
exportés  que  par  eux  au  nord  des  Alpes. 

Quant  aux  premiers,  c'est-à-dire  aux  vases  étrus(|ues 
proprement  dits,  ou  imités,  voici  quelques  observations  ([u'il 
est  utile  de  rassembler  : 

Hrongniarl  (^2)  avait  remarqué  depuis  longtemps  la  grande 
analogie  qui  existe  entre  les  vases  de  l'Etrurie  et  certains 
vases  trouvés  en  Gaule  et  en  Germanie,  et  appelés,  par  con- 
séquent, gaulois  ou  germains.  Ces  poteries  sont  caractérisées 
par  des  ornements  très-simples,  (|ui,  malgré  leur  variété, 
offrent  une  disposition   spéciale  qu'on  retrouve  seulement 


(1)  De  Baye,  L'arl  étrusque,  etc.,  p.  17. 

(2)  Traité  des  arts  céramiques,  I,  p.  iUo. 

Pdiir  cette  question,  qui  n'est  encore  qu'impaifaitement  élucidée,  on  peut 
trouver  des  éléments  chez  Conze,  Zur  Gesclrichte  dcr  Atifiinye  (1er  griecliisclieii 
Kxnsl  (Sit/.iirgsb.  de  IWcad.  de  Vierme,  1870,  p.  îiOo),  et  die/.  Hostmann,  I>er 
Unienf.  hei  Dan-'iu. 


—  78  — 

dans  k'S  ])oUTies  ilc  pays  (rès-éloigiiés,  comme  FF-lruric  cl 
les  Gaules. 

«  Elles  paraissenl,  dit-il,  avoir  clé  fabriquées  par  des 
peuples  qui  ayant  ensemble  des  analogies  de  position,  de 
mœurs,  d'idées,  etc.,  avaient  dû  imprimer  aux  grossiers 
produits  de  leurs  simples  arts  des  caractères  généraux 
parlant  de  leur  manière  de  sentir.   » 

El  plus  loin  :  «  On  conçoit  l'analogie  de  l'orme  des  vases 
germains  avec  les  vases  gaulois;  mais  il  parait  plus  difficile 
de  l'admettre  pour  les  étrusques.  Le  Musée  de  Sèvres  et  celui 
du  Louvre  possèdent  quelques  coupes  étrusques  qui,  par  la 
forme,  mais  surtout  par  les  ornements  en  lignes  de  points 
enfoncés,  ont  avec  les  poteri(;s  germaines  et  gauloises  une 
ressemblance  telle  que,  sans  la  certitude  que  l'on  a  de  l'ori- 
gine des  pièces  étrusques,  on  les  placerait  ])armi  les  pote- 
ries noires  de  la  Germanie.  » 

Or  voici  quelques  découvertes  de  vases  de  ce  genre,  à 
propos  desquels  on  ne  se  contente  plus  avec  Brongniart  d(! 
munnurcr  une  simple  imitation  ou  analogie,  mais  que,  à 
l'aison  des  circonstances  et  du  lieu  des  trouvailles,  on  com- 
mence à  considérer  comme  réellement  étrusques,  point 
iju'une  élude  t/c  visu  peut  seule  trancliei- délinitivement. 

Des  vases  de  la  vallée  de  la  Suippe,  en  France,  présentent 
une  ornemenlation  imitée  de  l'ai-t  grec  (i);  à  moins  de  sup- 
poser une  imporlalion  due  aux  Phocéens  de  Marseille,  ce  qui 
exige  un  détour  assez  grand.,  c'est  à  l'Élrui-ie  ])lus  voisine, 


(ij  L)t  Uaye,  L'uil  étrusque,  p.  17,  Soumie-Toiirbe  et  Sonime-Bioniie  appai- 
lieiiiicnt  à  cet  arrondisscmciil  :  il  s'agit  pcut-ctre  de  cette  deruiere  localité. 


—  79  — 

uses  relations  avec  la  Gaule  ciï?al|)iiio  (i),  cl  de  là  avec  la 
Gaule  (ransalj)iiie,  ([u'il  faut  songer. 

La  belle  collection  des  vases  |)rovenanl  des  cimetières 
gaulois  de  la  Marne  (où  ont  pénétré  les  objets  étrusques), 
collection  qui  est  déposée  au  Musée  de  Saint-Germain,  olîre 
j)lusieurs  spécimens  ornés  de  grecques  pratiquées  en  creux, 
et  décorés  de  dessins  qu'on  retrouve  sur  des  vases  recueillis 
dans  les  nécropoles  de  la  Haute-Italie.  Ces  i)roduils  céra- 
miques, selon  M  de  Baye  (^2),  appartiennent  à  l'art  indigène  ; 
mais  la  forme  et  l'ornementation  ont  été  empruntées  à  l'art 
grec. 

Un  fragment  de  vase  de  terre  d'une  pâle  très-line,  de 
couleur  grise,  orné  de  chevrons  en  relief,  de  teinte  noire, 
mélangés  à  d'autres  dessins  ra|)pelanl  le  caractère  étrusque, 
a  été  aussi  trouvé  à  Aulnay-aux-IManches ,  dans  une  sépul- 
ture gauloise  à  incinération,  que  M.  de  Baye  a  lui-même 
explorée.  D'après  ce  savant,  ce  serait  un  exemple  d'emprunt 
fait  par  l'industrie  gauloise  à  l'art  étrusque  ou  archaïque. 

Des  grecques,  analogues  aux  grecques  en  forme  de  T  du 
seau  à  nervures  horizontales  d'Eygenbilseu,  ont  déjà  été 
signalées  en  Champagne  et  en  Suisse  (5)  ;  le  même  genre 
d'ornement  se  révèle  encore  en  bien  des  endroits  {i)  et 
jusqu'en  Danemark  (5). 


(0  FoLYbE,  II,  17  :  n  Etrubcoriiin  tinilimi  oraiit  Galli,  et  commeicia  cum  cis 
frequcntabant.  )i 

(2)  /..  cit. 

(3)  Bull,  des  Coinin.  roij.  d'art  et  d'archéol.,  XII,  p.  "lia. 

(i)  Chantke,  Études  paléo-ethtwlog.,  pi.  lxix;  Demmin,  Guide  de  ramuleur 
de  faïences  et  de  porcelaines,  etc.,  édit.  de  1873,  p.  199,  n»  1  ;  Hostm.\nn,  Der 
Crnenf.  bei  Dar:,au,  pi.  i,  tig.  5. 

(o)  EKGELH.\HDT,.l/d/«.i'yc.««/ig.rf«.Vy/-t/,  1876,  p,311,lig.  8o, et  pl.xv,%.  1. 


—  80  — 

()i)  a  l'ccciiiiiuiil  li'oiivc  ;i  Iiiclicxilic,  \)iv>  d'Eu,  rii  Nur- 
niaiidie,  un  vase  de  l'orme  élriis(|tie  (\). 

M.  Morel  nous  parle  en  ou  Ire  des  ciinelières  de  Bergères- 
siir-Verlus,dii  Mesiiiielde  Biissy-le-Cliàleaii,  comme  s'étaiil 
fait  remarquer  par  leur  céramique  variée,  rappelaiille  style 
éli'ustjue  [-2). 

Eu  Irlande  même,  dans  un  cdiiii,  on  a  trouvé  un  grand 
nombre  de  vases  rouges,  semblables  aux  vases  éirusques, 
et  ornés  de  méandres  fort  bien  exécutés  (r,). 

La  collection  de  ïlenesse,  vendue  en  i850  {{),  contenait 
un  objet  décrit  de  la  manièi'e  suivante  : 

«  Belle  et  grande  cuvette  (en  terre  cuite;,  avec  des  orne- 
ments dans  l(!  gein-e  étrusque,  li'ouvée  au  Lolii'llic»r,  à  (Co- 
blence. » 

'Ce  vase  a  été  aclicté  avec  deux  autres  objets  pai-  M.  Slee- 
necruys  ;  mais  dans  sa  collection,  vendue  dc|)uis,  il  n'a 
}»as  été  possible  de  les  distinguer. 

En  outre,  on  renconti'a  paiini  les  objets  découverts  à 
Cologne,  une  anse  de  vase,  avec  caractères  gravés  ("j),  (pii 
.semblent  de  nature  à  être  expliqués  plut(')t  |)ar  un  étrus- 
Cologne  que  |)ar  un  épigrapbiste  romain. 

Si,  en  iîelgique,  pour  certains  vases  piésentes  comme 


(i)  De  C.Mx  DE  SaintA\M()UR,  huUca  leur  île  l'mxhéolodue.  JS"."),  p.  10:2. 

(îj  l'iDspeclus  (les  Piibl/ciilioiis  UliisfrceH  des  cimelières  de  la  Munie,  p.  3. 

(.->)  The  Iraii-sdclitiiis  of  llie  Irisli  Ar/ideiinj ,  XV  (1828),  .[iiliqiiilics , 
p.   124. 

(i)  Ctf/fl/,  eléja  cilr,  n"  i.  .AiilKiuilés  gicc<iiies,  romaines,  celles,  lifriiiaiiirs, 
(.'aiiloises,  etc.,  n"  iSO. 

(«)  Kami»,  iJie  epiffniplii'iclu'ii  Aiilicinilieii  in  Knln,  \\.  i. 


—  81    — 

ôlrusqucs  (i  ),  rallribiilioii  iic  sV'sl  pus  vcritioc,  voici  cepen- 
dant une  iiieiilion,  telle  (piell(\  (|ui  pourrait  l'aire  admettre 
l(!  contrains  (cela  est  extrait  d'un  manuscrit  de  la  Biblio- 
llièque  royale  de  Bruxelles  (2),  relatif  à  la  collection  IbrnK'C 
à  Bruges,  au  commencement  de  ce  siècle,  par  .M.  Van 
Iluei'ne)  : 

«  Droit  et  revers  d'un  pied  de  vase  trouvé  dans  les  tour- 
bières, à  Leffinghe,  en  1794.  Ce  fragment  est  si  ressemblant 
au  vrai  étrusque,  que  je  ne  doute  aucunement  qu'il  n'y  ait 
appartenu  en  ligne  légitime;  il  serait  étrange  qu'une  exca- 
vation de  matières  qu'on  croit  d'un  temps  immémorial 
enfouies,  n'ait  dans  son  enceinte  de  vases  d'aussi  ancienne 
date  que  les  étrusques.  J'en  ajouterai  plus  de  foi  que  si  on 
voulait  me  faire  accroire  l'extraction  hors  des  tourbières 
d'une  pièce  ressemblant  à  de  la  poi'celaine  de  Sèvres  ou  de 
Monsieur.  Ces  dessins  sont  creusés  dans  la  terre  par  le 
moyen  d'un  outil,  avant  qu'on  connaissait  le  dessin;  c'est 
encoi'c  à  cela  i|u'on  en  reconnaît  l'ancienneté.  Les  Anglais 
l'imitent  avec  toute  la  justesse  que  le  dessin  offre,  avec  celte 
différence  que  leurs  peintures  sont  faites  sui'  le  fond  noir  des 
vases,  ce  qui  parait  ou  uni  ou  en  très-bas  relief;  de  là  on 
distingue  le  faux  d'a|)rès  le  véritable.  » 

Cette  mention  est  raj)portée  ici  uniquement  pour  mé- 
moire :  les  dessins,   en  l'absence  des  originaux,  ne   per- 


(ij  Voy.  Bull,  des  Connu,  roij.  d'arl  et  d'archèoL,  W,  p.  521, 

Le  pi'ck'iKlu  vase  de  style  étrusque  dont  pailc  Schaves,  La  Belgique  et  les 

l'ays-Bas,  etc.,  II,  p.  ôG5,  est  un  de  rcux-là  :  il  appartient,  coiinne  les  autres 

olijets  découverts  en  même  leiii(js,  k  l'époque  bclgo-roniaiiie. 
(-2)  MS.  21,  680,  Colleclioit  de  pots,  verres,  etc.,  |)1.  xxv,  ô"  (On  reproduit  le 

passage  en  en  respectant  la  rédaction). 


—  8:2  — 

mellenl  j)as  de  juger  si  Fattiibulion  n'esl  pas  léiiiéraire  (i). 

Mais  si,  à  délaul  de  renseignemenls  suOisaïUs,  on  duil  se 
borner  ici  à  une  énuinéralion  aride  des  objels  de  la  |)reniière 
catégorie,  ceux  de  la  seconde  parlent  d'eux-mêmes,  à  raison 
des  peintures  qui  les  ornent  et  qui  empêchent  de  les  con- 
fondre avec  aucune  autre  espèce  d'objets  :  on  veut  parler 
ici  des  vases  peints,  dits  ilalo-grecs,  et  provenant  soit  de  la 
Grèce,  soit  de  la  Grande  Grèce,  et  trouvés  dans  la  partie  de 
l'Europe  où  les  autres  objets  étrusques  ont  été  signalés,  et 
en  même  temps  que  ces  objets;  ces  vases  peints,  quoique 
non  étrusques  proprement  dits,  n'ont  pu  être  exportés  au 
nord  des  Alpes  que  par  les  Étrusques. 

Une  première  trouvaille  d'un  vase  peint  à  figures  rouges 
sur  fond  noir  avait  été  faite  en  1840  sur  l'Uetliberg,  la  crête 
la  plus  élevée  du  mont  Albis,  près  de  Zurich  (2);  il  s'y 
agissait  d'une  anse  de  kélébé,  avec  figures  rouges  sur  fond 
noir,  portant  une  i)almetle,  et  dénotant  par  le  style  de  la 
peinture  que  !e  vase  appartient  à  l'art  grec,  et  doit  remonter 
à  peu  près  au  m''  siècle  av.  J.-G.;  la  couche  où  l'objet  fut 
trouvé  à  une  très-grande  profondeur,  est  signalée  comme 
inférieure  à  la  couche  romaine.  Cette  trouvaille  élail  la  seule 


(i)  On  aurait  toit  peut-être  de  considérer  l'attribution  comme  impossible,  car 
FîELPAiRE,  Mémoire  sur  les  changements  que  la  cùle  d'Anvers  à  Boulogne  a  subis 
iMém.  cour,  en  J826  et  1827  par  l'Acad.  de  Bruxelles,  VI),  p.  77,  prouve  que  les 
envahissements  de  la  mer  aujourd'hui  réprimés,  qui  ont  enseveli  les  antiquités 
des  tourbières,  datent  seulement  de  la  tin  des  temps  anciens,  ou  du  commence- 
ment du  moyen  âge.  La  cùte  était  donc  habitée  par  les  Romains;  elle  a  pu  être 
fréquentée  par  les  Étrusques  ou  par  ceux  qui  avaient  des  relations  avec  eux. 

(î)  Anzeiger  fiir  Scliweizerische  Allcrllnimshunde,  juillet  ]8'\,  n"  o;  Revue 
archéologique,  2"  semeslie,  1872,  p.  190;  Bull,  de  la  Soc.  nation,  des  anliq.  de 
France,  1872,  p.  L9,  où  VUelliberg  devient  Vlkliherg  (Voir  Mém.  des  anliq,, 
même  année,  pi.  v  :  Uetsliberg). 


—  85  — 

connue  du  D'^Genthe,   lorsqu'il   publia  son   ouvrage  (i). 

Mais  depuis,  lus  preuves  sont  venues  se  grefler  les  unes  sui* 
les  autres,  parce  que  —  cooinje  on  l'a  déjà  l'ail  reinaïquer  pour 
les  cistes  à  nervures  horizontales,  —  il  suflit  d'appeler  l'at- 
tention sur  une  quoslion  archéologique,  pour  (|ue  les  desi- 
derata sortent  de  terre  à  point  nommé 

Une  seconde  trouvaille  d'un  vase  peint,  signalée  ici 
même  (2),  était  encore  isolée;  aussi  faut-il  voir  comme  on 
en  reconnaît  l'importance  en  essayant  de  la  supprimer. 

M.  Morel  avait  décrit  le  vase  peint  exhumé  à  Somme- 
Bionne,  avec  une  œnochoé  étrusque  et  un  bandeau  d'or,  et 
l'avait  soumis  à  la  Société  des  Antiquaires  de  France  (3). 
M.  le  baron  de  Wilte  déclara  (4)  que  ce  vase  est  parfai- 
tement semblable  à  ceux  qu'on  découvre  en  grande  quantité 
dans  les  nécropoles  de  la  Toscane  et  de  l'Italie  méridionale; 
qu'elle  est  d'une  fabrique  dont  on  rencontre  les  produits 
non-seulement  en  Élrurie,  dans  la  Grande  Grèce,  en  Sicile, 
mais  encore  dans  l'Attique,  dans  les  Cyclades  et  jusqu'en 
Crimée;  il  représente  un  discobole  qui  court  de  droite  à 
gauche,  tenant  à  la  main  un  palet  ou  disque  qu'il  se  prépare 
à  lancer  (environ  iii^  siècle  av.  J.-G.). 


(1)  Genthe,  2«  édit.,  p.  43,  et  Ueber  deii  Anlheil,  etc.,  p.  7. 

On  fait  ici  abstraction  de  vases  simplement  enduits  d'un  engobe  déclaré  étrusque 
ou  imitation  d'étrusque,  comme  on  en  voit  cités  par  Flouest,  Matériaux,  etc., 
XI  (2"  série,  VI,  187o),  p.  2S2;  Van  Bastelaer,  Le  cimetière  belgo-romain  de 
Strée,  p.  94,  etc. 

(2)  Bull,  des  Comm.  roy.  dart  et  d'archéol.,  XIII,  p.  592;  voy.  sur  cette 
coupe,  MoREL,  Champ,  iouterr.,  2"  livi-.,  p.  42. 

(5)  Bull.,  à  la  suite  du  xxxv«  vol.  des  Mémoires,  1874,  p.  99. 
(i)  Les  objections  de  M.  de  Witte  ont  été  reproduites  par  le  Moniteur  belge, 
187li,  2«  sem.,p.  2G9o. 


—   Si    — 

Le  biiroii  de  Willc,  iu)ii  au  cour.iiil  des  di'coiiveiles  (|iie 
II'  |ii"ésenl  arlicle  a  pour  ohjd  de  sigiiaicr  au  nord  de.s 
Alpes  (y  compris  certaines  parties  de  l'ancienne  (laule), 
ajoutait  :  «  ce  serait  la  première  l'ois,  autant  que  je  sache, 
«pron  aurait  rencontré  dans  une  sé|)ullui'C  gauloise  (i)  un 
olijel  (pii  évidemment  appai-lient  à  Fart  des  Hellènes.  On 
ne  saurait  être  trop  sur  ses  gardes;  plusieurs  Ibis,  on  a 
signalé  des  objets  qui,  |>ar  fraude,  avaient  été  introduits  dans 
des  tombeaux  anciens.  » 

Cependant  ces  réserves,  bien  qu'empreintes  d'une  pru- 
dence louable  en  elle-même,  n'étaient  guère  fondées  ;  car 
M.  Morel  (-2)  ledit  :  Si  la  découverte  n'a  pas  été  faite  en  sa 
présence,  elle  l'a  été  par  les  ouvriers  cpi'il  emploie  depuis 
longtemps,  et  il  affirme  de  la  manière  la  plus  positive  que 
la  coupe  provient  de  la  mémo  sépultui-e  que  les  antres  objets 
étrusques  signalés  par  lui  (dont  une  œnoclioé  à  bec  relevé 
et  un  bandeau  d'or),  «  et  qu'il  no  peut  y  avoir  aucune  super- 
cherie de  la  part  de  cpii  (pie  ce  soit.  » 

Voici  du  reste  avec  (pielle  énergie  M.  Morel  s'élève  contre 
rinsinualion  scienlili(|ue  (pii  met  en  suspicion  la  sincérité 


(ij  (Juant  au  tail  niéiiie  d'une  tniuvaillf  scmitlablo,  M.  m.  \NHti;,  liiill.  Acatl., 
"2'  .série,  XXXIll,  p.  518,  dit  que  «  ce  n'est  pas  la  prcniieie  fois  que  l'on  trouve  au 
nord  (les  Alpes  des.,,  poteries  qui  ont  été  reconnues  comme  appartenant  à  l'art 
étrusque.  » 

C'est  la  trouvaille  aitlé-niinaine  seule  qui  renJ  .M.  ot  WrixK  iiicrciiule. 

(2)  M.  MouEL  ,  percepteur  à  Cliàlous ,  est  correspondant  du  Ministère  de 
l'instruction  publique,  nicnibri!  de  la  Société  des  antii|uaires  de  Fiance,  de  la 
Société  fran(;aise  d'archéologie,  etc. 

Un  peut  se  faire  une  idée  de  l'organisation  des  foui  les  de  M.  JlouEi,  et  du 
travail  auquel  il  occupe  les  fouilleurs  qu'il  a  à  son  service  depuis  i)lusicurs 
années,  eu  lisant  pai'  exiinplc  sa  hicoiiverle  d'inir  s('piilliiri',dt:.,  à  CoiitiKviiiil. 
pp.  6  et  H. 


—  8,')  — 

de  sa  Irouvaillo  :  «  Nous  ne  pouvons  nous  empèclicr  de 
protesler  conlre  un  mol  échappé  au  savant  M.  de  Wille,  et 
qui  laisserait  dans  les  esprits  le  doute  que  ce  vase  n'aurait 
pas  été  trouvé  dans  la  sépulture,  A  défaut  d'aulre  mérite, 
nous  voulons  au  moins  avoir  celui  de  la  franchise.  S'il  n'est 
malheureusement  que  trop  vrai  que  certains  industriels 
aient  cherché  à  trompei*  quelques  archéologues ,  nous  n'en- 
tendons nullement  leur  être  assimilé.  Dans  nos  quinze  an- 
nées de  fouilles  archéologiques,  si,  naturellement,  nous  avons 
tenu  à  augmenter  notre  riche  collection,  nous  n'avons  ja- 
mais perdu  de  vue  l'inlérél  de  la  science  ni  la  recherche  de 
la  vérité  (j).  « 

M.  de  Baye  (2)  a  eu  également  à  défendre  la  sincérité  de 
la  découverte.  Après  avoir  rapporté  les  paroles  de  M.  de 
Witte  au  sujet  de  la  trouvaille  de  Somme-Bionne,  il  ajoute  : 
«  L'authenticité  de  la  présence  de  la  coupe  dans  un  cime- 
tière gaulois  est  parfaitement  établie.  M.  Hanusse  (l'agent 
de  M.  Morel)  aime  l'antiquité;  il  la  respecte;  son  caractèn» 
est  donc  une  garantie;  de  plus,  il  n'avait  aucun  intérêt 
pour  altérer  les  faits,  et  ses  dépositions  sont  toujours  con- 
cordantes et  invariables.  Enfin,  la  découverte  de  Somme- 
Bionne  se  présente  dans  des  conditions  qui  oui  déjà  été  ob- 
.servées  dans  d'autres  contrées;  c'est  là  une  grande  pré- 
somption en  faveur  de  la  pureté  de  la  découverle.  On 
n'improvise  pas,  du  reste,  un  vase  étrusque  pour  agré- 
menter la  découverle  d'un  char  gaulois,  et  il  n'es!  pas  à  la 
portée  d'un  ouvrier,  quelque  intelligent  (pi'on  le  suppose, 


(1)  Champ,  soiiti'rr.,  p.  12. 

(2)  L'arl  élniaqiie.  etc.,  p.  I(! 


—  8G  — 

i\o  ivunir  un  ensemble   d'objets   constitué  d'une  manière 
conforme  aux  meilleures  observations  archéologiques.  » 

Mais  si  toute  contestation,  même  non  fondée,  interpose 
presque  inévitablement  un  nuage  entre  le  public  et  le  fait 
discuté,  voici  qui  dissipe  complètement  toute  apparence 
d'ombre. 

En  France,  le  vase  peint  découvert  à  Somme-Bionne  n'est 
pas,  quoi  qu'on  ait  dit  M.  de  Witte,  le  seul  objet  semblable 
qu'on  aurait  découvert  dans  une  sépulture  gauloise. 

iM.  de  Baye  (i)  cite  les  faits  suivants  : 

Deux  vases,  trouvés  dana  une  sépulture  gauloUcliBer^èves- 
sur-Vcrtus,  porleiit  comme  ornement,  l'un,  des  chevrons 
en  relief  rouge  sur  un  fond  brun  foncé,  en  décors  évidem- 
ment empruntés  à  l'art  étrusque  (|ui  employait  fréquem- 
ment les  chevrons  dans  rornementation  ;  l'autre,  des 
grecques  très-pures,  accompagnées  d'un  pointillé  en  relief, 
de  même  que  les  grecques  dont  il  décrit  lous  les  contours  : 
les  dessins  sont  en  couleur  rouge  sur  un  fond  brun  très- 
foncé. 

Faits  quoi(|ue  non  circonstanciés,  qu'il  convient  néanmoins 
d'énumérer  : 

Il  y  a  déjà  longtemps,  on  a  découvert  à  Chouilly  un  vase 
en  terre  brune  dont  les  ornements,  couleur  de  vermillon, 
représentent  des  grecques  et  d'autres  dessins,  composés  de 
lignes  s'entrecroisant.  Ce  vase  est  conservé  à  la  Biblio- 
lhè(iue  d'Épernay,  à  laquelle  il  a  été  olïerl  par  M.  Moët. 

On    a    contesté  l'authenticité  de  vases   grecs    trouvés. 


(0  L'an  tUrnaqHe,  etc..  jtp.  1"  rt  siiiv. 


—  87  — 

disait-on,  à  Qiiimper  (i);  mais  il  ne  pont  en  èlre  de  même 
d'un  beau  vase  étrusque,  orné  de  peintures,  déterré  en  1864, 
à  Montlaurés,  près  de  Narbonne  (2),  et  d'un  autre  dont  l'abbé 
Cochet  a  signalé  à  Caudebec  la  découverte  tout  à  fait  étrange 
et  inexplicable  pour  lui,  et  dont  le  dépôt  a  été  effectué  au 
Musée  de  Rouen,  dans  les  premiers  mois  de  1873  (^). 

A  Versailles,  à  en  croire  une  énonciation  du  catalogue  de 
la  collection  célèbre  du  D""  Gartlie  (de  Cologne),  on  aurait 
trouvé  un  vase  étrusque  à  peintures  jaunes  et  brunes  sur 
fond  noir  (4). 

M.  Morel  (3)  cite,  en  outre,  le  n^o  du  RuUetin  monumental 

(0  Morel,  Champ,  souterr.,  p.  42,  en  note,  qui  cite  la  Revue  des  Sociétés 
savantes,  S«  série,  VIII  (1874),  pp.  48,  26  et  53. 

Ce  sont  sans  doute  les  vases  cypriotes  dont  il  a  été  question  au  Congrès  de 
Buda-Pest,  Compte  rendu,  p.  249,  et  qui  avaient  été  vendus  quelques  semaines 
auparavant,  salle  Drouot,  à  Paris. 

{•i)  TouRNAL,  Catalogue  du  Musée  de  Narbonne  et  notes  historiques  sur  cette 
ville,  p.  8. 

Il  s'y  agit  aussi,  p.  14,  n»  123,  d'astiquités  égyptiennes  découvertes  à  Narbonne 
et  à  Ciermont-Ferrand;  comme  les  découvertes  de  ce  genre  se  répètent,  il  y  a  la 
de  quoi  engager  les  savants  qui  a  priori  déclarent  la  clinse  impossible,  îi  suspendre 
leur  jugement. 

Voy.  sur  ces  antiquités  égyptiennes,  la  discussion  à  laquelle  elles  ont  donné 
lieu  au  XXVII<^  Congrès  archéol.  de  France  (Dunkerque,  Le  Mans,  Cherbourg, 
1860),  p.  324. 

(3)  Rens  part.  En  une  lettre  du  1"  décembre  1853,  par  laquelle  le  regretté 
abbé  Cochet  écrivait  à  l'auteur  du  présent  article  le  résultat  de  fouilles  dans  le 
cimetière  à'Uggale  (Caudebec)  ;  la  découverte  de  ce  vase  étrusque,  disait-il, 
déroutait  toutes  ses  idées. 

{i)  Calalog  des  Kunst-Sammlungen  des  am  iiOclober  1876  in  Côlii  gestorbenen 
Herrn  Hugo  Gkrthe{\\1  Ahtlieilung.  Oas  antiken  Kabinet,griechische,  romische, 
gallische,  kellische  Alterthiimer;  vente  à  Cologne  8  novembre  1877),  n»  1080  : 
'(  Kleines  etruskisches  Viisclien,  schwarz  mit  gelber  und  brauner  Bemalung. 
Hôhe  0m09.  Fundort  :  Versailles.  » 

(5)  La  Champ,  souterr.,  p.  44.  M.  Morel  ajoute  que  ce  serait  la  seconde 
découverte  connue  de  ce  genre,  en  dehors  des  lieux  où  on  trouve  habituellement 
les  vases  étrusques  ou  italo-grecs.  Le  présent  article  a  pour  but  d'en  étendrL- 
singulièrement  le  nombre. 


—  88  — 

de  1875,  qui  donne  le  dessin  (Vwn  vase  de  slyle  ilalo-grec, 
découvert  à  Alcacer  do  Sol,  en  PorUigal,  par  M.  da  Silva, 
archiviste  dn  roi. 

Mais  si  les  cii-conslanees  de  ces  dernières  Irouvailles  ne 
sont  pas  précisées,  ou  même  si  Ton  peut  jusqu'il  un  certain 
point  considérer  Marseille  comme  ayant  pu  être  un  entrepôt 
d'où,  à  l'époque  anlé-romaine,  des  vases  grecs  auraient 
pénétré  dans  certaines  des  localités  citées  ci-dessus,  voici 
des  découvertes  où  il  faut  bien  songer  au  Midi  :  on  l'a 
même  si  bien  compris  que,  nous  le  verrons,  on  est  allé 
jusqu'à  attribuer  quelques-unes  des  découvertes  à  des  impor- 
tations directes  de  la  Grèce. 

Incontestablement  étrusque  est,  bien  certainement,  la 
découverte  suivante  :  Le  vase  italo-grec  de  Somme-Bionne 
a  été  exhumé,  on  le  sait,  en  même  temps  qu'une  renochoé 
étrusque,  analogue  à  celle  d'Eyfjenbilscn;  or  c'est  encore 
à  côté  d'une  œnochoé  semblable,  à  bec  en  forme  de  proue 
(schnabelfôrmige),  qu'on  vient  de  découvrir  à  Rodenbach, 
aux  environs  de  Kaiserslautern  (Bavière  rliénane),  un  lécy- 
Ihus  italo-grec,  en  terre  rouge,  peint  en  rouge  plus  brun, 
et  en  noir  surchargé  à  son  tour  de  gris  blanchâtre,  qui 
représente  des  rangées  d'oves,  de  cases  d'échiquier,  de 
feuilles  de  lierre  et  de  palmeltes  (\). 

Ce  n'est  pas  tout  :  l'attention  est  dirigée  sur  les  vases  de 
terre  cuite  exportés  d'Étrurie  au  nord  des  Alpes,  et  voilà 
que  les  découvertes  de  ce  genre  se  signalent  de  toutes  p;uis 
depuis  (pie  leur  importance  a  été  mise  en  nlief. 


(i)  LiNDExsi.iiMiT,  Allerlh.  iiiia.  heidii.  YorzHl.  111,  f;iscir.  v,  ]tl.  i.  cl  Iteiifiiji' 
(Dor  Kaiithrinis  von  Hnilciiliach). 


—  S9   — 

On  compare  les  produits  de  eerlaiiies  fouilles  faites  au 
Nord  des  Alpes;  on  remarque  de  plus  près  certains  vases, 
d'un  noir  brillani,  de  WullTen,  Schlieben  et  Annaberg 
(déposés  au  Musée  de  Berlin),  des  vases  peints  provenant 
de  Silcsie  (Musée  de  Breslau)  et  d'uno  trouvaille  récente 
faite  à  Zaborowo,  province  de  Posen,  par  le  D'  Virchow  ; 
on  aperçoit  que  la  pâte,  la  forme,  les  couleurs  s'éloignent 
sensiblement  de  tout  ce  qu'on  découvre  communément  en 
Allemagne,  et  se  rapprochent  au  contraire  des  vases  des 
peuples  civilisés  de  l'époque  classique. 

On  ne  se  borne  plus  même  h  constater  la  parenté  des 
uns  et  des  autres,  comme  Brongniart  l'avait  fait,  et  comme 
M.  de  Baye  est  encore  tenté  de  le  faire;  on  n'attribue  plus 
leur  confection  à  des  indigènes  inspirés  par  des  influences 
étrangères;  on  déclare  que  les  vases  eux-mêmes  ne  peuvent 
provenir  du  lieu  où  on  les  découvre,  mais  doivent  y  avoir  été 
importés  tout  faits. 

On  porte  notamment  l'attention  sur  les  vases,  coupes  et 
plats  ornés  de  méandres,  de  cercles,  etc.,  peints  en  blanc, 
en  rouge  et  en  noir,  du  célèbre  cimetière  de  Ilallstatt  (i),  et 
l'on  remarque  que  la  Bavière,  la  Suisse,  le  Wurtemberg,  le 
duché  de  Baden,  dans  leurs  tumulus  où  l'on  trouve  des 
objets  archaïques  d'ornement  et  notamment  des  armes  qui 
n'ont  absolument  rien  de  commun  avec  les  formes  usitées 
après  la  conquête  romaine,  et  qui,  par  conséquent,  selon 


(i)  VoN  Sacken,  bas  Grabfehl  von  Halhlall,  p.  1(»!1,  pi.  XNvi.  fig.  5,  ci 
Ansiedlungen  iinil  Fiivde  aus  heidniscJier  Zeit  in  Mederôsterreiclt  (1875),  p.  :26; 
Kratse,  Arcfiir  des  Vereins  fur  (ieschichle  und  Allerlhiimer  zii  Stade  (relatif  à 
Frel'=il.irf?),  Il  (I8(ii),  p.  "27". 


—  90  — 

robservntion  très-judicieuse  du  D""  Lindenschmit,  ont  cessé 
d'être  en  usaG:e  sous  les  Romains,  qui  ne  les  auraient  |)as 
tolérées. 

Parmi  les  rapprochements  plus  directs  avec  le  vase  de 
Rodenhach,  le  D""  Lindenschmit  signale  deux  vases  découverts 
dans  des  sépultures  antiques,  probablement  d'Allemagne, 
mais  sans  indication  précise  d'origine  :  ces  deux  vases  sont 
au  Musée  de  Vienne;  l'un  est  avec  palmeltcs  sur  fond  noir, 
l'autre  avec  ornements  de  branches  de  myrte,  de  feuilles  de 
lierre,  etc.,  disposées  en  forme  de  plumes  d'oiseau,  le  tout 
surchargé  de  traits  de  couleur  blanche  (i).  Des  vases  iden- 
tiques, au  dire  du  baron  von  Sacken  (rapporté  par  Linden- 
schmit), ont  été  trouvés  non-seulenient  à  Lisza,  mais  encore 
dans  l'Italie  méridionale,  et  appartiennent  aux  trois  derniers 
siècles  av.  J.  C.  (précisément  l'époque  assignée  par  M.  de 
Witte  au  vase  peint  de  Somme-Bionne  et  par  le  D'  Linden- 
schmit à  celui  de  rUolliherg). 

Un  vase  peint  a  également  été  découvert  dans  un  caveau 
funéraire  à  Frelsdorf,  territoire  de  Brème  :  c'est  une  cylix 
à  deux  anses,  ayant  absolument  la  môme  forme  que  celle  de 
Somme-Bionne  (2). 

D'autres  trouvailles  récentes  de  vases  peints  ont  encore 
été  signalées  (.ï)  : 

Une  de  celles-ci  est  la  découverte  faite  en  l'Ile  de  Rosenau 
(Wiirmsee)  de  deux  vases  peints,  de  trois  fragments  de 
vases  semblables  et  du  pied  d'un  vase  jaune-rouge,  d'une 


(1)  LixDKNSCHMiT,  /.  C,  \).  5  dii  toxte. 

(î)  Le  h'  KscF.LiiAnDT,  Influence  classique,  etc.,  p.  203,  en  reproduit  le  dessin, 
(s)  LiNDEN.scHMiT,  /.  ciî .  Le  W'ïirmsee  (ou  Slarnhergersee)  est  aux  environs  de 
Munich. 


—  91   — 

couleur  noir  brillanf,  (rouvés  dans  une  palafilte  située  im- 
médiatement près  de  cette  ile  :  des  vases  avaient  déjà  été 
exhumés  dans  l'ile  même,  il  y  a  environ  vingt  ans  (en  posses- 
sion du  roi  de  Bavière),  et  furent  l'objet  de  plus  d'attention 
depuis  la  découverte  de  la  palafitte  voisine.  Ces  vases,  le 
D''  Lindenschmit  les  décrit  (i)  :  un  d'eux  a  beaucoup 
d'analogie  pour  la  forme  avec  la  cylix  de  Frelsdorf  ;  il  est 
en  terre  très-fine  et  très-légère,  à  laquelle  le  temps  a  donné 
une  teinte  gris-vert,  mais  la  cassure  est  rouge;  —  en  outre, 
une  soucoupe  jaune- rouge,  avec  des  ornements  en  cercles 
et  points  brun  foncé;  —  et  des  fragments  de  vases  peints 
sur  fond  rouge  et  sur  fond  noir;  un  de  ceux-ci  représente 
une  femme  assise,  portant  un  vêtement  qui  lui  couvre  la 
poitrine,  en  couleur  brunâtre  et  avec  des  traits  de  couleur 
plus  foncée;  on  y  voit  aussi  un  génie  dont  les  ailes,  la 
coiffure,  et  une  couronne  en  chaque  main,  sont  peints  en 
blanc,  etc.,  etc.  (5). 

La  trouvaille  de  File  est  en  relation  directe  avec  celle  de  la 
palafitte  :  cela  a  induit  le  D''  Lindenschmit  à  étudier  de  plus 
près  ce  qu'on  y  avait  trouvé.  Il  y  remarque  avec  étonne- 
menl,  parmi  tous  objets  semblables  à  ceux  que  fournissent 
ordinairement  les  habitations  lacustres,  certaines  autres  an- 
tiquailles que  l'on  n'avait  pas  encore  signalées  dans  celles-ci, 
mais  que  l'on  rencontre  dans  les  sépultures  ou  collections 
étrusques,  grecques  et  même  égyptiennes,  comme  des  perles 
de  belle  couleur  oranije,   avec  des  cercles  blanc  et  bleu 


())  D'après  des  renseignements  de  M.  Von  Schab,  juge  à  Starnberg,  qui  en  fera 
l'objet  d'une  publication  prochaine  avec  un  grand  nombre  de  dessins. 
(s)  Voy.  pour  plus  de  détails,  Lindenschmit,  ibid. 


—  9^  — 

il'oiitre-iner,  el,  à  côlé  de  ces  perles,  im  fragment  de  vase 
peint  jaune-rouge,  avec  ornements  circulaires  en  noir. 

La  trouvaille  de  rUelliberc:,  citée  plus  haut,  avait  arraché 
à  Keller  des  exclamations  sur  le  caractère  insolite  de  ces 
iVagments  ilalo-grecs  au  nord  des  Alpes,  el  il  n'était  par- 
venu à  l'expliquer  qu'en  l'allribuant  à  des  soldais  romains 
envoyés  jadis  dans  un  posie  d'observation  au  sommet 
de  celle  montagne.  Lindenschmit  montre  au  contraire,  en 
argumentant  de  la  découverte  del'iledeRosenau,  que  celle-ci, 
comme  celle-là,  concerne  des  dépôts  anté-romains,  laissés 
là  où  on  lésa  retrouvés,  depuis  le  moment  où  les  populations 
anié-romaines  réfugiées  sur  le  sommet  de  l'Albis  ou  dans 
les  habitations  lacustres  du  lac  de  Rosenau,  avaient  vu  leur 
reiraite  détruite  par  un  événement  de  guerre.  Lindenschmit 
concluait  en  exprimant  l'avis  qu'une  fois  l'attention  appelée 
sur  les  découvertes  do  ce  genre,  celles-ci  ne  tarderaient  pas 
à  se  multiplier. 

En  effet,  à  peine  avait-il  écrit  ces  lignes,  en  187^),  qu'on 
lui  signalait  l'exhumation,  en  Bavière,  de  quatre  petits  vases 
de  style  étrusque  ou  italo-grec. 

Ces  vases  ont  été  trouvés  dans  une  sépulture,  au  lieu  dit 
Osterfelde,  entre  Atzelburg  et  Hofstalten,  près  de  Straubing, 
et  ont  été  recueillis  dans  les  collections  de  la  Société  histo- 
rique de  la  Fiavière-inférieure,  à  Landsliuf, 

En  voici  la  description  (i)  : 

r  Un  vase  de  0"\0i»  de  haut  sur  ()"'0^r»  de  diamètre  ; 
fond  noir  avec  palmette  jaune-rouge; 

(i)  L'aiilfur  (lu  présent  travail  assistait  an  dt-baliatçe  dt*  ros  obj.Ms  à  May(»nrp, 
fiii  ils  avaient  t'-té  envoyés,  le  ITi  seplenihre  187.'),  pour  (''lie  moniés  an  Musée 
p«Tmaniqui'. 


—  îM  — 

::2''  Tasse  rouge  ;i  deux  anses  liorizoulales,  avee  bords  à 
cercles  bruns,  et  (|ua(re  bandes  circulaires,  alleriialiveuient 
rouge  el  jaune  vif;  0"'OÔG  de  haut  sur  ()"'0j7  de  dianièlre  ; 

.y  Aulrc  lasse  semblable  de  0'"ô5  de  haut  sur  0"'0;jl  de 
diamètre;  les  ornements  du  bord  sont  en  losanges,  el  les 
bandes  alternativement  rouge  el  brun  l'once  ou  jaune; 

i"  ()h]nochoé  en  terre  noire  de  0"'0(v)  de  haut  sur  0"'0;> 
de  diamètre. 

Enlin,  au  moment  de  mellre  sous  presse,  le  D'  Linden- 
sclimit  éci'it  que,  d'après  de  nouveaux  renseignements  de 
M.  le  colonel  Von  Gobausen,  directeur  du  Musée  de  Wies- 
badcn,  on  vient  de  découvrir  près  de  Tascherweiler,  au  lac 
de  Constance,  un  lécytlius  qui,  selon  toute  apparence,  ap|)ar- 
fient  à  la  même  catégorie  de  vases  peints. 

Voilà  déjà  une  assez  belle  série  de  vases  italo-grecs  de 
l'époque  anté-romaine,  trouvés  au  nord  des  Alpes. 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  Le  D'  Engelhardl,  de  son  côté, 
cile(t)  les  exemples  suivants  de  vases  peints  trouvés  au 
nord  des  Alpes  : 

1"  La  cylix  de  Frclsdorf,  déjà  uionlionnée; 

ii"  Des  vases  peints  découverts  à  Posen  el  en  Silésie , 
ayant  une  teinte  brun  foncé  sur  fond  gris  ou  blanchâtre, 
comme  sur  les  vases  grecs  ou  étrus(pies  archaïques  (-2); 

3'  Le  Musée  de  Glogau  possède  un  i)elit  vase  de  terre 
cuite  dont  la  peinture  consiste  en  lignes  brun-noir,  en  triangles 
el  en  une  ligure  du  soleil,  assez  facile  à  reconnaître  par  son 
disipie  brun-rouge,  avec  des  rayons  courts  noirâtres. 

(1)  De  l'inflifeuce,  ttc,  p.  "202. 

(4)  ViRciiow  ,  VcrIi'iii'Ilunijen  der  IJerliiwr  Gest'lhclidfl  fUr  Aiilltropologie , 
\Hli,  p.  141. 


—  91  — 

Le  D""  Engeiliardt,  à  hi  vérilé,  pense  que  l'importa  lion 
anlé-romaine  de  ces  vases  en  Geiinanie  esl  due  plutôt  à 
l'influence  grecque  qu'à  l'influence  italique  ou  étrusque, 
puisque,  dit-il,  il  n'y  a  pas  d'exemple  de  vases  peints  arrivés 
du  sud  à  travers  les  Alpes. 

Les  faits  ci-dessus  rapportés,  surtout  les  trouvailles  de 
Somme-Bionne  et  de  Rodenbacli,  où  les  vases  peints  italo- 
grecsse  sont  montrés  à  côté  de  vases  de  bronze  incontesta- 
blement étrusques,  sont  sans  doute  de  nature  à  modifier  ces 
conclusions;  en  outre,  la  présence  de  vases  peints  à  Ilall- 
statl  renforce  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  (i)  de  l'irradiation 
étrusque  vers  Hallstalt,  pour  repousser  le  système  qui  con- 
sidère au  contraire  Hallstatl  conmie  une  des  étapes  de 
l'Orient  vers  l'Étrurie.  Lindenschmit  appuie  fortement,  lui, 
sur  ces  trouvailles  pour  dire  que  la  thèse  de  l'origine 
étrusque  de  tous  ces  produits,  et  leur  transmission  par  le 
commerce  au  delà  des  Alpes ,  est  dès  lors  si  évidente  qu'elle 
n'a  plus  besoin  d'autre  démonstration. 

Désormais,  on  peut  le  dire  avec  toute  certitude,  le  com- 
merce d'exportation  des  Étrusques  au  nord  des  Alpes  est 
prouvé  même  pour  les  poteries  et  surtout  pour  les  vases 
peints  italo-grecs  qu'ils  ont  exportés  avec  leur  bronze. 

On  ne  doit  pas  insister,  sans  doute,  pour  faire  remarquer 
l'immense  portée  de  ce  l'ait,  délinilivemcnl  acquis  à  la 
science. 

Après  en  avoir  nié  la  possibilité,  il  ne  lestera  aux  contes- 
tants, s'il  en  est  encore,  d'autre  ressource  que  de  s'appuyer 
sur  l'absence  d'observations  qui,  pour  la  moitié  environ  des 

(i)  Bull,  den  Connu,  roij.  d'art  et  d'arcliéol.,  Mil,  p.  Ud,  et  XVll,  p.  5i. 


—  95  — 

découvertes,  ne  constatent  pas  sudisainnient  l'importation 
antc-romaine  de  ce  côté-ci  des  Alpes;  mais  celte  importation 
anté-romaine  pour  l'autre  moitié  des  faits,  est  plus  que 
suffisante  à  l'effet  de  la  faire  au  moins  présumer  en  faveur 
de  l'ensemble. 

G,  Sépultures  à  chars,  etc. 

Il  importe  d'attirer  l'allention  sur  toutes  les  particularités 
(jui  distinguent  les  sépultures  à  objets  étrusques  des  sépul- 
tures romaines  ;  ce  sera  déjà  un  moyen  de  reconnaître 
l'antériorité  des  premières. 

Une  de  ces  particularités  est  la  découverte,  en  beaucoup 
de  sépultures  à  objets  étrusques,  des  débris  d'un  char  sur 
lequel  le  défunt  était  déposé  et  qui  était  enterré  avec  lui 
dans  la  sépulture. 

L'inhumation  peu  en  usage  chez  les  Romains,  est  déjà  à 
lui  seul  un  indice  d'antériorité. 

Les  débris  de  char,  d'autre  part,  ne  se  sont  jamais  montrés 
dans  des  sépultures  romaines  (i),  et,  comme  le  dit 
M.  Mazard  (^2),  «  céramique,  armes,  bijoux,  toutes  les  anti- 
quités contribuent  dans  ces  sépultures  à  établir  une  ligne  de 
démarcation  tranchée  entre  l'époque  gauloise  et  l'époque 
gallo-romaine.  » 

Les  découvertes  de  sépultures  avec  débris  de  chars, 
auxquelles  on  avait  fait  peu  d'attention  jusqu'ici,  ont  acquis 


(1)  La  tombe  de  Celles,  tombe  romaine  à  en  juger  par  une  amphore  (Musée  de 
Liège)  qui  y  a  été  trouvée,  a  néanmoins  fourni  à  M.  le  Comte  G.  De  Looz  des 
pièces  (le  harnachement  d'un  cheval  (Musée  de  Bruxelles). 

(î)  Essai  sur  les  chars  gaulois,  p.  6. 


—   IM)   — 

rccciiuiR'iil  une  iiii|tortaiit'('  cxccpliuiinclic  |t;ii'  lu  n'jMMiliuii 
(.les  iiièmes  observaliuns. 

Or  ces  vestiges  de  char  avaient  déjà,  mais  isolement,  été 
trouvés  dans  les  sépultures  de  Grauliolz,  Graeeliwyl  et  Auet 
(Suisse),  de  la  l'orèt  de  Hatten  (Alsace),  de  Doerlli  (Pi-ussc 
rliéiianej,  d'Armsheim  (Hesse  rhénane),  de  Sigmaringeu 
(Wurtemberg)  (i),  etc. 

Les  tumulus  de  la  Bourgogne  et  de  la  Champagne  se 
signalèrent  à  leur  tour  j)ar  un  contingent  considérable  de 
découvertes  semblables  (;>)  ({ui,  chose  remanpiable,  ont 
toutes  un  cai'actère  anté-roniain  très-déterminé,  et  présenleiil 
même  i\c6  analogies  avec  celles  dn  Rhin,  témoin  certain 
bassin  de  la  séj>ullnre  à  char  de  Bussy  (5),  (|ui  est  exacte- 
ment le  même  (pic  celui  de  la  sépulture  à  char  d'Arms- 
lieim  (i). 

Voici  (pielipies  détails  nouveaux  sur  les  dernières  séj)ul- 
lures  avec  vestiges  de  char  exhumées  dans  la  Champagne 
piislerieiiremeni  à  la  remarquable  trouvaille  de  Somme- 
Bionne.  si  bien  décrite  |)ar  M.  Morel. 

M.    iierlrand  {'■>)  annonce  la    découverte   toute   récente 


(i)  ]',.si(ii  SU)'  /('.S'  clKirs  ijaulois,  p.  Il,  el  Diction)!,  iirclirol,  de  lu  Guiilc 
(Époque  ceUique),  I,  iOO;  Bkhtkanu,  Le  ctisquc  de  Berrii,  p.  H;  Li>Dt;NsciiMn, 
Die  Mlerfli.,  III,  fasiic.  m,  texte  de  h  pi.  11,  n»-  10  à  11. 

Voy.  aussi,  Bidl.  de  la  Soc.  des  aiiliq.  de  France,  1875,  p.  129,  ou  il  est 
(Joniié  des  détails  intéressants  sur  le  char  de  Vilsin;:en  (Signiai'iiigen). 

(î)  ll)id.,  pp.  9  et  suiv. 

(s)  bictionn.  anlieol.  de  la  diiitle,  plaiiilic  des  vases  en  brim/e  de>  ciinelieres 
de  la  Marne  (Kussy,  c»  de  Suipposi. 

(i)  Il  est  reiuoiluit  liidl.  des  (lomm   roij.  diirl  el  d'tircluvi.,  M,  p.  ii'2. 

h)  Moniteur  belge,  187G,  /.  cil. 

Voy.  aussi  Caiitailiiac,  Malérinnx,  etc.,  1877,  p.  -28:2;  Ma/aru,  Essai  sur 
les  chars  r/anluis.  p.  8  cl  pi.  vu. 


—  97  — 

(riiiic  sépulUirr  de  clu'l' gaulois  ;i  Sonimo-Tourbo,  non  loin 
de  Somme-BioiHic.  Doux  lombes  étaient  superposées  ;  dans 
la  première,  on  a  trouvé,  aux  côtés  du  guen-ier,  une  épée 
de  fer  (considérée  comme  caracléristique)  ;  dans  la  seconde, 
plus  profonde,  un  clief  était  couché  sur  son  char,  à  ses 
côtés  était  l'œnochoé  «~  mystique,  »  l'épée  de  fer,  deux 
javelots,  un  bracelet  en  or.  L'essieu  du  char  était  en 
bronze,  non  en  fer.  L'objet  le  pkis  important  de  ce  mobilier 
était  un  casque  en  fragments,  dans  lequel  il  est  facile  de 
reconnaître  l'analogue  du  fameux  casque  de  Berru.  C'est 
une  coiffure  militaire,  conique,  de  style  asiatique, 
l'appelant  la  forme  des  casques  assyriens  que  l'on  voit  sur  les 
monuments  de  la  vallée  de  l'Euphrate. 

En  outre,  des  fouilles  opérées  dans  la  sablonnière  de 
Fère-en-Tardenois  (i)  (Aisne,  France)  viennent  d'amener 
la  découverte  d'une  autre  sépulture  de  Gaulois  inhumé  sur 
son  char. 

On  a  retrouvé  les  principales  pièces  du  véhicule,  des  roues, 
des  boulons,  des  crochets,  des  anneaux  et  des  espèces 
d'attelles  qui  avaient  résisté  à  l'action  du  temps. 

La  fosse  n'avait  conservé  aucun  vestige  humain,  et 
cependant  elle  n'avait  pas  été  violée,  car  on  remarqua  à  la 
place  qu'ils  occupaient  le  jour  de  l'inhumation,  les  vases, 
armes  et  ornements  dont  on  avait  entouré  le  défunt;  à  la 
tète,  un  groupe  de  six  grands  vases  en  terre,  sur  lesquels  on 
aperçoit  des  ornements  burinés   extérieurement;   sur  les 


(i)  Et  ron  Féréen-Tardeiiois  comme  !o  porte  la  couveiture  du  l"  rascicule  de 
la  i"  livraison  du  vol.  III  de  la  iii«  séi'ie  des  Annales  de  l'Académie  d'urchvologie 
de  Belgique  (,1877). 


—  1)8  — 

épauk'S,  uiiL-  (il)iilc  on  fci';  à  la  ci'ifilui'n  un  puignai'd  ;  plus 
trois  autres  vases  en  étal  (mêlai?). 

L'un  d'eux  rajipclle  la  forme  des  verres  à  vin  de  Cham- 
pagne. 

On  recueillit  aussi  aux  pieds  une  poinic  de  lance  en  fer  de 
O'"30  de  lonii'ueur,  parfaitement  conservée,  ayant  encore 
dans  sa  douille  un  fragment  du  bois  de  la  hampe. 

Pareilles  trouvailles  de  débris  de  char  ont  été  faites  en 
Hongrie  (i). 

On  a  cité  des  débris  de  chariot,  notamment  des  roues, 
découverts  dans  des  tumnius  «  celtiques  »  d'Angleterre  (^2). 

Les  tondjcs  «  celtiques  »  de  la  forêt  de  Ilallen,  d'Anet, 
de  Tiefenau,  d'Alaise,  ont  également  fourni  des  débris  de 
char  (3). 

A  Frouard  (Meurthe),  on  a  trouvé  des  débris  de  harna- 
chement de  cheval,  analogues  à  ceux  de  Vaudrevanges 
(Wallerfangen)  et  de  Glermont-Ferrand,  mais  on  doute 
(pi'ils  |)roviennent  de  sépultures  (4). 

A  l'exposition  universelle  de  Paris,  en  18G7,  on  remar- 
quait les  objets  suivants  (;i)  : 

N"  720  à  728.  Deux  roues  de  char.  Exirémilé  d'un  timon 
de  ciiar.    Cavalier   condjatlanl    une    panlhère.    Fragment 


(1)  Arcliaeoloyiai  Koz-Ienwiijel;,  VIF  (1868),  p.  182. 

(2)  Congrès  arcliéol.  de  France,  1817  (Sens,  Toiirs,  Angoiilt''mc,  l.inxiiii's), 
p.  372. 

(3)  Itidlctin  de  ht  Soclclé  d'Alsace,  111  (18b9),  p.  219. 

(i)  Mémoires  de  la  Société  des  Aniiq.  de  France,  \X\1V  0873;,  p.  12'J  du 
IPdU'Iin. 

(:,)  Calai,  de  l'ej-posilion  universelle  de  Paris  1807.  Ilisloire  du  Ira  rail, 
p.  08. 


—  90  — 

d'un  ciiar.  Bronze.  Trouve  ù  Fii,  i)rès  de  Renneii-les-Baiiis, 
Aude.  Musée  de  Toulouse  (i). 

))  I\"  7'2D.  Portion  déjante  d'un  char.  Trouvé  à  Clerniont- 
Ferrand  (Jardin  des  Plantes).  M.  Bouillet  (Clcrmont,  Puy- 
de-Dôme). 

»  N"  750.  Deux  boites  de  roues  de  char,  décorées  de 
prolomes  de  cheval.  Bronze.  Trouvé  à  Besançon  (Doubs). 
M.  Basset  (à  Paris).  » 

Il  y  aura  lieu  désormais  de  comparer  ces  prétendus  chars 
gaulois  à  un  char,  en  débris,  trouvé  dans  une  sépulture 
italienne,  à  Seslo-Galende,  sur  le  Tessin  (2),  qu'on  a  essayé 
de  rajeunir  en  l'attribuant  aux  Gaulois  de  la  Cisalpine,  bien 
qu'on  y  ait  trouvé  exactement  les  mêmes  objets  qu'à  Villa- 
nova,  notamment  un  vase  de  bronze,  formé  de  plaques 
rivées,  avec  personnages  et  animaux,  un  casque  également 
formé  de  plaques  rivées,  une  épée  en  fer  dans  une  gaine  de 
bronze,  etc. 

—  Parmi  les  éléments  nouveaux  de  comparaison  sur  les- 
quels l'attention  a  été  appelée  par  Gcnihe,  il  y  a  à  ajouter 
l'ornementation  au  pointillé  (Streilen  in  Tremolierstich)  dont 
les  objets  ô'Eyfjenbilsen  portaient  des  traces  (r,)  :  on  peut 
citer  à  cet  égard  les  triangles  pleins  en  pointillé  qui  se  sont 
rencontrés  sur  les  deux  disques  étudiés  j)ar  le  comte  Cones- 


(1)  Voy.  une  description  de  ces  objots  et  une  relation  des  circonstances  de  la 
trouvaille  dans  le  Ctf/a/of/z/e  du  Musée  de  Toulouse  (par  RoscHAcn),  pp.  181  et  182; 
le  timon,  n"  518,  terminé  par  un  fort  croclicl  en  bec  de  cygne. 

{■i)  Dcrn.  BioNDELLi,  op.  cit.  ci-dessus,  p.  28. 

Voir  sur  celte  découverte  lleuiic arcliéol.,  -1869, XVI,  p.  280;  Silziniysbericlilc 
de  l'Acad.  iiiip.  de  Vienne  (clas.c  des  lettres,  etc.),  1870,  Lxiv,  p.  527. 

(s)  Voy.  Bnll.  des  Comiii,  roij.  d'arl  et  d'nrchéol.,  XI,  pi.  v,  et  p.  265,  où  il 
était  dit  ([uc  rien  de  semblable  n'avait  encore  été  signalé  en  Étrurie. 


—    100  — 

tabile,  ruii  de  Suède,  raulre  d'Italie  (i),  et  rornementation 
d'une  gourde  plate,  trouvée  à  Rodenbach  avec  une  œno- 
choé  et  un  vase  peint  (il  en  a  été  question  ci-dessus). 

M.  de  Meester  de  Ravestein  (2)  décrit  une  statuette 
archaïque  de  Minerve,  provenant  de  Chiusi  :  le  cou,  le 
devant  du  casque;  les  mentonnières,  le  peplus  et  la  tunique 
sont  ornés  au  pointillé. 

Cette  ornementation  ponctuée  se  retrouve  sur  le  fameux 
casque  de  Berru  (5). 

—  Enfin,  on  peut  ajouter  les  représentations  suivantes 
pour  bien  caractériser  l'étruscisme  des  licornes  de  l'œnochoé 
d'Eygenbilsen  : 

1°  Deux  licornes  retournant  la  tète  en  arrière  sur  un  vase 
de  la  collection  Beugnol  (4)  ; 

2°  Un  quadrupède  unicorne,  pris  par  Raoul-Rochette 
comme  un  type  de  l'art  oriental  (5). 

H.    Preuves  de  l'anté-roinanisme  des  sépultures  à  objets 

étrusques. 

Il  existe  encore  quelques  savants  qui,  tout  en  acceptant  le 
caractère  étrusque  de  l'œnochoé  et  de  la  ciste  à  cordons 
iV Eygeîîljilsea,  résistent  à  l'idée  que  ces  objets  soient  arrivés 
dans  notre  pays   antérieurement  à  la  conquête  romaine. 


(1)  Sovra  due  dischi,  etc.,  pp.  20  à  22,  et  pi.  F;  Engelhai{1)T,  Iniluence 
clasuique,  p,  201. 

{i)  Musée  de  Ravestein.  Calai,  descripl.,  I,  p.  340. 

(3)  BtiiTiiANU,  Le  casque  de  Berru,  voir  les  pianclies  x  et  xi. 

(i)  De  Witte,  Descriplion  de  la  colleclion  d'antiquHés  de  M.  le  vicomte 
Ueucnot,  p.  ■129,  II"  Ô80. 

(6  Mémoire  d'archéologie  comparée,  asiatique,  qrecque  el  étrusque  (Mém.  de 
l'Acad.  des  Inscript,  et  B.  L.,  XVU,  4847,  p.  131). 


—   101   — 

Pour  ces  derniers  partisans  de  la  thèse  du  «  Romain  anna- 
leur  d'antiquités,  »  il  ne  suflit  pas  qu'on  fasse  remarquer 
qu'il  s'agit  non  d'une  observation  isolée,  mais  d'un  ensemble 
de  plusieurs  centaines  d'observations  analogues;  il  ne  suffit 
pas  non  plus  de  montrer  celles-ci  toutes  homogènes,  toutes 
pures  du  moindre  mélange  avec  les  objets  de  la  civihsation 
romaine,  notamment  d'instruments  à  usage  connu,  de  pote- 
ries samiennes,  de  bronzes  relativement  modernes,  etc.;  il 
ne  suffit  pas  que  tous  les  objets  trouvés  ensemble  soient  anlé- 
romains,  parce  que  ces  savants  objectent  toujours  la  possi- 
bilité d'un  dépôt  postérieur  aux  objets,  fût-ce  de  plusieurs 
siècles. 

Il  faut  démontrer  que  le  dépôt  est  lui-même  contemporain 
des  objets. 

Il  est  nécessaire,  par  conséquent,  de  produire  de  ces  argu- 
ments qu'on  appelle  topiques  ;  ces  arguments  seront  fournis  : 

r  Par  l'absence  complète  de  monnaies  dans  les  sépultures 
où  l'on  découvre  les  œnochoés,  cistes  cannelées,  etc. 

Une  des  observations  des  plus  importantes  est,  en  effet, 
cette  absence  complète  de  monnaies  romaines  dans  les 
centaines  de  sépultures  où  ont  élé  trouvées  des  antiquités 
reconnues  pour  être  antérieures  à  l'occupation  romaine  de  la 
Gaule  et  de  la  Germanie.  Jamais  on  n'y  a  découvert  de 
médailles  romaines,  môme  consulaires,  ni  gauloises  (sauf 
bien  entendu  dans  ce  qui  n'est  pas  dépôt  mortuaire,  comme 
le  trésor  de  Frasnes-lez-Buissenal). 

De  Icà,  cette  observation  de  M.  Ed.  de  Barthélémy  (i)  que, 


(i)  Note  sur  une  sépiiJt.,  etc.,  p.  98,  et  Mc'm.  de  la  Soc.  des  antiq.  de  France, 
XXXV,  p.  98. 


—  102  — 

si  des  conlainos  de  sépultures  analogues  sont  toutes  dans  le 
même  cas,  toutes  elles  doivent  remonter  à  une  époque  où 
l'usage  de  la  monnaie  n'était  pas  encore  répandu  dans  la 
Gaule,  c'est-à-dire  au  moins  au  m"  siècle  avant  l'ère 
chrétienne; 

2"  Par  l'analyse  chimique  dos  différents  ohjets  de  bronze 
trouvés  dans  les  sépultures  des  âges  dits  du  l)ronzc  et  du 
premier  âge  du  fer. 

M.  Chantre  (i)  en  a  fait  la  remarque  essentielle,  la  com- 
position de  ces  bronzes  n'a  jamais  révélé  un  alliage  inten- 
tionnel de  plomb,  métal  qui  se  remarque,  au  contraire,  dans 
les  bronzes  de  l'époque  romaine; 

3°  Par  les  armes,  et  notamment  par  les  épées  d'une  forme 
parlicidière,  que  l'on  décrit  de  la  manière  suivante  (2)  : 

Ces  épées  sont  de  bronze  ou,  si  elles  sont  de  fer,  elles  se 
distinguent  :  a)  par  leur  longueur  qui  atteint  un  mètre; 
b)  par  le  caractère  de  la  soie  qui,  dans  les  épées  de  bronze 
comme  dans  leurs  imitations  en  fer,  est  plate,  et  à  rivets 
destinés  à  fixer  une  poignée  (quelquefois  cependant  moulée 
d'une  pièce  avec  la  soie);  c)  par  l'existence  souvent  remar- 
quée de  crans  assez  prononcés  à  la  naissance  de  la  lame, 
au-dessous  de  la  poignée;  d)  enfin  par  la  forme  même  de 
la  lame  qui  esta  deux  tranchants,  à  pointe  mousse,  s'élargit 
sensiblement  vers  le  milieu,  et  se  dislingue  par  une  ou  plu- 
sieurs arêtes  médianes. 

Or,  nous  ne  sommes  plus  au  temps  où  de  Caylus  allé- 
guait que  toutes  les  armes  des  Romains  étaient  de  bronze. 


(1)  Éludes  pal éo-elhn.,  etc  ,  I,  p.  16. 

(î)  Beiitband,  Les  tiimiilus  f/aufois  de  Mnguij-Lamliert,  p.  '21, 


—   105  — 

et  on  peut  poser  en  fait  évident  par  lui-même,  que  les 
épées  en  question,  de  môme  que  certaines  dagues  du  même 
genre  (i),  n'ont  aijsolumenl  rien  de  commun  avec  les  armes 
employées  par  les  Romains. 

Au  contraire,  on  les  retrouve  dans  les  sépultures  d'Italie 
aniérieures  aux  Romains. 

Les  Romains,  Lindenschmit  a  le  mérite  d'avoir  présenté 
le  premier  celte  observation  fondamentale  (2),  les  Romains 
n'eussent  pas  permis  aux  peuples  vaincus  l'usage  d'armes 
d'un  autre  type  que  les  armes  romaines,  si,  ce  qui  est  même 
fort  à  supposer,  ils  n'allaient  pas  jusqu'à  leur  interdire  l'usage 
de  toute  espèce  d'armes. 

Par  conséquent,  partout  où  l'on  retrouve  soit  les  armes 
de  bronze,  soit  la  grande  épée  de  fer  à  soie  plate,  à  rivets, 
à  double  tranchant  et  à  pointe  mousse,  la  sépulture  est  de 
toute  nécessité  antérieure  à  la  conquête  romaine. 

Cette  observation  est  confirmée  par  celle-ci  du  D'  Engel- 
hardt(3).  Il  a  remarqué  que  les  sépultures  des  frontières  de 
l'empire  romain  contenant  des  armes,  sont  en  général  anté- 
rieures ou  postérieures  à  la  domination  romaine.  «  Le  désar- 


(1)  On  110  peut  mieux  s'en  faire  une  idée  qu'en  jetant  les  yeux  sur  les  planches 
de  la  Heviie  archéologique,  mars  I8G0;  Projet  de  classiftcalioii  des  poignards 
et  épées  en  bronze. 

(2)  Voy.  notamment  Die  viiterlandische  Alterthûmer  der  furslliclien  Holieii' 
zoller'sche  Sammhing,  pp.  120  et  suiv. 

Dans  une  lettre  du  4  juin  1877,  il  fait  remarquer  que  depuis  17  ans,  ce  qu'il  a 
dit  à  cet  égard  n'a  pas  éprouvé  la  moindre  contradiction  dans  les  nombreuses 
découvertes  signalées  depuis. 

Il  admet  néanmoins,  ce  qui  est  du  reste  étranger  au  sujet  actuel,  que  les 
sépultures  romaines  de  la  décadence  contiennent  parfois  des  armes;  mais  ce  ne 
sont  plus  celles  dont  il  est  question  ici. 

(5)  Influence  classique,  etc.,  p.  ^ô5. 


—  104    - 

memenl,  dil-il,  était  la  conséquence  naturelle  de  la  conquête, 
puisque  les  légions  seules  faisaient  le  service  militaire.  On 
ne  déposait  même  pas  d'armes  dans  les  tombeaux  des  soldats 
romains,  et  c'est  une  des  raisons  de  ce  fait  remarquable  que 
si  peu  d'épées  de  légions  nous  sont  parvenues  (i)  ;  on  ne  les 
connaît  guère  que  par  les  figures  tracées  sur  les  monu- 
ments, et  en  conséquence  avec  les  modifications  et  les  omis- 
sions que  l'art  exigeait.  » 

On  remarque,  en  outre,  que  toutes  les  épécs  primitives 
se  ressemblent  d'une  manière  frappante,  quoique  trouvées 
en  pays  diflèrents  et  éloignés,  tels  que  l'Iialie,  la  Suisse,  la 
Savoie,  la  France,  la  Russie,  la  Suède.  «  En  sorte,  dit  le 
comte  Gozzadini  (2),  que,  sans  aiTière-pensée,  et  en  se  dé- 
pouillant de  toutes  ))réoccupalions,  on  est  porté  à  conclure 
(pie  celte  ressemblance  chez  des  peuples  divers  et  sur  un 
espace  aussi  grand,  ne  peut  être  l'effet  d'un  simple  hasard. 
11  n'est  pas  non  plus  présumable  d'en  trouver  la  cause  dans 
une  imitation  matérielle,  sans  admettre  au  moins  des  pré- 
cédents unitaires;  on  est  donc  entraîné,  il  me  semble,  à  éta- 
blir l'existence  d'un  centre  commun  de  fabrication  de  ces 
armes,  et  conséquemment  une  diffusion,  un  rayonnement 
par  suite  du  commerce.  » 

Or,  où  cliercher  ce  centre,  sinon  dans  l'Elrurie,  dont  l(,'s 
ateliers  pouvaient  en  jXHi  de  jours  approvisionner  d'armes 


(1)  A  noter  cependant  qn'nn  parazoninm  de  légionnaire,  avec  manche  en 
ivoire  (pi i)b:iblenient  d'un  chef),  a  élé  liéciuvert  par  M.  le  comte  G.  De  Looz, 
dans  un  des  tniiiiilus  du  groupe  connu  d'Oinal  {La  Meuse,  it°  du  24  mars  1876, 
communication  faite  j)  ir  l'auteur  du  pi'ésent  article,  et  reproduite  par  le  Messager 
(1rs  ticlences  historiques,  1876,  p.  2:25). 

(î)  De  quelques  mors,  etc.,  p.  50. 


—  103  — 

des  armées  entières,  et  donl  les  ouvriers  se  recommandaient 
et  étaient  connus  par  leur  grande  adresse  dans  la  fusion  et 
le  travail  du  bronze,  qui  fui  un  des  points  saillants  de  l'art 
étrusque  (i). 

On  admet  aujourd'hui  que  la  période  des  bronzes  étrusques 
est  immense;  elle  s'élend  du  xiii*  siècle  peut-être  jusqu'au 
m'  avant  notre  ère  (2). 

La  présence  d'armes  de  bronze,  ou  imitées  du  bronze, 
dans  des  sépultures  du  nord  des  Alpes,  indique  donc  des 
exportations  étrusques  antérieures  à  l'époque  romaine. 

Avec  un  argument  réduit  à  cette  forme  si  simple,  il  n'y  a 
plus  qu'à  produire  des  exemples  de  sépultures  où  l'on  n'ait 
pas  trouvé  de  monnaies,  et  où,  en  même  temps  que  l'œno- 
choé,  la  ciste  à  cardons,  etc.,  et  sans  le  moindre  mélange 
avec  des  objets  pouvant  être  considérés  comme  romains, 
s'est  présentée  l'épée  de  forme  si  caractéristique,  etc. 

Ces  exemples  abondent  : 

La  sépulture  de  Weisskirchen  (0),  à  côté  du  bandeau  d'or 
déclaré  étrusque  par  Gerhard  (//)  et  d'une  œnochoé  à  bec 
relevé,  a  révélé  une  lance  en  fer,  très-grande,  avec  douille 
pour  une  forte  hampe,  deux  javelots  longs  et  élancés,  un 
poignard  de  la  forme  assimilée  pour  l'ancienneté  aux  épées 
en  question,  et  dont  le  fourreau  portait  des  ornements  sem- 


(1)  De  quelques  mors,  etc.,  p.  54. 

Voy.  aussi  de  Witte,  Ann.  de  l'Acad.  d'archéol.  de  Belg.,  2*  série,  VIII, 
|).  168  (qui  cite  Athénée,  XV,  p.  700*:);  de  Meester  de  Ravestein,  M/is.  de 
Raveslein,  Calai.  descripL,  I,  p.  526. 

(2)  Bull,  de  la  Soc.  des  antiq.  de  France,  1874,  p.  63. 

(s)  Genthe,  1"  édil.,  p.  42;  lettre  du  D""  Lindensciimit  du  4  juin  1877. 
[i)  Archaeol.  Anzeiger,  XXV,  p.  -129. 


—    100  — 

hlahlcs  à  ceux  qu'on  a  romarqurs  à  Diirckheiin,  où  la  formo 
L'Iriisqiie  des  objets  a  été  parliculièremenl  remarquée  (i). 

AWaldalgesIieim  (2),  à  côté  d'une  œnochoé  à  bec  relevé, 
c'est  un  casque  analogue  à  celui  de  Canosa,  l'antique  Canu •• 
sium,  en  Italie,  qu'on  signale  (il  est  vrai  que  le  D'  Lindeiî- 
sclimil  l'ail  valoir  de  sérieuses  considérations  à  l'encontro 
(le  la  restitution  proposée  jiar  le  D''  Aus'm  Weerth); 

Le  tumulus  «  Fucbshiigel  »  fouillé  près  de  Saint- Wondel, 
a  présenté,  auprès  d'une  œnocboé,  une  grande  épée  h  lame 
de  fer  dans  un  fourreau  de  bronze  (0). 

Le  cimetière  de  Hallstatt  (4),  à  côté  d'un  grand  nombre 
de  seaux  en  plaques  de  l)roiize  rivé  (dont  six  cistes  à  can- 
nelures liorizontales),  a  fourni  un  nombre  considérable 
d'épées  à  poignée  pleine  avec  antennes,  considérées  comme 
formant  un  type  spécial  (;;),  et  en  outre  une  épée,  trouvée 
dans  ces  tout  derniers  temps,  dans  un  fourreau  ciselé  des 
plus  remarquables,  et  dénotant  d'une  manière  incontestable 
l'art  étrusque  (g). 


(0  Voy.  entre  autres  ci-dessus,  XVII,  p.  73. 

Voy.  aussi  Lindenschmit,  Die  AllerUiïtmer  nnscrcr  hcidiiischeii  Voneit, 
III,  fascic.  III,  pi.  III  et  texte  relatif. 

(i)  Aus  'm  Weerth,  Der  Grabfuiid  von  \Yahlalgesheim,  p.  iO. 

{ô)  I.ettrc  du  D''  Lindenschmit  du  i  juin  1877. 

(4)  GiCNTHK,  /.  cit.,  p.  ."56. 

(s)  CiiANTUE,  Élinles  palèo-ellinolo(j.,  Il,  p. '270  ;  Lindenschmit,  AU.  uns. 
heidn.  Von.,  II,  faseic.  v,  pi.  v,  (ig.  1  à  5;  Gemhe,  Ueber  dcn  elr.  Taiindifi., 
I"  édil.,  p.  36;  Behthand,  Le.s  lum.  gaiil.  de  Magnti-Lambcrt ,  p.  51,  pi.  vi; 
Revue  urdtéoL,  mars  1800,  Projet  de  classifuntion  des  poignard.^  et  épées  eu 
bronze,  type  R  et  S. 

(c)  Von  Sacken,  Sur  ijuelguc.s  découvertes  nouvetlea  faites  dans  le  cimetière 
anléhistorique  de  llallstatl  [Mitllieil.  der  K.K.  Centralcommi.tsion  ziir  Erforsch. 
und  Erhall.  der  hunst-  und  histori.schen  Denkmaele,  1, 11°  I,  187.")),  Irai,  par 
Clit.net,  dans  les  Mntih-iaux,  etr.,  de  Cautaimiac,  î877,  p.  117. 


—   107  — 

Le  tumuliis  de  Monceau-Laurent,  à  Mngny-Lamberl  (i), 
a  présenté  un  long  glaive  de  fer,  à  côté  de  la  rcniarqual)le 
ciste  cannelée  reproduite  ci-dessus  (2),  et  dont  les  analogues 
ont  été  découverts  à  llallslatt  et  à  la  Certosa  de  Bologne. 

La  sépulture  de  Somme-Bionne  (-,),  à  côté  d'une  œnochoé 
à  bec  relevé  et  d'un  bandeau  d'or,  a  monti-é  une  grande 
éi)ée  du  même  genre. 

Une  nouvelle  œnoclioé  semblable  a,  paraît-il,  été  décou- 
verte à  Somme-Tourbe  (non  loin  de  Somm.e-Bionne),  et  les 
pièces  qui  accompagnaient  cette  œnochoé,  étaient,  outre  des 
débris  de  char,  une  grande  épée  en  fer,  avec  lame  de  fer 
lourde  et  solide  à  deux  tranchants,  et  un  casque  de  forme 
asiatique,  analogue  à  celle  du  casque  de  Berru  (i). 

Etc.,  etc. 

H.  Se  II  U  CRM  ANS. 

{La  suite  à  une  prochaine  livraison.) 


(1)  Flouest,  Noies,  Sefascic,  pp.  15  et  l't;  pi.  i,  fig.  5  et  7. 

(2)  Bull,  des  Comm.  roij.  d'art  et  d'archéol.,  Xïl,  p.  230. 

(3)  MoREL,  Champ,  soiileir.,  p.  50. 
(i)  Moniteur  belye,  1876,  /.  cit. 


Ux\E  COLONIE  BELGO-ROMAINE 

AU  RAVENSBOSCn 

P  R  î:  s      DE      F  A  U  Q  U  E  M  O  N  T 


Dans  un  rapport  au  Ministère  de  l'intérieur  des  Pays-Bas, 
on  date  du  21  janvier  1850,  M.  Janssen,  conservateur  au 
Musée  d'antiquités  de  l'État,  à  Leyden,  annonce  qu'il  croit 
èlre  parvenu  à  connaître  le  point  de  jonction  de  la  route 
romaine  de  Teudurum  avec  celle  de  Tongres  à  Juliers; 
il  émet  l'avis  que  ce  ))oint  de  jonction  doit  être  cherché 
à  environ  800  mètres  à  l'ouest  de  Fauquemont  et  dit  que 
non  loin  de  ce  lieu,  sur  le  plateau  du  Ravensbosch,  il  a 
découvert  des  traces  d'une  station  romaine,  qu'il  pense  être 
celle  de  Goriovallum. 

Dans  un  article  publié  dans  ce  Bulletin  (i),  nous  avons  étudié 
la  silu.'ition  de  cette  station.  Notre  examen,  on  s'en  souvient, 
nous  a  conduil  à  d'autres  résultats;  nous  estimons  que  la 
station  doit  être  placée,  non  au  Ravensbosch,  près  de 
Fauquemont,  mais  à  Heerlen,  lieu  que  les  chiffres  des 
dislances  de  l'Itinéraire  d'Antonin  et  de  la  Table  de  Peu- 
tinger  scinhiciilindiiinor  assez  clairement,  et  où,  du  reste, 
on  a  trouvé  de  nonihivux  vestiges  d'anhquités  roin;iiries. 

(i)  ISiiII.  drs  Cnmni    m/.  iVarl  et  d'anJu'ul.,  \V,  |».  505. 


—  1(11)  — 

Pour  appuyer  sa  Uièse  relative  à  la  jouclioi)  des  routes 
romaines  de  la  rive  droite  de  la  Meuse  et  sur  la  situation 
de  Goriovallum,  M.  Janssen  entreprit,  au  mois  de  septembre 
de  l'année  1830,  des  fouilles  au  Ravensbosch,  sur  lesquelles 
il  lit  rapport  au  iMinistère  de  l'intérieur,  le  !:2i  octobre  sui- 
vant. 11  s'était  proposé  de  publier  le  résultat  de  ses 
recherches;  mais  sentant  peut-être  le  peu  de  stabilité  de  sa 
thèse  au  sujet  de  Goriovallum,  il  aura  voulu  attendre  que 
des  découvertes  ultérieures  vinssent  éclairer  cette  question 
de  nouvelles  lumières,  et  il  est  mort  avant  d'avoir  pu 
réaliser  son  projet.  Heureusement,  nous  avons  obtenu 
communication  du  rapport  déposé  aux  archives  de  La  Haye, 
et  il  nous  est  ainsi  donné  d'en  faire  connaître  les  parties 
essentielles.  Nous  y  joindrons  les  observations  que  nous  ont 
suggérées  nos  propres  études  et  les  fouilles  entreprises  par 
nous  en  1865,  et  en  particulier  en  1870  et  1876,  lors  de 
notre  exploration  des  substruclions  de  Billich  et  du  Steen- 
land.  En  reprenant  aujourd'hui  les  recherches  du  savant 
hollandais,  nous  nous  sommes  proposé,  tout  en  rendant  à  la 
science  des  documents  ensevelis  dans  les  archives,  d'offrir 
un  tribut  d'estime  à  un  archéologue  qui,  pendant  les  der- 
nières années  de  sa  vie,  nous  avait  honoré  de  son  amitié. 

Le  Ravensbosch  était  au  moyen  âge  une  forêt  domaniale 
des  sires  de  Fauquemont.  En  1368,  celle-ci  passa  avec  le 
reste  de  la  seigneurie  aux  ducs  de  Brabant,  qui  la  réunirent 
à  leurs  domaines  du  pays  d'Outre  iMeuse  (i).  En  liô9,  elle 
contenait  300  bonniers  de  bois  qui  couvraient  toute  la  hau- 


(i)  Publications  de  la  Société  d'Iiist.  et  d'arcliéol.  dans  le  duché  de  Limlwurrj, 
IX,  pp.  12-15. 


—   110  — 

leur  el  lo  versant  de  la  luonlagnc,  cnlrc  Haer  et  Fauqiie- 
nionl.  Dans  l'acte  de  partage  des  pays  d'Outre-Meuse  de 
l'année  16G1,  entre  l'Espagne  et  la  Hollande,  il  l'ut  décidé 
que  la  forêt  deRavensbosch  serait  vendue  au  prolit  des  deux 
pays.  La  dernière  séance  d'adjudication  eut  lieu  en  17G7. 
La  plus  grande  partie  a  été,  depuis  ce  temps,  défrichée  par 
les  acquéreurs  ;  ce  qui  en  reste  encore  de  nos  jours  se 
trouve  enclavé  dans  les  communes  de  Houtlicm-S'-Gerlach, 
de  Schimmert  et  de  Ilulsberg. 

Le  défrichement  successif  de  la  forêt  du  Ravensbosch 
mit  de  lenq)S  en  temps  au  jour  des  substructions  et  des 
objets  de  l'époque  romaine,  (jui  altii'êrent  l'attention  des 
amateurs  d'antiquités  ;  nous  allons  i'a|)porter  les  trouvailles 
qui  sont  i)arvenues  à  notre  connaissance. 

Vers  1770,  fut  découvert  au  Ravensbosch  le  sceau  d'un 
oculiste  romain,  nommé  Cajus  Lucius  Alexander;  il  fui 
décrit  pour  la  première  fois  par  le  professeur  Sachsius  (i). 

Pèlerin,  conjecturant  (pie  l'emplacement  de  Goriovallum 
a  dii  êlre  au  Ravensbosch,  dans  la  vallée  entre  Ingcn- 
dael  (^2)  et  Haesdael,  cite  une  autre  découverle  qui  y  eut 
lieu  à  peu  près  vers  la  même  époque.  Il  rap|)orte  :  «  qu'en 
remuant  des  terres  pour  des  aplanissemcnls,  on  y  a  Irouvé 
des  parties  d'une  ancienne;  chaussée,  des  débris  de  murailles, 
des  vases,  des  plats  rouges  de  terre  sigillée,  des  niédailles, 


(1)  SacJisii  l'.plslula  ad  Heiirictiin  Va/i  Wijii  de  veleris  inedici  ociilarii  neinind 
^phrai/ide  propc  Trojeclum  (td  Mosain  mipcr  eriifa,  Leitlci),  1774,  iii-8''tie  70  p. 
Nuiis  avons  parlé  de  ceUo  ilocouvorlc  dans  le  Diillelin,  t.  VI,  p.  178,  et  dans  les 
Piibl  ,  clc,  du  Limb.,  t.  VM,  p.  570. 

(î)  Le  hameau  de  Saint-Gcriacli,  pic3  de  lloallieni,  purl;tit  aulrcfuis  le  nom 
d'Ingcndael. 


—  In- 
des usleiisilus  et  d'aulres  ])icces  aiili(jiics,  que  rignorancc 
des  Iravailleiirs  fit  en  grande  parlic  briser  (i).  » 

Ces  paroles  de  Pèlerin,  ([ul  avait  élé  propriétaire  de  la 
ferme  voisine  de  Holswyk  et  d'une  partie  du  Ravensbosch, 
avaient  adiré  lallenlion  de  M.  Cudell,  (pii,  de  son  eôlé,  fit 
dos  recherches  au  Ravensbosch,  en  182'2. 

Voici  ce  qu'il  en  dit  dans  son  Mémoire  inédit  sur  la  situa- 
tion de  Coriovallum  :  «  Une  découverte  principale,  qui  a 
échappé  à  M.  Pèlerin,  ou  pour  mieux  dire  sur  laquelle  il 
s'est  absolument  mépris,  semble  au  contraire  fixer  l'empla- 
cement de  Coriovallum  d'une  manière  non  équivoque  à  un 
quart  de  lieue  plus  loin,  au  delà  de  la  vallée,  sur  le  plateau 
qui  s'élève  entre  Haesdael,  Ingendael  et  Arensgenhout.  Cette 
découverte  est  un  pavé  de  grès,  régulier  et  assez  étendu, 
semblable  à  une  rue  de  ville,  le  même  que  M.  Pèlerin  a  pris 
pour  un  tronçon  de  la  chaussée  romaine,  mais  qui  ne  peut 
aucunement  appartenir  à  cette  chaussée  par  les  motifs 
suivants  : 

»  \.  Parce  que  ce  pavé  prend  la  direclion  du  sud  au 
nord  et  coupe  ainsi  la  chaussée  en  travers  à  angles  droits; 

»  2.  Parce  que  la  chaussée  est  construite  de  gravier 
partout  où  des  restes  en  ont  été  reconnus,  et  que  nulle  part 
ils  n'offrent  un  pavé  semblable  ; 

»  5.  Enfin,  parce  que  les  nombreux  fragments  de  tuiles 
antiques  que  l'on  découvre  à  côté,  donnent  un  haut  degré 
de  probabilité  à  l'opinion  que  ce  pavé  rcjirèsente  une  rue  de- 
l'ancien  Coriovallum.  Je  n'ai  point  eu  le  loisir  de  mesurer 


(0  Pèlerin,  Essais  lii-sloriques  cl  crillq'jei  s.ir  le  (léparleiiu'dl  de  la  Meuse- 
inférieure.  Miiestrichl,  1805,  p.  07. 


—  ihi  — 

l'clciiduc  do  ce  pavé,  donl  les  (races  soiil  encore  en  parlio 
visibles;  mais  les  ouvriers  employés  dans  le  temps  par 
M.  Pèlerin  à  relever  une  partie  de  ces  pierres  de  grès, 
fort  rares  dans  la  contrée,  pour  en  faire  paver  les  écuries, 
les  basses-cours  et  les  avenues  de  la  maison  de  campagne 
voisine  nommée  Holswyk,  iifonl  assuré  que  leur  charriage 
a  duré  continuellement  plus  de  deux  mois.  Et  encore 
M.  Pèlerin  n'a  point  fait  démolir  tout  le  pavé,  puisqu'il  y  a 
une  dizaine  d'aimées  le  meunier  Quaedvlieg,  de  Fauque- 
mont,  en  labourant  un  peu  profondément  une  pièce  de 
terre  située  sur  le  même  plateau,  en  a  rencontré  encore 
un  tronçon  notable,  dont  les  pierres  étaient  placées  dans 
un  lit  de  sable,  et  il  est  probable  qu'en  faisant  des  fouilles 
dans  la  pièce  de  terre  voisine,  on  retrouverait  encore  le 
même  pavé. 

»  Je  pourrais  encore  citer  d'autres  singularités  qu'on 
remarque  sur  le  plateau,  telle  qu'une  espèce  de  lumulus, 
peu  élevé  à  la  véi-ilé,  mais  d'une  trentaine  de  pas  de  dia- 
mètre et  entouré  à  sa  base  d'un  cercle  de  blocs  de  pierre  de 
tuf  (jnergel),  et  deux  grandes  excavations  de  terre  d'une 
forme  circulaire,  dont  l'une  offi-e  au  fond  une  espèce  de 
mamelon  semblable  à  une  tombe,  lesquelles  doivent  être 
faites  de  main  d'homme,  puisque  mes  conducteurs,  les 
échevins  Pervaes  et  Bormans,  d'Ai-ensgenhout,  m'ont  as- 
suré qu'il  n'a  jamais  existé  d'exploitation  de  pierres  de 
sable  sous  ce  terrain.  » 

Ce  qui  précède  est  tout  ce  qui  était  connu  des  subslruc- 
tions  i-omaincs  du  Ravensbosch,  (piand  au  mois  de  sep- 
tembre IHiiO,  M.  .lanssen  résolut  d'y  faire  des  fouilles  régu- 
lières pour  le  coiiq)te  du  gouvernement  hollandais. 


—   115  — 

§  I".  —  Découverte  d'un  temple  romain. 

Les  premières  investigations  eurent  lieu  en  une  pièce  de 
ferre  de  M.  Vrytholï,  située  sous  la  commune  de  Houlhem- 
Saint-Gerlacl),  entre  le  Sittarderweg  et  un  chemin  venant 
de  Haesdael.  Cette  pièce  est  notée  sur  le  plan  cadastral 
section  B,  n"  GG2.  Sur  ce  terrain  élait  située  la  motte  de 
terre  don(  M.  Cudell  l'ait  mention  et  qui  portait  parmi  les 
gens  du  voisinage  le  nom  de  Tomberg.  Cette  motte  avait  une 
étendue  de  23  mètres  carrés  et  s'élevait  à  un  mètre  environ 
au-dessus  du  sol.  Elle  était  placée  juste  sur  la  limite  des 
communes  de  Houthem  et  de  Hulsberg,  en  partie  dans  le 
bois  et  en  partie  sur  le  bord  de  la  route  dite  Sittarderweg. 

Ayant  fait  une  tranchée  dans  cette  motte,  on  trouva,  à 
la  profondeur  d'un  mètre,  des  blocs  de  pierre  de  tuffeau 
fmergel)  du  pays,  qui  furent  recomius  par  M.  Janssen 
comme  ayant  fait  partie  des  restes  d'un  sacellam  ou  petit 
temple  païen.  Une  partie  de  ces  blocs  avait  été  remployée 
à  d'autres  usages,  circonstance  qui  fit  soupçonner  que  le 
temple  de  Ravensbosch  avait  déjà  été  détruit  à  l'époque 
romaine  (PI.  I  et  II,  litt.  C).  Le  temple  en  question, 
d'une  forme  circulaii'e,  avait  à  l'intérieur  un  diamètre  de 
1S  mètres,  ce  qui  résultait  clairement  des  assises  encore 
existantes  et  des  bases  de  colonnes  de  tuffeau ,  ainsi  que  de 
quelques  fragments  de  la  corniche  et  de  la  frise.  Les  assises 
premières  étaient,  comme  celles  de  la  villa  de  Billich  et  de  la 
plupart  des  autres  subslructions  du  même  plateau,  con- 
struites en  gravier;  les  pierres  les  plus  grosses  de  ce  gra- 
vier n'avaient  pas  trois  pouces.  La  couche  était  large  de 
l^jôS  et  épaisse  de  8  centimètres.   Sur  ce  lit  de  gravier 


—     1  1 4 


îivail  élc  placée  uiil'  rangée  de  blocs  de  (ull'eau  puiii'  lonner 
les  secondes  assises,  qui  devaiciU  supporler  les  colonnes. 
Ces  blocs  avaient  la  l'orme  carrée  oblongue,  mais  un  peu 
arrondie  vers  l'extérieur;  ils  élaienl  taillés  de  manière  à 
former  le  cercle  de  la  rotonde.  Ils  mesuraient  en  diamètre 
au  bas  0"',<»^,  au  haut  0"',yO;  leur  liauleur  étail  d'un  mètre 
environ  (PI.  II,  litt.  C,  ii). 

Lors  des  fouilles,  on  ne  retrouva  plus  aucune  trace  des 
colonnes  rpii  avaient  soutenu  la  charpente  du  temple,  tandis 
qu'on  rencontra  dilTéi'ents  fragments  de  la  corniche  en 
pierre  de  luffeau,  qui  avait  dû  servir  à  relier  les  colonnes 
et  à  supporter  la  toiture.  Celte  corniche  affecte  une  forme 
de  section  de  cylindre  (PI.  II,  litt.  C,  3).  On  y  remarquait 
en  différents  endroits  la  cavité  où  avait  dû  se  placer  le 
crampon  de  fer  qui  l'avait  unie  aux  chapiteaux  des  colonnes. 
Le  plus  notable  fragment  de  la  corniche  trouvé  dans  le  dé- 
blai était  long  de  l"',55,  large  de()"',06  et  épais  vers  le  milieu 
de  0"',55.  Les  différentes  parties  avaient  été  taillées  de  ma- 
nière à  s'unir  sans  ciment  et  à  former  un  cercle  concen- 
tritiuc.  M.  Jan.ssen  déposa  quel(|ues  exemplaires  de  ces 
pierres  chez  le  cultivateur  Bormans,  à  Arensgenhout. 

Près  des  assises  du  temple,  du  côté  nord-ouest,  on  remar- 
(piait  la  base  d'un  autel  en  pierre  de  sable  de  Rolduc,  de 
forme  cai'rée  oblongue,  ayant  une  longueur  de  r",I(S,  une 
largeur  de  0"',08  et  une  hauteur  de  0'", 86,  Celte  fondation 
était  pourvue  d'un  creux,  dans  lequel  avait  dû  s'insérer  un 
crampon  de  fer  ])our  l'attacher  à  la  mensaoïiUMc  supérieure, 
et  dont  les  ouvi-iers  retrouvèrent  également  les  restes 
(PI.  II,  litt.  C,  1).  Un  gi'and  IVagment  de  noti'c  autel  avait 
étj  délei'ré  (juelipies   années  aupai'avanl   et   existe  encore 


—    ilo   — 

aiijuurd'lnii  dovanl  la  poi'lo  d'unie  maison  d'Ar('iisg'(3nhout. 
M.  JansscM),  qui  l'a  cxaiiiinù  de  près,  y  a  l'ecuiiim  une  exécu- 
tion conforme  à  celle  de  la  base  relrouvée  près  du  temple. 
C'est  également  une  pierre  de  sable  provenant  des  carrières 
de  Rolduc.  D'autres  fragments  de  notre  autel,  ainsi  ({iia  des 
blocs  de  tulTeau  ouvrés,  ont  été  découverts  vers  le  nord-ouest 
du  temple,  où  ils  luisaient  partie  d'un  pavage  consistant  dans 
un  mélange  (ie  pierres  brutes,  de  gravier,  de  tulfeau  et  de 
tessons  (PI.  II,  litt.  G,  4).  Cette  circonstance  conlirme  l'ob- 
servation émise  plus  liaut  que  le  temple  du  Ravensbosch  a 
dû  être  ruiné  au  temps  inéme  où  les  Romains  avaient 
encoi'e  leur  domination  solidement  assise  dans  nos  con- 
trées. 

Une  remarque  que  nous  avons  à  présenter  sur  ce  qui 
précède,  est  celle-ci.  L'autel  découvert  par  M.  Janssen  avait 
été  érigé  vers  le  nord-ouest  du  temple.  C'est  un  cas  exception- 
nel. Vitruve  observe  ijue  les  Romains  plaçaient  les  statues  des 
dieux  auxiiucls  étaient  consacrés  les  temples  la  face  vers 
l'occident,  afin  que  ceux  qui  venaient  faire  leurs  prières  ou 
offrir  leur  sacrifice  regardassent  l'orient.  Il  en  était  de  môme 
pour  les  autels  qui  devaient  faire  face  du  côté  de  l'orient  : 
arœ  speclent  ad  orienlcm  (i).  Mais  le  même  auteur  affirme 
que  cette  disposition  n'était  pas  de  rigueur  en  tous  lieux,  et 
que,  si  les  temples  étaient  bàlis  le  long  des  tleuves,  il  fallait 
(ju'ils  fussent  tournés  du  côté  de  l'eau,  et  de  même,  s'ils 
étaient  bâtis  auprèsdes  chemins  publics,  on  devait  lesexposer 
en  sorte  que  les  passants  pussent  regarder  dans  l'intérieur 


(i)  ViTiiuvu't.,  l)c  (ixhUeclura,  IV,  p.  8. 


—  1J()  — 

(;(  saluer  les  dieux  en  face  (i).  La  situation  de  notre  temple 
sur  le  bord  de  la  route  de  Sittard  a  peul-èlre  été  cause 
d'une  dérogation  aux  règles  générales  d'art  et  de  rituel.  En 
elïet,  si  celte  route  a  conservé  son  emplacement  depuis  la 
domination  romaine,  —  ce  qui  est  probable,  —  le  passant  a 
dû  voir  l'autel  à  l'autre  bout  du  temple  et  la  statue  tournée 
du  côlé  de  la  route  (PI.  I,  litt.  C). 

M.  Janssen  pense  que  les  ruines  du  temple  ont  pu  servir 
de  lieu  de  sépulture.  Mais  celte  bypothèse  ne  nous  paraît  pas 
jilausible  ;  le  nom  de  Tomherg  ou  de  monlicule  tumulaire  ne 
sufiit  pas  pour  la  justifier,  d'autant  plus  que  les  fouilles  n'ont 
produit  aucun  objet  provenant  avec  certitude  d'une  sépul- 
ture. Les  ossements  découverts  dans  le  tumulus  ont  été  exa- 
minés par  le  docteur  H.  Sclilegel,  conservateur  du  Musée 
d'histoire  naturelle  à  Lcyden.  Ils  ne  portaient  aucune  trace 
de  calcination  et  provenaient  d'un  cheval,  d'un  porc,  d'un 
chien  et  d'un  lapin.  Il  n'y  avait  aucun  os  humain.  Dans  le 
déblai,  les  ouvriers  ne  rencontrèrent  que  fort  peu  de  char- 
bons. Il  serait  possible  qu'une  partie  de  ceux-ci,  ainsi  que  les 
os,  provinssent  de  sacrifices. 

M.  Janssen  fit  faire  par  ses  ouvriers  deux  tranchées  dans 
l'intérieur  du  temple.  On  n'y  trouva  aucune  trace  de  murs 
intérieurs,  ni  de  pavage.  Quelques  morceaux  de  chaux,  des 
tessons  et  des  tuiles  romaines,  un  bouton  de  bronze  et  un 
petit  couteau  en  fer  furent  tout  le  résultat  de  ces  recherches. 
Le  propriétaire  du  terrain,  M.  Vrythoff.  promit  de  faire 
continuer  les  travaux,  de  niveler  le  tumulus  et  d'envoyer  à 


(i)  ViTRL'vius,  De  archiicclura,  IV,  p.  o. 


—  117  — 

Leyden  les  objets  trouvés.  Mais  il  paraît  que  cette  promesse 
n'a  pas  été  réalisée.  M.  Janssen  était  d'avis  que  la  continuation 
des  fouilles  donnerait  de  bons  résultats  et.  permettrait  de  se 
fixer  sur  l'âge  du  temple.  Mais  en  attendant,  fatigué  de 
longues  recherches  dans  un  lieu  inculte,  il  avait  eu  hcàte  de 
retourner  en  Hollande. 

Les  destinées  ultérieures  des  substructions  du  temple  du 
Ravensbosch  nous  sont  restées  inconnues.  Quand,  dernière- 
ment, nous  avons  visité  les  lieux,  l'emplacement  chisacelluni 
était  encore  visible  par  une  légère  élévation  de  la  terre  labou- 
rée (i).  Nous  regrettons  la  dispersion  des  ruines  de  ce  véné- 
rable monument,  qui  auraient  été  un  des  souvenirs  les  plus 
curieux  de  notre  patrie.  C'est,  en  effet,  la  première  fois  que 
dans  les  Pays-Bas  des  vestiges  aussi  apparents,  aussi  com- 
plets et  aussi  authentiques  d'un  temple  romain  aient  été  mis 
au  jour  (2).  La  forme  circulaire,  qui  n'est  pas  ordinaire. 


(1)  On  nous  a  assuré  que  M.  Vrythoffa  l'intention  de  convertir  cette  pièce  de 
terre,  ainsi  que  le  n"  66i,  en  prairie. 

(ï)  Il  y  a  des  auteurs  qui  soutiennent  que  l'église  de  Notre-Dame,  h  Maestriclit, 
et  la  chapelle  du  Valkcnhol",  à  Nimègue,  auraient  été  primitivement  des  temples 
païens,  mais  ils  ne  confirment  pas  leur  dire  de  preuves  sutTisantes.  (Voyez 
Annuaire  du  Limbourg  pour  1827,  p.  96,  et  Eyck  tôt  Zuylichem,  Overzicht  der 
middeleeuwsche  bouwkunst  in  Nederland,  dans  la  revue  Utrechl  voorheen  en 
thans,  II,  p  81.  «  Les  temples  s'élevèrent  en  Belgique  à  l'époque  romaine,  — 
dit  M.  ScHAYES,  —  dans  les  villes  de  Trêves,  Bavay,  Tongres  et  Tournay  et 
même  dans  quelques  localités  de  moindre  importance,  telles  que  Fcinum  Martis 
(Famars).  Mais  nous  ne  connaissons  que  par  des  inscriptions,  des  débris  de 
colonnes  onde  statues,  l'existence  de  quelques-uns  de  ces  monuments,  et  jusqu'ici 
on  n'a  trouvé  d'aucun  de  ces  édifices  des  restes  assez  considérables  pour  donner 
une  idée  satisfaisante  de  leur  plan.  »  Ajoutons  que  M.  Cuypers,  de  Breda,  a 
découvert,  en  I8il,  l'aire  d'un  temple  à  Groot-Zundert,  au  lieu  même  où  l'autel 
de  la  déesse  Sandraudiga  fut  déterré.  Les  matériaux  de  ce  temple  annonçaient  un 
édifice  de  peu  d'étendue  et  d'une  construction  fort  simple  et  même  grossière. 
ScHAYES,  /.  cit.,  l,  p.  63,  et  II,  p.  53. 


—   118  — 

rehaussait   encore   l'imporlance    de   celle   découverte   (i). 

C'est  aux  Grecs  que  les  Romains  ont  emprunté  celte 
forme  pour  leurs  sanctuaires.  On  la  rencontre  encore  de  nos 
jours  à  Rome,  à  la  Rotonde,  au  Panthéon  de  Minerve  et  à 
la  petite  église  de  Saint-Étienne  que  quelques  auteurs  sup- 
posent être  l'ancien  temple  de  Vesta.  On  voit  de  même  à 
Pouzzoles  les  ruines  de  quelques-unes  de  ces  rotondes  (2). 

Comme  M.  Janssen  n'a  retrouvé  de  notre  temple  du 
Ravenshosch  que  les  assises  des  colonnes  et  des  fragments 
delà  corniche  et  qu'il  n'y  avait  aucune  trace  de  murs  ou  de 
cella  à  l'intérieur,  comme  dans  les  temples  ordinaires,  qu'au 
surplus  rien  n'occupe  l'espace  entre  les  colonnes,  il  est  à 
présumer  que  notre  temple  a  appartenu  à  la  catégorie  des 
rotondes  à  jour  que  Vitruve  appelle  monoptères  (-.).  On  voit 
dans  celte  sorte  de  sanctuaires  la  statue  de  la  divinité  et 
l'autel  des  sacrifices  entourés  d'une  simple  colonnade  et 
protégés  par  un  toit  l'ond  en  forme  de  champignon  (a). 

On  trouve  le  dessin  de  ces  temples  fréquemment  repré- 
senté sur  les  médailles  des  empereurs  romains  Néron,  Titus, 
Domitien  et  autres,  ainsi  que  sur  celles  des  familles  Cassia 
et  Tullia,  avec  l'inscription  Yesla.  D'après  le  sentiment  de 
quelques  auteurs,  on  dédiait  une  rotonde  à  la  déesse  Vesta, 
pour  signifier  l'univers,  au  milieu  duquel  les  Pythagoriciens 


(1)  A  peu  de  (listance  de  notre  temple,  sur  le  môme  eôté  de  la  route,  M.Vrytliofi' 
ahàti,  en  l8G9,la  nouvelle  ferme  de  Ravenshoseli.  A  cette  oeeasion  fut  défrichée 
toute  la  forêt  du  plateau;  mais,  pour  autant  que  nous  sachions,  un  n'y  découvrit 
aucune  antiquité. 

(i)  B.  DE  MoNTFAiiOON,  L'antiquité  expliquée,  H,  p.  -18. 

(s)  «  Fiunt  autcm  aedes  rotundae,  c  quibus  aliae  monopterae,  sine  cella 
coluninatae,  constituuntur,  ^Yuc  periptcrae  dicuntur.  Vitiu'v.,  IV,  p.  7. 

{4)   Dr.  MoNiKArcoN,  II.  ji.  7^.  pi.  mu  el  mv. 


BULLETIN  DES  COMMISSION  ROYALES  D'ART  ETD'ARCHÉ0L0GIE._TXV1L 


RAVENSBOSCH 


PL.llI. 


\AÙ\.^Ucvîv^.itattàu 


Objets  de  grandeur  réelle. 


—  119  — 

plaçaient  le  fou  qu'ils  appelaient  également  Vcsla.  C'est 
Numa  Ponipilius  qui  passe  pour  avoir  bâti  à  Rome  le  pre- 
mier (emple  orbiculairc,  pour  conserver  le  feu  sacré,  et  le 
mit  sous  la  protection  des  vierges  vestales.  C'est  sur  ce  pro- 
totype que  les  rotondes  de  Vesla  se  multiplièrent  partout. 
Il  n'est  pas  impossible  que  la  rotonde  du  Ravei>sboscli  ait 
appartenu  à  celte  catégorie  de  bâtiments. 

Après  ces  opérations  dans  l'intérieur  du  temple,  M.  Janssen 
fit  faire,  au  moyen  d'une  sonde  en  fer,  des  recherches  dans 
le  voisinage  immédiat  pour  retrouver  d'autres  fragments  de 
l'autel  sur  lesquels  il  avait  l'espérance  de  lire  une  inscription 
indiquant  la  dédicace.  C'est  à  cette  occasion  que  fut  déterré, 
au  sud-est  de  la  rotonde  ,  un  couteau  ou  stylet  d'origine 
romaine,  qui,  avec  le  reste  des  objets  décombres,  fut 
envoyé  au  Musée  de  l'État,  à  Leyden  (PI.  III,  fig.  1  et  1''*'). 
Ce  fut  le  seul  résultat  de  ce  travail  long  et  pénible. 


§  II.  —  Autres  travaux  et  svbstructions  roiitaines  sur  le 
plateau  du  Bavensbosch. 

Un  autre  but  des  études  de  ^^  Janssen  au  Ravensbosch 
était  de  suivre  le  tracé  de  la  route  de  Tongres  à  Juliers, 
par  Coriovallum.  C'est  à  l'occasion  de  ces  recherches  sur  le 
même  plateau  que  furent  découvertes  les  substruclions  qui 
suivent  : 

^.  A  I')0  mètres  du  temple,  plan  cadastral  de  Houthem, 
section  B,  n"  06i,  les  ouvriers  trouvèrent  un  pavage  de 
10  mètres  de  long  et  autant  de  large.  Ce  pavage  avait 
été  conslruit  au  moyen  de  matériaux  pareils  à  ceux  qu'on 


—  mo  — 

avait  rencontrés  à  côté  du  Icmple  (i)  (PI.  I  et  II,  lill.  D). 
On  y  exhuma  dans  le  déblai  un  petit  masque  de  femme  en 
bronze  d'une  exécution  artistique  passable  et  qui  probable- 
ment avait  servi  d'ornement  à  un  meuble.  L'arrangement 
fantastique  de  la  chevelure  de  ce  masque  est  h  remarquer 
(PI.  III,  fig.  2). 

Comme  les  ouvriers  ne  trouvèrent  ni  tuiles,  ni  poterie, 
ni  mobilier  de  ménage  quelconque,  nous  supposons  que  ce 
pavé  provenait  du  dallage  intérieur  d'une  élable,  couverte 
(le  chaume,  sans  murs  maçonnés,  et  dont  la  charpente  aura 
été  de  bois. 

2  et  3.  Entre  les  deux  routes  nommées  de  Bosclutraat  et 
le  Keelwcfj,  qui  se  dirigent  vers  Slraatbeek  (plan  cad.  de 
Houthem,  section  B,  n"  551),  les  ouvriers  découvrirent  deux 
autres  dallages  qui  ne  différaient  des  précédents  que  par 
la  disposition  de  leur  forme  (PI.  I  et  II,  litt.  E  et  F). 

Le  premier  (E)  se  trouvait  à  1 ,2'20  mètres  et  le  second  (F) 
à  1,420  mètres  au  sud-ouest  du  temple.  La  forme  de  ces 
substructions  indique  suffisamment  que  ce  sont  des  assises 
de  bâtiments  dont  la  partie  supérieure  a  disparu.  Dans 
le  déblai,  M.  Janssen  rencontra  des  restes  de  mobilier  d'une 
villa  :  des  tessons  de  plats,  de  tasses,  de  patères,  de  cruches, 
d'ollas  et  des  fragments  d'une  bouteille  ou  d'un  bol  en  verre 
vert.  Ce  qui  attira  surtout  son  attention,  ce  furent  les  mor- 
ceaux de  différentes  pierres  meulières  à  bras,  en  tuf  d'An- 
dernach.  Deux  de  ces  pierres,  d'une  belle  conservation, 
rur(  lit  Iransporlées  à  Leyden.  Comme  ces  objets  se  trou- 


())  Nous  avons  retrouvé  ce  pavage  en  1876,  mais  fortement  endommaiié  par 
le  son  (li:  In  rharnii;.  I.rs  pierres  bmlrs  et  surioiitlos  silex  y  abondaient. 


BaLLETIE  DES  COMMISSIONS  ROYALES  D'ART  ET  DARCHÉ0LOGIE._  TXWI 


1 


1 


PL.Jl. 


C.2 


•  SUBSTRUCTIONS 
JSBOSCH  EN  1850. 


LUli  N.Heins.âGand 


BULLETIN  DES  COMMISSIONS  ROYALES  D'ART  ET  DARCHE0LOGIE..T.XV1I. 


1 


Plan  détaillé  des  Substructions 
trouvées  au  ravensbosch  en  1850. 


—   121   — 

valent  sous  les  fondations,  il  est  à  présumer  qu'ils  prove- 
naient d'un  bâtiment  antérieur  dont  les  ruines  ont  servi  à 
élever  de  nouvelles  constructions.  De  la  hauteur  où  l'on 
a  exhumé  ces  substructions,  on  jouit  d'une  vue  admirable 
sur  la  petite  ville  de  Fauquemont  et  la  vallée  de  la  Geule 
(pron.  Gueule). 

4.  A  100  mètres  environ  au  sud-est  des  substructions  (F), 
fut  découvert,  quelques  années  avant  les  recherches  de  1850, 
un  vieux  mur  en  briques  romaines  cuites  et  de  forme 
carrée  (PL  1  et  H,  litt.  G).  Ce  mur,  dont  les  traces  furent 
retrouvées  par  M.  Janssen,  avait  été  arraché  par  le  proprié- 
taire du  terrain. 

D  et  6.  Ayant  appris  par  les  gens  du  pays  que  vers  le 
nord  du  temple,  sous  la  commune  de  Schimmert,  existaient 
encore  d'autres  substructions,  notre  explorateur  y  fit  faire 
des  recherches  au  moyen  de  la  sonde  et  rencontra,  sur  une 
étendue  d'environ  1 ,000  mètres,  des  tuiles  romaines  en  abon- 
dance, ainsi  que  des  pavés,  qui  lui  parurent  de  la  même 
nature  que  les  précédents.  Sur  le  plan  cadastral  de  Schim- 
mert, les  pièces  de  terre  où  se  rencontrent  ces  substructions 
portent  les  n°' 262,  286  et  511.  Dans  le  champ  qui  porte 
len"  51 1 ,  un  campagnard,  en  labourant  la  terre,  avait  trouvé, 
quelques  années  auparavant,  une  statue  mutilée,  en  argile, 
de  grandeur  naturelle,  représentant  un  homme  debout, 
dont  les  bras  et  les  jambes  étaient  cassés  (i).  Ce  terrain,  qui 
porte  le  nom  caractéristique  de  Steenland  ou  champ  de 
pierre,  à  cause  de  la  grande  quantité  de  substructions  qui  s'y 


(i)  M.  .lansseii,  qui  rapporte  ceUe  trouvaille,  essaie  de  mettre  ceUe  statue  eu 
rapport  avec  le  temple  du  Ravensboscli. 


122  — 

découvrent  (i),  a  été  fouillé  par  nous,  au  mois  de  septembre 
1870,  en  société  de  M.  Roersch,  professeur  à  l'Université 
de  Liège.  Nous  y  avons  suivi  les  assises  en  gravier  d'un 
enclos  carré,  long  de  250  mètres  cl  large  de  95'"80.  Dans  ce 
carrefour,  où  deux  routes  se  croisent,  se  trouvent  les  ves- 
tiges de  deux  grands  corps  de  hàtimenis,  dont  l'un,  qui  a 
été  entièrement  déblayé,  formait  une  maison  de  maître  avec 
une  cave  maçonnée  et  des  chambres  pavées  de  tcsla  contitsa 
(PI.  I  et  II,  litt.  A).  Nos  fouilles  du  Stemland,  dans  les- 
quelles nous  croyons  reconnaître  un  établissement  noiable, 
feront  l'objet  d'une  description  spéciale. 

7.  M.  Fr.-Guill.  Voncken,  géomètre  à  Scbimmerl,  rap- 
porlait  en  1850  à  M.  Janssen  qu'il  y  avait  près  de  Ilaesdael, 
à  400  mètres  environ  vers  l'ouest  du  Stcenland,  une  partie 
où  les  blés  dépérissaient  avant  le  temps.  Celui-ci  n'eut  pas  le 
loisir  d'examiner  cette  découverte;  mais  le  numéro  du 
cadastre  qu'il  indique  détermine  suflîsamment  l'endroit  : 
c'est  l'emplacement  des  substruclions  de  Billicli  qui  ont  é(é 
fouillées  par  nous  en  i870  et  dont  la  description  sera 
présentée  ultérieurement  au  liuHelin  des  Comm.  roy.  d'art 
et  d'archéol.  (PI.  I,  litt.  B). 

8.  A  environ  30  mètres  au  sud  âe^  substruclions  pré- 
cédentes, sur  la  pente  du  plateau,  se  trouvent  également 
des  substruclions  que  nous  avons  reconnues  au  moyen  de 
la  sonde,  au  mois  de  septembre  1876  (PI.  I,  lill.  P). 

0.  A  une  centaine  de  pas  vers  l'ouest,  on  renconire 
sur  la  terre  labourée  d'autres    indices   de  substruclions, 


(i)  Voy.  ail  suji'l  'ii'  <ctle  lU'^iioininjitimi  de  Sicriilaiid  les  (ibseivations  de 
M.  SciiiF.RMANs,  liiill.  (lex  Comm   roii.  il'/tit  cl  (Vanhcol.,  V,  p.  <()9. 


—   123  — 

comme  assises,  tuiles  à  rebord  el  tessons  (PI.  I,  litt.  Q). 

40.  Un  de  nos  ouvriers  nous  a  informé  qu'à  une  centaine 
de  pas  au  sud  de  l'excavation  du  lieu  dit  lict  Kuilfje,  et  à 
peu  de  distance  du  Molenweg,  la  cliarrue  heurte  des  tuiles 
et  des  assises.  Le  temps  nous  a  manqué  pour  vérifier  ce 
renseignement  (PI.  I,  lilt.  R). 

M.  Dans  son  Mémoire  sur  la  situation  du  Coriovallum, 
feu  M.  Cudell  écrit  ce  qui  suit  :  «  Une  partie  de  la  chaussée 
romaine  a  été  découverte  dans  une  prairie  de  M.  Hons,  à 
Haesdael,  qui  touche  au  plateau  du  Ravensbosch  ;  mais  il 
ne  parait  point  qu'elle  ait  pu  faire  partie  de  celle  que  je 
viens  de  décrire;  avant  d'émettre  une  opinion  à  cet  égard, 
il  faudrait  examiner  ces  objets  avec  plus  d'attention  que  je 
n'ai  pu  y  consacrer  jusqu'à  présent.  »  Nous  avons  exa- 
miné la  prétendue  chaussée  de  la  prairie  Hons;  ce  sont 
des  substructions  qui  datent  évidemment  du  moyen  âge 
et  forment  les  restes  d'une  ancienne  ferme  qui  a  dépendu 
du  château  de  Haesdael.  Nous  mentionnons  ce  passage  du 
Mémoire  de  M.  Cudell  uniquement  pour  épargner  à  d'au- 
tres  archéologues  la   peine  d'une   vérilication  ultérieure. 

12,  15,  14  et  m.  Dans  le  fragment  du  Mémoire  de 
M.  Cudell,  que  nous  venons  de  citer  au  commencement  de 
cette  notice,  il  est  parlé  de  «  deux  grandes  excavations  de 
terre,  d'une  forme  circulaire,  dont  l'une  offre  au  fond  une 
espèce  de  mamelon  semblable  à  une  tombe.  »  II  y  a  quatre 
de  ces  excavations  au  Ravensbosch.  La  première,  nommée 
de  Boschkuil,  est  située  sur  le  territoire  de  Houthem,  entre 
le  Hagensweg  et  le  Siltarderwcg,  à  une  dislance  d'environ 
60  mètres  de  ce  dernier  et  à  200  mètres  du  temple.  Ce  fossé 
affecte  In  forme  ovale,  a   une  profondeur  de  0  mètres;  il 


—  12i  — 

osl  large  de  bO  mètres  et  long  de  60.  Il  y  a  quelques  années,  il 
était  en  pleins  bois;  aujourd'hui  c'est  un  champ  cultivé. 
D'après  le  dire  d'un  vieillard  du  voisinage,  c'est  aux  envi- 
rons du  Bosclikuil  que  fut  déterré,  au  commencement  de  ce 
siècle,  une  pierre  tumulaire  en  grès,  avec  un  bas-relief  et 
une  inscription.  Il  avait  vu  ce  monument  chez  un  cultiva- 
teur à  Haesdael,  où  il  avait  été  déposé  (V.  pi.  I,  Boschkuil). 

La  seconde  excavation,  nommée  de  Sini-Servaaskuil,  ou 
fossé  de  Saint-Servais,  se  trouve  à  600  pas  environ  au  sud- 
ouest  du  temple.  Elle  affecte  également  la  forme  ovale;  pro- 
fondeur, S  mètres  ;  longueur,  04  mètres  ;  largeur,  48  mètres 
(Voyez  pi.  I,  S'-Servaaskuil). 

D'après  un  conte  populaire,  saint  Servais,  évéque  de 
Maestricht,  aurait  enterré  dans  ce  lieu  des  cloches  non  bap- 
tisées qui  sonnent  la  nuit  de  Noël  et  la  nuit  du  43  mai, 
jour  du  décès  du  saint  (1).  Le  fossé  de  Saint-Servais  se  trouve 
également  sur  le  territoire  deHouthem. 

Une  troisième  excavation,  nommée  hel  Kuiltje,  se  voit 
sur  une  hauteur,  à  100  pas  au  delà  du  Molenweg,  entre 
Haesdael  et  le  Ravensbosch,  sur  le  territoire  de  Schimmert 
(Voyez  pi.  I).  Elle  mesure  environ  GO  urètres  en  diamètre 
et  a  une  profondeur  de  o  mètres.  Ses  bords  ont  beaucoup 
souffert  par  la  charrue.  Le  lieu  où  elle  est  située  s'appelle 
op  hel  Veldjc. 

Une  quatrième  excavation,  un  peu  plus  grande  que  les  trois 
qui  précèdent,  mais  fort  détériorée  par  la  culture,  est  creusée 
dans  une  pièce  de  terre  à  Billich,  près  é\i  Ilagensweg; 


(1)  l'iibl.,  (i[c.,(Jii  Limhourg,  V.  p.  ?5i6. 


~  i^2:i  — 

profonileiir  6  mètres;  sa  siUialion  esl  à  peu  près  à  ui)e 
distance  égale  des  substruclions  du  Steenland  et  de  colles 
de  Billich.  Primitivement  ces  fossés  paraissent  avoir  été  des 
carrés,  ce  qui  résulte  des  bords  et  des  contours  qui  en 
restent.  M.  Janssen ,  qui  n'a  connu  et  mesuré  que  le  fossé 
de  Saint-Servais,  n'hésite  aucunement  à  l'attribuer  aux  Ro- 
mains, le  peuple  de  l'univers  qui  a  opéré  le  plus  d'ouvrages 
de  terrassement.  En  cela  nous  sommes  d'accord;  mais 
M.  Janssen  voit  dans  cet  ouvrage  ou  un  grand  réservoir 
d'eau,  011  un  puits  pour  extraire  des  blocs  de  tuffeau  des 
carrières  souterraines.  Or  ces  deux  hypothèses  ne  peuvent 
obtenir  notre  adhésion.  Si  M.  .hinssen  avait  connu  le  pays 
environnant  et  les  trois  autres  excavations,  il  aurait  sans 
doute  hésité  à  les  admettre.  Et  d'abord  il  se  serait  convaincu 
(le  l'inutilité  de  creuser  à  grands  frais  des  galeries  pour  ex- 
traire le  tuffeau,  sur  le  plateau  du  Ravensbosch,  tandis  qu'à 
(pielques  centaines  de  pas  de  là,  dans  la  vallée  voisine,  celte 
exploitation  peut  se  faire  fort  commodément  à  ciel  ouvert. 
Si  M.  Janssen  avait  connu  les  quatre  excavations,  l'hypo- 
thèse de  bassins  d'eau  lui  aurait  paru  plus  improbable 
encore,  car  trois  des  quatre  fossés  se  trouvent  sur  une  émi- 
nence,  vers  laquelle  l'eau  pluviale,  la  seule  qui  existe  sur  le 
plateau,  ne  peut  pas  s'écouler. 

Gomme  ces  excavations  datent  à  nos  yeux  de  l'époque 
romaine,  nous  ne  pouvons  non  plus  nous  résigner  à  y  voir 
des  margelles  ou  mnrdelles  gauloises,  assez  ressemblantes 
pourtant  avec  ce  que  nous  avons  ici. 

La  seule  hypothèse  plausible  à  nos  yeux  est  de  considéi-er 
ces  excavations  comme  des  travaux  militaires.  Elles  sont 
trop  considérables  pour  avoir  été  l'entreprise  d'un  particulier 


—  1:20  — 

ou  (riiiic  |)('li(u  coinimiiiaulc.  Nous  ci'uyoïis  doue  (juc  ces 
cxcavalions  ont  clé  des  rcli'auclicnients  prati(jUL'S  dans  le  sol 
|)ar  l'autorilé  inililaire  rouiaine  pour  défendre  coulre  l'cii- 
nemi  la  j)clile  colonie  du  Ravensbosch,  sans  douîc  à  l'époque 
où  l'exploilation  des  latifundia,  autour  des  villas,  avait  cessé 
d'elre  sûre,  et  où  il  tallul  sui-veiller  et  protéger  par  d(,'S 
postes  niiiilaires  les  colons  fraidvs  appelés  par  les  empereurs 
j)Our  cultiver  les  aroa  jacenlia  des  Nerviens,  Trévires,  etc. 
L'ensemble  de  ces  retrancliemcnts  forme  en  elïél  un  carré 
parfait,  qui  protège  et  conmiande  le  i)rofond  ravin  par 
lequel  a  dû  monter  une  route  romaine  en  longeant  le  petit 
ruisseau  de  Straalbeek  (v.  pi.  I).  Connue  ces  retranchements 
sont  actuellement  sans  remparts  de  terre,  nous  supposons 
qu'ils  ont  été  défendus  primitivement  par  ôc^i  |)alissades  de 
bois,  ou  que  les  bords  ont  été  aplanis  depuis.  M.  Janssen 
a  trouvé  deux  excavations  pareilles  aux  noires  près  du 
cam|)  l'omain  de  Melenborg,  à  Ilalen,  près  de  Uuremonde, 
mais  il  s'obstine  à  y  voir  des  réservoirs  d'eau.  Dans  un  ar- 
ticle prochain,  nous  montrerons  que  ce  camp  a  les  analogies 
les  plus  frappantes  avec  notre  colonie  du  Ravenbosch. 

v^  m.  —  Sulisiruclions  romaines  il((ns  la  vallée. 

Les  découvertes  ([Ut;  nous  venons  d'énumérer  se  trouvent 
toutes  sur  le  ))ialeau.  Dans  la  vallée,  entre  llaesdael  et  Sainl- 
Gerlacb,  nous  avons  rencontré  celles  qui  suivent  : 

IG.  Vm  (piitlant  la  chaussée  jjrovinciale  à  Groot-llae^dael, 
pour  aller  par  le  Grachlweg  à  Houthem,  on  trouve  à  droite, 
bur  une  liauUnir  ii  500  inèlres  environ  de  ladite  chaussée, 
les  sub.'îli'iiclions  de  la  petite  villa  [\cBni»u7ienkoul,(\\w  nous 


—   1:27  — 

avons  Ibuilléos  cl  dunl  procliaiiKMueiil  nous  essaierons  de 
rendre  compte  (PI.  I,  litl.  M). 

47.  A  environ  iiOO  mètres  des  subslruclions  (Mj  et  à  une 
distance  égale  des  limites  de  la  commune  de  Houlliem,  se 
rencontre  une  autre  éminence,  appelée  den  Ooen,  où  nous 
avons  reconnu,  au  moyen  de  la  sonde,  des  tuiles  à  rebord  et 
des  assises  de  bâtiments  (PI.  I,  litt.  0). 

'J8.  Sur  une  liauleur  voisine  des  subslruclions  (M)  et  (0), 
mais  sur  le  territoire  de  Houtliem,  entre  le  Katsbeemd  et 
l'allée  qui  mène  à  la  campagne  de  Holsvvyck,  M.  Loisel, 
propriétaire  de  ladite  campagne,  nous  a  indiqué  une  pièce 
de  terre  labourable  de  six  lieclares,  dont  un  hectare  environ 
est  tout  parsemé  de  débris  de  la  civilisation  romaine. 

Des  pierres  de  tuffeau  et  des  tuiles  s'y  rencontrent  à  pro- 
fusion, Un  domestique  de  la  ferme  nous  a  montré  un  frag- 
ment de  meule  Irusatile,  en  pierre  volcanique  d'Andernacli, 
(ju'il  y  avait  mis  au  jour  au  moyen  de  la  charrue.  La  posi- 
tion des  substructions  est  à  environ  200  mètres  de  la  villa  (M) 
et  à  500  mètres  au  nord-ouest  de  Holswyck  (PI.  I,  litt.  N). 
Ce  sont  les  mêmes  découvertes  dont  Pèlerin  et  Cudell  font 
mention  comme  ayant  été  opérées  entre  Haesdael  et  Ingen- 
dael  et  que  nous  avons  rapportées  au  commencement  de 
celle  notice. 

Si  nos  informations  sont  exactes,  c'est  dans  les  subslruc- 
lions litt.  N  que  fut  trouvé,  dans  la  seconde  moitié  du 
siècle  passé,  le  sceau  de  l'oculiste  Cajus  Lucius  Alexander, 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  En  effet,  d'après  le  !\lé- 
moire  de  M.  Cudell  sur  la  situation  du  Goriovalluni, 
M.  Ilomberg,  successeur  de  M.  Pèlerin  dans  la  propriété 
de  Holswyck,  aurait  raconté  qu'on  avait  découvert  autrefois 


—   h2S  — 

(hiiis  ces  ruines  une  éi)ila|)l)e  |)()i'(anl  <ju'clle  avait  été  clécliée 
par  le  jiropriélaire  de  la  villa  voisine  à  son  médecin,  qui 
l'avait  sauvé  d'une  maladie  grave.  C'est  évidemment  une 
léminiscence  du  sceau  de  G.  L.  Alexander,  dont  M.  Hom- 
berg,  par  erreur,  a  fait  une  inscription  funéraire. 

19.  Dans  la  partie  non  défrichée  du  Ravensbosch,  entre  la 
campagne  de  Holswj-ck  et  la  maison  du  gar(Je  forestier, 
nommée  Yogelenzang,  sur  la  rive  gauche  de  la  Straatbeek, 
se  trouve  une  gorge  dans  le  versant  de  la  montagne,  appelée 
('e  l.uyrrskoelen.  C'est  là  qu'on  rencontre  de  nombreux 
vestiges  d'un  établissement  romain.  En  y  plantant  un  arbre, 
M.  Loisrl  a  trouvé  les  fragments  d'une  fiole  en  verre  vert, 
les  gonds  en  fer  d'une  porte  et  la  lame  d'un  couteau  rouillé. 
M.  Janssen,  de  son  côté,  y  a  exhumé  de  nombreux  frag- 
ments de  poterie,  dont  quelques-uns  en  terre  sigillée.  La 
j)artie  de  cette  villa  que  nous  avons  fouillée  avait  des 
substruclions  en  tuffeau  de  petit  appareil  (PI.  I,  litl.  K). 

20.  Outre  les  substruclions  que  nous  venons  d'énumérer 
et  qui  toutes  se  trouvent  dans  le  centre  de  la  colonie  du 
Ravensbosch,  nous  croyons  qu'on  peut  compter,  comme" 
appartenant  à  la  même  série  d'établissements,  la  villa  du 
Rondenbosch  fouillée  par  M.  Schuermans  en  18G4  (i),  un 
))etit  cimetière  dans  le  Vrouwenbosch  et  des  vestiges  de 
substructions  dans  le  versant  près  de  là  (2),  ainsi  qu'un 
autre  cimetière,  exploré  à  Broeekhem,  près  de  Fauque- 
monl  (3). 


(1)  Bull,  des  Conm.  roy.  d'art  el  d'archéol.,  VI,  pp.  1 1 1-I(j8. 
(î)  Ce  sont  les  substructions  entre  le  Nyslenweg  et  la  Drinkbcck,  dont  nous 
parlerons  ci-après. 

(3)  Vublicalions,  etc.,  du  Limbourg,  II,  p.  212,  et  IV,  pp.  \'2-H. 


—  129  — 

Cette  nomenclalure  d'élablissements,  quoique  assez  longue, 
est  cependant  loin  d'être  complète.  La  campagne  de  Ravens- 
boscli  récèle  vraisemblablement  d'autres  vestiges  encore  que 
la  charrue  n'a  pas  remués  ou  que  les  habitants  du  voisi- 
nage ont  négligé  de  nous  indiquer.  Et  puis,  le  bois,  dont 
une  grande  partie  existe  encore,  est  une  terre  mystérieuse 
que  la  main  de  l'homme  ne  touche  guère  qu'en  coupant  à 
de  rares  intervalles  un  hêtre  ou  un  chêne  séculaire.  C'est 
un  labyrinthe,  en  grande  partie  défendu  par  les  ronces  et 
les  taillis.  Les  indications  qui  précèdent  ne  lèvent  donc 
qu'en  partie  le  voile  qui  couvre  les  Romains  du  Ravensbosch. 
Il  appartient  aux  archéologues  de  l'avenir  de  compléter  le 
travail  que  nous  avons  commencé. 


§  IV.  —  Anciennes  routes  qui  aboutissent  au  Ravensbosch 
du  côté  de  la  chaussée  de  Maestricht  à  Fauquemont. 

Où  il  y  a  des  habitations,  il  faut  aussi  qu'il  y  ait  des 
communications  pour  y  arriver.  C'est  une  vérité  incontes- 
table. Les  routes  qui,  de  nos  jours  encore,  mènent  au  Ra- 
vensbosch sont  nombreuses;  mais  il  n'est  pas  facile  de 
déterminer  celles  qui  datent  de  l'époque  romaine.  Le  temps 
y  a  apporté  des  changements  divers  ;  le  défrichement  de  la 
forêt  et  le  morcellement  des  terres  ont  été  cause  que  de 
nouveaux  chemins  ont  été  établis  et  que  d'anciens  ont  été 
supprimés  ou  mis  hors  d'usage. 

Nous  nous  bornerons  ici  à  signaler  les  routes  qui  accèdent 
au  Ravensbosch  du  côté  de  la  vallée  de  la  Geule,  où  a  passé 
la  grande  artère  du  pays,  la  chaussée  romaine  de  Tongres  à 


—  150  — 

CoriovalIuni(0  :  lesautres  ne  nous  paraissant  avoir  pour  notre 
sujet  qu'une  importance  secondaire;  nous  les  négligerons.  En 
commençant  du  côté  de  Maestricht,  nous  rencontrons 
d'abord  la  route  de  Meerssen  à  Amstenrade,  qui  a  été 
déclarée  route  provinciale  et  a  été  empierrée  de  gravier  en 
I8()2.  Elle  quitte  la  chaussée  de  Maestricht  à  Fauquemont 
à  50  mètres  environ  à  l'ouest  de  la  villa  romaine  de 
Herkenberg  (2),  gravit  la  hauteur  de  Raer  et  aboutit  der- 
rière Hacsdael  au  plateau  du  Ravensbosch,  près  des 
substructions  du  Steenland.  Nous  avons  annoté  une  partie 
de  cette  route  sur  notre  pi.  I. 

Une  seconde  route,  d'après  les  restes  que  nous  en  avons 
étudiés,  a  dû  quitter  la  chaussée  de  Maestricht  à  Juliers,  près 
des  premières  maisons  de  Houlhem,  du  côté  de  Meerssen. 
Dans  une  pièce  de  terre  près  du  chemin  de  fer,  nommée  liel 
Vossenstuk,  plan  cadastral  de  Houthem  n"  1005;  pendant 
les  étés  secs,  on  voit  cette  route  marquée  dans  les  blés. 
Nous  l'avons  fouillée  et  reconnue  entre  le  Heiweg  et  le  Nys- 
tenweg  sur  une  longueur  de  70  mètres.  La  couche  de 
gravier,  fort  mince  sous  le  pas  des  chevaux,  avait  0'",03  à 
0'",03  dans  les  ornières,  qui  étaient  éloignées  de  2  mètres 
environ  l'une  de  l'autre.  La  route  est  large  de  4"', 50  et  se 


(1)  Cette  chaussée,  à  peu  d'exceptions  près,  est  celle  qui  de  nos  jours  va 
(ic  .Maestricht  a  Hecrlen  ((".oriovallum)  par  Meerssen,  Fauquemont  et  Klimmen. 
l'eiidant  le  moyeu  âge,  elle  servait  de  passage  aux  marchands  de  Cologne  et  de 
Francfort;  les  stalions  romaines  y  étaient  changées  en  hospices  pour  les  voyageurs 
et  les  pèlerins. 

.Sous  l'empire  de  Napoléon  I",  elle  fut  remise  dans  son  état  actuel.  Voyez  sur 
(t'tte  route  Publ.,  etc.,  du  Limbourg,  II,  pp.  219  et  253,  et,  par  comparaison, 
ci-dessus  liiill.  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol.,  X,  p.  41  i. 

(i)  V(.y.  Itull.  des  ilomm.  roij.  d'art  et  d'a)-ché(d.,  VI,  p.  22!l. 


—   151  — 

dirige  vers  des  substructions  entre  le  Nystenweg  et  la  Drink- 
beek.  Quelques  fouilles  que  nous  avons  lait  entreprendre 
dans  ces  substructions,  nous  ont  appris  que  les  assises  en 
gravier  avaient  une  largeur  de  0'",53  à  0"',o7  et  qu'un 
mur  maçonné  en  pierre  de  tuflfeau  de  petit  appareil  était 
large  de  0'",50.  Des  tuiles  à  rebord  et  des  tessons  de  po- 
terie romaine  ont  été  pour  nous  un  indice  certain  d'établis- 
sement romain.  Ces  substructions  se  trouvent  sur  un  terrain 
portant  au  plan  cadastral  de  Houthem  les  n°'  295,  1412  et 
14.13.  De  là,  notre  route  n'est  plus  reconnaissable,  mais 
nous  pensons  qu'elle  a  dû  se  diriger  par  la  pente  vers 
le  Vrouwenbosch  et  les  substructions  du  Rondenbosch 
pour  aboutir  dans  la  vallée  du  Ravensbosch  près  des 
substructions  d'Oven  et  de  Brummenkoul  (PI.  I,  litt.  0, 
MetN). 

Une  troisième  route  a  dû  monter  vers  le  plateau  du 
Ravensbosch  par  la  vallée  où  coule  la  Straatbeek,  à  côté  des 
substructions  des  Luyerskoulen  (PI.  I,  litt.  K),  pour  aboutir 
sur  la  hauteur  près  des  deux  villas  de  Billich  (PI.  I,  litt.  B 
et  P).  C'est  actuellement  un  sentier  difficile  et  peu  fréquenté 
à  travers  le  bois. 

Du  côté  de  Fauquemont  existent  trois  routes  qui,  après 
avoir  quitté  la  chaussée  de  Maestricht  entre  Fauquemont  et 
Broekhem,  gravissent  la  hauteur  et  vont  s'unir  en  une 
seule  sur  le  plateau  du  Ravensbosch,  Ce  sont  le  Sittarder- 
weg,  le  Keelweg  et  le  Boschstraat. 

Parmi  ces  routes,  il  y  en  ïune  qui  nous  semble  avoir  une 
importance  extraordinaire  et  qu'il  sera  utile  de  poursuivre 
au  delà  de  la  colonie  du  Ravensbosch;  c'est  le  Sitlarderweg 
se  dirigeant  vers  Tudderen,  l'ancien  Teudurum  de  l'Itiné- 


—  1Ô2  — 

raire  d'Antonin.  Celle  route  est  censée  relier  la  chaussée  de 
Tongres-Julicrs  à  celle  de  Coriovallum  vers  Golonia  Trajana. 
C'est,  en  effet,  le  chemin  qui  nous  paraît  être  le  plus  court  et 
le  plus  direct  entre  Tongres  et  Xanten,  de  même  que  la 
route  de  Hcerlen  {Coriovallum)  par  Tudderen,  a  dû  être  le 
chemin  le  plus  direct  et  le  plus  court  pour  les  voyageurs 
venant  du  côté  de  Cologne,  de  Juliers  ou  d'Aix-la-Chapelle. 

M.  Janssen  a  parcouru  et  examiné  cette  route  en  1850, 
nous-même  l'avons  étudiée  au  mois  de  septembre  1866  en 
compagnie  de  feu  M.  Stas,  conseiller  honoraire  à  la  cour  de 
cassation  à  Bruxelles.  Voici  quelques  données  que  nous 
avons  recueillies  sur  sa  direction  problable  : 

Elle  prend  son  origine  sur  la  chaussée  de  Maestricht, 
entre  Broekhem  et  Fauquemont,  à  100  pas  environ  d'un 
petit  cimetière  belgo-romain  que  nous  avons  décrit 
ailleurs  (i).  Depuis  son  origine  jusqu'aux  confins  de  Schim- 
mert,  elle  forme  la  limite  entre  les  communes  de  Houthem- 
Saint-Gerlach  et  de  Hulsberg.  Sur  le  plateau  du  Ravens- 
bosch,  elle  laisse  les  maisons  d'Arensgenhout  à  droite  et  les 
premières  substructions  romaines  (pi.  I,  litl.  E,  C  et  F)  à 
environ  300  pas  à  gauche.  Elle  passe  ensuite  tout  près  du 
temple  et  croise,  au  milieu  des  substructions  du  Steenland, 
le  chemin  nommé  Lotharingerweg  (PI.  I,  litl.  C  et  AA,  el 
pi.  II,  litl.  A).  Un  peu  plus  loin,  elle  traverse  également  la 
route  provinciale  de  Meerssen  à  Amstenrade  el  se  dirige  vers 
Groot-Genhout,  où  elle  a  conservé  sa  pleine  largeur.  Chemin 
faisant,  nous  avons  remarqué  que  les  champs  qui  longent 
cette  route  ne  la  dépassent  presque  jamais,  ce  qui  est  un 

(0  Publications,  elc.,dii  Limbottrfi,  IV,  pp.  13-24. 


—  133  — 

signe  qu'elle  est  plus  ancienne  (jue  la  forinalion  eu  lots 
des  propriétés  voisines. 

Dans  un  champ,  près  du  Nieuwhuis  (Schiuimert),  où  elle 
semblait  avoir  dévié  et  qui,  au  reste,  était  exempt  de  tous 
cailloux,  nous  avons  trouvé  une  mince  couche  de  gravier  de 
la  largeur  de  3  mètres.  Après  être  descendue  dans  la  plaine, 
près  du  bois  dit  Vrouwenbosch,  elle  forme  la  limite  entre 
les  communes  de  Spaubeek  et  de  Beek,  et  commence  à  s'ap- 
peler Maestrichterstraat.  Derrière  le  hameau  de  Neerbeek,  elle 
prend  le  nom  de  Langstraat,  passe  la  rivière  de  Geleen  à 
Daneken,  petit  hameau  qu'elle  partage  entre  les  communes 
de  Geleen  et  de  Schinnen,  et  va  se  perdre  dans  la  campagne. 
Près  de  Munstergeleen,  elle  reparait  sous  le  nom  de  Sittar- 
derweg,  traverse  les  hameaux  de  Haag,  de  Houbeneind  et 
de  Leyenbroek,  et  se  dirige  par  un  chemin  creux  vers  la 
hauteur  du  Kollenberg,  où  elle  croise  le  chemin  de  Doen- 
raedt  à  Sitlard,  près  de  la  chapelle  de  Sainte-Rose  (i).  Elle 
descend  ensuite  dans  la  plaine  de  Broeksittard  par  la  cam- 
pagne cultivée  (2),  où  M.  Janssen  a  rencontré  des  vestiges 
de  substructions  belgo-romaines  (3).  Laissant  ce  village  un 
peu  à  gauche,  elle  se  dirige  vers  le  pont  que  les  Romains  ont 
jeté  sur  le  marais  qui  sépare  Broeksittard  de  Tudderen. 
Ayant  passé  ce  pont  et  le  ruisseau  de  Rodebeek,  près  de  la 


(0  C'est  dans  le  versant  du  Kollenberg  vers  Broeksittard  qu'au  jour  de  Pâques 
de  l'année  1543  le  duc  de  Juliers  remporta  une  victoire  signalée  sur  les  troupes 
de  l'empereur  Charles  V  commandées  par  Philippe,  prince  d'Orange. 

(■2)  Dans  cette  campagne  se  trouve  un  sentier  qui  forme  la  limite  entre  les 
villages  de  Broeksittard  et  de  Hillensberg  et  qui  porte  le  nom  caractéristique  de 
Trichterpadje  ou  sentier  de  Maestricht. 

(5)  Plan  cadastral  de  Broeksittard,  a"'  IO06  et  1057. 


—  134  — 

première  maison  de  Tudclcren,  nommée  de  Voimolen,  la 
route,  eneore  munie  d'une  légère  couche  de  gravier,  repa- 
rait dans  un  lieu  voisin  nommé  de  Boxberg.  Elle  y  fait  une 
courbe  à  gauche,  pour  se  diriger  vers  la  campagne  de 
Nervierhoek,  où  M.  le  curé  de  Tudderen  nous  a  montré  des 
substruclions  romaines  qu'il  croit  avoir  appartenu  à  l'an- 
cien Teuduj'um  des  Itinéraires. 

Mais  retournons  au  Ravensbosch.  A|)rès  avoir  décrit  la 
physionomie  extérieure  et  générale  de  notre  colonie,  nous 
allons  entrer  plus  avant  dans  la  matière  en  publiant  le 
résultat  des  fouilles  que  nous  avons  entreprises  dans  les 
substructions  de  Billich  (PI.  I,  litt.  B).  Cette  étude  sera 
probablement  suivie  d'une  autre  sur  les  fouilles  de  Brum- 
menkoul  et  du  Steenland.  Ces  explorations  prouveront  une 
fois  de  plus  la  grande  importance  que  la  hauteur  du  Ravens- 
bosch et  la  vallée  adjacente  doivent  avoir  eue  à  l'aurore  de 
notre  civilisation. 

11  n'est  donc  pas  étonnant  que  Pèlerin,  Cudell,  Janssen, 
et  avec  eux  une  grande  partie  des  archéologues  de  nos  jours, 
aient  essayé  de  découvrir  dans  ce  lieu  la  station  romaine 
de  Coriovallum.  Un  Allemand,  M.  Auguste  Schierenberg, 
de  Meinberg,  va  plus  loin  encore.  Il  émet  une  hypothèse 
qui  aura  peut-être  la  même  destinée  que  celle  de  Corioval- 
lum, mais  qu'il  est  utile  de  mentionner  dans  cette  étude, 
ne  fût-ce  que  pour  indiquer  combien  nos  découvertes  dans 
l'ancien  pays  d'Outre-Meuse,  signalées  par  le  Bulletin  des 
Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  ont  attiré  l'atten- 
tion des  savants  étrangers.  M.  Schierenberg  est  d'avis  que 
le  camp  d'hiver  que  Tibère,  en  l'an  4  après  Jésus-Christ, 
(îtablit  près  du  fleuve  .ïulia,  doit  être  cherché  non  dans  la 


—  155  — 

VVest.pliali(;,  sur  lu  Lippe,  cuiiiinc  quelques  auteurs  uio- 
deriies  l'onl  prétendu  (i),  mais  près  de  Fauqueinont,  sur 
les  bords  de  la  Geule. 

Concernant  ces  (juartiers  d'Iiiver,  l'historien  romain  Vel- 
lejus  Palerculus  raconte  que  Tibère,  après  avoir  soumis  les 
Ganinéfates,  les  Attuaires  et  les  Bructères  et  accepté  les  Clié- 
rusques  comme  ses  alliés,  avait  traversé  le  Weser  en  péné- 
trant plus  avant  dans  le  pays.  Après  divers  exploits,  il 
retournait  sur  ses  pas  en  se  retirant  vers  le  commencement 
du  printemps  dans  les  quartiers  d'hiver  qu'il  avait  établis 
près  du  fleuve  Julia,  in  mediis  finibus  Germaniae .  Le  pas- 
sage en  question  est  littéralement  de  la  teneur  suivante  : 
eum  veris  initio  reduxit  in  Germaniam  in  cujus  mediis 
finibus  ad  caput  Juliae  fluminis  hiberna  digrediens  princeps 
locaverat  (2).  Dans  le  but  de  fonder  son  opinion  sur  des  bases 
solides,  M.  Schierenberg  prétend  qu'il  faut  entendre  dans  ce 
passage  par  le  mot  Germania,  la  Germanie  romaine,  qui 
était  située  sur  la  rive  gauche  du  Rhin.  Ce  qui  résulte 
d'après  lui,  d'un  côté,  de  la  coutume  qu'avaient  les  armées 
romaines  d'établir  leurs  quartiers  d'hiver  dans  les  anciennes 
provinces  (.i),  et  de  l'autre,  de  la  circonstance  que  les  Gani- 
néfates, le  premier  peuple  soumis  par  Tibère,  demeurait  sur 
cette  rive  gauche  (4).  Quant  au  nom  propre  de  Julia  qu'on 


(i)  C'est  entre  autres  l'opinion  que  le  baron  H.  v.  Z,  émet  dans  une  brochure 
intitulée  :  Ueber  Arbulo  und  dus  Winlerlager  des  Tiberius  am  Plusse  Julia. 
Paderboni,  1865,  in-S»  de  30  pages. 

(2)  Vellejus,  II,  p.  i05. 

(3)  A  l'appui  de  cet  argument,  il  cite  ce  passage  de  Tacite,  Annales,  III,  74  : 
«  Nec,  ut  mes  fuerat,  copias...  hibernaculis  veteris  provinciae  reponit.  » 

(i)  Vellejus  dit,  II,  p.  105  :  «  Intrata  protinus  Germania  subacii  Caninefates, 
Attuarii,  Bructeri,  recepti  Cherusci,  >/  etc. 


—  136  — 

rencontre  dans  les  meilleures  éditions  de  Vellejus,  il  n'est  pas 
permis  de  le  changer  en  celui  de  Luppia,  comme  l'ont  pro- 
posé quelques  philologues.  Le  nom  de  la  Geule  s'écrivait  au 
ix^  siècle  Gulia  (i).  Par  des  arguments  de  cette  nature  et 
par  d'autres  encore,  M.  Schierenberg  tâche  de  rendre  pro- 
bable sa  thèse  des  quartiers  d'hiver  de  Tibère  aux  environs 
de  Fauquemont  (2). 

Jos.  Habets. 


(i)  Ajoutons  que  dans  les  environs  d'Aix-la-Chapelle  et  de  Cologne  la  lettre  G 
est  prononcée  devant  les  voyelles  comme  le  J  allemand.  Ainsi  on  dit  :  «  Eine 
jut  jebratene  Jans  ist  eine  jute  Jabe  Jottes.  »  De  là  sans  doute  la  connexion  entre 
Gulia  et  Julia. 

(2)  Nous  avons  puisé  les  détails  qui  précèdent  dans  quelques  renseignements 
écrits  et  dans  deux  brochures  de  l'auteur,  qui  portent  pour  titre  :  Fin  histo- 
risclier  Spaziergang  von  Tropœa  brusi  ûber  den  Externstein  nach  dem  Campus 
Idifitavisus.  Detiuold,  1875,  in-S",  et  Die  Varusschlacht  im  Teutoburger  Engpasse . 
Detnioid,  1875,  in-8». 


BIBLIOGRAPHIE. 


Doctor  R.-G.  Stillfried,  Kloster  Heihbromi.  E'me  Beitrage  zu  âen 
Hohenzollerischen  Forschungen  (Le  monastère  de  Heilsbronn. 
Un  complément  aux  recherches  sur  les  HohenzoUern).  1  vol.  in-S". 
Berlin,  1877,  avec  un  grand  nombre  de  planches  et  de  gravures 
insérées  dans  le  texte,  —  Ouvrage  dédié  à  S.  A.  le  Prince 
impérial  d'Allemagne. 


En  Germanie,  le  culte  des  ancêtres  et  spécialement  des 
HohenzoUern,  est  encore  en  pleine  vigueur,  conséquence 
nécessaire  du  sentiment  de  la  famille  et  de  la  patrie  surtout. 

Le  livre  si  splendide,  dont  le  litre  est  inscrit  en  tête  de 
cet  article,  en  est  la  preuve  la  plus  évidente.  Il  forme  en 
quelque  sorte  un  complément  aux  recherches  déjà  faites  et 
publiées,  depuis  plusieurs  années,  par  l'auteur  sur  la  maison 
de  HohenzoUern,  naguère  passée  inaperçue  et  aujourd'hui 
si  célèbre  par  le  rôle  important  qu'elle  n'a  cessé  de  remplir 
dans  l'histoire  moderne. 

Tel  n'a  pas  été  uniquement  le  but  de  M.  Stillfried  dans 
son  livre  nouveau.  L'histoire  du  monastère  de  Heilsbronn, 
l'archileclure  du  moyen  âge,  l'archéologie  et  la  sigilogra- 
l)hiey  occupent  une  place  importante. 

L'auteur  commence  par  une  bibliographie  de  toutes  les 
sources  imprimées  et   inédites  auxquelles  il  a  eu  recours 


—  138  — 

j)our  faire  l'hisloire  de  ce  monastère,  situé  siii-  la  route  de 
Nurenbcrg  vers  Anshacli.  Puis  il  enirc  on  matière  par 
riiistoire  de  cet  établissement  religieux,  de  l'école  y  annexée, 
des  abbés,  etc.,  partie  extrêmement  complète  par  les  docu- 
ments si  nombreux  auxquels  l'écrivain  a  eu  recours.  En 
lisant  ce  travail,  on  s'aperçoit  de  suite  que  M.  Stillfricd 
n'en  est  pas  à  ses  débuts.  Tout  y  est  présenté  avec  méthode, 
soin  et  critique  surtout. 

De  l'histoire  il  passe  à  l'archéologie.  Après  avoir  donné 
la  description  de  l'église,  il  entame  celle  de  la  basilique, 
conçue  dans  le  style  roman,  en  vogue  durant  la  première 
moitié  du  xii"  siècle,  des  dépendances  de  l'église,  de  l'ameu- 
blement de  cet  édifice,  des  monuments  funéraires  y  élevés 
à  la  mémoire  des  burgraves  de  Nurenberg,  des  électeurs  et 
marquis  de  Brandebourg,  de  différents  dynastes  et  de 
membres  de  familles  nobles.  Les  orfèvreries,  l'histoire  des 
reliqiwires,  les  tableaux ,  rien  n'a  été  négligé  dans  ses 
moindres  détails. 

L'auteur  a  voulu  rendre  par  les  planches  la  publication 
en  tous  points  digne  du  texte.  Des  photolitograpliies,  des 
chromolitographies,  des  gravures  sur  bois,  des  [dans,  des 
coupes  et  des  élévations  de  l'église,  des  gravures  de  sceaux 
insérées  dans  les  textes,  des  reproductions  de  portraits,  de 
statues,  de  bas-reliefs,  de  monuments  sépulcraux,  de  pierres 
tombales,  de  verrières,  de  médailles,  de  retables  remontant 
au  commencement  du  xvi*'  siècle,  y  sont  prodigués.  Les 
planches  des  retables  seront  certainement  consultées  avec 
fruit  par  les  artistes  chargés  de  créer  des  ameublements 
semblables  pour  des  églises  élevées  dans  le  style  ogival. 

Nous  .HliiK'itons  Irès-volonliers  la  diff(''ronce  (|ui  existe 


—   139  — 

enirc  l'art  des  monuments  réunis  à  lleilsbronn  et  celui  de 
notre  pays.  Il  a  un  cachet  à  la  fois  plus  réaliste  et  en  même 
temps  plus  élevé  qu'en  Belgique.  Mais  à  part  ces  dilTcrences, 
il  y  a  aussi  certaines  analogies  entre  eux.  Par  exemple,  l'art 
roman  y  était  à  peu  près  ce  qu'il  était  chez  nous  à  la  môme 
époque. 

Des  photographies  au  nombre  de  90  planches,  une  nécro- 
logie du  monastère,  des  pièces  justificatives  et  de  bonnes 
tables  terminent  l'ouvrage,  véritable  chef-d'œuvre  de  typo- 
graphie. L'exécution  des  planches  témoigne  des  progrès  de 
l'art  à  Berlin. 

Ch.  Piot. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 

des  5,   9,    12,    17,   19  et    26  janvier;   des    2,    7,  9,    i4,    i5,  46,   25 
et  27  février  1878. 


ACTES  OFFICIELS. 

correspondant.  ^^^^  aiTÔté  l'oyal  du  15  janvicr,  M.  Van  Baslelaer,  archéo- 
logue à  Charleroi,  est  nommé  membre  correspondant  de  la 
Commission  royale  des  monuments  pour  la  province  do 
Hainaut. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 
de  u  clfaVeiiR      ^°  ^^  ^^^'S  cstimatif  des  travaux  de  réparation  et  de  net- 

du  cimetière  >  ,  ,  ,  .        x»  / 

de  iiasseii.  toyagc  3  cxccuter  au  tableau  représentant  :  la  Résurrection 
du  Christ,  qui  décorait  l'autel  de  la  chapelle  du  cimetière  de 
Hasselt; 

dAïcrL.  2"  La  proposition  du  comité  des  membres  correspondants 
du  Brabant  tendante  à  parqueter  et  à  restaurer  un  tableau 
peint  sur  panneau  appartenant  à  l'église  de  lièrent.  Ce 
tableau  représente  la  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus;  il  date  de 


—   141   — 

la  fin  (lu  xv*"  ou  du  coinmenccmenl  du  xvr  siècle  e(  mérile 
les  frais  d'une  restauration  ; 

3"  Le  dessin  d'un  monument  funéraire  en  marbre  blanCj^j^/^fj;",.^^^^ 
et  noir  nu'on  propose  de  placer  dans    l'église   de  Saint-    Monum'nt 
Jacques,  à  Ypres,  à  la  mémoire  de  la  famille  Vanderstichelen 
de  Maubus ; 

4°  Le  dessin  de  quelques  ouvrages  complémentaires  à  j„  j^^'j^fUj^^^p,, 
exécuter  par  M.  Goyers  à  la  chaire  à  prêcher  de  l'église  de    ■'cim7re."" 
Saint-Joseph,  à  Louvain; 

S"  Deux  statues  exécutées  par  M.  Laumans  pour  l'église  dcBramhon. 
de  Branchon  (Namur). 

—  Des  délégués  ont  examiné,  à  la  demande  de  M.  Brunin,  ^^'"'de''Lig»é!"'''' 
le  modèle  au  tiers  de  l'exécution  de  la  statue  à  ériger  sur  la 

place  de  Belœil  (Hainaut),  à  la  mémoire  du  feld-maréchal 
prince  Charles-Joseph  de  Ligne. 

Ce  modèle  a  été  approuvé  sous  réserve  de  quelques 
points  de  détails  que  l'artiste  s'est  engagé  à  revoir  lors  de 
l'exécution  du  modèle  définitif. 

—  M.  l'architecte  Pavot  a  soumis  récemment  un  rapport  d^w^léoun. 
détaillé  et  des  plans  relatifs  à  la  restauration  du  jubé  sculpté 
de  l'église  de  Walcourt.  La  Commission  ne  peut  que 
regretter  que  le  conseil  de  fabrique  se  refuse  à  replacer  ce 
jubé  à  la  place  qu'il  occupait  primitivement  à  l'entrée  du 
chœur.  Cet  emplacement  est  celui  qu'occupent  la  plupart  des 
jubés  du  moyen  âge  et  de  la  Renaissance,  tels  que  ceux 
des  églises  de  Saint-Pierre,  à  Louvain,  de  Notre-Dame, 
à  Aerschot,  de  Saint-Nicolas,  à  Dixmude,  de  Notre-Dame, 
à  Tournai,  de  Saint-Vincent,  à  Soignies,  etc.  Il  ne  pourrait, 
comme  on  le  craint,  gêner  l'exercice  du  culte,  puisqu'il 
serait  possible  d'ouvrir  complètement  les  trois  arcades,  en 


Jubé. 


—   U2  — 

laisant  njposer  la  face  posiérieure  sui'  des  piliers.  Quoi(iu'il 
en  soil  e(  après  mûr  examen  des  propositions  de  M.  Pavol, 
la  Coninaission  estime  qu'il  y  a  urgence  de  prendre  une  dé- 
cision quant  au  priiicii)e  nièiiie  des  travaux,  (pii  intéressent 
la  conservation  d'un  des  plus  précieux  spécimens  de  notre 
sculpture  nationale.  Il  importerait  donc  que  l'on  mil  sans 
j-elard  la  main  à  l'œuvre  et,  dans  ce  but,  il  faudrait  que  les 
diverses  administrationsappeléesà  intervenirdans  la  dépense, 
se  missent  d'accord  et  votassent  un  crédit  d'une  dizaine  de 
mille  francs.  Cette  somme  servirait  h  effectuer  les  ouvrages 
les  plus  urgents  de  consolidation,  et,  pendant  l'exécution  de 
ces  travaux  préliminaires,  nécessaires  en  tous  cas,  on  pour- 
rait continuer  les  éludes  pour  la  restauration  proprement 
dite,  dresser  les  projets  définitifs  et  établir  le  devis  général 
de  la  dépense. 
Épiis.-  —  Le  conseil  de  fabrique  de  l'éoflise  de  Notre-Dame, 

(le  Notrp-Diunfi,  '  ^ 

%!rm,'iie'     à  Brugcs,  a  décliné,  d'une  manière  absolue,  toute  proposi- 

<le  Michel  Aiipc     .  , 

tion  concernant  la  cession  a  un  Musée  public  du  groupe  de 
Michel- Ange  :  la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus.  Ce  conseil  se 
défend  d'avoir  altéré  ce  chef-d'œuvre;  le  voile  en  albâtre 
sculpté  qui  recouvre  la  nudité  de  l'ICnfant  Jésus,  sans  y  être 
attaché,  n'a  nullement  endonmiagé,  dil-il,  ruiie  ou  l'autre 
partie  du  groupe  et  peut  être  enlevé  avec  la  même  facilité 
que  le  rideau  suspendu  devant  plusieurs  de  nos  tableaux  de 
mai  très. 

La  Commission  regrette  que  le  conseil  de  fabrique  n'ait 
pas  cru  devoir  accepter  sa  proposition  (V.  XVI*  année  , 
p.  ()()!  ),  (pii  était  de  nature  à  sauvegarder  les  intérêts  de  l'art 
en  même  temps  que  les  convenances  du  culte.  Le  Collège 
est  d'avis  que  si  l'opération  d'enlever  et  replacer  le  voile  en 


ne, 
{.oiiv.'iiii. 


—   145  — 

albàlre  devait  se  répéter  fréqiieiiinicnt,  il  en  résulterait 
à  la  longue  plus  d'une  avarie  pour  le  chef-d'œuvre  de 
Michel-Ange. 

—  Dès  1865,  la  Comnfiission  avait  i)roposé  l'exécution  de  .  ''-f''^'- 
certains  travaux  d'appropriation  à  l'autel  de  Sainte-Anne,  dans  'V.'lZr.'i'. 
l'église  de  Saint-Pierre,  à  Louvain,  pour  y  placer  le  célèbre 
triptyque  de  Quentin  Metsys,  représentant  la  Vie  de  sainte 
Anne.  Ce  tableau  occupe  aujourd'hui  encore  un  emplacement 
peu  convenable  et  le  conseil  de  fabrique  est  d'avis  d'ajourner 
le  travail  d'appropriation  jusqu'au  moment  où  l'on  transfor- 
mera les  autels  de  Saint-Pierre  d'après  un  projet  d'ensemble. 
Tout  en  faisant  des  réserves  formelles  quant  à  ces  ouvrages, 
pour  lesquels  des  propositions  motivées  et  des  plans  détaillés 
devront  être  soumis  au  préalable  au  Gouvernement,  la  Com- 
mission estime  que,  dans  l'intérêt  de  la  conservation  du 
chef-d'œuvre  de  Metsys,  il  y  a  lieu  d'insister  pour  que  le 
conseil  de  fabrique  s'occupe  sans  délai  de  l'emplacement 
définitif  à  lui  donner  sur  l'autel  de  Sainte-Anne. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Le  Collège  a  approuvé  les  propositions  relatives  à  certains     Hopiuuv 

iIp  Saiiit-Jcaii  et 

travaux  d'appropriation  à  effectuer  aux  hôpitaux  de  Saint- '^V'^Bru'xriie'r' 
Jean  et  de  Saint-Pierre,  à  Bruxelles,  d'après  les  plans  et 
devis  dressés  par  M.  l'architecte  Partoes. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 


La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  les  |)rojets    lup.uai.o,, 

cl   coiistruLiinn 

de  réparations   à  effectuer   aux    presbytères   de  Vleckem  ■'«!>■  "''y^c'e*- 


—  U4  — 

(Flandre  oricnlale),  Cambron-Casteau  et  Thulin  (Ilainaut), 
Tillier  (Namur),  ainsi  que  sur  les  plans  d'un  presbytère  à 
conslruire  à  Daussoulx  (Namur). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Onlété  approuvés  : 
^TéSi""        *"  ^^^  i)lans  relatifs  à  la  construction  d'églises  : 
s^-Margucriic,     A  Lecfdael  (Brabant),  sous  les  réserves  ci  après  :  a.  la 

S'-Sauvfiur, 

''ei'pur'î.odt'.''  ^^^^  "^^''•^  ^^  largeur  de  la  nef  centrale,  conformément  aux 
traditions  du  moyen  âge;  b.  le  bras  du  transept  opposé 
au  chœur  conservé  de  l'ancienne  église  ne  sera  pas  la  repro- 
duction exacte  de  ce  chœur  et  sera  terminé  par  un  pignon  : 
architecte,  M.  Gife; 

A  Sainte-Marguerite  (Flandre  orientale)  :  architecte, 
M.  Deperre-Montigny  ; 

A  Saint-Sauveur  (Hainaut),  sous  réserve  qu'il  sera  établi 
une  plate-forme  dans  le  haut  de  la  tour,  afin  d'assurer  la 
stabilité  de  la  flèche  et  que  le  transept  sera  couvert  d'une 
voûte  en  forme  de  coupole  :  architecte,  M.  Bruyenne; 

A  Petite-Rosière,  commune  de  Morhet  (Luxembourg);  le 
Collège  a  fait  sur  ce  projet  différentes  observations  de  détails 
dont  l'architecte,  M.  Adam,  devra  tenir  compte  dans  le  cours 
de  l'exécution  des  travaux; 

A  Purnode  (Namur);  l'architecte,  M.  Lufiin,  devra  se 
conformer  aux  recommandations  faites  par  M.  l'architecte 
provincial  dans  son  rapport  du  18  décembre  1877.  Les 
tombes  anciennes  qui  existent  dans  l'église  actuelle  devront 
être  conservées  avec  soin  et  replacées  dans  le  nouveau 
temple; 


—  145  — 

2°  Les  plans  relatifs  à  l'agrandissemenl  et  la  restauration  ^'^"."''j^if^J^f  ' 
des  églises  de  :  Vieux-Ville  (Liège)  :  architecte,  M.  Plenus;  "'^'sùns  '  *"' 

olSommiére. 

Slins  (même  province).  Ce  projet,  qui  est  dressé  par 
M.  Halkin,  comprend  la  construction  d'une  tour  nouvelle  ; 

Sommière  (Namur).  Les  travaux  projetés  donneront  à  cet 
édifice  un  style  et  un  caractère  qu'on  ne  rencontre  que 
trop  rarement  dans  nos  églises  rurales  :  architecte,  M.  Van 
Assche  ; 

3°  Le  plan  dressé  par  M.  Mahieu  pour  la  reconstruction    de^lHutin 
de  la  partie  supérieure  de  la  tour  et  la  flèche  de  l'église  de 
Thulin  (Hainaut)  ; 

/t"  Le  projet  des  travaux  à  exécuter  aux  abords  de  l'église      ÉgUse 

et  presbytère 

et  du  presbytère  de  Vieusart,  à  Corroy-le-Grand  (Brabant)  :   ««e  vieusart. 
architecte,  M.  Coulon  ; 
5°  Le  devis  estimatif  de  certains  travaux  complémentaires      %iise 

*  rie  Laeken. 

à  exécuter  à  la  façade  orientale  de  l'église  de  Notre-Dame, 
à  Laeken  (Brabant)  :  architecte,  M.  De  Gurte; 

6°  Le  devis  estimatif  des  ouvrages  à  faire  pour  achever      Ègiise 

(le  Curegliein. 

complètement  l'église  de  Cureghem,  à  Anderlecht  (Brabant)  : 
architecte,  M.  Gels; 

7"  Les  projets  de  divers  objets  d'ameublement  destinés  Ameublements. 
aux  églises  de  : 

Notre-Dame  de  Bon-Secours,  à  Bruxelles,  buffet  d'orgue; 

Saint-Jean-Geest  (Brabant),  stalles,  chaire  à  prêcher, 
deux  confessionnaux,  deux  petits  autels,  achèvement  du 
maître-autel,  deux  crédences  et  cuve  baptismale; 

Rossem  sous  Wolverthem  (même  province),  trois  autels; 

Heyst  (Flandre  occidentale),  deux  autels  latéraux; 

Bouchante  (Flandre  orientale),  stalles; 

Bambrugge  (même  province),  orgues  ; 


—  146  — 

Xhcndremael  (Liège),  buffet  d'orgue; 
Xederlieim  (Limbourg),  deux  confessionnaux; 
Bourg-Léopold  (Limbourg) ,   dais  pour  la  statue  de  la 
Vierge; 

Nismes  (Namur),  deux  confessionnaux. 
,    Ep"!!!  —  Le  conseil  de  fabrique  de    l'église  de   Petit -Sinav 

de  Pctit-Sinay.  i  c->  •> 

(Flandre  orientale)  demande  l'autorisation  d'exécuter  par 
voie  de  régie  les  travaux  d'agrandissement  dont  les  plans  ont 
été  approuvés.  Il  fait  valoir  notamment  qu'il  peut  se  procurer 
actuellement  à  un  prix  modique  les  briques  nécessaires  et 
que  tous  les  matériaux  seront  conduits  gratuitement  à  pied- 
d'œuvre. 

Le  mode  d'exécution  proposé  a  déjà  donné  lieu  à  tant  de 
mécomptes  et  à  de  si  nombreux  inconvénients,  qu'on  ne  doit 
l'autoriser,  semble- t-il,  que  dans  des  cas  exceptionnels, 
alors,  par  exemple,  que  la  dépense  à  faire  est  trop  peu  consi- 
dérable, ou  que  les  ouvrages  à  effecluer  ne  peuvent  être 
nettement  déterminés  à  l'avance  pour  faire  une  évaluation 
exacte  de  la  dépense.  Or  aucun  de  ces  cas  ne  se  présente 
dans  les  travaux  projelés  à  l'église  de  Petit-Sinay.  La  dé- 
pense, en  effet,  est  relativement  importante  (24,275  francs) 
et  les  travaux  sont  exactement  définis  tant  aux  plans  qu'au 
devis  estimatif.  Il  importe  d'ailleurs  que  pour  des  ouvrages 
de  ce  genre  il  y  ait  un  entrepreneur  responsable  de  leur 
exécution. 

La  Commission  a  donc  émis  l'avis  qu'il  n'y  avait  pas  lieu 
dans  le  cas  actuel  d'autoriser  la  dérogation  proposée  à 
l'art,  /ri  du  décret  du  50  décembre  1801).  Rien  n'empêche, 
du  reste,  de  sli|)uler  au  contrat  d'entreprise  que  la  fabrique 
fournira  les  bi'iquos  et  que  les  matériaux  seront  transportés 


—  147  — 

graluilemcnl  au  chantier;  les  soumissionnaires  feronl  leurs 
prix  en  conséquence. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Ont  été  approuvés  : 

\°  Les  plans  de   travaux  de  restauration  à  exécuter  au   ".'l'^^^^g',-',;"" 
chœur  de  l'église  de  Beveren  lez  Roulers  (Flandre  occi-  "va.fcXs"' 

cl  Coiirsel. 

dentale)  et  à  la  construction  d'une  sacristie  :  architecte, 
M.  Charlier; 

2"  Le  devis  estimatif  de  quelques  réparations  à  effectuer 
à  l'église  de  Vaucelles  (Hainaut); 

5°  La  proposition  de  restaurer  les  toitures  des  nefs,  du 
chœur  et  de  la  sacristie  de  l'église  de  Coursel  en  Campine 
(Limbourg); 

4"  Le  projet  dressé  par  M.  l'architecte  Schoy  pour  la      Égu^e 

'        '^  '  -^      '  de  Nolifi-Dame 

reconstruction  de  la  grande  fenêtre  au-dessus  du  portail  ^B^j^'^enê;. 
principal  de  l'église  de  Notre-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles. 
A  ce  projet  était  joint  un  plan  d'ensemble  de  la  restaura- 
lion  de  la  façade  vers  la  rue  des  Sablons.  La  Commission  a 
émis  l'avis  que  ce  projet  est  une  étude  des  plus  remarquables 
et  qui  fait  honneur  k  M.  l'architecte  Schoy.  On  peut  dès 
aujourd'hui  approuver  ce  travail  pour  tout  ce  qui  se  rapporte 
à  la  restauration  de  la  construction  actuellement  existante, 
c'est-à-dire  jusqu'à  la  hauteur  de  la  deuxième  balustrade. 
En  ce  qui  concerne  l'achèvement  et  l'ornementation  du 
pignon,  ainsi  que  la  construction  de  la  partie  supérieure 
des  deux  tourelles  d'angles  dont  il  n'existe  aucune  trace,  ce 
sont  là  des  points  à  étudier  encore,  les  travaux  étant  réservés 
pour  un  temps  relativement  éloigné.  On  ne  pourrait,  du 


—  148  — 

reste,  se  prononcer  définitivement  sur  ces  questions  sans 
avoir  sous  les  yeux  un  plan  général  de  restauration  du 
monument.  Il  est  à  remar(|uer,  en  effet,  que  les  deux  pinacles 
précités  et  le  couronnement  du  pignon  joueront  un  rôle  des 
plus  importants  dans  la  silhouelte  de  l'église,  et  que  leur 
amortissement  doit  être  forcément  subordonné  à  cet  effet 
d'ensemble. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  f 'résident, 

Wellens. 


KSSAl    lllSTORIQUK 

SUR 

LES    TAPISSERIES 

ET 

LES  TAPISSIERS  DE  HAUTE  ET  DE  BASSE-LICE 
DE  BRUXELLES. 

(Suite  cl  lin.) 


IX  (suite). 

Vers  1655  el  1G5G,  le  commerce  des  tapisseries  t'ul  entre- 
pris par  Marc  De  Vos,  dont  les  descendants  s'y  adonnèrent 
avec  succès  pendant  près  d'un  siècle.  Marc  était  doyen 
lorsqu'il  fut  privilégié,  le  16  novembre  1663  (i);  il  occupait 
alors  cinq  à  six  métiers  dans  son  habitation  et  fournissait  en 
outre  du  travail  à  plusieurs  maîtres.  Jacquemart  {'■i)  men- 
tionne des  «  verdures  »  représentant  les  Saisons  et  signées 
iMargus  De  Vos  et  J.  F.  V.  Hecke.  Au  premier  appartiennent 
aussi  plusieurs  pièces  de  la  collection  des  ducs  de  Berwick 
etd'Albe,  qui  sont  signées  M.  De  V.  ou  M.  De  Vos,  et  ont 
des  bordures  de  Heurs  et  de  fruits.  L'une  d'elles  représente 
un  Sacrifice  à  Diane;  les  quatre  autres  offrent  des  épisodes 
de  la  Vie  de  César  (ô). 


(i)  VI h  reghler  ter  Trcsonje  (jclioudeii,  (•  "Idli. 
(i)  Histoire  du  mobilier,  [k  149. 
(ô)  Catalogue,  p.  Go. 


—  i;)0  — 

Alboil  Auwcicx  cuira  dans  le  iiiclici-  en  I()57  cl  l'ul  avan- 
tagé par  la  \illc  ([ualuiv-c  ans  apivs,  le  18  Icvricj'  !(i71  (i). 
Il  a  fabriqué  imc  Iciiliire  <iiii  appailicnl  acUiellenient  à 
M.  (le  Sain! -Albin  :  l'Histoire  du  couilc  CuHUnDiie-Haintoiid 
de  Moncade,  sci(jneuy  d\Airola,  en  Sielle.  Jacqueinai'l,  (|ui  lu 
cite  {-î),  en  porte  un  jugement  très-favorable.  «  Elle  est,  (lit-il, 
»  adniii'ablenicnî  réussie;  les  fonds,  surtout  les  mai'ines, 
»  sont  d'une  légèreté  charinante.  Les  lai'ges  bordures,  qui 
»  sont  formées,  taiilùl  d'endjiémes  guerriers,  tanlùl  do 
»  lleurs  ou  de  fruits,  taiilol  de  poissons  et  d'animaux  mai'ins, 
)«  sont  d'une  fermeté  et  d'une  vérité  dont  rien  n'approclie.  » 
Chacune  des  pièces  présente  dans  le  haut  celle  inscriptiun  : 
Giiillelinus  Haymundus  Momala,  liiijus  notninis  III,  Augustae 
cornes,  et  dans  le  bas,  la  mar(|ue  de  J3ruxelles  et  la  signa- 
ture A.  Au^vEl•.GX.  En  voici  les  sujets  : 

l"  Le  roi  d'Aragon  .Martin  congédie  le  comte,  qui  se 
prépare  à  s'embarquer; 

"2"  La  reine,  échappée  de  la  forteresse  de  Catane,  entre 
dans  une  chaloupe  avec  l'aide  de  Moncade,  qui  lui  tend  la 
main; 

n°  Moncade,  armé  de  pied  en  cap,  offre  au  roi  ses  troupes, 
(pi'il  vient  de  lever  pour  son  service  et  d'équiper  à  ses  frais; 

4'^  Le  roi  montre  au  comte  Cerbcllon  et  la  baronnie  de 
Saint-Vincent,  en  Catalogne,  et  lui  en  donne  l'investiture. 

En  mémo  temps  (juc  cette  tenlui-e,  on  avait  exposé  à  Paris, 
en  1S7I,   un   lableau   de  0"G()  sur  0""iO,  i-eprésentant  un 


(0  \  111'=  reijiaWr  Icr  Trcuorijc  rjehouden,  V  202. 

(i)  Loc.  cA.,  p.  H'.).—  Vovi'Z  aussi  Castki-,  p|).:271  l'I  515,  et  \c  Cat/ilog-d; 
>h'  l'Viiinii  cenlnile  des  lte((iix-.\r!s,  p.  252. 


—    loi   — 

;iu(iv  ^iiji'l  (le  la  iiiùiuc  llisloire,  ci  L'cpciulanl  ne  rejjro- 
(luisai)l  auciiiio  i]l's  scènes  inonlioniiées  |)liis  haut.  Cello 
(oilc  avait  été  i)pinle,  en  IGOô,  par  Van  Hei'p  cl  Jean  Yan 
Kessel  (i). 

Auwercx  a  encore  confectionné  une  Histoire  de  Saint-Paul, 
en  quatre  pièces.  Une  Oécollaiion  de  ce  saint,  avec  une 
riche  bordure  Ibrniée  de  Heurs  et  porlantau  bas  la  marque; 
de  Bruxelles  et  la  signature  A.  Auwiir.cx  ,  existait  il  y  u 
quelques  années  en  Italie,  et  j'en  ai  vu  le  carton  chez  le 
vicomte  Hij>polyte  Vilain  XIIII,  ancien  ministre  de  Belgique 
à  Turin;  ce  carton  était  collé  sur  toile  et  ;ivait  été  jadis 
divisé  en  cinq  grandes  bandes.  Une  autre  pièce  appartenant 
à  la  même  tenture,  Saint-Paul  dcchiranl  les  livres  des  païens, 
porte  cette  indication  :  G.  Van  Leefdael.  Elle  est  donc  du 
tapissier  de  ce  nom  dont  j'ai  parlé  plus  haut  (XVP  année, 
p.  b76),  et  qui  vivait  comme  Auvvercx  vers  IGOO  et  1G70. 
L'origine  et  la  date  des  deux  pièces,  sur  lesquelles  je  n'ai 
pu  donner  au  vicomte  aucune  indication ,  ne  font  donc  plus 
l'objet  d'un  doute. 

Un  Albert  Auwercx  travaillait  encore  avec  cinq  métiers 
vers  l'an  1707;  il  habitait  ])lace  des  Wallons  ou  peut-être 
rue  du  Miroir.  A  la  date  du  T'  lévrier  1702,  il  était  veuf 
de  Claire  Vanden  Bossche,  qui  lui  avait  donné  sept  enfants  : 
Nicolas,  Madeleine-Marie,  Philippe,  Daniel,  Guillaume, 
Gaspar  et  Charles-François,  qui  devint  prêtre.  Nicolas,  Phi- 
lippe et  Guillaume  firentaussi  partie  du  métier  des  tapissiers. 
Nicolas  Auwercx  ou  Auwericx  est  encore  cité  en  17.'>8  ;  Guil- 
laume Auwericx  élait  doyen  en   1719  et  liabilait  alors  i)i'ès 


(i)  Notes  coinmiiiiiiiiicos  p;ir  M.  Sili^y. 


(le  riiùlcl  (rOraiigu  (le  Musée);  riiilippc  coiireclioiiiKiil 
encore  des  tapisseries  en  175^. 

Jean  Parmenliers  avait  clans  sa  demeure  six  métiers  en 
activité,  lui-squ'il  l'ut  avantagé  jmr  la  ville,  le  H  juillet  l(j()l  (i), 

Daniel  Abeloos  prétendait  être  uri  des  membres  les  plus 
actifs  de  la  corporation,  lorsqu'il  fut  privilégié  à  son  tour, 
le  2(j  mai  1005,  après  la  mort  de  Mathieu  Roelants  (12). 

En  1065,  on  mentionne  comme  doyen  George  Leemans, 
de  qui  proviennent,  sans  doule,  deux  pièces  qui  se  trou- 
vaient à  l'exposition  de  Milan  de  1S74  et  (jui  appartenaient 
à  un  particulier  de  cette  ville.  Elles  représentent  :  Louis  XI  V 
approuvant  les  dessins  pour  la  construction  du  Louvre 
et  la  liévocation  de  Fédit  de  Nantes.  La  marque  de  Bruxelles 
et  la  signature  1  i^Joris,  Georges)  Leemans  attestent  que  le 
monarque  français  ne  cessa  pas,  après  la  fondation  des 
Gobelins,  de  recourir  à  Tliabileté  reconnue  des  fal)ricanls 
de  notre  ville. 

Gérard  Peemans  travaillait  avec  six  métiers  (!t  (pialorze 
ouvriers  lorsqu'il  fut  privilégié  par  la  ville  le  15  octo- 
bre !()()-').  Il  existait  des  cartons  représentant  iIJisloire  de 
f empereur  Aurélien  et  de  la  reine  Zénobie  et  (|ui  avaient  été 
commandés  par  un  nommé  George  Gliuys  à  Jean  Snclliiick 
le  Vieux,  peintre  malinois  (jui  habita  Bruxelles;  ces  cartons, 
dont  la  re|)roduction  en  tapisseries  avait  eu  beaucoup  de 
succès  en  France,  fui-ent  achetés  par  Peemans,  (jui  les  lit 
dessiner  dans  de  plus  |)etites  proportions  (:>).  Ce  dernier  (ra- 


(1)   V7'  reijister  1er  Treaorije  ijehonden,  ('"  :208. 

(ï)  Undm,  f»  -iyT. 

{7.)  MV  irgialer,  {"  28;;. 


—  i:m  — 

vail  lui  coûta  î),000  llorins,  oulrc  (),()()()  ([u'il  avait  dû  donner 
pour  les  carions  originaux.  MM.  Bracjuenié  possèdent  de 
cette  tenture  une  pièce  qui  représente  Zénobie  à  la  chasae 
(liauleur  4"'(K),  largeur  4"'9())  ;  la  bordure  est  composée  de 
festons  entremêlés  de  génies  ailés  et  présente,  dans  le  haut, 
un  cartouche  où  on  lit  :  Zen  .  capros  cervosotp:  venando 
URSOS  ET  LEONES  CAPiT  (Zénol)ie,  cu  chassant  les  chèvnîs  et 
les  cerfs,  prend  des  ours  et  des  lions),  et  au  bas,  dans  le 
galon  bleu ,  la  inanjue  de  Hruxi^iles  et  la  signature  : 
G.   Peemans. 

Ce  fabricant  épousa  la  fille  de  Gérard  Vander  Strecken, 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  et  il  eut  neuf  fils  et  une 
fille.  Outre  plusieurs  maîtres  travaillant  chez  eux,  il  em- 
ployait dans  ses  ateliers  trente-trois  ouvriers,  ce  qui  déter- 
mina le  magistrat,  le  22  juin  1085,  à  porter  son  exemption 
d'assises  du  taux  ordinaire,  soit  24  setiers  de  drèche  et  un 
poinçon  de  vin  de  France,  à  56  setiers  et  2  poinçons.  Il 
avait  alors  en  magasin  des  tapisseries  pour  plus  de  40,000 
tlorins,  outre  d'autres  valant  de  10,000  à  14,000  florins  et 
appartenante  sa  belle-mère,  qui  était  très-âgée  et  maladive. 
On  conserve  de  lui,  à  Madrid,  une  tenture  des  Actes  des 
apôtres,  imitée  de  celles  qui  ont  été  faites  d'après  les  cartons 
de  Raphaël  et  signée  :  G.  Peemans  (i). 

Les  De  Broc,  avant  de  figurer  parmi  les  tapissiers,  firent 
partie  du  métier  des  j)einlres,  où  nous  voyons  figurer  Jean 
De  Broe,  gendre  du  tapissiei'  Jean  De  Strycker,  reçu,  1(> 
28  oclobr(î  IGô!),  comme  apprenti  chez  maître  Laiicelot 
Lefebevere  ou    Leiebure.    Cehn'-ci,   conime  nous  avons  eu 


(i)  Renseignements  de  M.  le  comte  de  Valenfia. 


Toccasion  de  le  dire,  s'occiipail  de  préférence  de  l'exéculion 
de  cirions;  rien  d'étonnanl  que  De  lîroe  se  soil  adonné  à 
la  labricalion  de  tapisseries.  Un  Anselme  De  Bi-oe  comnienoa 
à  en  fabiiquer  et  vendre  en  1071  ou  Ki/'^;  il  procurait  du 
travail,  hors  de  chez  lui,  à  deux  autres  niailres,  Jean  De 
Meller  et  Jaccpies  Coenot,  lorsqu'il  fut  privilégié  par  la  ville 
le  18  septembre  1C81.  Il  existe  de  lui  une  suite  de  cinq 
pièces,  rej)résen(ant  rÉducation  du  cheval.  Un  autre  Jean 
De  Broe  reprit  de  ses  cohéritiers  six  chambres  de  tapisse- 
ries délaissées  par  son  père  Maihys  ou  Mathias  et  fut  avan- 
tagé à  son  tour,  le  21  juin  1687  (i ). 

Les  Van  der  Borcht,  en  qui  devait  s'éteindre  la  liste 
glorieuse  des  fabricanis  ])rnxellois,  ont  aussi  commencé  par 
être  peinires.  L'un  d'eux,  Pierre,  fils  de  Pierre,  devint  l'un 
des  apprentis  de  Denis  Yan  Alslool,  en  1004.  11  eut  plusieurs 
lils  (pii  suivirent  la  même  cari'ière  :  François,  qui  entra,  le 
()  avril  1()20,  dans  l'atelier  do  Léonard  Wauwermans  et  fut 
inscrit  comme  maitre  le  50  mars  1 659,  et  Pierre,  qui  fut  reçu 
comme  apprenti  chez  maitre  Jean  Van  AIsloot,  le  Ui  janvier 
KVio.  Un  antre  François  Van  der  Borghl,  fils  de  Henri,  qui 
se  fit  inscrire,  le  51  mai  1640,  comme  recevant  les  leçons  de 
son  homonyme  i^récité,  était  sans  doute  son  neveu.  Leurs 
parents  enlivrenl  dans  le  métier  des  tapissiers,  à  ce  qu'il 
semble,  vers  l'année  1670.  Le  1"' octobre  de  celte  année, 
Jacques  Van  der  Borcht  succéda  à  sa  tante  Elisabeth  Lee- 
mans  dans  la  jouissance  des  avantages  accordés  par  la  ville 
aux  tapissiers  (-i).  C'est  à  lui,  sans  doute,  qu'il  faut  attribuer 


(i)  .\7"  m/iitter  1er  Tir.suri/t'  (jehoudeii,  f"  iià,  el  Ml'  ri'tiisler,  f"  '298. 
(ï)  IX'  refiister  ter  l'reaonje  ijehumU-ii,  f"  180. 


les  pièces  signées  I  (Jacolms)  Van  défi  Bûrciit,  comme  co 
«  Teniers  »,  pour  nous  servir  d'une  cxpiession  qui  élait 
jadis  acceptée,  qui  appartient  à  M.  Martcllier  cl  a  figuré  à 
l'exposilion  d'Orléans  (i);  comme  ce  Triomphe  de  Neplune  et 
ifAmphitritc,  pièce  de  8'"o0  de  large  sur  5"'2o  de  haut,  qui 
garnissait  l'hôtel  des  Spoelberg,  situé  rue  des.  Longs-Cha- 
riots, n'  7,  et  est  encore  la  propriété  de  l'un  des  MM.  de 
Spoelberg.  Celte  dernière  composition,  dont  le  tissu  est  de 
laine  et  de  soie,  a  été  exécutée  sur  les  dessins  de  Jean  Van 
Orley;  elle  est  dans  un  parfait  état  de  conservation  et 
justifie  la  réputation  dont  jouissent  les  produits  des  Van  der 
Borght.  Jacques  Van  der  Borcht  demeurait  chaussée  ou  rue 
d'Anderlecht  et  travaillait  encore  vers  1706.  Il  s'allia  à  Jeanne 
Van  den  Brugge,  sœur  de  Gaspar  Van  den  Brugge,  et  en  eut 
quatre  enfants,  nommés  Gaspar,  Jeanne,  François  et  Pierre, 
dont  deux,  les  deux  derniers,  n'étaient  pas  majeurs  à  la  date 
du  25  août  1755  {'■i). 

Jacques  eut  pour  contemporain  un  homonyme  distingué 
par  le  surnom  de  A.  Castro,  équivalent  latin  du  flamand 
Van  der  Borght  et  du  français  Du  Château  ou  Du  Bourg. 
Ce  tapissier  reçut  des  commandes  importantes  du  gou- 
verneur général  des  Pays-Bas,  de  maréchaux  de  France 
et  d'autres  personnages  imporlants;  on  lui  offrit  même 
200  pistoles  par  an  s'il  voulait  se  fixer  dans  les  états  de 
Louis  XIV,  mais  il  repoussa  ces  propositions,  préférant. 


(i^  Gtcelle  i/f.v  Beaux- Arts,  t.  \iV,-2'"  période,  p.  87. 
12.1  1)11  n;iiti'e  Jacques  V;iii  der  Horclit  faisail  pailie  l'U  1699  du  riiélier  des 
peiiities. 


—  i:jo  — 

(lisail-il,  viviv  dans  sa  patrie  (i).  Il  l'ut  avantage,  le  15  mai 
1686,  par  la  ville,  qui  accorda  les  mômes  faveurs,  le  2  jan- 
vier 169^,  à  un  autre  Van  der  Borght  dit  A.  Castro,  Gaspar, 
(pii  était  le  fournisseur  habituel  de  l'électeur  de  Bavière, 
Maximilien-Emmanuel.  Celui-ci  fut  soutenu  par  l'électeur  et 
par  le  roi  d'Angleterre  Guillaume  III,  à  une  époque  où 
l'industrie  des  tapisseries  allait  en  déclinant. 

On  connaît  un  très-grand  nombre  de  tentures  signées 
A.  Castro,  sans  indication  de  prénoms,  et,  dans  le  nombre  : 
une  pièce  appartenant  à  M.  Rollenot  et  représentant  l'écus-- 
son  royal  d'Angleterre,  avec  la  devise  Honni  soit,  etc.  ;  une 
série  de  cinq  pièces  dues  à  un  Leclerc  et  à  un  A.  Castro,  et 
où  l'on  voit  :  l"  une  halte  de  chasseurs  courant  le  cerf; 
â"*  des  pécheurs  et  des  marchands  ;  5°  un  berger  causant 
avec  un  paysan;  4"  une  kermesse  flamande;  5°  une  halte 
de  bohémiens;  une  autre  série  de  huit  pièces  dues  aux 
mêmes  fabricants  et  reproduisant  des  scènes  de  chasses 
qui  ont  orné  le  château  d'Issy;  trois  tapisseries  avec  sujets  à 
la  Teniers,  qui  ont  été  vendues  en  I87i.  A  I.  V.  Borght 
A  Castro,  c'est-à-d ire  JacquesVan  der  Borcht  A  Castro,  appar- 
tient une  pièce  dont  le  milieu  est  occupé  par  un  écusson  et 
dont  la  bordure  en  offre  dix  autres. 

Gaspar  épousa  Anne,  fille  du  tapissier  Jean -François 
Vanden  Hecke,  et  en  eut  trois  enfants  :  Jean- François, 
Anne-Lucie  ou  Lucrèce  et  Jeanne.  Le  premier,  qui  naquit 
vers  1679,  épousa  une  fille  du  tondeur  de  drap  Antoine 
î)e|)re/. .  qui  joua   un  rôle  im|tortanl  dans  les  troubles  de 


(i)  Mxflo  hij  viii/l  reuen  piirr  i/ver  toi  -Vl"  vaedcrhiul  alliier  herfl  liever  le 

liVl'Il. 


—  i;i7  — 

Bruxelles  en  1000,  fut  en  1700  condamné  par  conlumace  à 
un  bannissement  de  25  années  et  reçut  peu  de  temps  après 
sa  grâce.  Van  der  Borcht  était  fabricant  et  marchand  de 
drap;  il  demeurait  sur  la  place  dite  A  la  Halle  au  Ole, 
était  doyen  de  son  métier  et  remplissait  les  fonctions  de 
syndic  de  la  nation  de  Saint- Laurent  lorsque  Bruxelles  se 
vit  de  nouveau  en  proie  à  des  troul)les  en  1719.  On  a 
prétendu  qu'il  se  mit  à  la  tète  des  mécontents  pour  se  venger 
des  poursuites  qui  avaient  été  dirigées  contre  son  beau-père. 
C'est  là,  me  parait-il,  une  allégation  gratuite.  Deprez 
ayant  été  gracié,  pourquoi  son  gendre  aurait-il  conservé 
rancune  à  un  gouvernement  qui,  au  surplus,  était  hostile 
aux  partisans  du  régime  espagnol.  Du  reste,  toute  la  procé- 
dure dirigée  contre  Anneessens  et  ses  complices  ne  repose 
que  sur  un  tissu  de  propos  et  de  bavardages  servant  à 
grossir  quelques  démarches  imprudentes.  Le  marquis  de 
Prié  voulait  des  victimes;  mais,  en  ce  qui  concerne  Van  der 
Borght,  il  ne  put  satisfaire  son  désir  de  l'envoyer  à  l'écha- 
faud;  il  lui  fallut  se  contenter  d'une  sentence  d'exil  et  de 
confiscation  de  biens,  ({ui  fut  prononcée  le  15  septembre  (i). 

Le  20  février  1077,  la  ville  avantagea  René  Le  Roux  (2}. 

Kn  1679  figurait  parmi  les  doyens  des  tapissiers  Jean  De 
Melter,  qui  fut  privilégié  le  15  novembre  (0).  Depuis  quatre 
ans  il  recevait  de  France  des  commandes  importantes  et 
maintenait  en  activité  six  métiers;  mais  ses  relations  avec 


(0  Galf.sloot,  Procès  de  François  Amifessenx,  t.  I-"",  passim.  —  Arcliivex 
de  rofjice  fiscal  de  Brabanl.  Dociuuents  relatifs  aux  troubles  de  Bruxelles, 
1717-1719,1.  II. 

{i.  IX"  register  ter  Tre-soriie  f/ehoudeu,  (•'  2.jU. 

(3)  XI'  reyisler,  ï"  54. 


—  i:i8  — 

nos  voisins  l'engagèronl,  parait-il,  à  émigrer.  Vers  1GS(S  il 
s'élablil  à  Lille,  devenu  une  ville  française,  et  y  oblinl  du 
magistrat  une  gratification  de  1(10  llorins  et  l'exemption  de 
l'assise  sur  la  bière.  Il  avait  ))résenlé,  comme  preuve  de  son 
habileté,  une  Tcie  du  Sauveur  couronnée  cC épines.  En  IGSI), 
il  avait  neuf  métiers  en  pleine  activité;  il  lui  fut  alors 
accordé  une  pension  annuelle  de  iOO  livres  de  France,  dont 
il  jouit  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  vers  1GÎ)8.  A  l'exposition 
de  Munich  de  I87i,  on  voyait  de  lui  une  Scène  champillrc, 
appartenant  au  iMusée  national  de  Bavière  et  portant  la 
marque  de  Bruxelles,  preuve  que  cette  pièce  était  antérieure 
à  son  émigration.  Le  Palais  royal  possède  encore  de  lui  un 
Campement,  un  Episode  tiré  du  livre  des  rois,  en  deux 
pièces,  un  Sacrifice  d'Abraham,  etc.  M.  Iloudoy  mentionne 
plusieurs  autres  œuvres  de  ce  fabricant  cl,  dans  le  nombre, 
une  Vierge  avec  Pcnfant  Jésus,  d'après  Rubens,  propi'iélé 
de  M.  Vander  Cruys.sen,  de  Lille,  qui  peut  èlrc  comparée 
aux  produits  des  fabriques  les  plus  renommées.  Ce  fabricant 
oITril  au  gouvernement  espagnol,  en  septembre  JOOi, 
d'établir  une  fabri(pie  à  Madrid,  v[  celti;  |)roposition  fut 
fortement  appuyi-e  i)ar  la  junic  du  commerc(\  .Mais  la 
monarchie  espagnole  était  dans  un  él;il  ici  ([u'il  ne  jinl  rire 
question  d'accepler  l'offre  de  De  Meller  (i). 

Catherine,  fille  de  De  Meller,  épousa,  en  1700,  Guillaume 
Warnier,  qui  était  également  de  Bruxelles,  comme  en 
témoigut'  >(»n  acie  d'admission  dans  la  boui'geoisie  lilloise, 
(Ml    diili'  du    I"   jiiillei    1701  ,  (loiil  nous  devons  la  coniiais- 


'l)    D.-i;.  Cl;  17  \ia   Vll  I  A  AMII  ,  I.Os  lllfiiii'ti  lli'  Coi/il  ,p.  7.')  (M  .il  li  il,  1870,  illll>) 


sanco  à  l'obligeance  de,  M.  l'avûcat  Serrure  (i).  Les  |»rodiiils 
de  Warnicr  sont  nombreux  e(  i'cmai'(juables,  et  il  en  existe 
à  Lille  et  aux  environs  un  <irand  nombre;  on  en  trouvera  la 
liste  dans  le  travail  de  M.  {[oudoy.  «Ils  peuvent,  y  est-il 
»  dit,  être  comparés  aux  boaux  produits  des  Gobelins,  el 
»  leur  mérite  les  a  lait  attribuer  à  cette  manufacture 
»  célèbre.  »  Celle  de  Warnier  avait  pris  un  développement 
considérable,  puisqu'elle  fournissait  du  travail  h  soixante  fa- 
milles et  comprenait,  en  17Ô3, 21  métiers.  Il  y  avait  des  tapis- 
series de  ce  fabricants  l'exposition  de  Milan  de  1874,  et  en 
particulier  des  Scènes  pastorales  et  champêtres,  avec  des 
tropbées  d'ustensiles  dans  la  bordure,  provenant  du  palais 
royal  de  Turin  ;  il  y  en  avait  aussi  à  l'exposition  de  Paris  de 
1870,  et  l'on  en  voit  plusieurs,  notamment  des  Scènes  de  la 
vie  de  Don  Quicholle,  à  l'Iiôpilal  Saint-Sauveur,  de  Lille. 
Notre  compatriote  mourut  en  I7.")8,  laissant  une  veuve 
appelée  Catherine  Gbuys,  qui  contjnua  la  profession  de  son 
mari  et  reçut  de  la  ville  de  Lille  une  pension  qui  lui  fut 
payée  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  12  décembre  1778. 
Adrien  Waerniers  ou  Warnier,  frère  de  Guillaume,  qui 
a  laissé  de  la  postérité,  alla  s'établir  à  Copenhague  (-2). 

Le  21  mai  1680,  on  admit  dans  la  bourgeoisie  de 
Bruxelles  Guillaume  Foulon,  de  Namur,  en  même  temps 
que  son   tils  Guillaume-François,   en  réduisant  pour  eux 


(1)  <<  Guillaumo  Waerniers,  (ils  de  Jaspar  et  de  Jeanne  Ganweners,  natif  lie 
»  Bruxelles,  niaistre  tapissier,  aiant  espnusc^  Catlierine  De  Melter,  lille  de  Jean, 
)>  sans  enfants,  par  achat,  le  l"'  de  juillet  1701 ,  Wl"  v  [Itefiislrc.'^  de  boiirgeohie 
de  Lille,  n"  !X,  p.  1-2). 

(î)  HouDOY,  lue.  cit.,  pp.  97  et  Miivantes.  Vnir  aM>si  l'nhm  centrale  des 
Henm-Aiis.  Caloloijiie,  p.  ii'à. 


—    100  — 

If  droit  d'entrée  à  550  florins  (i).  Fonllon  embrassa  la  pro- 
fession de  marchand  de  tapisseries.  Il  conCectionnail  dt> 
préférence  a  des  bocages  lins  en  vert,  des  paysages,  des 
reposoirs  »  {groene  fyne  boschaf/ten ,  lanlschappen,  repos- 
feros),  etc.,  et  en  exposa  plusieurs  au  Tapissiers  pant.  En 
1681,  ouiro  une  chambre  de  l^ Histoire  d'Alexandre,  il  lit 
(wécuter  huit  pièces  du  geni-e  dit  en  flamand  Plaisante 
lantschappen  ou  Sites  agréables,  genre  qui  était  très  en 
faveur  dans  plusieurs  villes  de  France  et  dont  FouUon  vou- 
lait conserver  l'exploitation  à  Bruxelles.  Ce  fut  jiour  ce  motif 
(jue  le  magistral  lui  octroya,  le  "24  noveml}re,  les  faveurs 
et  avantages  accordés  d'ordinaire  aux  principaux  de  ses 
confrères  (2).  Gomme  son  gendre  Jean  Goch  avait  fait 
confectionner  un  grand  nombre  de  chambres  et  grandement 
contribué  au  maintien  de  l'industrie  bruxeUoise,  il  hii  suflit 
(le  rappeler  ces  circonslanccs  pour  obtem'r  à  son  tour  les 
mêmes  |)riviléges,  le  IH  juillet  16î)9  (0). 

Vers  le  même  temps,  on  avantagea  : 

N.  Van  den  Sande,  doyen  en  exercice,  qui  avait  exécuté 
en  tapisserie  des  personnages  (posiuren),  des  paysages 
(lantschappen),  etc.  (résolution  du  25  août  1()8()  (4); 

.leanCobus,  également  doyen  (résolution  du  mèniejour)  (:;); 

Jean-Baptiste  Grimberchs,  ancien  bourgmestre  des  na- 
tions,(pii  depuis  un  an  avait  commencé  à  faire  confeclidunei- 
des  tentures  (résolution  du  8  août  1087)  (c;. 

(1)  .IV  irfjisler,  I"  ."li. 

(i)  Ihiilem,  i'"i\H. 

(3)  Ibiili'in,  i'7,\i. 

(i)  Ibidi'iit,  1"  18:.. 

(c)  Ibidem,  f"  l'Jl. 

(«)  lliiilrm,  r^  :2ilT. 


—   Mil   — 

Au  iiioijioiil,  on  s'oLivi'il  le  xviii'-'  siècle,  un  ne  coinptail 
plus  à  Bruxelles  que  liuil  l'abricants  de  tapisseries,  mainle- 
nanl  en  aclivilé  55  niéliers,  soil  un  peu  j)Ius  de  150  ouvriers. 
C'étaient,  d'après  un  état  signé  B.-F.  de  Robiano  et  datani 
des  années  1705  à  1707  : 

Ainvercx  (Albert),  qui  occupait     5  métiers; 
De  Clerck  (Jérôme),  »  7         » 

De  Vos  (Josse),  »         1^2         » 

De  Potter  (Guillaume),         «         ,  5         » 
Peemans,  »  4         » 

Rydanjs  (Henri),  »  5         » 

Van  den  Hecke  (François),  »  4         » 

Van  der  Borcht  (Gaspaj*),     »  5         » 

et  Van  derBorcht  (Jacques),  »  8         » 

Un  a  déjà  parlé  de  ces  industriels,  sauf  de  De  Potier,  sui- 
lequel  on  ne  sait  j-ieii,  et  de  Josse  De  Vos,  sur  lequel  nous  re- 
viendrons. Les  Leyuiers  avaient  alors  suspendu,  ou  du  moms 
ralenti  leur  ancienne  activité.  Quant  aux  Leclercq,  ils  y 
renoncèrent  bientôt.  Jérôme  prit  pour  associé  Jean-Baptiste 
Vermillion ,  à  qui  il  transmit  ensuite  la  direction  de  ses 
ouvriers  et  la  propriété  de  ses  métiers.  Vermillion  était  doyen 
du  métier  du  temps  d'Anneessens  et  joua  dans  les  troubles 
un  rôle,  très-secondaire,  il  est  vrai.  11  obtint  de  la  ville,  le 
16  mars  \7^2'5,  les  avantages  qu'elle  octroyait  d'ordinaire  aux 
fabricants  de  tapisseries  (i);  mais,  au  bout  de  (juelques 
années  (avant  175i2),  il  léj-ma  ses  ateliers,  qui  se  trouvaient 
à  la  Cantersteen  ou  rue  des  Carrières. 


(i)  A'V7''  rcgisler  1er  'iresonje  (jchouden,  l"  175. 


—   î(ri  — 

l';ii'iiii  |ilusi''iii'>  lapissicrs  du  iioni  de  i)i3  Vos,  1*'  |»!iis 
iriiomiiic  clail  Jos.^c,  (|iii  l'ut  privilcLiic  i)ar  le  iiiaiilslral  le 
:2î)  août  J70j;  une  exeniplion  coiui^lùlc  d'assis(,'s  sur  lus 
(|ualre  espèces  de  consommation,  c'est-à-dire  la  l'arine,  la 
viande,  la  bière  et  le  vin,  lui  lui  alors  accordée  (i).  Nul 
membre  de  la  corporation  n'avait  à  cette  époipie  plus  de 
réputation.  Ce  IVU  chez  lui  tpic  l'on  exécuta,  pour  le  palais 
impérial  de  Vienne,  une  i-eproduction  de  la  Cont/ucie  de 
Taiiù,  lorsqu'on  en  retrouva  les  cai-tons,  en  171:2,  au  palais 
de  Bruxelles,  cartons  que  l'on  attribua  au  Titien,  tandis  qu'ils 
étaient,  comme  des  témoignages  irrécusables  l'atteslenl 
et  comme  on  l'a  prouvé,  du  jieinlre  néerlandais  Jean  Ver- 
meyen.  Suivant  toutes  les  probabilités,  ce  fut  lui  aussi  que 
l'on  chargea  de  confectionner  les  tapisseries  où  étaient  re- 
l)résenlées  les  Campagnes  du  ijéncral  duc  de  Marlboruiigh, 
etijui  allèrent  décorer  le  fastueux  palais  de  BIcnheim,  élevé 
par  la  reconnaissance  anglaise  au  général  qui  avait  si  sou- 
vent trionqihé  des  lieutenants  de  Louis  XIV,  et  ensuite 
achevé  par  la  veuve  du  duc.  Il  faut  encore  lui  attribuer  les 
tenlui'es  du  même  genre  où  sont  j-etracées  les  Vuiuires  du 
prince  Eugène  de  Savoie,  et  qui  ornent  le  palais  de  ce 
défenseur  de  la  monarchie  autrichienne  {-2). 

De  Vos  a  été  souvent  enq)!oyé  jiar  nos  principales  familles 
et  en  ))articuliei'  par  les  de  iMérode  et  d'Arenberg.  C'est  de 
lui,  si  les  indications  qui  m'ont  été  (hjnnées  sont  exactes,  que 
sont  les  tapisseries  où  rnn  a  i-epréseiité  les  châteaux  de  la 
famille  de  .Mérode,  notamment  Wcslerloo,  ou  il  exi.sie  li-ois 


(1)  Archives  de  la  Cliaiiilirc  de  commerce  inslilitée  en  ITOô. 

(i)  Mémoires  du  murérJi/il  cmle  de  Mérode-Westerloo,  I.  II.  |i.  Ti. 


—    Km    — 

picccb  lie  ce  gcuiv.  .l'ai  pu  c.xainiiicr  à  l'ïuAvl  d'Aiciilji'ig 
six  lupisserics  où  Josso  Du  Vos  a  représenté  el  l'clracé, 
tl'api'ès  des  dessins  dus  à  Jean  Xiui  Oricy,  les  Amours  de 
Vénus  el  (C Adonis;  sur  Tune  d'elles  un  voit  les  nymphes 
désarmant  les  Amours  el  brùlanl  leurs  carquois.  Elles  ont 
pour  encadrement  des  bords  imitant  le  bois  dore,  ornementé, 
el  mesurent  en  hauteur  .")"\Sj  sur  une  largeur  ipii  varie  de 
2"'03à  0  mètres. 

De  Vos  doit  avoir  beaucoup  travaillé  pour  les  d'Arenberg, 
chez  qui  l'on  trouve  aussi  neuf  tapissei'ies  pour  frises,  ayant 
ô^Oo  de  large  et  0'"8!2  de  haut,  et  où  se  trouvent  des  génies 
ailés,  assis  sur  des  écussons  aux  armes  de  la  famille  et  en- 
tourés de  fleurs  et  de  fruits.  D'autres  pièces,  de  2"'50  sur 
5"''10,  et  avec  cadre  imitant  le  bois,  nous  montrent  le  blason 
ducal  supporté  par  des  génies  ailés,  el,  dans  le  bas,  donl  le 
fond  présente  un  site  montagneux,  des  vases  avec  Heurs. 
Citons  encore  une  douzaine  de  nioi'ceaux  de  lapis,  également 
sortis  des  ateliers  de  De  Vos,  où  l'on  remarque  des  dessins 
chinois,  coloriés  or  et  argent  sur  un  fond  noir.  Ces  fiagmenls, 
d'un  genre  tout  particulier,  sont  remarquables  par  l'extrême 
délicatesse  du  travail. 

Josse  De  Vos  eut  pour  continuateur  son  fils  Jean-François, 
qui  fut  avantagé  à  son  tour  pai-  la  ville  le  19  août  1719  (i). 
Le  IG  octobre  I75G,  il  fut  compris  au  nombre  des  fabricants 
auxquels  le  magistral  allouait  tous  les  ans,  en  vertu  d'une 
résolution  datant  de  I7."2,  une  allocation  de  40  lloi-ins  |'ar 
an,  (\(is  qu'ils  faisaient  travailler  quatre  métiers;  or  De  Vos 
en  occupait  oncoi'e  huit.  Ses  fabricats  n'étaient  pas  déposés 


(i)  -VV*  rcfj'.sfer  1er  Tresonje  (jeUouilen,  f"  599. 


—  164  — 

cliez  .'ni,  mais  cliez  son  neveu  (neve),  le  grenier  De  Vos. 
Il  a  exisléaussi  un  J.-B.  De  Vos,  dont  on  avendu  à  Bj-uxelles, 
en  1871,  deux  pièces  représentant,  d'après  Vander  Meulen, 
L'Arrivée  au  camp  et  le  Lever  du  camp. 

La  famille  Van  den  Hecke  était  alors  représentée  par  les 
enfants  de  Jean-François,  dont  nous  avons  parlé  longuement. 
Gel  industriel  se  maria  deux  fols  :  avec  Anne-Lucie  Van 
den  Brugge  et  avec  Catherine  Usselincx  ;  de  la  première  il 
eut  cinq  enfants  :  François,  Pierre,  Jeanne,  femme  de 
Jacques  ou  François  Wielemans  ;  Marie,  femme  de  Michel 
Bodas,  et  Anne,  femme  de  Gaspar  Van  der  Borcht;  Fran- 
çois, qui  s'allia  à  Élisaheth  Luycx,  fut  doyen  du  métier  en 
1G97,  1707  et  1715.  Pierre  fut  honoré  de  la  même  dignité 
en  1711.  Il  fabriquait  de  la  basse-lice  et  fut  privilégié  par  la 
ville  le  15  novembre  1710  (i).  Ses  ateliers  se  trouvaient  en 
face  du  couvent  des  capucins,  au  coin  de  la  l'ue  Haute  et  de 
la  rue  de  l'Éventail,  dans  cette  ancienne  brassei-ie  l'Eventail 
(den  Waeye?')  (|ue  son  père  avait  acquise  le  22  novembre 
1094  et  dont  il  i-eprit  les  quatre  cinquièmes  de  ses  co-héri- 
liers  le  9  octobre  1715. 

On  se  fera  une  idée  de  l'inq^ortance  de  ses  travaux  |)ar  la 
note  ci-juinlc,  dont  je  dois  la  bienveillante  eonnnunication 
à  M.  le  comte  François  Van  dei'  Straelen  et  que  je  reproduis 
;i  peu  près  textuellement  : 

«  Les  cartons  de  ces  IJnes  fabriques  de  lappisseries  se 
»  vendent  chez  Pierre  Van  den  llecke,  demeurant  sur  la 
)'  llaule-Uiii',  vis-à-vis  les  Ri\.  pères  capucins,  fabricaleur 
»   actuel  desdiles  pièces  à  Brusselle. 

(i)  XV  rcfiisler  1er  Tresonjc  ijchuuden,  f»  21. 


—    Ki'J  — 

»   Méiiiuii'o  dus  (lilïercnk's  cliaiiibi'es  de  lyppisserios, 

n   PreinièreiiiLMit  f Histoire  de  Psichc,  l'ailo   d'api-ès   les 

»   patrons  du  l'aineux   s'  Jan  Van  Orlai,  à  d  1/i  aunes  de 

»   hauteur  : 

»    I.  Psiclié,    lilic  d"un   roi,    éloit  si 

»  extrêmement  belle  que   les  hommes 

»  (jui   la   voyoient,    croyoient   et   pen- 

»  soient  qu'elle  cloit  la  déesse  Vénus; 

»  pourquoi  chacun  l'honoroil  avec  des 

»  offrandes  et    autres  services  divins; 

»  mesure ÎO    1/4  aunes. 

»  2.  Psiclié,  avec  toute  sa  beauté, 
»  n'avoil  point  de  contentement,  voyant 
»  qu'elle  demeuroit  seule  et  que  per- 
»  sonne  ne  la  recherchoit  en  mariaiïe; 
»  c'est  pourquoi  le  roi  son  père  alla 
»  consulter  l'oracle  d'Apollon       .         .  9  aunes. 

»   3,  Psiché,  étant  allée  dans  le  palais, 

»  admire  avec   étonnement   toutes   les 

»  choses  précieuses  et  les  j-ichesses,  les 

»  beaux  bains  dans  lesquels  elle  s'al- 

»  loit  recréer;  elle  vit  aussi  préparer  la 

»  table,  avec  toute  sorte  de  manger  et 

n  de  vins  délicieux     .         .         ,         .  7    14  aunes. 

»  4.  Vénus,  se  divertissant  avec 
»  d'autres  dieux  marins  et  déesses,  sur 
»  la  mer  Océane,  fut  avertie  jiar  son 
»  oiseau  blanc  que  son  fils  Cupidon 
»   éloit  au  lil,  malade  d'une  bi'ùlure      ,  6   1i  aunes. 


—    I6()  — 

j>  .').  Cii|ii(lon,  lie  ]i()iiv;iiil  soulTrir 
»  ))lus  longtemps  rabsence  de  sa  lulurc 
»  épouse  Psiché,  monte  au  ciel  devant 
»  le  ti'ône  de  Jupiter,  lequel  lui  accorde, 
»  avec  tous  les  autres  dieux,  l'agréation 
)>   de  son  mariage       ....  '>  aunes. 

»  6.  Soins  que  prend  Vénus  pour 
»  mettre  ses  allraîls  en  élat  de  se  soule- 
w   nir  contre  ceux  de  Psiché.         .  4  3i   I  S  aunes. 

»  7.  Psiché,  s'élanl  levée  pendant  la 
»  nuit,  prit  une  lampe  et  vit  avec  grand 
M  étonnement  son  beau  dieu  Cupidon, 
)'  et  d'altération  il  lui  tomba  quekjues 
))   gouttes  d'huile  sur  l'épaule       .         .  i    1  i  aunes. 

»  Les  dites  sept  pièces  ont  40  5/4  i  H  aunes  en  tour  et,  à 
M  5  1/4  aunes  de  hauteur,  font  en  carré  246  aunes.  Les 
y  mêmes  histoires,  à  5  aunes  età  4  1  !2  aunes,  se  trouvent 
»  aussi  chez  ledit  l'abrieuleur.  Le  prix  est  .  .  .  fl.  argent  de 
»   change.  » 

«  Seconde  chambi-e,  représentant  les  Quatre  misons  de 
»  tannée,  en  quatre  pièces,  avec  les  ti-ois  planètes  en 
»  chaque  pièce  et  les  quatre  éléments  en  deux  pièces;  cn- 
»   semble  six  pièces,  à  3  aunes  de  hauteur  : 

»  {.  L'.Vutomne.  La  Balance,  le 
»   Seuj'piuii,  le  Sagittaire      .         .  !)    I  (S  aunes. 

»  2.  Le  Printemps.  Le  Béliej-,  le, 
»   Taureau,  les  Gémeaux     .         .         .  <S    1/8  aunes. 

»  ô.  L'Eté.  L'Écrevisse,  le  Lion,  la 
»  Vierge  ......  7  aunes. 


—  107 


»   i.  L'Hiver.  Le  Capricorne,  l\47i<«- 
»  nws  (le  Verseau),  les  Poissons  .         .  (>    1,8  aunes. 

»   o.  L'Air  et  l'Eau.         ...  o  aunes. 

»  6.  Le  Feu  et  la  Terre  .         .         .  i    J/2  aunes. 

»   Les  dites  pièces  ont  59  5/i   I  ;2  aunes  en   tour  e(,  à 
»   o  aunes  de  hauteur,  t'ont  en  carré  199  aunes.  » 

«  Autre  chambre,  représentant  les  Plaisirs  du  monde,  à 
»    i  1/2  aunes  de  hauteur  : 
»    i.  Diane  vient  de  la  chasse 
»   2.  L'Hiver. 
»    5.   La  Musique    . 


»  4.  Le  Couronnement 
»   5.  Les  Vendanges 


.     9  aunes. 

.     8  aunes. 

.     ()  Ô/4  1/8  aunes. 

.     (j  aunes. 

.     5  aunes. 

.     4  aunes . 

1/2  aunes  en  tour  et,  à 
carré  174  aunes.  » 


»   6.  L'Abondance. 
«   Les  six  pièces  ont  58  3/4 
»  4  1/2  aunes  de  hauteur,  font  ei 

«  Autre  chambre,  représentant /es  Fêles  des  paysans,  en 
»  petites  figures  peintes  d'après  Teniers,  à  5  aunes.de  hau- 
»  teur  : 

»  I.  Une  dédicace  (lisez  :  ducasse  ou 
»  kermesse)  de  paysans,  où  ils  se  diver- 
»   tissent  à  table.         ....  9 

»  2.  Un  Marché  aux  IVuits,  avec  un 
»  vendeur  de  chansons  et  divers  autres 
»   divertissements       ....  8 

y>  3.  Des  paysans  mettent  la  moisson 
»  en  sùrelé  et  font  des  gauffres     .         .  7 

»  4.  Une  danse  de  mai,  avec  tam- 
»   bours  et  fifres  ....  G  aunes. 


aunes. 


aunes. 


aunes. 


—   I()8  — 

»   l}.  Les  Vendanges       .         .         .  o  l/i  aunes. 

)>   G.  Une  Poissonnerie    ...  5  aunes. 

»   7.  L'Hiver.         ....  4  1/4  aunes. 

»   8.  Les  moutons  clans  la  prairir      .  4  aunes. 

»   0.  Un  Marché  aux  poulets    .         .  3  1/2  aunes. 

»  Ces  neuf  pièces  ont  j-2  aunes  en  tour  et,  à  o  aunes  de 
»  hauteur,  font  en  carré  200  aunes.  Les  mêmes  Teniers,  à 
»  4  5  4  aunes  de  hauteur,  à  i  1/2  aunes  de  hauteur  et  aussi 
»   à-i  aunes  de  hauteur.  » 

«  Histoire  de  Don  QuixoUe  de  la  Manche,  en  petites 
»   iigures  comme  les  Teniers,  à  4  1  2  aunes  de  hauteur  : 

»  1.  Départ  de  Sancho  pour  l'ile  de 
»   Uarataria       .         .         .         •         .  9  aunes. 

»  2.  Entrée  des  hergers  aux  noces  de- 
»   Gamachio 8    12  aunes. 

»  3.  L'entrée  de  Sancho  dans  l'ile  de 
»   Barataria 7    14  aunes. 

»  4.  Don  Quixotte  est  servi  par  les 
»   demoiselles  de  la  comtesse        .       •.  7    18  aunes. 

»  ').  Le  curé  et  maiire  Nicolas  vieii- 
»  nent  chercher  Don  Quixotte  en  l'hùtel- 
»  lerie,  le  mettent  dans  une  caiie  tirée 
»   par  deux  hœul's       .  .         .  G    1  2  aunes. 

»  0.  La  (aille  de  Sanclio  est  sei'viii 
"  magni!i(pien)enl,  mais  sitôt  qu'il  veut 
»  manger,  le  mcdecin  Pedro  Kessio  l'ail 
»   enlever  les  plats      .         .         .         .  lî    l  i  aunes. 


—   M)9  — 

»  7.  Sancho  dans  une  cGuverUire; 
»  quatre  des  liomrnes  les  plu?^  forts  !e 
»  jettent  en  l'air         ....  :\  aunes. 

«  8.  Don  Qui.xotte  croit  de  recevoir 
»  en  l'hôtellerie  l'ordre  de  la  chevalerie.  i    1  4  aunes. 

»  Ces  huit  pièces  ont  ol  5  i  annos  en  tour  et,  à  4  12  aunes 
»  de  hauteur,  l'uni  en  carré  ^5:i  i  2  aunes.  Les  mêmes 
»   pièces  à  4  11  aunes  de  hauteur.  » 

Suit  un  court  avis,  d'après  lequel  le  «  fahricaleur  «  pou- 
vait élargir  les  pièces  qui  se  trouveraient  trop  étroites  pour 
une  chambre.  Il  vendait  aussi  les  pièces  séparément. 

Les  tentures  fabriquées  par  Pierre  Van  den  Hecke  ne  sont 
pas  rares.  On  cite  notamment  un  Marché  flamand,  dont 
j'ai  vu  une  reproduction  photographique  due  à  M.  Pacauld, 
de  Pau  (1)  ;  la  Moisson,  pièce  qui  est  signée  P.  V.  d.  Hecke, 
comme  la  précédente,  et  que  son  pi-opriétaire,  le  baron  René 
d'AIès,  a  récemment  envoyée  à  une  exposition  ouverte  à 
Orléans  (2)  ;  un  paysage,  avec  des  ruines  et  plusieurs  per- 
sonnages (0;,  etc.  En  1877,  on  a  vendu  à  l'Hôtel  DrouoI,  pour 
la  somme  de  !2,GoO  francs,  cinq  pièces  de  l'histoire  de  Don 
Quichotte,  provenant  de  la  famille  Dubus,  de  Tournai,  qui, 
en  1725,  les  avait  payées  5,800  florins  de  Brabant;  leur 
provenance  était  incontestable,  car  elles  étaient  signées 
P.  Van  den  Hecke,  comme  ces  belles  tentures  que  l'on 
con.serve  aujourd'hui  à  l'iiôlcl  de  ville  de  Gand  et  que  l'on  a 
pu  voir  l'année  dernière  dans  la  capitale  de  la  Flandre,  à 


(i)  Messager  (hs  sciences  hlsloriqiies  île  Belfiique,  année  I808. 
(2)  Gazette  des  Beauj-Aris,  t.  MV,  2*  période,  p.  87. 
{:-,)  Notes  (le  M.  Daut/enbei'y;. 


—    170  — 

l'Exposition  rétrospective  des  ai-ts  industriels.  Cinq  portent 
les  armoiries  du  corps  dit  jadis  le  Vieiix-Uourg,  de  Gand, 
et  offrent  les  sujets  suivants  : 

V  Apollon  et  les  neuf  muses  ; 

2"*  Neptune  avec  Amphitrile,  tirés  dans  un  char  en  forme 
de  conque  marine  par  des  dauphins  accompagnés  de  tritons 
et  autres  dieux  marins.  La  partie  supérieure  offre  l'assem- 
blée des  dieux  dans  l'Olympe  ;  Diane  repose  sur  le  gazon  ; 

5"  Minerve  distribuant  des  récompenses  à  différents  arts  : 
l'architecture,  la  peinture,  la  sculpture  et  la  musique; 

4"  Un  triomphateur  romain,  dans  un  char  tiré  par  deux 
lions  et  que  la  Victoire  couronne;  des  femmes  captives,  des 
enfants  et  des  guerriers  entourent  le  char  ; 

rj"  Repos  de  Diane  après  la  chasse  ;  la  déesse  est  accom- 
pagnée de  ses  nymphes. 

Quatre  autres  pièces,  sans  armoiries,  représentent  : 

If  Une  assemblée  de  docteurs; 

2"  La  linlaille  d'Alexandre  contre  Darius,  d'après  Le 
Brun; 

5"  Clélie  passant  le  Tibre  avec  ses  compagnes  ; 

4"  Pénélo))e  enlourée  de  ses  femmes  (i). 

Pierre  Van  dcn  llecke,  après  avoir  perdu  sa  seconde 
femme,  mourui  on  i7a2  et  fut  enterré  dans  l'église  de 
Notre-Dame  de  la  Chapelle  le  i ',)  février.  Il  ne  laissa  que  des 
filles,  qu'il  eut  de  Marie-Françoise  Wielemans  :  .Marie,  Calhe- 


(i)  De  Husschek,  L'abbaye  de  Saint -Pierre,  it  Garni,  17SI  et  1S47  (Ahma/cv 
(le  In  Société  roi/ole  des  Beaux- Arts  et  de  littérature  de  Gand,  t.  Il,  p  508).  — 
Le  monastère  île  Saint-Pierre  possédait  jadis  deux  tentures  de  tapisseries  :  l'une, 
de  sept  pièces,  l'histoire  de  Don  Quichotte;  l'autre,  de  quatre  pii'ces,  oii  était 
tijruréf  uiif  liurrhanale  (Ibidem). 


—   171   — 

rine,  Françoise,  femme  de  l'avocal  Etienne  T'Kint,  et  Jeanne, 
femme  de  Jean-Albin  Fricx.  l.os  deux  premières,  de  concert 
avec  François  Van  der  liorchl,  cjui  était  à  la  fois  exécuteur 
testamentaire  de  l'avocat  T'Kint  et  tuteur  des  filles  de  Fricx  et 
de  Jeanne  Van  (I(Mi  llecke,  cédèrent  à  Baltliasar  Becqué,  le 
Il  avi'il  1700,  la  maison  qui  avait  été  In  brasserie  den 
Waeyer  ou  l'Kvontail.  Pm's  on  mit  en  vente  les  outils,  les 
dessins  et  les  tentures  faisant  partie  de  la  succession  de 
Pierre  Van  den  Hecke.  Parmi  les  dessins  figuraient  ceux  de 
l'Histoire  de  Psyché,  par  Jean  Van  Orley,  que  l'on  venait 
d'utiliser  pour  une  reproduction  destinée  à  l'impératrice 
Marie- Thérèse,  et  ceux  dits  les  Femmes  iUuslres,  dus  à 
De  Haese.  Parmi  les  tapisseries  se  trouvaient  un  exemplaire 
de  cette  dernière  série,  un  de  l'Hiatoire  de  Don  QuichoUe 
et  un  des  Saisons  de  Cannée. 

D'après  le  manuscrit  consacré  à  l'éloge  des  Leyniers, 
cette  familhi  était  principalement  représentée  au  commence- 
ment du  xviiT  siècle  par  Urbain  Leyniers.  «  Dès  sa  plus 
»  tendre  Jeunesse,  s'étant  appliqué  avec  son  père  à  tout 
»  ce  qui  concernoit  l'art  de  la  teinture,  afin  de  se  per- 
»  fectionner  de  plus  en  plus,  surtout  à  teindre  les 
»  nuances  pour  les  carnations  et  le  cramoisi,  il  y  parvint  à 
»  un  U'\  degré  qu'il  fut  distingué  au-dessus  de  tous  ses 
»  aïeux  et  qu'il  devint  le  seul  et  unique  teinturier  dans  les 
«  Pays-Bas  pour  les  fabricants  de  tapisseries  de  même  que 
r>  pour  la  teinture  des  draps,  de  sorte  que  Son  Altesse  élec- 
»  torale  Maximilien-Emmanud,  duc  de  Bavière,  gouverneur 
»  général,  ayant  expérimenté  son  suprême  génie  dans  la 
»  profession  du  secret  dudit  art,  l'a  déclaré  teinturier 
»    unique  de  sa  cour,  Iiii  donnant  aussi  un  ordn'  de  m(Mlre 


—   172  — 

»  ses  armes  au-dessus  de  la  porle  de  sa  maison,  avec  celte 
»  inscription  :  teinturier  de  Son  Altesse  Électorale...  »  Ce 
Lcyniei's,  (jui  naquit  le  2G  lévrier  1671,  de  Gaspar  Leyniers 
et  d'Anne-Calherine  De  Mayere,  était,  entré  dans  le  métier 
des  teintui'iers  comme  apprenti  en  HÎK]  et  comme  maître 
en  1700;  il  en  fut  l'un  des  doyens  en  1705,  1707  et  d708. 
On  le  nonmia  aussi  juge  de  la  cliambre  des  tonlieux.  Il  habi- 
tait rue  Vincket  (aujourd'liui  la  partie  antérieure  de  la  rue 
des  Chartreux). 

Sa  profession  principale  était  celle  de  teinturier,  pour 
laquelle  il  fut  exempté  des  assises  le 29  mars  170i, connue  les 
autres  teinturiers  l'étaient  alors,  et  une  seconde  fois,  le  9  sep- 
tem])re  1713,  pour  une  quantité  supplémentaire  consistant 
en  12  aimes  de  double  bière  et  une  aime  de  liière  dite  ^ra.s- 
penninx  hier,  en  considération  de  ce  qu'il  travaillait  tant 
(als  hy  zoo  sterck  is  nerckendej .  Mais  il  fut  aussi  tapissier,  et, 
outre  les  célèbres  tentures  de  la  salle  du  conseil  communal, 
on  connaît  de  lui  une  Pèche  du  poisson,  signée  U.  Ley- 
niers I).  I,  pièce  remarquable  appartenant  à  la  fainille 
d'Arenberg;  sept  pièces  de  l'Histoire  de  Don  Quichotte,  avec 
la  marque  U.  Leyniers  R.,  etc. 

C'est  à  Leyniei-s  el  à  son  associé  Rydams  que  l'on  doit 
les  splendides  tapisseries  de  la  salle  du  conseil  communal  de 
Bruxelles.  Elles  ont  été  fabriquées  pour  les  Etals  de  Brabant, 
d'après  des  cartons  de  Victor-Honoré  Janssens,  qui  y  a 
déployé  un  grand  talent  de  composition.  Elles  représentent 
trois  épisodes  de  l'Histoire  du  duché  de  JJrabanf  : 

]"  Philippe,  (\\ir  de  Houi'gogne,  remellaiit  la  Joyeuse- 
Entrée  aux  i'('pi'(''scn(;Mil>  du  clergé,  de  la  imblesse  el  des 
villes  (lu  duelit'.  lors  de  son  avènement   au   Irt'iue,  en  1450; 


-    I7r,  — 

2'  L'AbLlication  de  Cliarles-Qiiiul,  à  Bruxelles,  en  looo; 

5"  Sujet  allt'i>ori(Hie  relnlifà  rinaui^iiralion  de  rciiipr-reur 
d'Autriche  Charles  VI  comme  duc  de  Brahant,  en  17  J  7. 

On  peut  les  ranger  toutes  trois  painii  les  chefs-d'œuvre 
de  l'industrie  bruxelloise.  Elles  ont  conservé  une  vigueur 
de  tons  remarquable;  les  teintes  les  |)lus  délicates  s'y  main- 
tiennent de  manière  ta  prouver  l'excellence  des  procédés 
employés  pour  la  teinture  des  fils.  Il  suffit  de  citer  dans 
l'Abdication  la  robe  en  satin  blanc  de  Marie  de  Hongrie, 
dont  on  ne  peut  qu'admirer  la  finesse  et  le  velouté.  Ces 
tapisseries  n'ont  pas  de  bordure;  elles  sont  simplement 
placées  dans  la  boiserie  de  la  salle,  dont  elles  font  ressortir 
la  splendide  ornementation  et  surtout  les  dorures.  Elles 
s'harmonisent  parfaitement  avec  le  beau  plafond  dans  lequel 
le  pinceau  de  Janssens  a  retracé  l'Assemblée  des  dieux  dans 
l'Olympe,  et  en  se  répétant  dans  les  grandes  glaces  qui  cou- 
vrent l'un  des  côtés  de  la  salle,  elles  semblent  en  doubler 
l'étendue.  Ces  trois  pièces  ont  été  transportées  en  1794  en 
Allemagne,  d'où  elles  ne  revinrent  qu'en  1807.  La  troisième 
est  signée  Leymers  Rydams  ,  pour  des  motifs  que  nous 
avons  déjà  expliqués.  En  vertu  d'une  ordonnance  du  10  mai 
1718  (I)  les  États  de  Brabant  les  payèrent  ^,47)7)  florins 
io  l;2  sous  (ou,  en  argent  de  change,  2,859  florins  8  sous), 
à  Urbain  Leyniers,  ciim  suis  (avec  les  siens).  Ils  avaient 


(i)  Kiide  eciie  ordonnaiitie  oni  aen  dcii  nieester  tapissier  Leyniers  cum  xiiis 
te  hetaelen  viiytte  penningen  van  do  caenior  cène  somme  van  2,433-12  1/2  wis- 
selgelt,  maockende  in  courant  2,^39-8,  in  voldoeninghe  van  dry  stuciien  tapyten 
by  hem  gemaeckt  voor  de  groote  vergaederinge  caemer  van  Myne  Heercn,  volucns 
acecrdt  uielten  selven  daer  over  gegeven  19  l'eb.  1717. 

Begistn'  îles  n^soliilions  des  étais  de  Urubauty  ii  la  duic  du  10  mai  1718, 


-    I7i  — 

anlérieurement  (ordonnance  du  21  février  J709)  donné 
1,400  florins  10  sous  au  tapissier  Jacques  Vander  Beurghl, 
maison  ne  sait  pour  quelles  tapisseries;  en  tout  cas,  on  ne 
|)eul  admettre l'asserlion  du  baron  dePoelnitz,  citée  par  M.  de 
WQiiïenhers:  {Nouvelles  archives  hisloriques,  t.  Vl,  p.  27ô), 
(|ue  la  pièce  représentant  la  Joyeuse-Entrée  de  Philippe  de 
Bourgogne  était  de  Vander  Borghl  père  (i). 

Urbain  Leyniers  mourut  le  IH  mars  1747.  Il  eut  d'Anne- 
Marie  Platteborse,  entre  autres  enfants,  Daniel  Leyniers, 
(pii  épousa,  le  ÔO  août  1729,  Catherine- Brigitte  Van  Schoo- 
îiendonck,  morte  le  12  février  1780  et  enterrée  dans  l'église 
Sainte-Catherine.  Ce  Daniel  était  parfois  surnommé  Daniel 
le  Jeune  op  het  Visschers  Sinne ,  ou  de  la  Senne  des 
Poissonniers,  parce  que  son  habitation  se  ti'ouvait  en  cet 
endroit.  Elle  a  été  achetée  par  la  ville  et  al»atlue  lors  de 
réiargissement  de  Tancienne  rue  de  Vitickct  ou  Finquetle, 
et  l'orï  a  constaté  à  cette  occasion  que  toutes  les  gouttières 
y  étaient  en  cuivre.  Daniel  devint  maître  teinturier  en  172Î) 
et  fut  doyen  de  sa  corporation  en  1750,  1752,  1755,  1757, 
1758,  17/1.0,  1714,  174a  et  1701.  Comme  il  fabriqua 
également  des  tapisseries  et  notamment  une  Allégorie  rela- 
tive au  commerce,  il  obtint  une  seconde  exemption  d'assises 
pour  12  aimes  de  bière  (2  décembre  1750);  il  prétendit  alors 
que  s'il  n'obtenait  pas  cet  encouragement,  il  devrait  (piillcr 
hi'uxclles. 

Ce  fut  à  Daniel  Leyniers  (pie  la  ville  d(  l>ru\i'lles  s'adressa 
|iii-,-qu"('ll('  eut  à  fournir  des  tapisseries  pour  d(''Ct)r(M"  l(\s  b;ibi- 

0)  Description  de  Iq.  ville  de  Bruxelles  ide  1782),  p.  ifl.  —  l'n  mamisnil  di' 
1;)  Hiblinlhét|iie  royale  altr. bue  nos  lapisserics  h  I'c  Vos  cl  ;i  .\ii\vi:irx,(|iii  iiiiraicni 
ii'pri/duil  (Ils  lies  iiis  di-  Van  Oilcv. 


—  I7:i  — 

lalions  où  logèrent  le  roi  Louis  XV  el  le  maréclia!  de  Saxe, 
après  la  conqiièle  de  la  capitale  des  Pays-Bas  autrichiens. 
En  174-(),  le  monarque  français  vint  faire  dans  nos  contrées 
une  tournée  qui  exerça  assez  peu  d'influence  sur  la  marche 
(les  opérations  militaires,  mais  qui  fut  nn  prétexte  pour  des 
exigences  de  toute  espèce.  Ainsi  Bruxelles  dut  meubler 
pour  le  roi  l'hôtel  d'Egmonl  (aujourd'hui  d'Arenberg),  où 
il  logea  et  où  ou  plaça  :  dans  la  chambre  à  coucher  du  roi, 
l'Histoire  de  Jupiter,  en  quatre  pièces;  dans  la  salle  d'au- 
dience, les  Saisons  et  les  Mois  de  l'année,  en  trois  pièces; 
dans  le  grand  cabinet  à  côté,  les  Métamorphoses  d'Ovide, 
en  trois  pièces;  dans  la  chambre  du  grand  chambellan, 
l'Histoire  de  Sanclio  Pança,  en  trois  pièces.  Ces  quatre 
tentures,  qui  servirent  du  mois  de  mai  au  mois  d'octobre 
1747,  furent  acquises,  le  17  avril  1748,  pour  9,02;)  florins. 
A.  l'hôtel  de  la  Tour-Taxis,  qui  fut  occupé  par  le  maréchal 
duc  de  Saxe,  on  en  plaça  d'autres,  en  octobre  1747.  Puis, 
lorsque  le  célèbre  général  eut  été  élevé  à  la  dignité  ôo 
gouverneur  général  des  provinces  conquises  parles  Français, 
il  prétendit  faire  remeubler,  aux  frais  de  la  commune,  l'hôtel 
d'Orange  (ou  M  usée),  qui  avait  servi  de  résidence  aux  princes 
autrichiens  chargés  d'administrer  les  Pays-Bas,  depuis  que. 
Cil  1751,  un  incendie  avait  dévasté  l'ancien  palais  de  nos 
souverains. 

Cette  exigence  aurait  entraîné  pour  les  linances  munici- 
pales d'énormes  sacrifices,  que  l'on  évalua  à  60,000  florins. 
Par  bonheur,  la  ville  parvint  à  s'en  exempter,  au  prix  d'un 
cadeau  en  tapisseries  fait  au  maréchal.  Il  est  très-probable 
qu'il  n'avait  été  question  de  l'ameublement  de  l'hôtel  d'Orange 
qu'afin  de  pouvoir  extorquer  à  Bruxelles,  sous  une  forme 


—    \7'ô  — 

nouvelle,  une  somme  do  !â,O0Oà  l.',000  llonns.  En  effet,  la 
résolution  du  magistrat  (.l'acquérir  trois  ehambres  de  tapis- 
series bruxelloises  date  du  ')(!  mai  1718,  tandis  que  la  fac- 
ture du  l'abi-icant  est  datée  du  1 1  cl  l'accord  conclu  avec  lui 
du  ÏH.  D'apivs  la  facture  de  Leyiiiers,  dont  Turiginal  fut 
remis  à  M.  Scovau,  major  de  la  ville  d'Alb,  délégué  du 
maréchal  (i),  voici  quels  étaient  les  sujets,  les  dimensions 
et  la  valeur  des  dilTérentes  pièces  : 

V  Tentui'e  de  sept  pièces  représentant /c.v  Triomplios  des 
Dieux  : 

1 .  Le  Trionjphe  de  Diane,  de  î>  aunes  de  long; 

"2.  Le  Triomphe  de  Mars,  de  7  1/4-  aunes; 

.".  Le  Triomphe  do  Flore,  de  6  5/8  aunes; 

4.  Le  Triomphe  de  Xeplune,  de  :>  1/â  aunes  ; 

0.  Le  Triomphe  d'Apollon,  de  i  5/i  aunes; 
().  Le  Triomphe  de  Yulcain,  de  i  aunes; 

7.  Le  Triomphe  de  Vénus  et  de  Vulcain,  de  A  aunes. 

Ensemble  il  amies  de  long  sur  5  de  haut,  soit  "lOli  aunes 
carrées,  évaluées,  au  ju-ix  de  :22  florins  de  change  l'aune, 
à  4,.*)  10  florins. 

2'  L'Histoire  de  Moise,  en  six  pièces  : 

1 .  L'Adoration  du  Veau  d'or,  de  9  1/8  aunes  ; 

2.  Le  Passage  de  la  mer  Rouge,  de  8  5/4  aunes; 

5.  Le  Tabernacle,  de  7  5/16  aunes; 
4.  La  Bataille,  de  o  5  4  aunes; 

:i.  La  Naissance  de  Moïse,  de  5  {/"I  aunes; 

(i)  Toujours  pic'occupc  du  soin  de  sauvcf;arder  sa  responsabilité,  !o  maiîistral 
dérida,  \e  12. juin,  qu'une  copit-  de  cette  piè.e  importante  serait  enregistrée  dans 
le  (!u)jiie  boecU  dn  temps. 


—   177   — 

(1.   Les  l'rui(s  de  l;i  leri'c  proiiiisL',  de  i  7/8  aunes. 

Ensemble  il  3/1 G  aunes  de  long  sur  5  1/8  de  liaul,  soil 
21 1  7/10  aunes  carrées,  évaluées,  au  prix  de  :2!2  llurins,  à 
4,031  florins  12  1/2  sous; 

5"  Les  Paysans  de  Teniers,  en  cinq  pièces  : 

1.  La  Fêle  des  Paysans,  de  11  1/4  aunes; 

2.  Le  Marché  aux  Poissons,  de  H  1/4  aunes  ; 
5.  Le  Bœuf  gras,  de  7  1/i  aunes; 

4.  Le  Ménage  de  Paysans,  de  0  1/8  aunes  ; 

o.  Le  Pâturage,  de  o  1/2  aunes.    • 

Ensemble  50  5/8  aunes  de  long,  sur  5  de  haul,  soit 
181  7/8  aunes  carrées,  évaluées,  au  prix  de  20  florins, 
à  3,037  florins  10  sous. 

Toutes  ces  tapisseries  coulèrent  donc  12,709  florms 
2  1/2  sous;  elles  se  trouvaient  chez  le  tapissier  De  Neve, 
où  elles  lurent  remises,  le  7  juin  1748,  au  s'  Louis,  four- 
rier de  la  maison  de  «  Son  Altesse  sérénissime  »  le  maréchal. 
Lorsque  celui-ci  quitta  la  Belgique,  en  même  temps  que  ses 
troupes  se  reliraient,  il  les  aura  transportées  en  France, 
où,  très-probablement,  on  les  retrouvera  quelque  jour;  mais 
il  est  possible  aussi  qu'elles  soient  restées  à  Bruxelles,  car  la 
ville  vendit,  peu  de  temps  après,  des  tentures  analogues. 

Pendant  l'hiver  de  1707-1708,  Leyniers  renonça  à  l'exer- 
cice de  sa  profession.  Ses  huit  ouvriers,  se  trouvant  sans 
ressources,  sadressèrcnl  au  magistral  pour  obtenir  un 
secours;  on  jugea,  avec  raison,  qu'd  n'était  pas  possible 
d'abandonner  ces  malheureux  représentants  d'une  industrie 
(pii  avait  jeté  tant  d'éclat  sur  Bruxelles,  et  en  attendant 
(pi'ils  eussent  trouvé  des  moyens  d'existence,  la  ville  leur 


—   ilH   — 

accorda,  à  plusieurs  re|)rise,s,  une  allocation  de  liuil  pisloles 
par  semaine  (résolulions  des  14  et  29  janvier,  1i2  et  2f>  fé- 
vrier et  12  mars  1768).  Le  comte  de  Cobenzl,  ce  généreux 
prolecteur  des  lettres  et  des  arts,  avait  contribué  à  celte  déci- 
sion, comme  le  jirouve  le  ])illet  suivant  écril  par  lui  au 
bourgmestre  Van  der  DilH  : 

«  Monsieur, 

»  Comme  il  esl  intéressant  de  consoi'ver  dans  le  pays 
»  les  ouvriers  de  tapisserie  de  la  fabrique  du  s""  Leyniers, 
»  je  vous  fais  la  présente  pour  vous  -  prier  d'engager 
»  d'abord  Mess,  du  Magistrat  à  continuer  à  ces  ouvriers 
»  la  gratification  qui  leur  a  été  accordée  passé  quinze  jours, 
»  pour  un  nouveau  terme  de  quinze  jours.  Je  vous  en  saurai 
»  bon  gré,  vous  prévenant  (ju'on  tâchera  de  profiter  de  cet 
»  intervalle  pour  voir  quel  parti  on  pourroit  prendre  fina- 
»   lement,  relativement  à  ces  ouvriers. 

»  Je  suis  Irès-parfailenienl,  Monsieur,  voire  très-humble 
»  et  très-obéissant  serviteur, 

«  G.  DE  Cobenzl. 
»  Brussclles,  le  21)  janvier  1768.  » 

liC  lils  aîné  de  Daniel,  nommé  Urbain  comme  son  aïeul,  fut 
reçu  apprenti  teinturier  en  1740,  mais  n'exerça  jamais  celte 
pi-ofession  ;  ce  fut  son  frère  puiné,  Jacques-Joseph-Xaviej- 
Leyniers,  qui  reprit  les  affaires  de  leui-  père  le  24  décembre 
1768.  A  la  même  époque  vivait  un  François  Leyniers,  lils 
de  Daniel  et  d'Anne-Marie  Van  der  Ilulpen  (qui  mourut  le 
\i  se|)l(;iijl)i-e  1716)  et  petil-fils  de  Nicolas  et  d'Ëlisabelh 
Van  der  Meulen  ,  dont  on  connait  une  tenture  représentant, 
en  six  j)ièces,  la  Vie  de  Moïse,  d'après  des  dessins  de  Siger- 


—    I7U  — 

Jac((ues  Vaii  IIcliiioiil  (  i),  la  iiiciiic  |i<nit-eln'  (|ug  ccllf  doiil 
il  existe  chez  M.  Bérarcii,  dii'ecleur  de  Clndépendançe  belf/e 
(rue  Fossé-aux-Loups),  Irois  pièces  très-bien  conservées  : 
le  Passage  de  la  mer  Hoiuje,  Moïse  tenant  les  labl.es  de  la  Loi 
el  l'Adoration  du  veau  d'or.  Ce  Fj-aiu;ois  Leyniers  tVil  privi- 
légié comme  teinturier  le  ^6  mars  1709.  Le  fils  de  ce; 
tapissier  peu  connu,  Henri  Leyniers,  surnommé  in  het 
V envers  Hoeck  ou  du  Coin  des  Teinturiers,  se  borna 
également  à  être  teinturier  et  fut  très-souvent  doyen  du 
métier  de  1754  à  1775.  Disons  à  ce  propos  que  l'on  excellait 
alors  à  Bruxelles  à  Icîindre  les  étoffes,  surtout  en  rouge 
d'Andrinople,  et  que  la  renommée  de  notre  ville  sous  ce 
rapport  s'est  maintenue  jusque  vers  le  milieu  du  xix'  siècle. 
La  famille  Leyniers  ayant  renoncé  à  l'antique  et  glorieuse 
industrie  des  tapisseries  historiées,  je  devrais  cesser  de  m'oc- 
cuper  d'elle,  mais  ce  qui  suit  ne  manque  pas  d'intérêt  et 
n'est  pas  indigne  des  méditations  du  philosophe.  Le  second 
Urbain  désirait  arriver  aux  honneurs  municipaux  qui  étaient 
presque  entièrement  réservés  aux  membres  des  lignages  ou 
familles  patriciennes;  il  voulut  se  faire  admettre  dans  celui 
de  Coudenberg  comme  petit-fils  d'Anne-Marie  iMatteborse, 
qui,  par  les  Vandenesse,  se  rattachait  à  Pierre  Godescaels, 
dont  la  mère  était  fille  de  Pierre  Spyskens,  échevit»  de 
Bruxelles  en  1517.  Dans  tout  pays  éclairé,  la  richesse 
acquise  par  de  grands  travaux  industriels  vous  place  au 
premier  rang,  et  plus  d'un  tapissier  belge  avait  été  anobli 
en  France.  Pouvait-on  attendre  quelque  chose  de  pareil  de 
cette  Belgique  plongée  dans  le  marasme,  où  les  familles, 

(i)  Alfred  MicHiELs,  loc.  cil.,  t.  X,  p.  i09. 


—    180  — 

entichées  d'un  liirdif  aiioblisscinont ,  cJiclieiil  coiiinie  une 
liunlc  les  liavaux  iiuliislriels  ou  arlisliqiies  (|ui  leur  ont  valu 
leur  renommée  et  leur  opulence?  Le  lignage  de  Coudenberg 
fil  des  difficultés  pour  recevoir  Urbain  Leyniers,  parce  qu'il 
habitait  avec  des  parents  exerçant  un  métier.  Toutefois, 
n'osant  trancher  une  si  grave  (picstion,  le  lignage  s'en  référa 
au  Conseil  de  Brabant,  qui  la  décida  en  accordant  à  l^cyniers 
des  lettres  j)ar  lesquelles  il  était  replacé  dans  l'état  où  il  se 
serait  trouvé  si  ses  parents  n'avaient  pas  exercé  de  métier, 
et  en  vertu  desquelles  il  devait  être  reçu  dans  le  lignage 
duipiel  il  descendait  d'ai)rès  les  preuves  à  fournir  par  lui 
(',1  juin  \7o^2).  On  comprend  qu'Urbain  Leyniers,  dès 
l'instant  où  il  se  retirait  des  métiers,  devenait  un  tout  autre 
personnageque  ses  ancêtres,  dont  les  produits  et  les  procédés 
industriels  avaient  excité,  pendant  près  de  trois  siècles,  la 
plus  vive  admiration.  Daniel  Leyniers,  père  d'Urbain,  fut 
également  admis  dans  le  lignage  de  Coudenberg  le  13  juin 
1709,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  qui  arriva  le  7  fé- 
vrier 1770. 

Il  faut  dire,  à  la  louange  d'Urbain  Leyniers,  (pi'il  ne 
condamna  pas  sa  vie  à  l'indolence.  Tandis  que  son  frère 
Jacques-Joseph  conliiiiiail  à  dirigi'i'sa  teinturerie,  (pfun  autre 
de  ses  frères,  Jean-liaptisle,  deveii.iil  clianoiiic  de  l'éçlisc 
métropolitaine  de  Saint-Rombaud  (le  (i  juin  17l)S),  il  s'aji- 
pli(pia  à  la  fabrication  des  dentelles,  Tune  des  industries  qui 
étaient  accessibles  à  (nul  bourgeois  d(î  Bruxelles  et  qui, 
n'obligeant  |tas  ;i  entrer  dans  im  métier,  n'(''laient  |)as  consi- 
dérées comme  ilv^  dérogalions  à  la  noblesse.  Il  parvint  à  un 
âge  très-avancé,  aiii>i  (pie  >a  femme,  Elisabelh-Josèpiie 
De  Bay.  avec   laipidle  il  babihiil.  au  coniinencement  de  ce 


—    ISI    — 

siècle,  rue  des  Amis  (ou  des  Paroissiens),  scclioii  7,  n"  275 
(16  nouveau).  Les  proviseurs  de  l'iiospice  Saint-Glirisloplie 
le  choisirent  pour  receveur  le  o  février  1701,  et  le  prince 
Charles  de  Lorraine  le  créa  son  chancelier  honoraire  le 
4  mars  1772. 

Le  (ils  d'Urbain,  Daniel-Joseph,  devint  membre  du 
lignage  de  Coudenberg  le  15  juin  1787,  et  fut  l'un  des 
otages  conduits  en  France,  en  1794,  comme  garants  du 
paiement  de  la  contribution  militaire  imposée  à  Bruxelles  ; 
il  se  retira  à  Assche,  dans  une  propriété  qu'il  possédait  au 
hameau  de  Vrythout.  Il  s'allia  à  Marie-Thérèse  T'Kinl.  Du 
seul  enlanl  issu  de  cette  union,  Uibain-Prosper,  qui  épousa 
Caroline  L'Olivier  et  l'ut  enlevé  par  une  moi't  prématurée  à 
l'âge  de  24  ans  1 1  mois,  est  né  M.  Daniel-Jean-Adolphe 
Leyniers,  inspecteur  général  à  la  Banque  Nationale,  cheva- 
lier de  l'ordre  Léopold,  le  représentant  actuel  de  la  princi- 
pale branche  de  sa  liimille. 

Deux  des  fils  de  Gaspar  Van  der  Borcht,  (pii  mourut  le 
2o  octobre  1742,  devinrent  tous  les  deux  fabricants  de  tapis- 
series et  furent  privilégiés  par  la  ville  :  Jean-François,  le 
25  septembre  172G  (i),  peu  de  temps  après  son  mariage, 
et  Pierre,  le  11  décembi'e  1742  (^i).  Ils  furent  doyens  du 
métier  :  le  premier,  en  1772;  le  second,  en  1715,  1747 
et  1756.  A  cette  époque  vivait  aussi  François  Vander  Borglit, 
cpii  fut  doyen  en  1727,  1754,  1755  et  1701. 

Au  nombre  des  principaux  travaux  des  Van  der  Borglit 
de  ce  temj)s,  on  doit  citer  la  l)clle  tenture  que  l'évèque  de 


[i]  AT/"-'  regisier  1er  ïrenorije  iji'hoiak'n,  f»  '218. 
(-2)  XVni'  reyiiltr,  1"  10. 


—  182  — 

Briit-rs  ll(Miri  Van  Susloren  lit  exéculer,  en  1751,  pour 
réglise  Suinl-Donalicn,  sur  les  dessins  de  Jean  Van  Orie\ . 
Elle  comprend  huit  pièces  représentant  autant  d'épisodes  de 
la  Vie  du  Clirisl  ;  depuis  la  suppression  de  l'ancienne  cathé- 
drale de  Bruges,  elles  sont  conservées  à  Saint-Sauveur,  où 
on  les  expose  les  jours  de  fêle  dans  le  chœur.  Les  tahleaux 
qui  ont  servi  ôo  modèles  sont  placés  dans  la  même  église, 
sous  la  tour  et,  sous  les  fenêtres  latérales,  dans  les  transepts. 
Du  temps  de  Dérivai,  l'auteur  du  Voyage  dans  les  Pays-Bas 
autrichiens  (i),  on  tendait  jadis  les  tapisseries  sur  les  ta- 
bleaux tous  les  ans,  depuis  Pâques  jusqu'à  la  Toussainl. 
On  reconnaît  dans  cette  œuvre  de  Van  Orley,  dit  Dérivai, 
l'intluence  des  maitres  français  de  l'époque  et,  en  particulier, 
(le  Jouvenet.  Le  tout,  avec  quatre  anlipendia,  a  coûté 
i6,000  florins.  Les  tapisseries  représentent  : 

\°  L'Adoration  des  bergers; 

2"  Jésus  au  milieu  des  docteurs; 

3"  Les  Noces  de  Cana  ; 

4-'  La  Pèche  miraculeuse  ; 

5°  La  Madeleine  chez  les  Pharisiens  ; 

0"  L'entrée  de  Jésus-Christ  à  Jérusalem; 

7"  Le  Portement  de  croix. 

Et  S"  la  Résurrection  (2). 

Un  conserve  à  Amsterdam  une  série  de  tapisseries  d'après 
des  dessins  de  Tenicrs,  tapisseries  qui  ont  été  fabriquées 
pour  messire  Engolen  Van  I*eilswei'lli,  entre  1730  et  175vS; 
elles  portent  la  signature  F.  V.  D.  Borgt  et  la  marque  de 

(1)  T.  V,  p.  190. 

(i)  Delf.pierre,  Guide  dans  liniyes,  p.  65. —  Weale,  Bruges  et  ses  environs, 
l>p.  56  et  71. 


—   185  — 

Bruxelles.  La  première  pièce  représeiile  un  Marché  aux  jiois- 
sons;  on  y  voit  un  paysan  monté  sur  un  àne  el  portant  un 
panier  de  poissons;  diflerentes  espèces  de  poissons  gisent 
sur  le  sol  el  deux  personnes  en  marchandent;  dans  le  fond 
s'élève  un  château  entouré  par  un  étang,  que  de  petites 
barques  de  pécheurs  sillonnent.  Sur  le  côté  gauche  de  la 
tapisserie  figurent  les  trois  peintres  Teniers,  Ostade  et  Metzu. 
La  deuxièm.e  pièce  nous  offre  des  Moulons  pdlurant.  Trois 
femmes  sont  occupées  à  traire  les  vaches;  au  fond  est  une 
ferme,  près  de  la(|uelle  une  femme  jette  de  la  nourriture  à 
des  poulets,  tandis  qu'une  seconde  tire  de  l'eau  d'un  puits. 
Sur  la  troisième,  on  remarque  des  Chasseurs  buvant  et  fumant 
dans  une  auberge.  Une  servante  offre  de  la  boisson  à  un 
domesliquequi  tient  des  chiens  en  laisse;  à  l'arrière-plan,  un 
valet  de  ferme  fait  sortir  d'un  petit  bois  des  vaches,  qu'il 
conduit  à  l'étable.  La  Plantation  du  mai  fait  l'objet  de  la 
quatrième  pièce.  Des  paysans  et  des  paysannes  dansent  en 
rond  autour  de  l'arbre,  auquel  l'un  des  danseurs  suspend 
une  couronne  de  fleurs;  un  tambour  et  un  joueur  de  flûte, 
celui-ci  monté  sur  un  tonneau,  font  de  la  musique;  der- 
rière eux,  devant  une  maison  à  moitié  cachée  par  le  feuil- 
lage, des  curieux  regardent  les  danseurs,  à  l'un  desquels 
une  servante  offre  une  canette  de  lait.  La  cinquième  pièce 
représente  une  Danse  de  paysans;  le  musicien  est  placé  sur 
un  tonneau  et  à  l'arrière-plan  on  aperçoit  des  maisons,  du 
bétail  et  des  arbres.  Enfin  la  sixième  nous  montre  la 
Récolte  du  foin.  Un  chariot  s'avance,  traîné  par  deux  che- 
vaux et  accompagné  par  deux  femmes  et  un  homme  tenant 
des  fourches.  Le  fermier,  debout  à  la  porte  de  sa  maison, 
semble  attendre  le  chariot,  et  une  servante  s'entretient  avec 


—   1H4  — 

un  personnage  placé  près  d'un  (oiineau;  au  fond  ou  voit  des 
arbres,  des  hommes  el  des  canards.  Ces  pièces  mesurent 
5"'lo  de  haut  (sauf  une  qui  a  ô'"20)  sur  2"'0:)  à  '2'"/t'S  de 
large. 

C'est  à  François  Van  der  fJor^^hl  (juc  l'on  doit  deux  des 
tapisseries  qui  se  placent  les  jours  de  fêle  dans  le  ciiœur  de 
l'église  Sainle-Gudule  el  qui  sont  traitées  tout  à  fait  dans  le 
goût  des  Gobelins.  Elles  forment  tableau  et  n'ont  point  de 
bordure.  On  y  a  repi'cscnlii  le  PoùjnardemoU  des  hosties  Qt 
les  Iloslies  remises  à  l'archiprélre  de  Bruxelles  en  1585;  au 
bas,  à  droite  du  sjiectateur,  se  lit  la  signature  F.  V.  D' 
BoRGHT.  C'est  Nicolas  Luyckx  (|ui  en  a  l'ail  don  à  l'église, 
en  1770. 

Les  jjroduitsde  Pierre  n'étaient  ])as  moins  remarquables 
(juc  ceux  de  son  jiarenl.  Il  y  avait  de  lui  à  l'exposition  de 
Milan  de  187  i  une  Fc'ic  champelre,  provenant  du  ])alaisde 
Turin  et  qui  était  regardée  comme  la  perle  de  l'exliii^ilion. 
M.  Couvreur,  de  Paris,  ([ui  est  mort  en  1875,  possédait  quatre 
pièces  représentant  des  Paysages  élojjes  et  où  l'on  voyait, 
outre  la  marque  de  Bruxelles  et  la  signature  P.  Van  deii 
BoRGiiT,  un  monogramme  comi)osé  d'un  P  dont  la  base  se 
contourne  |)Our  former  un  1)  reluui'né,  surmonté  d'un  autre 
|>  de  même. 

A|)rès  la  mort  de  l^ieri'e  Van  der  Boi'ghl,  on  vendit,  le 
II)  juillet  17t)ô,  les  tentures  (ju'il  avait  délaissées  et  dont  les 
dessins  avaient  été  fournis  par  le  «  fameux  »  AI.  De  llaese, 
peintre  de  l'impératrice  Marie-Thérèse.  Dans  le  nombre  se 
li'ouv.iil  une  série  de  sept  pièces  avec  ligures,  traitée.^ 
dan^  le  gem'c  de  Wouwernr.uis  :  Des  chevaux  allant  à 
l'ahrcKroir,  lue  parlie dr  l'aniice  allanl  voir  le  pnl,  l\'[jouis- 


—    IH.-)  — 

sauces  de  Cannée,  Couversaliuii,  Assemblée  des  dames,  les  Maré- 
chaux visitant  les  chevaux,  Divertissements  (i).  Ce  fahricanl 
occupait,  clans  la  me  des  Paroissiens,  une  grande  maison 
dite  l'Ange  doré  {den  Verfjidden  ingel),  qu'il  acheta  le  17  sep- 
lembi'c  17o0  de  Jean-Joseph-Hyacintiie  de  Beughem,  seigneur 
de  Capelle-au-Rois,  l'un  des  propriétaires  de  la  maison 
L'ontiguë  vers  le  sud;  plus  lard  (en  1790),  sa  demeure 
redevint  la  propriélô  des  Beughem. 

Jean-François  Van  der  Borght  mourut  en  1772;  il  fut  le 
père  de  Jacques,  le  dernier  des  fabricants  bruxellois  et  qui 
fut,  comme  son  père,  protégé  par  le  prince  Charles  de  Lor- 
raine, gouverneur  général  des  Pays-Bas,  et  par  le  conseil 
des  finances.  ïl  en  obtint,  paraît-il,  le  litre,  purement  hono- 
rifique d'ailleurs,  de  directeur  de  la  fabrique  de  Sa  Majesté 
aux  Pays-Bas,  et  continua  à  occuper  les  anciens  ouvriers  de 
Daniel  Leyniers.  Dans  une  requête  adressée  à  l'administration 
communale,  il  représenta  qu'il  était  resié  le  seul  fabricant 
d'une  industrie  qui  occupait  auparavant  \^  maitres  et 
500  ouvriers.  Il  aurait  voulu  obtenir  l'exemption  de  tous 
les  impôts  perçus  sur  la  bière,  le  vin,  la  farine,  celle  de 
l'obligation  du  service  de  la  garde  bourgeoise  et  une  alloca- 
tion annuelle  de  32  florins  pour  loyer;  mais  le  magistrat  ne 
lui  accorda,  oulrc  l'exemption  du  service  de  la  garde 
bourgeoise,  qu'une  franchise  limitée  à  24  tonnes  de  petite 
bière  et  12  tonnes  de  bière  forte  (25  avril  1774  (2).  Celle 
faveur  lui  parut  insuffisante  et  il  s'en  plaignit  en  termes 
assez  acerbes  au  prince  Charles. 

«  Dans  d'autres  pays,  dil-il,  les  artistes  sont  pourvus  de 

(1)  (iazetle  des  Pays-Bas  du  temps. 

(2)  XA'e  register  1er  Tresonje  gelioudenS"  3^9. 


—  18()  — 

»  pensions,  notamment  en  Espagne,  où  le  premier  maître 
»  (Van  der  Borghl  vent  parler  sans  doute  du  directeur  de  la 
»  fabrique  de  tapisseries  de  Madrid)  est  gratifié  d'une  somme 
»  de  12,000  lloriris  annuels  au-dessus  du  carrosse  que  le 
»  Roi  lui  donne  encore  et  de  l'exemption  de  toutes  charges, 
»  e!  dans  d'autres  royaumes  où  le  tout  se  fait  à  concurrence; 
»  il  n'y  a  qu'ici  que  le  sort  de  cette  fabrique  est  déplorable, 
»  quoiqu'elle  soit  portée  à  la  dernière  perfection,  et  que  celle 
»  des  autres  endroits  ne  peut  aucunement  y  être  com- 
»  parée,  par  rapport  qu'on  n'y  travaille  pas  en  paysages,  >> 
Plusieurs  passages  de  celte  requête  provoquèrent  à  l'Hôtel 
(le  Ville  un  vif  mécontement ,  comme  on  peut  le  voir  dans  la 
lettre  suivante  du  magistrat  au  prince  Charles  de  Lorraine. 

«  Monseigneur, 

»  Nous  avons  reçu  en  très-profond  respect  la  lettre  de 
»  V.  A.  R.,  en  date  du  15  may  dernier,  par  laquelle  elle 
»  nous  envoie  la  requête  de  Jacques  Van  der  Borght,  afin 
»  d'y  rendre  notre  avis. 

w  Le  fabricant  de  tapisseries  en  cette  ville  conclut  à  ce 
»  qu'il  fut  déclaré  exemt,  de  même  que  ses  ouvriers,  d(! 
»  tous  services  de  ville,  et  qu'au  surplus,  V.  A.  R.  veuille 
'  lui  accorder  la  pleine  franchise  pour  tout  ce  que  regarde 
»   sa  consommation. 

»  Il  nous  serait  facile,  Monseigneur,  de  répondre  à  la 
).  demande  tout  à  fait  extraordinaire  du  suppliant  et  de 
»  combattre  la  franchise  sans  exemple  qu'il  propose  par  sa 
»  requête,  si  nous  ne  rencontrerions  au  préalable  dans  la 
»   forme  de  son  exposé  un  motif  de  représentation. 

»    Rien  ne  mninlieiil   plus  les  mœurs,  rien  n(,'  donne  plus 


—    187  — 

»  de  force  aux  loix  que  le  respect  et  la  subordination  des 

»  citoyens  au  Magistral.  Au  contraire,  le  mépris  du  Magistrat 

»  ouvre  le  chemin  à  tous  les  désordres  et  au  renversement 

»  des  loix  et  de  la   police.   C'est  pourquoi  toutes  les  loix 

»  divines  et   humaines,   celles   de   toutes  les  nations,   les 

»  Hébreux,  les  Grecs,  les  Romains  et  tous  les  autres  peu- 

»  pies  disciplinés,  se  sont  accordés  en  ce  point  d'ordonner 

«  aux  citoïens  de  rendre  obéissance  au  Magistrat,  d'avoir 

»  pour  lui  une  soumission  et  une  crainte  jespectueuse,  sans 

»  lui  contredire,  ni  médire  de  ce  qu'il  t'ait  ou  de  ce  qu'il 

»  ordonne. 

»   Nos  lois  et  nos  ordonnances  sont  remplies  de  pareilles 

»  maximes,  et  il  n'y  a  de  partie  qui  se  croit  lésée  par  sen- 

«  lence  ou   autre  acte  de  justice,   qui  ne  doive   user  de 

»  respect  et  des  phrases  contournées  pour  se  plaindre  par 

»  appel,  rétbrmalion.  on  révision  de  l'appointement,  sen- 

).  tence  ou  ordonnance  du  juge;  aussi  les  loix  ont-elles 

»  permis  aux  Magistrats  de  venger  eux-mêmes,  par  amende 

»  ou  autrement,  les  injures  qui  leur  sont  faites. 

»   Or  le  suppliant  par  sa  requête  ne  forme  qu'un  tissu 

»  d'injures  et  d'invectives  contre  le  Magistrat,  pour  n'avoir 

»  obtenu  de  lui  tout  ce  que  son  avidité,  sous  le  prétexte  de 

»  sa  fabrique,  lui  suggère.  Peut-être  quelque  agent  novice 

»  dans  sa  profession  croit  pouvoir  impunément  insulter  un 

))  magistrat  et  que  les  loix  des  tribunaux  de  justice  cessent 

»  à  son  égard.  Mais  nous  espérons  de  la  justice  ordinaire 

»  de  V.  A.  R.,  qu'en  rapj)elanl  un  citoyen  à  la  subordina- 

"  tiun ,    (.'Ile    maintiendr;!    im    Magistral    dans   le    respect 

»  et  la  considéi-ation  qui  est  dû  à  son  caractère,  et  (|u'elle 

»  nous  dispensera  de  répondre  à  la  demamlc  du  suppliant 


—   188  — 

»  lant  cl  si  longtemps  qu'il  ne  so  sera  pas  acquillé,  par  une 
»  requèle  on  règle,  du  devoir  d'un  sujel  envers  son  Magisirat, 
»  son  juge  et  son  supérieur. 

»   Nous  sommes 

»   Ce  r»  août  1774.  » 

Van  der  BorglU  parait  s'être  conformé  aux  prescriptions 
de  l'administration, car  il  obtint,  Ie20aoiit,  les  privilèges  dont 
son  père  et  son  oncle  avaient  joui  :  l'exemption  du  servicu 
de  la  garde  bourgeoise,  la  francliise  d'assise  sur  la  l)ière 
(jusqu'à  concurrence  de  10  aimes  de  bière  forte  ou  de 
.'2  aimes  de  petite  bière,  par  an),  sur  la  farine  et  sur  le  vin 
(pour  une  pièce  ou  tonne  par  an),  et  la  jouissance  de  la 
lïraîification  annuelle  de  40  llorins  comme  indemnité  de 
logement  (i). 

(Quelques  années  après, Van  der  Dorglit  proposa  au  Conseil 
des  finances  de  former  une  sorte  d'école,  composée  de 
quatre  élèves  tapissiers,  qui  seraient  autorisés  à  fréquenter 
l'Académie  de  dessin,  et  qui ,  au  bout  de  quatre  années, 
seraient  remplacés  par  d'autres.  De  cette  manière,  disait-il, 
on  pourrait  former  une  nouvelle  pépinière  de  bons  ouvriers. 
Cette  demande  fui  transmise,  le  7  juin  1777,  au  magisirat, 
qui  y  répondit,  le  2  juillet,  de  la  manière  suivante  : 

«  Me.s.seigneurs, 

»  Vos  Seigneuries  nous  ont  envoyé,  |iar  lelli'e  du  7  du 
»  courant,  la  requête  de  Jacques  Van  der  Borglit,  bourgeois 
»   de  cette  vill(\ 

ft  Le  suppliant,  déplorant  la  décadence  de  la  fabrique  de 
«   tapisseries  de  baufc-lisse,  dont  il  est  le  dernier  fabriquant, 

(0  .V.Vy  irgister  1er  Tremrye  gehonden,  f"  4. 


—   180  — 

»  vous  présente  un  projet  d'encouragement,  consistant  en 
<■  ce  qu'au  moyen  de  308  ilorins  que  nous  lui  donnerions 
»  annucllemenl,  il  se  chargeroit  de  l'instruclion  de  quatre 
»  élèves,  qui  tous  les  quatre  ans  seroient  remplacés  par 
»  d'aulros,  qui  à  leui'  tour  fei-oient  place  à  des  nouveaux, 
»  jusqu'à  ce  qu'un  nombre  suffisant  d'artisans  auroient  ras- 
»  siiré  la  manufacture  contre  la  destruction  dont  la  vieil- 
»  lessc  des  ouvriers  actuels  semble  la  menacer. 
»  Etablir  des  manufactures  nouvelles,  encourager  celles 
qui  existent,  soutenir  celles  (pii  déclinent,  est  certaine- 
ment l'objet  le  plus  digne  d'occuper  l'adminislralion  (pii 
nous  est  confiée,  et  assurément  la  ville  ne  sauroit  placer 
ses  fonds  à  meilleur  intérêt  qu'en  les  employant  à  soute- 
nir le  commerce  et  les  manufactures  dont  il  dépend. 
Mais  comme  il  entre  dans  le  système  de  toute  administra- 
tion bien  réglée  d'examiner  si  les  secours  qu'elle  se  pro- 
pose de  donner  sont  réellement  de  nature  à  devoir 
produire  l'effet  qu'on  s'en  promet,  il  est  essentiel  d'exami- 
ner si  les  moyens  que  le  suppliant  propose  pour  rappe- 
ler à  la  vie  sa  manufacture  expirante,  sont  tels  que  le 
Goût,  la  Mode  et  le  Débit  de  la  tapisserie  doivent  en  ré- 
sulter. Or  c'est  ce  dont  nous  croyons  pouvoir  douter. 
»  La  décadence  de  la  tapisserie  est  une  suite  nécessaire 
du  changement  qui  depuis  certain  nombre  d'années  s'est 
fait  sentir  dans  nos  goûts,  dans  nos  fortunes  et  dans  nos 
usages.  Le  luxe,  qui  a  gagné  tous  les  élats,  a  étendu  nos 
besoins  sur  trop  d'objets  différents  pour  qu'à  l'exemple 
de  nos  ayeux,qui,  à  deux  ou  trois  chambres  j)rès,  n'habi- 
toient  que  les  quatre  murs,  nous  puissions  encore  songer 
à  des  meubles  d'un  si  grand  prix. 


—    190  — 

»  La  papeterie  d'ailleurs,  jointe  à  une  infinité  de  petils 
»  meubles  dont  le  bas  prix  et  la  variété  infinie  s'accommode 
»  si  bien  aux  besoins,  aux  caprices,  à  l'inconstance,  aux 
»  goûts,  à  la  fortune  de  tous  les  états,  ont  introduit  une 
»  telle  nécessité  de  varier  ses  meubles  et  d'en  changer  sui- 
«  vaut  les  usages,  que  nos  fortunes  ne  nous  permetteni  |)lu.s 
»  que  nous  fassions  les  frais  de  la  tapisserie,  au  risque  d'en 
»   voir  disparoître  la  mode  le  lendemain. 

»  Cependant  telle  est  la  cause  de  la  décadence  de  la 
«  fabrique  des  tapisseries.  S'il  est  vrai  (pi'elle  doive  son 
»  dépérissement  à  l'augmentation  de  ce  même  luxe  dont 
«  elle  tire  son  origine,  nous  ne  voyons  point  (juel  e(Te(  \v 
»  suppliant  puisse  se  promettre  des  moyens  qu'il  propose. 
»  Il  semble  inutile  d'augmenter  le  nombre  des  artistes  alors 
»   que  le  débit  a  cessé  de  pourvoir  à  leur  entretien. 

»  Ainsi,  Messeigneurs,  nous  croions  que  l'exécution  du 
»  projet  que  le  suppliant  vous  suggère,  ne  produiroit  que 
))  des  malheureux,  qui  ne  cesseroient  de  nous  reprocher  de 
»  les  avoir  arrachés  h  des  métiers  plus  lucratifs,  pour  les 
»  livrer  à  un  art  qui,  faute  de  débit,  sera  tôt  ou  tard  forcé 
»   d'abandonner  ses  artistes  à  la  plus  déplorable  misère. 

»  La  voie  des  récompenses,  ce  grand  ressort  qui  en 
n  politique  fait  mouvoir  les  corps  les  plus  lourds  et  remédie 
>'  bien  souvent  aux  affaires  les  plus  désespérées,  pourroil 
»  peut-être  faire  revivre  une  fabrique  dont  l'importation 
)'  des  damas  et  autres  étoffes  étrangères  achève  la  ruine; 
)'  mais,  comme  ce  n'esl  pas  l;i  l'objet  sur  l('(pi('l  Vos  Seigneu- 
>'  ries  nous  font  llionneur  de  nous  consulter,  nous  espérons 
..  qu'elles  voudront  bien  permettre  que  nous  boi-nions  nos 
"    observations  ii   ce   ipic   le   suppliant   pi-oposc  de  relatif  à 


—  191    - 

»  noire  déparlement,  ce  à  quoi  espéranl  d'avoir  salisfail, 
»  nous  avons  l'honnoiir  d'èlre,  en  Irès-profond  respecK 
»   Messeigneurs » 


Ce  rapporl  du  Magistrat  ne  parvint  pas  au  Conseil  des 
Finances,  qui  en  réclama  un  duplicata  par  une  dépêche  en 
date  du  22  juillet  1778.  En  présence  des  arguments  pro- 
duits par  l'administration  communale,  il  était  difficile 
d'insister  ou  de  revenir  à  la  charge.  Le  projet  de  Van  dor 
Borght  fut  donc  ahandonné. 

C'estàlui  que  l'on  doit  quatre  tapisseries  de  Sainte-Giidule, 
représentant  :  Catherine  recevant  des  juifs  les  hosties.  Les  juifs 
conduits  à  la  Steenporle  pour  y  être  incarcérés,  Le  clergé  trans- 
portant processionnellement  les  hosties  à  Sainte-Gudule  et  Une 
guérison  miraculeuse  s' accomplissant  devant  le  Saint-Sacrement, 
qui  est  adoré  par  des  anges.  Ces  grandes  pièces  portent  toutes 
la  marque  de  Bruxelles  et  l'inscription  iac.  v.  d.  borght.  Elles 
furent  confectionnées  en  1785  aux  frais  du  chapitre,  qui  les 
paya  100  louis  (2,000  francs)  chacune,  comme  celles  qui 
avaient  été  fabriquées  en  1 770.  Les  cartons  furent  dessinés 
par  le  peintre  De  Haese,  comme  le  dit  le  bibliophile  Van 
Hullhem,  qui  visita  la  fabrique  de  Van  der  Borght  au  mois 
de  juillet  de  la  même  année  (i).  On  attribue  au  dernier  des 
Van  der  Borght,  dont  il  doit  exister  à  Vienne  beaucoup  de 
fabricats  :  Moïse  sauvé  des  eaux,  Josué  combattant  les  Amalécites 
et  i Adoration  du  Veau  d'or,  exécutés  pour  le  couvent  des 
.Minimes  de  Bruxelles;  quatre  épisodes  de  CAncien  Testament, 
qui  furent  mis  en  vente  en  1818;  les  Batailles  dWlexandre 


ft)  D.  Vax  de  Casteele,  Lettre  de  Charles  Van  Hullhem  sur  les  anciennes 
tapisseries,  adressée  au  dur  liernarU  de  Saxe-Weiniar,  p.  6  (Liège,  1875,  in-S"). 


—  19-2  — 

k  CiaitJ,  d'nprôs  Lcl)run,  qui  ont  longtemps  orné  les  salons 
(Je  feu  .M.  Robyns,  rue  Neuve,  etc.  (i).  Malgré  la  mort  de 
Marie-Thérèse  et  de  Charles  (\o  Lorraine,  la  fabrique  se  sou- 
lenait  encore  en  1781,  quoique  réduite  à  trois  métiers  (■à); 
lorsque  Joseph  II  vint  à  Bruxelles,  il  s'y  rendit  à  pied,  le 
il^  juin,  et  la  visita  avec  soin  (V.)  ;  mais  les  événements 
politiques:  la  révolution  brabançonne  et  la  première  invasion 
française,  lui  donnèrent  le  coup  de  grâce. 

Vander  Borghl  mourut  célibataire  le  15  janvier  I79i  et 
fut  enterré  au  couvent  des  Dominicains.  Ses  héritiers  infor- 
mèrent les  amateurs  de  «  l'iches  tapisseries  de  Bruxelles  » 
que  pour  s'en  procurer  on  di3vait  s'adresser  soit  à  la  mai- 
son mortuaire,  |)lace  de  la  Monnaie,  soit  au  maiire  tanneur 
Huwacrts,  demeurant  près  de  la  place  des  Wallons  (/»).  Cet 
appel  fut  inutile,  car  le  pays  était  désolé  par  la  guerre  et  le 
moment  approchait  où  Bruxelles  allait  tomber  entre  les 
mains  des  Français,  Il  s'écoula  plus  de  six  années  avant 
que  la  tranquillité  se  rétablit,  et  bientôt  les  tapisseries  délais- 
sées par  Jacques  Vander  Borght  furent  vendues  à  Jérôme 
Bonaparte,  roi  de  Wesiphalie,  qui  en  orna  son  château  de 
Cassel,  où  elles  ne  tardèrent  pas  à  périr  dans  un  incen- 
die (o). 

Les  biens  de  Vander  jîorghl  échurent,  parait-il,  à  Anne- 
j\Iarie  et  Marie-Madelaine  Vander  Borcht  ou  Vander  Borshl, 


(i)  Lr.  MAYriR,  loc.  ci/.,  I,  1"',  p'.  408. 
(î)  Dérivai.,  loc.  ril.,\.  I*'',  p.  17". 

(3)  Wehehjhs  nieuws  in/l  Love»,  t.  XVill,  p.  19. 

(4)  Journal  de  ltrtt.relle.<!,   Maf/asiu   hi.sli)rique,  politique  et  littéraire  y  (hi 
1 1  mars  1791. 

(b)  I.k  Mayfcr,  h'C.  cit. 


—  lî)3  — 

lillcs  de  PicM'rc-Joaeph  el  do  Louiso-Françuibc  liens,  f[iii 
avaient  épousé  :  ia  première,  Jacipies-Doiniiiiciuc  T'Kinl, 
conseiller  de  Brabanl,  morl  le  10  juillet  18^7;  la  seconde, 
Henri-Joseph  Meeus,  morl  le  18  mai  18i9.  Les  T'Kinl- Vander 
Borghl  firent  avec  l)caucou|)  de  succès  le  commerce  des 
dentelles  de  Bruxelles,  dans  une  vaste  maison  (jui  était  située 
Grande  rue  de  l'Écuver.  Ils  laissèrent  cini|  entants,  qui 
s'allièi'enl  tous  à  des  notabilités  bourgeoises  de  Bruxelles  : 
Charles-Louis  T'Kint,  qui  eut  une  brasserie  rue  Vincket, 
devint  conseiller  provincial  et  épousa  Elisabeth  Stevens, 
h'ilc  de  Jean-Baplistc  Slevens,  également  brasseur,  demeu- 
rant Vieux-Marché-au-Lin  ;  Jeanne-Pétronille,  lèmme  du 
banquier  Josse-Pierre  Matthieu,  ti'ésorier  de  la  Société 
générale  ])our  favoriser  l'industrie  nationale;  Marie-Louise, 
femme  de  Laurenl-Jose|)h  Delvaux  de  Saive,  échevin  de 
la  ville  de  Bruxelles  sous  le  règne  du  roi  Guillaume  I"'; 
Barbe-Henriette,  qui  épousa  Jean-Baptiste  T'Serstevens,  et 
Marie-Augustine,  femme  d'Auguste-Dominique  T'Serste- 
vens, son  beau-fj'ère.  M...  Moeremans,  qui  s'est  allié  à 
une  demoiselle  T'Serstevens ,  el  demeure  rue  du  Luxem- 
bourg, n°4i,  possède  un  salon  garni  de  tapisseries  provenant 
des  Vander  Borght  et  qui  sont  de  la  plus  grande  beauté. 
De  Marie-Madelaine  Vander  Borgiit  et  de  Henri-Joseph 
Meeus  sont  nés  deux  llls  et  une  liilc  :  Pierre-Josejjh,  morl 
sans  laisser  de  postérité  de  Théi'èse- Françoise  Vander 
Maelen,  sœur  du  l'ondatcur  de  l'établissement  géograjihique; 
Henri-Louis,  qui  n'eut  de  Henriette  Claes  de  Lembecq 
qu'un  fils  mort  jeune ,  et  Anne-Marie,  femme  de  son  parent 
Ferdinand-Philippe  Meeus,  créé  comte  de  Meeus  le  1"'  dé- 
cembre 'i.S:îO  par  le  roi  Léopold  I"'. 


—    19  i   — 

Il  nous  resle  à  clùliirer  celle  liste  par  l'iiidicaliuii  de 
quelques  tentures  sur  lesquelles  on  n'a  que  des  données 
imparfaites  :  les  unes  dont  on  ignore  les  marques,  les 
autres  simplement  mentionnées,  comme  ces  douze  pièces  de 
l'ilisloire  Je  Gavre  dont  il  est  question  en  l'an  1700; 
cette  tapisserie  de  Bruxelles  qui  se  voyait  au  château  d'Ai- 
gremonl-sur-Meuse  il  y  a  un  demi-siècle  et  était  estimée 
mille  écus  (i);  cette  tenture  de  la  Banque  de  Belgique 
représentant  des  sujets  de  bataille;  ces  quatre  pièces  à  sujets 
légèrement  erotiques,  Cllistoire  de  Daphnis  et  Cliloé,  qui  furent 
exécutées  au  siècle  dernier  pour  l'Hôtel  Goloma,  de  Malines, 
et  vendues  à  M.  Gocliin  pour  être  transportées  à  son  château 
près  de  Nevers,  en  octobre  18G5,  lorsque  l'ancienne  habi- 
tation des  Roose  fui  acquise  par  l'archevêque  et  trans- 
formée en  petit  séminaire;  les  sujets  de  chasses  qui  se  trou- 
vaient également  à  Malines,  à  l'hôtel  Snoy,  et  qui  ont  été 
cédés  à  M.  de  Morny  lorsque  le  collège  Saint-Rombaud  prit 
possession  de  l'hôtel,  etc. 

X. 

Pendant  les  deux  derniers  tiers  du  xv!!*"  siècle,  comme 
pondant  le  premier,  les  maîtres  et  les  ouvriers  tapissiers  de 
Bruxelles  continuèrent  à  se  répandre  dans  les  pays  étran- 
gers. Il  n'est  pas  inutile  de  suivre  leurs  traces,  afin  de 
constater  rinlluence  qu'ils  ont  exercée  et  comment  se  géné- 
j-alisa  leur  manière  d(!  travailler.  Au  cœur  de  la  France, 
dans  un  pays  montagneux  et  isolé,  la  Marche,  qui  forme 
aclueliemenl  le  département  do  la  Creuse,  la  fabrication  des 

Cj)  Le  Mayeur,  loc.  cit.,  t.  I",  p.  407. 


—  II).-)  — 

lapis  s'est  propagée  cl  j)orp6lucc  à  Aulnissoii.  Lue  opinion 
dont  on  a  dcjà  l'ail  bonne  juslice  allribue  l'origine  des 
fabriques  de  lajiisseries  de  celle  ville  aux  Sarrasins  vaincus  à 
Poitiers  par  Charles-Martel.  M.  Castel(i)  a  supposé,  avec  plus 
de  raison,  qu'une  princesse  belge,  Marie  d'Avesnes,  fille  de 
Jean,  comte  de  Ilainaut,  et  qui  épousa  Louis,  premier  duc 
de  Bourbon,  comte  de  Clerinonl  et  de  la  Marche,  aura  con- 
tribué à  répandre  dans  celte  dernière  contrée  une  branche 
de  la  florissante  industrie  des  l*ays-Bas. 

Les  fabi'iqiies  d'Aubusson  se  maintenaient  prospères,  au 
commencement  du  règne  de  Louis  XIV,  lorsque  leur  per- 
sonnel fui  renforcé  par  l'immigration  d'un  certain  nombre 
i\e  Flamatids,  parmi  lesquels  il  y  avait  plus  d'un  Bruxellois, 
ainsi  que  le  constatent  les  anciens  registres  des  naissances, 
des  mariages  et  des  baplémes  de  la  paroisse.  Vei's  'J64-() 
arriva  à  Aubusson  Frédéric  Perkiain,  qui  y  mourut  vingt 
ans  après,  le  20  octobre  16G(i.  Il  fut  suivi,  en  1651,  par 
Claude  Alleaume,  qui  s'y  maria  en  I606  et  y  perdit  son  fils 
Jean  le  19  août  1660.  On  cite  encore  Destoch,  dont  un  fils, 
nommé  Jean,  fut  enseveli  le  o  novembre  1647  ;  Jean  Waske, 
dont  le  fils,  aussi  nommé  Jean,  fui  ba|)tisé  le  50  juin  164-7; 
Wieltelèré  ou  plutôt  De  Witleleere,  dont  la  fille  Anne  mourut 
en  mai  IGoO;  un  ouvrier  tapissier  nommé  simplement  Jean, 
âgé  de  45  ans,  et  qui  fui  enterré  le  8  novembre  IG52; 
Nicolas,  mailre  naUf  de  Bruxelles,  époux  de  Marie  Des- 
champs et  dont  on  baptisa  en  juin  1655  une  fille  nommée 
Marie;  un  autre  ouvrier  tapissier,  âgé  de  40  ans,  qui  fut 
enseveli  le  4  juin  1654,  et  duquel  on  se  borne  à  dire  qu'il 

(1)  p.  1S7. 


—  lîx;  — 

(ravaillail  à  la  TeiTadc,  cliez  Nadaloii  ;  Frédéric  Provost, 
(apissicr,  donl  un  des  lils,  nommé  Jean,  recul  ia  sépultui-e  le 
16  décembre  iG-SS,  cl  donl  un  aulrc  ii!s,  aj»pelé  iJicolas, 
mourut  en  1659,  âgé  de  21  ans;  Rombaud,  donl  on  ense- 
velit le  lils,  nonuné  Nicolas,  le  t24  décembre  1658;  Jeanne 
]\lage,  dile  la  Flanjandc,  (jui  mourul  en  16G1;  Antoine  De 
Kant,  maître  leinliiric]',  né  à  Bruxelles  el  qui  se  maria,  en 
septembre  Kifîi,  à  Catberine  Boisverl  ;  Maurice  Pain,  autre 
teinturier  né  à  Bruxelles,  rpii  se  maria  en  16(>j,  etc. 

Nul  doute  ([ue  de  1616  à  16()')  il  n'y  ait  eu  des  Pays-Bas, 
(pie  les  guerres  contre  les  Provinces-Unies  et  la  France 
appauvi'issaient,  un  courant  d'émigration  vers  un  pays 
plus  tranquille.  Parmi  ces  industriels  belges,  il  y  avait  des 
prolestants,  puistiue  Madeleine  Bosclil  (norn  bien  ilamand) 
abjura  la  religion  réformée  le  9  décembre  1674,  âgée  de 
2i2  ans  (i). 

Queltpies  usages  raltachent  étroitement  la  fabrication 
d'Aubusson  à  celles  des  Pays-Bas  el  particulièrement  de 
Bruxelles.  C'est  d'abord  la  préférence  donnée  à  la  basse-lice, 
l'emploi  du  mol  patron  (patroon  en  Ilamand)  i)our  désigner 
les  carions,  celui  de  l'expression  bâton  {stock)  pour  mesurer 
les  tentures,  le  stock  ou  bâton  é(]uivalanl  au  seizième  de 
l'aune  de  il  pouces;  la  vénération  particulière  pour  saitite 
Barbe,  landis  (ju'à  Paris  c'est  sainte  Geneviève  qui  est  la 
patronne  des  tapissiers.  Signalons  à  ce  propos  une  circon- 
stance curieuse  et  qui  montre  combien  les  idées  françaises 
ou  plutôt  j)arisiennes  s'inlillrèrent  chez  nous  du  temps  de 


(i)  (iASiEL,  p|i.  170  fl  177,  cl  les  iiolcs  i:iaiui-;ci'ilob  ((iie  cet  écrivain  a  Iticii 
\oulii  iiii."  IransiiicUi'c. 


—   Il»7  — 

Louis XIV.  Tandis  ({uo  saiiilo  Bai-be  conservait  son  prestige  à 
Aubusson,  elle  était  détrônée  àBi-iixelles  même  par  sa  rivale  : 
les  amendes  coinminées  par  une  ordonnance  de  1G08, 
relative  au  métier  des  tapissiers  et  que  nous  aurons  occasion 
de  mentionner,  devaient  servir  à  couvrir  la  dépense  de  la 
célébration  de  la  Tète  de  sainte  Geneviève. 

Louis  XIV  et  Colberl  étendirent  à  Aubusson  leurs  mesures 
protectrices,  dont  quelques-unes,  il  est  vrai,  ne  reçurent  pas 
d'exécution.  Néanmoins  Aubusson  et  la  ville  voisine  de 
Kclletin  auraient  alors  prospéré  plus  que  jamais  si  la  révo- 
cation de  redit  de  Nantes  ne  leur  avait  porté  un  coup  sen- 
sible; l'élite  de  la  poi)ulation  émigra  et  alla  fonder  des 
fabriques  nombreuses  en  Angleterre  et  dans  le  Brandebourg. 
La  plaie  ne  se  pansa  que  sous  le  règne  de  Louis  XV  et 
Aubusson  connut  alors  une  nouvelle  ère  de  prospérité,  qui 
se  maintint  pendant  la  Révolution,  giàce  au  parti  que  les 
fabricants  prij-enl  de  confectionner  des  tapis  de  pied  et 
d'autres  ouvrages  d'un  emploi  urdinairc  (i). 

Il  est  inutile  de  nous  étendre  ici  sur  les  mesures  de  toute 
espèce  adoptées  par  Louis  XIV  et  son  premier  ministre  en 
faveur  des  manufactures  de  Beauvais  et  de  Paris,  et  d'expli- 
quer comment  cette  dernière,  qui  s'était  dfîniitivement 
installée  dans  l'ancienne  teinturerie  des  Gobciins,  devint  un 
établissement  exceptionnel,  soutenu  aux  frais  du  trésor 
royal,  encouragé  j)ar  des  cummandes  continuelles,   placé 


(i)  Voir  puiir  tous  ces  détiuls  le  vuluiiic  di'  Caslcl,  —  Consultez  aussi  la 
Notice  sur  les  maiiiifaclure^  de  tapisseries  (rAubnsson,  de  Fellelin  et  de  Belle- 
garde,  par  Cyprien  Peuathos,  piésidcnt  de  la  clnuiVre  consultative  des  arls 
cl  métiers  d'Aulnisson.  Limoges,  1805,  in-S". 


—  lus  — 

sous  la  (lircclioii  des  meilleurs  peintres  et  en  premier  lieu 
de  Lebrun,  et  d'excellents  chimistes.  Il  est  vrai  qu'il  n'y  mil 
plus  là  d'initiative;  tout  s'exécuta  en  vertu  de  règlements  et 
de  prescriptions,  quelquefois  capricieux  et  tyranniques.  On 
vit  Hemir  une  industrie  organisée,  mais  aussi  favorisée, 
célébrée  sur  tous  les  tons,  se  relevant  chaque  Ibis  que 
l'école  de  peinture  française  recevait  une  nouvelle  et  féconde 
impulsion.  A  partir  du  règne  de  Louis  XIV,  il  n'y  eut  plus 
de  concurrence  possible  :  ce  fut  la  lutte  éternelle  et  qui  se 
répète  dans  le  monde  de  mille  manières,  enti'c  l'enfant 
chéri  et  ses  frères  dédaignés,  entre  la  faveur  et  le  mérite. 
L'engouement  pour  les  Gohelins  alla  si  loin  que  ce  mot  en 
Allemagne  devint  l'équivalent  de  l'italien  arazzi  et  sert 
aujourd'hui  à  désigner  les  tapisseries  historiées,  quelque  soit 
l'époque  et  le  lieu  de  leur  fabrication.  A  Bruxelles  même, 
dans  rancicn  centre  de  cette  indusirie  spéciale,  une  popu- 
lation, soigneusement  et  systématiquement  élevée  dans 
l'ignorance  de  ses  véritables  lilres  de  noblesse,  s'est  habituée 
à  admirei-  béatement  comme  les  produils  d'un  art  étranger 
les  œuvres  splendides  sorties  des  mains  de  ses  ancêtres. 

Les  Flamands  et  en  particulier  les  Bruxellois  j^rirent  une 
part  active  aux  grands  élablis-sements  organisés  })ar  le  mo- 
narque français.  Behaegel,  placé  à  la  tète  de  la  manufacture 
de  Beauvais,  lui  imprima  une  excellente  direction.  Il  eut 
pour  chef  d'aleliei*  l'hilippe  Robbins,  (|ui  fut  anobli  en 
France  et  revint  se  fixer  à  Mooreghem,  où  il  mourut  (i). 


(i)  Lu  autre  cnriinl  (l'Audeiiynle,  Adrien  Neiissc,  apics  avoir  travaillé  a 
Beauvais,  alla  s'établir  à  Gisors,  oii  il  offrit  à  radniinistration  locale  un  portrait 
du  roi  Loiiis  XIV  qu'il  avait  ih&é  {Gazelle  des  Beaux-Arts,  l.  c,  p.  201). 


—   I9i)  — 

A  Paris,  notre  c()iii|);iln'ulo,  le  peinin',  Aiiaiii  Valider  Meuleii 
conlribiia  à  fournir  aux  Gobelins  de  splendidcs  carions. 
D'après  Lebrun  lui-même,  '<  Louis  XIV  fi(  venir  Vander 
»  Meulen  en  France  pour  y  Iravailier  do  grands  tableaux 
»  représentant  les  vues  de  toutes  les  maisons  royales,  el 
»  exécuta  celles  de  la  plupart  des  villes  de  Flandre,  vues,  » 
ajoute  Lebrun,  «  qui  sont  d'une  délicatesse  merveilleuse». 
Parmi  les  maîtres-ouvriers  qui  dirigèrent  la  fabrication  , 
plusieurs  Belges  jouèrent  un  rôle  important,  entre  autres 
Jean  Janssens  ou  Jans,  venu  d'Audenarde  (16()2  à  IfiOl), 
et  son  fils  du  même  nom  (IC9I  à  1751);  Jean  de  la  Croix 
(1665  à  4711),  son  fils  Jean  (1()95  à  1757)  et  Mozin  (1665 
à  IG95),  de  Bruxelles.  On  connaît  ces  vers  d'un  contem- 
porain, l'abbé  de  Marolles  : 

Quant  ;\  la  basse  lisse,  où  la  règle  est  plus  seure, 
Deux  artistes  Hameiits,  De  la  Croix  et  Mozin, 
Qui  seuls  pourroient  fournir  un  royal  magasin, 
N'y  niettroient  pas  un  til  sans  sa  juste  mesure. 

On  a  gravé  (i)  une  tapisserie  signée  I  D.  L.  Croix  el 
qui  représente  le  château  de  Monceaux;  elle  fait  partie  de  la 
suite  dite  des  Mois.  Une  bordure  splendide,  formée  de 
feuilles  et  de  fruits  en  torsade,  l'entoure.  Sur  le  devant, 
deux  personnages  examinent  des  lapis;  dans  le  fond,  on 
découvre  un  bois  et  des  chasseurs. 

L'exécuteur  de  cette  belle  composition,  qui  appartient 
à  M.  Léon  Gauchez,  n'était  pas,  à  proprement  parler,  un 
Flamand ,  comme  on  l'a  dit  quelquefois.  D'après  tous  les 

(i)  Jacquemakt,  Hhloire  du  mobilier,  p.  160. 


—  200  — 

témoignages,  il  élaiL  nruxellois  d'origine.  Je  Iroiive,  à  la 
claie  (kl  7  octobre  16G8,  la  veuve  d'un  Jean  De  la  Croix, 
domiciliée  dans  notre  ville,  dans  la  Raemsiraet  (ou  J'ue  du 
Châssis),  près  de  la  brasserie  het  Mien  (la  Toùon).  Jean  de 
la  Croix  el  Mozin  travaillaient  en  basse-licc,  tandis  que 
Jans  faisait  de  la  haute-lice.  Malgré  les  immenses  avantages 
assurés  à  la  manulacLure  des  Gobelins ,  elle  eut  à  subir  de 
rudes  épreuves,  même  pendant  le  règne  de  Louis  XIV.  Les 
guerres  conlinucUes  allumées  par  l'insatiable  andjition  de 
ce  monarque  le  mirent  dans  l'impossibilité  de  payer  le 
personnel  de  la  fabrique,  qui  fut  entièrement  congédié 
en  lG9i,  el  t|ui  ne  reprit  que  cinq  années  a|)rès  ses  travaux, 
auxquels  la  guerre  pour  la  succession  d'Espagne  ))orla  une 
nouvelle  alteinte  (i). 

On  a  fait  connaiti'e  tjuc  la  labriipie  des  Cobelins  avait 
confectionné,  sous  la  direction  de  Lebrun,  de  I0G5  à  KV.IO 
(en  "27  ans),  19  tentures  de  haute-lice,  d'une  surlace  totale 
de  1,110  aunes,  et  34  de  basse-lice,  mesurant  i,'2îl9  aunes, 
soit  ensendjle  55  tentures,  mesurant  8,409  aunes.  Oj'  si 
l'on  rélléchil  (ju'au  xvii"  siècle,  lorsipie  la  fabrication  de 
Bruxelles  était  active,  on  y  conq)tait  à  la  fois  de  ^0  à  2.S  ta- 
pissiers privilégiés,  astreints,  pour  conscrvcj-  leurs  immu- 
nités, à  confectionner  au  moins  deux  lenlures  [)aran  chacun, 
on  en  conclura  (pi'à  cette  époque  Bruxelles  fournil  autant 
de  tapisseries  par  an,  en  moyenne,  (pi'il  s'en  fabriijua  aux 
Gobelins  pendant  plus  d'un  (piai'l  de  siècle.  On  peut  juger 


(i)  Voye/.  à  te  sujet  Guillaumot,  Solice  sur  hi  manii/ucliiri'  de  lajiisserks 
des  Gobelins  (publiée  en  1"9'J  el  réi'dil(?e  duiis  la  Revue  iiiiiverselh'  des  arts, 
t.  XVI,  pp.  ^V>  el  siiiv.). 


—  201  — 

par  ce  simple  rnpprocliemoni,  bien  facile  à  vérifier,  des 
proporlions  énormes  qiK;  la  tabricalion  des  lapisseries  avait 
prises  (i). 

L'une  (k^?:  premières  villes  que  les  conquêtes  de  Louis  XIV 
enlevèreni  aux  Pays-Bas  espagnols,  Lille,  devini,  peu  (l(> 
temps  après,  l'un  des  centres  principaux  de  la  fabrication 
des  lapisseries,  mais  présente  celle  circonstance  curieuse 
que  les  trois  principaux  fa!)ricants  qui  s'y  distinguèrent  : 
De  Pannemaeker,  De  iVleller  et  Warnier,  étaient  tous  trois 
Bruxellois. 

Audenarde  était,  après  Bruxelles,  la  ville  qui  soutenait  le 
mieux  sa  réputation.  Pendant  les  années  funestes  qui  sui- 
virent la  mort  d'Isabelle,  beaucoup  de  riches  bourgeois  de 
celte  ville,  afin  d'échapper  à  la  lourde  charge  des  logements 
militaires,  se  retirèrent  dans  les  grands  centres  de  popula- 
tion du  voisinage,  tels  que  Gand  et  Tournai.  Le  magistrat 
d'Audenarde,  ému  de  la  situation  dans  laquelle  la  ville  se 
trouvait,  prit  son  recours  vers  le  Gouvernement,  qui  dé- 
fendit les  émigrations  de  ce  genre,  sous  peine  de  I,00O  flo- 
rins d'amende  (édit  en  date  du  27  novembre  1040).  On 
comprend  facilement  que  des  mesures  aussi  rigoureuses 
furent  d'une  exécution  difficile;  elles  soulevèrent  d'éner- 
giques protestations,  qu'appuyèrent  les  administrations 
des  localités  où  les  contrevenants  à  la  défense  allaient 
chercher  un  refuge.  Audenarde,  néanmoins,  reprit  quelque 
splendeur.  Elle  conserva  des  fabricants  renommés,  tels  que 
Simon  De  Pape,  qui  mourut  en  janvier  1077  (2),  et  Pierre 


(1)  Jacquemart,  Ioc.  cil.,  p.  lîiO;  —  baron  de  Boycii  de  Sainte-Suzanne, 
Notes  d'un  curieux,  p.  80,  etc. 
(•2)  Messager  des  sciences  tiistoriqiies,  année  186'-2,  p.  t7. 


—  202  — 

Van  Verren,  dont  j'ai  vu  à  Bruxelles,  chez  un  de  ses  descen- 
dants demeurant  rue  d'Or,  une  tapisserie  représentant  un 
jeune  homme  et  des  jeunes  filles  allant  présenter  leur 
ollVande,  el  un  porli-ail  daté  de  1660,  où  il  est  représenté 
à  l'âge  de  26  ans,  velu  du  costume  de  capitaine  de  la  garde 
hourgeoise.  En  1068,  Audenarde  tomba  entre  les  mains  des 
Français  et  leur  ap|)artint  jusqu'à  la  paix  de  Nimègue,  en 
1078.  Pendant  cette  période  de  dix  années,  ses  produits  se 
répandirent  el  se  firent  connaître  en  France;  mais  la  situa- 
tion changea  lorsque  la  ville  redevint  esjiagnoh; ,  et,  en 
1684,  elle  eul  à  soulîrir  un  bombardement  rigoureux.  Me- 
nacés d'être  privés  de  leur  exemption  des  logements  mili- 
taires, quelques  fabricants  partirent  pour  Lille  et  Tournai, 
(|ui  étaient  françaises,  ou  pour  Gand  et  Anvers,  dont  l'Es- 
pagne conservait  la  })Ossession.  L'Autriche,  en  170G,  acquit 
les  droits  de  celle  ])uissance  sur  les  Pays-Bas;  mais,  de  1700 
à  1700,  nos  provinces,  soumises  à  Philippe  V,  petit-fils 
de  Louis  XIV,  vécurent  dans  d'étroites  relations  avec  nos 
voisins  du  Midi.  11  existe  pour  cette  époque  une  source  pré- 
cieuse en  renseignements  dans  un  recueil  de  ia  correspon- 
dance de  ce  Van  Verren,  dont  nous  venons  de  parler,  le 
Copieboek  van  d'heer  Peeler  Van  Verren,  qui  va  ^\u  16  dé- 
cembre 1099  au  11  septembre  1701  (i);  ils  s'aiipliquenl 
à  Audenarde,  il  est  vrai;  mais,  faute  de  posséder  des 
renseignements  semblables  pour  Bruxelles,  nous  ne  ]iouvons 
mieux  faire  (juc  d'en  profiter. 

Du   teni|)s  de  Van  Verren,   les  tapissiers  étai(!nt   réduits 
à  un  l'i)i-t  |iclil  nombre,  el  les  ouvriers   hal)ilaient  pour  la 


0)  Archives  de  l'Académie  royale  de  Belgiquo. 


—  -200  — 

pliip'ii't  lu  campagne;  ils  ne  travaillaient  aux  tentures  (jiic 
lorsque  les  labeurs  champêtres  leur  en  laissaient  le  temps. 
Gomme  Yan  Yerren  le  dit  clans  une  lettre  à  Henri  et  Jean 
Bernus,  de  Francfort,  en  date  du  G  septembre  1 701 ,  c'était  lui 
(jni  élait  le  principal  fabricant;  il  fournissait  de  l'occupation 
à  près  de  500  ouvriers.  Jusqu'à  la  lin  du  xviii*  siècle,  ce  fut 
l'Allemagne  qui  alimenta  surtout  le  commerce  d'exportation  ; 
on  donnait  alors  aux  tentures  la  hauteur  de  cinq  aunes,  qu(^ 
l'on  préférait  dans  cette  contrée;  mais,  lorsque  Philippe  V 
fut  devenu  roi  d'Espagne ,  les  relations  avec  l'Empire  ces- 
sèrent presque  totalement  et  celles  avec  la  France  prirent 
de  plus  en  ])lus  du  développement.  Les  droits  d'entrée  dans 
ce  dernier  royaume  furent  alors  modifiés  et  rétablis  pour  le 
pays  conquis  (c'est-à-dire  pour  la  Flandre  et  le  Hainaul 
français),  au  moins  en  ce  qui  concernait  Audenarde,  confor- 
mément au  tarif  adopté  en  HwO.  Les  tapisseries  de  cette 
ville  ne  furent  plus  imposées,  pendant  quelques  années,  qu'à 
!23  livres  le  cent  pesant  (i). 

Les  pièces  se  roulaient  sur  un  arbre  à  mesure  qu'elles 
avançaient.  Pour  peindre  les  cartons  et  exécuter  les  tapisse- 
ries d'une  tenture  composée  de  quatre  pièces,  six  mois 
étaient  nécessaires;  quand  il  n'y  avait  que  deux  pièces,  il 
fallait  le  double  de  temps.  Une  petite  tapisserie  commune, 
de  trois  pièces  et  mesurant  4-8  1/8  aunes,  coûtait,  à  57  sous 
l'aune,  WH  florins  14  sous  (ou  24  ducats  50  sous)  ;  une 
tapisserie  fine,  de  il  aunes  de  tour  sur  t2  1/2  de  haut,  mesu- 
rant  127  1/2  aunes  (à  2  ducals),  coûtait  2j5  ducats,  non 


fn  Lettre  ii  M.  Faligrand,  de  Paris,  du  'J  mars  1701. 


—  204  — 

compris  127  1/2  dncats  pour  le  carlon.  Los  fi-ais  cVenvoi 
jusqu'à  Cologne  s'élevaient  :  pour  la  première  à  3,  pour  la 
seconde  à  4  ducals  (i).  Cerlaines  pièces  en  soie,  offrant  des 
représentations  d'animaux,  se  payaient  ol  sous  l'aune;  mais, 
lorsqu'il  s'y  trouvait  des  personnages,  c'était  trois  sous  de  plus, 
parce  que  celle  soi-(e  de  Iravail  élait  contiée  à  des  ouvriers 
particuliers.  Si,  au  lieu  de  sujets  représentant  des  épisodes 
lires  des  Fables  d'Ovide,  on  demandait  des  scènes  de  paysans 
et  de  paysannes,  on  les  payait  oG  sous,  parce  qu'il  y  avait 
plus  de  personnages.  Les  plus  fines  coûtaient  jusque  1:2  et 
•lii  florins  (2).  Ailleurs  on  recomujande  pour  le  nettoyage 
des  tentures  les  précautions  suivantes  :  tous  les  ans  il 
fallait  les  faire  détendre,  les  placer  sur  des  osiers  et  les  bat- 
Ire  au  moyen  de  petits  bâtons,  pour  en  faire  sortir  la  pous- 
sière; puis  on  les  frappait  avec  des  balais  neufs.  Pour  que 
la  poussière  n'entrât  pas  dans  les  tapisseries,  on  jetait  dans 
la  cliambre  un  peu  d'eau  lorsqu'on  la  nettoyait  (r>). 

Les  sujels  religieux  étaient  aloi's  jieu  recberchés.  Les  épi- 
sodes tirés  de  l'Ancien  Testament  et  les  Actes  des  apôtres 
«  n'éfoicnt  plus  en  usage.  »  Si  l'on  avait  voulu  en  faire  exé- 
cuter, il  aurait  fallu  commander  des  carions,  «  ce  qui  auroit 
»  trop  coûté  » ,  dit  Van  Vei'ren  dans  une  lellre  à  xM.  Eckerf, 
d'Augsbourg,  en  dale  du  3  avril  1700.  Les  représentations 
mythologiques  oljtenaient  plus  de  faveur.  De  ce  nombre 
était  la  tenture  rappelant  niisioire  de  Thescc;  un  amateur 
ayant  soulevé  quelques  doutes  au  sujet  de  la  convenance 


(1)  Lettre  au  baron  de  HiiUlcn,  du  1o  janvier  1700. 

(2)  LeUre  à  M.  Allyns,  de  Rnlisbnniio,  du  5  avril  ITOl. 

(3)  LeUrc  a  i'abbi-  Crispin,  d'AHi,  du  2:i  mai  1700. 


—  20:;  — 

du  placement  dans  un  saK»ii  do  la  pièce  où  l'on  voyait 
Ariane  abandonnée  dans  une  Vc.  où  Bacchm  l'cpouse  et  la 
couronne,  Van  Verren  répondit  que  cet  épisode  avait  élé 
exhibé  à  plusieurs  reprises  dans  des  églises,  où  personne 
ne  s'en  élait  elTarouché.  «  Les  peintres,  ajoute-l-il,  se  gar- 
»  dent  bien  de  reiracer  qiielipie  chose  de  niallionnèle,  leurs 
»  œuvres  étant  destinées  à  èlre  mises  sous  les  yeux  du 
»  publie.  S'ils  agissoient  aulremenf,  ils  s'exposeroient  à  être 
»  punis  d'une  forle  amende  »  (i).  Gomme  tentures  qui 
étaient  en  faveur,  on  cite  le  Jeu  d'enfants,  qui  élait  a  bien 
vieux  »  ;  les  Parterres  à  vues  de  Versail'es,  qui  élaienl  si  recher- 
chées, en  Allemagne  comme  en  France,  que  le  fabricant 
n'en  avait  jamais  une  série  complète  chez  lui  (-2)  ;  les 
Paysans,  d'après  Teniers,  en  six  pièces  représentant  :  une 
Vendange,  une  Danse,  des  Soldats  volant  les  paysans,  des 
Bergers  et  bergères  avec  des  troupeaux,  des  Bohémiennes 
disant  la  bonne  aventure.  De  cette  dernière  il  existait  deux 
modèles  différents,  du  prix  de  l.'i  et  de  G  florins  l'aune,  et 
dont  l'exécution  exigeait,  pour  le  premier  G,  pour  le  second 
4  1/2  mois  (r.).  Il  existe  à  Bruxelles  un  grand  nombre  de 
tapisseries  dont  l'origine  n'est  pas  douteuse  et  qui  mérite- 
raient d'être  décrites  dans  une  monographie  de  la  fabrication 
d'Audenarde,  De  ce  nombre  sont  celles  du  beau  salon  do 
M.  le  comte  de  Mérode-Westerloo,  rue  aux  Laines;  celles 
de  M™"  Allard,  rue  du  Béguinage,  n''  2,  qui  proviennent 
de  l'hùtel  de  l'Infante  d'Espagne,  au  quartier  Léopold  ;  celles 


(0  Lellre  ii  M.  Horgiieliii,  du  3  juin  1700. 

(2)  Lettre  à  SI.  le  baron  de  Nosselrodo,  du  15  mars  1700. 

(3)  Let're  a  M.  de  Cobiisse,  de  Rnixelics,  du  4  février  1700. 


—  2()()  — 

que  le  Gouvernement  a  récemmeni  fnil  placer  au  Musée  de 
peinture  et  qui  ornaient  jadis  l'hôtel  do  la  Chambre  dos 
comptes,  rue  des  Petils-Carmes,  etc. 

La  ville  de  Gand  vit  s'élablir  chez  elle,  en  1(^)5,  plusieurs 
tabi'icanls  d'Audenarde,  entre  autres  François  De  Moor  et 
son  rendre,  Jean  d'IIolislaeaiiei'.  Les  maoistrals  d'Aude- 
narde  voulurent  les  obliger  à  revenir,  mais  ne  réussirent 
pas  dans  leurs  démarches;  d'après  eux,  les  tapissiers  de 
Gand  él;iient  en  très-petit  nombre  et  ne  formaient  plus  de, 
(corporation.  Peu  de  temps  après  vécut  un  marchand  et 
fabricant  nommé  François  Vander  Slichelen,  qui,  de  1690 
à  1692,  travailla  pour  le  marquis  de  llerzelles,  président  du 
grand  Conseil  de  Malines.  Dans  la  correspondance  de  Vander 
Stichelen  avec  le  marquis,  nous  voyons  qu'il  employait, 
pour  raison  d'économie,  des  ouvriers  de  la  campagne;  mais, 
comme  l'on  était  alors  en  guerre  avec  la  France,  ceux-ci 
devaient  fréquemuicnt  se  sauver  dans  les  villes,  empor- 
tant avec  eux  les  cartons,  les  soies,  les  laines,  qu'on  leur 
avait  confiés.  D'après  un  relevé  des  tapisseries  existant  à 
l'hôtel  d(î  llerzelles  (ou  de  Salasar),  à  Bruxelles  (dans  la 
rue  des  Sols),  il  s'y  trouvait  une  série  de  paysages  d'après 
De  Vadder,  composée  de  six  pièces  mesurant  en  toui-  ou  en 
longueur  33  7/8  aunes  sur  3  1/4  aunes  de  haut,  soit  en  tout 
177  5/8  aunes;  une  série  dite  de  la  Création  du  monde,  en 
six  pièces,  mesurant  39  aunes  de  longueur  sur  ij  de  iiaul, 
en  tout  193  aunes  :  Adam  labourant  la  terre  (longueur 
7  aunes),  Dieu  hii  dércDdnnt  de  niang(M'  du  IVuit  drlViidu 
(longueur  6  5/4  aunes),  .\dam  et  Eve  contrevenant  à  cet  ordre 
(longueur  3  3/4  aunes).  Dieu  donnant  à  Adam  l'autorité  sur 
les    animaux    (lonii-ueur   S   7/S   aunes),    la    (^'éalion  d'flve 


—  207  — 

(longueur  4  7/8  aunes) et  une  dernière  qui  n'est  pas  indiquée; 
une  série  des  Mélamorphoses  d'Ovide,  en  cinq  pièces,  mesu- 
rant 24  5/H  aunes  de  longueur  sur  5  de  hauleur,  en  tout 
185  1/8  aunes.  C'était  l'archidiacre  de  Sainl-Bavon,  F.  de 
Potlelsberghe,  qui  servait  ordinairement  d'intermédiaire 
entre  M.  de  Herzelles  et  le  fabricant  gantois;  celui-ci  dul 
envoyer  à  Bruxelles  plusieurs  tapisseries  par  bateau,  la 
route  de  terre  n'étant  pas  suffisamment  sûre.  Sa  marque 
était  un  V  dont  le  second  trait  était  enroulé  i)ar  un  S  et 
supportait  à  son  extrémité  un  petit  T  (i). 

La  révolution  qui  s'accomplit  dans  notre  pays  et  qui 
en  transféra  la  possession  des  mains  des  rois  d'Espagne 
entre  celles  des  empereurs  d'Autriche,  eut  pour  premier 
résultat  de  diminuer  les  débouchés  ouverts  aux  tapisseries 
bruxelloises.  Le  marché  de  l'Espagne  et  de  ses  colonies,  où 
il  s'en  débitait  considérablement,  leur  fut  fermé,  surtout  après 
que  le  roi  Philippe  V  eut,  en  1720,  fondé  à  Madrid  un(î 
fabrique  dont  il  confia  la  direction  à  Jacques  Vander  Goten, 
d'Anvers,  et  qui,  favorisée  par  ses  successeurs,  prolongea 
son  existence  jusqu'à  la  fin  du  xvin''  siècle  (2).  L'électeur 
de  Bavière  Maximilien-Emmanuel,  qui  avait  montré  tantdc; 
prédilection  pour  Bruxelles,  mais  dont  la  politique  et  les 
goûts  devinrent  tout  à  fait  français,  imita  l'exemple  de 
Philippe  V;  vers  1718,  il  rétablit  les  ateliers  de  .Munich, 
où,  environ  cent  ans  auparavant,  des  Bruxellois  avaient 
travaillé  pour  ses  glorieux  aiicèlres.  Cette  fois  ce  furent  des 


(1)  Papiers  provenant  de  la  famille  de  Herzelles,  coramuniqués  par  M.  le  comte 
François  Vander  Siraelen. 
(•î)  Consultez  sur  celte  fabrique,  Pons,  r.  V,  p.  :233. 


—  :2(hS  — 

ouvriers  des  Gobolins  qui  furent  appelés  à  imiter,  pour  les 
maîtres  de  la  Bavière,  sous  la  diieclioii  du  peintre  de  la  cour 
Ballhasar  Albrcchl,  les  travaux  exécutés  pour  Louis  XIV; 
la  fabrique  de  Municb,  où  rinfhience  parisienne  ne  cessa 
(le  dominer,  repril  une  aciiviîé  nouvelle  vers  Tannée  I7G0 
et  ne  se  ferma  (pi'en  17i)i),  à  la  suite  des  guerres  cruelles 
qui  désolèrent  l'Allemagne  méridionale  à  partir  de  1792. 
Enfin  il  n'y  eut  pas  jusque  Rome,  cet  ancien  tliéàlrc  des  plus 
beaux  triompbes  de  nos  hauts-liciers,  où  il  ne  s'organisât  une 
concurrence  contre  leurs  successeurs.  L'hospice  de  Saint- 
Michel,  ouvert  par  le  pape  Linocent  \II  à  des  vieillards, 
des  infirmes  et  des  pauvres  enfants,  fut  transformé,  en  1702, 
en  une  fabrique  de  tapisseries,  qui  existe  encore  aujour- 
d'hui, pâle  imitation  des  Gobelins,  où  l'on  semble  avoir  eu 
pour  but  unique  de  former  des  artisans  capables  de  réparer 
les  splendides  tentures  du  Vatican. 

Si  nous  reportons  nos  regards  sur  Bruxelles,  nous  voyons, 
à  la  fin  du  xvii"  siècle,  l'industrie  de  la  tapisserie  maintenir 
encore,  sinon  sa  position  exceptionnelle,  au  moins  sa 
réputation.  La  décadenci^  et  l'amoindrissement  des  Pays-Bas 
espagnols,  l'affaissement  de  l'école  dcRubens,  la  concurrence 
desGobelinsetdeBeauvaisJa  prédilection  toujours  croissante 
poiii' le  papier;»  meubler,  toutes  ces  causes  multiples  s'unis- 
saient contre  elle.  Cependant  les  Gobelins  eurent  encore  leurs 
périodes  de  ralentissement;  l'école  française,  après  Lebrun, 
après  Mignard,  disons  aussi  après  les  Champagne  etVander 
Meiileii,  et  en  atleiidaul  rép()(|no  de  Boucher  et  deWatteau, 
traversa  une  époipiede  langueur.  Si  la  France  jouissait  encore 
du  prestige  dont  Louis  \IV  l'entourait,  les  Pays-Bas  atti- 
raient ses  plus  implac  ailles  ennemis  :  Guillaume  II[,  Marlbo- 


—  209   — 

roiigh,  le  prince  Eugène,  el  tandis  que  les  Gobelins  Iruvail- 
laienl  pour  leur  Ibndalcur,  Bruxelles  représenlail  en  lissus 
de  laine  et  de  soieles  hauts  laits  îles  adversaires  de  Louis  XIV. 
Avant  de  cesser  leurs  travaux,  les  tapissiers  y  connurent 
encore  des  joui-s  d'activité  el  de  lAioirc. 

%}  O 

Il  nous  est  resté  un  témoignage  précieux  de  l'eslinic  dont 
on  entourait  leurs  produits,  en  France  même,  à  la  lin  du 
XVII'-  siècle.  C'est  un  passage  de  ce  tapissier  que  nous  avons 
déjà  cité  et  qui  vint  à  Bruxelles  vers  16!t2.  Voici  ses  propres 
expressions  : 

«  Dans  toute  l'Europe  il  n'y  en  a  point  de  plus  ancienne  que 
y>  la  fabrique  de  Bruxelles;  elle  a  porté  dans  ses  conimen- 
»  céments  l'art  de  la  tapisserie  à  un  si  haut  degré  de  per- 
»  lection,  qu'encore  aujourd'hui,  chez  les  princes,  on  admire 
»  comme  chefs-d'œuvre  de  nature  des  anciennes -Bruxelles, 
»  dont  leurs  palais  sont  ornez.  Cette  fabrique  a  conservé 
»  longtemps  sa  grande  réputation,  et  il  n'a  pas  fallu  moins 
»  que  l'établissement  des  Gobelins  pour  la  lui  faire  perdre. 
)^  En  effet,  elle  a  donné  depuis  dans  un  goût  sombre  et 
»  brun  par  sa  carnation,  et  s'est  souvent  servi  de  mauvais 
»  teint;  elle  travailloit  autrefois  en  haute-lisse,  mais  à  pré- 
«   sent  la  basse-lisse  est  toute  son  occupation  (i). 

»  J'en  ai  été  témoin  moi-même,  lorsqu'après  le  siège 
»  de  Mons,  que  Louis-le-Grand  venoit  d'ajouter  à  ses  autres 
»    conquêtes,  je  fus  curieux  d'en  voir  la  fabj'icpie  ;  j'y  vis  sur 


(i)  L'abandon  de  la  hautc-licc  en  Flandre  est  également  constaté  par  VEucy- 
clopédie  (t.  IX,  p.  578)  :  «  On  ne  tait  aussi,  y  est-il  dit,  que  des  b;!sses-lisses 
»  en  Flandre,  mais  il  faut  avouer  qu'elles  sont  pour  la  plupart  d'une  grande 
»  beauté  et  plus  grandes  que  celles  de  France,  si  l'on  en  excepte  celles  des 
«   Ciibelins.   » 


—  i>10  — 

»  les  métiers,  pour  son  Altesse  Sérêuissime  Monseigneur  le 
»  duc  de  Bavière,  alors  gouverneur  général  des  Pays-Bas, 
y>  des  pièces  dignes  qu'on  en  fasse  ici  mention,  comme  les 
»  Quatre  Parties  du  Monde,  les  Fruits  de  la  Guerre  et  la 
»  fameuse  Aventure  de  Frii/ius,  (|ui,  n'ayant  auparavant 
»  jamais  été  peinte  ni  fabriquée  en  tapisserie,  passe  de  notre 
»   temps  pour  être  une  histoire  nouvelle.  » 

»  J'avouerai  franchement  ((ue  j'y  ai  vu  de  bons  fabricants 
»  et  que  le  nombre  en  auroit  pu  augmenter  si  les  guerres 
w  continuelles  dont  ce  pays  a  été  de  tout  le  temps  le  théâtre 
«  n'en  eussent  écarté  et  chassé  les  meilleurs  ouvriers.  Cette 
»  fabrique  est  bien  unie  et  fine  dans  son  fond  ;  autrefois  elle 
»  était  plus  moelleuse  et  plus  douce;  aujourd'hui,  elle  est 
»  plus  desséchée  et  plus  roide:  néanmoins  elle  a  toujours 
»  retenu  cette  égalité  qui  la  faisoit  tant  estimer.  Sa  marque 
»  est  une  es])èce  de  cœur,  souvent  rouge  et  bleu,  avec 
»   deux  B  «  (i). 

Même  avec  les  restrictions  que  ces  lignes  contiennent, 
elles  constituent  un  aveu  du  plus  grand  prix.  On  ne  pou- 
vait demander  à  un  étranger  habitué  à  un  faire  différent, 
un  éloge  complet.  Formulé  par  un  homme  du  métier,  ce 
dernier  emprunte  à  son  origine  une  autorité  particulière. 

Voici  quelles  étaient  alors  les  conditions  d'existence  de  la 
corporation  des  tapissiers.  La  caisse  du  métier  présentait  un 
déficit  de  1,G()0  llorins.  D'après  l'usage,  c'étaient  les  doyens 
(pii  devaient  y  ])Ourvoir  et  lever  à  leurs  frais  le  capital 
manquant;   mais  ceux  qui  furent  appelés  au  décanat,   en 


(i)  UecueU  des  sUilida,  etc.,  p.  t  IG. 


—  211  — 

1087,  se  n.'lraiR'lièreiii  derrière  l'axiome  lalin  :  o(ficium  imiun 
neinini  debeal  esse  damnosinn  (i  un  emploi  ne  peut  louriier 
»  au  détriment  de  celui  qui  l'exerce»);  d'après  eux,  ils 
s'imposaient  déjà  un  sacrifice  en  consentant  à  payer  pendant 
l'année  les  intérêts  de  la  somme  précitée,  et,  ;i  leur  demande, 
le  magistrat  leur  permit  d'emprunter  cette  dernière  au  nom 
du  métier  (15  mai  1G87)  (i). 

Les  peintures  précieuses,  l'argenterie  et  les  autres  meu- 
bles de  la  corporation  étaient  depuis  de  longues  années 
déposées  dans  une  chambre  de  l;i  maison  dite  la  Louve, 
Grand'Place,  appartenant  au  serment  de  l'Arc.  Un  incendie 
terrible  dévora  cette  habitation  le  1 2  octobre  I G90  et,  en  même 
temps,  l'avoir  des  tapissiers,  très-probablement  avec  leurs 
papiers,  dont  il  ne  reste  plus  la  moindre  parcelle,  ni  aux 
Arcbives  du  royaume,  ni  dans  celles  de  la  ville.  Les  pertes 
du  métier  furent  alors  évaluées  à  8  ou  9,000  florins.  Les 
doyens  et  anciens  demandèrent  au  magistrat  un  subside 
afin  de  pouvoir  remplacer  les  torchères  et  robes  de  cérémonie 
{ambachts  kerssen  ende  casacken)  que  les  valets  de  la  corpo- 
ration portaient  à  rOmmegangcl  aux  autres  processions  géné- 
rales; ils  n'obtinrent  que  le  droit  d'affranchir  une  personne 
de  la  garde  bourgeoise  à  pi'ix  d'argent  (12  mars  1691)  (2). 
Pour  comble  de  malheur,  la  Louve,  à  peine  rebâtie,  fut  une 
seconde  fois  ruinée  par  le  bombardement  de  169o,  (|ui 
anéantit  également  la  partie  de  l'hôtel  de  ville  où  se  trouvait 
le  Tapissiers  pant.  Ce  qui  pouvait  avoir  échappé  à  la  funeste 


(j)  XI I^  regisler  1er  Tresorye  gehoudeii.  f"  109. 
(2)  Ibidem,  f  Io5. 


21:2  

nuit  du  J2  octobre  1690  disparut  cinq  ans  plus  lard,  au  îuois 
d'août,  et  si  des  tapisseries  et  des  cartons  étaient  encore  expo- 
sés dans  le  pant,  ce  dernier  les  ensevelit  sous  ses  décombres. 
Notons  aussi  que  plus  le  pays  niarchail  vers  sa  décadence, 
|)lus  la  considération  dont  on  y  enlour.iil  jadis  le  eonnnerce 
et  l'indusli'ie  diminuait.  I.a  vanité  grandissait  dans  les 
mêmes  proportions  (pie  l'indigence  générale.  Dans  la  petite 
noblesse  on  alTectait  de  ti'aiter  avec  dédain  ces  roturiers  à 
moitié  artistes,  qui  presque  tous  cependant  côtoyaient  de 
bien  près  les  féodaux  ou  les  patriciens,  car  ))lusieurs  d'entre 
eux  portaient  de  beaux  noms,  possédaient  des  (iefs  ou  des 
villas,  disposaient  de  grands  capitaux,  siégeaient  dans  le  ma- 
gistrat. Cliez  quelques  familles,  l'habileté  dans  l'art  de  tisser 
se  maintenait  comme  un  don  héréditaire,  et,  grâce  à  elle,  le 
renom  séculaire  de  la  ville  de  Bruxelles  conservait  son 
ancien  prestige.  Mais  un  gouvernement  énervé,  une  popu- 
lation cnivréede  niaiseries  affectaient  un  engouement  l'idicule. 
pour  les  privilèges  nobiliaires.  Ainsi,  en  IGio,  à  la  nouvelle 
([ue  le  tapissier  Sweerts,  d'Anvei's,  prenait  les  armes  de  la 
famille  dont  il  portail  le  nom  et  dont  il  était  peut-être  un  des 
descendants  les  plus  directs,  le  lignage  |)atricien  des 
Sweerts,  de  Bruxelles,  le  jour  de  la  réunion  pour  l'élection 
des  candidats  ii  la  iiiagislralure.  connnunale,  ou  lô  juin, 
s'empressa  de  j)rendre  une  décision  pour  roblig(M-  à  l'cnon- 
cer  à  son  écusson.  Ainsi  encore,  vers  1080,  le  premier  roi 
d'armes  de  la  Toison  d'or  se  monti-a  scandalisé  de  voir  les 
insignes  de  l'ordre  orner  les  livrées  de  la  eorporalioii  des 
tapissiei's  et  s'empres>a  de'  lo  f;iii'e  (li>|xirailre  (i).  Un  com- 

(i)  Dt  Ui;iiii;M!tii(.,  Ilisloirc  de  l'orilir,  Intrudmlidii,  p.  1. 


—   ^215  _ 

prend  le  pi-cjuilic"  ([u'iiii  dahigc  pai'fil  proiluisail  cl  l'iiiipor- 
(auco  qu'il  y  avait  à  rôprinior  im  abus  de  ce  genre.  Nous 
eulev(!rdes  villes,  des  provinces,  ce  n'élail  rien;  mais  usur- 
per les  moindres  prérogatives  d'un  ordre  qui  n'était  plus 
qu'un  faiilùnic,  voilà  ce  qu'il  no  fallait  pas  tolérer. 

Les  règlements  du  métier  même  étaient  quelquefois  vexa- 
toires  et,  ])our  celle  raison,  tombaient  en  désuétude.  Une 
ancienne  ordonnance,  dont  le  te.xie  fut  brûlé  pendant  le 
bombardement,  obligeait  tous  les  membres  de  la  corpora- 
tion, sous  peine  d'une  amende  montant  à  5  ou  à  S  sous,  d'as- 
sister au.\  assemblées  du  corps,  aux  funérailles  des  maîtres 
et  d(î  leurs  femmes  et  aux  processions  solennelles.  Les 
doyens  et  anciens  en  obtinrent  de  la  gilde  de  la  draperie  le 
renouvellement,  le  27  novembre  1(598;  une  dizaine  d'années 
plus  tard,  ils  essayèrent  de  nouveau  de  la  remettre  en 
vigueur;  mais,  conformément  à  un  avis  de  la  gilde  du 
4  octobre  1707,  la  requête  présentée  dans  ce  but  fut  jugée 
inopportune.  Un  gi-and  abus  s'était  introduit  à  celte  époque  ; 
la  corporation  admettait  dans  son  sein  des  personnes  qui 
n'exerçaient  pas  la  profession  de  tapissier  et  que  l'on  appe- 
lait en  langage  vulgaire  rfroofy/je  meesters  ou  maîtres  secs; 
ils  échappaient  de  la  sorte  aux  obligalions  ordinaires  des 
bourgeois.  Dès  l'année  1087,  une  ordonnance  datée  du 
y  août  étendit  l'obligation  de  monter  la  garde  ou  de  payer 
une  composition  ou  taxe  annuelle  à  la  section  bourgeoise  de 
leur  domicile,  à  toute  personne  ayant  un  emploi  de  la  ville, 
de  la  trésorerie  et  du  canal,  comme  aussi  à  tous  les  procu- 
reurs ou  avocaîs  pratiipiaiil  à  l'iiùlel  de  ville.  A  celle  occa- 
sion, les  tapissiers  avaient  obtenu  du  conseil  de  Brabant  des 
lettres  de  mainl(Miue  (h;   leur   |)i'ivilége  s|)écial,  le  27  oc- 


—  !214  — 

lobre  1689.  Quelques  années  après,  le  niagisli-al  leur  relira 
leur  exemption  annuelle  de  cent  tonneaux  tle  double  bière. 
Interrogé  par  le  marquis  de  Bedniar  sur  les  motifs  qui  avaient 
dirigé  sa  conduite,  ce  corps  fît  la  réponse  suivante  : 

«  Monseigneur, 

»   Nous  avons   examiné    la   reiiuele  présentée  à   Votre 

»  Excellence  de  la  part  des  doyens  et  autres  du  mestier  des 

»  Tapissiers  de  cette  ville  et  à  nous  renvoyée  en  advis,  les- 

>'  quels  alléguant  d'avoir  tiltre  et  piivilége  exprès  de perce- 

»  voir  par   an    100  tonneaux  de  double  bierre  libres  et 

»  exempts  des  accises  et  imposts  pour  les  distribuer  entre 

»  eux  et  leurs  suppôts,  se  plaignent  de  ce  qu'on  leur  refuse 

»  maintenant  la  dite  franchise.  Or,  Monseigneur,  pour  y 

»  reservir  de  nostre  advis,   nous  dirons  en    très-profond 

»  respect,   estrc  véritable  que  les  su])pliants  n'ont  en   ce 

»  regai'd  aulcun  tiltre  ny  droit,  mais  que  la  franchise  des 

»  dits  100  tonneaux  leur  al  seulement  esté  donnée  gratuite- 

»  ment  par  nos  prédécesseurs  pour  les  distribuer  entre  leurs 

»  supi)ots  qui  tj'availlent  effectivement  et  ainsy  les  animer 

»  à  la  dicte  manufacture.  Et  comme  nous  sommes  informez 

»  que  les  suppliants  s'abusent  de  cette  grâce  et  communi- 

»  quent  la  dicte  franchise  à  des  personnes  qui   n'exercent 

»  pas  leur  mestier  et  qui  ont  seulement  le  nom  des  tapis- 

»  siers,   nous  avons  jugé  de  convenir  de  retrancher  cet 

»  abus,  de  tant  plus  que  nous  accordons  à  chacque  tapis- 

»  siei-  qui   travaille  et  exerce  son  slil,  la  franchise  sur  un 

»  tauxe  modéré  de  24,  50  ou  56  tonneaux  par  an,  à  l'adve- 

»  nant  qu'ils  travaillent  plus  ou  moins.  En  quoy  nous  espe- 

»  rons  (|ue  Vostrc  Excellence  remarquera  que  nous  avons 


"21.) 


»  sur  ce  suivy  l'inleiitioii  des  placcarls  de  Sa  Majesté  (jui 
»  ordonnent  seiileniciit  de  favoriser  ceux  qui  exercent  effec- 
»   tivcment   la   dite   jnanulacture,  et   demeurons  en  toutte 

»  soubmission 

>'   5  avril  1705.  »  (i). 

Les  ministres  qui  gouvernèrent  les  Pays-Bas  espagnols 
au  nom  de  Philippe  V  et  en  particulier  le  plus  remarquable 
d'entre  eux,  le  comte  de  Bergeyck,  avaient  la  ferme  intention 
de  rendre  au  pays,  jiour  autan!  (|ue  possible,  son  ancienne 
prospérité.  Ils  ne  manquaient  ni  de  lumières,  ni  d'énergie, 
et  peut  être  auraient-ils  obtenu  de  très-heureux  résultats  si 
lés  événements  politiques  leur  avaient  laissé  le  temps  d'agir. 
A  Bruxelles,  ils  remplacèrent  la  gilde  de  la  draperie,  la 
suprême'  charité  et  les  chefs-tuteurs  par  un  seul  collège  : 
rinlendant  et  les  échevins  du  commerce,  collège  qui  n'eut, 
comme  la  domination  de  Philippe  V,  qu'une  courte  durée. 
Afin  de  le  mettre  à  même  de  venir  en  aide  aux  fabricants 
de  tapisseries  et  d'étoffes  de  laine  «  ayant  eu  le  malheur 
»  d'estre  entièrement  ruinez  par  le  bombardement  sans 
»  avoir  perdu  l'honneur,  leur  probité  et  bonne  conduite  », 
le  gouvernement  mil  à  sa  disposition  une  somme  de 
2o,000  tlorins,  avec  l'autorisation  d'en  opérer  la  distribu- 
tion; puis,  afin  de  le  garantir  contre  tout  recours  pour  non- 
paiement  de  tout  ou  d'une  partie  de  cette  somme,  l'acte 
suivant  lui  fut  dépêché,  à  sa  demande  : 

«  Le  Roy  en  son  conseil, 
»   Sa   Majesté  ayant  eu   rapport  du   contenu    de  cette 
»   requête  a,  par  avis  de  son  conseil  et  à  la  délibération  de 

(i)  Minute  aux  Archives  de  la  ville. 


—  210  — 

i>  son  cuiiiiiiaïuhiiit  gcucral  de  eu  |i;iv^,  aiilliorisc,  cuiiiiiic 

«  elle  autliorisL'  par  celle,  le  collège  du  euimiiei'ce  du  ina- 

»  gislral  de  celle  ville  de  Bruxelles  |)Our  |)rèler  de  l'argent 

»  aux  mailles  de  fabriques  de  tapisseries,  di'aps  et  autres 

»  estofes  de  laine  et  de  soye,  comme  ils  le  trouveront  le  pins 

»  convenable  })our  radvaneemenl   des  diles   rabritjues,  et 

»  (ju'on  soulicnne  le  i)lus  les  liomièles  bourgeois  (|ui  ont 

»  soutTerl  par  le  bombardenient  de  celle  ville  de  Firuxelles. 

»  Fait  à  Bruxelles  le  vingt-qualrième  de  septembre  mil  sej)t 

»   cent  trois. 

»   Marquis  de  Bedmar, 

Et  plus  bas  :  »   Comte  de  Bergeyck.  » 

En  exécution  de  cet  acle,  des  avances  considéi-ables  l'urcnl 
faites  à  divers  fabricants  tapissiers  et  drapiei'S.  Quatre 
maîtres,  i)armi  les  pi-emiers,  profilèrent  (.k^  libérables  du 
Gouvernement  :  Henri  Rydams,  Guillaume  De  Potière, 
Albert  Auwercx  et  Jacques  Vander  Borcbl,  qui  l'cçurenl,  en 
plusieurs  paiements  :  Rydams  Oj^OU  ilorins  de  cliange,  De 
Poltere  2,loO  florins,  Auwercx  2,iO0  florins  et  Vander 
Borcht  4,700  tloi-ins.  Par  contre,  ils  consignèrent  à  François 
Van  den  Hecke,  qui  était  ballier,  cY'st-à-dirc  gardien  de  la 
balle  :  Rydams  deux  séries  de  six  i)ièucs  de  tapisseries, 
mesurant  la  jjremière  184  aunes  6  slocken  et  la  seconde 
I9i  ô  i  aunes,  De  Poltcrc  une  série  de  six  ])ièces  mesurant 
loO  aunes,  Auwercx  deux  pièces  mesui'anl  Oii  aunes  el 
deux  me^iiranl  I  li  aunes.  N'andei'  Roielil  une  série  de  buit 
pièces  me.>uranl  ."(T)  auix's  (ij. 


(i)  P'arde  de  (|iiitt;iiKes  orijjiiialos  aux  Arclnue-i  de  la  ville.  Los  piiyeiiieiils 
■mviit  lieu  (\{\  ô  sci'tc'iulirc  ITiij  an  I  1  ;ii.iii  l'oî. 


—   ^17 


Loi'S(|ur  le  pMVs  (Hil  clé  (Milcvc  ;i  ri']s|i;igii('  par  1rs  puis- 
sances aliiïcs,  los  (lispositioiis  ilii  niagislral,  se  moiilrùreiil 
de  nouveau  peu  hienvcillanles.  Y  av;iil-il  là  une  (pieslion  de 
|iersoiine?  Iv\islai(-il  une  i-ivalilé  enire  l(!s  (apissiers  el  (piel- 
que  autre  corps  innuenlV  (Vesl  ce  que  l'on  ne  p(iil  préciser. 
Il  fut  alors  queslion  de  réclamer  les  sommes  prélevées  au 
profit  des  fabricants  sur  les  25,000  Horins  dont  il  a  été 
queslion  |ilns  haut.  Le  magistral  ordonna  de  faire  l'exper- 
tise des  tapisseries  qui  avaient  été  consignées  à  la  halle  et 
se  trouvaient  alors  à  la  Trésorerie  (nom  que  l'on  donnait  à 
une  partie  de  rilùlel  de  Ville);  mais  les  doyens  du  métier 
ayant  refusé  de  se  prêter  à  cette  opération,  il  fallut  la  con- 
fier aux  experts  du  iMonl-de-Piété,  qui  taxèrent  les  tapisse- 
l'ies  à  Ô0,2')2  florins  de  change.  Le  II  juillet  1708,  ordre 
fut  donné  aux  fabricants-tapissiers  de  restituer  les  sommes 
qu'ils  avaient  reçues  s'ils  ne  voulaient  voir  procéder  à  la 
vente  de  leurs  fabricals.  Toutefois  on  se  borna,  parait-il,  à 
une  menace,  le  Conseil  d'état  étant  intervenu  dans  ce 
débat  (i). 

Vers  le  même  temps,  on  déclara  non  exempts  de  gardes 
bourgeoises  ceux  que  l'on  appelait  MaUres  secs{Drooghe  mees- 
lers)  et  une  amende  de  50  florins  fut  comminée  contre  toute 
infraction  à  cet  ordre  ("2 1  octobre  1707)  ;  puis,  le 22  mai  1708, 
un  ordre  porté  au  nom  du  roi  Charles  d'Autriche  prescrivit 
de  redoubler  les  gardes  bourgeoises,  avec  défense  de  s'en 
exempter  si  l'on  n'en  avait  été  alTranchi  au  nom  du  prince 
ou  de  la  ville.  C'est  alors  que  le  cenlenier  Guillaume  I^au- 
wereys,  ne  pouvant  obtenir  de  Corneille  Leniers  le  payement 

(i)  Copiieloech  volé  n»  IV  aux  Ardiivcs  de  !a  villo,  i"  ^S'â. 


—  218  — 

d'une  composition  annuelle  s'élevanl  à  8  florins  comme 
rachat  du  service  de  la  garde,  le  cita  devant  les  capitaines 
des  sections  et  les  chefs-doyens  des  gildes ,  composant  à 
Bruxelles  le  Conseil  militaire  (Crei/gsrael) .  Leniers  eut  beau 
|)n''lendre  qu'il  élait  tapissier,  on  lui  objecta  sa  profession 
de  procureur  et  on  le  condamna  (12  juin).  Toutefois  l'alïainî 
s'arrangea  à  l'amiable.  Les  fabricants  de  tapisseries  furent 
conlirmés  dans  leur  ancienne  franchise,  sauf  ceux  qui 
auraient  cessé  de  travailler  depuis  trois  années  révolues  el 
ceux  d'entre  eux  exerçant  une  îiutre  profession  pour  laquelle 
ils  seraient  obligés  de  «  faire  une  preuve  »,  c'est-à-dire 
d'exécuter  ce  que  l'on  appelait  un  chef-d'œuvre,  comme 
garantie  de  leur  capacité.  L'accord  contenant  ces  clauses 
reçut  l'approbation  du  magistrat  le  20  mars  1709. 

En  opposition  à  ces  tracasseries,  nous  avons  à  mentionner 
deux  dispositions  par  lesquelles  le  Gouvernement  témoi- 
gnait de  sa  sollicitude  pour  l'industrie  du  pays  et  en  parti- 
culier pour  celle  dont  nous  nous  occupons.  Le  24  novembre 
1707,  il  défendit  expressément  de  lever  des  droits  de  sortie 
sur  les  tapisseries  fabriquées  à  Bruxelles  (i),  interdiction 
(pii  ne  larda  pas  a  être  étendue  à  tous  les  objets  manufac- 
turés dans  nos  provinces  (2).  D'autre  part,  comme  la  profes- 
sion de  teinturier  «  pour  les  couleurs  fines  nécessaires  aux 
tapisseries  »  (Mait  devenue  en  quelque  sorte  un  monopole 
réservé  à  la  famille  Leyniers,  le  Conseil  d'état,  alors  préposé 
au   gouvernement    des    Pays-Bas    ci-devat)t    espagnols    et 


(1)  Volume  iiililiilé  :  Placards  émanés  depuis  Van   IGTO  pour  lu  percepliun 
des  droits  de  toniieu,  d'entrée  et  de  sortie,  p.  598. 

(î)  Ibidem,  p.  ."99.  —  CoUe  liciixiciiie  disposition  date  du  "i  deiemluv. 


—  :2h)  — 

qui  allaient  devenir  autrichiens,  en^pioya  un  moyen  décisif 
pour  chantier  ce  funeste  état  de  choses.  Le  17  décembre 
1710,  il  transmit  au  magistrat  de  Bruxelles  le  décret  sui- 
vant, avec  l'ordre  formel  do  le  publier  : 

«  Le  Roy,  en  son  Conseil, 

»   Quelques  marchands  et  fabricateurs  de  tapisseries  en 

»  cette  notre  ville   de  Bruxelles,   nous  ayants  représenté 

»  que  le  métier  de  la  teinture  consistoit  dans  notre  dite 

»  ville  dans  le  seul  chef  d'un  leinlurier,  pour  autant  qu<; 

»  regarde  les  couleurs  (Inès  nécessaires  dans  la  tapisserie, 

»  dont  la  fabrique  seroit  la  seule  ou   du   moins  la  plus 

»  importante  qui  reste  en  ces  payz,  etqu'ainsy  pour  la  con- 

»  server  il  seroit  tout-cà-fait  nécessaire  de  trouver  quelque 

»  expédient  pour  qu'il  y  aye  plusieurs  artisans  teinturiers, 

»  par  lesquels  les  tapissiers  puissent  être  servys  au  fait  de 

»  leurs  couleurs,  qui  se  doyvent  assortir  de  tems  en  tems 

»  selon  leurs  desseins,  sans  que  l'on  puisse  faire  ces  couleurs 

»  par  avance  pour  être  débitez  en  après,  à  quelles  causes 

»  les  dits  marchands  et  fabricateurs  nous  ayants  supplié  de 

»  déclarer  par  forme  de  règlement  qu'il  est  libre  à  tous  ceux 

»  s'entendant  au  métier  des  teinturiers  et  négoce  de  fil  de 

■>■>  laine  d'exercer  le  dit  métier  et  négoce  dans  cette  notre 

»  ville  de  Bruxelles,    nonobstant   qu'ils   seroient  engagés 

»  par  contrat  à  ne  point  exercer  le  même  métier  et  négoce,  et 

»  les  Bourgmestre    Eschcvins  et  Conseil  de  notre  dite  ville 

»  nous  ayaiis  aussi  représenté  que  |)()ur   prévenir  la   |)erle 

)>  de  la  dite  fabrique  si   importante  (]es   tapissiers  et  em- 

»  pescher  qu'une  seule  personne  ne  soit  le  maître  et  arbitre 

,«  du  prix   de  la  teinture,  il  convenoit  d'accorder  aux  dits 


»  marchands  o(  fahricateiirs  do  lapisscries  leur  dillc  dc- 
))  mande,  Nous,  eu  égard  cl  considérans  combien  il  importe 
»  à  noire  service,  au  bien  pubh'cq  et  à  l'avanlagc  de  nos 
«  t'(als  d'y  attirer  ûq:^  ouvriers  en  tout  art  ou  métier,  et 
»  d'en  agrandir  le  nombre,  mèiiie  par  des  gratifications  parti- 
»  culières,  sans  souffrir  que  l'on  empcsche  par  des  Iraiclez 
»  particuliers  cl  par  des  monoi^oles  défendus  par  nos  pla- 
»  carts  précédons,  avons  permis  et  peimettons  à  tous  ceux 
fi  qui  s'entendent  au  métier  des  teinturiers  de  l'exercer  en 
«  celte  notre  ville,  nono!)slant  les  traictez  que  seroicnt  ou 
«  pourroient  être  faits  au  contraire,  lesquels  nous  voulons 
»  et  déclarons  ne  devoir  produire  et.  avoir  aucun  effect, 
»  comme  étant  préjudiciables  à  notre  service  cl  au  bien 
»  publicq,  parmy  néantmoins  que  ceux  qui  voudronlexercer 
»  le  dit  métier  fassent  les  preuves  convenables,  entrent  au 
»  métier,  payent  les  droits  y  afférans  et  se  conforment  aux 
»  ordonnances,  statuts  et  règlemens  sur  ce  émanez  et  à 
»  énjanor,  ordonnant  à  tous  ceux  qu'il  appartiendra  de  se 
»   conformer  selon  ee. 

«  Faiet  à  iiruxeiles,  le  |)i-emier  d'octobre  1710.  Eloit 
»  paraphé  :  Go  V  ;  plus  bas,  par  ordonnance  de  Messei- 
»  gneurs  du  Conseil  d'Etat  commis  au  gouvernement  général 
»   des  Pays-lias,  rt  éloit  sousigné  :  1'.  Claims.  » 

Les  chefs  de  la  corporation  des  teinturiers  employèrent 
tous  les  moyens  possibles  pour  entraver  l'exécution  de  ce 
décret.  Le  li  janvier  1711,  lorsque  Jean  Brinck  se  pré- 
senta, les  doyens  du  métier  refusèrent  (l(>  le  rreevuir,  et  il 
fallut  les  remplacer  par  des  délégués  du  magistrat  et  de  la 
draperie.  Bi'inck  ayant  comparu  devant  ceux-ci  pour  prou- 
ver sa  capacité,  en   la  maison  de  la  veuve  De  Grieek,  à  la 


—  2:21   — 

Cliaussùe  (on  rue  (le  la  MadcleiDc),  non-soiilonenl  les 
doyens  l'efiisèreiU  d'assisler  à  celle  l'éiiiiion,  mais  ils  Irans- 
mirenl  aux  délégués  une  proleslalion,  par  rinlermédiairc  du 
nolaire  Vanden  Ecde.  On  refusa  de  recevoir  celle  pièce  el  on 
enjoiiînit  à  [{rinck  de  pa^ser  outre.  Invilé  à  kindre  en  couleur 
de  chair  ou  C()uleur  de  nuililé  six  parlies  de  sayelle  ou  (il 
de  laine  blanche  devanl  servir  à  des  tapisseries,  le  récipien- 
daire s'en  acquilla  à  l'entière  satisfaction  des  délégués  et  de 
quelques  fabricants  de  tapisseries  qui  avaient  été  également 
convoqués  :  Josse  De  Vos,  Jérôme  De  Clercq  et  Philippe 
Auworcx.  Il  produisit  de  la  sorte  douze  nuances  différentes. 
Mais  Urbain  Leyniers,  avec  qui  il  avait  eu,  |)arait.-il,  des 
difficultés  lor.-qu'il  était  comptabh»  (  boeckhouder)  de  la 
succession  de  Gaspar  Leyniers,  lui  fit  signifier  une  défense 
d'aller  plus  loin,  obtenue  du  Conseil  de  Brabant,  et  le 
résultat  de  l'examen  fui  mis  sous  séquestre. 

]*eu  (le  temps  après,  une  transaction  judiciaire  intervint. 
Brinck  s'engagea  à  payer  à  Leyniers  une  somme  de  Km  flo- 
rins pour  des  frais  de  justice  el  à  lui  fournir  tous  les  éclair- 
cissements nécessaires  au  sujet  de  sa  gestion,  et  les  deux 
parlies  s'engagèrent  à  ne  pas  embaucher  h  leur  proHt  leurs 
ouvriers  respectifs  pendant  un  terme  de  quatre  années 
(22  mai  171 1),  jniis  Brinck  réclama  la  continuation  de  l'exa- 
men de  sa  capacité.  Eu  présence  des  délégués  du  magistrat 
el  de  la  gilde  et  des  doyens  des  teinturiers,  il  teignit  en 
douze  nuances  les  fils  nécessaires  à  la  fabrication  d'une  repré- 
sentation d'homme  nu,  el  de  même  pour  une  femme  nu(^; 
mais,  lorsqu'on  lui  deinanda  de  ])roduire  des  teiiit(\s  vertes, 
il  allégu;i  le  manque  de  cuve  pour  s'en  dispenser.  Les 
doyens  des  teinturiers  se  prévalurent  de  cette  circonstanee 


pour  lui  refuser  la  capacité  nécessaire,  prétendirent  que  ses 
essais  offraient  des  défauts  et  demandèrent  qu'il  fut  astreint 
à  un  apprentissage  supplémentaire  d'une  année  (déclaration 
du  2  juin);  mais  les  tapissiers,  au  contraire,  déclarèrent  que 
ses  deux  différents  assortiments  de  nuances,  les  plus  fines 
et  les  plus  délicates  que  l'on  pût  fabrique)-  pour  des  tentures, 
avaient  la  perfection  nécessaire  (acte  passé  le  i^juin  par- 
devant  le  notaire  S.  Boote).  En  présence  de  cette  affirmation, 
la  gilde  de  la  draperie  n'hésita  pas  :  le  3  juin,  elle  enjoignit 
aux  doyens  récalcitrants  de  recevoir  Brinck  comme  maître 
dans  les  vingt-(|uatre  heures,  et  elle  chargea  un  des  mem- 
bres de  son  collège,  Conrad  De  Prince,  de  recevoir  son 
serment,  ce  qui  s'effectua  le  G. 

Le  rôle  que  les  Leyniers  jouèrent  dans  cette  occasion 
se  devine  aisément.  Les  fabricants  tapissiers  qui  se  pronon- 
cèrent en  faveur  de  Brinck  étaient,  outre  les  trois  déjà  cités  : 
Gaspar  Vander  Borght,  Pierre  Vanden  Hecke,  Jean-François 
De  Vos  et  Jacques  Rydams.  On  ne  comptait  pas  un  Leyniers 
parmi  eux,  tandis  qu'il  yen  avait  trois  parmi  les  signataires 
de  la  déclaration  du2  :  Daniel  Leyniers,  V ou  Urbain  Leyniers 
et  François  Leyniers  (les  autres  signataires  étaient  Antoine 
De  Sager,  Jean  De  Meesler  et  Lambert  Sneesens).  Le  débat 
se  résumait  donc  en  une  question  d'intérêt  au  i)rofitde  leur 
famille.  Après  un  siècle  d'efforts,  ils  avaient  conquis  une 
place  éminente  dans  leur  industrie;  ils  prétendaient  la  main- 
tenir et  la  transformer  en  un  monopole  qui  leur  aurait  asservi 
l,-i  f;d)i'i(.-alioii  dvs  Inpisseries.  Douze  ans  plus  lard,  leur  mal- 
veillance conire  Brinck  subsistait  encore;  loi'scpTil  voulul 
faire  insei'ire  son  (ils,  Jossc  Brinck,  en  qualité  d'apprenti 
tejntin'ier.  les  doveiis  des  leinluriers  pn'lendirenl  de  nouveau 


—  225  — 

que  le  père  n'était  pas  franc-maitre  ;  mais,  cette  fois  encore, 
il  leur  fallut  céder,  el  ordre  leur  fut  donné  par  la  gilde  de 
procéder  à  l'inscription  (50  septembre  1725).  Le  métier  des 
teinturiers  se  repeupla  peu  à  peu;  pourtant,  en  1735,  les 
Leyniers  en  composaient  encore  la  plus  grande  partie.  Outre 
la  veuve  de  Daniel,  on  y  comptait  quatre  maîtres  de  ce  nom  : 
Urbain,  François,  Daniel  et  Henri. 

Si  la  fabrication  des  tapisseries  approchait  de  l'heure  de 
sa  décadence,  le  métier  des  tapissiers  se  trouvait,  au  con- 
traire, dans  un  état  relatif  de  splendeur.  C'est  que  d'autres 
branches  d'industrie  dont  cette  corporation  s'occupait,  telles 
que  les  tapis  de  pied,  les  papiers  peints,  etc.,  fleurissaient  de 
plus  en  plus.  Le  métier  étant  libéré  de  toutes  ses  dettes,  on 
réduisit  à  2  florins  8  sous  pour  les  maîtres  et  à  1  florin  A  sous 
pour  les  maîtres  non-travaillanl,  la  cotisation  annuelle,  qui 
s'élevait  à  un  demi-patacon,  plus  10  sous  pour  chacun  de 
leurs  ouvriers  (ordonnance  du  19  septembre  1702).  Le  capital 
de  1,GOO  florins  dont  il  a  été  question  plus  haut  étant  rem- 
boursé, on  réduisit  de  moitié  la  somme  de  64  florins  que  les 
doyens  payaient  la  première  année  de  leur  entrée  en  fonc- 
tions el  celle  de  52  florins  qu'ils  donnaient  l'année  suivante 
(ordonnance  du  24  novembre  1710).  La  corporation  se  vil 
(în  état  de  prêter  aux  drapiers  une  somme  de  900  florins  et 
aux  états  de  Brabant  500  florins,  dont  500  provenaient  de  la 
Caisse  des  pauvres  et  des  malndes  (arm  en  sieckbus)  (i). 

Il  est  vrai  que  les  i2;oiits  somptueux  du  moyen  âge  allaient 
s'affaiblissant  tous  les  jours,  et  que  les  idées  d'économie. 


(i)  Rt^soliitions  de  la  giUie  de  la  draperie  des  6  septembre  1718  et  4  décembre 
1738. 


—  ±2i  — 

prcférabios  sous  ceilains  rapports,  mais  peu  favoial)lcs  au 
progrès  dos  aris,  j)renaient  do  plus  ou  plus  do  lonipiro. 
Ainsi  lo  mélioi"  u'avait  plus  ùo  maison,  ni  mômo  do  chaujhro; 
ses  moublos  lui  dovonanl  inutiles,  il  ivsolul  do  vendre  ce  qui 
lui  roslail  di'  cuillers  d'él;iin,  do  sorviotlos,  (rai'uenlorio,  olc. 
Saisie  d'une  proposition  do  ce  genre  ])ar  les  doyens  et 
anciens,  la  gildo  do  la  dra|)ei'ie  voulut  au  préalable  con- 
sulter tous  les  membres  do  la  corporation.  Dorénavant 
cbaque  personne  admise  dans  le  métier  dut  donner  2  florins 
courant  pour  «  sa  cm'ller  et  sa  serviette  »,  et  cliarpie  nou- 
veau doyen  7  lloi'ins  ]iour  son  «  ai'gonlerio  »  (ordonnance 
du  18  avril  1730).  En  outre,  on  maintint,  le  15  lovrifM-  1717, 
le  droit,  de  A  florins  qui  était  exigé,  depuis  plus  de  cent 
années,  de  cbaque  compagnon  ou  ouvrier  venant  à  se  marier 
et  voulant  jouir  des  francbises  des  tapissiers. 

En  171".  un  mémoire  rédigé  de  commun  accord  par  les 
fal)ricants  et  marchands  de  lai)isserics,  tant  delà  Flandre 
que  du  Brabani,  l'ut  remis  au  ministre  de  rempercur,  M.  de 
Zinzendorf,  et  aux  états  de  Flandre,  alin  qu'ils  interposassent 
leurs  bons  oflices  pour  obtenir  que  les  droits  d'entrée  jierçus 
en  France,  en  Angleterre  et  en  Hollande  fussent  réduits  au 
taux  modi(pie  do  C(ui.\  établis  aux  Pays-Bas  sur  les  fabri- 
cals  (\\]  même  genre.  Leurs  récL'mations  n'rdioutiront  pas. 
Les  fabricants  de  Bruxelles  les  renouvelèrent  en  175:2.  Dans 
lonr  requête  au  magistral,  ils  se  plaignirent  que,  faute  do 
traviiil,  l(Mii-s  ouvriers  devaient  ririigi'or  ou  adojiter  une  autre 
profession.  Ils  signalaient  comme  une  aiionmlio  la  taxe  d'un 
son  p;ii'livrefsoit  d'un  vingtièmc)quo  leurs  fabricats  i")ayaient 
à  la  sortie.  .\u  lieu  de  vingt-cini]  onvii'on  ,  comme  jadis,  ils 
n'étaient  plu-;  (pic  six  :  Gasi);ir\';(Uilci'  lîorglit.  [N'erre  Vandcn 


Hccko,  Urbain  Levni(M'>,.îecUi-Fi'aiirois\';iii(l('rBoi'clil,  Daniel 
Lcyiiicrs  el  Philippe  Auweic.x  (non  ('oiii|)i'is  De  Vos,  (pii  ne 
se  joignil  \rds  à  celle  réclamation).  Jls  n'oblinrenl  \yds  1(3 
rétablisseinent  de  leur  ancienne  cxemjjlion  d'assise  pour  une 
pièce  de  vin;  mais,  ie  9  août,  la  ville  leur  alloua  en  rempla- 
cenienl  une  allocation  annuelle  de  1:2  lloiins,  plus  40  llurins 
par  an  comme  indemnité  de  log'cment,  à  rexemjjle  de  ce  qui 
se  faisait  pour  les  fabricants  de  drapel  à  condition  que  chacun 
d'eux  rnain tiendrait  en  activité  quatre  métiers  au  moins  et 
])rendrail  à  son  service  deux  des  ouvriers  que  Yermillion 
venait  de  congédier. 

Dans  un  avis  du  Conseil  des  linances,  du  lo  avril  1753, 
la  situation  de  l'industrie  des  tapissiers  est  examinée  à  un 
point  de  vue  général  et  plus  élevé.  Cette  branche  inqjortante 
de  l'activité  de  nos  jirovinces  se  trouvait  à  la  veille  de  sa 
ruine,  faute  de  débouchés.  Les  magasins  des  fabricants 
regorgeaient  de  produits  dont  ils  ne  jjouvaient  se  défaire  et 
(jui  représentaient,  rien  qu'en  main-d'œuvre  et  en  matières 
premières,  une;  somme  de  500,000  llorins.  Leur  nombre  à 
Bru.xelles,  qui  était  de  trente-cinq  à  quarante  moins  de  trente 
ans  auparavant,  était  réduit  à  sept,  et  à  Anvers,  où  l'on  avait 
compté  jusque  cent  ouvriers,  il  n'y  en  avait  plus  du  tout.  La 
France,  poursuivant  sa  politique  protcclionistc,  fnippait  de 
droits  exorbil;mts  les  marchandises  veiiant  de  nos  pro- 
vinces. Ainsi  les  tapisseries  vieilles  ou  nouvelles  ci'Aude- 
narde  et  des  autres  villes  de  la  Flandre  y  payaient  pour  droit 
d'entrée  120  livres  le  cent  pesant,  celles  de  Bru '.elles  et 
d'Anvers  %iO  livres,  celles  qui  étaient  rehaussées  d'or  et 
d'argent  un  tiroit  double  éiiuivaleni  à  40  p.  c.  de  la  valeur. 
En  .Vngleteri'e,  le  njèmc  syslème  |)révalail;  !)ien   plus,  les 


—  2^6  — 

produits  étrangei's,  tle  soie  ou  de  laine,  y  élaieiil  prohibés. 
Le  Conseil  des  finances  fit  ressortir,  pour  prouver  l'utilité 
de  l'industrie  des  tapisseries,  l'occupation  qu'elle  donnait  à 
des  «  peintres  fameux  »,  chargés  d'exécuter  des  cartons,  aux 
teinturiers  de  fils  de  laine  et  de  soie,  aux  tireurs  de  fil  d'or 
et  d'argent  ;  il  pi'oposa  de  lui  accorder  une  exemption  abso- 
lue de  tous  di'oils  d'entrée,  de  soi-lie,  de  transit,  comme  on 
en  avait  octroyé  une  à  la  manufacture  de  cables  et  de 
cordages  à  Bruges  et  aux  armateurs  de  bateaux  |)our  la 
grande  pèche,  à  Nieuport  (i).  Cette  mesure  fut  décrétée 
le  21  juillet  1755  et,  de  nouveau,  le  8  mai  1737,  lorsque  la 
décadence  avait  fait  de  nouveaux  progrès. 

Mentionnons,  en  passant,  un  incident  qui  ne  se  rattache 
qu'incidemment  à  notre  sujet.  En  1720  vivait  à  Bruxelles 
un  ministre  de  la  religion  réformée,  qui  avait  suivi  dans 
celte  ville  l'envoyé  de  la  République  des  Provinces-Unies 
Kinschot  et  habitait  rue  des  Dominicains  (Grande  rue  de 
l'Écuyer).  Lors  du  jubilé  du  sacrement  de  miracle,  il  refusa 
absolument  de  décorer  sa  maison.  A  cette  époque,  notn; 
population  n'entendait  pas  raillerie  sur  ce  chapitre  et  aurait 
brutalement,  élevée  qu'elle  était  dans  des  maximes  d'intolé- 
rance, saccagé  la  demeure  du  ministre.  Le  magistrat,  afin 
de  prévenir  des  excès  de  ce  genre,  fil  placer  devant  la  maison 
des  tapisseries  et  en  barricada  si  bien  toutes  les  fenêtres, 
(jue  ceux  qui  s'y  trouvaient  ne  purent  rien  voir  de  la  pro- 
cession (2). 

Pendant  loccupalion  de  Bruxelles  j)ar  les  Français,  lors 


(ij  Liasses  du  Conseil  des  finances,  aux  Arcliives  du  royaume. 
(*)  Chronique  de  De  Bleye,  nis.  de  la  Bibliothèque  royale. 


—  i>t>7  — 

de  la  gueno  de  Louis  XV  cuiilre  Marie-Thérèse,  les  (réso- 
riers  et  receveurs  de  la  ville  cessèreiil  de  payer  aux  l'abri- 
canls  de  tapisseries  l'indemnilé  annuelle  qui  leur  avait  été 
accordée.  Quatre  ans  après,  immédiatement  à  la  suite  de  la 
j-entrée  des  Autrichiens,  ces  fabricants  en  obtinrent  le  réta- 
blissement, mais  pour  autant  ipi'ils  travailleraient  chacun 
avec  (|uatre  métiers  et  huit  ouvriers  au  moins  (9  août  1749). 
[Is  étaient  réduits  à  quatre  i)ar  la  mort  de  Gaspar  Yander 
Borght,  d'Urbain  Leyniers  et  de  Philippe  Au\verc.\  :  Pierre 
Vanden  Hecke,  Daniel  Leyniers,  Jean-François  Vander 
Boi'ght  et  Piei're,  son  fière  (i). 

En  1747,  la  ville  fui  obligée  de  meubler  riiôlel  d'Eg- 
mont  (aujourd'hui  d'Arenberg)  pour  y  loger  le  roi 
Louis  XV,  et  ensuite  l'hôtel  de  la  Tour-Taxis  (dont  l'empla- 
cement est  aujourd'hui  occupé  par  le  prolongement  de  la 
rue  de  la  Régence),  afin  d'y  installer  le  gouverneur  général 
des  Pays-Bas  conquis  par  la  France,  le  célèbre  maréchal  de 
Saxe.  Ce  fut  Daniel  Leyniers  (|ui  lui  fournil  les  tentures 
nécessaires  et  qui  s'accorda  à  ce  sujet  avec  les  trésoriers' et 
les  receveurs  communaux,  agissant  en  vertu  d'une  déléga- 
tion que  le  magistral  leur  donna  le  9  mars  1748.  Après  le 
départ  des  dominateurs  étranger^  et  alin  de  se  débarrasser 
des  tentures  acquises  de  Leyniers,  on  résolut  d'organiser 
une  loterie  composée  de  lots  de  6  florins  de  change  chacun 
et  dont  les  numéros  gagnants  donneraient  droit  à  une  tapis- 
serie ou  à  une  prime  (résolutions  des  :2  et  50  mai  1750). 
Le  Conseil  i)rivé  lit  d'abord  quelques  difiicultés  pour  sanc- 
lionHcr  cette  opération;  mais  ensuite  il  l'approuva  et,  le 

(i)  AT///"  reyister  1er  Tresorije  gehoudeii,  P  267. 


—  ^i^8  — 

lî>  juin  de  la  iih'mikj  année,  un  chai-gea  deux  employés  de 
l'Ilolel  (le  Ville,  J.-D.  Slcenkisi  d  ,1.-1).  Van  llerljoscli,  de 
recevoir  les  souscripliotis.  On  devail  procéder  le  5  no- 
venil>re  au  tirage  de  la  loleric  (i);  mais  le  résultat  fut  sans 
doute  médiocre,  car  on  déclai'a,  le  H:')  janvier  1751,  (ju'au- 
cune  souscri|)tioii  ne  serait  plus  reçue  a)H'ès  le  premier  du 
mois  suivant.  Puis  les  tj-ésoriei's  et  receveurs,  en  vertu 
d'autorisations  du  magistrat,  vendirent  .^uccessivemeiil 
toutes  les  tapisseries  dont  ce  dernier  avait  fait  usaue  : 
l'Histoire  de  Mo'ise,  pour  11.  2,907-09  l/i  sous,  le  Triomplie 
des  Dieux,  pour  11.  ^,.S18-18  7)  i  sous,  !es  Paysans  de 
Teniers  (Bourkens),  yiouv  11.  :2,!27")-Iii  sous,  soit  ensemble 
8,000  florins  (résolution  du  25  décembre  1751);  les  Mé- 
tamorphoses d'Ovide,  (pii  formaient  trois  pièces,  pour 
n.  1,465-02  sous  (id.  du  10  avril  1752);  une  cliandjre  ou 
si.K  pièces  de  ta|)isseries  d'Audenarde,  rcpi'ésenlant  des 
Ihnjsans  et  dont  r;ic(juéreur  fut  le  baron  d'Iïooglivorst , 
pour  fl.  499-10  sous  (id.  du  9  août  1752j;  et  enlin  deux 
ciKunbres  intitulées  les  Mélauiorphoses  d'Ovide  et  les 
Fables  d'Ovide,  pour  Id6  palacons  de  cliange  ou  I,i0i  fl. 
(id.  du  K)  janvier  1756). 

En  1751,  l'un  {\l'^  doyens  des  tapissiers,  Guillaume  Mar- 
chant, fut  cité  à  compai'ailre  pardevant  le  bourgmestre  et 
d'autres  coinmissaii-es  de  la  loi  (ou  du  magistral),  et,  le 
b  mai,  condamné  à  payci-  Il  lloi'ins  pour  deu\  années  de 
romiimlion  ou  de  taxe  rachelant  du  service  de  la  garde 
bourgeoise.   Les  autres  dovens  et  les  anciens  résolurent  de 


(0  Selon  le  ms.  de  ITlijilc  la  l'.ililiullic  |iie  r.jvali.',  cilc  devait  l■ull^i^'lcl'  en 
(Î.OOO  billets  de  7  ll-ii^ns. 


—   ^i^i!)    — 

|)reiidrc  fait  et  cause  j)oiir  lui  el  demandèrenl  à  la  gilde  uuc 
autorisaliou  de  procéder  en  juslicc,  autorisation  qui  leur  tut 
accordée  le  25,  sur  la  présentation  de  l'acte  du  "25  août 
1606  (i).  Or  ce  dernier  ne  concernait  pas  les  tapissiers  ordi- 
naires, mais  les  fabricants  de  tapisseries. 

Ceux-ci,  vu  I7()i,  n'élaienl  plus  que  deux.  «  Ils  ne  peu- 
»  vent  dire  au  vrai,  dit  un  document  de  l'époque  (2),  ce 
"»  qu'ils  fabriquent  par  an,  attendu  qu'ils  ne  travaillent 
»  que  pour  ceux  qui  leur  en  font  faire  par  commande;  ils 
»  sont  occupés  de  temps  en  temps  et  surtout  par  la  cour  de 
»  Vienne,  en  tout  pour  20  à  2o,000  florins  paran.  Ils  comp- 
»  tent  de  12  à  18  ouvriers,  dont  quelques-uns  ne  travaillent 
»  qu'aux  figures,  d'autres  aux  décorations  et  d'autres  encore 
»  aux  paysages.  Leurs  fabricats  s'exportent  à  l'étranger 
»  et  se  confectionnent  avec  de  la  soie  et  du  fin  fil  de  lain<^ 
»  provenant  du  dehors.  »  De  ces  deux  fabricants,  le  premier, 
Leyniers,  cessa  de  travailler  en  1708  ;  le  fils  du  second  conti- 
nua sa  profession  jusqu'à  sa  mort,  en  179-4.  Réduite  à  trois 
métiers,  puis  à  trois  ouvriers,  la  fabrique  de  celui-ci  se  serait 
fermée  bientôt,  sans  les  encouragements  de  Marie-Thérèse  et 
du  comte  de  Cobenzl  (5).  En  1790,  les  magasins  y  regorgeaient 
de  matières  premières  et  de  marchandises  fabriquées  ;  on 
vendait  ces  dernières  2  carolus  ou  27  livres  10  sous  de 
France  l'aune (4).  Bientôt  les  troubles  qui  désolèrent  le  pays  à 
partir  de  l'année  1787,  les  changements  de  la  mode,  les  goûts 


(i)  Registre  de  la  gilde,  loc.  cil.,  p.  ô7o. 

(2)  Registre  des  Archives  du  royaume,  intitulé  :  Dépouillement  des  besognes 
d'inspeclion  des  contrôleurs  sur  l'objet  des  manufactures,  de  l'année  176i,  f  21. 

(3)  Derival,  Le  voyageur  dans  les  Pays-Bas  autrichiens,  t.  l",  p.  175. 

(i)    FORSTER. 


—   iôO   _ 

(le  parciiiiuilic  (|ni  prôduiniiièmil  de  iilii'>  m  plus  dans  les 
es|)rils,  la  dis|)ersion  ilv^^  arlisîcs,  la  diinimiliui)  des  ui-aiidcs 
IbrUines  aiiéanlireiil  ))ai'luiil  une  iudiislrie  (|ui  ne  {leut 
vivi'e  sans  des  idées  de  luxe  et  de  l'eciierclie  dans  ranicu- 
hlenicnt.  Les  alelicrs  de  Jean-B;!|)lisle  Brandi,  le  dernier 
fabricant  d'Audenarde,  s'élaienl  fermés  en  177*2;  les  manu- 
factures gantoises  du  même  genre  avaient  aussi  cessé;  celle 
du  Bruxellois  Jacques  Vander  Borglit  fut  la  dernière  qui 
subsista  aux  Pays-Bas.  Elle  [erniina  son  existence  en  1794, 
Tannée  même'  (|ui  vit  chez  nous  la  cliule  de  l'ancien  régime. 
Après  les  dures  épreuves  qui  fi'aïqièrenl  la  Flandre,  loi's- 
que  le  filage  dn  lin  à  la  mécanique  se  subslitua  au  lilagc  à  la 
main,  on  s'ingénia  à  cicatriser  les  maux  de  cette  contrée  en 
V  introduisant  des  manufactures  de  toute  espèce.  Ce  fui 
alors  que  le  comte  Des  Cantons  de  Monlblanc,  baron  d'Ingel- 
munster,  conçut  le  projel  d'élablir  dans  le  bourg  de  ce  nom 
une  manufacture  de  la]iisseries  de  basse-lice.  Il  y  consiruisit 
de  vastes  bàtimcnis,  auxquels  on  ajouta  ensuite  une  teintu- 
rerie, et  il  s'associa,  en  18jG,  à  MM.  Braquenié  frères,  de 
Tournai,  qui  avaient  une  fabrique  à  Aubusson  el  une  maison 
de  commerce  à  Paris.  M.  de  .Moiitblanc  es!  moi't  en  18()1, 
mais  son  établissemenl  es!  iotijoui's  en  aciivilé,  sous  le  pali'O- 
nage  de  M""'  la  cuinlesse  de  Monlblanc,  baronne  d'ingel- 
munster.  cl  de  son  lils,  M.  le  bai'on  Albéric,  membi'e  de  la 
cbanjbre  des  rcprésenlaiils  [lour  l'arrondissenicnl  de  Houlers. 
MM.  Braqncni(''  ii"\  >n\][  |)!ns  inléi'essés;  ils  nnl  l'ialdi  l'i 
Malines  nn''  r;diiii|iir  du  iiinnc  gi  ni'c,  on  Idn  cxécule  en 
ce  mnmcnl  nue  riciic  Icnlure  de  liuil  pièers,  Mir  l'nnd  d'ui-, 
qui  re|»résenti'ra,  d'ajjrès  des  carions  de  M.  Ge.'is,  de 
Malines,  (]v>  personnages  synd)olisaiil  les  .sernionls  e(  les 


—  ^251   — 

mcliiTS  (Je  Druxfjllcs,  cl  (|ui  tVr;i  roi'iii'iiicnl  (lo  la  grande 
salle  uolliitiiie  de  Tliùlel  de  vilh;  de  celle  cilr.  Deux  de  ces 
pièces  ligureiil  à  l'exposilion  universelle  de  Paris.  L'élablis- 
senienl  d'Iiigelmunsler,  où  oui  élé  exéculées,  il  y  a  une 
vinulaiue  d'années,  les  tentures  ornant  le  Palais  du  Franc 
de  Bruges,  sur  d'anciens  modèles  trouvés  dans  cet  édiOcc, 
exliibera,  de  son  côté,  un  épisode  d'Iiisloire  locale,  le  Siège 
du  château  (Tingdmunsler,  en  1580,  siège  pendant  lequel 
le  célèbre  La  Noue  l'ut  fait  prisonnier. 

Puissent  ces  elîorls  tentés  pour  relever  Tune  des  plus 
belles  industries  que  notre  pays  ait  vu  prospérer,  aboutir  à 
d'iieureux  résultats.  Noire  populalii^n  possède  à  un  liaul 
degré  le  goût  des  arls.  Pourquoi  n'iniilerait-elle  pas  ses 
ancêtres  dans  les  grands  exemples  qu'ils  ont  laissés?  Notre 
pays  n'a-t-il  plus  les  mêmes  aj)liludes  qu'autrefois?  Cette 
inlenninable  liste  de  fabricants  célèbres  :  les  De  Pannemae- 
Ker,  les  Geubels,  les  Raes,  les  Vandcn  Hecke,  les  Leyniers,  les 
Vander  Borght,  dont  je  me  suis  efforcé  d'évoquer  les  noms 
et  de  rappeler  les  travaux,  ne  poun-ail-elle  plus  se  conti- 
nuer? Puisque  nous  excellons  aujourd'hui  sou:^  d'autres 
rapports,  nous  pourrions  réussir  aussi  dans  ce  genre  et 
nous  n'avons  aucun  molif  de  nous  décourager.  Je  me 
rappellerai  toujours  qu'à  l'exposition  universelle  de  Pai'is 
de  1855,  me  li-uuvanl  avec  un  ami  dans  une  galerie  du 
haut,  presque  déserte,  j'entendis  une  fumille  française 
s'écrier,  en  s'arrctant  devant  une  vilrine  qui  renfermait 
des  spécimens  de  noire  industrie  :  «  Qu'il  se  fait  de  belles 
»  choses  en  Belgique.  «  Nous  nous  regardâmes  tout  énius 
de  cet  éloge  dont  la  spunlaiiéilé  coiislitiiai!  toul  le  mérite.  Et 
depuis  je  me  suis  bien  des  fois  réjtélé,  en  |iarcouranL  par 


—  252  — 

goùl. aulaiil  que  par  devoir,  les  vieilles  eliroiii(iiies  et  les  vieux 
écrivains  :  que  (h;  Iraces  se  manifestent  partout  et  sur  tous 
les  points  de  l'Europe,  de  l'activité  manufacturière  des 
Belges,  que  de  produits  merveilleux  sont  sortis  de  leurs 
mains,  que  d'essais  tentés,  de  genres  abordés,  de  travaux  de 
toute  espèce  exécutés  pai-  eux,  et,  poui-  ne  |)arler  que  des 
seules  tapisseries  bruxelloises,  combien  ilfaudrait  de  temps, 
de  voyages,  d'études  pour  dresser  une  liste  à  peu  près  com- 
plète des  tentures  sans  nombre  qui  sont  sorties  des  fabriques 
de  la  seule  capitale  de  la  Belgique  et  qui  sont  éparpillées 
dans  les  palais,  les  cbàteaux  et  les  églises  de  l'Europe! 


NOTES  COMPLEMENTAIRES 


Tome  XV,  page  574,  ligne  22.  —  Les  ducs  de  Brabanl  do 
la  maison  de  Bourgogne  eurent  pour  valcl  de  leurs  tapis- 
series (knecht  van  onze  lapisserien)  un  nommé  Henri 
Momboir.  Le  4  janvier  1427-1428,  le  duc  Philippe  de 
Saint-Pol  enjoignit  à  son  receveur-général,  Jean  de  Winghe, 
de  payer  100  couronnes  de  France  de  60  gros  de  Brabanl 
pour  indemniser  Bcné  De  Wael,  maître  d'école  à  Bruxelles, 
des  dépenses  qu'avaient  faites  chez  lui,  par  ordre  de  Phi- 
lippe, Albert,  tîls  do  feu  Adrien,  bâtard  de  Brabanl,  et 
Alexandre,  fils  de  Henri  Momboir  précité  (Registre  des 
Archives  du  royaume  coté  n"  ^i  de  l'inventaire  du  fonds  de 
l'ancienne  Chambre  des  comptes,  f"  23.) 

T.  XV,  p.  428, 1.8.  —  Après  la  mort  de  Marie  de  Bourgogne, 
lorsqu'une  scission  s'opéra  entre  Maximilien  d'Autriche  et 
les  États  de  Flandre,  qui  refusaient  à  l'archiduc  la  qualité 
de  tuteur  de  ses  enfants,  un  chariot  chargé  de  tapisseries 
du  palais  de  Bruxelles  fut  conduit  à  Gand  par  les  soins  de 
Hannekin  De  Poerter  et  de  Hannekin  De  Meyer.  Le  Conseil  de 
Brabant,  agissmil  évidemment  par  ordre  de  Mnximilien,  fit 
poursuivre  un  habitant  de  Bruxelles,  Simon  de  Loeze, 
comme  complice  de  ce  détournement.  En  Flandre,  de  l'avis 
de  «  ceux  du  conseil  et  du  sang  »  du  jeune  prince  Philippe, 
on  ordonna  au  Conseil  de  Brabant  de  cesser  les  poursuites 
dirigées  contre  Simon  et  on  l'informa  que  celui-ci  avait  été 


—  2Vi  — 

cliai'ii;c  il'iiiiitMU'i'  !i  Gaïul  d'aulres  lapisserifîs,  coiiinie  /'///.v- 
toire  a  Hercule,  celle  d  IJjlophenie  vÀ  uiio  pièce  représentant 
l'Hùloire  de  Joseph.  Ces  détails  sont  contenus  dans  une 
lellre  du  22  juillet  licS5,  dont  voici  le  texte  : 

«  By  {.Um  hertoge  van  Bourgondien,  enz. 

i>  Lieve  ende  wel  gerninile,  hel  is  war  dal  Ilainiekin  De 
»  Poerler  ende  llannekin  De  Meycr  onlancs  Iiebben  hier 
»  gedaen  bringen  cen  waghene  niel  la|iisserien  ons  toebe- 
»  hoirende,  comende  van  Bruesselle,  ende  die  gerelivrcert  in 
»  onse  tapisserie  alhicr  binnen  onsen  bove,  Iweikezy  gedaen 
»  hcbben  by  onser  ordonnancic  cnda  bevele,  zonder  twelen 
»  van  Simon  De  Loeze,  woenende  te  Bruesselle,  die  le  deser 
»  cause,  zo  wy  vei'slaen,  by  u  lieden  aengesproken  is,  ende 
»  vule  dien  dal  hy  hier  cl"  onsculdich  is  ende  dat  de  voir- 
»  seide  tapisserien  hier  zyn ,  wy  by  advyse  ende  delibe- 
r>  racie  van  die  van  onsen  bloede  ende  raide  neffens  ons 
»  wesende,  scrivcn  iegewoirdelic  aen  u  lieden,  onlbicden 
»  ende  bevelen  dat  gby  den  selven  Simon  le  deser  cause 
»  onghemoeyl  laet,  sonder  breedere  iegbens  hem  te  procc- 
«  derene,  ende  voort  wy  belcekenen  u  dat  v^'y  den  selven 
B  Simon  gelasl  hebben  hier  le  doen  bringen  noch  andere 
»  stucken  van  tapisserien  zyiule  te  Bruesele,  le  welene  vyf 
»  stucken  lapissei'ie  van  dei-  llystt)rie  van  Hercules,  twee 
»  stucken  van  der  Hystorie  van  lioliferne  ende  eon  stuck 
»  inhoudcnde  de  Hystorie  van  Joseph,  de  welke  tapylsen 
»  laet  ende.  gedoogl  vervoeren  by  den  voirseiden  Simon 
»  omme  hier  te  bringene,  zonder  van  dien  in  gebreke  te 
»   zyne.  Lieve  ende  wel  genjinde,  God  zy  n)e!  u. 

»   Gescreveri  in  onse  stadt    van  Glienl,  (Un  wii'"  dach 
«  van   hoevmaeiit   a"  lxwiii.  Aldus  geleeckeni   De  Btere, 


—  i>r>;;  — 

»  endc  ;ililiis  dio  siil)scripli('  :  Oiisc  licvc  ciidc  u-cfcDiiwc 
»   do  licdeii  v;iii  defi  Raide  geordonncci'l  in  Brahaiil.  •> 

Registre  des  Archives  du  royauiiic,  iiitiluh''  Charles  et 
privilèges  liS'3(n'  lOi  de  l'inventaire  des  archives  de  l'an- 
cienne Clianil)re  des  comptes,  n"  1^"''-). 

T.  XV,  p.  1:2!),  I.  "Il .  —  A  en  jugei-  par  l'iiivenlaire  suivant, 
les  phis  anciennes  lajiisseries  du  pahiis  de  lîruxelles  y 
restèrent  après  que  nos  souverains  eurent  ahandonné  h\s 
Pays-Bas  pour  l'Espagne.  Sans  doute,  elles  étaient  déjà 
considérées  confine  démodées  et  on  préférait  les  tissus  sortis 
(U^s  mains  habiles  des  Panncmaeker  et  de  ses  contemporains 
aux  produits  des  vieux  ateliers  artésiens  et  brabançons. 
Elles  doivent  exister  encore  dans  ces  ])alais  de  Vienne  où  se 
cacheni  tant  de  mei-veilles ,  dont  le  manque  de  catalogues 
nous  dérobe  la  connaissance.  Conservées  à  Bruxelles  Jusqu'en 
1794,  elles  auront  été  enlevées  quand  celle  ville  fut  aban- 
donnée par  les  autorités  et  les  troupes  autrichiennes,  après 
la  bataille  de  Fleurus.  J'emprunte  aux  Archives  du  royaume 
(Conseil  des  finances,  carton  n"  289)  la  i)iècc  intitulée  : 

«  Inventaire  dos  tapisseries  de  la  Cour,  sauvées  de  l'in- 
cendie y  survenu  la  nuit  du  .">''  au  4'  février  1751,  lesquelles 
tapisseries  cy  dessous  spécifiées  sont  à  la  garde  de  De  Neve, 
tapissier  major,  et  le  dit  inventaire  a  été  fait  par  lui,  en 
présence  de  Jean-Baptiste  Aimé,  conirolleur  des  ouvrages 
de  la  cour,  ensuile  du  décret  de  Son  Altesse  Sérénissime 
(l'archiduchesse  Marie-Élisab(!lh)  et  par  ordre  du  Conseil 
des  finances  à  Bruxelles  le  ôO  janvier  1752. 

»  La  DalaiHe  de  Uégc,  pièce  de  18  aunes  de  long  sur 
7  et  un  demi-quart  de  haut,  et  une  autre  de  20  aunes 
sur  7  1/8. 


—  25G  — 

»  Les  Douze  Pairs  de  France.  Une  pièce  de  33  aunes 
sur  7  et  une  de  :20  3/4  sur  5  3/4. 

«    LUistoire  de  Joseph.  Une  pièce  de  ^2i>  aunes  sur  7. 

»  L'Uisloire  de  Gédéoîi.  Neuf  pièces  d'une  liauteur  uni- 
l'ornie  de  7  l/:2  aunes,  mesurant  en  longueur  :  la  preaiière 
14  1/4  aunes,  la  deuxième  14  3/4,  la  troisième  "21 ,  la  qua- 
trième 14  l/i2,  la  cinquième  et  la  septième  M,  la  sixième 
(H  la  huitième  10,  la  neuvième  13. 

>>   Pétrarque.   Pièce  de  9  1/4  aunes  sur  6  1/4. 

»  Une  pièce  que  l'on  croit  da  la  Reine  Eslher ,  de 
7  1/4  aunes  sur  3  3/4. 

»  Une  Chasse  au  boscage,  de  7  aunes  sur  4  3  4  et  une 
autre  de  3  i/2  sur  4  3^4. 

«  La  Passion  de  Jésus-Christ,  en  six  pièces,  dont  une 
de  9  l/"2  aunes  sur  6  1/4,  une  de  9  1/4  sur  7,  une  de  9  1/2 
sur  G  [J^2,  une  de  10  sur  6  1/2  et  une  de  3  sur  G  1/2. 
«  Une  partie  des  lettres  de  la  deuxième  »  était  déchirée;  la 
cinquième,  le  Seigneur  descendant  aux  enfers,  avait  été 
hrùiée  et  il  n'en  restait  que  3  aunes;  quant  à  la  sixième, 
le  Seigneur  portant  sa  croix,  qui  mesurait  9  1/4  aunes,  elle 
était  tellement  lacérée  et  endommagée  par  le  feu  que  les 
di'hris  ne  pouvaient  servir  qu'à  en  réparer  d'autres. 
»   Les  Sept  âges,  de  27  3/4  aunes  sur  G  1/2. 

»  L'Apocalypse,  en  sept  pièces  :  une  de  15  aunes  sur  5, 
une  de  IG  sur  3,  une  de  16  1/4  sur  5,  une  de  lo  sur  3  1/4, 
une  de  13  1/2  sur  3,  une  de  14  12  sur  3  1/4.  Quant  à  la 
septième,  elle  était  également  si  mauvaise  et  si  abîmée, 
(pi'ellc  ne  |iuuvail  servir  qu'à  des  réparations. 

»  Une  pièce  étrangère,  «  boscage  avec  figures  »,  de  G  1/4 
aimes  sur  i  1/4.    » 


—  237   — 

L'archiduchesse  avait  choisi  pour  demeure  l'hôtel  d'Orange 
{aujourd'hui  le  Musée).  On  y  avait  placé  :  dans  le  passage 
vis-à-vis  de  la  cuisine  de  la  grande-maitresse,  une  tapisserie 
de  Chasse  en  boscage;  —  dans  une  grande  salle,  sept  pièces 
des  Tapisseries  de  Charles-Quint,  brodées  sur  velours  rouge, 
mesuranl,  sur  une  hauteur  uniforme  de  5  aunes  5/i  et  1/2, 
la  première  et  la  sixième  2  aunes  0/4  1/2,  la  deuxième 
5  5/4  aunes,  la  troisième  5  1/4  aunes,  la  quatrième  3  3,4 
aunes,  la  cinquième  :2  1/2 aunes,  la  septième  5  1/4  1/8  aunes; 
—  dans  l'antichambre  de  la  princesse,  six  pièces  de 
Pétrarque,  que  l'on  ne  put  mesurer  parce  qu'elles  étaient 
tendues  et  «  rempliées  »,  —  et,  dans  la  chapelle,  l'Arbre 
de  Jessé,  en  une  pièce. 

Les  tapisseries  représentant  la  Passion  de  Notre-Seigneur 
et  l'Histoire  de  Gédéon  furent  souvent  confiées  aux  surinten- 
dant et  maîtres  de  la  fabrique  de  l'église  Sainte-Gudule,  d(î 
Bruxelles,  qui  s'en  servaient  pour  décorer  ce  temple  lors 
de  la  fête  du  Sacrement  de  Miracle,  à  condition  de  les 
restituer  dans  l'élat  où  elles  se  trouvaient.  Voyez  les  ordres 
donnés  :  le  9  juillet  1687,  à  Lamoral-François  de  Baste, 
tapissier-major  de  la  cour;  le  8  juillet  1688,  à  son  successeur, 
Gervais  Fayet,  etc.  (Archives  du  Conseil  des  finances). 

T.  XY,  p.  442, 1.  27,  et  p.  445, 1.  15.  —  Ces  deux  belles 
tentures  :  l'Apocalypse,  en  huit  pièces  de  laine,  soie  et  or,  et 
l'Histoire  de  Pomone,  en  dix-huit  pièces  de  laine,  soie  et  or, 
ont  également  été  fabriquées,  en  partie,  chez  Guillaume  De 
Pannemaeker,  dont  la  manjue  se  voit  sur  la  première  pièc(! 
de  l'Apocalypse  et  la  deuxième  de  l'Histoire  de  Pomone.  Ses 
collaborateurs  ont  été  :  pour  la  première  tenture,  deux  fabri- 
cants dont  les  marques  se  distinguent  sur  les  deuxième  et  hui- 


liiMiic  piici's  :  un  M  sniMiioiilt'  (riiii  ti-ait  vcrlicil  l);iiTi'' deux 
lois  (iniliiilc  (le  Jean  Malciis  ou  tle  Jean  Mi'lcrman?;  et  un 
aulro  .MdoMi  le  Irait  verlical  osi  encadrû  dans  le  liaul  )iar 
un  G  renversé  ;  —  |tour  la  seconde,  deux  industriels  dont  les 
marques  bizarres  ne  peuvent  s'c>;pli(juer  et  niènie  se  décrire 
i|ue  diriicilcnienl. 

(^est  encore  De  Panneinackci"  (jui  a  exécuté  Ntisloirc 
d'Abraham,  en  sept  pièces  de  laine  et  de  soie,  et.  les  Fables 
d'Ovide,  en  cinq  pièces  d'or,  soie  et  laine,  qui  se  voient  au 
palais  de  Madrid  (toujours  avec  la  marque  de  Bruxelles). 
Dans  la  même  viil(\  on  ti'ouve  encore  six  tapisseries  exécu- 
tées en  1558  et  offrant  les  armes  de  don  Pedro  la  Gasca,  cl, 
au  Musée  archéologique,  une  pièce,  toutes  à  son  chiffre. 
Ce  grand  fabricant,  qui  travailla  aussi  pour  le  cardinal 
Oranvelle  (t.  XV,  p.  158)  et  jiour  le  duc  d'Albe  (t.  XVI, 
p.  215),  posséda,  api'ès  son  confrère  Pierre  Van  Elinghcn  dit 
Van  Aelst,  et  ses  enfants,  une  maison  se  trouvant  au  Marché- 
au-Charbon  «pie  l'on  nommait  [i\ovsdeSloute(racnslrac'le{riie 
de  la  Méchante  Grue).  Cette  demeure,  qui  était  en  4G50  la 
propriété  de  Corneille  Van  lleymbeke,  secrétaire  de  la  ville, 
occupait  en  partie  l'emplacement  de  l'ancien  Hulel  de  Bra- 
banl.  On  l'appelait  vulgairement  de  Poirte  van  Axela  (la 
l^orle  ifÀxel I ;  il  en  dépendait  une  cliapclle,  (l(\s  cours,  un 
jardin,  el  elle  fut  vendue,  avec  ipiehpies  habitations  conti- 
gucs,  le  P2  février  1501-150:2,  par  Catherine  Van  Yucht  et 
son  mari,  Simon  Droechbroel,  à  Van  Aelst.  C'est  dans  cet 
acte  ipie  se  rencontre  le  plus  ancien  emploi  du  mot  lapirhier, 
(|ui,  au  XVI"  siècle,  remiilaça  la  ipialiliealion  plus  ancienne  de 
Ifffwerchtr.  De  Pannemaeker  s'allia  a  une  Van  dm  Noevel,(p]i 
lui  apporta  en  do!  des  drojis  sui'  la  pioprit'lé  {\\\<?:'l  Sloeiken 


—  t>r)0  — 

van  Iloesfjjrli  {le  pclit  Chàfr/iii  tNiocsey.k^,  à  Moleiibeek- 
Saiiil-Jcaii,  ainsi  (itnl  rcsiille  d'une  sonlence  du  Conseil  do 
Bral)ant  du  ÔI  oclol)rc  VM\^. 

T.  W,  p.  44^,  I.  ;>.  —  L(;  nièuii»  sujcl  a  élc  Irailc  par  un 
niailre  signanl  de  deux  lellre.s  accolées  :  a.l.,  i)robahlemenl 
Antoine  LeyniiM's,  (|ui  vivait  au  xvi'^  siècle.  A  l'Exposition  de 
Paris  de  187G(voir  Union  ccnivale  des  heaux-arls.  calnlofjue, 
p.  2!  i),  on  en  exhiba  six  pièces  appartenant  à  M.  Gauche/, 
et  qui  représentent  :  l'Enfanve  de  Rêitiui  cl  de  Roninliifi,  la 
Défaite  d\A  inulius^  \m  Combat  entre  les  Roniains  d  les 
Sabins,  Romtihis  revencnil  vaiiif/uem-  à  Rome,  les  Subinea 
cheiclunit  à  airèter  le  condxil,  iiiie  (mire  bataille.  Ces  pièces 
ont  4'"50  ou  4"'i0  de  haut  (sauf  uni;  |)iècc  de  o'"55)  sur  une 
longueur  variabie.  Les  bordures,  (jui  sont  d'une  grande 
richesse,  se  composent,  de  compartiments  à  personnages, 
alternant,  avec  des  bourpicts  de  fleurs  et  de  fruits.  On 
remarque  une  certaine  analogie  dans  la  Manne  dans  le 
désert,  pièce  de  F  Histoire  Je  Moïse,  l'une  des  cin(|  qui  se 
voient  au  Musée  de  Chartres  ci  (pii  avec  cinq  autres 
ornaient  autrefois  la  cathédrale  de  cette  ville.  D'après  Féli- 
hien,  elles avaienlété  laites  en  Flandre  (lisez  à  Bruxelles,  dont 
on  voit  la  marque  sur  la  pièce  indiquée  ci-dessus,  avec  un 
monogramme  fort  compliqué.  Catalofjue  cité,  p.  220), 
«  sur  les  dessins  de  Raphai^l  «.  Ce  fut.  un  évèque  de 
Chartres,  M.  De  Thou,  qui  en  fit  don  à  son  église. 

T.  XV,  p.  iio,  1.  6  et  suivantes.  —  Cette  tenture  (\e<^  Sept 
Pérhés  capitaux  existe  à  Madrid,  en  dix  pièces  de  laine,  soie 
et  or;  elle  porte  sur  la  deuxième  |)ièce  un  monogi'amnie  inex- 
pliqué cl  sur  les  lroisièm(>  et  dixièmi!  la  marque  de  Bruxelles. 

Ibidem,  I.  IG  et  suivantes.  —  Les  Honneurs,  les  Vertus 


—  no  — 

et  les  Vices  t'ormeiil,  à  Madrid,  une  seule  ipiituro  de  neuf 
pièces,  également  de  laine,  soie  et  or. 

T.  XV,  p.  440, 1 .  ^ .  —  A  jouiez  :  Des  poursuites  sévères  furent 
dirigées,  en  lolô-I-Jii,  on  ne  sait  pourquoi,  contre  plusieurs 
lapissiers  {lien  geneerendemel  tappislseryen).  Après  avoir  été 
hinnis  de  la  ville  et  de  sa  franchise  à  perpétuité  et  condamnés 
;i  la  confiscation  de  leurs  biens  au  profit  du  souverain,  ils  de- 
mandèrent que  celte  sentence  fut  déclarée  sub  et  obreptice  ; 
elle  fut,  en  effet,  miligée,  le  8  mars  1540-1044,  et  remplacée 
par  la  condamnation  aux  frais  du  procès,  ])lus  à  des  amendes 
s'élevant  :  pour  Guillaume  De  Kempeneer  à  1,!200  llorins, 
pour  Jean  Dernioyen  à  5O0  florins,  pour  Josse  Van  Grim- 
bergen  à  200  llorins,  pour  George  Ballinck  dit  Vander  Beke 
(celui-ci  habitant  Anvers)  à  800  llorins  (Rçgisire  aux  sen- 
/ences  du  Conseil  de  Brabant,  f"*  58,  59  et  45). 

T.  XV,  p.  4o8,  1.  i.  —  Pendant  ({ue  j'aclievais  mon  li'avail 
et  par  suite  des  communications  que  j'ai  reçues  et  de  mes 
récentes  lectures,  mes  doutes  sur  l'origine  bruxelloise  des 
tapisseries  du  Vatican  se  sont  complètement  dissipés.  En 
effet,  la  tenture  des  Actes  des  Apôtres,  outre  qu'elle  révèle 
par  son  exécution  la  manière  adoptée  dans  notre  ville, 
existe,  avec  la  marque  de  cette  dernière,  en  plusieurs 
reproductions.  Ainsi  on  en  trouve,  à  Madrid  seulement, 
une  série  de  neuf  pièces,  une  série  de  treize  pièces,  une 
série  de  trois  pièces,  toutes  en  laine  et  soie,  et  datant, 
parait-il,  du  commencement  du  wif  siècle;  n'est-ce  |)as  la 
preuve  (jiic  les  cartons  conservés  à  Bruxelles  ont  été 
exécutés  une  première  fois  dans  cette  ville,  où  Van  Oricy 
n;Kjuit,  vécut  et  mourut;  dans  celte  ville  où  la  confrérie  de 
Saint-Sébastien,  dans  l'église  de  Saint-Géry,  enregistrait,  à 


—  241   — 

<'ô(é  (lu  nom  (h;  col  arlisic,  celui  d'uu  l;i|iissior  (Icgwerh'cr) 
appelé  Pierre  De  Coninck,  idenlique  à  ce  Pielro  Loroy 
fiaminçfo  donl  parlent  les  archives  du  Vatican. 

T.  XV,  p.  4 GO,  I.  18.  —  Dans  le  recueil  publié  à  Londres 
par  MM.  Owenjones  et  M.-D.  Wyait,  sous  le  titre  de  Textile 
fabrics,  se  trouve  une  reproduction  d'un  épisode  de  la  Yie 
d'Abraham.  Cette  œuvre  splendide  doit  sorlir  des  ateliers 
de  Guillaume  De  Pannemaeker  (voir  plus  haut,  p.  238). 
Au  n"  7,  on  voit  la  Pêche  miraculeuse,  d'après  le  carton 
de  Raphaël.  L'épisode  mentionné  ci-dessus  représente  l'entre- 
vue de  Melchisedech  et  d'Abraham.  On  aperçoit,  d'un  côté, 
un  palais  splendide  et,  dans  le  fond,  un  combat  violemment 
engagé.  La  bordure  du  bas  est  ornée  d'arabesques,  au  milieu 
desquelles  on  voitdespei'sonnages  dansdiverses  attitudes;  sur 
le  côté,  on  remarque  des  statues  placées  dans  des  niches.  Dans 
le  haut,  au  milieu,  on  lit  cette  inscription  :  sodoma  expugna"" 

JA(m)L0TH  CAPITUR. —  ABRAHA(m)  VILIU(m)  REC(/)P1T  UEX  MEL- 
CHISEDEC — VICTOR  ABRAHA(//?)  OFFERT  PANE(w)    ET   VINU(m). 

T.  XV,  p.  475,1. 15.  — On  conserve  au  Musée  du  Louvre  un 
grand  carton  colorié  en  détrempe  dii  à  Jules  Romain  ;  c'est 
l'un  de  ceux  qui  ont  servi  de  modèles  pour  l'exécution  des 
Triomphes  de  Scipion.  Il  représente  un  pont  orné  de  statues 
et  de  sphinx  et  sur  lequel  passent  les  licteurs  et  un  porte- 
étendard  suivis  de  musiciens;  sur  les  étendards  et  sur  le 
pont  se  lisent  les  lettres  :  s  p.  q.  r.,  écrites  à  rebours. 
(Raiset,  Notice  des  dessins,  cartons,  pastels,  miniatures  et 
émaux  exposés  au  Louvre,  p.  87.  Paris,  18G8,  in-12.) 

Ibidem,  I.  \A.  —  La  tenture  de  l'Histoire  de  Saint-Paul, 
de  Madrid,  se  compose  de  cinq  pièces  de  laine  et  de  soie; 
elle  a   pour  marque,   sur  la  première  tapisserie,  un  petit 


_..    0{0 


cailoiii'lie  rcnrrriii.'iiil  iim.'  \):wvv  voiiicalc  (un  1  capilalo?) 
el  un  (]  rcloiiriK'. 

T.  XV,  p.  ITS,  I.  10.  -  .M.  llai.M'l  (I.  c,  |).  8(iy  (K-cri!  (rois 
carions  (le  la  Iciilure  les  Frtii/s  de  la  yticrre;  ces  calions, 
coloriés  en  déirempe,  sont  égaleniont  dus  à  Jides  Honiain. 
Sur  le  jireniiei',  deux  guerriers  eseorîenl  des  ])risonniers 
cliarués  de  lourtis  fardeaux  ;  au  fond,  on  aperçoit  des  murs 
en  ruine  el  une  vilK"  que  de  nombreux  soldais  |)arcourenl. 
Le  deuxièm;}  montre  une  ville  prise  el  incendiée  (|u'un  grand 
nomI)re  de  fnyai'ds  aJjandonniMil  ;  parmi  les  liiaiicsde  di"oi(e 
plusieui's  se  i-elournenl  en  conlemplani  ce  désasii'c  avec 
désespoir.  Le  Iroisième  esl  inlilulé  le  Triontphc  el  nous 
montre  un  général  sur  un  ch'ir  Irainé  par  (piaire  chevaux 
hlancs,  entouré  de  soldats  et  de  si>eclateurs. 

T.  XV,  p.  180, 1.  10.  —  La  séi-ie  des  Chaises  de  l'eut jicreur 
Maximiitea  a  étéébrécliée  parFinccndie  du  cliàleau  de  Pau 
en  LS()7,  dans  lerpiel  (piaire  i\Q^  pièces  ont  péri  {Micliiels, 
l.  VI,  p.  M)il,  de  sa  seconde  édition).  L'une  des  autres  ta|>is- 
series,  dont  j'ai  vu  une  photographie  chez  M.  Charles  Albert, 
est  intitulée  l\\  udience  du  roi  avant  le  départ  pour  la  cliassc, 
sous  le  si'jne  du  Zodiaifue  :  les  l\jissous.  <3n  y  lil  l'insci'ip- 
lion  snivaiilc,  <iù  les  niùls  se  suivent  sans  iiilervalles  : 

SI  .MHII,  OMITT.\S  QlOI)  Ili;GTU(»i)EST  KT  P.E.NE  VIVENS 

Ml.  XOCEA.VS,  1>?.EST.\.NS  o(»/)Mr.US  01-FlGIUM 

OLOIi  .MODEnA(njTE  MODO  ET  D(owi)X.\  RAïIO-NE  IUBE(y<)TE 

VF.NAXDI  STUDIO  I>1  I.CllillUS  ESSE  POTEST. 

oi;i  I.M'I'.I'.S  ET  GlEETE  STIIUOSIS  HO.NESTI 

INCOl.U.MI.M    11!  DliiS.  .Mi.(//ni'.l;  A  I,  \Im)HK  ToVES. 

ikm:  I  xekc.itio  i,!.TA(///rEi;  di  gît  UHAXM'S 

•|i;A.\>lGIT   I.T  SA>0.>    \iT\  l'.GATV  IXES. 


La  scène  |)i'iiici|»;ilo  nous  ol'IVc  i]v<,  vciiciirs  gfoiipL'S  sur 
une  place  clans  la(]uelli!  il  est  facile  de  reconnaiire  l'ancienne 
place  des  Bailles,  à  Iji-u\elles.  On  y  dislingue  la  façade  lUi 
la  grande  >alle  du  palais  des  souverains  des  Pays-Bas,  avec 
son  iniiiiens(î  pignon;  l'église  de  Sainl-Jacques-sur-Couden- 
berg,  surmontée  de  ses  d(;u.\  (ours,  el,  l'enceinledes  bailles, 
ornée  de  slalucs.  Cette  vue  constitue  la  jjIus  ancienne  repré- 
sentation de  la  partie  i)aute  de  Bruxelles  que  l'un  connaisse 
etolîre  pour  nous  le  |)lus  grand  intérêt.  Il  est  probable  que 
l'on  pourrait  ])arvei)ir,  avec  (juelque  étude,  à  j'ccunnaître 
les  sites  reproduits  dans  les  aulres  pièces. 

T.  XV,  I».  481,  1.  1:2.  —  Dans  le  Conslilulionnel,  de  Paris, 
du  15  février  1877,  se  trouve  un  feuilleton  signé  Alfred 
Michiels  et  contenant  des  détails  curieux  sur  les  tapisseries 
d'Aix  qui  proviennent  de  l'église  Sainl-l*aul,  la  caihédrale  de 
Londres;  elles  sont  au  nombre  ih  quinze  et  divisées,  sauf 
deux,  en  deux  compartiments  cliacune.  Elhis  représentent 
des  épisodes  de  l'histoire  de  la  Vierge  et  de  celle  du  Christ,  et 
sont  placées  :  les  unes  dans  le  chœur  de  l'église  principale 
d'Aix,  les  autres  dans  l'une  des  galeries  de  l'archevêché. 
Elles  sont  datées  de  151 1  et  oinées  d'armoii-ies  qui  autori- 
sent à  les  considérer  connue  des  dons  de  la  famille  l'oyale 
d'Angleterre,  des  évèipies  de  Londres  et  de  personnages  de 
l'aristoeralie.  M.  Michiels  prouve  qu'elles  sont  d'origine 
ilamande  et  on  attribue  les  cartons  à  Quenlin  Melzys. 

T.  XVL  p  '205,  I.  '•2.  —  A  Venise,  dans  le  presbytère  de 
l'église  Sailli-Marc,  on  conserve  desa/vt;-/  lisMis  d'or,  d'ar- 
gent el  de  soie,  rej/résenlaiit  des  (''j)isodes  de  la  vie  de  ce 
saini;  on  les  expose  dans  le  eliu'ur  de  la  caihédrale,  aux 
u'randes  fêles  de  ramiée.  D'anciens  éerivains  les  altribueni 


-     i>i4    —     ' 

à  Jean  Rost  et,  en  cffel,  par  un  accord  conclu  le  20  octobre 
iooO,  Vander  Roost  s'engagea  à  fournir  aux  procurateurs  de 
réglise  quatre  pièces,  exécutées  d'après  les  dessins  de 
Jacques  Sansovino,  moyennant  20  ducats  (de  6  livres  4  sous) 
])ar  hraccio  ou  aune  de  Venise.  On  remarque  dans  un  coin 
les  initiales  F.  G.,  et  Moschini  en  a  conclu  que  Francesco 
Giglio  les  avait  dessinées  (i).  Ne  pourrait-on  pas  dire,  avec 
plus  de  vraisemblance,  que  François  Geubels,  fabricant 
bruxellois  qui  était  contein]iorain,  y  a  mis  la  main? 

T.  XVI,  p.  256, 1.  15.  —  A|)rès  la  mort  du  tapissier  Nicolas 
Binon,  en  1725,  sa  i)Iace  fut  donnée  à  un  fabiicant  de 
tapisseries  du  nom  de  De  Vos,  (jui  la  vendit  à  Jean  De  Neve 
et  qui  avait  \\ouv  ajouda  ou  aide  Guillaume  De  Clerc((,  mort 
le  5  janvier  1751 . 

T.  XVI,  p.  291,  I.  4.  —  C'est  par  une  inadvertance  de  ma 
part  que  cette  série  de  tapisseries  est  indiquée  comme  appar- 
tenant à  Rubens;  elles  étaient  la  propriété  de  son  beau-frère, 
Daniel  Fourmenl. 

T.  XVII,  j).  194, 1.  18.  —  Des  informations  se  succédant  de 
jour  en  jour,  et  qui  toutes  n'ont  pu  être  contrôlées  complète- 
ment, autorisent  à  atïirmer  qu'il  existe  en  Belgique  et  en 
particulier  à  Bruxelles  un  grand  nombre  d'autres  tapisseries 
dont  la  fabrication  est  due  à  des  industriels  de  cette 
ville.  Citons  notamment  la  tenture  des  Quatre  Saisons 
qui  orne  le  palais  de  Monseigneur  le  comte  de  Flandre  et 
(pie  l'on  m'a  assuré  être  de  provenance  bruxelloise.  Les 
pièces  (pii  existent  chez  M.  le  docteur  Crocq,  M.  Gosselin, 


(i)  Consultez  :  Urlani  de  Gheltof,  Degli  arazzi  in    Venezia  cou  noie  .siii 
leasnti  (trtistici  Venczinni  {\(;m'>(',  1878,  in-8"). 


—  24o  — 

AI.  le  sculpteur  Bourc,  etc.  Uue  occasion  sans  pareille 
d'exhiber  ces  productions  de  notre  industrie  se  présentera 
bientôt.  En  réunissant  tout  ce  que  l'on  poui-i-ait  se  procurer 
de  vieilles  tapisseries  dites  des  Flandres,  on  constituerait 
une  galerie  qui  pourrait  être  l'une  des  grandes  attractions  des 
prochaines  fêtes  de  1880.  Le  nouveau  Palais  de  Justice, 
dont  une  partie  sera  achevée  pour  celte  époque,  ou  les  gale- 
ries que  l'on  se  propose  d'étabhr  au  Champ  des  Manœuvres 
actuel,  permettraient  de  les  étaler  avec  avantage  et  de 
manière  à  en  faciliter  l'étude  et  la  comparaison.  Le  public 
serait  de  la  sorte  à  même  de  connaitre  ce  que  l'on  produisait 
jadis  dans  notre  pays  et  d'apprécier  à  leur  juste  valeur  ces 
tissus  merveilleux  dont  nos  pères  faisaient  si  grand  cas. 

Alphonse  Wauters. 


NOTICE  NÉCROLOGIQUE. 


Camille  VAN  DESSEL. 


Camille  Van  Desscl,  candidat  notaire,  un  dos  collabora- 
Icui'S  les  plus  zélés  du  Bullclin  des  Commismus  royales 
d'art  et  d'Archéologie  (i),  élail  né  à  Elcsvyt  le  11  juin  I80I. 

Il  est  mort  dans  sa  commune  natale,  le  10  mai  1878, 
n'ayant  |)as  encore  vingt-sept  ans... 

Un  travail  laborieux  et  assidu,  une  ferme  volonté  de  par- 
venir, hélas!  trop  peu  secondée  par  la  santé,  lui  avaient 
fait  obtenir  différents  diplômes  universitaires  et  profession- 
nels; les  connaissances  qu'il  avait  acquises,  il  les  mit  si  bien 
à  ])rofit  pour  les  études  archéologiques,  qu'en  peu  de  tem|)S  il 
se  forma  des  notions  très-précises  sur  les  anliijuilés  de  notre 
pays,  et  il  ojjéra  des  fouilles  tant  pour  M.  De  Meester  de 
Ravestein,  à  Runipst,  (pie  |)our  le  Gouvernement,  à  Elewyl, 
à  (Irez,  à  Corlil-Noinnont,  etc. 

Indépendamment  des  notices  publiées  par  lui  dans  le 
présent  Bulletin,  il  fit  paraître  dans  les  Annales  et  le  Bul- 
letin de  r Académie  d'archéologie  de  Belgique  (siégeant  à 


.(1)  Il  a  piildic,  Mil,  pp.  oG  il  Gl,  Une  iiiluille  on  jaspe  trouvée  ii  Elewyl; 
Mil,  |tp.  108a  \~\,  Exploration  de  deux  tuniukis  ii  Gre/.-Doiceau;  MU,  pp.  iiH 
à  466,  Fouilles  dans  un  tuniulus  ii  Cortil-Noirnionl;  XIV,  p|i.  277  à  281, 
Lettre  ;i  M.  Cliaion;  .Wl,  pp.  nia  171,  l.V'labli.sscnient  ln'lw-ioniain  de 
lUinip.->t. 


c>/,' 


Anvci's)   (II)  L'crlaiii   nombre   de  li'av;iii\  (|ui  allircroiit  sur 
lui  raUeiitioii  du  monde  savant  (i). 

Au  Congrès  gôogi-apliiquo  de  Paris,  en  1(S75,  il  lui  pro- 
clamé lauréat  pour  la  confection  d'une  carte  archéologique 
de  la  Belgique  (pii  a  ])ara  dans  le  IV*  volume  de  Schayes 
(la  Belgique  et  les  Pays-Bas  avant  et  pendant  la  domination 
romaine,  ^'-  édition),  volume  publié  en  1877  et  portant  sur 
quelques  exemplaires  tirés  à  part  le  titre  de  Topographie  des 
voies  romaines  de  la  Belgique. 

La  rédaction  de  ce  IV  volume,  qui  contient,  en  outre, 
une  statistique  archéologique  et  une  nomenclature  biblio- 
graphique, avait  été  confiée  à  M.  Van  Dessel,  parce  qu'il 
avait  été,  par  des  personnes  compétentes  (dont  M.  Ruelens, 
conservateur  à  la  Bibliothèque  royale),  désigné  aux  éditeurs 
«  pour  son  amour  de  l'étude,  son  érudition,  sa  connaissance 
»  des  sources,  sa  sagacité  et  la  sûreté  de  son  jugement  » 
(préface  du  IV"  volume  de  Schayes,  pp.  II  et  III).  Il 
s'acquitta  avec  succès  de  la  lâche  (pii  lui  avait  été  confiée. 

C'est  à  M.  Van  Dessel  qu'est  due  la  découverte,  à  Rumpst 
sur  le  Ruppel,  d'une  tuile  aux  sigles  C.  G.  P.  F.,  sigies 
que  Ilenzen  avait  déclarés  inexplicables  et  qu'on  démon- 
trera prochainement  dans  ce  Bulletin  être  relatifs  à  la 
(iassis  Germanica  pia  fldelis,  dont  on  a  retrouvé  d'autres 


(i)  Annales  :  ri."  sciie,  IV,  p.  2ôj,  Monnaies  romaines  trouvées  à  Elewyt; 
VI,  p.  305,  La  hoi.ii'yade  beigo-romaine  tl'KIewyt;  VH,  p.  205,  Quckpieâ 
antiquités  tles  environs  de  Vilvordc;  VI H,  p.  180,  Établissement  belgo-iomain 
il  Elewyt;  IX,  p.  78-2,  X,  p.  b-24,  Nouvelles  annotations  archéologiques.  — 
Bulletin,  I,  bOG,  Le  Notelarenberg  (commune  de  VilvorJe). 

Enfin  une  nouvelle  notice  «  Mélanges  arcliéologi(pies  »,  concernant  des  fouilles 
récentes  ii  Assche,  Elewyt  et  lîergh  (près  de  Vilvordc},  paraîtra  dans  le  volume 
(le  1878  des  Ajiriules  de  celle  Acadtniie. 


—  248  — 

I races  sur  k'  Uhin  vl  sur  un  iiinuciil  do  h  Meuse;  il  sera 
ainsi  démontre  que  la  lloUe  germanique  slalionuail  aussi  sur 
l'Escaul,  où  se  jelle  le  Ruppel  :  celte  conséquence  de  sa 
découverte  a  été  communiciuée  à  M.  Van  Dessel  peu  de  jours 
avant  sa  mort,  et  elle  a  pu  apporter  quelque  soulagement  à 
ses  dernières  douleurs. 

Parmi  les  découvertes  de  M.  Dessel  non  encore  décrites 
par  lui,  mais  au  sujet  desquelles  on  retrouvera  sans  doute 
(les  notes  dans  ses  manuscrits,  on  peut  signaler  la  trouvaille 
importante  de  Cortil-Noirmont  (T  tumulus),  qui,  grâce  à 
lui,  s'est  complétée  d'un  vase  de  verre  avec  l'inscription 
svLPiTiA  FELICITER,  d'uu  lézard  en  cristal  (de  roche?)  et 
d'une  écuellc  en  ambre  (ou  résine  copal?)  re|)résentant  à 
l'extérieur  un  Capricorne  et  un  vase,  trois  objets  dont, 
chacun  est  un  unicuni. 

M.  Camille  Van  Dessel  était  membre  titulaire  de  l'Aca- 
démie d'archéologie  de  Belgique  et  membre  correspondant 
de  plusieurs  sociétés  savantes.  Sa  perle  sera  vivement 
regrettée. 

Liège,  20  mai    1878. 

II.  S. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS, 


RESUATK    DES     PROCES- VE  RB  AUX 


SÉANCES 

(les  -2,  8,  9,  13,  16,  21,  22,  23,  28  et  30  mars;  des  4,  5,  (5,  12,  13,  l'J, 
20   et   27   avril   1878. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 

1'"  La   proposition   do  rétablir   dans   l'église    de   Celles Êgii^g.igceiies. 
(Namiir)  la  croix  triomphale  et  les  deu.x  statues  de  la  Vierge 
et  de  saint  Jean; 

2"  Le  dessin  spécimen  des  verrières  à  placer  dons  les  ci,ap.-iie des 

/•        ' .  111  11  1  1        T-ii  1  •     n-      1-  1    comtes  de  Flandre 

tenetres  de  la  chapelle  des  comtes  de  Flandre  a  1  enlise  de    àconrtrai. 

'  '-'  \erricres. 

Notre-Dame,  à  Courtrai  :  auteur,  M.  Béthune; 

5"  Les  projets  de  trois  verrières  à  exécuter  par  M.  Dob-       Égi.se 

de  Nerrliaeren. 

belaere  pour  la  nouvelle  église  de  Neerhaeren  (Limbourg);      viuaux. 
i°  Les  modèles  des  statues  et  des  bas-reliefs  destinés  à  la       Egnse 

1    '  •  I  1     ■!■  1  I'   ■        !■  I  II  /  XT  '^^    UoiIflOS.' 

décoration   du   mobilier  de   I  église  de   l/ouges  (.\amnr)  :      stan.es. 
sculpteur,  M.  Vermeylen; 

5"  Le  projet  du  piédestal  de  la  statue  à  érigei"  à  Bruges  à      siatne 

de  Jean  Van  Rvck, 

la  mémoire  de  Jean  Van  Evck  :  architecte.  M.  Delà  Censerie.     àBni^es." 


1  nçtiiuiion royale     —  j)(>>;  dûlc'ii'at'S  oiil  cxaiiniiû,  Ic  ^2 1  l'évricr  den)ier,  qualre 
Tap..series.    [.|pj^g,„.jgg  ^\^,  ],;m|,>  \\^^^^  a|)p;irlenaiil  à  rinsliliilioii  royale 
de  Messines  cl  (jui  décoraiciil  avilrel'ois  l'oraloire  de  l'an- 
cicnne  abbaye. 

Il  résulte  de  leur  rapporl  (jue  ces  lai)isseries,  ((ui  soiU  en 
très-mauvais  élal  de  conservalioii,  dalenl  du  xvir'  siècle  et 
paraissent  provenir  d'une  fabrique  d'Audenarde.  Elles  reprè- 
senlent  des  scènes  légendaires  se  rapportant  à  l'histoire  de 
la  fondation  de  l'abbaye  de  Messines  et  sont  de  fabrication 
médiocre;  les  sujets  prése-ntent  de  nombreux  défauts  de 
dessin  et  de  composition. 

La  Commission  a  émis  l'avis,  en  conséquence,  (|ue,  ni  sous 
le  rapport  de  l'art  ni  sous  celui  de  l'histoire,  ces  tapisseries 
ne  justiheraient  la  proposition  qui  tend  à  les  reproduire  en 
peinture.  Ce  travail  entraînerait  une  dépense  de  2, oOO  francs; 
cette  somme  pourrait  être  mieux  utilisée  à  décorer  la  cha- 
pelle de  Finslilulion  royale  de  Messines  de  peintures  murales. 
siaïup u  ériger      —  Après  avoir  entendu  le  rapport  des  membres  qui  ont 
"  ''''"'"  "■  examiné  dans  l'atelier  de  M.  Jaquet  le  modèle  de  la  statue  à 
ériger  à  Philippeville  à  la  mémoire  de  feu  Sa  Majesté  la 
Reine  Louise-Marie,   la  Commission  a  émis  l'avis  que  ce 
modèle  pouvait  être  approuvé. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

La  Commission  a  approuvé  : 
consiruciion de      1"  l'^s  p'^i'is  (h'cssés  [Ydv  M.  l'archilecte  Lcgraive  pour  la 

liallcs  a  Ixclli's.  .  i       ■      ■  i        •     r       1 1 

construction  de  halles  a  Ixelles; 
jn,iic.  de  paix      2'  '•<'   l""'»j*'l  <-'^'-^  iTavaiix   à   exéculor  poui-  approprier  à 
lusaiïe  de  la  justice  de  paix  I  Miicicmic  niaison  coiiimunale 
de  Roussu  (Hainaut):  architecte,  M.  Iliibnl. 


—  ;>51   — 

—  L'aclniiiiislralion  communale  de  Bi-iigos  avait  annoncé  ^j'é'XÏX'^'' 
qu'à  la  suile  d'un  examen  délaillé  de  la  façade  de  l'ancien 
Greffe,  il  avait  paru  nécessaire  do  reconstruire  entièrement 
certaines  parties  importantes  de  cette  façade,  dont  le  projet 
de  restauration  était  approuvé  i^ar  la  Commission. 

Dans  une  insjieclion  qui  a  eu  lieu  le  i  septembre  1877, 
des  délégués  avaient  constaté  que  la  pierre  qui  a  servi  à  la 
construction  est  de  mauvaise  qualité  et  que  les  travaux  de 
renouvellement  seraient  plus  considérables  qu'on  ne  l'avait 
pu  prévoir  avant  l'établissement  des  échafaudages.  A  cette 
époque,  M.  l'archilecle  Delà  Censerie  fui;  invité  à  faire  un 
dessin  sur  lequel  seraient  indiquées  les  parties  qui,  selon  lui, 
devraient  être  reconstruites.  L'examen  de  ce  document 
démonti-e  que  les  propositions  de  l'architecte  impliquent  la 
démolition  complète  et  la  reconstruction  de  la  façade.  Ces 
propositions  ont  paru  trop  radicales  et  la  Commission  a 
émis  l'avis  qu'on  ne  peut,  à  moins  d'un  cas  de  force  majeure, 
autoriser  pour  un  monument  de  celte  importance  des  travaux 
qui  constitueraient  une  véritable  démolition  et  une  recon- 
struction totale.  Elle  pense,  en  effet,  que  les  parties  sculptées 
tout  au  moins  devraient  être  conservées  alors  même  qu'elles 
seraient  plus  ou  moins  dégradées,  des  copies  n'ayant  jamais 
la  valeur  des  sculptures  originales. 

A  la  suite  d'une  inspection  minutieuse  des  lieux,  le 
Collège  a  eu  une  conférence  avec  l'architecte.  11  a  été  con- 
venu de  commun  accord  qu'on  restaurerait,  à  litre  d'essai 
et  conformément  aux  idées  oxpi'iméos  par  la  Commission, 
une  des  travées  de  la  façade,  c'est-à-dire  qu'on  se  bornera 
à  remplacer  les  seules  piei'res  dont  l'étal  de  vétusté  ne  ))er- 
mettrait  pas  le  maintien.  Il  a  été  constaté,  par  des  vestiges 


252 

découverts  en  certains  endroits  de  la  façade,  que  celle-ci  a 
été  jadis  couverte  de  peintures.  Outre  l'intérêt  que  présen- 
terait la  restitution  de  cette  décoration  originale,  elle  aurait 
encore  le  double  avantage  de  préserver  la  façade  des  intem- 
péries et  d'atténuer  la  disparate  des  pierres  nouvelles  à  côté 
des  pierres  conservées.  1\I.  l'architecte  Delà  Censerie  s'est 
engagea  faire  exécuter  sur  la  travée  qu'il  fera  restaurer  un 
spécimen  de  cette  décoration  peinte.  Lorsque  le  travail  sera 
terminé,  on  procédera  à  une  nouvelle  inspection. 

ÉDIFICES   RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  approuvés  : 
uesianraiinn       L'  Lcs  projcls  do  travaux  de  réparation  et  d'appropriation 

rt  construction    ,  ,  i        .  <  i  /i  •       i  tir  i  I 

de pieshyt.ro..  H  exccutcraux  presbytères  de  :  Gooremd  sous  Wuestwezel 
(Anvers),  Haine-Saint-Paul,  Grandglise  (Hainaut),  Zon- 
hoven,  Mall-sur-Geer  (Limbourg)  ; 

52"  Les  plans  de  presbytèies  à  construire  à  Ledeghem 
(Flandre  occidentale),  Elseghem  (Flandre  orientale),  Flo- 
becq,  Anserœul  (Hainaut),  Meeffe,  Fécher,  commune  de 
Sou  magne  (Liège). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  approuvé  : 

constmctic.        I"  Lcs  phius  rclalirsà  la  construction  d'églises; 

aFerr.cro  A  Fcrrièrcs  (Liéae),  sous  reserve  d  augmenter  I  mcli- 
naison  des  toitures  des  bas-côtés  en  diminuant  la  hauteur 
d(i^  fenétr(>s  de  la  claire-voie  :  architecte,  M.  Rémont  lils; 


—  2:i3  — 

A  Wychmaol  (Limbourg),  sous  quelques  réserves  de  dé- 
lai Is  dont,  Tau  leur,  M.  Slappor,  pourra  lom'r  corn  pie  dans  le 
cours  des  travaux  ; 

2°  Le  projet  dressé  par  M.  rarchitecle  Taeymans  pour    ,,/jKj''«p, 
l'agrandissement  de  l'église  de  Poppel  (Anvers); 

5"  Les  plans  concernant  ra2;randissement  et  la  restaura-  ,   Efç'i^e 

•  "^  ne.  Gemblonx. 

lion  de  l'église  de  Gembloux  (Namur)  :  architecte,  M.  Ré- 
mont fils; 

4"  Le  dessin  de  quelques  modifications   qu'on  pï'opose  ,,^  L.-f'g';_^^^,.^g 
d'apporter  aux  plans  a|)prouvés  de  la  nouvelle  église  de  la 
Buissière  (Hainaut)  ; 

0°  La  proposition  de  substituer  à  la  pierre  de  Savonnière     Égusede 

Jptte-S'-Pierre. 

et  à  la  brique  de  Boom,  prévues  au  devis  de  l'église  à  ériger 
à  Jette-Saint-Pierre  (Brabant),  la  pierre  bleue  des  Écaus- 
sinnes  et  la  brique  comprimée  de  Duffel  ; 

f)"  Le  projet  d'une  flèche  à  établir  sur  la  tour  de  l'église      Cgnse 

de  Loverval. 

de  Loverval  (Hainaut)  :  architecte,  M.  Bonnet; 
7"  L'emplacement  proposé  pour  la  nouvelle  église   de      K^nse 

de  la  Neuville. 

la   Neuville,   commune   de    Montigny-sur-Sambre   (Hai- 
naut); 
8"  La  proposition   faite  par  le  Conseil  de  fabrique  de  .    ^g"'''' 

'         '  '  'de  Noire-Dame 

l'église  deNotre-DamedeBon-Secours,  à  Peruwelz  (Hainaut),  ''''à'^përuwX"' 
de  déplacer  légèrement  l'axe  de  la  route  de  Leuze  à  Condé, 
pour  permettre  de  ménager  autour  de  la  nouvelle  église  un 
trottoir  d'une  largeur  suffisante; 

9*^  Le  compte  rendu  des  receltes  et  des  dépenses  effec-      Egiis,^ 
tuées  en  1877  pour  l'achèvement  de  l'église  de  Sainte- Vlarie,  ^^ s'i." orbrer' 
à  Schaerbeek  ; 

10"  Le  plan  d'une   sacristie  à  construire  à    l'église    de       R^iise 
Volaiville,  commune  de  Witry  (Luxembourg); 


de  Volaivi 


AmeuUemeni.ie  ijo  |,es  clcssiiis  (lo  ilivcrs  ohjols  d'aineuhlemcnt  dcslinés 
aux  églises  de  : 

Riinipst  (Anvers)  :  jubé  cl  l)u(ïet  d'orgue; 

Zetrud-Lumay  (Brabanl)  :  accessoires  d'autels  et  statues; 

Warcoing  (Hainaul)  :  boiseries; 

Sainle-Foi,  à  Liège  :  buffet  d'orgue  ; 

Slclien-Bolré  (Limbourg)  :  mailre-autel,  confessionnaux 
et  banc  de  communion  ; 

Genoels-Elderen  (même  province)  :  buffet  d'orgue; 

Radelange,  commune  de  Marlelange  (Luxembourg)  : 
maitre-aulel,  deux  aulels  latéraux,  cbaire  à  prêcher  et  con- 
fessionnaux ; 

Cielle,  commune  de  Marcourt  (même  province)  :  maîlre- 
aulel,  deux  aulels  latéraux,  chaire  à  prêcher,  un  confes- 
sionnal, stalles,  bancs,  etc.  ; 

Leuze-Lonchamps  (Namur)  :  buffet  d'orgue. 

TRAVAUX  DR  RESTAURATION. 

Ont  été  approuvés  : 
Képaraiions anx      1°  Les  projels  dc  dlvcrs  travaux  de  réparation  à  exécuter 
v..iiizeeie,eic.  aux  égliscs  dc  ILircn,  Vollezeele  (Brabant),   Waterland- 
Oudeman  (Flandre  orientale),  Gourcelles,  Cambron-Casteau, 
Beaumoiil,    N'aasf,   Saint-Quentin  à  Peruwelz,    Haulchin 
(Ilainaut),  Geystingen ,  sous  Ophoven ,   Kessenich   (  Lim- 
bourg), Forzée,  commune  de  Buissonville  (Namur)  ; 
nesianraiioi.  dos     "2'  Los  couiptcs  dcs  rccetles  et  des  dépenses  effectuées 
S' r.ermainr. Tir-non r   la   rcslauralion   des  églises  ci-apres 

IrnrionI,  Hcri^ii-  '  cj  i 


Lnlnsïu^s'Tom-    Saint-Jean-Baptiste,  à  Wavre.  Les  travaux  exécutés  en 
I87;j  et  187G  se  rapportent  surtout  aux  loi 
et  aux  pavements  des  nefs  et  du  transept; 


baut,  k  Malioo<, 

eisiuzf.      iH/.'j  et  187G  se  rapportent  surtout  aux  toitures  du  vaisseau 


—  ^o:i  — 

Saint-Germain,  à  Tirlemont.  En  1870,  on  a  réparé  et  rc- 
nouvelé  la  loitiire  du  ciiœiir,  restauré  lo,s  voùles,  les  murs, 
les  colonnes  et  les  arcades,  placé  des  nouvelles  marches  en 
pierre  de  Wasserbillig  à  l'autel ,  renouvelé  le  pavement  en 
pierres  céramiques  de  provenance  anglaise  et  décoré  de 
peintures  les  murs  et  les  voùles  du  chœur;  en  1^77,  on  a 
placé  au  transept  nord  une  grande  fenêtre  à  six  lumières, 
avec  meneaux  et  tympans  exécutés  en  pierre  de  (aille  blanche 
de  Goherlange; 

llerenthals  (Anvers)  :  restauration  des  toitures; 

Saint-Michel,  à  Louvain.  En  1877,  on  a  démoli  et  re- 
construit certaines  parties  de  l'édifice  qui  menaçaient 
ruine  ; 

Saint-Rombaul,  à  Matines.  Pendant  l'année  1877,  on  a 
terminé  la  restauration  des  chapelles  attenant  à  la  chapelle 
de  la  paroisse  ;  on  s'occupe  actuellement  de  la  chapelle  dite 
«  des  Cordonniers  » ,  contigué  au  bras  du  transept  nord  et 
bâtie  au  xv'  siècle  dans  des  conditions  telles  que  la  recon- 
struction complète  du  pignon  avec  ses  pinacles  et  autres 
ornements  est  reconnue  indispensable. 

Sluze  (Limbourg).  Cette  restauration,  qui  a  été  entamée 
en  1865,  a  été  terminée  en  1876; 

3"  Les  devis  estimatifs  des  travaux  à  exécuter  en  1878,  ^^  s-f||,n4aui 
pour  la  restauration  des  églises  de  Saint-Rombaut,  à  Ma- et de*s*-Hub^rt. 
lines,  et  de  Saint-Hubert; 

4°  Le  projet  dressé  par  M.  l'architecte  Buyck  lils  pour    ^''snigos*! 
la  restauration  de  trois  fenêtres  dans  les  chapelles  absidales 
de  la  cathédrale  de  Bruges; 

ri"  Le  plan  concernant  la  restauration  de  la  tour  de  réG;lise      u^>'<' 

'  "-  d'Hcrenllioul. 

d'Herenthout  (Anvers)  :  architecte,  M.  Taevmans; 


de  Saint-Martin 
à  Lié; 


—  ^2:;(;  — 

Eglise  (;"  Lo  projet  des  travaux  de  restauration  à  exécuter  à 

î.r..na.x.     i-giis,.  (le  Saint-Martin,  à  R(Miai.\  :    architecte,   M.    Bru- 

neol  ; 
Eglise  T''  Le  projet  de   restauration   de   la  tour  de   l'église   de 

de  VosseUer.  mi  ■  i-  »rTTii 

Vosselaer  (  Handre  orientale)  :  architecte,  M.  van  Assené; 
Eglise  8"  Le  |)hin  relatif  à  la  restauration  de  la  façade  occiden- 

dc  Saini-Nicolas,  * 

àEugiiien  jgjg  ^]g  i'yg|jj;e  lie  Saint-Nicolas,  à  Enghien.  Ce  jilan  a  été 
modifié,  à  la  demande  du  Collège,  par  M.  l'arcliitecte  Ver- 
hagen  ; 

Eglise  de         9"  Le  i)lan  dressé  par  M.  rarcliitecle  Delà  Censerie  pour 

Sainte-Walburgc  i         i        ,•  i  •        •        i        i       n-      i-  i       n     • 

a  Bruges,     jy  rcstauration  de  la  taçade  principale  de  I  église  de  Sainte- 
Walburge,  à  Bruges; 
Eglise  10"  Le  projet  de  restauration  de  la  façade  latérale  sud  de 

-•-Martin,  ' 

^^^-  l'église  de  Saint-Martin,  à  Liège,  sous  réserve  de  la  conser- 
vation et  la  restauration  des  deux  contre-forts  Renaissance 
qui  existent  aux  côtés  de  rancien  porche,  près  de  la  tour,  et 
du  inaiiitien  du  porche  établi  récemment  au  transept  : 
architecte,  M.  Yan  Assche; 
Eglise  de         H°  Les  plans  dressés  par  M.  Van  Assche  i)our  la  restau- 

Sainle-I)»tn[iline,  i      o     •  t-v  >     /~i  i  i  ni' 

àGi.eei.  ration  de  l'église  de  Sainte-Dymphne,  a  Gheel,  et  I  achève- 
ment de  la  tour;  la  Commission  a  demandé  toutefois  de 
différer  l'exécution  de  l'étage  supérieur  de  la  tour  et  la 
flèche;  cette  partie  du  projet  fera  l'objet  d'une  nouvelle 
étude.  On  devra  conserver  aussi  à  la  llèche  chapitrale  le 
galbe  de  sa  forme  actuelle; 
Cathédrale         1 2"  La   propositiou   tendante  à  restaurer  tri  (iiTil  existe 

d'Anvers.  '  ' 

actui'llcinciil   !•'  (•ouroiiiiciinMil  (!<'   la  tour   iniicln'Vtic  de  la 
calliiMlialc  (IWiivcrs. 
sainiH-nvn.p'iin.',     —  La  Coiniiiissioii  a  proposé  à  M.  le  Ministre  i\v  la  Justice 

il  Glit-el.  '         ' 

"'k"TourrT'"'"de  r.-ingiT   puniii    nos    nionuiiMMils  nationaux   de  deuxième 


—  257  — 

classe  l'église  de  Sainle-Dympline,  à  Ghnol,  et  l'église  de 
Saint-Jacques,  à  Tournai. 

Le  Secii'tuire  Gênerai, 

J.  Rousseau. 

Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  l'résiiienl. 

Welleiss. 


L'ÉGLISE  DE  L'AACIENAE  ABHA\E  UE  MLLEHs 


AVIS  AU  LECTEUR. 

Celle  notice  est  extraite  d'an  nf}annscrit  composant,  avec 
51  grandes  planches  d'ensemble  et  de  détails,  la  Monogra- 
phie complète,  avec  restauration,  de  l'église  de  l'ancienne  abbaye 
de  Villers,  monographie  qui  a  été  terminée  à  la  date  du 
31  décembre  1875  et  présentée,  le  18  janvier  suivant,  à 
M.  le  Gouverneur  de  la  province  de  Brahant  et  au  Comité, 
placé  sous  sa  présidence,  des  membres  correspondants  de 
la  Conmiission  royale  des  monuments  (i). 


(1)  Séance  du  18  janvier  1870. 

Présents;  MM.  Van  Beniniel,  Vice-Président;  (Toulon,  lie  Brou,  Geefs.  Han- 
sotte,  Lavergiie ,  .Slingeneyer  ,  Trappeniers ,  Memin-es;  Pincliaii,  Membre- 
Secrétaire;  Barbiaiix,  Secrétaire-Ailjoint. 

M.  Coulon  communique  son  travail  sur  l'Église  abbatiale  de  Villers-la-Ville. 

M.  Van  Bemniel,  Vice-Président,  ayant  snivi  et  contrôlé  les  recherches  faites 
sur  les  lieux,  donne  des  explications  détaillées. 

Le  Comité  témoigne  toute  son  admiration  pour  celte  œnvre  hors  ligne  et 
adresse  à  M.  Coulon  ses  félicitations  les  plus  chaleureuses.  Il  exprime  le  vœu 
que  ce  grand  travail  suit  publié  aux  frais  de  l'État,  etc. 


—  2(i0  — 

Le  Comité  fit  à  ce  travail  arcliéologiqiie  le  meilleur 
accueil  et,  à  ruiianimité,  éiiiil  des  vœux  pour  qu'il  fiU 
«  complété  par  l'étuilc  du  reste  de  l'abbaye  dans  ses  parties 
appartenant  au  moyen  âge,  et  (jue  cette  monographie  fût 
publiée  aux  frais  de  l'État  » . 

Par  dépèche  du  17  juillet  I87G,  M.  le  Ministre  de  l'Inté- 
rieur m'apprit  que,  moyennant  certaines  modifications,  mon 
élude  figurerait  au  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art 
et  d'archéologie.  Il  était  bien  entendu  que  cela  ne  devait 
rien  avoir  de  commun  avec  la  grande  publication  désirée  par 
le  Comité  du  Brabant,  dont  les  vœux  n'ont  eu  aucune  suite. 

Je  me  boi-nc  à  donner  quelques  planches  d'ensemble  de 
l'édifice,  réduites  selon  le  format  de  ce  recueil,  ainsi  ({u'une 
courte  notice  extraite  du  manuscrit,  lequel  n'est  déjà  (ju'un 
résumé  fort  sommaire. 

J"ai  été  devance  auprès  du  iniblic  par  ini  architecte  belge 
et  un  écrivain  français  qui  viennent  de  j)ublier  un  opuscule 
intitulé  :  Abbaye  de  Villers-la-VUle,  de  l'ordre  de  Citeaux. 

On  y  signale,  connue  constituant  une  révélation  et  pour 
trait  capital,  la  couture  pratiquée  dans  les  murs  de  la  sixième 
travée  et  d'où  il  résulte  que  l'église  fut  construite  en  deux 
grandes  étapes;  or  cette  découverte  fut  faite  par  M.  Jules 
Tarlicr  et  moi,  comme  le  constate  notre  lettre  du  TS  sep- 
tembre 1805,  l'cndant  compte  au  Président  de  la  Com- 
mission royale  des  monuments  de  cette  trouvaille  archéolo- 
gique. De  plus,  le  7  avril  1873,  en  séance  du  Comité  du 
Brabant,  j'ai  donné  lecture  d'une  notice  relative  aux  études 
que,  sur  la  demande  de  la  Commission  |)rémenlionnée,  cet 
archéologue  distingué  et  moi  avions  dijà  laites  à  Villers; 
celte  notice,   pul)liéc  dans  le  Hulletin  n"  2,  raj)pelle  ladite 


—  2r)i  — 

coulure  cl  coiilirnic  nos  droils  à  la  iialcniilu  du  ce  fail 
historique. 

Il  y  a  dans  l'opuscule  cilé  plus  haut  divers  points  de 
rencontre  avec  ma  monographie;  il  ne  me  convient  pas  de 
m'en  occuper,  du  moins  maintenant;  je  me  serais  même 
complètement  abstenu  si  j'avais  été  seul  en  jeu,  si  mon 
devoir  ne  m'obligeait  de  faire  restituer  à  mon  regretté  ami 
J.  Tarlier,  la  jiart  qui  lui  revient  dans  cette  importante 
découverte. 

Lorsqu'en  1875  je  repris  seul  et  terminai  les  études  de 
régiise  de  Villers,  je  [tarvins  à  m'assurer  et  à  démontrer  que 
la  partie  la  plus  ancienne  du  vaisseau  était  la  partie  orientale; 
dans  cette  circonstance,  l'histoire  me  vint  en  aide,  grâce 
à  un  renseignement  de  M.x\lplionseWauters,  qui,  dans  une 
notice  publiée  en  1856,  avait  rappelé,  d'après  une  ancienne 
chronique,  que,  vers  le  milieu  du  xm''  siècle,  grâce  à 
la  munilicence  d'un  chevalier  d'Yssche,  on  avait  édifié 
la  partie  moyenne  ou  antéi'ieure  du  temple,  c'est-à-dire  de 
la  nef. 

J'ai  puiséà  diverses  reprises  dans  les  ouvrages  de  l'émincnt 
historien  d'autres  indications  utiles  à  mes  recherches  et 
elles  m'ont  permis  de  constater  (jne,  dans  cette  étude  de 
l'église  de  Villers,  les  matériaux  de  riiistoire  sont  d'accord 
avec  les  données  architecturales.  Sentant  toute  l'importance 
de  cette  tâche,  je  ne  l'avais  acceptée  que  sous  condition 
d'avoir  pour  le  texte  le  concours  d'un  archéologue;  sur  ma 
demande,  M.  Van  Bemmel,  Vice-Président  du  Comité  pro- 
vincial des  monuments,  consentit  éventuellement  à  être  mon 
collaborateur,  ce  rpii  l'ut  ratifié  par  M.  le  Ministre  de  l'Inté- 
rieur et  la  Députation  pcimanonte  du  Brabant.  Par  malheur 


—  ^262  — 

le  soin  d'acliever  un  ouvrage  commencé  antérieurcmenl 
ayant  absorbé  cet  écrivain  distingué  plus  qu'il  ne  l'avait 
prévu,  j'ai  été  privé  de  son  concours,  après  avoir  cependant 
fait  avec  lui  plusieurs  excursions  à  l'abbaye  de  Villers, 
qu'il  connaît  de  longue  date,  et  dans  lesquelles  j'ai  profité 
de  ses  conseils  et  obtenu  pour  mes  principales  déductions 
un  contrôle  d'une  réelle  importance;  je  remplis  donc  un 
devoir  en  exprimant  ici  mes  sincères  romerciments  à  M.  Van 
Bemmel. 

Bruxelles,  le  23  mai  1878. 


N  O  T  1  G  E 


L'ÉGLISE  EN  RFFNES  DE  L'ANCIENNE  ABRAYE  DE  VILLERS. 


Extraits  du  manuscrit  en  date  du  31  décembre  1875  formant, 
avec  31  grandes  planches  de  dessins  d'ensemble  et  de  détails, 
la  monographie  complète  de  ce  monument,  déposée  aux  archives 
du  Ministère  de  l'intérieur. 


I. 


Ce  travail  esl  un  commencement,  de  satisfaction  donnée 
à  un  vœu  exprimé  en  assemblée  des  membres  efl'ectifs  et 
correspondants  de  la  Commission  royale  des  monuments, 
en  1861,  de  dresser  et  de  publier  aux  frais  de  l'État  la  mo- 
nographie de  nos  principaux  monuments. 

Dans  une  lettre  adressée  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur, 
le  là  novembre  de  la  même  année,  feu  Jules  Tarlier  et  moi 
avons  réclamé  la  priorité  en  faveur  de  l'ancienne  église 
abbatiale  de  Villers.  Nous  invoquions  dans  ce  but  la  beauté 
de  son  architecture  et  son  importance  de  premier  ordre 
comme  monument;  nous  disions,  en  outre,  que  son  étal  de 


(l(''I;ibn'iiienl  jiormcUait  (!(!  faire  sur  !<■  vif  une  cliidc  appro- 
Ibiidie  ot  d'aillant  plus  pressante  que  l'édilice  pouvait,  d'un 
moment  à  l'autre,  s'elïbndrer  en  partie. 

J'ai  liàte  de  le  déclarer,  les  appréhensions  des  construc- 
teurs ne  se  sont  pas  réalisées,  car  depuis  lors  la  ruine  a  fait 
peu  de  progrès.  Des  déviations  ont  augmenté,  des  lézardes  se 
sont  élargies,  et  l'on  a  perdu  quelques  fragments  partiels  ; 
mais  l'ensemble  do  la  construction  est  encore  debout  avec 
ses  hautes  murailles  déhanchées,  qui  semblent  défier  les  lois 
de  l'équilibre. 

J'insiste  sur  le  but  de  cette  monographie  :  il  n'exis- 
tait rien  de  complet  ou  d'approchant  en  fait  de  dessins  de 
l'église  dcVillers;  or,  dans  cette  situation,  si  elle  venait  à 
s'effondrer,  c'eût  été  un  monument  tout  à  fait  perdu  pour 
l'art  national  ;  notre  œuvre  a  comblé  cette  lacune.  On  pos- 
sède maintenant,  pour  l'église,  tous  les  dessins  cotés  d'en- 
semble et  de  détails,  joints  à  une  description  minutieuse; 
une  sorte  d'état  des,  lieux,  un  enregistrement  des  faits 
archéologiques  (dont  cette  notice  n'est  qu'un  résumé),  avec 
une  étude  sommaire  de  la  structure  savante  de  l'édifice  et 
l'exposé  de  diverses  restaurations  basé  sur  des  preuves 
positives.  Tel  était  le  programme  qui  avait  été  posé  et  que  je 
crois  avoir  accompli  dans  toute  son  étendue,  h  tel  degré  que' 
la  catastrophe  inévitable  ne  sera  iioiiit  irréparable,  ou  (|u'un 
aura  cette  consolation  de  posséder  en  dessins  complets  et  ri- 
goureusement exacts  l'église  de  Villers  telle  qu'on  l'a  connue. 
Sous  ce  rapjjort  même,  rien  n'empêchera  qu'on  n'entreprenne 
un  jour  sa  reconstruction;  la  localité  (pn'  en  serait  dotée  aurait 
lieu  d'être  fière  de  posséder  un  monument  de  cette  valeur 
et  elle  rciidiait  un  seivicc  signalé  à  noire  art  architectural. 


—  'iGn  — 

Mes  grands  dessins  d'ensemble  uni  été  exécutés  au  trait, 
ce  qui  est  plus  correct.  Dans  un  édifice  d'une  aussi  grande 
beauté  de  proportions  que  Villers,  il  est  essentiel  de  pré- 
senter une  (euvre  graphique  d'une  précision  rigoureuse. 
Si  l'on  veut  rechercher  la  cause  de  certains  effets,  il  faut 
avant  tout  connaître  les  formes  réelles  et  les  dimensions  qui 
ont  créé  ces  effets. 

Je  crois  avoir  reproduit  à  grands  traits,  dans  ce  qui  peut 
le  plus  intéresser  l'art  architectural,  le  monument  tel  qu'il 
fut  au  xiiT'  siècle. 

Sans  doute,  il  faut  faire  son  deuil  de  ce  qui  a  été  enlevé  : 
charpentes,  toits,  flèches,  menuiseries,  verrières,  ferronne- 
ries, tombeaux,  statues,  mais  tout  cela  constitue  des  appen- 
dices, des  accessoires,  dont  h  perte,  regrettable  sans  doute, 
n'enlève  rien  au  mérite  d'un  chef-d'œuvre  d'architecture  ; 
l'édifice,  et  c'est  là  le  principal,  reste  intact  dans  sa  concep- 
tion, dans  son  originalité  native;  la  presque  totalité  des 
objets  dont  je  viens  de  parler  n'étaient  pas  dus  au  maître 
primitif  et,  dès  lors,  perdent  à  mes  yeux  beaucoup  de  leur 
intérêt. 

A  l'aide  des  dessins,  lorsque  de  nouveaux  éboulements 
surviendront,  de  nouvelles  parties  seront  mises  à  découvert 
et  permettront  de  résoudre  des  points  de  détail  inattendus 
et  d'autres  encore  insuffisamment  établis. 

Ce  qui  s'écroulera  d'abord,  on  peut  en  être  assuré,  ce 
seront  les  hautes  murailles  de  la  partie  ouest  de  la  nef,  le 
restant  de  voûte  de  cette  nef  contre  le  chalcidique  et  l'étage 
supérieur  des  tours;  on  comprend  qu'il  en  résultera  d'af- 
freux dégâts  dans  les  parties  inférieure   de  l'œuvre. 

La  nature  n'a    pas  été  contraii-e  à   la  conservation  de 


—  200  — 

l'égliso  de  Villcrs  ;  son  ennemi  aura  été  l'homme,  car  c'est 
lui  qui  n'a  rien  abrité  ni  rien  consolidé  quand  il  en  était 
temps  encore;  c'est  lui  qui  a  assisté  impassible  à  une  lente 
destruction  dont  il  aurai!  pu  aiTôter  les  progrès.  En  réalité, 
cette  monographie  est  la  première  marque  de  sérieux  intérêt 
que  l'on  donne  à  un  édifice  dans  lequel  s'afïirme  avec  éclat 
l'art  puissant  du  xiii*  siècle. 

Je  remarque  dans  le  plan  de  l'église  que  la  symétrie  y  est 
respectée  quand  elle  n'est  pas  un  obstacle  aux  dispositions 
générales  adoptées  pour  le  monastère;  sinon,  on  la  néglige 
ouvertement,  sans  recourir  à  des  palliatifs. 

A  l'intérieur  tout  devait  être  plâtré  ;  c'est  pourquoi  l'ap- 
pareil, aux  parties  en  pierres  ciselées,  est  souvent  d'une 
irrégularité  qu'on  ne  s'est  point  permise  à  l'extérieur.  Dans 
le  premier  cas,  les  matériaux  devant  être  cachés,  peu  impor- 
tail leur  forme;  il  suffisait  que  cela  fût  solide  et  l'on  y  trou- 
vait même  le  moyen  de  mettre  en  œuvre  des  pierres  de  tout 
calibi'e  et  surtout  les  déchets. 

La  règle  monastique  primitive  m'a  donné  la  clef  de  divers 
détails;  je  ne  rechercherai  pas  à  quel  degré  le  relâchement 
ou  l'abandon  de  certaines  de  ces  règles  influa  sur  les  chan- 
gements successifs,  qui,  sans  exception,  furent  tous  nuisibles 
au  monument  même.  La  plus  importante  de  ces  modifications 
fut  l'érection  des  sept  chapelles  du  collatéral  nord;  je  les  ai 
relevées  dans  mes  dessins;  elles  ont  bien  le  cachet  du  go- 
thique (le  la  seconde  période.  Mais  je  ne  me  suis  pas  arrêté 
aux  niudilicalions  rclalivcmeiii  récentes, comme,  |)are\einple, 
cette  cloison  (jui  parlait  du  chœur  et  s'engageait  du  transept 
dans  quehiues  travées  de  la  nef  et  pour  laquelle  on  a  coupé, 
sans  vcrgitgne,  des  saillies  de  bases  et  de  chapiteaux. 


—  207  — 

De  simples  ponctués  incliquenl  les  grandes  voûtes  qui  sont 
tombées;  celles  qui  subsistent  sont  marquées  par  des  traits. 
On  a  ainsi  la  situation  actuelle. 

Rien  n'est  figuré  de  la  partie  du  cloitre  adossée  à 
l'édifice  et  dont  l'examen  est  sans  intérêt  pour  l'étude  de 
l'église. 

En  consultant  les  documents  anciens  qui  nous  parlent 
de  l'abbaye,  j'ai  reconnu  que  les  iconographies  du  xvii"  siècle 
sont  assez  exactes;  celles  du  xyiii**  le  sont  moins. 

Je  n'ai  admis  dans  la  restauration  que  ce  qui  était 
confirmé  par  les  faits  établis  sur  des  preuves,  en  un  mol  ce 
qui  résultait  de  la  lecture  du  monument.  Tout  ce  qui 
avait  un  caractère  conjectural  a  été  écarté  des  restaurations 
graphiques. 

Les  déblais  ont  dégagé  deux  et  parfois  trois  carrelages 
superposés  ;  il  va  sans  dire  que  leur  nivellement  donne  des 
ondulations,  par  suite  de  tassements,  de  chutes  des  voûtes, 
d'affaissements  sous  la  charge  des  décombres,  etc.  Il  a  été 
tenu  compte  de  ces  divers  éléments  d'appréciation,  surtout 
aux  socles  de  portes  et  de  colonnes,  et  aux  anciens  seuils, 
afin  de  s'arrêtera  un  niveau  logique. 

II. 

Les  ruines  de  Villers  présentent  un  aspect  très-imposant. 
Composées  d'un  grand  nombre  de  bâtiments  construits  avec 
somptuosité,  isolées  dans  un  beau  vallon,  au  milieu  de  bois, 
elles  produisent  l'effet  le  plus  puissant  sur  celui  qui  les  con- 
temple. Des  collines  qui  les  entourent  on  peut  admirable- 
ment en  saisir  l'ensemble. 


—  SCxS  — 

L'église,  de  style  ogival  primaire,  domine  tout  par  sa 
masse;  elle  am'lc  le  regard  par  sa  grande  ligne  horizontale 
de  corniche,  qui,  avec  les  oculus,  lui  donnent  à  dislance  un 
cachet  oriental. 

En  regardant  la  façade  d'un  point  élevé,  on  aperçoit  deux 
édifices  de  second  ordre,  semblahles  à  des  églises  filles  de  la 
première  el  du  même  style  :  l'un  à  gauche  et  en  avant  de  la 
façade  est  ce  que  l'on  nomme  la  Brasserie;  l'autre,  à  droite 
et  en  arrière-plan,  est  l'ancien  Réfectoire,  séparé  de  l'église 
par  le  cloître.  Dans  la  môme  direction  que  la  façade  de 
l'église  s'étend  vers  le  sud  un  corps  de  bâtiments  en  ruines, 
que  l'on  désignait  dans  les  derniers  temps  sous  le  nom 
dlnfirmerie. 

Une  tradition  erronée  voit  dans  la  Brasserie  l'église  pri- 
mitive et  Schayes  dit  que  son  style  ne  dément  pas  celte 
hypothèse.  C'est  une  erreur  :  le  porche  du  temple  étant  du 
roman  pur,  remonte  i)lus  haut  que  la  Brasserie,  dans 
laquelle  les  différenlcs  dimensions  des  entre-colonnements, 
le  peu  d'élévation  de  la  voûte  e(  la  présence  d'un  grenier  for- 
mant étage  ne  permettent  pas  de  voir  un  temple.  La  légende 
d'ouvriers  étrangers  qui  l'auraient  construite  dans  l'espace 
d'une  nuit  peut  avoir  un  fond  de  vérité,  parce  que  les  détails 
y  sont  profilés  d'une  tout  autre  manière  que  dans  l'église  et 
le  réfectoire.  La  construction  dénote  même  une  exécution 
rapide  el  d'un  dessin  élianger,  les  maléi'iaux  ont  été  pris 
tels  quels  dans  une  carrière  située  à  deux  pas  de  là;  tout  y 
est  fort  simple  et  d'un  petit  caraclère.  Une  brigade  de  tâche- 
rons, avec  tout  le  personnel  des  serviteurs  de  l'abbaye,  aura 
enlevé  l'édifice  en  une  seule  campagne;  la  légende  vient  sans 

ddUli-    (le  là. 


—  2G0  — 

Le  réfecloire  est  une  œuvre  délicale,  bien  soignée;  il  a 
conservé  ses  pignons,  perdu  ses  colonnes  et  partant  ses 
voûtes.  Cet  édifice,  contemporain  de  l'église,  aura  été  dessiné 
par  le  maître  de  l'œuvre  de  celle-ci  ;  on  y  reconnaît  sa 
touche,  ses  prolils  et  son  mode  de  construire.  Ce  n'est  ni 
savant,  ni  hardi,  mais  bien  étudié.  Le  réfectoire  fut 
construit  aussi  sur  de  grandes  dimensions  pouj'  la  môme 
raison  :  la  prospérité  du  monastère  qui,  en  127.3,  comptait 
100  moines  et  300  convers.  Nul  doute  qu'à  l'époque  où  l'on 
construisit  ce  réfectoire,  l'abbaye  ait  eu  déjà  une  population 
nombreuse. 


IIL 


L'église  de  Villers,  je  parle  du  vaisseau  ogival  pri- 
maire du  commencement  du  xiii"  siècle,  est  une  œuvre 
magistrale,  dans  laquelle  l'architecte  s'est  non-seulement 
montré  à  la  hauteur  des  progrès  de  son  époque,  mais  encore 
a  réalisé  par  des  moyens  simples  et  logiques  d'avantageuses 
innovations. 

L'ordonnance  du  temple  est  pleine  d'ampleur  et  de  relief, 
et  chacun  est  d'accord  pour  reconnaître  l'élégance  de  ses 
proportions. 

La  construction,  faite  de  matériaux  qui,  très-certainement, 
étaient  pour  la  première  fois  employés  à  cette  échelle,  est 
bien  pondérée  et  équilibrée;  elle  résulte  de  calculs  certains 
et  dénote  une  expérience  consommée. 

J'ai  vainement  cherché  quelque  point  de  construction 
où  l'on  aurait  pu  prendre  le  maître  de  l'œuvre  en  défaut, 
un  fragment  quelconque    où  son    talent  aurait  dévié  ou 


—  :270  — 

faibli  par  erreur  de  calcul,  je  n'ai  rien  trouvé.  Partout  ce 
qui  marque  le  dépérissement  est  dû  au  vandalisme  du  siècle 
dernier,  sans  lequel  tout  serait  resté  dans  un  état  de  par- 
faite solidité.  L'église  de  Villers  n'avait  point  alors  par- 
couru la  moitié  de  la  carrière  à  laquelle  elle  pouvait 
prétendre. 

Ces  mérites  du  système,  je  les  retrouve  dans  les  détails 
de  construction,  et  je  reviens  sur  cette  sollicitude  attentive 
dans  le  choix  des  matériaux  et  l'assignation  qui  leur  est 
faite  de  l'emplacement  le  plus  favorable  à  leur  nature 
propre  et  leurs  dimensions.  Pour  parvenir  au  résultat 
obtenu,  il  fallait  non-seulement  du  savoir  et  de  l'intelligence, 
mais  aussi  l'exercice  d'une  surveillance  constante  et  dé- 
vouée. 

L'architecte  resta  le  strict  observateur  de  la  règle  de 
saint  Bernard  à  l'époque  où  cette  règle  était  déjà  moins 
suivie.  Le  célèbre  abbé  de  Clairvaux  n'a  pu  l'èver  un  mo- 
nument respectant  davantage  ses  goûts  de  simplicité  et  qui 
réunît  plus  de  grandeur  et  de  noblesse. 

En  contemplant  l'édilice,  on  sent  un  plan  bien  arrêté,  ren- 
dant ce  que  son  auteur  voulait,  restant  dans  le  courant  des 
idées  contemporaines,  mais  rempli  d'originalité;  malgré  les 
obstacles  d'une  règle  qui  aurait  entravé  un  architecte  moins 
capable;  le  maitre  sut  produire  des  éléments  décoratifs, 
aussi  nouveaux  que  distingués,  dans  un  domaine  où  la 
forme  artistique  paraissait  si  peu  réalisable.  Les  prollls  des 
moulures  soiil  |tleins  de  souplesse  et  de  roiidcui'.  Que  d'unité 
dans  les  lignes,  les  moulures  et  les  rares  orneniciiîs!  Toul  se 
lient,  se  lie  el  poi-le  l'ciiqjreinle  la  plus  absolue  de  l'indi- 
vidualih'. 


—  :27l  — 


IV. 


Le  gothique  primaire  a  iini)rimé  son  cachel  à  lu  masse  de 
l'édifice,  mais  il  s'y  trouve  des  portions  d'une  architeclure 
antérieure  ou  plus  récente.  Dans  ses  grandes  lignes,  il  se  pré- 
sente comme  suit  : 

L'avant-corps,  à  l'occident,  est  composé  d'un  porche 
roman  et  primitif  jusqu'à  l'clage,  sur  lequel  on  a  élevé  trois 
étages  terminés  horizontalement  à  hauteur  de  la  corniche  ; 
les  gables,  qui,  d'après  les  vues  de  Sanderus  et  de  Le  Roy, 
le  surmontaient  en  se  pénétrant,  ont  disparu,  ainsi  que  les 
toitures;  or,  comme  à  une  époque  peu  reculée,  on  a  abattu 
aussi  les  pignons  des  transepts,  il  se  lait  que  tout  est  réduit 
à  une  même  horizontale,  sur  un  développement  de  trois  cents 
mètres,  ce  qui  contribue  à  l'aspect  original  et  sans  exemple 
de  cette  ruine  célèbre. 

La  façade  est  mutilée  et  bouleversée  au  possible;  ses 
travées  extrêmes  constituent  des  commencements  de  tours 
arrêtés  à  la  hauteur  du  corps  de  l'église. 

Les  trois  nefs,  avec  leurs  dix  travées,  aboutissent  à  un 
transept  où  les  bas-côtés  se  répèlent  en  présentant  à  l'est 
de  chaque  croisillon  trois  chapelles  en  avant  du  chœur. 

Le  chœur  est  relativement  court  et  les  nefs  sont  fort 
longues;  ces  dernières  furent  faites  en  deux  époques.  Plus 
tard,  on  accola  sept  chapelles  au  flanc  septentrional  nord. 
Une  chapelle  au  bout  du  croisillon  du  transept  du  même 
côté  s'était  élevée  antérieurement;  ce  petit  édifice  est  bien 
construit,  et  sa  voûte  a  fait  bonne  contenance  jusqu'ici. 

L'œuvre  centrale  esta  trois  étages;  celui  du  milieu  existe 


réc'llemenl  au  eluL'iir  seul,  mais  an  Iransepl  coiiiiue  ;i  la  nef, 
il  cs(  ajtparciil,  il  simule  nii  trirorium. 

Au  dedans  cl  au  dclKjrs,  les  (rois  parties  princip;iles  : 
ncls,  Iraiisepls,  chœur,  s'hannonisent  pai-failement  ;  elles 
résument  l'église  de  Villcrs,  (pii  à  son  lour  résume  les  ruines: 
c'est  la  vérilablc  produclion  du  xiii'  siècle,  el,  si  un  long 
espace  de  temps  s'est  écoulé  après  l'achèvement  de  la  frac- 
tion primordiale  qui  du  chœur  va  jusqu'au  milieu  des  nefs, 
on  a  eu  ensuite  la  sagesse  de  suivre  le  mémo  plan  pour  la 
façade;  toutefois  le  second  maili-c  de  l'œuvre  ne  s'est  pas 
fait  faute  d'être  lui-même. 

V. 

Indiquons  rapidement  les  dilTérentes  parties  du  monu- 
ment dans  l'ordre  chronologique  de  leur  construction  pour 
donner  ensuite  ses  principales  dimensions. 

Ce  dernier  renseignement  ne  sera  pas  superflu,  car  parfois 
les  auteurs  sont  peu  exacts;  c'est  ainsi  que  Schayes  accuse, 
bien  à  tort,  Sanderus  el  Gramayo  d'avoir  exagéré  la  longueur 
de  l'église  en  la  portant  à  iOO  pieds,  altendu  qu'elle  ncn  a 
environ  que  TôO;  or  la  vérité  est  qu'elle  atteint  550  pieds. 

On  sait  que  le  monastère  fut  fondé  vers  H50. 

1"  Sous  l'entrée  de  la  grande  nef  existe  une  crypte 
romane  dont  la  voûte  est  portée  par  trois  pilettes  centrales. 
Elle  appartenait  au  tem])le  primitif  ou  du  moins  à  une  église 
antérieure  à  celle-ci;  j'estime  que  cette  substruction  date 
de  li;»0  à  1^200. 

2'  Vers  1200,  alors  (pie  les  voûtes  des  temples  commen- 
cent à  montrer  une  |)oinle  d'ogive  tandis  que  tout  le  reste 
est  fidèle  encore  au  iilein-cinire,  on  construisit,  sous  l'abbé 


Charles  de  Seyiie,  le  jiorelie  qui,  l'orFiu'!  d'un  simple  l'ez-de- 
chaiissée,  est  une  œuvre  essenlieilenienl  cislercienne.  En 
même  temps  l'ut  érigé  le  bâtiment  que  l'on  voit  à  droite. 

S*'  Dans  le  premier  quartduxiii"'  siècle  on  entreprit  l'œuvre 
capitale  :  le  vaisseau  de  l'église;  on  le  commença  par  le  chœur 
en  conservant  l'église  romane  et  en  cheminant  partie  par 
partie  jusqu'à  la  rencontre  de  celte  dernière.  Puis  il  y  eut  un 
long  temps  d'arrêt;  c'est  à  ce  point  de  jonction  que  se  trouve 
la  couture  que  Tarlier  et  moi  avons  découverte. 

4"  En  1^51,  Daniel  d'Yssche  fit,  selon  ce  que  nous 
apprend  mon  savant  collègue  M.  Wauters,  le  vœu  d'achever 
les  nefs,  vœu  qui  l'ut  réalisé.  Divers  repères  me  permet- 
tent de  fixer  l'époque  de  celte  adjonction  entre  le  milieu  et 
la  fin  du XIII"  siècle;  en  même  temps, on  construisit  les  étages 
supérieurs  du  portail. 

o'-*  Enfin,  au  xiv""  siècle,  alors  que  le  monument  était  com- 
plet, on  éleva  les  chapelles  latérales  du  coté  nord. 

A  une  époque  que  je  ne  puis  fixer,  mais  qui  pourrait 
bien  être  au  xv"  siècle,  le  porche,  qui  était  à  air  libre,  fut 
garni  à  son  ouverture  centrale  d'un  portail  indiqué  dans 
Sanderus  et  le  bai-on  Le  Roy,  et  dont  j'ai  retrouvé  les 
vestiges.  Alors  le  monument  dépassa  100  mètres  de  lon- 
gueur; sans  cette  porte,  elle  est  de  98  mètres,  à  bien  peu 
de  chose  près.  L'église  de  Clairvaux,  qui  est  contempo- 
raine de  celle  de  Villers,  est,  autant  qu'on  peut  en  juger 
d'après  le  dessin  en  petit  qu'en  donne  Viollet-le-Duc  dans 
son  précieux  Diclionnairc  raisonné,  de  même  longueur  et 
de  même  largeur  de  nefs. 

La  collégiale  de  Nivelles,  érigée  deux  siècles  aupara- 
vant, a  aussi  98  mètres  en  longueur;   si  je  cite  ce  détail, 


—  274  — 

c'est  à  cause  de  celle  Irès-curieuse  circonstance  que  dans 
le  même  arrondissement  du  Brabanl,  à  trois  lieues  de  dis- 
tance, se  trouvent  les  deux  seuls  grands  vaisseaux  d'église 
complets,  l'un  roman,  l'autre  ogival  primaire,  qui  nous 
restent  en  Belgique. 

La  longueur  dans  œuvre  de  l'église  de  Villers,  sans  le 
porche,  est  de  9r"80;  la  largeur  des  trois  nefs  entre 
murs,  de  20"'25;  celle  du  transept,  de  41 '"63. 

Les  mesures  des  élévations,  pour  les  causes  que  j'ai  indi- 
quées, sont  plus  sujettes  à  des  différences;  on  trouve,  en 
prenant  la  cote  du  pavement  moyen  de  la  grande  nef  : 
Sous  la  voûte  de  la  croisée     ....       ^5"70 
Id.  de  la  grande  nef        .         .         .       âô^oo 

Il  est  évident  que  les  voûtes  du  chœur  et  du  transept  qui 
sont  tombées  étaient  de  même. 

Corniche  extérieure âS^GS 

Le  sommet  ébréché  de  l'avant-corps  s'arrête  en  moyenne 
à  la  même  hauteur,  mais  il  la  dépassait  autrefois. 

Sous  voûtes  de  tous  les  collatéraux  .         .    9"'55  à  9"'70 

Étage  inférieur  au  dessus  du  premier  cordon,  chœur  et 

nef  ajoutés       .......         9"'oo 

Id.,  ailleurs 9™70 

Naissance  des  grandes  voùlos.         .         .         .       'lo'"3o 

Les  colonnes  ont  des  hauteurs  variant  pour  ainsi  dire  de 

Tune  à  l'autre;  je  les  évalue  de  .         .         .      3"80  à  e^OO 

VL 

Les  matériaux  dont  on  s'est  servi  à  Villers  se  composent 
pour  la  plus  grande  part  : 

A.  De  schiste  provenant  de  deux  carrières  voisines;  l'une 


se  (roiivc  pi'ùs  do  la  façade  scplenlrionale  do  rcgiis(\  l'aud'C 
e::l  à  colé  de  l'ancienne  porte  de  Bruxelles  ; 

Trois  autres  sortes  de  pierres  ont  été  mises  en  œiivi-c  ; 

B.  Un  tuf  jaunâtre  pour  les  embrasures  de  la  i)lupart  des 
l'onètres  et  les  nervures  de  la  voûte  du  chœur  ; 

C.  []u  tuf  calcaire  très-léger  dont  on  a  fait  tous  les 
panneaux  des  voûtes  supérieures  et  une  partie  des  colon- 
nettes,  tores  engagés  et  arcs-lbrmcrels  ; 

D.  Le  petit  granit  pour  les  claveaux  des  arcs-boutants, 
les  colonnes  établies  sur  le  chemin  de  ronde  afin  de  rendre 
ces  arcs  plus  roides,  les  clefs  des  voûtes  centrales  du  tran- 
sept et  de  la  partie  primitive  de  la  grande  nef. 

On  a  aussi  employé,  mais  d'une  manière  exceptionnelle, 
la  pierre  bleue  pour  le  bvas  des  colonnelles  marquant  les 
angles  intérieurs  de  l'abside  et  aussi  dans  des  parties  de 
colonnes  du  transept. 

VII. 

Décrivons  l'avant -corps,  dont  la  façade  fait  pitié  tant  elle 
est  abîmée;  ce  sont,  les  changements  successifs  qui  l'ont  dé- 
formée de  la  sorte;  il  m'a  été  bien  difficile  d'en  démêler  les 
éléments. 

Au  centre  est  l'entrée  en  plein-cintre  du  |)orche,  avec 
bases  de  colonnetles  au  milieu  d'une  épaisse  embrasure.  Ces 
eolonnettes  ont  disparu,  de  même  que  l'archivolte  qui  repo- 
sait sur  les  chapiteaux  conservés,  mais  devenus  frustes. 
Cette  baie  n'avait  ni  marches,  ni  vantaux;  elle  est  entourée 
d'un  revêtement  de  maçonnerie  grossière  qui  s'étend  sur  le 
bas  de  la  façade. 

Devant  cette  façade  on  plaça,  vers  1721,  en  vue  d'embel- 


—  276  — 

lissenienl,  une  îipplicalioii  en  pierre  de  taille  bleue,  pour 
laquelle  on  abatlil  les  contre-forts  et  d'autres  saillies;  on 
transforma  en  portes  les  fenêtres  extrêmes  et  l'on  boucha 
deux  petites  fenêtres  flanquant  l'entrée  centrale.  Toute  l'ar- 
chitecture moyen  âge  fut  masquée.  On  commit  alors  un 
acte  de  vandalisme  qui  élaitdans  les  idées  de  l'époque, 

A  l'intérieur  on  voit  la  trace  des  deux  fenêtres  susdites; 
comme  leur  contour  d'embrasure  descend  jusqu'au  pave- 
ment, et  que  l'allège  et  le  seuil  sont  cachés,  on  les  prendrait 
pour  des  portes. 

A  droite,  le  porche  est  limité  par  le  vieux  bâtiment  con- 
ventuel, que  j'ai  déjà  mentionné,  et  qui  est  en  saillie  sur  le 
porche  de  la  moitié  de  sa  profondeur  ;  plusieurs  de  ses  fenêtres 
à  l'étage  prenaient  autrefois  jour  au-dessus  de  ce  porche, 

La  façade  latérale  à  gauche  du  porche  présente  au  rez-de- 
chaussée  deux  fenêtres  fort  rapprochées  :  l'une,  la  plus  voi- 
sine de  la  nef,  a  été  ensuite  convertie  en  porte  ;  l'autre  a 
conservé  son  tympan. 

Des  deux  contre-forts  qui  flanquaient  l'angle  nord-ouest 
de  l'avant-corps,  un  seul  est  resté,  celui  qui  est  placé  en 
équerre  de  la  façade  latérale;  à  l'autre  bout,  un  second  con- 
tre-fort lui  correspond;  ils  différent  de  ceux  qui  sont  voisins 
et  qui  appartiennent  à  la  basse-nef. 

Les  sept  baies  du  porche,  comme  au  cloitre  de  ÎNivelles, 
n'avaient  primitivement  pas  de  châssis. 

En  élevant  la  vue,  on  découvre  les  traces  d'un  gros  cor- 
don d'étage  qui  se  raccorde  avec  le  dessous  du  glacis  des 
fenêtres,  sur  les  deux  façades  libres  de  cet  avant-corps.  La 
saillie  a  été  coupée,  ce  qui  permet  de  mieux  voir  que  l'étage 
est  en  retraite  de  0"'20.  Ces  indices  mettent  sur  la  trace 


—  :277  — 

rl'iiiio  iiiléressante  décoiiviM-lo  :  il  y  avnil.  I;i  un  rchii  sans 
lecHiel  on  n'aurail  pu  arrivor  aux  escaliers  extérieurs  de 
la  façade.  On  aboutissait  à  ce  relai  par  une  petite  porte, 
dont  on  ne  voit  plus  qu'un  frat^nient  d'embrasure  e(  (pii 
fait  partie  du  bâtiment  adjacent. 

Au  centre  de  la  façade,  une  grande  fenêtre  montait  jus- 
(pfau  niveau  de  la  corniche  générale  ;  elle  occupe  le  fond  du 
jubé;  l'ogive  en  est  tombée,  ce  qui  dégage  les  collatéraux 
et  les  fait  ressembler  à  des  tours  isolées. 

La  fenêtre,  parla  forme  de  ses  moulures,  dénote  qu'elle 
a  été  garnie  de  meneaux  classiques  du  premier  système; 
ses  gerbes  partaient  de  petits  chapiteaux,  en  con(re-bas  du 
centre  de  l'ogive  maîtresse.  Je  pourrais  tenter  de  la  recom- 
poser avec  des  chances  d'exactitude,  mais  cela  se  ferait 
plus  sûrement  encore  si  l'on  démolissait  la  maçonnerie 
qui  recouvre  le  seuil  portant  sans  aucun  doute  l'empreinte 
des  meneaux. 

De  chaque  cùlé  de  cette  verrière  est  une  fenêti-e  ogivale 
blindée  avec  delà  maçonnerie  brute.  Une  fenêtre  semblable 
se  trouve  dans  la  façade  latérale  nord,  et  son  meneau  cen- 
tral à  biseaux  est  répété  aux  fenêtres  masquées,  qui  étaient 
sans  doute  les  mêmes  :  le  jeu  des  meneaux  supérieurs 
consiste  dans  une  fourche  de  deux  ogives,  recevant  un 
cercle  quadrilobé. 

Un  cordon,  à  hauteur  du  centre,  les  contourne  au-des- 
sus. Ces  fenêtres  nous  montrent  le  schiste  mis  en  délit,  mode 
vicieux  et  quel'on  retrouvera  employé  dans  d'autres  parties 
du  monument  construites  en  même  temps. 

Sur  le  glacis  du  même  seuil  de  la  fenêtre  centrale,  je 
constate  une  incision  ogivale,  qui  confirme  l'authenticité 


—  ^78  — 

du  porlail   figuré   dans   les   gravures    du  Sanderus  et  de 
Le  Roy. 

Perpcndiculairemeul  à  rancieii  relai  jusqu'au  soniniel 
des  tours,  se  voient  (|ualre  arrachements  dont  la  largeur 
n'est  point  symétrique,  celui  de  gauche  étant  double  de 
celui  de  droite.  Les  plus  larges  sont  des  restes  d'escaliers  et 
les  plus  étroits  étaient  de  simples  contre-'brts.Les  escaliers- 
tourelles  étaient  à  demi  engagés  dans  la  muraille;  on  n'y 
communiquait  pas  du  rez-de-chaussée.  Heureusement  que 
le  porche  était  d'une  construction  assez  forte  pour  suppoi'ler 
cette  lourde  surcharge. 

Tout  le  corps  occidental  avait  été  plâtré  à  une  époque 
que  je  ne  saurais  indiquer  et,  sans  doute,  à  cause  du  mau- 
vais état  des  parements  supérieurs,  qui  étaient  moins  bien 
construits  que  ceux  du  rez-de  chaussée. 

Du  reste,  Sanderus,  en  1659,  et  Le  Roy,  en  1G97, 
représentent  la  lacadc  analogue  à  ce  que  je  constate  ; 
malgré  (\(^s  dilTérences  de  détail,  je  dirai  que  nos  images 
modernes  de  Yillers  sont  rarement  aussi  fidèles.  Les  dessins 
que  je  cite  figurent,  au  second  étage  de  chaque  tour,  une 
lri|)le  lenètrc,  tandis  qu'elle  n'a  |)u  èlre  que  double.  Est-ce 
un  caprice  de  l'artisle  voulant  corriger  l'architecture,  ou 
une  fenêtre  centrale  était-elle  sinudéc  en  plàUage  ou  en 
peinture? 

.le  reviendrai  sur  ces  dessins,  cpii  repivsentent  déjà 
les  lourelhis  connue  démolies,  ce  qui  s'exjjlique  par  ce  l'ait 
que  l'on  avait  renoncé  à  mettre  la  sonnei'ie  principale  dans 
ces  tours  et  (jue  ces  h-agilcs  escaliers  de  la  façade  avaient 
déjà  dû  beaucoup  souffrir  de  leur  exposition  à  l'ouest. 

Au  second  étage,  la   tour  de  droite   n'a  pas  de  fené(/-e 


—  279  — 

vers  le  côté  sud,  parce  que  le  pignon  de  l'infirmerie  y  met- 
tait obstacle,  mais  derrière  il  se  trouve  une  petite  fenêtre 
ogivale.  La  tour  de  gauche  au  même  niveau  est  ouverte  vers 
le  nord  par  une  fenêtre  également  de  faible  dimension, 
mais  en  anse  do  panier.  Les  restes  dont  je  viens  de  parler 
indiquent  que  l'élage  supérieur,  dans  lequel  le  chemin  de 
ronde  de  l'église  se  prolonge,  était  autrefois,  dans  chaque 
tour,  percé  sur  ses  trois  côtés  libres  de  rangées  d'oculus  en 
quatre  feuilles,  faisfmt  l'ornement  de  baies  larges  et  en  plein 
cintre. 

On  a  bouché  les  baies  des  façades  latérales,  mais  l'on 
peut  y  voir  deux  rangs  de  (rois  oculus  ;  à  celles  de  derrière, 
il  n'y  a  qu'une  seule  rangée. 

Ces  oculus  sont  à  l'intérieur  encaissés  dans  des  embra- 
sures rectangulaires,  faites  au  moyen  de  seuils,  de  linteaux 
et  de  montants  effleurant  la  muraille. 

Les  tours  sont  démantelées.  Celle  de  droite  est  en  plus 
mauvais  état;  une  large  brèche  se  montre. à  son  sommet  et 
descend  sur  la  façade  jusqu'à  l'ogive  de  la  fenêtre  du 
premier  étage. 

La  cause  de  ce  délabrement  provient  de  l'imprudence  que 
l'on  a  eue  de  mouler  cette  partie  de  tour  sur  le  pignon  du 
corps  de  logis,  assise  essentiellement  défectueuse  par  son 
obliquité. 

Vin. 

Revenant  au  point  de  dépari,  entrons  dans  le  porche, 
cet  abri  où  l'on  altendait  l'ouvcrlure  du  lemple.  J'y  ai 
découvert  les  resles  des  anciens  bancs  en  maçonnerie  qui 
existaient  le  lone  des  murs.  En  face  de  l'entrée  se  trouve 


—  ^280  — 

la  porte,  jadis  garnie  de  vantaux,  qui  s'ouvre  au  milieu 
de  la  gj'ande  nef;  on  y  montait  deux  marches.  Les  bases 
et  les  chapiteaux  sont  romans;  quant  aux  colonnetles  et 
au  tympan,  ils  ont  été  enlevés;  les  chapiteaux  d'un  côté 
ont  les  palmettes  retroussées,  ceux  de  l'autre  sont  à  pal- 
mettes  aiguës.  Les  pilasti-es  extrêmes  ont  été  accolés  posté- 
rieurement. La  grande  archivolte  plein-cintre  est  formée 
d'une  succession  de  moulures  à  tores,  très-refouillées  ;  elle 
aura  remplacé,  en  vue  d'élargissement,  à  la  fin  du  xiiT  siècle, 
l'archivolte  de  la  porte  romane  de  l'ancienne  église. 

On  remarque  dans  le  porche  d'autres  replâtrages  du 
même  temps,  tels  que,  ça  est  là,  des  cordons  et  les  deux 
cha|)ileaux  de  l'entrée  extérieure.  L'emploi  de  cales  en  fer 
pour  serrer  certaines  de  ces  pièces  ne  laisse  pas  de  doute  à 
cet  égard. 

Une  porte  bâtarde  communiquait  à  la  maison  monastique. 

On  voit  aux  extrémités  deux  baies  modernes  qui  donnent 
accès  aux  bas-côtés.  Dans  le  porche  et  même  plus  haut, 
on  remarque  les  trous  de  tirants  en  fer  dont  les  ancres 
retenaient  la  façade  Louis  XV  et  parfois  les  tirants  eux- 
mêmes  que  l'on  n'a  |)u  arracher. 

On  est  ici  en  présence  d'un  porche  roman  par  ses  quatre 
murs,  mais  la  manière  gothique  perce  déjà  dans  la  voûte, 
dont  la  forme  génératrice  accuse  timidement  l'ogive;  ses 
tympans  étroits  contre  les  longs  murs  sont  à  lancettes;  il  y 
a  une  lravé(;  cciitrule  carrée  et  (piati'e  travées  barlongues, 
séparées  par  des  arcs  cloubleaux  à  |)iolil  rectangulaire;  les 
arêtes  diagonales  sont  vives.  Les  sommiers  des  arcs-dou- 
bleaux  reposent  sur  d'intéressantes  consoles  larges,  sculptées 
et  de  forme  rcboiidiu.   Les  départs   des  arêtes  de  la  voùle 


—  281   - 

dans  ces  angles  onl  lieu  sur  de  pelils  culs-dc-lampe.  Les 
arcs-doublcaux  de  la  voûte  sont  comi)oscs  de  claveaux 
appareillés  et.  extradossés;  les  panneaux  sont  formés  d'éclats 
de  schiste  feuilletés,  comme  toutes  les  voûtes  du  monument 
autres  que  la  voûte  supérieure. 

Le  porche,  comme  d'ailleurs  tout  le  monument,  fut  plâtré 
et  peint  à  l'intérieur;  aussi  partout  on  retrouve  des  vestiges 
de  traits  de  diverses  couleurs  imitant  des  appareils.  Des 
moulures  et  des  ornements  furent  rehaussés  de  bandes- 
plates  brunes,  rouges,  vertes,  etc.,  la  plupart  aujourd'hui 
abimées  ou  cachées  sous  le  badigeon  des  derniers  temps.  Le 
fond  du  peinturage  primitif  est  jaunâtre. 

La  crypte  est  située  sous  les  (rois  premières  travées  de  la 
grande  nef,  avec  axe  différent  de  celui  de  cette  nef;  sa 
voûte  est  formée  de  huit  compartiments  sur  arêtes.  Des 
éboulements  l'ont  obstruée  en  grande  partie  depuis  nos 
mesurages  d'il  y  a  treize  ans,  sans  lesquels  la  recomposition 
de  sa  structure  ne  serait  plus  possible. 

On  y  arrive  du  cloître  par  un  couloir  accidenté.  L'ou- 
verture, qui  est  au  droit  du  mur  intérieur,  est  sans  doute 
l'ancienne  entrée  que  l'on  a  tant  bien  que  mal  raccordée 
avec  le  couloir  devenu  indispensable  par  suite  de  la  cons- 
truction de  la  nef  latérale.  En  face  de  cette  entrée,  au  mur 
opposé  de  la  crypte,  on  voit  une  ouverture  primitive;  un 
espace  d'environ  un  mètre,  recouvert  de  décombres  et 
d'eau,  empêche  de  savoir  si  c'est  une  fenêtre  ou  une  porte; 
(!ssayer  là  un  déblai,  c'est  courir  à  un  ensevelissement 
presque  certain  ;  ce  qui  n'est  pas  enfoncé  gémit  sous  les 
décombres  des  hautes  voûtes.  Il  ne  serait  pas  prudent  d'y 
rester  longtemps.  Là  se  trouve  le  commencement  de  deux 


282  

rnngées  de  tomhonux  ofTondrés,  sor(cs  (]o  fours  orientés  du 
nord  au  sud. 

Les  piliers  sont  composés  de  tambours  sur  lit  de  carrière, 
avec  chapiteaux  unis,  tenant  de  même  bloc  à  une  partie  du 
sommier,  afin  de  donnei-  plus  de  largeur  à  l'assise  naissante 
en  schiste.  La  voûte,  faute  d'une  hauteur  suffisante,  n'est 
pas  tout  à  fait  en  plein  cintre;  elle  est,  comme  les  murailles, 
bien  construite;  c'est  ce  qu'il  y  a  de  plus  ancien,  et,  dans 
les  meilleures  parties  plus  récentes,  on  n'a  rien  fait  avec 
plus  de  perfection.  Les  voussoirs  sont  plus  minces  et  de 
moindre  échantillon  qu'ailleurs.  Celle  voûte,  sans  nervures 
ni  arcs-doubleaux,  est  tracée  sur  des  plans  carrés,  selon  les 
principes  romains. 

De  là  pour  aller  à  la  cave  sous  le  porche,  on  passe  par 
une  profonde  embrasure,  qui  a  été  pratiquée  dans  le  mur 
primitif  lorsqu'on  y  accola  ce  porche. 

La  cave,  dépourvue  de  loul  caractère  artistique,  esl 
inondée  sur  une  hauteur  de  0"'70  à  l'"00;  elle  esl  voûtée 
d'un  berceau  en  arc-de-cercle.  Le  mur  placé  entre  ces  deux 
.souterrains  esl  d'une  épaisseur  inusitée,  ce  qui  s'explique 
parce  que  c'était  la  fondation  de  l'ancienne  façade,  dont  les 
assises  avancées  auront  été  reparemenlées. 

A  l'extrémité  nord,  il  y  a  une  porte,  ancienne  communi- 
cation extérieure;  à  l'autre  extrémité,  un  soupirail,  prali(pi('' 
dans  le  mur  du  bâtiment  conventuel. 

Sur  le  porche  se  trouve  un  jubé  llampié  de  deux  tri- 
bunes, qui  en  phm  répondent  ii  la  gi-ande  nef  et  à  ses  colla- 
téraux. Le  prolongement  des  colonnades  a  lieu  par  des 
arcades  bombées  qui  supportent  (assez  dinicilcmenl,  car 
elles   ont   n(''chij  les  étages  suj)éi'ieurs   de  cette   nef.  Klles 


—  28r,  — 

enjambent  la  largeur  du  porche  sans  avoir  rien  do  commun 
avec  le  tracé  des  arcs-doublcaux  de  celui-ci,  dont  la  concep- 
lion  n'avait  pas  prévu  un  surhaussement;  la  disposilion  de 
ces  arceaux  plats,  agiss;mt  sur  un  point  faible,  est  hasar- 
deuse et  sulTirait  pour  prouver  ce  que  je  viens  d'avancer. 

Je  parlerai  du  jubé  contrai  rpiand  j'arriverai  à  la  nef, 
dont  il  fait  partie  intégrante  ;  je  me  bornerai  à  dire  ici  qu'en 
déblayant  les  décombres  j'ai  remis  au  jour  la  tablette  qui 
supportait  la  balustrade  en  bois;  j'ai  en  même  temps  trouvé, 
comme  dans  les  tribunes,  des  restes  de  pavement  en  petits 
carreaux  céramiques  de  couleur  et  vernissés. 

Dans  la  tribune  sud,  on  aperçoit  les  fenêtres  romanes  de 
la  maison,  qui  ont  été  bouchées  par  suite  de  l'exhausse- 
ment, entreprise  imprudente  et  d'une  si  mince  économ.ie  que 
je  la  suppose  subie  pour  éviter  un  dérangement  aux  hôtes 
de  la  salle  contiguë,  qui  était  importante,  puisqu'elle  avait 
sur  la  hauteur  une  double  rangée  de  fenêtres. 

Les  deux  croisées  du  bas  donnaient  immédialemont  au- 
dessus  du  porche;  lorsqu'on  exhaussa  celui-ci,  elles  servi- 
rent à  établir  une  communication  vers  les  tribunes  et  le 
jubé. 

Les  tribunes  sont  couvertes  de  voûtes  d'arête  en  ruine; 
à  celle  nord,  il  y  a  des  formerels  d'un  profil  en  tore.  Il  n'y 
on  a  pas  à  la  tribune  sud,  parce  que,  dans  le  pignon  sur- 
haussé, on  n'a  pu  pratiquer  qu'une  simple  incision  poui- 
supporter  les  voussoirs.  La  voûte  de  chacune  porte  sur  des 
colonnettes  placées  aux  quatre  angles  et  dont  les  chapiteaux 
se  regardent  en  sens  diagonal.  Il  va  sans  dire  que  dans  ces 
Iribunes  on  retrouve  les  fenêtres  ogivales  à  meneaux  signa- 
lt';es  dans  la  description  extérieure.  Deux  ouvertures  do  soi'- 


—  -284  — 

vice  permettent  de  communiquer  des  basses-nefs  à  ces  tri- 
bunes. 

Montons  maintenant  dans  les  tours,  qui  se  composent  de 
deux  étages  figurés  au  dehors,  mais  n'en  faisant  qu'un  en 
réalité.  Il  est  inutile  de  dire  que  ces  tours  n'ont  pas  de  com- 
munication entre  elles,  séparées  qu'elles  sont  par  la  nef.  On 
y  arrivait  jadis  par  les  escaliers  en  escargot  de  la  façade, 
dont  les  portes  ont  été  blindées  lorsque  l'on  condamna  ces 
communications  ;  des  plis  dans  les  angles  où  ils  débouchent 
en  montrent  la  trace. 

La  démarcation  entre  ces  étages  est  figurée  par  un  relai 
étroit  sur  corbeaux  aux  quatre  parois  intérieures;  il  n'est  que 
la  suite  du  chemin  de  ronde  du  monument. 


IX. 

Voici  la  description  extérieure  de  l'église. 

Le  chœur  est  la  partie  gothique  la  plus  ancienne;  le  che- 
vet de  celui  de  Villers  consista  dans  un  demi-décagone  ré- 
gulier. A  la  direction  des  angles  vers  le  centre  répondent  six 
contre-forts  vigoureux,  entre  lesquels  les  trois  fenêtres  super- 
posées de  chaque  travée  n'ont  place  que  pour  leur  encadre- 
ment. 

Les  sept  fenêtres  du  chœur,  au  rez-de-chaussée,  sont  en 
ogive;  il  en  est  six  d'un  même  profil;  l'embrasure  centrale 
est  à  biseaux,  ce  qui  est  répété  aux  trois  fenêtres  des  cha- 
pelles orientées  du  côté  nord,  tandis  qu'à  la  septième  ce  cadre 
est  ii  moulures.  Cette  fenêtre  est  la  plus  rapprochée  des  cha- 
pelles correspondantes  du  côté  sud  et  dont  les  fenêtres  ont  la 
même  embrasure  moulurée,  consistant  dans  un  tore  avec 


-  USo  — 

rainure  au  cenire  pour  châssis  et  deux  grands  cavels  qui 
le  dégagent. 

Au  premier  étage,  il  y  a  aussi  sept  fenêtres,  composées 
chacune  de  deux  oculus,  avec  arc  supérieur  en  plein-cintre 
et  concentrique  En  outre,  vers  le  transept,  on  voit  de 
chaque  côté  deux  petites  baies  ogivales  trilobées  ;  ce  son! 
des  espèces  de  tribunes  se  trouvant  dans  le  comble  des  cha- 
pelles orientées.  Au-dessus  d'elles,  on  voit  au  dehors,  faisant 
suite  aux  sept  doubles  oculus,  une  fenêtre  toute  semblable 
pour  la  partie  haute. 

Afin  de  donner  une  idée  de  cet  étage,  ajoutons  que  deux 
autres  renfoncements,  de  forme  semblable  et  figuratifs,  se 
trouvent  au-dessus  des  ouvertures  ogivales  les  plus  rappro- 
chées des  chapelles. 

Les  jambages  de  ces  fenêtres  cintrées  de  l'étage  sont  aussi 
en  biseau;  mais,  au  lieu  de  se  trouver,  comme  en  bas,  dans 
une  embrasure  à  angle  droit,  ces  biseaux  marquent  sur  le 
nu  extérieur.  A  chaque  fenêtre,  il  y  a  un  oculus  pur, 
un  à  deux  palmetles  rondes  et  deux  en  arc  brisé.  Ces  cer- 
cles sont  alternatifs  en  haut  et  en  bas,  de  proche  en  proche. 
Aux  embrasures  précitées,  qui  sont  en  biseau,  il  y  a  des 
parties  de  pieds-droits  en  délit;  mais  le  choix  des  pierres 
est  si  soigné  et  la  liaison  si  parfaitement  établie  au  moyen 
de  boutisses  rapprochées,  qu'il  n'est  résulté  aucun  tort  de 
cet  arrangement  dicté  par  l'économie. 

Les  oculus  sont  composés  de  claveaux  en  délit  de 
O"'20  d'épaisseur,  faisant  construction.  Aux  grandes  fenêtres 
des  transepts,  ils  sont  de  structure  semblable. 

Les  onze  travées  que  l'on  compte  au  premier  étage  se  ré- 
pètent avec  autant  de   fenêtres  à   l'étage  supérieur;  leurs 


—  280  — 

embrasures  rectangulaires  en  reçoivent  une  plus  petite  en 
liif  jaune,  moulurée  et  posée  après  œuvre;  c'est  à  ces  fenê- 
tres cpi'au  dehors  on  voit  les  premières  applications  de  cette 
pierre  légère  et  tendre. 

Les  chemins  de  ronde  du  chœur  sont  formés  de  dalles 
reposant  sur  une  saillie  supportée  par  des  arcs  de  faible 
flèche  et  pour  le  surplus  par  des  corbeaux  creux.  Des  arcs 
semblables  surmontent  et  couronnent  les  fenêtres  supé- 
rieures, mais  les  contre-forts  s'arrêtent  en-dessous  de  ces  arcs 
et  sont  continués  en  élévation  par  des  colonnettes  engagées  ; 
le  chapiteau  de  ces  colonnettes  reçoit  la  naissance  de  ces  arcs 
bombés  et  supporte  une  colonnelte  plus  pelilo.  qui  rompt  la 
monotonie  des  corbeaux  de  la  corniche. 

Dans  l'œuvre  entière,  les  corniches  et  les  chemins  de 
ronde  sont  aussi  posés  sur  des  arcs  plats;  les  modillons, 
supprimés  aux  relais,  sont  maintenus  au  couronnement,  et 
jusqu'à  la  coulure  du  milieu  longitudinal  do  la  nef,  les  enca- 
drements des  fenêtres  supérieures  sont  aussi  en  tuf  et  de 
forme  semblable  à  ceux  des  onze  fenêtres  précitées  du 
chœur.  Depuis  celte  couture  jusqu'au  jubé,  c'est-à-dire  du 
milieu  de  la  cinquième  travée,  à  compter  des  gros  piliers  de 
la  croisée,  cette  pierre  cède  la  i)lace  au  schiste  local  pour 
les  jambages  des  croisées. 

A  chaque  groupe  de  trois  chapelles  des  transepts,  on 
compte  trois  contre-forts  saillants,  y  compris  celui  du  bout. 
De  leur  quatrième  zone  s'élancent  les  arcs-boutants  dont  la 
courbure  est,  afin  d'offrir  plus  de  résistance,  en  claveaux 
appareillés  de  pierre  bleue,  chargés  d'une  maçonnerie  en 
petit  appareil  de  schiste. 

Plus  Idiu,  le  liane  nord  de  l;i  nef  el  le  côlé  adjacent  des 


—  ;2,S7   - 

Iransepls  monlreiil  leurs  arcs-bouUinls  recliaigés  après 
toiii»;  on  sent  là  une  résolution  pénible,  mais  inévitable  en 
présence  de  circonstances  inattendues. 

Le  front  des  arcs-boutants  est,  je  m'en  suis  assuré,  pai- 
laitement  établi  au  })oint  où  s'exprime  la  résultante  de  la 
poussée  des  voûtes.  Une  colonnelte  de  pierre  bleue,  sorte 
de  cbandelle,  portée,  partie  sur  le  relai,  partie  sur  une 
console  en  besace,  donne  du  roide  h  l'arc-boutant  et  laisse 
un  passage  entre  elle  et  le  mur.  On  voit  dans  ces  colon- 
nettes  les  entailles  d'un  garde-corps  assurant  la  sécurité  de 
ceux  cpii  devaient  parcourir  ces  voies.  Les  dalles  recou- 
vrant les  chemins  de  ronde  sont  en  pente,  afin  de  rejeter  les 
eaux  sur  les  toits  collatéraux. 

A  toutes  les  fenêtres,  on  voit  les  traces  des  alvéoles  des 
barreaux  qui  les  divisaient  en  compartiments  vitrés. 

J'ai  dit  que  les  pignons  terminaux  primitifs  avaient  été 
al'lleurés  à  niveau  des  bordières;  ils  furent  remplacés  par 
des  croupes  de  toiture;  le  dessus  de  ces  pignons  n'est  pas 
recouvert,  comme  les  murs  goutterols  primitifs,  de  pierres 
plates  formant  saillie  et  qui,  au  chœur,  n'ont  pas  moins 
de  1"'35  et  ailleurs  de  i"'55  de  largeur. 

La  difficulté  de  se  procurer  de  ces  dalles  d'une  certaine  lon- 
gueur, explique  Timportance  que  l'on  y  attachait  |)oui'  parer 
aux  conséquences  des  fuites  d'eaux,  surtout  dans  des  temps 
calamiteux  où  l'on  devait  abandonner  le  monastère  ;  de  cette 
difliculté  sont  résultées  des  différences  dans  les  espacements 
des  corbeaux  ;  on  tenait  à  avoir  les  joints  sur  l'un  des  modil- 
lons,  et  l'on  se  gardait  bien  de  recouper  une  dalle  pour  (pie 
les  intervalles  fussent  égaux. 

A  la  corniche  du  chœur,  les  modillons  ont  la  forme  re- 


—  t>8H  — 

bondie  d'un  loro;  paiioiil  ailleurs,  au  dehors,  ou  ne  voit 
absolument  que  des  corbeaux  échancrés. 

C'est  lorsqu'on  est  sur  les  débris  des  voûtes  supérieures 
que  l'on  remarque  la  déformation  survenue  dans  les  deux 
murs  de  la  nef;  celui  du  nord  surtout  fait  l'S  d'une  manière 
affreuse,  avec  inclinaison  vers  le  centre  de  l'œuvre.  La  mu- 
raille sud  dessine  également  une  courbe,  mais  moins  accen- 
tuée. Cet  état  critique  résulte  de  la  poussée  des  arcs-boulanls, 
(jui  s'exerce  depuis  la  chute  des  voûtes. 

N'oublions  pas  que  le  flanc  nord  est  précisément  celui 
qui  a  nécessité  la  charge  des  arcs-boulants. 

Le  système  de  bordière  des  toits  aux  collatéraux  consiste 
dans  de  petits  corbeaux  supportant  une  tablette.  Partout  ces 
toits  étaient  d'un  seul  égout;  descendant  du  chemin  de  ronde, 
leur  ligne  reste  tracée  sur  les  pieds-droits  des  arcs-boutants. 

J'ai  retrouvé  un  certain  nombre  d'ardoises;  les  plus 
minces  étaient  naturellement  les  plus  modernes;  mais  il  y 
en  avait  d'anciennes,  fort  épaisses,  mesurant  0"'4.o  sur  O"'^! . 

Nulle  part  je  n'ai  remarqué  de  traces  de  chéneaux 
ni  de  gouttières;  les  eaux  avaient,  du  reste,  leur  décharge 
aussi  régulière  que  facile;  on  a  évité  en  partie  le  système 
de  fermes  en  bois,  au  moyen  de  légers  arcs  en  maçonnerie 
qui  supportaient  les  cours  des  vergues. 

Les  combles  n'existent  plus,  on  voit  au  |)ourtoui'  des 
collatéraux  les  arcades  figuratives  (|ui  jiréparent  une  saillie 
pour  le  chemin  de  ronde  ;  elles  sont  bandées  sur  des  pilastres 
correspondant  aux  colonnes  intérieures. 

Les  pignons  des  transepts  font  interruption  avec  l'ordon- 
nance architecturale  du  monument;  les  lignes  interceptées 
se  retrouvent  en  deçà  et  au  delà. 


—  t>8'.l  — 

Lo  li';uis(^|)l  siiil  rsl  rii.irinir  de  i-enlbncemenls,  Irouées, 
reniplissagos,  suporfétalions  parasites  de  diverses  époques, 
pratiquées  sans  plan  arrêté.  On  y  voit  la  porte  moderne  qui 
donnait  accès  à  la  sacristie  et  qui  sert  aujourd'hui  d'entrée 
principale  aux  visiteurs,  d'où  la  vue  du  transept  opposé  est 
d'un  très-bel  e(Tet. 

La  verrière  sud  est  moins  correcte  que  la  verrière  oppo- 
sée :  ses  oculus  supérieurs  sont  tronqués  par  le  passage  de  la 
courbe  maîtresse  supérieure.  Ces  oculus  sont  disposés  en 
trois  rangées  de  trois,  divisés  horizontalement  par  des  cor- 
dons et  verticalement  par  des  colonnettes  dont  les  chapi- 
teaux s'arrêtent  à  hauteur  de  centre  des  œils  supérieurs 
pour  recevoir  des  archivoltes  à  tores.  Au  niveau  du  seuil 
est  un  rclai  régnant  sur  toute  la  façade  et  qui,  si  l'on  monte 
quelques  marches  en  retour  de  chaque  bout,  permet  d'at- 
teindre aux  deux  lianes  du  transept  le  grand  chemin  de 
ronde. 

Au  rez-de-chaussée,  dans  le  pignon  nord,  se  trouve  la 
porte  d'entrée  dite  du  Robermont,quiest  d'ogive  pure  au  de- 
hors et  écrasée  à  l'intérieur.  Au-dessus,  il  y  a  trois  fenêtres 
ogivales  à  structure  de  schiste,  avec  remplissages  d'embra- 
sures en  pierre  jaune.  Ce  groupe  de  fenêtres  est  surmonté 
d'une  verrière  analogue  à  celle  du  sud  ;  elle  a  neuf  oculus 
égaux;  deux  petits  œils  isolés  la  surmontent. 

Les  pilastres  des  trumeaux  sont  couronnés  de  chapiteaux 
à  feuilles  d'une  coupe  spéciale.  Comme  à  l'autre  façade,  un 
grand  arc  recouvi-e  ces  vides  et  rejette  la  charge  supérieure 
sur  les  extrémités,  mais  avec  cette  différence  qu'au  lieu  de 
former  une  courbe  pure,  elle  a  une  légère  marque  ovoïdale. 
Un  relai  suit  aussi  le  pied  de  cette  verrière  ;  il  est  en  partie 


—  ^290  — 

sur  des  consoles;  à  gauche,  une  découpure  dans  le  li'uiueau 
el  le  coiilre-lbrl  permel  une  descente  vers  les  voùles  des  clia- 
pelles  orientées,  en  même  temps  qu'un  escalier  se  dirige 
vei's  le  relai  supérieur. 

Une  tourelle  avec  escalier  ménagé  dans  l'angle  de  droite 
et  dont  la  mince  paroi  est  affermie  par  le  contre-fort,  prend 
naissance  un  peu  en  dessous  du  relai.  C'est  par  cet  escalier 
que  l'on  va  an  sommet  de  l'édiOce  et  que  se  réalise  la  com- 
inunicalion  la  plus  normale  avec  les  côtés  oi'ienlaux  du  tran- 
sept et  les  deux  chemins  de  ronde  du  chœur. 

Une  autre  tourelle,  moins  élevée,  se  voit  derrière  la  cha- 
pelle au  collatéral  ouest  de  ce  transept;  elle  renfernic  un 
escalier,  pi-écédant  une  montée  ohlique  qui  rejoint  l'autJ'e 
tourelle.  Les  deux  contre-forts  du  pignon  sont  aussi  élevés 
que  rédilicc!. 

La  chapelle  adossée  à  ce  transept  el  dont  j'ai  déjà  parlé  est 
une  œuvre  assez  sérieuse  du  xiv*  siècle.  A  l'extérieur,  elle 
constitue  un  édicule  à  part,  avec  son  pignon  et  ses  doubles 
contre-foi'ls  d'angles.  Lorsque  par  la  suite  on  mutila  le  bas- 
côté  pour  bâtir  successivement  sept  autres  cliapelles,  on  se 
raccorda  à  ses  jwincipales  lignes  architecturales. 

En  façade,  elle  a  une  grande  fenêtre  ogivale  avec  archi- 
volte dont  les  départs  sont  frustes;  latéralenienl  elle  ])ré- 
senle  des  demi-fenètres  sans  archivoltes. 

Les  côtés  ouest  du  transept  sont  dans  leui-  l'égion  supé- 
rieui'c  pour  ainsi  dire  les  mômes  ;  on  y  retrouve  les  cor- 
niches et  les  arcs  déjà  cités,  avec  des  fenêtres  élancées.  La 
seule  différence  qui  mérite  d'éti'e  notée,  c'est  la  tourelle 
d'escalier  ii  l'angle  extrême  du  croisillon  nord. 

Le  rez-de-chaussée  à  chaque  bas-cùlé  présente  des  diflé- 


—  ^91    — 

renées  esseiilielles;  ces  parties  sont  édifiées  selon  des  prin- 
cipes (oui  opposés.  Du  cùlé  sud,  l'existence  du  cloître  ayant, 
nécessité  la  construction  d'un  mur  uni,  on  l'a  fait  d'une 
épaisseur  considérable  pour  y  asseoir  en  travers  le  pied  des 
arcs-boutants.  En  outre,  les  fenêtres  de  la  nef,  pour  prendre 
jour  au-dessus  du  toit  du  cloître,  ont  dû  être  fort  hautes 
d'appui  et  l'approchées  de  la  corniche.  Leurs  seuils  corres- 
pondent à  un  cordon  sur  le  faîtage  du  cloître. 

Au  nord,  où  l'on  était  Ubre,  les  collatéraux  restèrent  fran- 
chement gothiques  avec  contre-forts  saillants,  conformes  à 
ceux  que  j'ai  constatés  déjà,  et  déterminant  des  travées  au 
milieu  desquelles  il  y  a  une  grande  fenêtre,  hante  d'ogive 
et  basse  d'appui,  avec  embrasures  moulurées  dans  la  forme 
ordinaire. 

On  a  profité  de  la  forte  épaisseur  de  muraille  du  collatéral 
du  transept  vers  le  cloître  pour  y  loger  un  escalier  qu'éclai- 
rent deux  fenêtres  semblables  à  celles  du  bas-côté  voisin  ;  il 
monte  sur  l'extrados  des  voûtes  basses.  Sous  cet  escalier  se 
voit  la  niche  du  tombeau  du  bienheureux  Gobert,  seigneur 
d'Aspremont. 

A  côté  de  ce  tombeau  on  trouve  une  porte  de  l'église 
offrant  cette  particularité  déjà  reconnue  dans  l'entrée  de  la 
grande  nef,  que  ses  bases  et  chapiteaux  sont  romans  et 
appartenaient  à  n'en  pas  douter  aux  portes  de  l'église  précé- 
dente. A  défaut  de  cette  explication,  ces  deux  portes,  com- 
posées d'éléments  différents,  seraient  énigmatiques.  Les 
chapiteaux  de  la  porte  Gobert  sont  par  groupe  de  trois;  à 
l'un  îls  sont  unis,  à  l'autre  ils  sont  décorés  de  feuilles  aiguës 
et  collées.  On  a  établi  sur  ces  chapiteaux  trois  rangs  de 
claveaux  sans  moulures.  Cette  porte  est  ogivale  vers  le 


292  

cloîlreel  de  plein-cinlrc  vers  la  nef;  le  lympan  qui  cachait 
celle  irrégidarilé,  comme  les  montants  et  les  lïïls  des  colon- 
nettes,  ont  disparu,  circonstance  qui  existe  pour  les  trois 
portes  principales  du  monument. 

Dt's  rouilles  que  j'ai  opérées  dans  cet  angle  de  l'église 
m'ont  montré  les  empreintes  des  six  marches  (pic  l'on  des- 
cendait pour  être  au  niveau  du  cloilre. 

La  niche  du  tombeau  est  du  xiv'  siècle;  son  archivolte  de 
face  et  ses  pieds-droits  sont  très-délicatement  moulurés;  au 
milieu  de  ceux-ci  était  une  colonnette  monolithe,  dont  il 
reste  le  chapiteau  et  la  hase;  il  y  a  sous  les  nervures  qui 
croisent  la  voûte  rectangulaire  de  la  niche  des  restes  de 
culs-de-lampe  dont  l'un  est  fort  délicat.  Le  fond  est  décoré 
d'une  belle  rosace  à  jour,  que  l'on  peut  voir  de  l'église  et 
qui  est  formée  de  sej)loculus  semblables,  à  (piati-e  feuilles. 
Ce  tombeau  du  bienheureux  Gobert(mort  en  1:205)  fut  sans 
doute  exécuté  vers  13(35-1367,  époque  où  l'on  éleva  celui  de 
Jean  III,  duc  de  Brabanl, 

En  pratiquant  des  fouilles,  en  18G5,  avec  ïarlier,  nous 
avons,  dans  cette  niche  même,  retrouvé  mutilés  et  incom- 
plets les  l'estes  d'une  statue  de  moine  qui  ajjpartenait  sans 
doute  au  second  tombeau  érigé  en  IG4(S;  la  tète,  les  jambes 
et  les  mains  avaient  disparu,  mais  on  voyait  (pie  ces  der- 
nières avaient  été  jointes.  La  statue  élait  en  marbre  noij'  et 
poli. 

La  ))orle  trilobée  (pii  (>ccui)c  l'antre  boni  de  la  nef  sud 
l'orme  la  Iroisième  et  dernière  grand(*  porte  donnant  dans 
les  nefs;  elle  est  moins  ancienne  (pie  les  autres  et  a  dû  être 
pratiquée  dans  la  .seconde  moitié  du  xiii"  siècle,  si  l'on  en 
juge  ))ar  son  style.  Dans  son  .■uThivollr',  les   moulures  in- 


—  ^21)5  — 

léri(HiiTs,  au  lieu  de  suivre  la  couibure  maîtresse  qui  est 
ogivale,  se  coudenlau  milieu  pour  former  un  tympan  trilobé 
à  ogive  légèrement  pointue.  De  chaque  côté  des  embrasures, 
dans  des  renfoncements  rectangulaires  comme  aux  deux 
autres  portes,  mais  dont  les  arêtes,  au  lieu  d'être  amorlies 
d'une  baguette,  le  sont  par  un  cavet,  se  Irouvaient  trois 
colonnettes  avec  bagues  restées  en  place,  mais  dégradées  et 
frustes.  Les  bases  et  les  chapiteaux,  comme  d'ordinaire, 
sont  conservés. 

Les  chapiteaux  sont  à  bourgeons  évasés  se  rencontrant 
et  d'un  faire  très-délicat. 

Il  y  a  cinq  degrés  pour  descendre  au  cloître;  l'étroitesse 
du  palier  intermédiaire,  à  carrelages  coloriés,  sur  lequel 
toui'nait  la  porte,  prouve  que  cette  porte  était  garnie  de 
volets  se  repliant;  du  reste,  éloignée  du  centre  actif  du  mo- 
nastère, qui  se  trouvait  vers  le  transept,  cette  entrée  devait 
être  d'un  usage  peu  fréquent.  Comme  aux  deux  auti'es 
portes,  une  barricade,  dont  on  voit  les  gaines,  défendait  les 
vantaux. 

La  porte  est  construite  de  trois  sortes  de  matériaux  :  une 
partie  en  schiste,  l'arc  trilobé  en  tuf  jaunâtre  asse.^  mal 
appareillé,  le  reste  en  marbre  gris,  comme  il  s'en  trouve 
quelque  peu  au  tombeau  de  Gobert.  Ce  marbre,  provenant  à 
ce  que  je  crois  de  la  ])rovince  de  Namur,  est  d'une  taille 
assez  diflicile,  mais  d'un  grain  très-tjn,  projjre  au  poli.  Ce 
mélange  s'explique  en  ce  que  l'on  était  à  couvert  et  que  l'on 
conq)lait  sur  une  décoration  en  peintui-e,  qui  cependant  ne 
s'exécuta  pas. 

A  gauche  de  la  porte  se  trouve  une  baie  en  arc-de-cercle 
surmontant  l'entrée  de  la  crypte;  je  pense  (iu(;  dans  l'origine 


—   ^2'.)4  — 

c'était  par  là  (lue  les  moines  venaient  à  l'église  |)Oiii"  les 
matines. 

La  grande  nel"  a  ses  deux  étages  supérieurs  d'ordonnance 
analogue  à  ceux  des  côtés  adjacents  du  transept.  A  droite 
et  à  gauche,  nous  voyons  la  coulure  bien  accentuée  au  mi- 
lieu de  la  travée  entre  les  cinquième  et  sixième  arcs-bou- 
lants,  à  compter  de  la  tour.  Ces  arcs,  au  nombre  de  neuf, 
séparent  dix  fenêtres. 

Cette  couture,  qui  l'orme  la  jonction  des  deux  parties 
des  nefs  qui  ont  été  construites,  ai-je  dit,  à  des  époques 
différentes,  a  nécessité  au  côté  sud,  dans  le  i-enfoncement 
de  l'étage  qui  correspond  au  Iriforium,  une  arcalure  sup- 
portant la  partie  du  chemin  de  ronde  qui  est  posée  sur  arc 
bombé  interrompu. 

Lors  de  la  reprise  des  travaux,  celte  arcature  devint 
inutile;  on  la  laissa  néanmoins  et  elle  constitue  un  jalon 
certain  pour  l'histoire  de  l'œuvre. 

Au  côté  nord,  on  a  effacé  l'arcature 

La  seconde  partfe  ajoutée  de  la  nef  va  de  celte  jointure 
jusques  et  y  compris  la  façade  ouest.  On  suivit,  comme  je  l'ai 
noté,  le  même  dessin  de  nef,  mais  on  changea  de  système 
dans  rem))loi  des  matériaux.  On  renonça  aux  embrasures 
de  pierre  jaune  et  à  ce  point  (|ue  le  Iriforium  et  la  fenêtre 
superposée,  dans  lesquels  passe  la  reprise,  sont  complétés 
dans  leurs  jambages  et  arcs  nouveaux  par  du  schiste. 

Je  pense  que  l'épaisse  muraille  de  la  basse-nef  sud  fut 
poussée  d'un  seul  Irait  jusqu'au  porche;  sa  ligne  était  en 
dehors  de  celle  de  la  vieille  église  provisoirement  conservée. 

Ce  prolongement  d'une  basse  muraille  dépourvue  d'orne- 
ments fermant  le  cloitre  était  tout  indiqué. 


—  295  — 

Dans  la  façade  opposée,  les  démolitions  pour  construire 
les  chapelles  ont  effacé  toutes  les  traces  qui  pourraient  nous 
guider  sur  ce  point,  mais  j'estime  que  là  un  temps  d'arrêt 
était  aussi  justifié  qu'à  la  partie  centrale.  Au  surplus,  les 
deux  travées  voisines  de  la  tour,  qui  sont  restées  intactes, 
sont  construites  de  cette  manière  médiocre  el  peu  attentive 
qui  caractérise  toute  l'adjonction. 

X. 

Les  sept  chapelles  nord  correspondent  à  autant  de  travées 
du  bas-côté  qu'elles  longent;  on  profita  de  la  forte  saillie  des 
contre-forts,  qu'il  suffisait  de  prolonger  de  moitié,  pour  avoii* 
la  profondeur  voulue.  Une  bordière  unie  les  termine  à  hau- 
teur du  bas-côté.  La  grandeur  disproportionnée  des  fenêtres 
s'explique  par  le  désir  d'apporter  un  appoint  d'éclairage  au 
bas-côté. 

Ces  fenêtres  offrent  des  dimensions  différentes;  elles 
étaient  toutes  à  meneaux.  Je  crois  que  des  fouilles  le  long 
des  murs  feraient  retrouver  assez  de  fragments  pour  en  re- 
composer les  nervures.  Les  opérations  que  j'ai  faites  sur  les 
rares  parties  encore  visibles  me  font  croire  que  ce  travail 
était  aussi  délicat  qu'original.  Si  je  ne  produis  pas  ces  études, 
c'est  que  j'écarte  systématiquement  des  dessins  ce  qui  n'est 
point  de  toute  certitude. 

On  fit  cette  rangée  de  chapelles  en  plusieurs  fois  el 
comme  pour  l'église,  de  l'est  à  l'ouest.  La  dernière,  proche 
de  l'avant-corps  est  terminée  par  des  amorces  dénotant 
l'idée  de  prolonger  le  même  œuvre  ;  à  sa  fenêtre  les  profils 
sont  différents  de  ceux  des  autres;  il  ne  s'y  trouve  pas 
d'archivolte  extérieure.    La  naissance  de  ces  encadrements 


—  206  — 

ogivaux  est  presque  partout  devenue  fruste;  cependant  on 
peut  encore  constater  à  certaines  fenêtres  cette  particularité 
que  d'un  côté  le  départ  de  l'archivolte  se  fait  sur  un  cul-de- 
lampe  et  que  de  l'autre  côté  clic  sort  d'un  enroulement. 

Les  conire-forts  ont  une  plinthe  moulurée,  une  première 
retraite  à  hauteur  des  seuils  et  deux  autres  plus  haut  au 
point  présumé  de  la  butée  de  la  voûte.  Ils  s'amincissent 
pour  s'arrêter  sous  la  bordière  en  gables  aigus  amortis 
d'un  tore. 

Un  seul  toit  descendant  du  relai  jusqu'à  la  bordière  cou- 
vrait ces  chapelles. 

Il  va  de  soi  que  pour  bâtir  ces  dernières  il  fallut  détruire 
la  muraille  extérieure  de  la  basse-nef.  Ce  travail  violent, 
exécuté  dans  une  maçonnerie  qui,  comme  celle  en  schiste, 
se  prèle  peu  aux  découpures,  a  occasionné  des  désordres  et 
même  des  ébranlements  à  ce  point  que  les  constructions 
neuves  n'ont  pas  su  se  maintenir  d'aplomb. 

Le  résultat  logique  a  été  que  les  voûtes  de  ces  chapelles  et 
du  collatéral  joignant  ont  été  ruinées  des  premières,  tan- 
dis que  les  autres  voûtes  basses,  quoique  présentant  des 
trouées  partielles,  sont  encore  là. 

Les  chapelles  étaient  recouvertes  d'arêtes  sans  arcs-forme- 
rets.  Les  nervures  étaient  d'un  profil  accentué,  posées  sur 
des  culs-de-lampe  et  croisées,  avec  une  clef  délicatement 
sculptée.  L'arc  séparatif  de  la  basse-nef  avait  un  arc-dou- 
bleau  reposant  dans  six  chapelles  sur  des  culs-de-lampe  et 
dans  la  chapelle  du  milieu  sur  des  chapiteaux  dont  les 
colonneltes  n'existent  plus. 

Les  naissances  des  nervures  et  les  ornernenls  qui  les  su|i- 
porlcnl  son!  poiii'  l;i  plupart  restés  en  place. 


—  297  — 

Nos  recherches  de  i8G5  ont  mis  au  jour  dans  Tune  de 
ces  chapoUcs  et  déjà  en  plusieurs  pièces  la  grande  dalle 
tumulaire  de  Marguerile  de  Monl-Sainl-Guiherl  (1308)  et 
de  sa  fille  Marie  (1545).  Cette  dalle,  faite  d'une  pierre 
gélive,  est  aujourd'hui  en  nombreuses  pièces;  nous  avons 
découvert,  en  outre,  un  fragment  de  pierre  analogue  portant 
le  nom  patronymique  des  de  Roisin,  divers  carreaux  en  terre 
cuite,  les  uns  unis,  les  autres  émaillés  avec  la  devise 
PIvs  oultre.  Nous  avons  aussi  retrouvé  la  plupart  des  clefs 
de  voûtes,  dont  nous  avons  pris  les  dessins,  précaution 
essentielle,  car  plusieurs  de  ces  clefs,  notamment  la  plus 
belle,  ont  disparu.  Elles  étaient  de  petit  volume  et  faciles  à 
enlever.  D'autres  ornements  très-intéressants  subissent,  en 
attendant  qu'on  les  emporte  aussi,  les  dégradations  des 
hommes  et  du  temps. 

J'ai  fait  prendre  les  moulages  des  ornements  de  ces 
chapelles  et  ceux  d'autres  parties  qui,  en  raison  de  leur 
état  et  du  ton  sombre  de  la  pierre,  ne  peuvent  être  repro- 
duits avec  leur  sentiment  propre,  ni  par  le  dessin,  ni  direc- 
tement par  la  photographie. 

On  communiquait  jadis  d'une  chapelle  k  l'autre;  dans 
toutes,  il  y  avait  une  niche  de  crédence.  La  chapelle 
du  transept  a  provoqué  aussi  la  destruction  d'une  muraille 
primitive  pour  la  construction  de  son  arcade  antérieure.  Sa 
voûte  d'arête  est  à  arcs  ogives,  sans  formerets. 

xr. 

J'achèverai  la  descrii)tion  par  l'intérieur  du  vaisseau. 
Le  chœur,   outre  les  cinq  compartiments  du  chevet,  a 
d'abord  une  travée  partielle  et  aussi  triangulaire,  dont  les 


—  iUS  — 

nervures  obliques  sont  le  prolongement  des  deux  nervures 
centrales  du  fond  de  l'abside.  En  deçà,  l'espace  pour  arri- 
ver au  pilier  séparatif  de  la  croisée  est  occupé  par  une 
travée  plus  large,  mais  (jui.à  partir  de  l'étage, se  dédouble; 
elle  est  recouverte  d'une  voùle  qui,  par  son  plan  barlong, 
est  très-curieuse,  en  ce  que  ces  sortes  de  voûtes  étaient  géné- 
ralement,;! cette  époque,  comme  on  le  voit  dans  les  transepts 
et  dans  la  nef,  tracées  sur  un  plan  carré  ou  à  peu  près. 

Du  chœur  on  (communique  de  chaque  côté  aux  chapelles 
par  une  grande  arcade  en  arc  de  cercle;  l'une  est  moderne; 
l'autre,  plus  ancienne,  fut  néanmoins  pratiquée  après  couj), 
comme  on  le  voit  aux  arrachures  des  pieds-droits. 

Les  encadrements  des  fenêtres  sont  seml)lables,  comme 
matériaux,  conmie  appareil  et  pour  ainsi  dire  comme  profils, 
à  ceux  du  dehors. 

Dans  tout  le  monument,  aux  artères  centrales,  les  points 
de  division  sont  jalonnés  par  des  colonnettes  formant  saillie 
un  peu  plus  que  de  leur  demi-diamètre,  les  unes  au  chœur 
portant  du  bas  sur  un  socle  carré  avec  base  ronde,  les 
autres  aux  transepts  et  à  la  nef  sur  la  saillie  du  chapiteau. 

La  presque  totalité  des  chapiteaux  sont  unis  :  les  uns 
sont  tout  ronds,  concentriques  avec  le  fût;  les  autres  ont 
l'abaque  octogonale  ou  carrée,  avec  les  angles  en  pénétra- 
tion s'cleignant  vers  le  milieu  de  la  corbeille.  Les  propor- 
tions entre  la  hauteur  et  l'évasement  différent  peu  et  sont 
toujours  heureuses;  c'est  de  la  simplicité  de  bon  goût. 

Toutes  les  bases  des  colonnes,  chandelles  ci  colonnettes 
dérivent  avec  des  variantes  de  la  base  attique. 

Aux  côtés  du  chœur,  nous  voyons  la  place  des  tombeaux 
des  ducs   de  BrabanI    Henri  II,  mort  en    1-247-1248,  et 


-    :2<)1)  — 

Jean  III,  mort  en  15oo;  il  ne  reste  plus  rien  de  ces  édicules. 

Les  deux  gros  piliers  (pii  ont  été  dégagés  pour  l'ouver- 
ture des  arcades  du  chœur  représentent  trois  pilastres  réu- 
nis en  un  bloc  et  ayant  chacun  sur  la  face  une  colonnette 
engagée.  Les  bases  sont  conçues  dans  le  même  esprit  que 
celles  du  chœur,  seulement  les  moulures  supérieures  soni 
supprimées  aux  faces  droites.  Le  cordon  à  l'étage  corres- 
pond à  celui  du  chœur,  mais,  au  lieu  d'un  biseau,  il  forme 
une  moulure  en  arc  brisé.  A  partir  de  ce  point,  trois  nou- 
velles colonneltes  cantonnent  les  piliers  sus-mentionnés;  le 
galbe  de  leurs  chapiteaux  est  en  partie  répété  aux  pilastres 
mêmes. 

Là  et  ailleurs,  les  chapiteaux  qui  terminent  les  colonneltes 
d'axe  reçoivent  les  nervures  des  hautes  voûtes. 

Celles  des  fenêtres  du  chœur  du  premier  étage,  qui  sont 
en  plein-cintre,  ont  dans  leur  embrasure  une  colonnette 
avec  base  et  socle  pénétrant  le  glacis,  lequel,  comme  à 
toutes  les  fenêtres  de  la  claire-voie,  commence  en  deçà  de 
la  ligne  du  mur  pour  former  une  petite  tablette  horizontale. 

A  l'étage  du  chœur,  sur  le  cordon  qui  couvre  les  colon- 
nettes,  sont  établis  des  groupes  de  colonnettes  plus  petites. 

Les  chapelles  orientées  étaient  autrefois  séparées  par  des 
cloisons  en  maçonnerie,  qui  ont  été  démolies  et  qui,  sans 
aucune  intention  mystique,  n'étaient  pas  d'équerre  :  elles 
reliaient  les  centres  des  piliers  intérieurs  et  des  contre-forts. 

La  ligne  des  piliers  devant  ces  chapelles  aboutit,  contre 
les  pignons,  à  des  pilastres  à  ressauts,  et  quant  aux  piliers 

9 

isolés,  ils  se  composent  d'une  demi-colonne  cantonnée  de 
deux  colonnettes  engagées  contre  une  pile  rectangulaire  en 
saillie  sur  la  cloison,  saillie  (|ui  était  autrefois  occupée  par 


—  500  — 

une  colonnolte  monolithe  ;i  bague  dont  il  reste  des  vestiges 
là  et  dans  les  rmgies  desdites  chapelles.  Cette  cloison  s'arrê- 
tait à  certaine  hauteur  et  recevait  à  chaque  bout  une  colon- 
nette  du  calibre  de  celles  qui  accompagnaient  la  demi- 
colonne.  Sur  elles  était  bandé  l'arc-doubleau  ;  les  arêtes  par- 
taient des  colonnelles  annelées. 

Les  voûtes  de  ces  chapelles,  conçues  comme  celles  des 
autres  collatéraux,  n'ont  pas  de  nervures;  elles  sont  formées 
d'éclats  de  schiste,  hauts  et  minces,  de  forme  approchant  de 
la  tuile  romaine.  Les  arcs-doubleaux  son  appareillés  et 
ciselés. 

Vers  le  grand  axe  transversal  des  transepts,  les  chapelles 
sont  couvertes  d'arcades  surmontées  d'un  étage  sans  trifo- 
rium.  Les  colonnettes  divisonnaires  des  travées  ont  leurs 
chapiteaux  llanqués  de  deux  culs-do-Iampe,  ce  qui  compose 
un  triple  encorbellement,  servant  de  pied  aux  nervures  des 
voûtes.  Au  milieu  de  chacune  des  trois  travées,  on  voit  une 
fenêtre  de  claire-voie. 

Sauf  qu'il  n'y  a  pas  ici  de  triforium,  on  y  trouve  les  élé- 
ments constitutifs  du  côté  opposé  et  des  dix  travées  de  la 
grande  nef. 

On  remarque  dans  le  triforium  des  baies  communiquant, 
—  je  dirai  dans  quel  but,  —  au-dessus  des  voûtes  collaté- 
rales à  la  grande  nef;  au  côté  nord  elles  sont  au  nombre 
de  quatre,  il  n'y  en  a  que  trois  du  côté  sud.  Il  s'en  trouve 
une  dans  le  flanc  du  transept  nord  et  deux  de  formes 
différentes  dans  chacun  des  croisillons  sud. 

Un  couloir  ménagé  dans  le  trumeau  de  gauche  de  la 
tripb;  fenêtre  du  transept  nord,  formé  légèrement  en 
courbe,  permet  (r;illciiidi-('  un  rclai  inférieur  au  bas  de  cette 


—  501   — 

fenêtre  on  vonnnt  do  l'escalier  de  la  (oiirello,  don!  nous 
avons  déjà  fait  inonlion.  Les  ogives  maîtresses  de  celte 
triple  fenêtre  reposent  sur  quatre  chapiteaux,  dont  doux  en 
pendentif. 

Il  ne  nous  reste  presque  rien  à  dire  de  la  verrière  super- 
posée ni  de  colle  du  pignon  sud,  décrites  du  dehors. 
Des  colonnettes  en  calcaire  poreux  avec  des  chapiteaux 
moulurés  supportent  leurs  archivoltes,  et  le  grand  arc  supé- 
rieur se  dessine  en  forme  de  tore  et  sert  de  formeret  à  la 
voûte. 

La  séparation  entre  la  croisée  et  la  nef  centrale  est  mar- 
quée par  deux  piliers  octogones  dont  les  pans  diagonaux 
sont  les  plus  petits.  A  une  époque  ancienne,  on  mutila  le 
bas  de  la  colonnette  de  chaque  pilier  qui  est  vers  la  nef  et 
l'on  forma,  à  une  certaine  hauteur,  dans  une  assise,  un  cul- 
de-lampe  de  support  d'un  dessin  assez  conforme  à  l'archi- 
tecture primitive;  cette  modification  a  été  résolue  d'une 
manière  attentive. 

A  l'étage,  les  colonnettes  de  ces  gros  piliers,  par  l'inter- 
ruption de  la  voûte  du  collatéral,  sont  réduites  à  cinq;  elles 
diminuent  de  diamètre  et  finissent  par  des  chapiteaux  ordi- 
naires dont  les  membres  contournent  le  fond  du  pili(T. 

C'est  dans  la  croisée,  les  transepts  et  la  partie  primitive  de 
la  nef  que  l'on  fit  le  plus  grand  emploi  de  la  pierre  poreuse. 
Pour  les  colonnettes,  on  la  posait  après  œuvre  entre  les  bou- 
tisses  d'attente  engagées  dans  le  massif  et  qui  servaient  de 
guides;  on  la  mit  également  en  œuvre  pour  les  tores  qui 
amortissent  l'arête  des  fenêtres  à  l'intérieur. 

Dans  le  triforium  du  transept  sud,  on  remarque  des  cha- 
piteaux ornés,  mais  il  IViut  pousser  le  regard  au  delà  de  la 


—  -102  — 

couture  pour  en  rencontrer  encore.  Ces  ornements,  de  ce 
point  jusqu'au  jubé,  sont  élégis  do  feuilles  à  palmetles  tout 
k  fait  primitives. 

Dans  l'angle  du  transept  nord,  à  gauche  de  l'arcade  bou- 
chée de  la  chapelle,  se  trouve  l'entrée  de  l'escalier  en  spirale 
de  la  tourelle  basse,  d'où,  comme  je  l'ai  dit,  on  allait  au 
relai  de  la  triple  fenêtre,  ce  qui  ne  fut  plus  permis  après  le 
percement  de  cette  arcade.  Ensuite  on  atteint  un  palier  où 
commence  à  droite  la  montée  qui,  sur  l'extrados  de  cet 
arceau,  se  dirige  vers  la  haute  tourelle  à  gauche;  on  peut 
continuer  l'escalier  normal  jusqu'au-dessus  des  collatéraux. 

On  conçoit  que,  dans  un  édifice  de  l'importance  de 
l'église  de  Villers,  pour  la  surveillance,  l'entretien,  les 
secours  en  cas  d'incendie,  il  fallût  d'autres  accès  que  ceux- 
là,  qui  sont  étroits,  tortueux  et  n'admettent  qu'une  personne 
à  la  fois.  C'est  pour  cette  cause,  sans  aucun  doute,  qu'on 
forma  dans  le  triforium  du  transept  et  de  la  grande  nef  ces 
ouvertures  qui  ne  s'harmonisent  guère  avec  l'ordonnance 
générale,  mais  qui  olïraienl  des  communications  faciles.  En 
un  clin-d'œil  on  pouvait,  au  moyen  d'échelles,  se  porter  sur 
un  point  voulu.  Le  feu  dans  les  parties  hautes  n'aurait 
guère  dévoré  que  la  toiture,  qui  se  serait  consumée  sur 
la  voûte;  mais  l'incendie  dans  les  combles  inférieurs,  où 
s'ouvraient  ces  baies,  pouvait  atteindre  les  claveaux  en 
calcaire  des  arcs-boutants,  c'est-à-dire  provoquer  la  ruine 
du  monument;  il  pouvait  tout  au  moins  détruire  les  verrières 
et  s'étendre  à  l'église  entièi'e. 

Dans  le  transept  méridional  se  trouve,  le  long  du  mui- 
vers  le  cloître,  le  couchis  d'un  escalier  moderne,  aboutis- 
sant à  l'étage  vers  la  bibliothèque,  vaste  salle  à  |)ilastres  et 


—  5()ô  — 

du  genro  rococo.  C'osI  }i;ir  cet  escalier  que  les  moines 
venaient  aux  matines.  Jadis,  comme  je  l'ai  raj)pelé,  ils 
devaient  arriver  j)ar  l'ouverture  du  bas  de  la  nef,  qui,  sans 
aucun  doute,  fut  réservée  jwur  les  convers. 

Le  palier  de  cet  escalier  nouveau  est  commun  à  une  petite 
porte  ouvrant  sur  l'escalier  déjà  cité  des  collatéraux  est  et 
sud. 

Aux  petites  baies  (|ui  éclairent  ce  dernier  escalier  corres- 
pondent à  l'intérieur  des  ouvertures  depuis  longtemps 
bouchées  et  qui  permettaient  la  vue  sur  l'église. 

Les  voûtes  des  collatéraux  ouest  et  des  bas-côtés  diffèrent 
peu  de  celles  des  chapelles  orientées.  Mais  nous  y  avons 
remarqué  une  amélioration  dans  la  structure.  Au  lieu  de 
voûter  en  une  seule  fois  les  panneaux,  on  rechargea  d'abord 
i'arc-doubleau  d'une  assise  de  voussoirs,  laissant  des  amorces 
dans  lesquelles  venait  se  relier  la  voûte  proprement  dite. 
Ce  sont  des  nerfs  dont  l'action  met  l'arc  mieux  en  état  de 
supporter  les  chocs  d'exécution,  cela  est  très-ingénieux  et  il 
en  résulte  une  économie  de  main-d'œuvre  et  de  matériel. 

Dans  les  voûtes  collatérales  autres  qu'aux  chapelles  est, 
les  arcs  doubleaux  reposent  d'un  côté  sur  la  colonne,  de 
l'autre  sur  des  culs-de-lampe  à  trois  branches ,  dont  les 
petites  portent  les  arêtes. 

Le  tailloir  est  à  trois  pans.  C'est  en  dessous  que  la  division 
des  supports  se  fait  ;  il  en  est  d'ornés  de  feuilles  plates  et  de 
simples  à  moulures. 

Dans  les  transepts,  en  face  des  piliers  isolés  des  chapelles, 
se  trouvent  autant  de  colonnes  semblables  aux  dix-huit  co- 
lonnes de  la  nef,  à  l'exception  d'une  seule  qui  se  trouve  au 
croisillon  nord;  la  différence  consiste  en  ce  que  tout  le 


—  ÔOi  — 

cliajdleaii,  aslrygalc  compi-is,  est  octogonal,  laiulis  ({u'aux 
autres  l'octogone  n'existe  qu'au  tailloir  et  se  perd  dans  le 
iïalbe  circulaire  de  la  corbeille. 

L'astragale  de  ces  cliapileaux  est,  pele-méle,  de  deux 
sortes;  aux  uns,  il  est  en  arc  brisé;  aux  autres,  cVst  un 
tore  elli|)tique. 

Dans  les  colonnelles  en  généi'al,  on  voit  des  astragales  de 
ces  deux  épures,  mais  la  dernière  offre  moins  d'exemples. 

Les  bases  des  colonnes  sont  circulaires  et  terminées  par 
des  moulures  d'où  sort  le  fût,  coujposé  de  tambours;  ces 
moulures  offrent  des  variantes  assez  accentuées  |)Our  que 
je  les  aie  mises  en  |)arallèle  dans  les  grandes  planches. 

Le  sommier  des  arcs,  reposant  sur  l'abaque  des  colonnes, 
est  d'une  pièce;  laléi'alemenl  il  commence  les  deux  arceaux, 
supportant  les  grands  murs  et,  derrière  l'arc-doublcau,  les 
arêtes  diagonales  des  voûtes  basses. 

C'est  cette  assise  qui  servit  pour  les  chaînages  provisoires 
pondant  la  construction;  elle  est  élégie  de  trois  entailles  à 
cavalier,  dans  lesquelles  étaient  logés  les  bouts  de  longrines 
en  chêne,  de  0'"12  sur  ()'"lî)  environ;  deux  suivaient  la 
direction  de  la  colonnade;  la  troisième,  en  équei-re,  se  logeait 
dans  la  muraille  au-dessus  du  cu!-dc-lampe. 

Ce  procédé,  efficace  et  simple,  maintenait  les  piles  pen- 
dant la  construction  dans  leur  plan  vertical.  On  sciait  ces 
barres,  après  que  l'œuvre  était  rassise,  jjuis  le  [ilàlrage  en 
dissimulait  les  traces. 

Lorsqu'on  cntrepi'il  raclièvement  de  la  gi'ande  nef,  on  se  ser- 
vit du  même  système,  sans  pourtant  l'apjjliquer  à  la  première 
colonne  du  côté  vieux,  où  il  eût  été  inutile,  parce  que  l'action 
des  arcades  ])0ussait  naturellement  vers  l'ceuvre  antérieui-e. 


—  ôo:i  — 

Peiulaiit  la  restauralion  de  la  collégiale  de  Nivelles,  nous 
Irouvàines  dans  un  niur  le  moule  d'une  longriuc  d'ancrage. 

Ce  mode  était  très-pratique;  avant  que  le  bois  ne  lui  con- 
sommé, les  maçonneries  étaient  concrètes  et  le  but  était 
atteint;  cette  précaution  si  simple  ne  l'ut  sans  doute  pas 
négligée  à  Villers;  mais  je  n'ai  pu  le  véi'ilier  jusqu'ici,  au- 
cune muraille  supérieure  ne  s'étant  écroulée. 

Je  n'ai  trouvé  aucune  trace  d'ancrages  en  fer  déjà  em- 
ployés à  cette  époque  dans  de  grands  édifices  voûtés. 

Les  fenêtres  du  collatéral  sud  étant  placées  fort  haut  à 
cause  du  toit  du  cloilre,  on  en  descendit  considérablement 
l'appui  intéj'icur,  tout  en  ménageant  dans  la  muraille,  fort 
épaisse  comme  on  sait,  deux  tablettes,  dont  l'une  est  un  véri- 
table palier. 

D'après  les  dires  des  gens  qui  avaient  connu  l'abbaye  du 
temps  des  moines,  j'avais,  ainsi  que  Tarlier,  cru  (|ue  les 
fenêtres  étaient  à  vitraux  peints;  l'opinion  vulgaire  était 
corroborée  par  ce  fait  que  l'abbé  Van  Zeverdonck  (1521- 
lo4o)  avait,  entre  autres  travaux  de  restauration,  placé  des 
«  vitraux  » . 

Ayant  parcouru  les  chemins  de  ronde  et,  pour  notre 
sécurité  comme  pour  nous  rendre  compte  du  profil,  ayant 
dû  enlever  un  certain  amas  de  tei-re,  nous  avons  retrouvé 
parlout  des  restants  de  vitres  et  parfois  de  petits  plombs,  mais 
pas  de  verres  de  couleur.  On  ne  peut  pourtant  douter  qu'il 
y  ait  eu  des  vitraux,  mais  nous  avons  expérimenté  que  la 
vitre  occupait  la  grande  place. 

Le  carrelage  primitif  était  formé  de  tout  petits  carreaux  de 
terre  cuite  vernissés,  en  couleur  brune,  rouge,  jaune,  verte  ; 
ils  étaient  mélangés  ou   rechangés  |)ar  d'autres  carreaux 


—  ."^OH   — 

plus  grands,  de  pale  bonne  ou  mauvaise.  Le  dernier  pave- 
ment consistait  en  un  damier  de  schiste  et  de  calcaire 
blanc  de  Goberlange ,  dont  les  carreaux  avaient  environ 
vingt  centimètres  de  côté. 

Malgré  la  chute  des  voûtes,  il  reste  partout  les  nervures 
de  naissance,  qui  en  donnent  la  direclion;  en  outre,  le  sol 
est  jonché  de  débris,  et  des  fragments  de  voûtes  sont  restés 
en  place;  il  m'a  donc  été  permis  de  recomposer  l'ensemble 
de  ces  membres  importants  de  l'édifice. 

Les  voûtes  du  cléreslory  forment,  en  plan  général,  une 
croix  latine,  qui  anciennement  se  décomposait  comme  suit  : 

Chœur.  Une  travée  double,  une  travée  simple  déjà  indi- 
quée et  le  chevet  penlagonal(i;  ; 

Croisée.  Une  voûte  sur  plan  carré  ; 

Bras  des  transepts.  Une  travée  double  et  une  travée  simple 
qui  constitue  ici  le  premier  spécimen  de  voûte  barlongue  à 
deux  nervures  diagonales;  elle  fui  reproduite  au-dessus 
du  jubé; 

Grande  nef.  Cinq  travées  doubles  et  une  simple. 

Dans  les  combinaisons  de  voûtes  qui  réunissent  deux  tra- 
vées, les  diagonales  se  croisent  à  la  rencontre  de  l'arc  doubleau 
du  milieu,  d'où  la  clef  est  portée  sur  ces  trois  arcs  complets. 

Les  trois  voûtes  précitées,  au  bout  des  transepts  et  au 
jubé,  tracées  sur  un  rectangle  allongé,  appartiennent  à  ce 
système,  qui,  pendant  trois  siècles,  va  régner  dans  les  mo- 
numents gothiques  de  l'Europe  entière;  et  il  est  heureux  que 
Villers  possède  aussi  un  spécimen  résultant  des  efforts  qui 


(i)  Au  chœur  de  l'église  de  la  Chapelle,  à  Bruxelles,  la  voûte  est  tiacée  d'après 
un  plan  semblable. 


—  507  — 

se  produisaient  à  celte  époqui'  pour  s'alTi-aiichir  des  erre- 
ments de  la  voûte  romaine  et  arriver  à  im  système  rationnai 
et  normal,  au  plan  des  travées. 

Les  arcs  ogives  et  doubleaux,  contrairement  à  lusagc 
d'alors,  ne  sont  pas  du  même  profil.  En  outre,  ceux  du 
chœur  sont  de  matériaux  et  d'épurés  qui  diffèrent  de  ceux 
des  transepts  et  de  la  nef.  Au  chœur,  ces  membres  orga- 
niques sont  en  tuf,  mais  assez  rapprochés  pour  que  cette 
pierre  faible  soit  assez  résistante. 

Les  panneaux  des  voûtes  supérieures  furent  construits 
en  moellons  bruts  de  ce  calcaire  grisâtre  que  j'ai  déjà  indi- 
(|ué;  il  fallait  connaître  à  fond  ces  matériaux  peu  consistants 
pour  les  employer  sous  cette  forme  négligée. 

La  voûte  de  la  travée  où  se  trouve  la  couture  a  disparu 
avant  mes  éludes;  je  ne  sais  donc  si  cette  couture  y  avait 
laissé  son  empreinte.  C'est  dans  les  murailles  que  nous 
la  retrouvons  tout  aussi  marquée  qu'à  l'extérieur;  elle  divise 
au  sommet  l'arc  de  colonnade;  le  cordon  au-dessus  est  des- 
cendu selon  un  tassement  insolite;  la  marque  s'élève  dans 
le  triforium  jusqu'au  milieu  de  la  fenêtre  de  l'étage  supé- 
rieur. Une  lancette  du  triforium  appartient  donc  à  l'œuvre 
ancienne;  l'autre,  à  la  nouvelle,  de  même  (pi'un  pied-droit 
et  l'arc  de  la  fenêtre  de  claire-voie,  où  se  trouve  éliminée 
la  pierre  étrangère. 

L'adjonction  de  la  nef  a  ses  colonnettes  en  schiste,  bon 
ou  mauvais,  mis  en  délit  et  souvent  éclatée! disjoint,  ce  qui 
a  motivé  le  secours  de  crochets  en  kv. 

L'œuvre  nouvelle  accuse  une  tendance  timide,  mais 
réelle,  vers  l'emploi  de  l'ornement,  car  les  chapiteaux  du 
triforium  et  les  clefs  des  voûtes  sont  sculptés. 


—  508  — 

Les  fouilles  de  1805  ne  nous  ont  donne  aucune  ciel' de 
voûle  du  cliœiir;  tout  fait  supposer  qu'à  celte  époque  de 
sévère  observation  de  larôgle,  les  clefs  n'étaient  pas  ornées  ; 
faites  de  tuf,  elles  se  seront  décomposées  rapidement.  Mais 
nous  avons  retrouvé  la  phipai't  de  celles  dos  transepts  et 
de  la  UQÏ;  celles  de  la  partie  vieille  sont  en  granit  et  n'ont 
pour  ornement  que  des  courbes  géométriques;  elles  sont  per- 
forées au  centre.  Quant  aux  clefs  en  schiste  du  prolonge- 
ment, elles  étaient  déjà  en  bien  triste  état  lorsque  nous 
les  avons  découvertes;  c'est  ])is  encore  aujourd'hui;  l'une 
d'elles  cependant,  qui  représente  un  curieux  masque  à  feuil- 
lages, ayant  été  cachée  longtemps  dans  des  ronces  en 
dehors  du  parcours  des  visiteurs,  n'est  guère  dégradée;  je 
l'ai  l'ait  mouler. 

XII. 

Le  schiste  employé  pour  la  construction  de  l'église  de 
Villers  provient,  comme  je  l'ai  dit,  de  deux  gisements 
l)our  ainsi  dire  à  pied  d'œuvre  et  ex|)loités  par  les  moines 
pendant  plusieurs  siècles.  Celui  qui  est  à  proximité  du  tran- 
sept nord  est  dans  l'enclos  des  ruines;  l'autre,  pi-ès  de  la 
porte  de  Bruxelles,  appartient  à  M.  Mosselman  du  Chenoy. 

Ces  carrières  sont  abondantes;  l'exploitation,  le  débitage, 
la  mise  en  chantier  en  furent  faciles.  Ces  roches  schisteuses 
sont  à  base  simple  ;  ce  sont  des  bancs  compactes  et  sei'rés  ; 
on  dirait  des  fragments  de  muj'ailles  cyclopéennes. 

Nous  pensons  que  dans  notre  pays  il  n'existe  pas  de 
schiste  réunissant  des  (|ualilés  i)lus  ])arl'aites,  car  d'oi\li- 
nairc  il  se  divise  en  hMiillets  l'approchés  et  supporte  dillici- 
lement  i'aclion  du  soleil,  de  l'huiriidité  et  des  gelées. 


—  501)    - 

Celui  Je  Villcrs  esl  l'urUloiise,  sa  résistance  i\  récrascnuMit 
est  Irès-grande  s'il  csl  de  choix  et  posé  en  lit  do  carrière. 
Il  a  sur  le  granit  l'avantage  de  la  durée,  caj-  si  l'église  de 
Villers  était  conslriiite  au  moyen  de  notre  magnilique  pierre 
bleue  de  Soignies  ou  des  Écaussines,  elle  serait  actuelle- 
ment dans  un  bien  plus  triste  élat. 

Les  caiTières  de  schiste  de  la  Roche,  qui  se  trouvent  à 
vingt  minutes  de  l'abbaye,  sont  encore  exploitées,  mais  leurs 
produits  sont  loin  d'être  comi)arablesàceux  de  Villers;  le  Ter  y 
entre  avec  la  môme  facilité  que  dans  la  pierre  de  France  ordi- 
naii'e  et  l'influence  du  climat  est  trop  forte  pour  leur  nature. 

Mais  fout  n'est  pas  pour  le  mieux  dans  cette  pierre  con- 
sidérée au  point  de  vue  d'un  monument  tel  que  Villers;  les 
bancs  renferment  beaucoup  de  parties  médiocres  et  même 
mauvaises  sans  que  l'on  puisse  les  discerner  aisément;  en- 
suite il  faut  tenir  compte  des  difficultés  inhérentes  à  sa  texture 
fibreuse,  à  l'ondulation  naturelle  de  ses  feuillets,  et  de  ce 
qu'elle  n'est  guère  invulnérable  que  mise  sur  lit  de  carrière  ; 
liors  de  là  elle  se  désagrège  plus  ou  moins  sous  des  charges 
moyennes. 

Son  échantillon  ordinaire  est  de  0"'20  ;  il  est  rare  d'en 
trouver  qui  atteigne  0"'oO;  sa  longueur,  (jui  s'arrête  le  plus 
souvent  vers  0"'7.3  à  1  mètre,  csl  encore  une  source  de  diffi- 
cultés dans  les  parties  architecturées  d'un  monument;  c'est 
avec  toutes  les  peines  du  monde  que  l'on  obtient  des  blocs 
d'un  mètre  et  demi 

Les  colonnes,  comme  on  le  pense  bien,  ont  nécessilé  des 
pièces  exceptionneHes;  c'est  ainsi  que  l'on  a  exécuté  d'une 
seule  pièce  : 

A,  Les  bases  avec  une  pailie  du  socle; 


B.  Le  lainbour  reposant  sur  cette  base; 

C.  Cliacune  des  trois  assises  dont  se  compose  le  chapi- 
teau ; 

D.  Le  sommier  à  entailles  d'ancrage  qui  repose  sur  ce 
dernier. 

C'est  dans  ces  tambours  que  l'on  constate  les  assises  les 
plus  épaisses;  elles  vont  de  0"'60  à  0"'80. 

Le  relâchement  dans  le  choix  des  matériaux  ne  commença 
(|ue  lors  de  l'achèvement  de  la  nef  et  de  la  partie  supérieure 
de  l'avant-corps.  Les  portions  les  plus  récentes  du  grand 
œuvre  sont  les  plus  débiles  et  paraissent  les  plus  vieilles. 

Le  tuf  jaunâtre  est  de  la  nature  de  celui  que  l'on  extrait  à 
Maestricht,  mais  il  provient,  croyons-nous,  de  Linsmeau 
Tcanton  de  Jodoigne,  Brabant).  Son  aspect,  sa  densité,  son 
tissu  le  feraient  prendre  pour  du  calcaire  jaune  des  environs 
de  Metz  ;  on  le  travaille  de  même  ;  mais  ce  n'est  pas  un 
calcaire,  au  contraire,  il  a  la  faculté  d'être  réfractaire 
à  l'action  du  feu;  on  l'emploie  beaucoup  pour  des  fours. 
D'abord  très-tendre  et  blanchâtre,  il  se  durcit  et  jaunit  à 
l'air.  Il  est  court  et  de  moyen  appareil.  La  pierre  poreuse  des 
grandes  voûtes  ressemble  à  du  ciment  et  fut  souvent  prise 
pour  tel.  A  la  collégiale  de  Nivelles  on  en  a  construit  la 
coupole  romane  et  ses  pendentifs,  de  même  que  les  voûtes  à 
vis  des  escaliers  des  tourelles. 

Des  moyens  chimiques  permettent  de  s'assurer  que  c'est 
une  concrétion  naturelle;  si  d'ailleurs  c'était  une  pierre  fac- 
tice, on  lui  aurait  évidemment  donné  la  forme  de  voussoirs 
réguliers  et  non  de  moellons  bruts.  Celte  piei-re  n'a  pas  de 
lit  et  se  taille  à  la  hache  sans  éclats;  c'est  un  tuf  calcaire  du 
terrain  quaternaire;  on  en  rencontre  dans  diverses  parties 


—  511   — 

du  pays,  par  amas  iieu  considérables,  et  il  est  à  supposer 
que  les  gisemenis  où  l'on  a  pu  trouver  la  quantité  nécessaire 
pour  les  voûtes  de  Villers  soni  épuisés.  Là  encore  on  a  su 
mettre  la  main  sur  des  matériaux  de  premier  choix  dans  leur 
espèce.  De  petit  volume,  sans  force  contre  les  intempéi-ies, 
ils  étaient  peu  propres  à  un  autre  emploi  que  pour  des 
voûtes  et  des  remplissages  intérieurs. 

A  mon  sens,  cette  pierre  d'extrême  légèreté  résume  ce 
que  l'on  peut  imaginer  de  meilleur  pour  les  panneaux  de 
hautes  voûtes;  je  la  crois  supérieure  aux  poteries  dont  on  lit 
emploi  à  l'époque  byzantine  et  aux  briques  creuses. 

La  taille  du  schiste  est  assez  facile,  le  temps  a  efïacé  sur 
les  parois  les  coups  de  ciseaux.  Un  plus  grand  soin  présida, 
comme  de  raison,  aux  parois  extérieures.  Tous  les  retours 
d'angle,  pieds-droits,  cordons,  claveaux,  sont  ciselés  et 
appareillés. 

Les  parements  unis  furent  équarris  grossièrement  au 
ciseau  et  à  l'aide  du  marteau  ;  on  a  laissé  aux  lits  leurs  plans 
naturels. 

Les  murailles  sont  composées  de  deux  parements  qui  enfer- 
ment un  blocage  de  moellons  moindres  et  de  déchets;  c'est 
si  bien  relié  que  l'on  ne  voit  nulle  part  de  ces  soufflures  ren- 
dant nécessaire  le  reparementage,  comme  cela  s'est  présenté 
dans  un  certain  nombre  de  nos  monuments. 

Les  maçonneries  sont  d'une  grande  force;  elles  n'offrent 
pas  de  trace  de  décomposition  partielle;  la  ruine  résulte  de 
causes  générales,  elle  commença  par  la  chute  des  grandes 
voûtes,  puis  par  l'action  destructive  des  arcs-boutants,  qui 
ont  poussé  les  murs  hors  de  leur  aplomb. 

Au   chœur  tout   est  resté  droit  ;  il  n'y  a  là   rien   d'élon- 


—  ôh2  — 

iianl,  C'.'ii'  le  clid'Ui' ('Si  ;ii»i)iiy6  par  do  vigoureux  coulre-forls 
disposés  siiivanl  celle  l'onnc  polygonale  qui  olfre  (anl  de 
résislance;  c'esl  une  force  inerle,  grelTù^  sur  une  l'ondalioii 
que  j'ai  explorée  et  qui  conslilue  un  véi'ilai)le  roc. 

Une  seule  chose  donne  au  chœur  une  apparence  de  vé- 
tusté et  de  ruine,  ce  soni  ses  restes  d'encadrements  en  luf 
qui,  comme  aux  autres  fenêtres,  sont  rongés  et  hors  de 
place;  mais  si  la  main  de  l'homme  ne  s'en  mêle  pas,  le 
chœur  restera  dehout  dans  sa  forme  <le  lanterne  pendant  des 
siècles,  après  que  tout  le  reste  se  sera  effondré. 

La  rugosité  du  schiste,  les  cellules  des  assises^  qui  enfer- 
ment nn  mortier  Irès-dui',  ('■(luivalenl  à  une  soi'te  d'ancrage 
qui  empêche  la  disjonction  des  massifs;  toutes  les  parties 
.sont  rendues  solidaires  l'une  de  l'autre. 

A  plusieurs  années  d'intervalle,  deux  fragments  de  la  tour 
sud  se  sont  délacliés;  l'un  d'eux  a  roulé  à  dix  mètres.  Ces 
deux  blocs  de  moellons  médiocres  forment  une  aggloméra- 
tion ([u'il  est  (juasi  impossible  de  démolir  ou  même  d'enta- 
mer sérieusement. 

D'autres  avantages  résultent  de  la  nature  rude,  grossière 
et  abrupte  de  la  roche  schisteuse  :  quand  elle  est  |)lacée  dans 
ses  conditions  normales,  c'est  bien  la  pierre  la  plus  rebelle  à 
tout  changement;  ce  fut  sans  dou((^  ce  (pii  lit  échapper  le 
vénérable  éditice  à  la  tièvre  cV embellissement  qui  régnait  au 
siècle  passé;  on  n'entama  que  la  façade.  Plus  lard,  lorsque 
le  schiste  fut  dépouillé  de  ses  couvertures,  on  n'eut  garde 
de  le  démolir  pour  vendre  ces  matériaux  de  peu  de  valeur; 
il  eût  été  plus  facile  d'exploiter  les  carrières  voisines.  Si, 
au  lieu  de  m:dériaux  grossiers,  le  monument  avait  été 
construit  en  calcaire,  on  l'auniil  renversé,  tout  comme  on 


a  fait  siiiiler  la  somptueuse  façade  rouis  XV  en  ûranil,  qui 
a  élé  convertie  en  chaux.  C'est  donc  à  celle  pierre  si  com- 
mune que  l'on  doil  la  conservation  relative  de  la  construction. 

J'ai  opéré  des  tranchées  pour  reconnaître  diverses  fonda- 
tions; on  conçoit  que  celle  exploration  ait  été  circonscrite 
dans  certaines  limites,  puisque  le  sol  de  l'église  est  recouvert 
de  plus  de  (rois  mille  mètres  cubes  de  terres,  de  pierres 
et  de  décombres.  Mais  je  suis  parvenu  à  m'assurer  que  l'on 
ne  se  faisait  pas  une  loi  de  suivre  un  niveau  uniforme  pour 
l'assiette  des  fondations;  on  bâtissait  là  où  le  terrain  était 
bon.  Les  fondations  du  chœur,  qui  ont  5'"50  de  profondeur, 
commencent  à  un  mètre  plus  bas  (jue  celles  des  colonnes  de 
la  nef.  Elles  décrivent  un  demi-cercle,  continu,  de  4-  à 
ri  mètres  de  largeur  au  fond. 

Dans  cette  fouille  à  l'extérieur,  j'ai  trouvé  des  ossements; 
c'était  sans  doute  la  place  d'un  ancien  cimetière. 

Dans  le  bulieiin  n°  2  du  Comité  des  monuments  du  Bra- 
bant,  j'ai  produit  ce  renseignement  que  les  colonnes  ne  sont 
pas  au  milieu  de  leur  fondation,  laquelle  consiste  dans  une 
muraille  formée  de  libages  bien  construits;  cette  muraille 
cesse  d'être  continue  à  quelques  décimètres  du  pavement,  car 
un  arasement  complet  eût  été  du  gaspillage  de  matériaux; 
on  a  élevé  de  là,  pour  l'assiette  des  socles  de  colonnes,  des 
piles  forniées  de  fortes  assises.  Cet  ouvrage  est  parfaitement 
raisonné. 

L'empattement  vers  la  nef  centrale  est  plus  large  du  côté 
de  la  basse-nef  à  cause  de  la  charge  oblique  de  la  voûte  de 
celte  nef,  qui  aboutit  hors  de  l'axe  de  la  colonne  au  milieu 
de  cette  fondation. 

Une  remarque  capitale,  c'est  que  l'édifice  a  été  érigé, 


—  314   — 

non  pas  par  parties  horizontales,  mais  par  fractions  verticales, 
comme  si  l'on  était  pressé  de  se  servir  de  chacune  dès 
qu'elle  était  achevée.  II  est  probable  que  l'on  adopta  ce  sys- 
tème par  suite  du  manque  de  matériel  et  de  la  difficulté 
de  s'approvisionner  de  la  chaux  et  des  pierres  étrangères. 
En  outre,  ce  modo  permettait  d'occuper  pendant  la  durée 
de  l'œuvre  un  certain  nombre  de  travailleurs  do  toutes  pro- 
fessions, qui  se  trouvaient  en  partie  parmi  les  convers.  On 
remarque  visiblement  que  l'on  a  élevé  d'abord  la  maçonnerie 
du  chœur,  puis  par  fragments  les  transepts.  On  a  poursuivi 
ensuite,  au  moins  en  deux  fois,  jusqu'à  la  couture.  Ce  qui 
est  curieux,  c'est  qu?  ces  soudures,  aussi  nettes  que  si  elles 
étaient  d'hier,  n'offrent  pas  la  trace  du  moindre  mouvement. 

Il  ne  faut  pas  être  constructeur  pour  comprendre  que  ce  , 
système,  quelque  facile  et  avantageux  qu'il  soit  h  certains 
points  de  vue,  crée  une  situation  critique  au  constructeur 
responsable.  Si  l'on  devait  encore  dans  nos  édifices  procéder 
de  la  sorte,  les  hommes  compétents  prédiraient  des  lézardes 
et  des  mouvements  dangereux,  même  dans  l'hypothèse  où 
toutes  les  fondations  du  monument  auraient  été  construites 
d'un  seul  jet. 

Les  fondations  de  Villers  sont-elles  dans  ce  cas,  comme 
on  en  a  l'exemple  dans  plus  d'une  église  inachevée?  Je  n'ose 
me  prononcer.  Il  serait  intéressant  de  faire  les  recherches 
nécessaires  pour  s'en  assurer  positivement. 

Quoiqu'il  en  soit,  le  but  de  stabilité  fut  atteint,  malgré  des 
conditions  défavorables,  et,  croyons-nous,  par  dos  moyens 
simples  et  logiques  dont  la  Iradition  est  perdue  peut-être. 

La  construction  gothique  est  un  inépuisable  objet  d'études 
et  d'enseignement;  elle  s'est  élevée  à  un  rare  degré  de  per- 


—  315  — 

fection  ;  or  il  est  impossible  qu'elle  n'ait  pas  été  perfectionnée 
autant  et  même  plus  qu'ailleurs  dans  cette  question  prépon- 
dérante de  la  fondation  des  grands  édifices  voûtés  sur 
colonnes. 

Villers  nous  offre  un  exemple  unique;  il  recèle  dans  ses 
fondations  des  secrets  féconds  pour  l'avancement  de  l'art  de 
bâtir;  or  le  Gouvernement  rendrait  un  grand  service  à  l'art 
en  chargeant  l'un  de  ses  ingénieurs  d'explorer  le  sous-œuvre 
de  cette  église  et  d'en  produire  les  dessins  et  l'étude.  On  y 
fera,  j'en  ai  la  conviction,  des  découvertes  qui,  appliquées  à 
un  seul  édifice,  réaliseraient  des  économies  bien  supérieures 
aux  frais  de  cette  entreprise.  Ceci  est,  au  surplus,  le  petit 
côté  de  la  question;  le  véritable  avantage  est  celui  qui  en 
résultera  pour  la  stabilité  de  nos  monuments.  Sous  le 
rapport  des  fondations  des  grandes  églises,  l'art  moderne 
est  en  arrière  ;  il  n"a  pu  profiter,  comme  pour  les  parties  en 
élévation,  des  exemples  du  moyen  âge;  le  système  le  plus 
usuel  consiste  dans  des  massifs  de  maçonnerie,  qui  sont 
surabondamment  volumineux  dans  la  crainte  qu'ils  ne  le 
soient  pas  assez. 

A  part  même  l'absence  d'un  système  raisonné,  il  suffit 
d'une  négligence,  d'une  erreur,  pour  occasionner  des  dé- 
sordres considérables  dans  l'œuvre;  la  nef  ajoutée  de  l'église 
de  Villers  en  offre  un  exemple;  c'est  à  la  suite  d'un  mouve- 
ment qui  l'a  mise  en  péril  qu'on  a  dû  recharger  les  arcs-bou- 
tanls  du  côté  septentrional  pour  les  équilibrer  avec  la  voûte 
qui  les  maîtrisait.  Selon  moi,  il  faut  en  attribuer  la  cause 
à  ce  que  l'on  avait  édifié  une  partie  des  colonnes  sur  fonda- 
tion vierge  et  l'autre  sur  les  murs  de  la  crypte,  que  l'on  avait 
même  négligemment  exhaussés;  il  en  est  résulté  le  tasse- 


—  Ô1{>  -^ 

nieiil  accentué  que  l'on  romnniuf  au  cordon  d'clag-e  à  l'en- 
droit de  la  coulure. 

Pour  èlre  jusie,  je  m'empresse  de  reconnaître  que  l'archi- 
tecle  du  prolonii-emenl  de  la  ne!"  n'eut  pas  ses  coudées 
franches,  car  loul  dans  celte  (l'uvre  témoigne  d'une  sévère 
économie  et  du  besoin  (Yen  finir  au  plus  vite  avec  cette 
construction  qui  s'élevait  à  la  place  de  l'ancienne  église. 
Celte  dernière  sous  le  rapport  de  l'art  était  un  obstacle, 
mais,  reliée  îi  la  nef  centrale,  elle  donnait  toute  satisfaction 
pour  le  service  du  culte. 

On  n'est  pas  d'accord  quont  à  l'influenco  de  la  végélalioii 
sur  la  durée  des  voûtes.  Les  uns  disent  qu'elle  protège, 
les  autres  qu'elle  nuit;  il  faut  s'entendre  :  quand  elle  est 
moyenne,  elle  absorbe  l'humidité  et  forme  un  abri;  son^ 
balancement  ne  peut  avoir  d'influence;  les  racines  servent 
même  de  ligatures  ;  mais,  quand  les  arbustes  sont  devenus 
trop  forts,  les  grands  vents  inq)riment  à  leur  tronc  un  mou- 
vement de  levier  qui  désagrège  les  voussoirs.  En  somme, 
le  taillis  a  été  favorable  h  la  conservation  ;  si  l'on  avait,  au 
début,  garni  l'extrados  des  voûtes  d'une  couche  de  terre  et 
l'ait  un  semis  d'arbustes  de  petite  taille,  je  pense  qu'il  nous 
en  serait  resté  la  majeure  partie. 

Il  résulte  de  témoignages  antérieurs  à  mes  souvenirs  que 
la  voùlo  de  l'adjonction  seule  était  tombée  en  l<SôO;  que 
celle  de  la  nef  vieille,  ayant  dès  lors  un  défaut  d'armure, 
commença  à  se  détacher  par  morceaux  dès  184^,  pour 
arriver  successivement  à  l'état  où  elle  se  trouve  aujourd'hui. 
Je  connus  cette  i-uine  célèbre  en  1814,  et  c'est  de  la  lin 
de  cette  année  à  l8ot)  (pi'cut  lieu  l'éboulemenl  des  voûtes 
du  chœur  et  des  croisillons  des  transepts. 


—  -|7  — 

Dans  l(^  (racé  do  ses  voùles,  rarchilectc  apjilifjiia  plusieurs 
progrès  de  délail;  je  iio  prétends  pas  (pi'il  eu  ail  rU\  l'iiii- 
lialeur,  mais  je  tiens  à  établir  que  son  œuvre  était  pour  le 
moins  au  niveau  de  son  époque.  Il  était  d'usage  de  donner 
le  même  profil  aux  arcs-doul)leaux  et  aux  ares  ogivaux; 
la  lbrn]e  usuelle  était  de  deux  tores  d'arêtes  séparés  par  des 
chanfreins  ;  cette  ligure,  inscrite  dans  un  plan  carré,  (;tait,  aux 
premiers  de  ces  arcs,  normale  à  la  voûte  et  prenait  aisément 
place  sur  le  tailloir  d'un  chapiteau.  Mais  il  n'en  était  pas  ûe 
même  pour  l'arc  ogival  que  l'on  forma  d'une  moulure  amincie 
sur  la  face,  s'iiarmonisanl  mieux  avec  l'arête  qu'elle  mar- 
quait. Il  en  résulta  un  autre  avantage  :  ce  fut  que  cette 
moulure  se  logea  mieux  dans  le  petit  espace  disponible  à 
chaque  coin  du  support. 

J'ajouterai  ceci  à  propos  des  voûtes  à  double  travée  :  les 
arcs  ogivaux  étaient  habituellement  en  demi-cercle;  nous  les 
avons  mesurés  avec  assez  d'exactitude  pour  dire  qu'ici  ils  ont 
plus  de  hauteur  que  la  moitié  de  leur  corde,  ce  qui  les  ren- 
dait plus  résistants. 

L'exemple  que  l'on  possède  à  l'entrée  du  chœur  d'une  voûte 
en  deux  travées  qui,  même  réunies,  figurent,  non  |)as  un 
carré,  mais  un  rectangle  allongé,  est  rare  dans  l'architecture 
du  commencement  du  xiii"  siècle.  Cette  disposition  avait 
sans  cloute  une  autre  cause  que  celle  supposée,  qu'en  réunis- 
sant en  un  carré  deux  compartiments  de  voûtes,  les  con- 
structeurs gothiques  suivaient,  sans  trop  s'en  rendre  compte 
(ce  dont  je  doute  fortement),  les  exemples  des  Romains; 
je  pense  avoir  trouvé  le  motif  de  cette  structure;  mais,  pour 
l'exposer  et  le  démontrer,  je  devrais  entrer  dans  des  déve- 
loppements étendus  qui  sortiraient  du  cadre  de  cette  notice. 


—  318  — 

Un  point  de  construction  qui  mérite  d'être  noté,  c'est  que 
les  arcs  ogivaux  et  doubieaux  des  voûtes,  tant  que  leur 
courbe  n'est  pas  assez  détachée  du  mur  pour  perdre  l'équi- 
libre, sont  en  moellons  de  petit  appareil,  certainement  ma- 
çonnés à  la  main  ;  on  ne  fit  emploi  de  ceux  de  calibre  ordi- 
naire que  dans  l;i  partie  de  courbure  exécutée  sur  ceintrages 
(ît  coucliis. 

XIÏI. 

11  me  reste  à  compléter  |)ar  quelques  notes  rapides  l'étude 
archéologique  très-sommaire  de  ce  monument. 

La  crypte  enclavée  sous  l'extrémité  ouest  de  la  nef  était, 
ai-je  dit,  construite  sous  une  église  antérieure  à  cette  nef. 
Une  ancienne  baie  de  fenêtre  souterraine  prouve  que  cette v 
église  n'avait  pas  de  bas-côtés.  Cette  crypte  n'a  pu  être  qu'un 
lieu  de  sépulture  et  non  pas  un  local  pour  service  religieux, 
ce  qui  eût  nécessité  un  niveau  plus  élevé  pour  sa  voûte,  lequel 
correspond  à  celui  de  la  vallée.  Jamais  on  n'a  pu  s'y  intro- 
duire comme  dans  une  église  souterraine,  maison  y  pénétrait 
comme  dans  une  cave;  du  reste,  une  église  basse  n'est  pas 
divisée  par  une  épine  de  colonnes  au  centre.  Elle  ne  se  ter- 
mine pas  non  plus  par  un  mur  plat,  mais  jiar  une  absidiole. 

Elle  est  romane  en  tous  points  et,  je  l'ai  dit  à  satiété, 
la  nef  qui  la  surmonte  est  gothique;  il  y  a  entre  les  deux  un 
siècle  de  différence  ;  si  d'ailleurs  elles  avaient  été  contempo- 
raines, elles  auraient  le  même  axe;  elles  ne  l'ont  pas  et 
même  la  crypte  présente  un  hors  d'équerre  dépourvu  de 
toute  raison  d'être  par  rapport  à  l'état  des  lieux  et  qui,  sans 
doute,  était  commandé  par  la  disposition  de  l'église  primitive. 

J'ai  dit  (pi'ayaul  sondé  à  cet   endroit  la  fondation  d'une 


—  ôlî)  — 

colonne  de  la  nef,  j'y  ai  Irouvé  une  preuve  évidenle  de  ce 
(|ue  j'avance  :  c'esl  que  sur  le  mur  de  la  crypie  esl  montée 
juscjuau  niveau  du  socle  une  pile  d'arasement  d'une  maçon- 
nerie médiocre  et  tout  autre  que  celle  de  la  muraille. 

Enlîn,  danslasubstruclionetle prolongement  de  la  nef,  les 
vides  et  les  appuis  n'ont  rien  de  commun,  à  telle  enseigne 
que  le  fond  de  la  crypte  dépasse  d'environ  un  mètre  l'axe 
de  la  troisième  colonne. 

Gomme  on  pouvait  se  demander  si  cet  édifice  souterrain 
n'était  pas  à  la  place  même  du  chœur  de  l'ancienne  église, 
j'ai  pratiqué  en  avant  de  la  façade  occidentale  des  excava- 
tions pour  retrouver  les  fondements  d'un  transept  ou  d'une 
nef,  mais  je  n'y  ai  rencontré  que  des  massifs  isolés,  incor- 
rects et  ne  répondant  à  aucun  plan;  du  reste,  le  chœur  eût 
été,  dans  l'hypothèse,  plus  grand  que  celui  du  temple 
actuel,  ce  que  l'on  ne  peut  admettre. 

La  cave  sur  laquelle  le  porche  est  érigé,  fut  sans  doute  une 
dépendance  utile,  mais  elle  résulte  d'une  nécessité,  celle  de 
descendre  la  fondation  au  niveau  de  la  crypte;  dès  lors,  il  a 
suffi  d'une  voûte  en  berceau  pour  former  la  cave'. 

Le  porche,  que  le  premier  j'ai  jugé  avoir  été  conçu  et 
érigé  en  un  simple  rez-de-chaussée,  est  en  cela  conforme  à 
ceux  de  l'ordre  de  Giteaux;  il  en  revêt  le  caractère  sous  les 
autres  rapports.  Dans  ses  murailles,  il  appartient  au  roman 
pur  ;  cependant  une  pointe  ogivale  perce  dans  ses  voûtes. 
Ses  étages  gothiques  furent  élevés  environ  trois  quarts  de 
siècle  plus  lard. 

Le  plan  de  l'église  de  Villers  rompt  complètement  avec  les 
principes  qui  ont  présidé  aux  dispositions  des  parties  anté- 
rieures; les  idées  se  sont  élargies;  c'est  pour  une  sorte  de 


—  520  — 

cathédrale  que  i'oa  s'est  prononcé;  c'est  l)ieii  Ui  un  iy|ie 
pur  de  l'art  ogival  j)rimaire.  Cette  grande  enlrepi'ise  dut, 
pensons-nous,  être  conçue  sous  l'abbé  Conraj,!  de  Seyne 
(  1-209-1  ::21  i),  devenu  plus  lard  cardinal  et  légat  du  Pape 
dans  le  midi  de  la  Fj'ance. 

J'ai  indi(jué  la  marche  de  cette  œuvre  puissante,  inter- 
rompue à  la  rencontre  de  l'église  primitive  pendant  un 
grand  nondjre  d'années.  La  date  du  v(eu  formé  par  Daniel 
(l'Yssche  (vers  1251),  ;i  la  suite  duquel  on  abattit  cette 
église  pour  [ichever  la  gra[)dc  nef,  concorde  on  ne  peut 
mieux  avec  la  da(e  de  J'2G7,  ({uc  la  chi'unique  abbatiale  fixe 
])our  la  pose  de  la  croix  terminale  au  sommel  du  pignon  d(; 
façade. 

Il  est  inulile  d  insister  sur  la  question  du  colé  ancien  et  du 
côté  nouveau  de  la  nef;  la  structure  de  celui-ci  ne  fait 
fju'unc  avec  les. étages  d'avant-corps,  qui  sont,  comme  Je 
l'ai  mentionné,  d'un  dessin  |)lus  récent;  son  tassement  à 
l'endroit  de  la  soudure,  la  manière  dont  celte  dernière  se 
monlj-e  au  dedans  et  au  dehors,  le  relâchement  dans  la 
construction  et  divers  points  de  détails  établis  au  cours  de 
cette  notice,  ne  permettent  aucun  doute  sur  cette  question 
imporlanle. 

.rajoulerai  (jiie  les  urneinenls  aux  cli;ipileaux  cl  aux 
clefs  de  voûte  sculptées  de  la  jonction  sont  peu  compatibles 
avec  la  règle  deCiteaux;  ils  s'expliquent  mieux  en  admellani 
l'époque  indiquée  où  cette  règle  avait  vieilli  et  élait  moins 
rigouicusement  observée. 

Va)  li/ô,  ou  mil  la  croix  siii'  la  llèchedu  clialcidi(jue. 

L'achèvenjf  ni  du  chœur  des  convers,  de  i"270  à  128.", 
>endtle  en  cnnlmdiclion  avec  le  fait  précité  de  rachèvement 


—  5^2  i    —  ^ 

du  pignon  occidcnlal  en  1:2(37;  mais  on  so  rcxpliqiie  en 
rclli'chissanl  (ju'il  ne  s'agissail  ici  que  île  la  grosse  construc- 
tion; les  dalcs  subséquentes  se  rapportenL  aux  travaux  inté- 
rieurs et  à  ceux  des  aménagements  du  mobilier;  de  notre 
temps  les  choses  ne  vont  guère  |)lus  vite. 

Pour  terminer,  je  l'erai  celte  remarque  (\uv,  dans  la 
l'eslauration  de  ravant-cor|)S,  j'ai  exclu  les  éléments  autres 
que  ceux  qui  en  quelque  sorte  s'imposent  d'eux-mêmes  et 
concordent  avec  l'état- du  lieu;  les  artistes  qui  voudront  se 
livrer  à  des  études  pour  la  restauration  conjeclurale  de 
ranciemie  église  de  Villors,  à  l'époque  de  sa  splendeur 
première,  trouveront  dans  mon  travail  des  points  de  repère 
importants  et  exacts.  La  lâche  dont  j'ai  été  chargé  ne  va  pas 
au  delà. 

Emile  Cotjlon, 
Arctiitecte  provincial. 


LES  MONUMENTS  RELIGIELX  DISPARUS 


DE    M  A  L  I  N  E  S 


ÉGLISE    DES    SS.-PIERKE-ET-PAUL. 

Dès  le  xHi'  siècle,  il  existai!  à  Maliiies  une  chapelle  placée 
sous  l'invocation  des  apôtres  saints  Pierre  et  Paul  ;  cet  ora- 
toire primitif  est  devenu  le  noyau  de  la  paroisse  actuelle, 
qui  prit  naissance  au  xiv*^  siècle.  Godefroid  de  Breda,  par 
testament  daté  du  25  avril  1:246,  lit  des  legs  spéciaux  à 
toutes  les  églises  de  Malines.  Or,  comme  la  chapelle  de 
Saint-Pierre  n'est  point  mentionnée  parmi  celles-ci,  nous 
devons  croire  qu'elle  n'était  pas  encore  élevée  au  rang 
paroissial;  en  outre,  riiistorien  J.-J.  de  Munck  relate 
qu'en  121).")  la  chapelle  en  question  dépendait  encore  spiri- 
tuellement de  la  paroisse  de  Saint-Romhaul;  il  ai)puie  son 
assertion  sur  la  charte  de  fondation  de  l'hospice  de  Saint- 
Julien,  lequel  fut  érigé  en  cette  année  dans  la  circonscrip- 
tion de  Saint-Rombaut ,  bien  qu'il  s'élevât  à  fort  peu  de 
distance  delà  chapelle  des  Saints-Pierre-et-Paul.  Toutefois 
le  même  écrivain  ajuuli,'  que  dès  J542  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre  existait  canoniquemcnt.  D'a|)rès  ces  divej-s  rensei- 
gnements,  il   faudrait  |)lacer  l'origine  de  la  j)aroisse  dans 


I;i  |tivinici'('  inoilic  du  \i\''siùclc,  coqiii  c\">l  coiilbriiic  à  l'opi- 
iiioii  (le  riiisloi'iograiilio  Ciunie/,  qui  lixc  raiiiiéc  lôOH. 
Il  es(  vi-ai  (jiie  De  Munck  jirécilù  rapporte  un  acte  relalif  à 
la  division  des  doyennés  faite  en  l!272  par  Nicolas  de  Fon- 
taines, évèque  de  Cambrai,  et  que,  suivant  cette  pièce,  la 
ville  de  Malincs,  comprenant  les  églises  de  Saint-Rombaut, 
de  i\o(re-Dame,  de  Saint-.lcan,  de  Saint-Pierre,  de  Nec- 
kerspoel  et  du  Béguinage,  était  distraite  du  doyenné  de 
Bruxelles.  Parmi  les  églises  désignées ,  plusieurs  étaient 
paroissiales  depuis  125:2,  mais  les  autres  pouvaient  être  de 
simples  lieux  de  prières ,  sans  qu'il  y  lut  attacbé  aucune 
juridiction  pastorale. 

D'ailleurs  la  date  précise  de  l'institution  canonique  de  la 
l)aroisse  de  Saint-Pierre  ne  nous  intéresse  qu'indirectement 
pour  l'histoire  monumentale  de  l'église,  puisque  nous  savons 
que  celle-ci  était  une  construction  du  commencement  du 
XIV'  siècle. 

L'église  des  Saints-Pierre-et-Paul ,  dont  on  retrouve 
encore  les  vestiges  dans  le  sous-sol  de  la  place  Saint-Pierre, 
avait  une  longueur  totale  de  170  1/2  pieds  de  Malines 
(47  mètres  51)9  mill.)  sur  une  largeur  de  05  pieds,  même 
mesure  (17  mètres  oii^  mill.).  Le  transept  comptait  91  pieds 
de  long  (i25  mètres  298  mill.).  Le  chœur  mesurait  oG  pieds 
Ho  mètres  508  mill.).  La  grande  nef  avait  29  pieds  de 
large  (8  mètres  02  mill.)  (i). 

L'église  était  en  mnjeurepnrtie  construite  en  pierre  blanche. 
Lanef  principale,  reposant  sur  dix  piliers  mono-cylindriques, 
était  accostée  de  deux  nefs  latérales,  par  lesquelles  elle 


(1)  l.e  pied  de  Maliiios  C(iiiiv;uil  a  "28  coiitiiiK'd'Os. 


—  5:24  — 

recevait  le  joui-  au  inoyc!!  de  six  fenêtres  percées  de  chaque 
côlé;  une  septième  fenêtre  s'ouvrait  sur  la  ])arii(^  inféi-ieure 
des  bas-côtés,  dans  la  façade  principale. 

Au  côté  septentrional  du  chœur  fut  hàtie,  au  xvi"  siècle, 
la  chapelle  de  Notre-Dame;  tandis  que  du  côté  méridional 
se  dressait  la  chapelle  du  Sainl-Nom-de-Jésus,  consacrée  le 
25  avril  loî27.  Le  chevet  de  ces  oratoires  était  polygonal. 
Le  transept  était  séparé  du  chœur,  depuis  1G21,  par  un  jubé 
à  triple  voûte,  en  maçonnerie.  Cette  dernière  construction 
était  revêtue  de  figures  d'anges,  bas-reliefs  en  pierre  de 
France  dont  j'ai  vu  les  restes  et  qui  n'attestent  aucune  valeur 
artistique  sérieuse. 

Le  chœur,  garni  de  part  et  d'autre  de  stalles  en  bois  de 
chêne,  était  de  forme  rectangulaire,  fermé  par  un  mur  plat 
percé  d'une  grande  fenêtre,  la  seule  qui  y  projetât  la  lumière. 
Dans  cette  baie  se  trouvait  représenté,  d'après  un  carton  de 
iMichel  Goxie  ou  Van  Gocxyen,  le  Sauveur  remettant  les  clefs 
à  saint  Pierre.  Cette  scène  se  détachait  sur  un  horizon  figu- 
rant la  mer,  où  les  compagnons  de  l'apôtre  se  livraient  à  la 
pêche.  Plus  bas  :  d'un  côté  était  agenouillé  Charles-Quint 
en  costume  impérial;  derrière  lui  se  tenait  debout  Charle- 
magne;  l'impératrice  occupait  le  côté  opposé,  ayant  der- 
rière elle  sainte  Elisabeth  ;  sous  les  personnages  se  déroulait 
une  inscription  dont  le  texte  est  perdu.  Cette  verrière,  traitée 
dans  le  style  de  l'école  italienne,  portait  la  date  1548. 

Sous  le  vitrail  se  dressait  le  maitre-autel,  surmonté  du 
tabernacle.  Cet  édicule  avait  été  entrepris  et  exécuté  en 
1700  par  le  sculpteur  Jean-Fr.  Langhmans,  au  prix  de 
(300  llorins.  Le  tabernacle  était  muni  de  deux  anges  adora- 
teurs et  couronné  par  l'image  du  Salvator  mundi  tenant  sa 


—  TyT.i  — 

croix  de  la  main  gauche.  Celle  ligure  en  bois  lUi  tilloiil  avait 
la  grandeur  humaine. 

Au  milieu  du  jubé  s'ouvrait  la  porte  livrant  accès  au 
chœur;  sous  les  voûtes  latérales  on  voyait  au  nord  l'aulel 
de  Saint-Léonard,  au  sud  l'autel  de  Sainte-Anne. 

L'entrée  principale  du  temple  était  ménagée  au  couchant, 
sous  la  tour  ;  celle-ci,  entièrement  en  pierre  blanche,  se  com- 
posait d'un  tronçon  carré,  percée  au-dessus  du  portail  d'un 
octilus;  à  l'étage  supérieur  s'ouvraient,  à  chaque  face,  des 
fenêtres  ou  des  baies  garnies  d'abat-son.  Enfin  une  galerie 
ajourée  la  terminait  à  la  naissance  de  la  flèche  octogonale, 
également  en  pierre.  En  1608,  la  tour  fut  munie  d'une  hor- 
loge. La  hauteur  totale  du  clocher  était  de  150  pieds  de 
Malines  (4i  mètres  700  mill.).  En  1559,  il  avait  été  pourvu 
de  cinq  nouvelles  cloches  par  le  fondeur  Jacques  Wagew\'ns. 

Les  deux  portes  du  transept,  fermées  comme  dans  la 
plupart  de  nos  églises  au  xvif  siècle,  furent  remplacées  par 
une  entrée  pratiquée  dans  la  basse-nef  du  côté  de  la  rue  de 
l'Empereur,  «au  petit  cimetière»,  et  par  une  autre  porte 
sous  la  seconde  fenêtre  de  la  nef  méridionale,  près  de  la 
tour. 

Derrière  la  chapelle  du  Saint-Nom  existait  un  escalier  d*^ 
pierre  menant  à  la  tribune  du  haut  de  laquelle  Marguerite 
d'Autriche  avait  coutume  d'assister  aux  offices.  Cette  tribune 
communiquait  avec  le  palais  de  Savoie  au  moyen  d'une 
galerie  en  bois  surplombant  la  voie  |)uMi(iue  (  n  manière 
de  pont. 

Lorsque  la  gouvernante  Marguerite  s'établit  à  Malines, 
elle  devint,  par  le  fait  deson  habitation,  paroissienne  de  l'église 
de  Saint-Pierre;  à  la  suite  de  cette  circonstance,  la  prin- 


çQssc  y  Ira  11  s  fera  la  confrérie  noble  cl.  l'oyale  de  Sainl- 
Séhaslien,  associalion  (|u'elle  avait  fondée  en  loOo  à  Ponl- 
d'Ains,  en  Bresse, 

Marguerite  étant  morte  le  1"'  décembre  1550,  en  son 
palais  de  Malines,  ses  entrailles  furent  déposées  dans  un 
vase  de  plomb  et  inhumées  dans  le  chœur  de  son  église 
paroissiale,  près  du  maitre-autel,  du  côté  de  l'Évangile  et  en 
face  du  tabernacle,  qui  était  alors  adossé  au  mur  du  côté  de 
J'épitre.  Un  remarquable  monument  funèbre,  du  sans  doute 
à  quelque  maitre  éminent,  perpétua  la  mémoire  de  la  gou- 
vernante des  Pays-Bas  jusqu'au  moment  où  les  iconoclastes 
le  détruisirent;  malheureusement  nul  dessin  n'existe  de  ce 
cénotaphe;  pour  en  donner  une  idée,  nous  devons  nous 
Jjorner  aux  vagues  prescriptions  des  exécuteurs  testamen- 
taires de  la  princesse.  Ceux-ci  décidèrent  que  le  monument 
serait  placé  «  contre  un  beau  mur  illec,  estant  tout  joindant 
i>  ledit  saint  sacrement,  à  l'opposite  du  lieu  ou  sont  les  dites 
»  ventrailles  :  une  belle  representacion  d'albastre  de  la 
»  dicte  dame  priant,  estant  présentée  pai"  saincte  Margue- 
y>  rite  avecq  les  ouvraiges  alentour  où  seroient  les  armoie- 
»  ries  des  quatre  quartiers  (i;  de  la  dicte  dame  avec  son 
^  épitaphe  au  bas.  —  Item  de  poser  sur  les  dictes  ventrailles 
r>  un(!  plate  decuyvre  en  une  pierre  qui  sei-oil  fait  à  propos 
y>   ))our  mémoire  perpétuelle  de  ladicte  feue  dame.  » 

L'inscription  funèbre,  conservée  jusqu'en  1777,  était 
encastrée  dans  le  mur  du  c(jté  de  l'Évangile;  niais  depuis  le 
xviu'  siècle  elle  était  cachée  par  des  feuilles  de  cuir  doré 
dont  le  chœur  était  tendu. 


0)  Auliiclie,  Portugal,  Bourgogne,  BomliMH, 


—  ."i>7  — 
Elle  j)orlail.  ces  mois  : 

D.     0.     M. 

ILLUSTRISSIM.K    M  A  KG  A  P.  ET.  i; 

ARCIilDUClSS.?.    AUSTRI.E, 

IWICTISSIMI    MAXIMILIAM    IMPEflATORlS    NAT.F, 

AG    PRINCIPIS    HISPAiMAr.UM    PUIMO 

DEIN    DUGIS    SABAUDI.r. 

REMCT.E, 

HARUM    INFERIOUl  M    l'.EGIOAUM    GUBERNATRICr 

CAUOLUS    QUINTIS    G.ESAR    AUGUSTUS 

AMIT.E    POSUIT. 

Le  7  août  I5i7,  l'église  fui  cruellement  éprouvée  par  l'ex- 
plosion de  la  poudrière  Sanl-Poort;  suivant  les  comptes  pa- 
roissiaux, les  fenêtres  soulTrirent  tant  de  ce  désastre,  qu'elles 
durent  être  momentanément  bouchées  au  moyen  de  roseaux 
et  de  pièces  de  drap  de  Campine.  Les  toitures  du  chœur  et 
de  la  nef  subirent  également  de  notables  dommages.  C'est  à 
la  suite  de  cette  catastrophe  ([ue  Charles-Quint  fit  renou- 
veler à  ses  frais,  en  1548,  la  verrière  du  chœur. 

Vers  la  même  époque  (1o48),  ou  peu  après,  fut  placé  dans 
le  transept  méridional  un  vitrail  portant  l'eftigie  d(;  Fran- 
çois P'';  il  est  probable  que  celui-ci  l'ut  exécuté  aux  dépens 
de  ce  roi  do  France.  Dans  la  nef  du  nord  figurait  uik^ 
autre  fenêtre  où  se  trouvait  dépeint  Antoine  Perrenot  de 
(Iranvelle,  alors  évoque  d'Arras.  L'église  renfermait,  plus 
anciennement,  une  verrière  du  xiv"  siècle  représentant  Jean 
Ysewyns,  d'abord  cui'é  de  Saint-Pierre  et  plus  lard  évê((ue 
de  Tripoli.  Ce  personnag(î  avait  été,  durant  le  seliisme  d'Oc- 
cident, ;i|ipclc  aux   jonctions  (radministnilciir   temporel  et 


—  328  — 

spirituel  du  diocèse  de  Cambrai,  dont  l'ordinaire  suivait, 
en  o])position  de  Rome,  la  cause  de  la  papauté  d'Avignon. 
Entin  nous  rencontrons  dans  les  comptes  qu'en  loGl  un 
veri'ier  fui  indemnisé  pour  avoir  placé  le  portrait  de  la  reine 
de  France  dans  une  fenêtre  qu'il  restaura. 

Après  la  suppression  de  l'ordre  des  Jésuites,  il  fut  ques- 
tion de  lra[)sférer  le  siège  de  la  paroisse  dans  l'église 
délaissée  \ydv  ces  religieux.  Par  décret  du  l'^'  décembre  177  7, 
l'empereur  permit  aux  marguilliers  de  Saint-Pierre  de 
démolir  leur  ancienne  église  et  d'en  vendre  les  matériaux 
ainsi  ijue  le  mobilier  désormais  inutile. 

Le  cardinal  de  Franckenberg  procéda  le  26  mai  1778  à 
la  translation  solennelle  du  saint  Sacrement  dans  ia  nou- 
velle église;  le  23  septembre  suivant  furent  exliumées  les 
entrailles  de  Marguerite  d'Autricbe  et  déposées  ensuite 
dans  le  chœur  des  ci-devant  Jésuites. 

Dés  le  15  mai  1771),  on  procéda,  en  vertu  de  l'autorisa- 
tion impériale,  à  la  vente  des  objets  mobiliers  qui  garnis- 
saient l'ancien  temple.  C'est  alors  que  furent  exposées  aux 
amateurs  les  pièces  suivantes,  que  nous  citons  telles  qu'elles 
ont  élé  annoncées  par  les  alîiches  officielles  : 

«  Le  maître-autel,  en  forme  de  tombe,  orné  d'un  retable 
corinthien  avec  tabernacle,  hauteur  27  pieds  de  Matines, 
largeur  16  pieds.  La  table  de  l'autel,  11  pieds  de  long  sur 
5  pieds  7  pouces  de  haut. 

»  L'autel  du  Saint-Nom-de-Jésus,  hauteur 3 i  pieds, largeur 
16  pieds.  La  table  de  l'autel,  longue  de  ;j  pieds,  haute  de 
3  pieds  8  pouces.  » 

Cet  édicule,  dû  au  ciseau  de  Théodore  Verhaegen,  por- 
tait à  son  sunnnet  le  monogramme  du  Sauveur,  entouré  de 


—  329  — 

rayons  et  de  chérubins,  et  une  statue  de  l'Enfant-Jésus  ; 
cette  image  a  été  transférée  à  la  nouvelle  église. 

«  L'autel  de  Notre-Dame  avec  une  statue  de  la  sainte 
Vierge,  hauteur  57  pieds,  largeur  16  pieds.  La  table,  longue 
de  8  pieds,  haute  de  5  pieds  7  pouces. 

»  Les  deux  autels  placés  sous  le  jubé,  en  forme  de  tombe, 
surmontés  de  deux  figures,  sans  retable,  hauteur  de  la  tiibic 
3  pieds  9  pouces,  longueur  9  pieds  4  pouces. 

»  La  chaire  de  vérité  en  bois  de  chêne,  représentant  la  Pré- 
dication de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  largeur  prise  à 
l'intérieur  de  la  balustrade,  Il  pieds;  longueur,  y  compris 
l'escalier,  14  pieds.  » 

Cette  chaire  avait  été  exécutée  par  Pierre  Vaickx,  d'après 
un  croquis  de  E.-J.  Smeyers,  aux  frais  du  baron  Roose.  Elle 
fut  achetée  par  l'église  de  Tirlemont,  où  elle  se  trouve  encore. 

«  Une  balustrade  de  marbre  avec  double  porte  d'entrée, 
clôturant  la  chapelle  du  Saint-Nom,  avec  vingt-deux  colon- 
nettes  en  cuivre  et  quatre  chandeliers,  hauteur  17  pieds, 
longueur  23  pieds. 

»  Une  balustrade  en  marbre  noir  et  blanc  avec  double 
porte  d'entrée;  seize  colonettes  et  six  chandeliers  en  cuivre. 
Provenant  de  la  chapelle  de  Notre-Dame. 

»  Quatre  confessionnaux  en  chêne,  cinq  tribunes  ou  bancs 
d'œuvre  avec  leurs  boiseries. 

»  Le  grand  portail.  La  baie  de  la  porte  mesurait  LS  pieds 
de  hauteur  sur  14  pieds  5  pouces  de  largeur. 

»  Les  stalles  du  chœur  (époque  Renaissance),  des  caisses 
à  reliques,  des  tableaux,  du  cuir  doré,  des  chandeliers  en 
cuivre  fondu  et  en  cuivre  repoussé,  des  trônes  et  des 
chandeliers  de  bois,  etc.  « 


—  500  — 

Nous  possédons  peu  de  ronseignemoiils  louchant  les 
peintures  qui  décoraienl  l'ancienne  église  de  Saint-Pierre. 
Descamp,  dans  son  T'o/yar/e  pilloresque,  n'a  rencontré  qu'une 
seule  toile  remarquahlo  dans  ce  temple,  c'était  une  peinture 
de  Th.  Boeyermans  :  Saint  Charles  Borromée  intercédant 
pour  les  pestiférés  auprès  de  la  sainte  Vierge.  Ce  tableau  existe 
encore  dans  l'église  actuelle  de  Saint-Pierre. 

Il  y  avait  encore  dans  l'église  une  copie  du  tableau  de 
Rubens  :  Sainte  Anne  instruisant  la  sainte  Vierge.  Dans 
l'oratoire  du  Saint-Nom  se  trouvait  une  Circoncision,  avec 
volets,  par  Van  Heurt.  Ce  triptyque  figurait  au  xvii'  siècle 
sur  l'antel  de  la  chapelle;  celle-ci  renfermait  alors,  outre 
une  boiserie  de  ce  temps,  plusieurs  petits  tableaux  et 
quelques  monuments  funèbres.  Nous  avons  retrouvé  une 
quittance  délivrée  en  1481  à  Catherine  Osteens  par  le  peintre 
Jean  De  Bruyne,  lequel  déclare  avoir  reçu  la  somme  de 
dix-neuf  florins  du  Rliin  pour  un  triptyque  «  peint  des  deux 
côtés  »  et  placé  sur  l'autel  de  Saint-Ewald. 

L'église  actuelle  de  Saint-Pierre  possède,  provenant  du 
tonq-»le  démoli,  un  bon  panneau  du  xvi'  siècle  :  la  Sainte 
ïrinité,  sujet  linement  traité  avec  une  infinité  de  figures; 
huit  panneaux  du  xvi' siècle  représentant  les /m<7  6ea<«fMrfes; 
une  médiocre  vue  de  VExplosion  de  la  poudi  ière  dite  Sant- 
Poort;  enfin  cinq  statuettes  des  patrons  contre  la  peste  : 
saint  Sébastien,  saint  Antoine  l'IIermile,  sainl  Christophe, 
saint  lioch  et  saint  Adrien.  Ces  figures  en  bois  |iolychrom('' 
sont  du  XVI''  siècle. 

A  la  v(  iilt;  des  objets  d'ail,  en  I77S,  fui  exposée  une  image 
de  saint  Rocb  p.ir  Nicolas  Vaii  (1er  Vekene,  ainsi  (pie  les 
déciiralittiis  en  maibre  noir  *■!  Manc  de  répilajilie  du  bai'nii 


—  351  — 

de  Vicq,  par  Luc  Fayd'herbc.  Enfin,  à  ce  moment,  pfusieurs 
pièces  inléressanlcs  disparurent,  sans  que  nous  sachions  ce 
qu'elles  sont  devenues;  parmi  celles-ci  nous  citerons  un 
panneau  du  xv  siècle  portant,  outre  les  portraits  de  Guil- 
laume de  Gorterre,  de  son  épouse  Elisabeth  Volckaerls, 
décédée  en  1446,  et  de  leurs  fils,  celui  de  leur  neveu  Guil- 
laume de  Gorterre  dit  Sombekc;  une  toile,  la  Sainte  Famille, 
surmontant  la  tombe  de  Claire-Thérèse  d'Ancré  et  due  au 
pinceau  de  la  défunte.  La  plupart  des  biographes  malinois 
s'accordent  à  parler  de  G. -T.  d'Ancré  comme  d'une  artiste 
habile;  malheureusement,  elle  ne  nous  a  laissé  aucun 
échantillon  connu  de  son  talent. 

L'église,  vendue  publiquement  le  4  août  1781  pour 
la  somme  de  6,o00  florins,  fut  abattue  l'année  sui- 
vante. 

La  démolition  commença  le  4  février  178^.  En  1786, 
on  enleva  les  murs  et  le  grillage  qui  entouraient  le  cime- 
tière. Le  grillage  fut  en  grande  partie  placé  au  château  de 
Schiplaeken,  sous  Elewyl. 

Les  nombreuses  inscriptions  funéraires  que  renfermait 
l'église  sont  conservées  dans  l'ouvrage  Provincie ,  Siadt , 
District  van  Mechelen  opgeheldert,  etc.,  par  le  chanoine  Van 
den  Eynde,  tome  I;  mais  il  n'existe  aucune  vue  du  vaisseau 
intérieur  de  l'édifice;  nous  ne  pouvons  juger  de  l'aspect  de 
la  construction  que  par  quelques  vues  extérieures,  toutes 
prises  du  côté  du  midi,  et  par  la  reproduction  de  l'intérieur 
de  la  chapelle  du  Saint-Nom. 

Plusieurs  personnages  de  renom  occupèrent  les  fonctions 
curiales  de  la  paroisse  de  Saint-Pierre  ;  tels  sont  Jean  Yse- 
wyns,  évêque  de  Tripoli,  dont  nous  avons  déjà  parlé  plus 


—  332  — 

haut;  Jean  Paludanus,  docteur  en  théologie  à  l'Université 
de  Louvain;  Malhias  Hovius,  archevêque  de  Malines,  et 
Jean  Domyns,  écrivain  ecclésiastique. 

Emmanuel  Neeffs. 

(A  continuer.) 


1878. 


■y^-T  TUTT" 


^M 


\2 


Lith.>5.ïï.ems ,  a  Gaad. 


BULLETIN  DES  COMMISSIONS  ROYALES  D'ART  ET  D'AMÉOLOGIE. 


liihW.Hftiftî.a  (isn\. 


EGLISEDES'PH-RKEETS'PALIL.AMALINKS.DHMOLIE  EN   1782 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS, 


RÉSUMÉ    DES    PROCES-VERBAUX» 


SÉANCES 

des  4,  10,  11,  18  et  2S  mai;  des  1",  6,  8,  U,  15,  22,  26  et  29  juin  1878. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 

i"  La  proposition  de  restaurer  les  peintures  et  les  boise- Pauis de  Liège, 
ries  qui  décorent  le  local  du  palais  de  Liège  occupé  par 
M.  le  Procureur  général  près  la  Cour  d'appel; 

2°  Les  cartons  des  verrières  peintes  destinées  aux  trois     cbapeiie 

'  dos  Comtes 

grandes  et  aux  quatre  demi-fenêtres  de  la  chapelle  des   t'^c'^ourtrli.' 
Comtes  de  Flandre,  à  l'église  de  Notre-Dame,  à  Courtrai  : 
auteur,  M.  Bethune; 
5°  Les  dessins  de  M.  Vander  Poorten  pour  les  vitraux      Êgnse 

de  Nederheim. 

peints  à  placer  dans  les  fenêtres  de  l'église  de  Nederheim 
(Limbourg)  ; 

4"  Les  projets  des  statues  de  Saint-Antoine  de  Padoue  et    d/li'3,%^ 
de  Saint -Materne  à    exécuter  par    M.  Vermeylen    pour 
l'église  de  Suarlée  (Namur). 

—  Il  résulte  de  renseignements  fournis  au  département      Église 

c  '  de  Notre-Dame, 

de  l'intérieur  par  M.  le  Ministre  de  la  justice,  que  le  conseil    ^^'^e^'- 


—  354  — 

de  fabrique  de  l'église  de  Noire-Dame,  à  Bruges,  a  fait  en- 
lever le  voile  en  albâtre  sculpté  qui  recouvrait  la  nudité  de 
l'Enfant  Jésus  du  groupe  de  Michel  Ange,  qui  se  trouve 
dans  cet  édifice.  (V.  XVP  année,  p.  CGI,  et  XVI I"  année, 
p.  142.) 
Église  —  Des  délégués  ont  procédé  récemment  à  l'examen  d'un 

de  S'-Pierre,  o  i 

^^''''''''  lustre  en  cuivre  appartenant  à  l'église  de  Saint -Pierre, 
à  Uccle  (Brabant),  et  que  le  conseil  de  fabrique  demande 
l'autorisation  de  vendre. 

Ce  lustre  provient,  d'après  la  tradition,  de  l'ancien  cou- 
vent de  Boondael,  auquel  il  a  été  donné  par  les  archiducs 
Albert  et  Isabelle.  Il  a  été  réparé  et  complété. 

La  Commission  a  émis  l'avis,  après  avoir  entendu  le  rap- 
port de  ses  délégués,  que  l'autorité  supérieure  doit  s'op- 
poser autant  que  possible  à  l'aliénation  des  objets  mobiliers 
qui  décorent  nos  églises.  Le  lustre  dont  il  est  question,  tout 
en  n'étant  pas  du  même  style  que  l'édifice,  n'est  pas  dé- 
pourvu de  mérite  artistique;  il  servirait  parfaitement  à  la 
décoration  de  l'église,  et  il  serait  regrettable  que  la  fabrique 
ne  l'utilisât  plus. 

Toutefois,  si,  pour  des  raisons  majeures,  on  persistait  à 
vouloir  le  vendre,  il  conviendrait  de  n'autoriser  l'aliénation 
qu'au  profit  du  Gouvernement,  qui,  comme  le  propose  le 
comité  provincial  des  membres  correspondants,  placerait 
le  lustre  au  Musée  royal  d'antiquités. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Ont,  été  approuvés  : 
construciîon       \o  Lcs  plans  d'uu  hospice  de  vieillards  à  construire  à 

d'iospii-cs  il  '  ' 

^°e\7crmoDrtT'Anvers,  rueLozanne  :  arcliilecte,  M.  Dieltiens  ; 


.)O.J 


2'  Le  projol  d'un  potil  hùpilal  ù  rrigor  à  Spiennes 
(IlainaiiO  au  moyen  d'un  logs  (ail  par  M.  le  comlo  Ernesl. 
de  Glymes  ; 

7)"  Le  plan  relatif  à  l'agrandissenienl  de  deux  salles  de 
l'hôpilal  de  Termonde; 

4"  Le  projet  d'une  justice  de  paix ,  avec   locaux  pour      Maism. 

commun. iliî 

l'administration  communale  de  Rousbrugge-Haringhe.  Le ''%"a"5>r''' 
premier  projet,  dressé  par  M.  l'architecte  Croquison,  a  élé 
modifié  à  la  demande  du  Collège. 

—  Des  délégués  ont  examiné,  le  7  juin,  à  la  demande  de  "'ii"s  <t  vi.i-fis. 
M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  les  travaux  de  consolidation 
exécutés  au  campanile  de  la  tour  des  Halles  d'Ypres. 

Ces  travaux,  dont  les  plans  avaient  été  approuvés  le 
V  septembre  1877,  consistent  dans  le  renouvellement  de 
diverses  pièces  de  charpente,  le  remplacement  des  ancrages 
et  des  fers  supportant  les  cloches  du  carillon. 

La  Commission  a  émis  l'avis  que  le  Gouvernement  peut 
liquider  le  subside  promis  pour  cette  restauration,  dont  la 
dépense  s'est  élevée  à  15,781  francs,  soil  927  francs  de 
moins  que  le  montant  de  l'estimation. 

EDIFICES   RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

La  Commission  a  approuvé  les  projets  relatifs  à  des  tra-  Approp.-iaii.., 

■  .  ,•  ,     u  ....  ,  et  construction 

vaux  de  réparation  et  d  appropriation  a  exécuter  aux  presbv-     ^e divers 

'  '        '  r  J         presbytères. 

lères  de  Molembais-Saint-Pierre,  sous  Huppaye  (Rrabant); 
Pollaere  (Flandre  orientale);  Courrière  el  Scy  (Namur). 

Elle  a  également  donné  son  approbation  aux  pians  des 
presbytères  à  construire  : 

A  Monl-Saint-André  CBrabanl); 


—  336  — 

A  Havre  (llainaut)  ; 

A  Bodange,  commune  de  Faiivillers  (Luxembourg-), 

Et,  à  Spontin  (Xamur). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  : 
TegnseT"       1°  Les  plans  relatifs  à  la  construction  deciises  : 

il  liuddcrvoordo,  ""^ 

La  B?o"cùeter.e,     ^ Ruddcrvoorde  (Flandre  occidentale)  :  architecte,  M. Ver- 

Spv  el  Assisses,  u  „ 

naegen  ; 

A  La  Hestre  et  à  La  Brouclieterre,  sous  Gharleroi  (Hai- 
naut). 

Ces  deux  projets  ont  été  modifiés  par  M.  l'architecle 
Bonnet  conformément  aux  indications  du  Collège. 

A  Spy  (Nanmr),  sous  les  réserves  ci -après,  dont  l'auteur, 
M.  Bruyenne,  tiendra  compte  dans  le  cours  des  travaux  : 

a.  Augmenter  l'inclinaison  des  toitures; 

/j.  Placer  la  flèche  de  manière  à  ce  que  chacune  de  ses 
faces  corresponde  à  l'une  des  faces  de  la  tour  ; 

c.  Supprimer  l'escalier  circulaire  projeté  dans  l'une  des 
piles  de  la  tour;  cet  escalier  peut  être  placé  dans  l'angle 
formé  i)ar  la  tour  el  l'une  des  nefs  latérales. 

Il  a  été  convenu,  en  outre,  que  les  piliers,  les  colonnes 
engagées,  les  contre-forts,  les  cordons  et,  en  général,  toutes 
les  parties  essentielles  de  l'édifice,  seront  construites  en 
pierre  de  taille. 

A  Assesses  (Namur)  :  architecte,  M.  Glibert.  L'auteur  a 
été  invité  toutefois  à  supprimer  l'encadrement  régulier  pro- 
jeté aux  fenéircs;  il  devra  se  borner  à  coiiliimci'  .lulour  de 
ces  fenêtres  les  assises  des  murs,  sans  changement  d'ap- 
f)areil  ni  de  iiiiil(''riau\  ; 


—  537  — 

■2"  Le   plan    dressci  par  M.  l'architecte  Taeymans  pour  '^^".."''Sr' 
l'agrandissement  de  l'église  de  Ryckevorsei  (Anvers).  Ce  ot d/jerneùe! 
projet  a  été  modifié  d'après  les  indications  de  la  Com- 
mission ; 

3"  Le  projet  d'agrandissement  de  l'église  de  Jemelle 
(Namur)  ; 

Un  premier  projet  où  la  nouvelle  partie  de  l'église  aftec- 
tait  la  forme  circulaire  avait  donné  lieu  à  des  observations 
sérieuses.  Dans  une  conférence  à  laquelle  assistaient  M.  le 
bourgmestre  et  M.  le  curé  de  Jemelle,  ainsi  que  M.  l'ar- 
chitecte Vandewiele,  le  Collège  a  démontré  les  nombreux 
inconvénients  qui  seraient  résultés  forcément  des  disposi- 
tions générales  proposées  pour  l'édifice,  et  il  avait  été 
convenu,  de  commun  accord,  que  l'architecte  étudierait  un 
projet  nouveau,  conçu  de  manière  à  agrandir  rationnelle- 
ment l'église  actuelle,  c'est-à-dire  par  l'adjonction  d'un 
transept  et  de  travées  en  rapport  avec  la  construction  an- 
cienne. C'est  dans  cet  ordre  d'idées  que  sont  dressés  les 
plans  qui  ont  été  approuvés. 

Il  y  aura  lieu  toutefois  de  donner  plus  d'inclinaison  aux 
toitures  des  basses-nefs  et  de  remplacer  le  mur  de  clôture 
projeté  autour  de  l'église  par  une  simple  haie. 

4"  Le  plan  élaboré  par  M.  l'architecte  Baeckelmans  pour      Eguse 
le  pavement  à  établir  dans  la  nouvelle  église  de  Saint-Amand,     ^  \a"^Z  ' 
au  Stuyvenberg,  à  Anvers  ; 

5"  Les  dessins  de  divers  objets  mobiliers  destinés  auxA^'eubiemenid.- 

diverses  églises. 

églises  de  : 

Rruysweg,  commune  de  Lillo  (Anvers),  maitre-autel  ; 

Mariakerke  (Flandre  orientale)  :  stalles  et  banc  de  com- 
munion : 


—  558  ~ 

Nederheim  (Liinbonrii)  :  mailro-aulel,  hénilierel  meubles 
de  sacristie; 

Bassenge  (même  proYinee)  :  deux  autels  latéraux  et  bulTet 
d'orgue  ; 

Falisolie  (Namur)  :  buffet  d'orgue; 

Dinant  (même  province)  :  jubé  et  buffel  dorguc 


TRAVAUX  DE  UESTALRATIO.N. 

Ont  ('lé  apjtrouvês  : 
Réraraiioii  d^      ]o  Les  projels  de  diverses  réparations  à  exécutt'i*  aux 

divpisrs  église*.  '       •'  ' 

églises  de  : 

Xieuwenhove  (Flandre  orientale); 

Nimy  (Hainaut)  ; 

Jumet  (même  province); 

Chapelle-à-Oie  (même  province)  ; 

Quévy-le-Grand  (même  province). 

Il  résulte  de  certains  articles  du  devis  qu'on  compte  em- 
ployer des  pierres  de  taille  pour  recouvrement  de  contre- 
forts, réparations  aux  cornicbes  du  chœur  cl  des  bas-côtés 
el  l'eslaurations  à  la  façade  ouest.  La  Commission  a  recom- 
mandé à  rarcbitecte  de  conserver  sci'U|)uleusemeiU  le  cai-ac- 
tère  actuel  des  membres  d'architecture  à  restaurer  ou  à 
renouveler,  l'église  de  Quévy-le-Gi-and,  ornée  d'une  char- 
pente apparente  sculptée,  étant  sii^nalée  comme  offrant  un 
certain  mérite  artistiipie. 

Op-Glabbeck  (Limbonrg); 

Nederheim  (même  province); 

Régnez,  comniiine  de  jjih.iiii  (  LuxtMiibourg); 


—  r>5t)  — 

±'  Li's  coiiintos  dos  l'ccctlcs  cl  des  dépenses  failes  m  IS77  '"•;:''"?''?.V'^'' 

1  I  l'J;ll^Os  atî  j> -n*iiii- 

itour  la  l'cslaiiralioii  des  eulises  inoiiunientales  de  :  ;.u.i(iii<kiai)vip. 

'  a  Malincs," 

Sainl-Ronil)aul,  à  AHdiiies  (luiir).  On  a  démoli  p^'iidanl;'^-.!;;";^,^;,;.;,^^»^^^^^^^ 
cet  exercice    les    orncnienls    el  moulures   du  eonlR'-roils'M>oni'in'Jiinv 
gauche  de    la    façade    est,    au-dessus    de    la    loitui-e    de   ^tsMiubr.t. 
l'église;  ces  ornementations  ont  ensuite  été  partiellement 
reconstruites; 

Notre-Dame  au  delà  de  la  Dyle,  à  Malines,  restaurations 
diverses  en  recherche  et  qui  ont  occasionné  une  dépense  de 
Ir.  11,189-95; 

Saint-Pierre,  à  Louvain; 

Saint-Jean-Baptisle,  au  Béguinage,  à  Bruxelles.  On  a 
renouvelé  la  corniche  de  couronnement  et  les  consoles 
d'amortissement  à  la  face  nord  de  la  nef  principale. 

Les  six  fenêtres  de  cette  face,  ainsi  que  les  conlre-forts, 
ont  été  refaits  en  partie;  la  surface  du  parement  uni  com- 
|>risc  entre  les  contre-foris  a  dû  être  entièrement  reconstruite. 
Le  même  travail  a  été  effectué  à  la  partie  en  retour  du 
transept,  face  nord-ouest  ;  à  la  fenêtre,  on  a  renouvelé  les 
chambranles  et  refait  le  parement  uni  qui  entoure  celle 
fenêtre,  ainsi  que  celui  entre  les  consoles  d'amortissement 
des  contre-forts. 

Saint-Quentin ,  à  Hasselt.  On  a  renouvelé  en  grande 
partie  les  conlre-forts  du  pourtour  du  chœur,  placé  des  me- 
neaux et  dégagé  la  voûte  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix 
de  la  couche  de  mortier  qui  la  couvrait  ; 

Walcourt  (Narnurj  ; 

Saint-Hubert.  On  a  conlinue  les  travaux  de  reconslruc- 
tion  du  mur  de  revêtement  de  la  partie  inférieure  du  tran- 
sept, vers  la  cour  du  pénitencier,  etc.; 


(le  S'-Pierre 
à  Louvain 


—  340  — 
Eglise  y  L(3,s  proiels  des  travaux  de  restauration  à  exécuter  ; 

S'.Pierre.  ■        •> 

Au  clievet  du  chœur  de  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Lou- 
vain :  architecte,  M.  Frische; 
Chapelle        Aux  tourclles  de  la  chapelle  du  Saint-Saniç,  à  Bruges  : 

du  Saint  Saug,  '  O'  O 

i  Bruges,    architecte,  M.  Delà  Censerie  ; 
Êftiise  A  l'église  de  Melsele  (Flandre  orientale),   construction 

de  Melsele. 

d'une  flèche  cl  d'un  portail,  et  réparations  diverses  :  archi- 
tecte, M.  De  Perrc-Montigny; 

deoîS'rode.       A l'église dc Gru}' trodc ( Liuibourg)  :  arehilecte, M.  Janiiiié; 

Église  d-Asch.      A.  l'église  d'Asch,  en  Campine  (même  province)  :  archi- 
tecte, M.  Stapper; 
Église  A  la  tour  de  l'église  de  Rixingen  (même  province)  :  ar- 

do  Rixingen.  ^ 

chitecte,  M.  Castermans; 
Kgiise  de  Ghiin.     A  l'égHsc  dc  Notre-Dame-des-Lumièrcs,  en  Glain  (Liège)  : 
architecte,  M.  Jaspar,  sous  réserve  de  ne  rien  modifier  aux 
dispositions  actuelles  de  l'édifice  et  de  n'y  introduire  aucun 
élément  décoratif  nouveau; 
des^vincent       ''^"  ^^  projct  drcssé  par  M.  l'architecte  De  Curte  pour  la 
asoign.es.    j.çcQusjjpuction  dc  l'oscalicr  du  portail  principal  de  l'église 
de  Saint-Vincent,  h  Soignics. 
Église.         —  La  Commission  a  proposé  à  M.  le  Ministre  de  la  justice 

de  S'  Gomœaire,  '         ' 

dep.xxkevolsei.d*''  raugcr  l'église  de  Saint-Gommaire,  à  Lierre,  dans  la 
etd'eNoire-Damedeuxième  classc    de    nos    monuments   nationaux.   Elle  a 

de  BonSeconrç, 

à  Bruxelles,  ajiprouvé  aussl  la  proposition  de  confier  la  restauration  de 
cet  édifice  à  M.  l'architecte  Blomme  et  d'échelonner  la 
dépense  à  faire  sur  quinze  exercices. 

—  La  tour  de  l'église  de  Ryckevorsel  (Anvers),  celle  de 
l'église  de  Vosselaere  (Flandre  orientale)  et  l'église  de  Notre- 
Dame-de-Bon-Secours ,  à  Bruxelles,  ont  été  classées  dans 
la  troisième  catégorie  des  monuments. 


—  Ui   — 

—  Des  délégués  oui  inspecté,  le  25  mai,  la  chapelle  d'Abée,  chapoik  dAbcc. 
commune  île  Scry  (Liège)  ;  celte  construction  n'est  plus 
affectée  au  service  du  culle,  sa  toiture  s'est  en  grande  partie 
effondrée  et  elle  est  menacée  d'une  ruine  complète  dans  un 
avenir  prochain,  les  autorités  locales  n'ayant  pas  les  res- 
sources nécessaires  pour  y  exécuter  les  réparations  indis- 
pensables. Le  conseil  de  fabrique  de  Scry  demande  l'auto- 
risation d'aliéner  cette  chapelle,  avec  son  mobilier  et  le 
terrain  qui  l'entoure,  au  i)rofjt  de  M.  Viersct-Godin,  moyen- 
nant le  prix  de  1,420  francs.  L'acquéreur  s'engagerait,  en 
outre,  à  faire  restaurer  la  chapelle  à  ses  frais. 

La  Commission,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses 
délégués,  a  émis  l'avis  que  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'au- 
torisation sollicitée  soit  accordée. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 
Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  l'résidenl, 

Wellens. 


UîbAt.E  1)e\'ii.l 


J^L.I. 


JR,S'. 


cliaus.see. 

Je  portail  dcrrwli 
wiron  100  mètres. 


K.  Entrée       ^      Bâtiment 
de  la  Crtjpte.  ;|    ((•iii.'cnlncl . 


B-Cstaurcaion 
des  fenêtres^  . 


liih.NHems 


a?ORoeR/iPi?i«| 

Df|  Ll'|H?(jItjpn(j  e(6Iil^(|  /ÎBB/ÎTI(ÎLti 


1)1,  \illI':rs 


PI.  11. 


.^Ti^îLe; 


7I3W .  Architecte  promn 


tVo  rru^t. 


«)OP06RtïPI>Iti 
Plan  du  l"^  étage. 


Jl-  -l-^  I  I  I  I  I  I  I 


1^-'  i'--,;.»„-...»::t:::»::-:::-^r 


'i     I     S     i     I     II     I 


j 


AVH  DK  VllXEHS  .     - 


F"      111 


i^ 


iWtms  .sc^ 


ABBAVf  DE  VïLLÏUS 


I 


œODlHjRflrl.IH 
Dé  Vllihe.R$ 


^^=^^t^--^^4-T~T 


4 


f:<Mi.-  :i.-  .rf.^.-.î  /.<./ 


XRnn&.sc^ 


iVBBAYli  \)E  VlllVA 


l'l,.l\- 


fiAteie. 


Uih.l^.Wôiuâ ,  a  Garid. 


œoDDOR/iprjiH 
Dq  ii'.fiP(;i<îi7niî  e'GLi.sç  /ibb.hti.hli- 

K„,  .idi-  l.itfT-dIe  ,  cole  N'oi  .1 


F.MI,    J,    O  OO'J}   pm„,„ 


1 

I 


VlLl 


l'L.V. 


Luh.  li.Hcjns,  a  Gat: 


ÇToPOOR/IPPie. 

Dti  li  (îniJKlUIH^    éIgUIS^  HBB.flTKlLf- 

Dq  VIljLfiRS. 


F„,.„l,    l,„„.,le   ,  ,nl,\Si,J  , 


I 


Al'.BAYK  1)K  Vll.LEHS 


l'I-  VI. 


CD0D06R/ÎPI;)IC( 

De:  li.fîI?0iqDDCl  (36LI$^  fIBB.fîTI/IL(3 
D0  laLLCJR^ 


l/fc  d  aprrs  le  dessin  de  Sandérus. 
Edition  de  l65!> 


Nola    Dans  le  dessin  eiriginal .  le  ehiire  est 
par  erreur,  pincé  à  gauche  de  l'èqlise  . 


^Ki.■^;.sc' 


"Lu'n.HHei-ni.iGîi 


DE 


Occidentale 

tcnL  iimcjiicment  dcx  lieuvr. 
iralion  compictc  dô  l  avant  corps. 

le  0.0025  pour  1,00. 


lan  llop  I . 
e/Mf  et  de  l'arc/iivoUe  . 
'rrc  diinx  .Snndérus  lO.ïg  cl  le  B''."  Icroy  lUgj . 

eur.  rcsteiiirèes  en  dessin  . 

'Siècle  id 

eiiiL  de  la  grandes  fenêtre  . 
POïrhe  lorsàu  'en  monta  les  ètatjes  supérieurs ,  tiitns  (a.  seeortde  jnoitte  dnXlll'Sièdc . 


•ices  iTi'iint  lrp0(ju£'  lUs  dessins  des  âenx-  auteurs  précités . 
atre  bcijcs  civctnt  la  même  époque  . 
figurent  trois  I 


miieC: 


A.Heins.sc. 


Façade   Occidenrole. 
Etat  aciuel 


-  J 


.  ^S«     ,  .^«Pl  15^*»»-' 


oîonoGR/ïpni^ 


Façade  Occitlentah- 

Klémmt^  clin  rYsiiJte/it  iimifiiement  de.f  ltett:r 
\'lir servir  à  la  rtslaiitatitiii  iviiiplète  àt  l iHui/ittorps. 

V.chfWe  i\e  0.0025  poiil  100. 


1-i 


m 


n 


,,  ,1 

■  V 

i: 

■>:îr. 

■Mi  1 

-y 

\      L-    ' 

-     r 

fi 

Vateâ.tefvrrhtjtuiqaa    rv -dcn  t  i^t  f-nmitif   (irrx  lan  (2  p  t 

Seiiligedttfirmtntsdup-v^  ju    f  \-iiithiits  lMgrlleli''Uny  tëgj. 

èmUrwd^tVi  njâil  I     i  \  iJ 

UaepontHegufttnar    c  '  L   <i  la  grande- finkrt . 


ÎDHj£Cotilori,/u.ï.i(i::t  p.v 


Planche  vu  (Doiilili- 


î^ 


^1 


jOi. 

f 

';:^ 

y 

n 

jij. 

fe 

u 

m 

C 

r^ 

^ 

y 

< 

5d 

t=- 

■^ 

MX 

^ 

f 
.ni- 


tr 
tr 


ilÀ 

tr 

'35 

.-n 

r> 

,T' 

^ 

H 

!C 

o 

XD. 

^ 

m 

O 

fti 

05 

t- 

1:0 

00 
(Tl 

a 
'TJ 

<T 

■s^ 

w 

tjO 

■a 

-3 

tr 


\YK    I)F,  \ll,l,i:i!S 


ffîOXîOGKfïPl?!^   D€{  L'elGLIjSf^ 


Coupe  sur  les  nefs  ei  i'hapcllcs .  \'oid. 


Wt  (WH'rant  les  chape/les. 
"oit  phnvtif  des  ku--rà/r.f. 
lechan/e  sur  [es  ans  ■  boutants, 
fiicori/icrii-  hnitc  sur  le  seuil . 


0  C  ■''l'j  par  mètre . 


n, architecte  promcia],  dd.' 


Planche  X 


PAYE  D£  \'liLER.S. 


a?ODOGR/ÎPl;.I^ 


Coupe  daiuf  le  croisillon  A'ôrd  du  Tninsepi 


i'  .  Toit  pi'imitif  des  bas  cotés . 

C  .  Bcchartje  sur  /<?,*•  arcsboiitant.r 


CiOliÎDTy  wc\ 


Planche  XI 


VipAr; 


"^ 


^ 


t^ 


^     0 

-OX       Q 

f   'a» 

■   "^i  ^ 

td 

'S 

f 


U 


BAYE  Di:  VlJ.LKKS. 


l'I.  .XIII. 


iSN  ,Aràtiiecie  pruvmcij 


I 


ffiOI?OGR/lPl!l(fl 

D(l  (.aijii«|RS. 


lim,jifti({inatf  .  râtl  J^hrd . 


4xiM  ! 


^    T^**-    i"  ^       y^^ 


'4. 


iUiuti 


i__l 


li 


UNE  COLONIE  BELGO-ROMAINE 

AU  RAVENSBOSGH 

PRÈS       DE      FAUQUEMONT 
(-2"  article) 

EXPLORATION   DE   LA  VILLA   DE   BILLICH 


Au  mois  de  janvier  1870,  nous  avons  entrepris  des  fouilles 
dans  la  partie  septentrionale  du  plateau  deRavensbosch,  dans 
un  champ  nommé  op  den  Billich,  situé  au  sud  du  hameau 
de  Haesdael.  Le  terrain  fait  partie  de  la  commune  de  Schim- 
mert  et  ne  se  trouve  pas  loin  des  limites  de  celle  de 
Houlhem  (i).  Comme  c'est  un  champ  formé  de  limon  et 
exempt  de  gravier,  nous  avons  pu  le  scruter  d'abord  au 


(j)  Cadastre  de  la  commune  de  Schiramert,  section  D.  n°  1065.  V.  carte 
figurative  des  substructions  du  Ravensbosch,  litt.  B.  C'est  une  pièce  de  terre 
d'une  contenance  de  91  ares  et  80  centiares,  appartenant  à  Jean-Jacques  Van 
Oppen ,  d'Aelbeeck.  Le  nom  de  Billich  se  trouve  dans  beaucoup  de  noms  de 
lieux.  Une  partie  de  la  ville  de  Maestriclit  s'appelle  Oft  den  Bellick,  une  campagne 
dans  la  commune  de  Bergh-Terblyt  porte  le  même  nom.  En  Alsace  nous  trouvons 
la  commune  de  Wasserbillich.  Une  tout  autre  existe  aussi  près  de  Trêves,  de 
même  qu'un  village  de  Welsbillich  et  de  Pullich.Bilk  est  un  faubourg  de  Dussel- 
dorf.  C'est  à  Billich,  près  de  Zulpich  (Prusse),  que  les  archéologues  chcrcheut  la 
station  romaine  de  Belyica.  V.  Jahrbilclier  des  Vereins  von  Alterthumsfreiinden 
im  Bheinlande,  année  1873,  p.  525. 


—  544.  — 

moyen  de  la  sonde,  ce  qui  a  été  d'un  grand  secours  aux 
ouvriers  pour  suivre  les  lignes  des  fondations. 

A  Billich  nous  avons  découvert  les  substructions  d'une 
maison  de  campagne  belgo-romaine,  bâtie  sur  le  même  plan 
que  toutes  celles  que  nous  avons  fouillées  dans  nos  environs. 
L'emplacement  avait  été  habilement  choisi  ;  le  bâtiment  se 
trouvait  sur  une  éminence  avec  une  pente  vers  le  sud;  le 
paysage  environnant  est  magnifique  et  le  coup  d'œil  sur  la 
vallée  de  la  Geule  des  plus  ravissants.  A  une  distance 
d'environ  trois  cents  pas  se  trouve  une  source  d'eau  vive  qui 
jaillit  de  la  montagne ,  forme  un  petit  ruisseau  nommé 
Strabeek,  ou  Slraetbeek,  qui.  se  jette  entre  Houthem  et 
Fauquemont  dans  la  Geule. 

La  façade  principale  de  notre  villa  (PI.  I,  lilt.  A  B  C), 
tournée  vers  le  sud,  mesurait  ol^oO  et  était  terminée  aux 
angles  de  l'est  et  de  l'ouest  par  deux  chambres  saillantes  en 
forme  de  tours  carrées.  Vimpluvium  (PI.  I,  litt.  D)  se  trou- 
vait enclavé  entre  cette  façade  et  celle  du  nord  (PL  I,  litt.  D), 
qui  avait  une  longueur  de  22'"o0.  Celle-ci  était  formée  de 
deux  parties  :  la  cave  (PI.  1,  litt.  F)  et  une  salle  très-longue 
qui  semble  avoir  été  subdivisée  en  plusieurs  pièces  (PL  I, 
lilt.  E).  Sur  notre  pi.  I,  fig.  2,  nous  avons  donné  une  vue 
perspective  de  la  cave,  bâtiment  d'une  fort  belle  structure 
en  moellons  de  petit  appareil  soigneusement  smillés  à 
l'aide  de  la  boucharde.  Ces  moellons,  solidement  liés  avec 
du  ciment,  provenaient  des  carrières  voisines  de  tuffeau 
{mergelsleen) .  Ils  prouvent  une  fois  de  plus  que  les  Romains 
savaient  parfaitement  utiliser  dans  leurs  bâtisses  les  maté- 
riaux qu'ils  trouvaient  sous  la  main.  Notre  cave  avait  une 
longueur  de  7  mètres  sur  une  largeur  de  4  (PL  I,  litt.  F). 


BULLETIN  DES  COMMLSSIOMS  ROYALES  D'ART  ET  D'ARCHÉOLOGIE.^T  XVll 


BILLICH,  PI.  1 


VUE  PERSPECTIVE  DE  LA  CAVE 


PLAN  DES  SUBSTRUCTIONS 


xzm 


VQ     ^'1 


il  ^ 


II 


Eèelle  de  0.005  pirmétte 


—   345  — 

L'entrée,  d'une  largeur  de  2"'r)0,  était  formée  de  deux  murs 
solidement  bâtis.  Elle  était  placée  du  côté  de  l'impluvium. 
L'escalier,  sans  doute  en  bois,  avait  disparu,  mais  avait  laissé 
dans  le  mur  des  traces  visibles  de  la  disposition  des  degrés. 
Le  mur  du  nord  et  celui  de  l'ouest  avaient  conservé  des  ves- 
tiges de  deux  soupiraux  en  forme  de  meurtrières.  Dans  le 
mur  du  nord  on  remarquait  en  outre  la  trace  de  soliveaux 
qui  ont  dû  soutenir  la  charpente  d'un  plancher  en  bois  ayant 
servi  de  plafond  à  la  cave.  Vitruve  appelle  ces  trous  du  nom 
de  columharia  ou  cubilùi  (i).  Les  clous  du  plancher  ont  été 
retrouvés  dans  le  remblai.  Hauteur  des  murs  de  la  cave 
i^SO,  épaisseur  O^iS. 

Ce  qui  nous  parut  surtout  à  remarquer  dans  les  substruc- 
tions,  c'est  que  la  cave  seule  était  maçonnée;  le  reste  des 
assises  consistait  en  blocage.  Pour  établir  ces  assises,  on 
avait  construit  des  rigoles  de  la  largeur  d'environ  deux  pieds 
qu'on  avait  ensuite  remplies  de  cailloux  et  de  gravier, 
consolidés  au  moyen  de  la  fistuca  ou  du  mouton.  Sur  ces 
fondements  on  avait  élevé  les  bâtiments,  qui  comme  d'ordi- 
naire étaient  de  bois,  couverts  de  tuiles.  Dans  ces  sortes 
d'assises  exposées  à  l'humidité  de  la  terre,  on  évitait  d'em- 
ployer le  mortier,  parce  que  cette  matière,  d'après  l'avis  de 
Vitruve  (2),  attaque  le  bois  et  le  fait  pourrir. 

Remarquons  enfin  que  notre  villa  de  Billich  a  péri  par  le 
feu  comme  toutes  celles  de  nos  environs  que  nous  avons  exa- 
minées. C'est  l'invasion  des  barbares  qui  a  mis  fin  aux 
bâtiments  champêtres  isolés  et  aux  petites  colonies  sans 


(1)  ViTRUvius,  De  archilectura,  IV,  2  et  4. 

(2)  ViTROv.,  /.  cit.,  VI,  1. 


—  346  — 

appui.  CoKc  catastrophe  a  appris  aux  habitants,  sans  cesse 
exposés  aux  alla(|ucs  de  l'ennemi,  à  grouper  leurs  demeures 
dans  un  centre  commun  et  à  réunir  leurs  forces  dispersées  (i). 
Telle  est  l'origine  d'une  grande  partie  de  nos  villes  et  villages 
modernes.  Les  vestiges  du  feu  destructeur  se  rencontraient 
partout,  mais  surtout  dans  le  déblai  de  la  cave,  qui  dans 
certaines  parties  ne  consistait  qu'en  cendres  et  charbons  de 
bois,  en  tuiles  cassées,  tessons,  ferrailles  et  autres  ustensiles. 
Parmi  les  charbons  nous  avons  cru  reconnaître  presque 
toujours  ceux  du  chêne,  rarement  ceux  du  hêtre,  du  sapin 
ou  du  saule. 

Après  ces  données  générales,  passons  maintenant  à  la 
description  du  mobilier  trouvé  dans  les  substructions  de 
Billich. 

OBJETS    EN    FER. 

I.  Un  batillum,  ou  pelle  à  brasier  artistement  travaillée 
et  munie  d'un  manche  tourné  en  spirale  et  de  deux  anneaux 
mobiles  de  suspension.  Elle  est  longue  de  0"'8'2  (PI.  I, 
fig.  5).  Cet  instrument  a  probablement  servi  à  attiser  le 
feu  et  à  porter  des  charbons  allumés;  il  fut  trouvé  au  fond 
de  la  cave  et  avait  subi  une  petite  courbure  sous  le  poids 
des  décombres  dont  il  était  couvert.  Rich,  dans  son  Dic- 
tionnaire des  Antiquités  ('i),  donne  le  dessin  d'un  flagrum, 
ou  fouet  pour  punir  les  esclaves,  dont  le  manche  est  tordu 
de  la  même  façon.  Cet  objet  avait  été  trouvé  à  Herculanum. 


(i)  Voy.  ce  qu'ont  écrit  récemment  à  ce  sujet  MM.  Béquet,  Cajot  et 
SciiUERMASs,  dans  les  Ann.  de  la  Soc.  arcliéol.  de  JSamur  et  le  Bull,  de  l'Instit. 
archéol.  liégeois. 

(2)  Édition  française  de  1859,  p.  273. 


BILL1CH_PL.1I 


AHeins.sc. 


)  restant  orandeur  réelle 


BULLETIN  DES  COMMISSIONS  ROYALES  D'AIT  ET  D'ARCHÉOLOGIÎ  _T.XV]I 


Uv\vUfttm:,  aSan4. 


ri;5  1,  2  au  '/S;  3.  4.8,  27,  34  au 'A,  5,6,7,36  au '/g,  13, S3  au '/a.  3, 


0. 11,  12,  20,  31,  32.  37  au'/z,  le  restant  grandeur  réelle 


—  547  — 

Une  pelle  de  la  même  forme  que  la  nôtre,  mais  sans  manche, 
a  été  découverle  à  Poinpéï  parmi  des  outils  de  maçon  (i). 

2.  Un  couperet  à  dos  très-mince;  la  douille  est  encore 
munie  d'un  fragment  de  bois.  Les  couperets  de  cette  forme 
se  rencontrent  fréquemment  dans  les  représentations  reli- 
gieuses. C'est  pourquoi  les  archéologues  ont  coutume  de  les 
nommer  des  couteaux  de  sacrifice  (2).  On  en  voit  figurer  chez 
de  Monlfaucon  (3).  Mais  comme,  d'après  la  très-juste  observa- 
tion du  comte  de  Caylus,  «  si  l'on  en  croyait  le  grand  nombre 
des  couteaux  de  sacrifice  des  musées  et  des  collections,  les 
anciens  n'auraient  jamais  eu  de  couteaux  de  cuisine,  »  nous 
pensons  que  notre  objet  n'a  jamais  eu  une  destination  aussi 
relevée;  il  aura  servi  dans  le  ménage  du  propriétaire  "de  notre 
villa  à  hacher  les  légumes  et  la  viande  (PI.  II,  fig,  i)  (i). 

3.  Une  plaque  à  rebords,  de  la  forme  d'une  tuile  romaine, 
ayant  probablement  servi  à  cuirasser  un  soliveau  ou  un 
autre  objet.  Elle  a  été  trouvée  parmi  les  débris  de  la  cave. 
Un  menuisier  auquel  nous  avons  montré  notre  plaque,  croit 
que  le  bois  qui  est  resté  attaché  à  l'intérieur  est  constitué 
de  filaments  de  chêne  (PI.  II,  fig.  2). 

4.  La  lame  d'un  couteau  ou  d'un  rasoir.  Le  dos  de  l'objet 
est  fort  large  (PI.  II,  fig.  5). 

5.  Deux  petites  barres  en  fer  tournées  en  spirale.  Peut- 
être  des  fragments  de  mors  de  cheval  (PI.  II,  fig.  4). 


(1)  RiCH,  Dictionnaire,  à  l'article  Riitnim.  L'instrument  avec  lequel,  suivant 
la  tradition,  Remus  fut  tué,  était  un  rutrum  ou  bêche  de  ce  genre. 

V.  OviDii,  Fast.,  IV,  843. 

(-2)  FiEDLER,  Denckmœler  von  Colonia  Trajana  und  Castra  vêlera,  p.  67. 

(3)  MoNTFAucoN,  Antiquités  expliquées,  II,  p.  \i%. 

(i)  On  remarquera  la  ressemblance  de  ce  couteau  avec  la  fig.  17  de  la  pi.  viu 
du  Bull,  des  Comm.  roi/,  d'art  et  d'archéol.,  V,  p.  460. 


—  548  — 

6.  Crochet  muni  au  bas  d'un  tenon  et  au  haut  d'une 
cheville  (PI.  II,  fig.  o). 

7.  Deux  fers  plats  d'une  garniture  de  porte  ou  d'armoire 
(PL  II,  fig.  6  et  8). 

8.  Lame  de  fer  en  forme  de  pointe  de  lance  (PI.  II,  fig.  7). 

9.  Fragment  d'une  chaîne  composée  d'un  anneau  à  deux 
cercles  et  d'un  anneau  oblong  à  angles.  Les  mors  modernes 
de  nos  chevaux  ont  des  chaînons  pareils  (PI.  II,  fig.  9). 

10.  Crampon  pour  fixer  un  objet  dans  le  mur  (PI.  II, 
fig.  10). 

11.  Perçoir  ou  vrille  de  menuisier  (terebra)  pour  per- 
forer le  bois  (PI.  II.  fig.  H). 

12.  Plaque  de  serrure,  munie  d'un  petit  crochet  saillant 
(PI.  II,  fig.  12). 

15.  Garniture  d'un  gros  bâton;  c'est  une  douille  en  forme 
de  godet.  Les  boyaux  de  nos  charrettes  rustiques  sont 
munis  de  garnitures  de  ce  genre  (PI.  II,  fig.  15). 

14.  Trois  plaques  rondes  (PI.  II,  fig.  27).  Aux  fouilles 
du  Herkenberg,  àMeerssen,  nous  avons  trouvé  une  ron- 
delle pareille,  mais  en  bronze  et  perforée  au  milieu  (i). 

15.  Une  grande  quantité  de  clous  de  toutes  dimensions, 
la  plupart  fortement  attaqués  par  la  rouille  et  le  feu.  On  peut 
classer  ces  objets,  en  général,  de  la  manière  suivante. 
D'abord  nous  avons  trouvé  des  clous  à  pointe  aplatie,  afin  de 
les  faire  entrer  dans  le  bois  sans  perforage  préalable  ;  ils  ont 
la  tète  petite,  conique  et  à  quatre  pans  (PI.  II,  i\g.  28).  Ces 
clous  servent  encore  de  nos  jours  à  fixer  le  plancher  de  nos 


(i)  Publications,  etc.,  du  Limb.,  VIII,  p.  -406. 


—  349  — 

chambres  aux  traverses  qui  le  soutiennent.  La  seconde 
catégorie  a  la  tète  plus  grosse  et  la  pointe  aiguë.  Ce  sont 
peut-être  les  clavi  muscarii  dont  parle  Vitruve  (i).  A  la 
troisième  catégorie  de  clous  de  la  villa  de  Billich  appartient 
celui  que  nous  avons  figuré  PI.  II,  fig.  30.  C'est  un  clou 
à  grosse  tête  plate  et  unie,  qu'on  retrouve  souvent  dans  les 
fouilles,  avec  la  pointe  recourbée.  C'est  qu'il  servait  plutôt 
à  rattacher  qu'à  fixer  uniquement.  Actuellement  il  porte 
encore  le  nom  de  clou  à  river. 

OBJETS    EN    BRONZE    ET   CUIVRE. 

1.  Un  style  à  écrire  orné  de  ciselures.  Il  a  la  forme  ordi- 
naire (PI.  II,  fig.  17). 

2.  Fragment  d'un  petit  bracelet,  composé  de  deux  fils  de 
cuivre  tordus  (PI.  II,  fig.  18).  La  figure  suivante  représente 
le  fragment  d'un  anneau  ayant  peut-être  eu  la  même  desti- 
nation (PI.  II,  fig.  19). 

3.  Petit  tuyau  fabriqué  d'une  plaque  de  cuivre  soudée. 
C'est  la  bouterolle  d'un  pilum  ou  la  virole  d'une  canne 
(PL  II,  fig.  20). 

4.  Grand  anneau  muni  d'une  attache.  Il  porte  les  traces 
du  frottement  d'une  corde.  Peut-être  l'ornement  d'un  collier 
ou  d'une  selle  de  cheval  (PI.  II,  fig.  21). 

5.  Bel  ornement  de  coffre  ou  de  meuble,  muni  de  deux 
clous  pour  l'attacher.  Les  feuilles  de  nénufar  dont  il  est  ter- 
miné constituent  un  ornement  favori  des  Romains.  11  revient 


(i)  De  arohilectura,  VII,  5.  M.  Schuermans  pense  que  c'étaient  plutôt  les 
clous  en  forme  de  T  dont  il  parle,  Bull,  des  Comm.  roij,  d'art  et  d'archéol., 
V,  p.  174. 


—  330  — 

très-souvent  sur  les  poteries  et  les  meubles;  sa  belle  forme 
unie  et  facile  à  dessiner  se  prèle  parfaitement  aux  représen- 
tations artistiques.  Le  nénufar  était  une  plante' sacrée  de 
l'Egypte  (PI.  II,  fig.  22  et  22  '^'O- 

6.  Une  bague  de  femme  ou  d'enfant,  avec  chaton  (PI.  II, 
fig.  25).  La  bague  et  l'anneau  étaient  fort  à  la  mode  chez 
les  anciens  Romains.  Non-seulement  les  femmes  et  les  che- 
valiers, mais  même  le  commun  du  peuple,  avaient  coutume 
d'en  porter.  C'est  pourquoi  ces  objets  manquent  rarement 
dans  les  fouilles. 

7.  Clou  de  meuble  à  tète  ronde  et  de  forme  très-élégante 
(PI.  II,  fig.  24et24'"0. 

8.  Fragment  d'un  petit  miroir  dont  la  forme  primitive  ne 
peut  plus  être  déterminée.  Notre  plaque,  dont  l'épaisseur  est 
de  deux  millimètres,  est  de  cuivre  jaune  très-dur.  Une  de  ses 
faces  est  polie  et  couverte  d'une  légère  couche  d'argent,  qui 
a  conservé  une  partie  de  son  lustre;  l'autre  est  rude  et  cou- 
verte d'une  patine  verte  (PI.  II,  fig.  25).  L'usage  des  mi- 
roirs métalliques  a  continué  parmi  nous  durant  tout  le  moyen 
âge.  On  se  servait  de  miroirs  d'argent,  de  cuivre,  d'étain  et 
d'acier  (i).  D'après  Pline,  les  miroirs  des  anciens  Romains 
étaient  généralement  composés  d'un  mélange  de  cuivre  et 
d'étain,  ce  qui  leur  donnait  le  brillant  de  l'argent  (2).  Les 
meilleures  fabriques  de  ces  objets  de  toilette  se  trouvaient 
à  Brindusium,  en  Italie. 

9.  Un  anneau  qui  à  cause  de  son  e.xiguïté  n'a  pu  que 
diflicilement  servir  à  l'ornementation  de  la  main.  Cependant 


(i)  V.  Cochet,  La  Normandie  souterraine,  p.  108. 
(i)  l'u.N.,  llixt,  nal.,  XXXIII,  45. 


—  3ol  — 

les  Romains  ont  connu  une  petite  bague  appelée  condalium, 
qu'ils  porlaienl  sur  la  première  arliculalion  de  l'index  (i). 
On  trouve  d'ailleurs  fréquemmcnl  dans  les  suhslruclions  des 
anneaux  de  cuivre  ou  de  fer  qui  peuvent  convenir  à  des 
usages  divers.  C'est  ainsi  qu'on  employait  Vannulus  velaris 
de  toute  grandeur  aux  rideaux  de  porte,  de  fenêtre  ou  de 
ciel  de  lit.  Il  nous  est  impossible  de  déterminer  l'usage 
du  nôtre  (PI.  II.  fig.  26). 

OBJETS    EN    os. 

1.  Une  aiguille  à  coudre  ou  un  passe-cordon  (PI.  II, 
fig.  14).  Item,  deux  fragments  d'un  même  objet  ou  d'une 
épingle  à  cheveux  (PI.  II,  fig.  13  et  16).  M.  Schuermans 
a  trouvé  des  objets  en  tout  semblables  lors  des  fouilles  du 
Rondenbosch,  commune  de  Houthem-Saint-Gerlach. 

2.  Deux  fragments  d'un  objet  en  os  artistement  travaillé. 
Ses  contours  représentent  un  polygone  d'un  noir  d'ébène, 
dont  les  faces  diverses  sont  ornées  d'œillets  formés  de  deux 
anneaux  concentriques  et  d'un  point  dans  le  centre.  Ces 
ornementssemblent  avoir  été  appliqués  sur  l'objet  au  moyen 
d'un  petit  poinçon.  Notre  objet  a  probablement  servi  de 
manche  de  couteau  ou  de  coutelas  (PI.  II,  fig.  31). 

5.  Une  quantité  d'ossements  d'animaux  dont  la  section 
indique  l'emploi  d'un  instrument  tranchant.  Gràco  à  l'inter- 
médiaire de  M.  le  conseiller  Schuermans,  nous  avons  fait 
examiner  ces  ossements  par  M.  le  docteur  Grenson.  Voici  le 
résultat  des  recherches  qu'a  faites  cet  honorable  savant  ; 


(i)  RiCH,  Dictionnaire,  etc.,  p.  185. 


—  352  — 

il  daignera  accepter  nos  remercîments  pour  les  services  qu'il 
nous  a  rendus  en  celte  occasion. 

«  I.  Bœuf:  1  corps  de  vertèbre  lombaire  ;  7  fragments 
d'os  de  la  tète;  2  molaires;  5  fragments  de  côtes; 
2  fragments  d'os  iliaque;  1  calcaneum  et  1  astragale  à 
peu  près  entier  de  bœuf  de  petite  taille  ou  d'un  autre  grand 
ruminant  (cerf,  daim);  \  métatarsien  brisé;  1  métacarpien 
brisé. 

»  [I.  Chèvre  ou  mouton  :  {  apophyse  épineuse  avec  les 
lames  de  vertèbre  dorsale;  21  fragments  de  côtes;  1  mo- 
laire; 1  fragment  de  fémur;  1  fragment  de  métatarsien; 
2  fragments  d'humérus;  1  métacarpien  presque  entier; 
1  fragment  de  grande  phalange;  5  fragments  d'os  longs 
des  membres. 

»  III.  Sus  :  \  dent  canine. 

»  i\ .  •  Gallinacé  :  \  fragment  de  frontal,  avec  une  partie 
des  os  nasaux;  1  fémur  brisé;  2  tibias  brisés;  1  méta- 
tarsien; 2  os  de  l'épaule,  dont  un  brisé;  1  cubitus  entier; 
i  radius  entier;  2  grandes  phalanges;  4  fragments  d'os 
longs. 

»  V.  9  fragments  indéterminables.  » 
On  le  voit,  ces  ossements  proviennent  presque  tous  de  la 
basse-cour.  C'est  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  le  porc  et 
les  poules..  Ces  os  forment  en  grande  partie  les  rejets  de  la 
cuisine  de  Billich ,  comme  nous  l'avons  pu  constater  par  la 
circonstance  que  plusieurs  fragments  portaient  la  trace  de 
l'instrument  qui  les  avait  tranchés.  La  seule  chose  qui  dans 
celte  liste  nous  semble  étrange,  c'est  que  l'arlicle  sus 
soit  représenté  par  un  seul  exemplaire.  Et  pourtant  les 
Romains  étaient,  comme  la  |i(»piila(ion  actuelle  de  nos  cam- 


—  ooo    — 


pagnes,  de  grands  consommateurs  de  porc  (i).  Dans  les 
substruclions  voisines  du  Ilerkcnberg  et  du  Roiidenljosch, 
les  ossements  de  cochon  se  trouvaient  en  abondance. 


OBJETS   EN   PIERRE. 

1 .  Divers  fragments  d'un  grand  plateau  en  pierre  vert-bleu, 
dont  la  cassure  irrégulière  présente  des  paillettes  luisantes 
comme  celles  du  plomb.  Le  vase  en  question  a  été  fabriqué 
au  moyen  du  ciseau  et  de  la  roue  de  tourneur,  comme  on  le 
remarque  aux  cercles  qui  ornent  l'extérieur  et  les  inégalités 
de  l'intérieur  (PI.  II,  fig.  34  et  34'''*  ).  C'est  une  espèce  de 
talc  appelée  pierre  ollaire  (Topfstein,  Schneidestein ,  Lava- 
stein,  Potsteen),  parce  que  de  temps  immémorial  elle  a  servi 
à  la  fabrication  des  vases  culinaires.  On  l'a  également  utilisée 
pour  couvrir  les  toits  et  pour  fabriquer  des  tables  (-2).  Pline 
l'appelle  lapis  comensis;  d'après  lui,  on  en  fait  des  vases  et 
des  tonneaux,  on  le  creuse  autour  pour  en  faire  des  vases  de 
cuisine  ou  de  table  (5).  Aux  environs  de  Côme,  à  Plurs,  se 
trouvaient  les  carrières  de  pierre  ollaire  les  plus  célèbres,  qui 
avant  1618,  époque  à  laquelle  la  montagne  s'écroula,  rappor- 
taient annuellement  60,000  ducats  (4.).  La  description  que 
Pline  fait  de  la  pierre  de  Côme  nous  fait  supposer  que  notre 


(i)  C'est  à  de  telles  enaeignes  que  Juvénal,  I,  141,  appelle  le  cochon  :  animal 
propter  convivia  natuin. 

(2)  De  Haan,  Leerboek  der  minéralogie,  II,  p.  114. 

(î)  «  Est  enim  hoc  genus  ophitis  ex  quo  vasa  et  etiara  cados  faciunt.  In 
siphno  lapis  est  qui  cavatur,  tornaturque  in  vasa  coquendis  cibis  utilia,  vel  ad 
esculentorum  usus,  quod  in  Coraensi  Italiae  lapidi  viridi  accidere  scimus.  » 
Plinius,  Hist.  nat.,  lib.  XXXVI,  cap.  2'2. 

[i)  QuENSTEDT,  LecrOoeck  (1er  minéralogie,  p.  62. 


—  354  — 

vase  de  Billich  provicnl  des  carrières  de  ce  pays.  En  tout 
cas,  l'absence  de  carrières  de  pierre  oUaire  dans  nos  contrées 
prouve  une  fois  de  ))lus  que  le  commerce  des  anciens 
Romains  s'étendait  bien  loin  (i). 

2.  Trois  fragments  d'ardoise  (lapù  schistus)  de  couleur 
pâle-vert  et  grossièrement  taillés  On  a  trouvé  à  Trêves  et  à 
Taviers,  dans  les  débris  de  substructions,  des  ardoises  per- 
cées de  clous  (2),  Pline  affirme  que  les  Belges  couvraient 
leurs  maisons  d'ardoises  et  de  pierres  schisteuses  (0).  Mais 
les  vestiges  en  sont  fort  rares  dans  les  substructions. 

3.  Un  morceau  de  craie  blanche  taillé  en  forme  de  cône. 
Comme  il  est  maintenant  encore  très-propre  à  écrire,  nous 
soupçonnons  qu'il  a  servi  à  tracer  des  ligures,  des  lettres  ou 
des  chiffres.  La  craie,  comme  moyen  d'écriture,  était  connue 
des  Romains  ;  cretâ  notare  était  une  expression  consacrée. 
A  Pompéï  on  a  trouvé  sur  les  murs  des  centaines  d'inscrip- 
tions au  charbon  et  à  la  craie  rouge  et  blanclie.  De  là  le  vers 
du  poëte  Perse  : 

Illa  prius  creta  mox  haec  carbone  notasti. 
OBJETS    EN    VERRE. 

Chez  les  Romains  le  verre  était  beaucoup  plus  rare  et 
parlant  moins  en  usage  que  de  notre  temps.  Ce  n'est  que 
par  exception  qu'il  sert  à  garnir  leurs  fenêtres  et  il  n'apparaît 


(i)  On  trouve  des  mines  de  pierre  oilaire  en  Italie,  dans  les  Alpes  de  la  Suisse 
et  dans  le  Dauphiné.  Les  vases  qu'on  en  l'alirique  ont  l'avantage  de  résister  au 
feu. 

(2)  ScHUERMANS,  Exploration  des  tumulus  de  ta  Uesbaye,  p.  299,  en  note. 

(s)  Plix.,  ///st.  nat.,  XXXVI,  44.  C'est  du  moins  l'opinion  de  M.  Scuayes, 
Ulit.de  l'architecture,  I,  p.  54. 


pr  V*  V 

ÔÔO    — 

sur  leurs  labiés  qu'aux  grandes  circonslances  (i).  C'est  pour 
celle  raison  que  le  verre,  qui,  au  reste,  est  aussi  durel  aussi 
impérissable  que  la  pierre,  le  fer  et  la  poterie,  n'occupe 
qu'une  place  relativement  restreinte  dans  nos  fouilles.  Nous 
pouvons  affirmer,  sans  exagération,  que  dans  les  substruc- 
tions  que  nous  avons  examinées  jusqu'ici,  sur  mille  frag- 
ments de  poterie  et  sur  cent  morceaux  de  fer,  nous  n'avons 
pas  rencontré  dix  à  vingt  fragments  de  verre.  Parmi  les 
objets  de  cette  matière  trouvés  dans  les  fouilles  de  Billich, 
nous  avons  fait  dessiner  : 

\ .  L'anse  d'un  grand  flacon  en  verre  verdàlre  munie  de 
filaments  en  relief  (PI.  II,  fig.  52).  On  a  trouvé  de  nombreux 
spécimens  de  vases  carrés,  avec  des  anses  pareilles  à  la  nôtre, 
dans  les  tombeaux  et  les  substructions  de  tous  les  pays,  et 
notamment  en  Belgique,  dans  la  tombe  de  Walsbetz  (a),  dans 
celle  de  Hémava  (Montenaken)  (3),  etc. 

2.  Le  goulot  également  en  verre  verdàlre  d'un  barillet 
fPI.  II,  fig.  35).  Le  barillet  est  moins  commun  que  le  flacon 
carré.  Il  affecte  généralement  la  forme  cylindrique  d'un 
petit  tonneau  et  est  muni  d'un  pelit  goulot  et  d'une  anse. 

3.  Quelques  parcelles  d'une  petite  coupe  en  verre  blanc, 
ornée  d'un  cercle  près  du  bord.  C'est  un  objet  qui  parait 
avoir  été  fort  élégant,  mais  fragile.  Sur  notre  planche,  nous 


(i)  Briser  un  bocal  en  verre  était  un  cas  quelquefois  puni  chez  les  Romains 
d'une  manière  affreuse.  Voici  ce  que  Sénèquk  raconte  :  «  Fregerat  unus  ex  servis 
ejus  crystallinum.  Rapi  euni  Vedius  jussit,  nec  vulgari  perituruni  morte; 
mursenis  objici  jubobatur,  quas  ingens  piscina  continebat.  »  Seneca,  De  ira, 
III,  40. 

(2)  Bull,  des  Comm.  roij.  d'art  et  d'archéol.,  t.  II I.  pi.  2,  n"  18. 

(r.)  Ibid.,  t.  IV,  pi.  1,  no  2. 


—  5o6  — 

l'avons  iTstauré  un  peu  arl)itrairemcnt  quant  à  la  partie 
inférieure  (PI.  III,  fig.  5  et  5'''').Nous  avions  rcnconlré  une 
coupe  du  genre  de  la  nôtre  au  Musée  de  la  Société 
archéologique  de  Liège,  provenant  des  fouilles  de  Juslen- 
ville,  près  de  Spa. 

4.  Outre  ces  objets,  nous  avons  à  mentionner  des  mor- 
ceaux de  verre  de  placage  en  grand  nombre,  ainsi  que  des 
petites  masses  de  verre  fondu  par  l'intensité  de  l'incendie 
qui  a  consumé  notre  villa, 

POTERIES. 

Nous  n'avons  reproduit  par  le  dessin  que  les  poteries  qui 
par  leur  forme,  leur  matière  ou  leur  couleur,  peuvent  rendre 
la  comparaison  plus  facile  avec  des  objets  du  même  genre 
découverts  ailleurs.  C'est  un  moyen  de  parvenir  à  la  con- 
naissance de  l'époque  à  laquelle  notre  villa  a  existé  :  les  vases 
contemporains  portent  presque  toujours  le  même  cachet  et 
ont  le  même  caractère. 

A.  Poterie  samienne. 

1.  Fragment  d'un  petit  vase  en  terre  de  Samos  avec  le 
sigle  OF  CARAN.  Cette  marque  fut  également  trouvée  à 
Londres  et  au  Krayenhof,  près  de  Nimègue  (PI.  II, 
fig-  55)  (1). 

2.  Fragment  d'un  bol  orné  de  guirlandes,  de  chiens  et 
de  lièvres  courants  (PI.  III,  fig.  i).  Ces  vases  à  figures  en 
relief  ornés  de  scènes  de  chasse  sont  nombreux.  Nous  signa- 

(i)  ScnuERMANS,  Sigles  figulins,  p.  74,  n"'  1067  et  1068. 


BULLETIN  DES  COMMISSIONS  EOYALES  Il'ART  ET  DMCHEOLOGiE._r.XVlI. 

. BlLLICH._PL  m 


ttm.i^àuii.. 


A.Hems.  se. 


Fi3-1,2,  3,  grandeur  réene,-  %5auy2;  fzg.4au73,fig.7auy5,  fig.  6.8,9  au  Vis. 


00/ 


Ions  un  bol  trouvé  aux  fouilles  du  Rondonboscli  (Iloutliom- 
Saint-Gerlach),  avec  des  représentations  de  chiens  cliassant 
un  élan,  un  cerf,  un  sanglier,  etc.  (i). 

5.  Fragment  d'un  autre  bol  avec  frises  à  oves  et  orné 
d'un  cercle  en  grènetis  et  de  guirlandes  (PI,  III,  fig.  2). 

4.  Fragments  de  plusieurs  vases  à  larges  bords  rebrous- 
sés, dont  le  fond  est  parsemé  de  petits  cailloux  blancs.  Les 
Romains  faisaient  usage  de  ces  vases  pour  broyer  avec  leurs 
cuillers  les  aliments  qu'on  servait  sur  la  table.  Nous  avons 
dessiné  un  de  ces  vases  (PL  III,  fig.  4).  Un  vase  en 
tout  pareil  a  été  trouvé  dans  les  fouilles  du  fïerkenberg, 
à  Meerssen  (2). 

5.  Outre  ces  quelques  objets  que  nous  avons  fait  des- 
siner, les  fouilles  de  Billich  ont  produit  une  quantité  assez 
notable  de  fragments  de  poterie  samienne,  tels  que  tasses, 
plats,  coupes,  etc.,  mais  qui  n'offraient  que  peu  d'intérêt 
pour  une  étude  spéciale.  Nous  devons  cependant  faire 
exception  : 

o.  Pour  le  fond  d'un  grand  vase,  qui  à  l'intérieur  était 
parsemé  de  pierres  blanches  et  qui  à  l'extérieur  présentait 
cette  particularité  qu'il  était  marqué  au  moyen  d'un  instru- 
ment tranchant  d'un  grand  X  dans  lequel  on  avait  intercalé 
un  V.  Ce  fond  de  vase  était  fortement  usé  par  le  frottement. 

b.  Un  plat  de  forte  dimension  et  ayant  ceci  de  remar- 
quable que  la  hauteur  de  ses  bords  est  à  peine  de  deux 
centimètres. 


(i)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  VI,  pi.  iv,  fig.  22,  34,  37. 
(2)  Ibid.,  VI,  pi.  XII,  fig.  S. 


—  358  — 

c.  Un  autre  fragment  avait  appartenu  à  un  vase  fort 
élégant  de  forme  liirbino-cylindrique,  pareil  à  celui  rpii  fut 
trouvé  dans  nos  fouilles  du  llcrkenberg,  à  Mcerssen  (i). 

d.  Enfin  un  autre  tesson  d'une  mauvaise  pâte,  d'un  rouge 
sale,  était  orné  d'un  cercle  de  hachures  en  carreaux,  comme 
on  en  retrouve  fréquemment  sur  la  poterie  franke, 

B.   Poterie  fine  autre  que  samienne. 

i.  De  nombreux  fragments  d'une  cruche  en  terre  blanche 
et  tendre  comme  de  la  craie,  ornée  de  cercles  en  couleur 
rougeàtre  (PI.  Il,  fig.  5G).  Pour  bien  faire  voir  la  forme, 
nous  avons  fait  dessiner  sur  notre  planche  le  vase  entier. 
Des  tessons  de  vases  semblables  ont  été  rencontrés  dans  les 
fouilles  de  Walsbetz  (2),  du  Rondenbosch  (5)  et  du  Herken- 
berg  (4),  à  Kelmont,  commune  de  Beek  et  à  Bergh-Terblyl, 
près  de  ^laestricht  (5).  Quelques  auteurs  ont  élevé  des  doutes 
sur  l'antiquité  de  ces  sortes  de  poteries.  M.  l'abbé  Decorde 
les  a  attribuées  à  l'époque  gauloise,  tandis  que  M.  Cochet 
les  relègue  en  plein  moyen  âge  (g).  Les  découvertes  récem- 
ment faites  dans  les  deux  provinces  de  Limbourg,  et  aussi 
ailleurs  en  Belgique,  prouvent  à  l'évidence  que  ce  genre 
de  poterie  a  été  connu  des  Romains. 

2.  Bec  d'une  petite  lampe  en  terre  de  pipe  de  la  forme 
ordinaire  (PI.  II,  fig.  57). 


(i)  Bull,  des  Comin.  roij.  d'art  et  d'archéoL,  VI,  pi.  xii,  fig.  6. 

(2)  Ibid.,  V,  p.  4.iy. 

(3)  Ibid.,  VI,  p.  162. 

(4)  Ibid.,  VII,  p.  2-29. 

(b)  Publ.,  etc.,  du  Limbourg,  III,  p.  202. 
(6)  Cochet,  La  Seine  inférieure,  p.  322. 


—  3o9  — 

3.  Tesson  d'un  pol  de  terre  blanche,  mince  et  tendre, 
orné  de  feuilles  de  lotus  et  d'une  rangée  de  grènetis  (PI.  III, 
fig.  3).  Des  poteries  de  cette  espèce  furent  trouvées  au 
Herkenberg,  à  Meerssen,  et  au  Rondenbosch,  à  Houthem- 
Saint-Gerlach  (i). 

4.  Divers  fragments  de  gobelets  à  vernis  bleuâtre,  dont 
la  panse  cylindrique  est  munie  de  bosses  et  de  fossettes, 
pour  empêcher  le  vase  de  glisser  des  mains  (PI.  III, 
fig.  6). 

5.  Fragments  d'un  genre  de  vase  nouveau,  inconnu  hors 
de  nos  environs.  Des  exemplaires  pareils  au  nôtre  ont  été 
découverts  dans  un  cimetière  belgo-romain  à  Bergh  et 
Terblyt  (2)  et  lors  des  fouilles  de  la  villa  de  Rondenbosch  (3). 
Ce  singulier  vase  est  un  plat  en  terre  jaune,  fort  tendre  et 
tirant  sur  le  rouge,  orné  à  l'intérieur  de  plusieurs  rangées 
de  petits  traits  de  pinceau  longs  à  peu  près  de  deux  centi- 
mètres. La  découverte  de  ce  vase  semble  appuyer  l'hypo- 
thèse de  la  contemporanéité  des  habitants  du  Rondenbosch 
avec  ceux  de  Bergh-Terblyt  et  de  Billich,  et  de  leur  appro- 
visionnement aux  mêmes  fabriques. 

6.  Un  grand  nombre  de  tessons  à  zones  guillochées,  les 
uns  ayant  appartenu  à  des  vases  en  forme  d'urne,  d'autres 
à  des  vases  à  panse  déprimée.  La  terre  dont  ces  pots  ont  été 
formés  est  singulièrement  légère  et  d'une  délicatesse  ex- 
trême. 


(i)  Bull,  des  Connu,  roy.  d'art  et  d'archéol.,  VI,  pi.  xii,  fig.  22  et  23,  et 
pi.  V,  fig.  5  à  13. 

(2)  Publ.,  etc.,  du  Limbourg,  IIF,  pi.  11,  fig.  18. 

(3)  Bull,  des  Comm.  roy.  d'art  et  d'archéol.,  VI,  pi.  v,  fig.  37. 


—  3C0  — 

7.  Tessons  d'un  vase  à  bosses  et  à  fossettes,  dont  la  panse 
est  pourvue  de  petits  grains  de  sable,  qui  empêchent  ces 
sortes  de  vases  de  glisser  des  mains.  On  croit  généralement 
que  c'étaient  des  pots  à  onguent. 

G.  Poterie  grossière. 

1.  Fragments  d'une  olla  en  terre  grise  portant  des 
marques  du  feu  ;  on  sait  que  l'olla  chez  les  Romains  a  été 
le  pot  au  feu  par  excellence.  Des  rainures  à  relief  la  distin- 
guent de  la  forme  ordinaire  de  ce  genre  de  vases  (PI.  III, 
fig.  7  et  8).  D'autres  tessons  avaient  des  rainures  plus 
minces. 

2.  La  partie  inférieure  d'un  vase  de  couleur  jaune  et  de 
pâte  fort  tendre  (PI.  III,  fig.  9). 

5.  Les  ouvriers  ont  trouvé,  en  outre,  une  quantité 
notable  de  goulots  et  d'anses  de  cruches,  des  fragments  de 
pots  au  feu,  de  grands  doliums,  d'amphores,  de  tèles  a 
large  bord  et  d'autres  vaisselles  grossières.  Elles  forment 
un  assortiment  d'accessoires  de  cuisine  et  de  ménage 
romains;  on  en  trouve  les  débris  en  abondance  dans  toutes 
les  subslructions  de  ce  temps. 

CONCLUSION. 

L'absence  de  toute  découverte  de  monnaie  ou  d'autre  mo- 
nument daté,  laisse  incertaine  l'époque  exacte  de  la  destruc- 
tion de  notre  villa.  Cependant  le  plan  des  bâtiments,  le  fini 
des  instruments  en  fer,  en  métal  et  en  os  fixent  son  exis- 
tence à  l'époque  du  Haut  Empire,  quand  les  arlsetles  sciences 
brillaient  de  tout  leur  éclat  sous  la  domination  de  Rome. 


—  361  — 

Aucun  objet  du  mobilier  ne  poric  en  soi  un  cachet  de 
mauvais  goût  ou  de  décadence  dans  l'art.  Nous  inclinons 
donc  à  croire  noire  villa  de  Billich  contemporaine  des 
étabbssements  du  Herkenberg  et  du  Rondenbosch.  Peut-être 
la  colonie  du  Ravensbosch  a-t-elle  péri  avec  celles-ci  dans 
la  même  catastrophe. 

Les  habitants  de  la  villa  de  Billich  ont  été  des  gens  aisés, 
jouissant  largement  des  commodités  de  la  vie.  Les  bagues 
et  les  bracelets  que  nous  avons  trouvés  (PI.  II,  fig.  18,  19, 
23  et  26)  montrent  qu'on  aimait  à  y  suivre  la  mode  ro- 
maine du  temps.  Les  aiguilles  (PI.  II,  fig.  14,  15  et  16)  indi- 
quent qu'on  y  travaillait  à  coudre;  le  style  à  écrire  (PI.  II, 
tig.  17)  est  un  signe  qu'on  y  savait  lire  et  écrire;  la  vrille 
(PI.  II,  fig.  il)  prouve  qu'on  y  travaillait  le  bois.  Les  objets 
provenant  d'un  mors,  l'ornement  d'une  selle  et  la  douille 
d'unhoyau  (PI.  II,  fig.  9,  13,  21),  semblent  indiquer  que  le 
propriétaire  a  eu  des  chevaux.  Le  reste  des  objels  en  métal, 
tels  que  le  riche  ornement  d'un  coffre,  les  clous  de  meuble, 
le  manche  de  couteau  en  os  (PI.  II,  fig.  22,  24  et  31),  dé- 
notent suffisamment  des  gens  qui  passaient  leur  vie,  sinon 
dans  le  luxe,  au  moins  dans  l'abondance  et  l'aisance. 

Les  ossements  provenant  des  rejets  de  la  cuisine  témoi- 
gnent de  leur  côté  qu'à  la  villa  de  Billich  la  table  était  celle 
de  nos  bons  bourgeois.  L'invité  y  aura  trouvé  un  dîner  fort 
confortable  :  le  filet  de  bœuf,  le  gigot  de  mouton  et  la 
volaille  de  la  basse-cour.  Les  mets  lui  auront  été  présentés 
dans  de  la  vaisselle  propre  et  belle  (PI.  ill,  fig.  1  et  4).  Le 
vin  et  l'eau  lui  auront  été  versés  dans  de  belles  patères  de 
terre  samienne  ou  dans  des  calices  de  verre.  S'il  a  voulu 
jeter  un  coup  d'œil  sur  la  cuisine  de  la  maison,  il  aura  eu 


—  362  — 

la  satisfaclion  de  Irouvor  loiilo  la  hatlorie  marquée  au  coin  du 
bon  goût  et  de  l'abondance.  La  preuve  en  est  dans  la  magni- 
fique pelle  à  brasier  (PI.  I,  fig.  5),  dans  le  joli  vase  en  pierre 
ollaire  (PI.  II.  fig.  54)  et  dans  la  grande  quantité  d'ollas, 
d'une  rare  beauté,  dont  nous  avons  trouvé  les  tessons  dans 
le  déblai. 

En  considérant  et  en  examinant  ces  objets,  qui,  après  un 
enfouissement  seize  ou  dix-sept  fois  séculaire,  viennent  de 
sortir  de  terre  et  se  placer  devant  nos  yeux,  il  nous  paraît 
qu'ils  sont  venus  tout  exprès  pour  nous  donner  un  utile 
enseignement  d'histoire;  ils  semblent  nous  dire  :  Défiez- 
vous  de  ce  que  beaucoup  de  vos  historiens  vous  racontent 
sur  la  barbarie  et  la  vie  sauvage  de  vos  ancêtres  à  l'époque 
romaine.  Ce  qu'ils  racontent  est  sujet  àcaution.Des  gens  qui 
ont  mené  une  vie  pareille  à  ceux  dont  vous  voyez  ici  le  mé- 
nage, n'ont  pu  être  des  sauvages  et  n'ont  pas  non  plus  habité 
au  milieu  de  sauvages.  Ces  lieux  sont  loin  des  forêts  de  la 
Germanie  et,  au  moins  pendant  une  partie  de  la  domination 
impériale,  les  habitants  des  campagnes  de  la  province 
jouirent  tranquillement  des  bienfails  de  la  paix  et  de  la 
sécurité  publique. 

—  Un  mot  encore  :  notre  cave  de  Billich,  analogue  à 
toutes  celles  des  villas  jusqu'ici  fouillées  dans  nos  contrées, 
a  tous  les  caractères  de  celles  que,  à  Charleroi,  l'on  considère 
comme  ayant  été  des  laraires  ou  des  sépultures  de  famille. 
Nous  sommes  tout  à  fait  de  l'avis  de  M.  Schuermans,  qui  voit 
des  caves,  et  pas  autre  chose,  dans  ces  souterrains  à  niches 
et  à  soupiraux  (des  soupiraux  à  des  sépultures  !).  M.  Schuer- 
mans nous  communique  à  ce  sujet  le  texte  non  plus  seulement 
de  la  Loi  des  XII  Tables,  qu'on  a  dit  n'être  applicable  qu'à 


—  5G3  — 

Rome,  mais  le  texte  amplifié  de  celle-ci,  appliquée  aux 
colonies.  Voici  ce  texte,  en  ce  qui  concerne  la  colonia 
Geneiiva  Julia  (en  Espagne),  d'où  il  résulte  formellement 
que  les  sépultures  étaient  une  occasion  de  funestatio  pour 
les  lieux  habités  par  les  vivants  ;  d'où  la  conséquence  que 
jamais  les  Romains,  ou  les  habitants  belgo-romains  de  nos 
villas,  n'ont  pu  songer  à  faire  place  à  leurs  défunts  dans  des 
caveaux  dépendant  des  habitations  : 

«  Ne  quis  intra  fines  oppidi  coloniaeve,  qua  aratro 
circumductum  erit,  hominem  mortuom  inferto,  neve  ibi 
humalo,  neve  urito,  neve  hominis  mortui  monimentum 
aedificalo.  Si  quis  adversus  ea  fecerit,  et  colonis  coloniae 
Genetivae  Juliae  sestertium  V  milia  dare  damnas  esto , 
ejusque  pecuniae  cui  volet  pelitio  persecutio  exaclioque  esto. 
Jtque  quod  inaedificalum  erit  Ilviri  aedilisve  dimoliendum 
curanto.  Si  adversus  ea  mortuus  inlatus  positusve  erit, 
expianto  uti  oportebit. 

»  Ne  quis  ustrinam  novam ,  ubi  homo  mortuus  com- 
bustusve  non  erit,  propius  oppidum  passus  D  facito.  Qui 
adversus  ea  fecerit,  sertertium  V  milia  colonis  coloniae 
Genetivae  Julia  dare  damnas  esto,  ejusque  pecuniae  petitio 
persecutiove  ex  hac  lege  esto.  » 

Les  auteurs  de  VEphcmeris  epïgraphica,  cfui  publient  ce 
texte,  font  remarquer  que  ces  dispositions  avaient  pour 
principe  non-seulement  le  danger  d'incendie  dont  parle 
Cicéron,  mais  aussi  et  surtout,  comme  le  dit  la  loi  romaine 
en  plusieurs  endroits,  pour  écarter  des  cités  l'influence 
néfaste  des  sépultures  :  «  ne  funestentur  sacra  civilatis, 
ne  sanctum  jus  municipiorum  jus  polluatur.  » 

Or,  comment  admettre  que  ce  qui  pour  les  agglomérations 


—  304  — 

urbaines  était  réprouvé  par  la  loi  et  les  mœurs,  aurait  été 

pratiqué  dans  les  habitations  rurales,  où  l'on  aurait  enterré 

les  morts,  ou  déposé  leurs  cendres  dans  des  souterrains 

dépendant  de  ces  habitations.   Cela  est  contraire  à  toute 
vraisemblance. 

Jos.  Habets. 


L'EGLISE  COLLÉGIALE  DE  SMNT-IIERllES 

A    REN AIX 

— t/i>*s^~  ■ 

CHAPITRE   PREMIER.    —   HISTOIRE. 
I. 

Les  fouilles  opérées  sur  le  territoire  de  Renaix  par 
M.  Ed.  Joly  et  qui  ont  amené  la  découverte  de  nombreux 
objets  d'origine  gauloise  et  romano-belge,  prouvent  que  la 
contrée  était  habitée  déjà  avant  la  domination  romaine. 

Vers  le  milieu  du  vu*  siècle,  saint  Amand,  missionnaire 
en  Flandre,  après  avoir  fondé  à  Gand  le  monastère  de 
Saint-Pierre  au  Mont-Blandin,  vint  à  Renaix  pour  y  prêcher 
la  religion  nouvelle  et  y  érigea  un  monastère  qui,  de  même 
que  celui  de  Gand,  fut  placé  sous  l'invocation  du  prince  des 
apôtres.  Charlemagne  assigna  ce  monastère,  «  Cellam  Rod- 
nach  in  Galliœ  » ,  comme  résidence  à  Heridage,  évoque  de 
Hambourg,  en  cas  d'invasion  des  Normands  (i).  Au  ix'  siècle, 
il  fut  transformé  en  un  collège  de  chanoines  réguliers  (2) 
et  comblé  de  riches  dotations  par  l'empereur  Louis  le 
Débonnaire  (3).  On  déposa  dans  l'église,  en  860,  les  reliques 


(i)  Chron.  nortmannorum,  par  Kruze. 
(4)  Gazet,  Histoire  ecclésiastique  des  Pays-Bas. 

(s)  La   Belgique  avant  et  pendant  la  domination  romaine,  par   Schayes; 
t.  III,  par  Ch.  PioT. 


—  366  — 

de  saint  Hermès,  martyr,  qui  jusqu'alors  avaient  été  con- 
servées à  l'abbaj^e  de  Saint-Gorneil,  à  Inde,  près  d'Aix-la- 
Chapelle.  La  terre  de  Renaix  et  d'autres  biens  situés  en 
Flandre  et  aux  environs  de  Bruxelles  appartenaient  à  cette 
célèbre  abbaye;  mais,  appauvris  par  les  guerres,  les  reli- 
gieux furent  obligés  de  les  aliéner  à  la  fin  du  xiii^  siècle  (i). 

C'est  à  côté  de  l'église  abbatiale  de  Saint  Pierre  que, 
vers  la  fin  du  xi"  ou  au  commencement  du  xii*  siècle,  on 
jeta  les  fondations  d'un  vaste  temple,  qui  fut  consacré 
en  1129  par  Burchard,  évèque  de  Cambrai  (2). 

Les  restes  de  cette  église  romane  parvenus  jusqu'à  nous, 
—  une  grande  partie  de  la  crypte  et  la  base  de  la  façade 
nord  du  transept,  —  permettent  de  se  faire  une  idée  de 
l'importance  que  devait  avoir  l'édifice. 

La  partie  inférieure  du  transept  nord  est  décorée  d'une 
série  d'arcatures  en  plein  cintre  (3);  elle  correspond  préci- 
sément à  la  partie  la  plus  ancienne  de  la  crypte.  Construite 
en  pierres  ferrugineuses  irrégulièrement  appareillées  (opus 
incertum),  elle  offre  trois  arcades  romanes,  séparées  par  des 
pieds-droits  peu  saillants  et  sans  aucune  moulure.  Toute 
la  construction  qui  surmonte  ces  arcades  a  été  transformée, 
probablement  lors  de  la  reconstruction  de  l'église. 

La  crypte,  agrandie  à  la  même  époque,  est  réputée 
comme  l'une  des  plus  vastes  de  l'Europe;  c'est,  dans  notre 


(i)  «  En  1280,  Pierre,  doyeu  d'Ende,  et  Jean,  clerc  de  l'abbé,  vendent,  au 
nom  de  cette  abbaye,  à  Gui,  comte  de  Flandre,  tout  ce  que  ladite  maison  possède 
à  Renaix,  Horenbeke,  Brade,  Acrcne,  Wodccke  et  Ellezielles.  »  Inventaire  des 
archives  déparlemenlales  du  Nord  de  la  France,  t.  I",  p.  29. 

(i)  G.  !..  B.,  Recherches  historiques  sur  la  ville  de  Renaix. 

(3)  Y.  pi.  IVet  V. 


—  5G7  — 

pays,  la  plus  intéressante  des  constructions  de  ce  genre. 

La  haute  valeur  de  cette  église  souterraine,  au  double 
point  de  vue  de  l'art  et  de  l'archéologie,  a  été  reconnue  par 
la  Commission  royale  des  monuments,  qui  l'a  classée  au 
nombre  de  nos  monuments  nationaux  de  premier  ordre. 
Quant  à  l'église  supérieure,  d'une  ornementation  simple,  eu 
égard  surtout  à  l'époque  de  son  érection ,  c'est  dans  son 
ensemble  un  monument  imposant  et  grandiose,  Elle  appar- 
tient par  son  ornementation  au  style  flamboyant  flamand  du 
XV*  siècle  et  en  partie  aux  xvi''  et  xvii"  siècles  ;  ses  détails 
décoratifs  offrent  une  certaine  analogie  avec  ceux  de  plu- 
sieurs monuments  mieux  connus  des  Flandres,  et  parmi 
lesquels  nous  citerons  notamment  les  églises  de  Sainte- 
Walburge,  à  Audenarde,  de  Saint-Sauveur,  à  Bruges,  de 
Saint-Médard,  à  Wervicq,  la  chapelle  des  Comtes,  à  Cour- 
trai,  les  trois  églises  de  Poperinghe,  etc. 

L'église  de  Saint-Hermès  a  été  classée  dans  la  troisième 
catégorie  des  monuments  nationaux,  distinction  qu'elle 
mérite  à  tous  égards  et  qui  lui  assure  de  la  part  du  Gou- 
vernement des  subsides  plus  élevés  que  ceux  accordés  pour 
la  restauration  des  édifices  ordinaires. 

On  ne  possède  aucun  renseignement  précis,  ni  sur  les 
causes  qui  ont  amené  la  reconstruction  de  l'église  primitive, 
ni  sur  l'époque  de  cette  rééditication  ;  on  ne  peut  donc,  pour 
reconstituer  l'histoire  du  monument,  que  procéder  par  in- 
duction, en  se  fondant  sur  les  divers  styles  qui  se  rencon- 
trent dans  l'édifice. 

Une  étude  attentive  de  la  construction  y  fait  découvrir 
des  vestiges  des  différents  styles  qui  se  sont  succédé  depuis 
le  xi^  jusqu'au  xv!!!*"  siècle.  La  crypte  et  le  transept  nord 


—  568  — 

datent,  comme  nous  l'avons  dit,  de  l'époque  romane;  le  style 
ocïival  primaire  se  rencontre  dans  la  partie  de  la  crypte 
correspondant  au  bras  sud  du  transept;  des  traces  de  la 
même  période  sont  encore  visibles  dans  les  murs  qui  sur- 
montent les  arcades  de  la  nef  centrale  :  deux  rangées  de 
petites  fenêtres  en  lancette,  sans  aucune  moulure  et  qui  sont 
actuellement  bouchées,  existaient  jadis  à  cet  endroit  et  ont 
été  supprimées  lors  de  la  transformation  de  l'église;  ces 
fenêtres  sont  encore  parfaitement  visibles  au-dessus  des 
voûtes  des  nefs  latérales. 

La  grande  nef  était  couverte  autrefois  d'une  charpente 
apparente  ;  on  retrouve,  en  effet,  au-dessus  de  la  voûte, 
construite  dans  la  première  moitié  du  xv[i*  siècle,  des 
poutres  moulurées  et  ornées  qui  ont  été  évidemment  faites 
pour  rester  visibles  (i). 

Des  fragments  du  style  ogival  secondaire  se  montrent 
notamment  dans  la  grande  nef,  dont  les  fenêtres  à  meneaux 
très-simples  accusent  le  style  du  xiii*  au  xiv'  siècle;  le  style 
ogival  de  la  dernière  période  a  été  suivi  dans  la  construc- 
tion de  la  façade  latérale  sud,  du  chœur  et  de  la  tour.  Enfin 
les  formes  tourmentées  de  la  Renaissance  se  remarquent 
dans  les  pignons  des  deux  chapelles  attenant  au  transept 
sud. 

Les  pierres  ferrugineuses  employées  dans  les  parties 
romanes  et  ogivales  primaires  proviennent,  selon  toute  pro- 
babilité, des  carrières  aujourd'hui  abandonnées  du  Musiek- 


(i)  «  Le  il  avril  1626,  le  chapitre  de  la  collégiale  a  fait  accord  avec  Alard 
de  Hoste,  maçon  à  Tournai,  pour  construire  les  voûtes  de  la  nef,  au  prix  de 
2,500  florins.  »  MS.  appartenant  au  conseil  de  fabrique. 


—  569  — 

berg,  sous  Renaix.  Les  constructions  plus  récentes  paraissent 
avoir  été  érigées,  au  moins  (!n  grande  partie,  au  moyen 
d'un  grès  provenant  de  Vlunderen. 

II. 

Les  nombreuses  recherches  que  nous  avons  faites,  tant 
dans  les  ouvrages  concernant  les  Flandres  que  dans  les  ar- 
chives de  la  fabrique,  nous  ont  donné  peu  de  renseigne- 
ments historiques  sur  le  monument. 

Voici  un  exposé  sommaire  du  résultat  de  nos  investiga- 
tions : 

Nous  avons  dit  déjà  que  l'église  collégiale  primitive  de 
Saint-Hermès  fut  consacrée  en  H29.  L'édifice  devait  exiger 
des  travaux  assez  considérables,  à  peine  un  siècle  plus  tard, 
car,  en  mai  12(37,  Nicolas,  évoque  de  Cambrai,  confirme 
la  vente  faite  en  faveur  de  i'abbaye  d'Eename,  par  le  cha- 
pitre de  Saint-Hermès,  de  terres  situées  à  Maeter,  Neder- 
zwalm,  Everbecq,  Elst  et  Michelbeke,  pour  en  affecter  le 
produit  à  la  réparation  de  l'église  (i). 

Renaix  a  beaucoup  souffert  d'incendies  et  des  guerres  de 
religion.  Van  Gestel  (2)  cite  d'abord  un  incendie  allumé 
en  1478  par  la  garnison  française  de  Tournai  et  qui  réduit 
toute  la  ville  en  cendres.  Plus  de  700  maisons  sont  brûlées 
en  1518.  Charles  V  fait  remise  de  trois  années  de  contribu- 
tions pour  réparer  les  dégâts  de  cet  incendie.  Un  nouvel  et 
terrible  incendie  se  déclare  en  1559,  «  toute  la  ville  dans 
ses  remparts  est  détruite  et  à  peu  près  toutes  fes  maisons 


0)  Ch.  PiôT,  Cartulaire  de  Vabbaye  d'Eename,  p.  281, 
(«)  Hisloriœ  episcopatus  Mechliniensis,  t.  II. 


—  370  — 

sises  à  l'extérieur,  ainsi  que  l'église  collégiale  et  les  deux 
églises  paroissiales,  rhôi)ilal  et  le  couvent  des  Sœurs-Noires; 
de  sorte  qu'il  n'est  resté  que  les  façades  de  huit  maisons, 
lesquelles  ont  été  aussi  brûlées  par  derrière  »  (i). 

Après  ce  désastre,  Philippe  II  autorise  le  chapitre  de  la 
collégiale,  ainsi  que  les  curés  et  marguilliers  des  deux 
églises  paroissiales,  «  nagaire  bruslées  et  destruictes  par 
infortune  » ,  à  établir  des  loteries,  à  la  condition  que  le  pro- 
duit en  sera  employé  uniquement  aux  «  ouvrages,  réfec- 
tions et  réédifications  desdites  trois  églises  et  à  nul  autre 
usage  »  (2). 

Le  19  août  1566,  les  iconoclastes  de  Renaix  pénètrent 
de  vive  force  dans  la  collégiale,  qu'ils  dévalisent  complète- 
ment :  les  autels,  les  statues,  les  châsses,  le  beau  jubé  sur 
lequel  était  sculpté  la  passion  du  Christ  (5),  tous  les  meubles 
enfin  sont  détruits,  les  ornements  et  vases  sacrés  qui  avaient 
une  certaine  valeur  intrinsèque  sont  enlevés.  Neuf  chariots 
remplis  de  butin  sont  transportés  à  Audenarde.  Lorsque  les 
chanoines,  qui  s'étaient  réfugiés  à  Tournai,  reprennent  pos- 
session de  leur  église,  ils  la  trouvent  ravagée,  pillée,  offrant 
l'aspect  d'une  ruine. 

Grâce  aux  libéralités  des  membres  du  chapitre,  on  put 
procéder  aux  réparations  les  plus  urgentes.  Nous  trouvons 
en  effet,  dans  deux  volumes  manuscrits  faisant  partie  des 


(i)  MS.  appartenant  à  la  fabrique.  —  Ordonnance  de  Philippe  II  sur  les 
bûtisses  à  Renaix,  ^  août  1539. 

«  Den  U  july  verberrende  gheheel  Ronsse,  zoo  dat  daer  niet  boven  zes 
huusen  bieven  staende.  >»  Memorie  boeck  der  stadt  Gliendt. 

(2)  MS.  cité. 

(3)  Ce  jubé  était  placé  à  l'entrée  du  chœur. 


—  371  — 

archives  de  la  fabrique,  les  indications  ci-après  concernant 
la  restauration  de  l'église  collégiale  et  son  ameublement  : 

Jean  Touret,  chanoine,  dorme  un  subside  le  7  janvier 
4569  (1570,  n.  s.)  pour  les  orgues.  Deux  ans  après,  29  mars 
1571  (1574,  n.  s.),  le  doyen  Gilles  Backereel  lègue  à  la 
fabrique  une  somme  de  cinquante  livres  de  gros  pour 
restaurer  l'église,  qui  se  trouve  dans  un  triste  abandon  par 
suite  de  l'incendie  de  1559;  le  même  doyen  fait,  le  5  février 
1574,  un  nouveau  don  de  cinquante  livres  dans  le  même  but, 
et  son  frère  Laurent  donne  vingt  livres.  L'année  suivante, 
Louis  de  Barry  accorde  une  somme  de  quarante  livres. 

En  1GI8,  le  27  septembre,  on  fait  l'achat  de  nouvelles 
orgues.  Quelques  années  plus  tard,  en  1625,  le  prévôt, 
doyen  du  chapitre,  Hugues  de  HeuUe  et  Jean-Baptiste  Orsino, 
capitaine,  promettent  de  donner  à  l'église  une  statue  d'apôtre 
de  la  même  grandeur  de  celles  qui  ornent  les  colonnes  de 
l'église  de  Saint-Michel,  à  Gand.  L'année  suivante  on  recon- 
struit les  voûtes  de  la  nef  centrale. 

L'église  exigeait  des  travaux  considérables  dans  la  se- 
conde moitié  du  xv!!*"  siècle.  Par  lettre  du  7  juin  1665,  le 
pape  Alexandre  VII  accorde  au  chapitre  l'autorisation  de 
jouir  d'une  année  des  quatorze  prébendes  qui  deviendront 
vacantes  par  décès  des  titulaires,  afin  d'en  appliquer  le  pro- 
duit aux  réparations  et  autres  nécessités  très-importantes 
de  l'église,  notamment  de  la  tour  menaçant  ruine,  et  pour 
éteindre  les  dettes  contractées  par  l'église  par  suite  des 
guerres. 

Nous  croyons  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  donner  ici  un 
résumé  d'une  ordonnance  royale  qui  renferme  des  renseigne- 
ments curieux  sur  une  coutume  singulière  en  usage  au 


—  372  — 

xvif  siècle.  Le  prévôt  doyen  du  chapitre  avait  fait  connaître 
au  roi  qu'au  jour  de  la  Trinité  il  se  faisait  une  procession 
de  cinq  lieues  environ  de  circuit  avec  les  reliques  de  saint 
Hermès,  procession  accompagnée  habituellement  d'un  grand 
nombre  de  jeunes  gens  en  armes,  non-seulement  de  Renaix, 
mais  de  tous  les  villages  voisins.  L'après-midi,  au  retour 
de  cette  procession,  plusieurs  de  ces  jeunes  gens,  échauffés 
par  la  boisson,  entraient  dans  l'église  et  y  déchargeaient 
leurs  mousquets  et  fusils,  «  non  sans  grandissime  espou- 
vante  de  ceux  et  celles  qui  s'y  retrouvent,  y  causant, 
en  outre,  telle  fumée  et  puanteur  de  poudre  qu'il  serait 
presqu'im possible  d'y  subsister,  mesmes  y  feraient  crever 
Jes  verrières  et  mettraient  la  voûte  en  péril  de  se  fendre,  et 
d'être  eux-mêmes  accablés  avec  les  autres.  »  A  l'appui  de  sa 
requête,  le  chapitre  avait  cité  le  fait  que  certains  jeunes  gens 
ayant  tiré  à  balles,  avaient  fait  tomber  des  pierres  du  coin 
d'une  muraille  et  dangereusement  blessé  quelques  per- 
sonnes. 

Faisant  droit  aux  plaintes  du  chapitre,  le  roi  fit  défense, 
sous  peine  d'une  amende  de  deux  livres  de  gros,  d'entrer 
dans  l'église  avec  des  armes  à  feu, 

La  ville  fut  encore  aux  trois  quarts  détruite  dans  un 
incendie  qui  eut  lieu  en  1719.  Elle  fut,  en  considération 
de  ce  fait,  exemptée  des  aides  et  subsides  (ordonnance  royale 
du  30  octobre  1719). 

Ce  sont  là  les  seuls  renseignements  que  nous  fournissent 
les  deux  volumes  manuscrits,  qui  ne  renferment  au  reste  que 
des  extraits  des  résolutions  capitulaires.  Il  y  avait,  selon  ces 
extraits,  un  conseil  de  fabrique  spécialement  chargé  des 
constructions  et  réparations.  Il  ne  nous  a  pas  été  possible  de 


—  o/o 


nous  procurer  les  archives  de  celle  adminislralion,  dont  les 
comples  el  les  résolulions  nous  auraient,  sans  aucun  doule, 
donné  plus  d'un  renseignement  intéressant  la  conslruclion 
des  diverses  parties  du  monument. 

Nous  arrivons  à  l'époque  de  la  Révolution  française. 
Renaix,  comme  la  plupart  des  localités  de  notre  pays,  eut 
cruellement  à  soufl'rir  de  l'invasion.  Les  troupes  républi- 
caines, après  la  bataille  de  Fleurus,  prennent  possession  de 
la  ville  et  ne  tardent  pas  à  y  renouveler  les  excès  des 
bandes  iconoclastes  du  xvi'  siècle.  L'église  de  Saint-Hermès 
est  envahie;  les  soldats  armés  de  marteaux  et  de  haches 
brisent  les  statues  des  apôtres  qui  ornaient  les  colonnes  ; 
les  livres  et  ornements  sacerdotaux  sont  déchirés  et  brûlés; 
les  autels,  les  confessionnaux  et  les  reliquaires  sont  détruits  ; 
le  seul  meuble  laissé  intact  est  la  chaire  à  prêcher,  qui  est 
transportée  dans  la  chapelle  de  l'hôpital  Saint-Eloy,  devenue 
le  temple  de  la  raison.  Les  cloches  des  trois  églises  (i)  sont 
descendues  des  tours  et  envoyées  à  Gand. 

L'église  de  Saint-Hermès  resta  fermée  jusqu'en  1802. 

Les  divers  événements  rapportés  ci-dessus,  joints  aux 
ravages  du  temps,  avaient  sérieusement  compromis  l'exis- 
tence de  l'édifice.  A  notre  époque  de  calme  et  de  paix  est 
réservé  le  beau  rôle  de  remédier  aux  avaries  causées  à 
nos  monuments  nationaux  par  les  troubles  politiques  et 
religieux  des  siècles  antérieurs  et  par  l'incurie  des  hommes. 

Nous  donnons  ci-après  une  relation  sommaire  de  celte 
dernière  phase  de  l'histoire  de  la  collégiale  de  Saint-Hermès. 


(«)  On  avait  procédé,  le  6  juillet  1540,  à  la  bénédiction  de  sept  cloches  à  Saint- 
Hermès. 


—  574 


III. 


L'ancienne  église  abbatiale  de  Sainl-Pierre,  fondée  par 
saint  Amand,  était,  nous  l'avons  dit  plus  haut,  contiguë  à  la 
façade  nord  dje  Saint-Hermès.  Cet  oratoire,  qui  avait  subi  des 
transformations  successives,  n'ofïrait  plus  aucun  intérêt 
artistique;  il  continua  néanmoins  à  servir  au  culte  jusqu'en 
1822;  à  cette  époque  il  fut  affecté  à  l'usage  de  boucherie 
et  en  1852-53  on  y  installa  une  école  dominicale;  enfin 
en  1845  le  bâtiment,  peu  entretenu,  menaça  ruine  et  sa 
démolition  fut  décidée.  Le  conseil  de  fabrique  demanda  et 
obtint  l'autorisation  d'affecter  l'emplncement  du  temple  à 
l'agrandissement  de  l'église  de  Saint-Hermès,  par  l'adjonc- 
tion à  la  basse-nef  nord  de  quatre  chapelles  semblables  à 
celles  qui  existaient  à  la  basse-nef  sud.  Ces  chapelles  ont 
été  érigées  d'après  les  plans  et  sous  la  direction  de  M.  l'ar- 
chitecte Missu  et  aux  frais  personnels  de  M.  le  doyen  Liedts. 

On  doit  regretter  que  ces  annexes,  dont  la  disposition  avec 
gables  exigeait  une  toiture  à  double  versant,  aient  été  sim- 
plement couvertes  d'une  plate-forme  en  zinc.  Ce  système  de 
toiture  est  non-seulement  en  opposition  formelle  avec  les 
formes  architecturales  et  avec  les  principes  mêmes  de  l'art 
ogival,  il  constitue  encore  une  cause  permanente  de  des- 
truction, car  il  est  en  quelque  sorte  impossible  d'éviter  dans 
ces  conditions  les  filtrations  des  eaux  pluviales. 

En  1851  on  constata  la  nécessité  d'exécuter  des  travaux 
assez  considérables  de  consolidation  à  la  partie  supérieure 
de  la  tour;  mais,  faute  de  ressources  suffisantes,  ces  travaux 
ne  purent  être  entamés  qu'en  1861  et  achevés  en  18G5. 
Ils  coûtèrent  54,000  francs  ;  mais  il  fut  reconnu  alors  que  la 


.>/;> 


partie  inférieure  de  celle  tour,  (lu'on  avait  crue  en  bon  état, 
exigeait  également  des  réparations  qui,  achevées  en  18G7, 
ont  occasionné  une  dépense  de  fr.  15,552-77. 

Dès  l'année  précédente,  la  Commission  royale  des  monu- 
ments avait  signalé  l'urgence  de  procéder  à  une  restaura- 
tion générale  de  l'édifice.  Des  délégués,  dans  une  inspection 
minutieuse,  avaient  constaté  des  dégradations  graves  aux- 
quelles il  importait  de  remédier  sans  retard  si  l'on  ne  voulait 
s'exposer  à  des  dégâts  beaucoup  plus  considérables. 

Un  projet  complet  de  restauration  dressé  par  M.  l'archi- 
tecte Serrure  fut  approuvé  par  la  Commission  des  monu- 
ments le  29  septembre  1869,  sous  la  réserve  de  conserver 
autant  que  possible  les  anciens  membres  d'architecture,  les 
cordons  moulurés,  alors  même  que  les  pierres  seraient 
légèrement  ébréchées  ou  épaulï'rées  par  Haction  du  temps, 
conseils  sages  qui  résument  en  quelques  mots  les  principes 
d'une  bonne  restauration  et  dont  tout  architecte  chargé  d'un 
travail  de  ce  genre  devrait  toujours  s'inspirer. 

Le  devis  estimatif  de  cette  restauration  s'élevait  à 
85,550  francs,  somme  relativement  considérable;  mais  tous 
les  ouvrages  proposés  ne  présentant  pas  un  égal  degré 
d'urgence,  il  fut  convenu  que  le  devis  serait  divisé  en  deux 
catégories,  comprenant  :  la  première,  les  travaux  intéressant 
la  conservation  même  de  l'édifice  et  dont  l'exécution  ne 
souffrait  aucun  retard  ;  la  seconde,  ceux  dont  l'ajournement 
à  quelques  années  ne  pouvait  avoir  des  inconvénients 
sérieux. 

La  première  série  de  ces  travaux  a  été  exécutée  de  1875 
à  1875,  et  la  dépense,  couverte  au  moyen  des  subsides  de  la 
Ville,  de  la  Province  et  de  l'État,  s'est  élevée  à  fr.  4.1,954-89. 


—  576  — 

La  deuxième  série  des  travaux  a  élé  adjugée  récemment 
pour  la  somme  de  41,980  francs  cl  les  ouvrages  sont  actuel- 
lement en  cours  d'exécution.  Il  restera  pour  terminer  la 
restauration  du  monument  à  effectuer  une  troisième  série 
d'ouvrages  dont  le  devis  n'est  pas  encore  dressé. 

Nous  publions  avec  la  présente  notice  la  réduction  des 
plans  généraux  de  la  restauration  et  nous  y  ajoutons  une 
description  de  diverses  parties  de  l'édifice,  à  l'exception  de  la 
crypte,  qui  fera  l'objet  d'une  étude  spéciale  à  présenter 
ultérieurement. 


CHAPITRE    II.    —    DESCRIPTION. 

IV. 

Plan. 

Le  plan  de  l'église  de  Saint-Hermès  présentait  primiti- 
vement, comme  presque  toutes  les  grandes  églises  de  la 
période  ogivale,  la  forme  d'une  croix  latine;  elle  mesure 
une  longueur  de  7:2  mètres  environ  sur  21  dans  les  nefs  et 
28  au  transept.  Cette  disposition  cruciforme  a  élé  successive- 
ment modifiée  par  l'adjonction  de  quatre  chapelles  à  chaque 
nef  latérale,  et  dont  les  deux  plus  rapprochées  de  la 
tour,  à  la  laçade  sud,  semblent  à  peu  près  contemporaines 
de  l'église;  les  deux  suivantes,  vers  le  transept,  sont  visible- 
ment d'une  époque  postérieure,  ce  que  démontre  la  forme 
de  leurs  gables;  les  quatre  chapelles  accolées  à  la  façade 
nord  ne  datent  que  de  1844. 

La  loui-,  placée  en  tète  de  la  nef  centrale,  a  la  largeur  de 
celle-ci  ;  elle  est  accompagnée  à  droite  et  à  gauche  de  deux 


—  577  — 

petites  annexes  peu  élevées,  placées  en  recul  de  5  mèlres 
sur  la  façade  principale  et  dans  l'axe  des  nets  latérales; 
celle  vers  le  sud  sert  de  porche;  l'autre,  affectée  autrefois  à 
l'usage  de  chapelle  des  fonts  baptismaux,  est  transformée  en 
magasin  depuis  que  les  fonts  ont  été  transférés  dans  la  pre- 
mière chapelle  latérale  de  droite.  Vers  le  nord,  la  tour  est 
enclavée  dans  des  constructions  particulières;  il  serait  à 
désirer  que  les  autorités  locales  fissent  disparaître  ces  mai- 
sons, qui  ont  le  doubl-e  inconvénient  de  masquer  une  partie 
du  monument  et  de  constituer  une  menace  permanente 
d'incendie. 

La  nef  centrale  est  divisée  en  six  travées  par  deux 
rangées  de  colonnes  cylindriques;  un  escalier  de  plusieurs 
marches,  occupant  toute  la  largeur  des  trois  nefs,  la  sépare 
du  transept;  le  chœur,  long  de  25  mètres,  a  une  largeur  de 
10  mètres;  les  quelques  constructions  qui  y  sont  annexées 
vers  le  sud  forment  les  dépendances  de  l'église.  A  l'inter- 
section du  transept  et  du  chœur,  on  aperçoit  au  plan  deux 
édicules  de  forme  carrée,  qui  en  élévation  se  perdent  dans 
la  masse  de  l'édifice  et  qui  correspondent  à  deux  petites  ca- 
vités de  l'église  souterraine.  On  peut  se  demander  si,  dans 
la  pensée  de  l'architecte  du  temple  roman,  ce  n'étaient  pas 
là  les  bases  de  deux  tours  qui,  répétées  de  l'autre  côté  du 
transept,  auraient  donné  à  l'église  romane  de  Saint-Hermès 
le  magnifique  ensemble  de  la  cathédrale  de  Tournai. 

V. 

Façade  principale.  —  Tour. 
La  large  tour  carrée  cantonnée  des  deux  versants  qui  cou- 
ronnent le  porche  latéral  et  le  magasin,  constituent  la  façade 


—  578  -^ 

principale.  Ces  deux  versants  sont  garnis  de  crochets  et 
sont  terminés  à  leur  extrémité  par  des  pinacles  ornés, 
formant  l'amortissement  des  contre-forts  d'angles  des  nefs 
collatérales.  La  tour  est  une  construction  massive  d'une 
ordonnance  simple  et  sévère  et  d'un  aspect  réellement 
monumental  ;  elle  se  termine  en  plate-forme  bordée  d'une 
balustrade  ajourée  par  des  quatre-feuilles;  de  puissants 
contre-forts  placés  dans  le  prolongement  de  chaque  face 
accompagnent  la  tour  jusqu'au  faite  et  s'y  terminent  par  des 
espèces  d'échauguettes  placées  en  encorbellement  et  qui 
réunissent  les  deux  contre-forts  des  quatre  angles;  ces 
quatre  tourelles,  comme  la  tour  elle  même,  attendent  leur 
couronnement  en  forme  de  flèche  qui  a  dû  exister  autrefois, 
comme  le  prouvent  des  gravures  anciennes  représentent  la 
vue  générale  de  la  ville  de  Renaix  (i). 

Un  perron  de  quelques  marches  donne  accès  à  la  porte 
principale,  ornée  de  moulures  profondément  fouillées  et 
dont  l'archivolte,  garnie  de  feuilles  de  choux  frisées,  est  ter- 
minée par  un  fleuron  placé  sur  le  sommet  de  l'ogive,  sans 
y  èlre  relié  par  une  contre-courbe,  comme  dans  d'autres 
édifices  de  la  même  époque;  ajoutons  enfin  que  la  porte  est 
accompagnée  de  deux  contre-forts  (sur  angle)  décorés  de 
panneaux  moiilurés  et  prenant  naissance  sur  la  plinthe  infé- 
rieure; ces  contre-forts  sont  couronnés  par  de  jolis  pinacles 
triangulaires  avec  crochets.  Immédiatement  au-dessus  de  la 
porte  se  trouve  une  fenêtre  à  meneaux  correspondant  au 
jubé;  puis  vient  une  baie  plus  petite,  répétée  sur  trois  faces, 


(i)  Sanderis,  Flandria  illustrala,  t.  III,  p.  184.  Édition  de  1755. 


—  579  — 

et  enfin  les  quatre  grandes  fenêtres  d'abat-son,  divisées  par 
des  meneaux  formant  une  simple  fourciie  et  garnies  dans  leur 
partie  inférieure  d'une  espèce  de  balustrade  pleine  avec 
arcatures  trilobées. 


VI. 

Façade  latérale  sud. 

Du  square  établi  récemment  sur  l'emplacement  de  l'an- 
cien cimetière,  l'œii  embrasse  l'ensemble  du  monument 
représenté  par  la  planche  III.  Au  pied  de  la  tour  se  trouve 
le  porche  latéral,  dont  l'ornementation  a  beaucoup  d'analogie 
avec  la  porte  principale.  Les  deux  travées  qui  suivent  font 
partie  de  la  basse-nef  et  sont  sur  le  même  alignement  que  le 
porche;  les  quatre  autres  pignons  forment  les  façades  des 
chapelles  placées  en  saillie.  Ces  six  divisions,  correspondant 
aux  six  travées  des  nefs,  sont  surmontées  chacune  d'un  toit 
à  double  versant,  leurs  gables,  ornés  de  feuilles  frisées,  sont 
terminés  par  des  fleurons  (t)  ;  une  fenêtre  garnie  de  meneaux 
flamboyants  éclaire  chacune  de  ces  chapelles,  qui  sont  sépa- 
rées entre  elles  par  des  contre-forts  terminés  par  des  pinacles 
ornés  de  crochets.  On  remarquera  les  deux  pignons  vers  le 
transept,  dont  les  gables  contournés  dénotent  une  époque 
plus  rapprochée  de  nous  que  les  autres.  On  a  eu  le  bon 
goût,  grâce  aux  conseils  de  la  Commission  royale  des  monu- 


(i)  Les  deux  travées  de  la  basse  nef  vers  la  tour  n'ont  été  couronnées  de 
gables  que  depuis  quelques  années. 


—  580  — 

ments  et  malgré  les  avis  de  certains  amateurs  de  la  symétrie 
et  de  la  ligue  droite,  on  a  eu  le  bon  goût,  disons-nous,  de 
conserver  la  forme  originale  de  ces  deux  pignons,  qui  don- 
nent à  rédilice  une  physionomie  toute  particulière  et  qui 
constituent  d'ailleurs  pour  le  monument  une  page  de  son 
histoire. 

La  haute-nef  est  percée  sur  chacune  de  ses  faces  de  six 
fenêtres  garnies  de  meneaux  qui ,  quoique  d'une  époque 
plus  ancienne,  forment,  comme  ceux  des  fenêtres  hautes 
de  la  tour,  une  simple  fourche.  Elles  sont  séparées  par  de 
larges  trumeaux  au  centre  desquels  on  voit  des  pilastres  qui, 
avant  la  restauration,  présentaient  dans  leur  partie  supérieure 
des  arrachements  et  des  pierres  d'attente.  Ce  fait  prouve  que 
l'architecte  avait  prévu  l'établissement  d'arcs-boutants  pour 
résister  à  la  poussée  de  la  voûte;  la  corniche  repose  sur  une 
suite  de  modillons  en  pierre. 

La  façade  du  transept  sud  est  incontestablement  la  parlie 
la  plus  riche  et  la  plus  élégante  du  monument.  Un  escalier 
à  double  rampe,  dans  la  face  duquel  est  percée  l'une  des 
entrées  de  la  crypte,  donne  accès  à  un  portail  dont  la  déco- 
ration est,  à  peu  de  chose  près,  semblable  aux  deux  autres 
entrées  décrites  précédemment,  mais  ici  les  feuilles  de 
l'archivolte  prennent  naissance  dans  les  moulures  mêmes, 
qu'elles  traversent,  coupent  et  contournent  de  la  façon  la 
plus  pittoresque;  ce  portail  est  surmonté  d'une  grande 
fenêtre  beaucoup  plus  large  que  la  porte  et  dont  les  meneaux 
à  huit  subdivisions  forment  une  riche  broderie  de  pierre. 
Le  jiignon,  dont  les  rampants  sont  garnis  de  feuilles,  est 
couronné  d'un  grand  fleuron.  La  partie  supérieure  de  ce 
pignon,  à  la  naissance  du  gable,  est  en  retraite  et  devait  jadis 


—  581  — 

être  garnie  à  sa  base  d'un  garde-corps  en  pierre,  car, 
outre  certains  arrachements  qui  se  remarquaient  aux 
contre-forts  d'angle,  on  trouve  encore  la  baie  de  porte 
qui  communiquait  du  comble  à  cette  sorte  de  balcon  ;  une 
niche  couronnée  d'un  dais  richement  sculpté  complète 
rornemcnlation  du  pignon,  dont  chaque  angle  est  garni 
de  contre-forts  accouplés.  Ces  contre-forts  se  réunissent 
à  la  naissance  du  toit  pour  former  un  faisceau  de  pinacles 
fleuronnés  d'où  émerge  un  gracieux  amortissement  de 
forme  bulbeuse  et  garni  de  crochets.  Ce  charmant  morceau 
d'architecture  ogivale  fleurie  est  accompagné  vers  le  chœur 
d'une  tourelle  octogonale  en  saillie  renfermant  un  escalier. 

VII. 

Chœur  et  dépendances. 

Le  chœur,  qui  avec  la  partie  supérieure  de  la  tour  consti- 
tue le  fragment  le  plus  moderne  de  l'église,  porte  tous  les 
caractères  de  l'architecture  ogivale  de  la  dernière  période. 
On  peut  supposer  que  c'est  après  l'achèvement  de  cette 
construction  que  l'évêque  de  Rosse,  en  Dalmatie,  procéda  à  la 
consécration  de  l'édifice  (Ioi2S).  Les  proportions  de  ce 
chœur,  qui  se  termine  par  une  abside  à  trois  pans,  sont 
belles.  Neuf  fenêtres  très-élancées  et  ornées  de  meneaux 
flamboyants  l'éclairent;  elles  sont  séparées  entre  elles  par 
des  contre-forts  à  plusieurs  retraites  et  qui  se  terminent  en 
glacis  sous  la  corniche,  où  l'on  ne  trouve  pas,  comme  à  la 
haute-nef  et  au  transept,  des  corbeaux  en  pierre.  Une  série 
de  petites  fenêtres  sans  meneaux  s'ouvrent  sous  les  grandes 
baies  du  chœur  et  donnent  la  lumière  à  l'édise  souterraine. 


—  582  — 

Vers  le  sud  on  remarque  contre  le  transept  deux  pignons 
qui  forment  des  annexes  de  consiruclion  récente  couvertes, 
comme  les  chapelles  de  la  façade  nord,  d'une  plate-forme; 
le  troisième  pignon,  sans  ouverture  vers  la  place,  est  celui 
de  la  sacristie,  contemporaine  du  chœur,  et  où  l'on  admire 
une  voûte  dont  les  nervures,  formant  des  dessins  étoiles, 
sont  magnifiquement  ordonnancées  ;  cette  sacristie  se  trouve 
placée  au-dessus  de  la  crypte  de  la  Vierge,  qui  date  du 
XV®  siècle. 

La  planche  V  représente  la  façade  nord  du  chœur  avec 
le  pignon  roman,  souvenir  de  la  primitive  église  due  à  la 
munificence  de  Louis  le  Débonnaire  ;  la  fenêtre  et  la  rosace 
qui  s'ouvrent  dans  In  partie  supérieure  de  ce  pignon  datent 
de  la  rcconsiruclion  de  régl.se  supérieure;  les  trois  arcades 
cintrées  de  la  partie  inférieure  inscrivent  chacune  une  petile 
fenêtre  romane  éclairant  la  partie  la  plus  ancienne  de  la 
crypte. 

VIIL 

Intérieur.  —  Ameublement. 

L'intérieur  de  l'église  de  Saint-Hermès  est  d'une  grande 
simplicité,  d'une  ornementation  sobre  et  de  bon  goût.  Les 
colonnes  sont  à  bases  octogonales,  à  fûts  cylindriques,  et 
leurs  chapiteaux  sont  ornés  d'une  guirlande  de  feuilles  de 
chêne  recourbées  et  profondément  fouillées;  les  tailloirs, 
également  de  forme  octogonale,  reçoivent,  outre  les  arcades 
de  la  haute-nef  et  les  retombées  des  voûtes  des  nefs  laté- 
rales, une  colonnetle  engagée  qui  s'élance  vers  la  voûte  de 
la  nef  centrale,  dont  elle  reçoit  le  faisceau  de  nervures. 


—  o85  — 

Dans  le  mur  qui  surmonle  les  arcades  el  entre  les  culon- 
neltes  précitées,  on  aperçoit  distinctement,  par  l'arrache- 
ment du  plâtrage,  le  contour  des  petites  fenêtres  qui  éclai- 
raient autrefois  la  nef  centrale,  alors  qu'elle  était  couverte 
d'une  charpente  apparente  dont  certaines  pièces  de  bois 
moulurées,  se  retrouvent  encore  au-dessus  de  la  voûte. 

Les  huit  chapelles  accolées  aux  nefs  latérales  sont  séparées 
par  des  murs  qui  se  terminent  vers  les  nefs  par  des  demi- 
colonnes  avec  chapiteaux  copiés  sur  ceux  de  la  nef  centrale. 

Le  transept  et  le  chœur,  placés  au-dessus  de  la  magnifique 
crypte,  sont  à  un  niveau  plus  élevé  que  celui  des  nefs,  dont 
ils  sont  séparés  par  un  escalier  de  plusieurs  marches.  Celte 
disposition  a  amené  un  raccourcissement  assez  notable  aux 
gros  piliers  du  transept  et  de  l'entrée  du  chœur,  et  donne  à 
l'intérieur  de  l'édifice  un  caractère  original  et  pittoresque.  Le 
transept,  éclairé  à  chacune  de  ses  extrémités  par  une  grande 
fenêtre,  est  couvert  d'une  voûte  à  nervures  d'un  dessin  (rès- 
riche.  Les  nervures  de  la  voûte  du  chœur,  d'un  dessin 
compliqué ,  descendent  en  faisceaux  jusqu'à  une  légère 
distance  des  seuils  de  fenêtres  et  viennent  s'amortir  sur  des 
culots  placés  en  encorbellement  sur  chaque  trumeau  ;  ces 
culots  sculptés  représentent  des  feuillages  et  des  fleurs 
entrelacés  de  la  manière  la  plus  originale  ;  ils  portent  chacun 
un  écusson  où  nous  remarquons  les  armes  de  la  ville,  du 
chapitre,  des  comtes  de  Flandre,  du  marquisat  d'Anvers,  etc. 
Ces  culols,  d'une  exécution  remarquable,  mériteraient  d'être 
reproduits  par  le  moulage  et  donnés  comme  modèles  pour 
l'étude  de  la  sculpture  ornementale. 

Il  nous  reste,  pour  compléter  ces  quelques  notes,  à  parler 
de  l'ameublement  de  l'église  de  Saint-Hermès.  On  comprend 


—  584  — 

qu'à  la  suilc  des  événements  que  nous  avons  rapportés,  il 
n'existe  plus  aucun  vestige  des  meubles  du  moyen  âge. 
Nous  ne  décrirons  pas  les  autels  érigés,  dans  le  cours  de  ce 
siècle,  dans  les  transepts  et  les  chapelles  collatérales  et  qui 
n'ont  ni  style  ni  valeur  artistique.  L'autel  principal,  la 
chaire  à  prêcher  et  les  stalles  datent  du  xviii'  siècle  et  sont 
dépourvus  de  caractère  d'art.  Les  seuls  objets  qui  méritent 
d'être  signalés  sont  : 

1"  Le  lutrin,  ouvrage  de  dinanderie  en  cuivre  jaune, 
représentant  un  aigle  aux  ailes  éployées  et  posé  sur  un 
globe  avec  soubassement  orné  de  feuillages.  Ce  lutrin,  d'un 
beau  travail,  porte  l'inscription  suivante  :  «  R.  DS^  Jacobvs 
Govlarl  :  Insignis  :  Ecdesiœ  :  Collegiaiœ  :  S.  Hermetis  :  lio- 
ihnaci:  Cân :  Thésaur: et  PBR,  Dono  dédit  MDCLXXX  V »; 

2'  Un  Christ  en  croix  qui  paraît  dater  du  xvi'  siècle. 
Cette  œuvre  d'art  est  placée  contre  le  mur  du  fond  du  por- 
tail latéral  attenant  à  la  tour.  11  est  à  supposer  que  ce  Christ 
était  suspendu  autrefois  à  l'entrée  du  chœur,  sous  l'arc 
triomphal,  et  qu'il  y  était  accompagné,  selon  la  tradition,  des 
statues  de  la  Vierge  et  de  saint  Jean. 

J.  RuTTiENS  et  E.  Serrure. 

(^  continuer.) 


PI. 


efôi/i^e    0e    STt^eHQéS.fi    H«itrtix. 


Façade  principale 


Lith.V'  Baertsoen. 


E,  Serrure,   Àrch.' 


Lilh  V"  Baerisoen 


Sernirp,  AtcIi' 


3[î^a>^p,a  F>€(n«ix, 


PI.  m. 


a&hwA  m  H"  iifihmn.K  momx. 


i 


E    Serrure.  Arch" 


i 


PI .  IV 


^(SI/T8^    t>^   g"  rjâRQqs.H'  T\€(nfnx. 


Façade  Esi. 


J I I I     I     I 


Lilh.  V'Baertsoen. 


E.  Serrure,  Arch^'^ 


Si 

o 


en 

e 

CE 
il 

Sx 

3 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS. 


RÉSUME    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SEANCES 

des    6,    1^2,    15,    19,    20    el    27   juillet;    des    1",    3,    10,    12,    17,    i2É 
et  31  août  1878. 


PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 

4"  Les  cartons  de  six  vitraux  peints  à  placer  dans  les      Egnses 

'  '  dePamele, 

fenêtres  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Pamele,  à  Audenarde  ;  womnleigîfem 

2°  Les  dessins  de  quatre  vitraux  en   grisaille  destinés     %hra»x.' 
aux  fenêtres  du  chœur  du  même  monument  ; 

5'  Les  projets  de  deux  vitraux  à  placer  dans  l'église  de 
Wommelghem  (Anvers)  :  auteurs,  MM.  Stalins  el  Janssens; 

4"  Les  dessins   des  verrières   à  placer  dans   les   seize 
fenêtres  des  nefs  de  l'église  de  Dison  (Liège)  ; 

5°  Le  croquis  d'une  statue  représentant  le  Sauveur,  des-Ëgiise<ieSuariëe. 
tinée  à  l'église  de  Suarlée  (Namur); 

6"  La  proposition  de  faire  restaurer  par  M.  Bonnefoy     T.bioD..x 

'         '  '  de  l'église 

diverses    peintures    anciennes    appartenant  à    l'église  de   «^e  wamire. 
Wandre  (Liège).  On  trouve  au  sujet  de  ces  tableaux  les 


—  386  — 

renseignemenis  suivants  dans  un  rapport  de  M.  Ilelbig, 
membre  correspondant  : 

«  Les  peintures  sont  au  nombre  de  huit;  elles  sont  de 
dimensions  différentes  et  ont  été  exécutées  par  trois  artistes. 
Deux  de  ces  peintures  ont  été  faites  pour  l'église  de  Wandre, 
pour  les  autels  où  elles  figurent  encore;  les  six  autres  pro- 
viennent, à  ce  que  l'on  m'assure,  de  l'ancienne  église  de 
Sainte-Madeleine  de  Liège,  aujourd'hui  démolie.  Toutes  ces 
peintures  ont  assez  notablement  souffert,  notamment  par 
l'application  d'un  mauvais  vernis  qui  semble  s'être  décom- 
posé entièrement  sous  l'action  alternative  de  l'humidité  et 
du  soleil,  et  qui,  ayant  perdu  complètement  sa  transpa- 
rence, ne  permet  presque  pas  d'apprécier  le  mérite  ou  les 
défauts  de  ces  tableaux. 

»   Voici  cependant  ce  que  l'examen  que  j'ai  fait  de  ces 
tableaux  m'a  permis  de  constater. 

»  Les  tableaux  du  maitrc-autel  et  celui  de  l'autel  latéral 
de  la  nef  du  nord  sont  peints  par  Olivier  Pirolte,  peintre  de' 
l'école  de  Liège  et  qui  jouissait  d'une  certaine  réputation  au 
cours  du  xviii'  siècle.  Il  y  avait  un  assez  grand  nombre  de 
ses  tableaux  dans  les  églises  de  Liège  aujourd'hui  démolies. 
Cet  artiste  parait  originaire  de  Wandre  ;  comme  je  viens  de 
le  rappeler,  ces  deux  toiles  ont  été  exécutées  pour  l'église 
où  elles  se  trouvent  encore.  La  moins  importante  des  deux 
est  datée  de  l'année  1721,  date  à  laquelle  précisément  la 
construction  de  l'église  a  été  achevée.  La  peinture,  qui  est  de 
la  jeunesse  de  l'artiste,  paraît  très-médiocre,  certainement 
beaucoup  inférieure  au  tableau  du  mailre-aulel,  dalé  de 
1750,  époque  où  l'artiste  avait  atteint  la  maturité  du  talent 
qui  lui  valut  quelque  notoriélé.  Autant  qu'il  est  permis  d'en 


—  387  — 

juger  par  l'état  de  décomposition  du  vernis,  cette  grande 
toile,  de  plus  de  deux  mètres  de  hauteur,  offre  des  qualités 
de  vigueur  dans  le  coloris  et  une  certaine  fermeté  dans  le 
dessin. 

»  Quant  aux  six  toiles  provenant  de  l'église  de  Sainte- 
Madeleine,  les  deux  médaillons  représentant  Saints-Pierre- 
el-Paul  paraissent  être  l'œuvre  d'Englebert  Fisne,  peintre 
très-justement  estimé  et  très-productif  dont  bon  nombre  de 
tableaux  se  trouvent  encore  dans  les  églises  et  les  châteaux 
de  l'ancien  pays  de  Liège.  Les  quatre  autres  compositions, 
sans  pouvoir  être  considérées  comme  des  œuvres  de  grand 
mérite,  décorent  cependant  d'une  manière  convenable  les 
panneaux  du  chœur  où  elles  sont  encastrées.  » 

7"  Le  nouveau  projet,  dressé  par  M.  Ed.  Duiardin,  d'un  Égnse  de  Noue- 
lambris  peint  à  exécuter  dans  les  nefs  latérales  de  l'église    ^?(.■'^;^"e,'• 
de  Notre-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles. 

Peint  sur  mur,  comme  celui  du  chœur,  ce  nouveau  lam- 
bris se  composera  des  quatorze  stations  du  chemin  de  la 
croix,  placées  dans  une  partie  des  arcatures  ou  comparti- 
ments, et  de  sujets  divers  empruntés  à  l'histoire  et  aux  tra- 
ditions de  l'église. 

D'après  une  note  jointe  au  projet,  ces  sujets  représenteront 
les  bienfaiteurs  illustres  et  les  rois  ou  reines  des  cinq  ser- 
ments ou  gildes  du  vieux  Bruxelles. 

.Ces  rois,  au  nombre  de  trente-cinq,  furent  (i)  : 

Charles  le  Téméraire,  1466; 

Jean  de  Bourgogne,  évèque  de  Cambrai,  1476; 

(i)  En  15Ô1  eut  lieu  à  Tournai  cette  joute  fameuse  dite  des  51  rois, 
à  savoir  tous  ceux  qui  étaient  affiliés  à  la  cour  du  roi  Arthus.  —  Mœurs,  usages 
et  solennités  des  Belges,  par  Moke,  t.  H,  p.  175. 


—  388  — 

Philippe  le  Beau,  J481  ; 

Robert  de  Croy,  archevêque  de  Cambrai,  î'iOO; 

Philippe,  bâtard  de  Brabant,  sire  de  Cruybeek,  1510; 

Maxiniilien  d'Autriclie,  empereur,  1510; 

Charles  d'Autriche,  duc  de  Luxembourg,  1512; 

Marguerite  d'Autriche,  1512  (v.  1518); 

Philippe  de  Clèves,  sire  de  Ravensleyn,  1515; 

Henri,  comte  de  Nassau,  lolG; 

Marguerite  d'Autriche,  1518  (v.  1512); 

Philippe  de  Lalaing,  sire  d'Hoogstraeten,  1525; 

Marie  de  Hongrie,  1534; 

Evrard  de  la  Marck,  cardinal-évêqae  de  Liège,  1537; 

Lamoral  d'Egmont,  1551; 

Philippe,  roi  d'Espagne,  1357; 

Duc  de  Savoie,  1558; 

Philippe  de  Croy,  duc  d'Aerschot,  1558; 

Philibert-Emmanuel  de  Savoie,  1558; 

Marguerite  de  Parme,  1559; 

Guillaume  de  Nassau,  prince  d'Orange,  1564; 

Don  Ferdinand  Alvarez  de  Tolède,  1568; 

Philippe,  comte  d'Egmont,  prince  de  Gavre,  1578; 

Leduc  de  Parme,  1587; 

Charles  de  Mansfeld,  1592; 

Comte  de  Fuentes,  1595; 

Pierre-Ernest  de  Mansfeld,  1598; 

Infante  Isabelle,  1615; 

Albert  de  Croy  et  d'Arenberg,  prince  de  Chimay,  1645; 

Duc  de  Lorraine,  1610; 

Archiduc  Lèopold  d'Autriche,  1651; 

Le  comte  d'Egmont,  prince  de  Gavre,  1652; 


—  589  — 

Maximilien-Emmanuel  de  Bavière,  1698; 
Duc  Charles  de  Lorraine,  1751. 

—  Des  délégués  ont  inspecté,  à  la  demande  de  M.  le      F.Riise 

.  ,  .  de  SaJDt-BavoD 

Ministre  de  1  intérieur,  les  verrières  récemment  placées  dans     ^  cami. 

'  vcrncres. 

les  hautes  fenêtres  du  chœur  de  l'église  de  Saint-Bavon, 
à  Gand.  Le  projet  de  cette  décoration  avait  été  approuvé  par 
la  Commission  en  1872  et  une  première  série  de  vitraux 
a  été  admise  après  inspection  en  1876.  Les  nouvelles  ver- 
rières placées  aujourd'hui  et  qui  forment  le  complément  du 
travail,  sont  exécutées  d'après  les  mêmes  données.  La  Com- 
mission a  émis  l'avis,  en  conséquence,  qu'il  y  a  lieu  de 
recevoir  définitivement  l'ensemhle  de  cette  entreprise. 

—  Des  délégués  se  sont  rendus  à  Nivelles,  le  7  août,  pour  Tableaux  aocie, 

découverts 

examiner  une  série  de  peintures  sur  bois  récemment  décou-    ^  N'veiies. 
vertes  dans  une  cloison  derrière  l'autel  de  la  chapelle  du 
collège,  étabJi  dans  les  bâtiments  de  l'ancien  couvent  des 
Récollets. 

Ces  peintures,  qui  ont  beaucoup  souffert,  forment  trois 
tableaux,  représentant  : 

1°  Le  Christ  en  croix;  saint  François,  fondateur  de 
l'ordre  des  Récollets,  et  saint  Jérôme,  probablement  le 
patron  du  donateur,  sont  agenouillés  au  pied  de  la  croix. 
Le  tableau  est  formé  de  dix  panneaux,  dont  un  est  perdu. 
Cette  composition  paraît  appartenir  à  un  maitre  de  l'école 
de  Coxie;  elle  est  d'une  distinction  remarquable  et  l'en-- 
semble  de  l'œuvre,  qui  est  d'ailleurs  assez  bien  conservée 
dans  ses  parties  essentielles,  est  d'une  coloration  brillante; 

2"  U Enfant  Jésus  dans  l'étable  de  Bethléem.  Ce  tableau, 
également  formé  de  dix  panneaux,  mais  dont  l'un  a  disparu, 
semble  dater  de  la  même  époque  que  le  précédent,  mais 


—  590  — 

il  ne  possède  pas  les  mêmes  qualités  de  composition  cl  de 
couleur;  il  a  cependant  une  valeur  artistique  assez  grande 
pour  être  restauré  et  complété. 

5"  Groupe  de  bergers  présentant  des  offrandes.  Ces  trois 
panneaux  constituent  probablement  les  restes  d'un  volet 
ayant  appartenu  à  l'une  des  grandes  compositions  précé- 
dentes. Il  y  aurait  lieu  de  compléter  cette  peinture,  qui  pré- 
sente les  mêmes  richesses  de  ton  que  le  Christ  en  croix, 
auquel  elle  a  peut-être  servi  de  volet,  et  d'en  faire  un 
tableau  distinct. 

La  Commission,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  ses 
délégués,  a  émis  l'avis  que  ces  trois  tableaux  ont  une  valeur 
assez  grande  au  double  point  de  vue  de  l'art  et  de  l'histoire 
locale  pour  engager  les  diverses  administrations  intéressées 
à  intervenir  dans  les  frais  à  faire  pour  les  compléter  et  les 
restaurer. 
de safifi'/L  1.  —  Après  inspection  des  esquisses  des  quatre  dernières 
ciurainXc'roix. stations  du  chemin  de  la  ci'oix  à  exécuter  i)ar  M.  Ilendricx 
dans  l'église  de  Saint-Joseph  à  Anvers,  la  Commission  a 
émis  un  avis  favorable  sur  ces  projets. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 


Ilolpl  de  ville 
d'Ilcrcnllials. 


La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  : 
1"  Les  plans  modifiés  pour  la  restauration  et  l'appropria- 
tion de  l'hôtel  de  ville  d'Herenthals  (Anvers)  :  architecte, 
M.  Taeymans; 
de  l'a" Xndncie  ^'  ^^^  projct  drcssé  par  M.  l'architecte  A.  Croquison, 
pour  la  construction  d'un  hospice  à  Passchendaele  (Flandre 
occidentale)  ; 


—  391   — 

5"  Le  projet  d'un  hospice-orphelinat,  à  ériger  à  Berlaere  de'Jj^'rllwc 
(Flandre  orientale)  :  architecte,  M.  De  Perre; 
4°  Les   plans  dressés  par  M.  l'archilecte  Gérard  pour  nospice-icrme 

•^  '  ^  ik  Bilsen. 

la    construction    d'un     hospice -ferme    à    Bilsen -la -Ville 
(Limhourg)  ; 

5°  Les  plans  du  palais  de  justice  à  construire  à  Neuf- p^i«is'iej>>=.tice 
château  (Luxembourg)  :  architecte,  M.  Vandewyngaert  ; 

6°  Le  projet  de  construire   un   bâtiment  annexé   à   la      ^^■'''"°", 

'        •'  communale 

maison  communale  de  Molenbeek-Saint-Jean  :  architecte,  ''*saint-je'';m.''" 
M.  Steenmetzer; 

7"  Les  plans  de  diverses  constructions  complémentaires  (-."bSonck 
à  annexer  à  l'hospice  de  Grobbendonck  (Anvers^  :  archi- 
tecte, M.  Taeymans; 

8°  Les  plans  d'une  salle  de  malades  à  construire  à  l'hô-      Hôpuai 

'  (le  Châtelet. 

pital  de  Châtelet  (Hainaut)  :  architecte,  M.  Mathieu. 


ÉDIFICES   RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

Ont  été  approuvés  : 

1"  Les  projets  de  travaux  d'appropriation  et  de  répara-    Réparation 

'        "  111  'et  construction 

tion  à  effectuer  aux  presbytères  de  Brecht,  Wintham  sous  '^^  p'^'^y'^'^'- 
H inghene (Anvers);  Meerendré  (Flandre  orientale);  Gibecq, 
Haine -Saint -Pierre  (Hainaut);    Stockroye  (Limbourg); 
Schockville  sous  Attert  (Luxembourg); 

2°  Les  plans  de  presbytères  à  construire  à  Stavele  (Flandre 
occidentale);  Couillet,  paroisse  de  Saint-Basile  (Hainaut); 
Rotheux-Rimière  (Liège);  Chenogne,  commune  de  Sibret 
(Luxembourg). 


—  592  — 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

La  Commission  a  approuvé  : 
Fi;iisp.iessainu-     |o  j^gg  plans  drcssés  par  M.  l'architecte  De  Curte  pour 

MicliPl-et-Giidule,  r  r  I 

^Ponhé''    la  construction  d'un  porche  au  transept  de  l'église  des 
Saints-Michel-et-Guduie,  à  Bruxelles,  vers  la  rue  du  Bois- 
Sauvage  ; 
Êpiise  2°  Le  projet  d'éîîlise  à  construire  à  Houdrémont  (Namur). 

de  Houilremonl.  I        J  c  \  / 

L'auleur,  M.  Luffin,  a  apporté  à  son  travail  les  modifications 
qui  lui  ont  été  indiquées  par  le  Collège; 

Église  de  zeie.  5°  Lcs  plaus  drcssés  par  M.  l'architecte  Vandevyvere 
pour  la  construction  d'une  sacristie  et  d'une  salle  de  caté- 
chisme à  l'église  de  Zèle  (Flandre  orientale). 

Ameublements.  4°  Lc  dcssltt  d'un  confcssionnal  à  exécuter  par  M.  Goyers 
pour  l'église  de  Saint-Joseph,  à  Louvain  ; 

5"  Les  projets  d'un   maître-autel  destiné  à  l'église   de 
Wasseiges  (Liège),  de  stalles  pour  l'église  de  Saint-Denis- 
Weslrem  (Flandre  orientale)  et  de  l'achèvement  du  maitre- 
•  autel  de  l'église  de  Boussu-en-Fagne  (Namur). 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Ont^été  approuvés  : 
Église dAersciioi.     l"  Lc   projct   drcssc   par  M.   l'architecte  Gife  |)0ur  la 
restauration  complète  de  l'église  de  Notre-Dame,  à  Aerschot. 

Les  travau.x  à  exécuter  en  premier  lieu  sont  ceux  des 
toitures  de  la  haute-nef  et  du  campanile  ;  pour  les  autres, 
il  devra  être  soumis  chaque  année  des  propositions  spéciales 
indiquant  les  ouvrages  à  exécuter  l'année  suivante,  au  moyen 
des  ressources  disponibles; 


—  593  — 

T  L'adjudication  des  travaux  de  restauration  à  exécuter^«,''=""\»"""^«« 

J  eglrses  deN.-D.- 

à  l'église  de  Notrc-Dame-Saiiit-Pierre,  à  Gand  ;  s- Nicobs\ Mons! 

,  IJraine-lc-C')inle, 

5"  Le  proiet  de  travaux  a  exécuter  à  l'église  de  Saint-^'-,""'""'';Ss.-Mi- 
NicoIas-en-Havré,  à  Mons  :  architecte,  M.  Iluijert;  s'-Ma*^r[ma'Liége. 

4"  Le  plan  dresse  par   M.  l'architecte  Bruvenne  pour  ^ saim-Trond 

II  .y  1  et  S'-I'ierre 

Je  renouvellement  du  pavement  de  l'église  de   Braine-le-    ^'^''"''""■• 
Comte  ; 

5°  La  proposition  de  continuer  les  travaux  de  restauration 
du  pignon  du  transept  de  l'église  de  Saint-Hubert  vers  la 
cour  du  pénitencier.  Le  Collège  a  toutefois  recommandé 
à  l'architecte,  M.  Bouvrie,  de  respecter  scrupuleusement 
toutes  les  parties  anciennes  susceptibles  d'être  conservées, 
alors  même  que  les  pierres  seraient  plus  ou  moins  rongées 
ou  épauffrées  ;  cette  recommandation  s'apphque  tout  par- 
ticuhèrement  aux  pierres  sculptées; 

6"  Les  plans  dressés  par  M.  l'architecte  De  Curte  pour 
la  restauration  de  l'abside  de  l'église  des  Saints-Michel-et- 
Gudule,  à  Bruxelles  ; 

7"  Les  comptes  des  travaux  de  restauration  exécutés  en 
1877  aux  éghses  monumentales  de  Saint-Martin  à  Liège, 
de  Saint-Pierre  à  Saint-Trond  et  de  Saint-Pierre  à  Louvain  ; 

8°  Les  projets  de  divers  ouvrages  de  réparation  à  exé-  Réparation  de 

diverses  églises. 

cuter  aux  églises  de  Wornmelghem  (Anvers);  Bierges, 
Lasne,  Dongelberg  (Brabant);  Deurle  (Flandre  orientale); 
HoUaiii,  Gohyssart  sous  Jumet  (Hainaut);  Cortessem , 
Horpmael  (Limbourg);  Schockville  sous  Attert  (Luxem- 
bourg). 
—  La  Commission  a  approuvé  le  projet  des  rectifica-       Egi.se 

1  1  1        i>  '     1-  1         1        '^'^  VValcourt. 

tiens  à  apporter  aux  abords  de  1  église  monumentale  de     Abords. 
Walcourt  (Namur).  On  devra  toutefois  prendre  les  précau- 


—  594  — 

lions  les  plus  minutieuses  pour  éviter  tout  mouvement  dans 
le  terrain  sur  lequel  l'édilice  est  bâti.  A  cet  effet,  il  serait 
utile  que  les  déblais  à  faire  à  proximité  des  fondations  ne 
fussent  exécutés  que  par  petites  parties  à  la  fois,  de  manière 
à  éviter  tout  glissement  dans  le  sol.  Le  Collège  a  aussi 
demandé  la  suppression,  dans  le  mur  de  soutènement,  des 
chaînes  de  pierre  régulièrement  appareillées;  il  importerait 
d'ailleurs  que,  pour  tout  ce  qui  concerne  les  travaux  qui 
intéressent  l'aspect  de  l'église,  on  s'en  référât  à  M.  l'archi- 
tecte Pavot,  qui  a  fait  une  étude  approfondie  de  la  restaura- 
tion de  ce  monument  remarquable. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  l'résidenl, 

Wellens. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS, 


RÉSUMÉ    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SEANCES 
des  7,  U,  -20,  21  et  28  septembre;  des  5,  M,  12,  19  et  26  octobre  1878. 


ACTES  OFFICIELS. 

ÉGLISES    ET    PRESBYTÈRES.    —    TRAVAUX  EXÉCUTÉS    SANS 
AUTORISATION. 

Circulaire  à  MM.  les  Gouverneurs  provinciaux. 

Bruxelles,  le  9  novembre  1878. 

Monsieur  le  Gouverneur, 

Je  remarque  que  des  fabriques  d'église  et  des  adminis- 
trations communales,  méconnaissant  les  prescriptions  du 
décret  du  30  décembre  180D  et  l'arrêté  royal  du  IC  août 
18^4,  se  permettent  de  faire  exécuter  sans  autorisation  des 
travaux  de  construction,  de  restauration  ou  d'ornementation 
aux  édifices  du  culte. 

C'est  là  un  grave  abus  contre  lequel  il  convient  de  réagir. 


—  59G  — 

Je  vous  prie,  en  conséquence,  Monsieur  le  Gouverneur, 
de  veiller  allcnlivement  à  ce  qu'on  ne  ineKo  pas  la  main  à 
l'œuvre  avant  d'en  avoir  obtenu  la  permission  de  l'autorité 
supérieure. 

Les  dépenses  qui  seraient  ordonnées  sans  que  les 
formalités  légales  aient  été  remplies  préalablement  devraient 
être  rejetées  des  budgets  et  des  comptes. 

Le  Ministre  de  la  justice, 
Jules  Bara. 

—  Par  arrêté  royal  du  27  septembre,  M.  Schoy,  professeur 
d'arcbilecture  comparée  à  l'Académie  royale  des  Beaux-Arts 
d'Anvers,  est  nommé  membre  correspondant  de  la  Commis- 
sion royale  des  monuments  pour  la  province  de  Brabant, 
en  remplacement  de  M.  Lavergne,  décédé. 

—  Par  arrêté  royal  du  23  octobre,  M.  Broquet,  commis- 
saire d'arrondissement  à  Atb,  est  nommé  membre  corres- 
pondant de  Ja  Commission  royale  des  monuments  pour  la 
province  de  liainaul,  en  remplacement  de  M.  Dumortier, 
décédé. 

—  Par  arrêté  royal  du  29  octobre,  M.  le  chanoine  Hen- 
rolte  est  nommé  membre  correspondant  de  la  Commission 
royale  des  monuments  pour  la  province  de  Liège,  en  rem- 
placement de  M.  le  chanoine  Morzé,  décédé. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  : 
-i.- Nr.t'rLni      ^"  ^^  dessin  soumis  par  M.  Vanderpoorten,  pour  une 
verrière  peinte  à  placer  dans  la  rose  de  la  façade  de  l'église 
de  Nederheim  (Limbourg); 


—  397  — 

2"  Le  devis  estimatif,  dressé  par  M.  Victor  Leroy,  des  ^/{fj^^^ 
frais  à  faire  pour  la  restauration  et  le  parquetage  d'un  tableau 
ancien,  peint  sur  panneau,  appartenant  à  l'église  de  lièrent 
(Brai3ant).  Ce  tableau  date  de  la  fin  du  xv'  siècle  ou  du 
commencement  du  xvT  siècle.  «  Il  représente  la  Vierge, 
tenant  l'enfant  Jésus;  elle  est  assise  sous  un  très-élégant 
baldaquin,  en  style  ogival  fleuronné.  A  gauche,  au-dessous 
d'un  joli  fond  de  paysage,  se  trouve  saint  Joseph.  A  droite 
est  une  sainte  tenant  un  livre  ouvert,  qui  est  très-proba- 
blement la  patronne  de  la  donatrice  du  tableau.  Les  tètes 
sont  belles  et  bien  peintes,  surtout  celle  de  la  Vierge.  »  (i) 

—  Les  délégués  qui  ont  procédé  le  17  septembre  à  l'exa-     r.i.apeiie 

.  ,  des  Oomles 

men  des  peintures  murales  représentant  la  série  des  comtes    dejiaïuire, 

"  '  a  Coiirtrai. 

de  Flandre,  exécutées  par  M.  Vander  Plaetsen,  dans  la  cha- 
pelle des  Comtes,  à  Courtrai,  ont  constaté  que  cette  déco- 
ration est  entièrement  terminée  et  que  l'ensemble  de  ce 
travail  d'art  peut  être  définitivement  accepté. 

—  Les  mêmes  délégués  ont  profité  de  leur  présence  à  Égii.e  de N.are- 

Dnnie.à  Couinai. 

Courtrai  pour  examiner  le  célèbre   tableau  de  Van  Dyck,     Tableau. 
l'Érection  en  croix,   qui  décore    la  chapelle  absidale   de 
l'église  de  Notre-Dame  et  qui  avait  été  signalé  comme  néces- 
sitant certaines  réparations. 

Il  a  été  constaté  que  cette  œuvre  d'art  se  trouve  en  par- 
fait état  de  conservation  Les  taches  qu'on  y  avait  remarquées 
provenaient  simplement  de  la  poussière  qui  s'était  amassée. 

Il  résulte  des  renseignements  qui  ont  été  donnés  aux  délé- 
gués, et  dont  ils  ont  pu  en  partie  vérifier  l'exactitude,  que 


(i)  Rapport  de  M.  Pinchart,  membre  correspondant. 


—  598  — 

toutos  les  mesures  de  prccaulion  ont  été  prises  par  le  conseil 
de  fabrique  pour  garantir  la  peinture  des  atteintes  de  l'im- 
midité.  C'est  ainsi  que  le  mur  auquel  le  tableau  est  attaché, 
est  cimenté  à  l'extérieur  et  revêtu  à  l'intérieur  de  l'église 
de  planches  de  chêne;  de  plus,  le  tableau  est  placé  à  une 
certaine  distance  du  mur,  de  manière  que  l'air  circule 
librement  derrière  la  toile.  Dans  ces  conditions,  on  peut 
considérer  la  conservation  de  l'œuvre  de  Van  Dyck  comme 
parfaitement  assurée.  Le  Collège  estime  cependant  qu'il  y  a 
lieu  d'examiner  s'il  ne  conviendrait  pas  de  placer  le  tableau 
dans  une  autre  partie  de  l'église,  où  il  serait  mieux  éclairé 
qu'à  son  emplacement  actuel. 
.  c  ?^'i!\        —  l'^n  conformité  des  instructions  de  M.  le  .Ministre  de 

de  Sailli-Hubert, 

^vurl'ii!''  l'intérieur,  des  délégués  ont  procédé,  le  15  octobre,  à  une 
inspection  de  l'église  de  Saint-Hubert,  à  Verviers.  Lors  de 
l'ouragan  du  12  mars  187(3,  une  grande  fenêtre  éclairant 
le  transept  et  garnie  d'une  verrière  en  grisaille,  a  été  enlevée 
et  brisée.  La  fabrique  a  fait  exécuter  d'urgence  les  travaux 
de  reconstruction  et  de  restauration,  qui  ont  entraîné  une 
dépense  de  7,200  francs,  pour  le  paiement  de  laquelle  on 
demande  un  subside  au  Gouvernement.  Les  délégués  ont 
constaté  que  la  restauration  du  vitrail  est  convenablement 
exécutée;  en  ce  qui  concerne  la  construction  des  meneaux 
et  de  l'encadremiMit  de  la  fenêtre,  il  résulte  des  renseigne- 
ments donnés  par  le  conseil  de  fabrique  que  toutes  les 
mesures  de  précaution  ont  été  prises  pour  mettre  la  fenêtre 
à  Fjtbri  de  nouveaux  accidents.  Dans  ces  conditions,  la  Com- 
mission a  émis  un  avis  favorable  à  la  demande  de  subside. 
F.giiso primaire      —  Dcs  délégués  sc  sont  rendus  à  Saint-ïrond,  le  19  sep- 

<i<;  .Saint  Troud. 

l'eiiiturcs.    tcmbre,   pour  examiner  les  peintures  murales   exécutées 


—  399  — 

dans  réglise  primaire  par  MM.  Helbig  el  Van  Marckc  et 
auxquelles  des  dégâts  peu  importants  sont  survenus  pai- 
suite  de  l'humidité  qui  règne  dans  la  chapelle  de  la  Vierge. 

D'après  les  conseils  de  M.  Jaminé,  architecte  provincial 
du  Limbourg,  et  de  M.  Ilelbig,  des  mesures  ont  déjà  été 
prises  pour  remédier  au  mal  signalé.  On  a  établi  à  l'exté- 
rieur de  cette  chapelle  un  contre-mur  en  briques,  dans 
lequel  on  a  ménagé  des  trous  d'aéragc.  Ce  travail  est 
fait  dans  de  bonnes  conditions,  seulement  les  délégués  ont 
conseillé  d'agrandir  les  ouvertures  de  la  base  du  mur  et  de 
placer  au  sommet  une  petite  cheminée  d'appel,  dans  le  but 
d'activer  la  circulation  de  l'air  entre  le  mur  ancien  et  le 
nouveau. 

Le  conseil  de  fabrique  se  propose  également  de  faire 
ouvrir  la  grande  fenêtre  actuellement  bouchée  au  fond  du 
chœur,  du  côté  est.  Ce  travail,  qui  constituera  un  embellis- 
sement pour  l'édifice,  aura  en  même  temps  l'avantage  de 
permettre  une  ventilation  plus  active. 

—  La  Commission  a  été  informée  que  le  conseil  de  fabrique     Égusede 

Saintp-viaudrii, 

de  l'église  de  Sainte-Waudru,  à  Mons,  se  propose  de  placer      '*'""'• 
une  nouvelle  verrière  dans  la  grande  fenêtre  du  transept 
méridional  de  cet  édifice. 

Cette  fenêtre,  dont  les  meneaux- de  pierre  ont  été  enlevés 
au  siècle  dernier  et  remplacés  par  un  châssis  en  fer,  est 
ornée  d'un  vitrail  donné  à  l'église  par  l'ordre  de  Malte  et 
dont  il  n'existe  plus  que  le  sujet  central,  entouré  jadis, 
d'après  des  renseignements  donnés  par  M.  l'archiviste  De 
Villers,  d'écussons  armoriés. 

On  s'occupe  actuellement  de  rétablir  les  meneaux  de 
pierre  de  la  fenêtre,  et  la  Commission  est  d'avis  qu'il  im- 


de  Mons. 


—  400  — 

porte  aussi  d'y  conserver  l'ancien  vitrail  qui  offre  un  intérêt 
historique  pour  l'église  et  n'est  pas  dépourvu  de  mérite  au 
point  de  vue  de  l'art.  Il  y  aurait  même  lieu  de  faire  des  re- 
cherches dans  les  archives  pour  arriver  à  compléter  la 
verrière  par  les  écussons  primitifs. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

orrhoiinau       Lj    Commlsslon    a    approuvé    les    i)Ians    dressés    par 

a  Auvers.  '   '  • 

MM.  Blomme  frères  pour  la  construction  d'un  orphelinat 
pour  garçons  à  Anvers,  et  le  projet  de  M.  Dieltjens  pour 
l'orphelinat  des  filles  à  ériger  dans  la  même  ville. 
HùiH  de  ville  —  Ouassurc  que  l'administration  communale  de  Mons 
a  l'intention  de  faire  démolir  le  campanile  qui  surmonte 
l'hôtel  de  ville.  Le  Collège  a  cru  devoir  rappeler  à  cette 
occasion  que  le  |  8  de  l'art.  76  de  la  loi  communale  stipule 
que  tout  projet  de  ce  genre  doit  être  soumis  à  l'approba- 
tion du  Gouvernement. 

Bien  que  le  campanile  de  l'hôtel  de  ville  de  Mons  ne  soit 
pas  conçu  dans  le  style  de  la  façade  principale,  il  y  a  lieu 
de  le  conserver  et  de  le  restaurer  tel  qu'il  existe.  D'ailleurs, 
si  la  ville  faisait  disparaître  cette  tourelle^^Lelle  ne  tarderait 
pas  à  le  regretter,  comme  la  ville  de  Bruxelles  regrette 
aujourd'hui  d'avoir  démoli  la  maison  de  «l'Étoile»  qui  ornait 
jadis  la  Grand'Place  et  qu'on  se  propose  même  de 
reconstruire. 

Il  résulte  des  renseignements  fournis  par  l'autorité  locale 
que,  quant  à  présent,  il  n'est  pas  question  de  la  démolition 
du  campanile.  Mais  l'administration  communale  fait  con- 
naître que  dans  un  intérêt  de  sûreté,  elle  a  fait  enlever 


—  401  — 

récemment  le  plomb  qui  recouvrait  les  montants  en  bois  de 
ladite  construction  et  que  c'est  vraisemblablement  ce  travail 
qui  a  donné  créance  au  bruit  parvenu  à  la  Commission. 
On  se  bornerait  à  prendre  acte  de  cette  déclaration  si  la 
ville  faisait  connaître  en  même  temps  qu'elle  a  fait  remplacer 
le  revêtement  en  plomb  qui  est  indispensable  pour  garantir 
la  conservation  des  bois  composant  le  campanile. 

ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  : 

1°  Sur  les  travaux  d'appropriation  et  de  réparation  à  exé-    Réparation 

rr^        I  1  et  consiriiclion 

cuter  aux  presbytères  de  Schilde  (Anvers)  ;    Hymiée  sous ''^ '"'''''^'"■'''• 
Gerpinnes  (Hainaut)  et  Grand-Spauwen  (Limbourg); 

2"  Sur  les  plans  de  presbytères  à  construire  à  Courtrai, 
paroisse  de  Saint-Éloi  en  basse-ville;  à  PoUaere  (Flandre 
orientale);  à  Reltigny,  commune  de  Cherain  (Luxem- 
bourg); à  Ottré,  commune  de  Bihain  (même  province). 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  : 

1°  Les  plans  relatifs  à  la  construction  d'églises  : 

A  Terhagen  (Anvers).  Ce  projet,  dressé  par  .M.  l'archi-  constmciioa 
tecte  Gife,  est  bien  étudié  et  a  droit  à  des  éloges.  Il  y  aura  ^ilj';.','!,;;^; 
lieu   toutefois  de  donner  à  la  tour  la  lariçeur  de  la  nef  cen-  Mom's'UM'^nd 

'-^  et  VurvJurs. 

traie,  conformément  aux  traditions  du  moyen  âge. 

Au  hameau  de  Ileyenbeek  (Pont-Brûlé)  sous  Grimber- 
ghen  (Brabant).  Ce  projet,  étudié  avec  soin,  est  l'œuvre  de 
M.  l'architecte  Hansotte. 


—  402  — 

A  Coiirtrai,  paroisse  de  Saint-Éloi,  on  l)asse-ville.  Les 
plans  de  cette  église  sont  dus  à  M.  r.ircliilccle  De  Gcyne  et 
ont  été  approuvés  avec  éloges. 

A  Mont-Saint-Amand,  paroisse  du  Sacré-Cœur  (Flandre 
orientale).  Ce  projet,  étudié  avec  soin,  a  été  approuvé  sous 
les  réserves  suivantes  dont  l'architecte,  M.  Gustave  Hoste, 
devra  tenir  compte  dans  le  cours  des  travaux  :  1°  donner 
plus  d'importance  à  la  tour;  2'  nioditier  la  forme  des 
jienétres  du  transept,  et  5"  supprimer  le  triforium  simulé 
du  transept  de  manière  à  conserver  dans  l'édifice  quelques 
parties  unies. 

A  Verviers,    paroisse   de  Saint-Antoine.  M.  l'architecte 
Castermans  a  apporté  à  son  projet  les  quelques  modifications 
qui  lui  avaient  été  indiquées; 
Eglise  9"  Le  plan  d'une  sacristie  à  construire  à  l'éiïlise  de  Wvn- 

de  Wyngliene.  '  ^  *' 

ghene  (Flandre  occidentale); 
Église  de        3"  Les  plans  de  deux  autels  et  d'un  confessionnal  à  placer 

N.-D.  du  Sabloii,  '  ' 

a  Bruxelles.  ^^^^  l'églisc  dc  Notro-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles.  Archi- 
tecte, M.  Schoy.  Ces  meubles  seront  exécutés  par  M.  le 
sculpteur  Marchant,  aux  conditions  suivantes  :  3,700  francs 
pour  l'autel  de  Notre-Dame  ;  4,850  francs  pour  l'autel  de 
Sainte-Wivine  et  le  confessionnal  ; 
Eglise  40  Les  plans  dressés  par  M.  Cador  pour  les  objets  d'ameu- 

du  Taiibnurg  •  i  j 

de  cimiero..  jjiejyjent  dcstlttés  à  l'église  du  faubourg,  à  Charleroi; 

Eglise  de  Fayi      Y)"  Lcs  proposillous  rclatlvcs  à  ccrtaincs   modifications  à 

lei  Seneffe.  '         • 

apporter  au  jubé  de  l'église  de  Fayt  lez  Seneffe  (Hainaut). 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

Ont  été  approuvés  : 
d?vm"'ég"i»t..     1°  Les  projets  des  travaux  de  restauration  à  exécuter  aux 


—  403  — 

églises  de  Hoevenen,  Zoersel  (Anvers)  ;  Buiscamp,  Corte- 
marcq  (Flandre  occidenlalc)  ;  Quaremont,  Bcllem  (Flandre 
orientale);  Alden-Eyck  (Limbourg)  et  Béez  (Namur); 

2°  Les  plans  dressés  par  M.  rarchilecle  Van  Arenbergh,ÊgiisodeHc-reni. 
|)our  la  restauration  de  l'église  de  Herent  (Brabanl).  En 
présence  de  la  valeur  archéologiijue  de  cet  édifice,  la 
Commission  a  émis  l'avis  qu'il  serait  désirable  d'étudier  un 
projet  complet  de  restitution  de  l'église  en  style  roman. 
L'exécution  complète  de  ce  projet,  dont  la  dépense  ne  serait 
pas  fort  élevée,  pourrait  être  effectuée  au  fur  et  à  mesure  que 
les  ressources  le  permettront  ; 

o"  Les  comptes  des  recettes  et  des  dépenses  effectuées  en   R«ia,.raiion 

'  '  (les  éplisi's 

1877  pour  la  restauration  des  églises  monumentales   de ''VidenS'*''' 

.  .  ,  «m  ^'  cathédrale 

Sauit-Martm,  a  Hal;  Notre-Dame,  a  Tongres  ;  Alden-Eyck     'lAnvers. 
(Limbourg)  ;  Notre-Dame,  à  Anvers  :  vaisseau  et  petite  tour. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  l'résidenl, 

Wellens. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE 


Cartailhac  ,     LWfje    de    pierre    dans    les   souvenirs 
et  superstitions  populaires. 


M.  Ém.  Cartailhac,  le  zélé  et  intelligent  secrétaire  des 
Congrès  anté-historiques  et  l'éditear  actuel  des  Matériaux 
pour  l'histoire  primitive  de  Uiomme,  vient  de  faire  paraître 
un  ouvrage  sur  l'âge  de  la  pierre,  contenant  de  nombreuses 
illustrations.  Il  y  a  recueilli  les  traditions  des  âges  subsé- 
quents sur  les  objets  de  cette  époque  pi'imilive  où  l'homme, 
ignorant  les  métaux,  n'avait  pour  instruments  et  pour  armes 
que  la  pierre  ou  la  corne  et  les  os. 

C'est  surtout  sur  les  instruments  de  pierre  que  ce  livre 
attire  l'attention  :  il  montre  que  la  connaissance  des  métaux 
fit  perdre  à  l'humanité  la  notion  des  objets  des  temps  an- 
térieurs et  que  la  superstition  s'empara  partout  des  outils 
ou  armes  primitifs  en  pierre  pour  en  faire  des  talismans, 
des  amulettes,  etc. 

Partout  et  comme  si  l'on  s'était  donné  le  mot,  depuis 
l'Angleterre  jusqu'en  Sibérie,  du  Danemark  jusqu'en  Grèce 
et  même  en  Hrésil,  à  Madagascar,  aux  Indes  orientales, 
M.  Carlailhac  cite  les  haches  de  pierre  comme  ayant  été 
appelées  p/erre^  de  tonnerre;  il  cite  la  croyance  que  ces 


—  405  — 

pierres  avaient  pour  vertu  de  conjurer  les  orages  ou  malé- 
fices, et  11  signale  le  nom  de  pierres  de  tonnerre  jusque 
chez  Pline,  qui  parle,  en  effet,  de  «  céraunies  semblables 
à  des  haches  qui  se  trouvent  dans  les  lieux  frappés  de  la 
foudre.  »  (II.  N.,  XXXVII,  51.  Voy.  aussi  le  scoliaste  de 
Perse,  qui,  parlant  de  Vinclusum  cespile  fuhnen  de  son 
auteur,  ajoute  :  fulmina  Iransfigurata  in  lapides). 

En  ce  qui  concerne  nos  contrées,  le  Llmbourg  hollandais 
offre  son  appoint  aux  renseignements  recueillis  par  M.  Car- 
tailhac  :  les  haches  de  pierre  y  sont  bien  positivement 
appelées  donder  sleenen  (pierres  de  tonnerre).  L'auteur  du 
présent  article  peut  en  témoigner  de  auditu. 

M.  Cartailhac  dessine  un  grand  nombre  de  hachettes  de 
pierre  ,  traversées  d'un  trou  ou  munies  d'une  bélière  en 
métal,  pour  servir  en  genre  de  pendeloques;  il  cite  notam- 
ment les  colliers  étrusques  du  Musée  Britannique,  avec 
pendants  formés  par  des  pointes  en  silex,  et  retrouve  de 
semblables  destinations  en  Ecosse,  comme  en  Amérique  et 
au  Japon  ;  comme  il  signale  en  Egypte  et  en  Grèce  des 
haches  de  pierre  avec  ces  inscriptions  gnostlques,  dites 
abraxas,  qui  datent  des  premiers  siècles  de  l'ère  chré- 
tienne, et  en  Scandinavie  d'autres  avec  inscriptions  runlques 
d'un  âge  encore  plus  récent. 

Parmi  ces  objets,  il  en  est  un  qui  est  au  Musée  royal 
d'antiquités  de  Bruxelles;  voici  comment  M.  Cartailhac  en 
rend  compte  : 

«  M.  le  comte  de  Ravestein  signale  dans  le  Catalogue 
descriptif  de  son  Musée  (1, 43"^)  une  pointe  de  javelot  en  silex 
brun,  soigneusement  travaillée,  qui  fut  trouvée  en  1851, 
aux  environs  de  Rome.  Elle  était  enfermée  comme  un  objet 


—   406  — 

précieux  dans  un  ornement  de  bronze;  celle  descriplion 
suffit  :  il  s'agit  ici  d'un  talisman. 

»  Dans  une  tombe  de  Nocera,  on  trouve  deux  lames  de 
silex  et  plusieurs  couteaux  de  bronze,  en  forme  de  poignard; 
ou  c'est  un  gisement  de  l'époque  de  transition,  ou  c'est, 
comme  l'indique  M.  de  Ravenslein  lui-même,  la  tombe  d'un 
sacrificateur,  et  alors  celle  trouvaille  est  expliquée  par  ce 
que  nous  avons  dit  de  l'usage  des  silex  dans  les  sacrifices 
de  Rome.  » 

Lorsque  les  délégués  de  l'auteur  de  ÏHisloire  de  César 
vinrent  en  Belgique  étudier  les  différents  emplacements  où 
s'étaient  passés  des  épisodes  de  la  guerre  des  Gaules,  ils 
ne  purent  dissimuler  leur  élonnemenl  de  voir  au  Musée 
archéologique  de  Namur  des  instruments  en  silex  trouvés 
dans  des  sépultures  bien  postérieures  à  l'âge  de  la  pierre 
(Journal  des  Beaux-Arts,  1861 ,  p.  177  ;  Moniteur  belge  du 
1"  janvier  1868). 

M.  Gartailhac,  parmi  les  découvertes  analogues  faites  en 
d'autres  pays,  cite,  d'après  M.  Del  Marmol,  les  suivantes  qui 
ont  eu  lieu  en  des  cimetières  franks  de  Belgique  : 

Au  Tombois  (commune  de  Vedrix,  lire  Védrin),  divers 
silex,  dont  l'un  grossièrement  taillé,  appartenant  à  la  caté- 
gorie appelée  aujourd'hui  couteaux; 

Aux  Minières  (même  commune),  des  silex  analogues 
aux  précédents; 

A  Rognée,  des  éclals  de  hache  en  silex  ; 

A  Sponiin,  un  fragment  de  même  espèce; 

A  Fraire,  un  fragment  semblable,  une  pointe  et  un  cou- 
teau; 

A  Samson,  deux  pointes  parfaitement   (aillées  en  forme 


—  407  — 

de  bouts  de  flèche.  L'une  d'elles  dans  la  tombe  d'un  guer- 
rier, armé  d'une  épée  et  d'une  lance  en  fer. 

Hors  de  la  province  de  Namur,  une  hache  en  silex  extraite 
d'une  tombe  franke,  à  Lede  (Flandre  orientale). 

M.  Gartailhaccite,  en  outre,  la  découverte  faite  dans  un 
tumulus  ouvert  en  Flandre  par  M.  Joly,  antiquaire  à 
Renaix,  de  six  hachettes  et  un  marteau  en  diorite,  plantés 
debout  et  formant  un  cercle  autour  de  deux  vases  en  poterie. 
«  La  diversité  de  leurs  patines  montrait  qu'elles  étaient 
d'un  âge  différent  et  avaient  été  recueillies  à  la  surface  du 
sol;  ce  dernier  détail  si  essentiel  et  l'insistance  mise  à  cer- 
tifier que  ce  tumulus  est  gallo-romain,  nous  prouvent  que 
ces  hachettes  jouent  ici  un  rôle  mystérieux,  » 

Conséquent  avec  sa  thèse  que  l'usage  des  instruments 
en  silex  a  survécu  uniquement  à  titre  de  tradition  super- 
stitieuse, M.  Cartailhac  n'admet  pas  que  certain  passage  de 
Guillaume  de  Poitiers,  souvent  cité,  témoigne  de  ce  que  les 
Anglais  du  xi*"  siècle  fissent  encore  à  la  guerre  usage 
d'armes  de  silex;  il  y  trouve  seulement  une  indication  que 
les  combattants  de  Hastings  «faisaient  flèche  de  tout  bois» 
et  se  servaient  même  des  pierres  qui  leur  tombaient  sous  la 
main. 

Aussi  l'auteur  s'en  prend-il  à  certain  passage  d'une  notice 
sur  la  grotte  de  Chauvaux  (Belgique).  M.  Soreil  y  invoque 
une  vieille  épopée  populaire  mise  en  lumière  par  Jacob 
Grimm,  où  Hildebrant  et  Hadebrant,  se  combattant,  font 
résonner  l'une  contre  l'autre  leurs  haches  de  silex. 

M.  Cartailhac  cite  à  ce  propos  une  réfutation  de  cette 
opinion  par  M"*  J.  Mestorf,  directrice  du  Musée  de  Kiel. 

«  L'interprétation  du  texte  cité  par  Grimm  est  des  plus 


—  408  — 

difliciles.  Depuis  17^9,  nous  comptons  |)lus  de  trente  éditions 
ou  critiques  qui  s'en  occupent. 

»  Parmi  toutes  ces  interprétations,  il  n'y  en  a  pas  jusqu'ici 
une  seule  qui  soit  déclarée  excellente,  » 

Cependant  les  juges  compétents  sont  unanimes  pour 
assurer  que  le  mot  staimhort  ne  peut  signifier  hache  en 
silex  :  bort  est  synonyme  de  bouclier;  staim  est  traduit 
par  combat,  ou  selon  une  autre  interprétation  par  coloré, 
ou  enfin  par  orné  de  pierreries.  Donc  staim  bort  signifierait 
bouclier  de  combat,  bouclier  peint ,  bouclier  garni  de  pierreries. 
Il  faudrait  traduire  ainsi  les  strophes  du  Hildebrantslied 
citées  par  M.  Soreil  :  «  D'abord  ils  jetèrent  leurs  javelots 
»  avec  une  telle  véhémence  qu'ils  percèrent  les  boucliers; 
»  puis  ils  s'élancèrent  l'un  sur  l'autre  et  firent  sauter  en 
»  éclats  les  boucliers  peints  (ou  .  .  .de  combat;  ou 
»...  ornés  de  pierreries);  ils  frappèrent  avec  fureur 
»  sur  les  écus  blancs  jusqu'à  ce  que  leurs  tilleuls  (boucliers 
»  en  bois)  furent  mis  en  pièces.  » 

»  En  supposant  que  Jes  lecteurs  des  Matériaux  n'aient 
pas  tous  l'occasion  de  comparer  la  traduction  de  M,  Am- 
père (i)  avec  l'original  allemand,  et  craignant  (pie  désor- 
mais on  ne  cite  ce  passage  pour  prouver  l'usage  des  armes 
en  silex  au  v^  siècle,  comme  cela  a  été  fait  trop  longtemps 
par  rapport  à  la  bataille  de  Ilastings,  j'ai  jugé  à  propos  de 
vous  faire  observer  que  l'interprétation  d'Ampère  n'a  point 
la  valeur  qui  permettrait  d'en  tirer  des  conclusions  de  si 
haute  importance.  » 


(i)  Histoire  littéraire  de  la  France  avant  le  XII"  siècle  ;  Democeot,  Histoire 
de  la  lilléralure  française,  p.  25. 


—  409  — 

Voilà,  semble  t-il,  une  question  vidée,  dit  M.  Garlailhac, 
qui  ne  méconnaît  pas,  du  reste,  le  mérite  de  «  l'excellent  tra- 
vail »  de  M  Sorcil  (publié  parles  Annales  de  la  Société 
archéologique  de  Namur,  XIII,  |).  315). 

Il  a  paru  que  ces  différentes  allusions  à  des  découvertes 
archéologi(|ucs  de  Belgique  et  à  des  écrits  de  nos  savants, 
étaient  de  nature  à  intéresser  le  public  de  notre  pays  :  on 
trouvera,  au  surplus,  chez  M.  Garlailhac,  bien  d'autres 
documents  et  renseignements  des  plus  intéressants  qui 
contribueront  à  rendre  la  connaissance  de  l'ouvrage  très- 
utile  et  la  lecture  très-agréable. 

Liège,  2  août  1878. 

H.  SCHUERMANS. 


COMMISSION  ROYALE  DES  MONUMENTS, 


RESUME    DES    PROCÈS-VERBAUX. 


SÉANCES 
des  4,  9,  16,  25  et  30  novembre;  des  7,  11, 14, 49,  21, 28  et  31  décembre  1878 


ACTES  OFFICIELS. 

Par  arrêté  royal  du  H  novembre,  M.  Emile  Tandel  est 
nommé  membre  correspondant  de  la  Commission  royale  des 
monuments  dans  la  province  de  Luxembourg. 

PEINTURE  ET  SCULPTURE. 

La  Commission  a  approuvé  le  carton  d'un  vitrail  à  exé-      Egnse 

de  Noue-Dame, 

cuter  par  M.  Capronnier  pour  l'église  de  Notre-Dame,  à    \^,)f"/^- 
Namur. 

CONSTRUCTIONS  CIVILES. 

Ont  été  approuvés  : 

1°  Le  projet  d'appropriation  du  mur  du  fond  de  la  grande  ^^^  ^^^^^l^^-^^ 
salle  du  palais  des  Académies,  à  Bruxelles,  en  vue  du  ^'"■"'^"^'■ 
placement  du  grand  tableau  de  M.  Slingeneyer; 


—  412  — 

<ie  "oïerilout.      2°  Lgs  plups  de  divei'ses  dépendances  et  du  mur  de  clô- 
ture à  construire  à  l'hôpital  de  Borgerhout  (Anvers); 
^''''mIu?'        5"  Le  projet  de  travaux  d'appropriation  à  exécuter  aux 
dépendances  de  l'hospice  des  orphelins,  à  Mons; 

"deaney"^  ^^  L^s  plaus  dc  l'hôtcl  de  ville  à  construire  à  Ciney 
(Namur),  sous  réserve  de  quelques  observations  de  détails 
dont  l'auteur,  M.  Bouvrie,  pourra  tenir  compte  dans  le  cours 
des  travaux. 

^t'u  chamif'''      —  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  a  communiqué  les  plans 

des  Manœuvres,  i  z-ii  i 

i.  Bruxelles,  (j  unc  constructiou  à  ériger  sur  1  ancien  Champ  des  Ma- 
nœuvres, à  Bruxelles.  Cette  construction  se  compose  de 
deux  grands  édifices  reliés  par  une  galerie  semi-circulaire, 
avec  arc  de  triomphe  au  centre,  dans  l'axe  de  la  rue  de  la 
Loi  prolongée.  Les  deux  édifices  occupant  ensemble  une 
surface  de  13,000  mètres  carrés,  sont  destinés  à  renfermer, 
comme  le  South  Kensington  Muséum,  des  modèles  et  des 
spécimens  des  arts  et  de  l'industrie.  Ils  sont  divisés  en  trois 
nefs  de  85  mètres  de  longueur  ;  celle  du  centre  a  une  largeur 
de  22  mètres;  les  deux  nefs  latérales  ont  chacune  10  mètres 
de  largeur  et  comprennent  deux  étages. 

Derrière  et  sur  le  côté  de  ces  bâtiments  définitifs,  on  se 
propose  d'élever  des  annexes  provisoires  d'une  superficie 
d'environ  15,000  mètres.  Toutes  ces  constructions,  qui  sont 
établies  de  manière  à  permettre  au  besoin  des  agrandisse- 
ments considérables,  seraient  affectées  à  une  exposition 
nationale  des  arts  industriels  à  organiser  en  1880  à  l'occa- 
sion du  50*  anniversaire  de  l'indépendance  du  pays. 

Après  avoir  entendu  les  explications  de  M.  l'architecte 
Bordiau,  auteur  des  plans,  sur  la  deslination  des  bâtiments, 
la  Commission  a  procédé  à  l'examen  du  projet  au  point  de 


—  415  — 

vue  architectural.  Elle  estime  que  la  distribution  intérieure 
des  locaux,  eu  égard  à  leur  destination,  est  convenable. 
L'annexion  à  la  grande  nef  de  nefs  latérales  à  deux  étages, 
déjà  adoptée  au  Musée  Wallace,  à  Bethna-Green,  et  à  la 
nouvelle  salle  du  Musée  de  Cluny,  a  l'avantage  d'étendre 
beaucoup  les  surfaces  disponibles;  elle  facilite  l'installation 
d'objets  de  toutes  dimensions  et  le  placement  par  catégo- 
ries ou  par  ordre  chronologique. 

En  ce  qui  concerne  les  façades,  l'auteur  a  été  obligé  de 
renoncer  à  la  pierre,  en  raison  des  ressources  limitées  dont 
il  peut  disposer.  Il  en  résulte  que  le  caractère  architectural 
du  bâtiment  est  imposé  par  la  matière  à  mettre  en  œuvre. 
La  Commission  est  d'avis  que  les  dispositions  principales  de 
la  construction,  au  point  de  vue  de  l'emploi  du  fer,  sont 
admissibles,  mais  elle  estime  que  ce  travail  est  susceptible 
d'être  encore  étudié  et  simplifié,  et  ces  simplifications  ne 
pourront  qu'améliorer  l'aspect  extérieur  de  l'édifice  en  ré- 
duisant encore  la  dépense. 


ÉDIFICES  RELIGIEUX. 

PRESBYTÈRES. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  sur  le  projet    Réparatiou 

et  couslriiction 

des  réparations  à  effectuer  au  presbytère  d'Hundelghem '*^p'"^'''y'"*'- 
(Flandre  orientale)  et  sur  les  plans  des  presbytères  à  con- 
struire à  Jamiouix  (Hainaut),  Les  Bulles  (Luxembourg), 
Buzet,  commune  de   Floreffe,  Nafraiture  et  Bourseigne- 
Vieille  (Namur). 


_  414  — 

ÉGLISES.  —  CONSTRUCTIONS  NOUVELLES. 

Ont  été  approuvés  : 
desfml-jean.      1"  ^es  plaos  de  l'égllsG  de  Saint-Jean,  à  ériger  à  Borger- 
orgei  loui.  j^^^^^  (Anvers).  Ce  projet  présente  des  remarquables  qualités 
de  composition  et  de  pittoresque  pour  lesquelles  l'auteur, 
M.   l'architecte  Baeckelmans,  a  droit  à  des  éloges  parti- 
culiers. 

Derrière  l'édifice,  entre  la  face  postérieure  des  sacristies 
et  la  rue,  on  a  réservé  une  bande  de  terrain  de  10  mètres 
de  largeur  pour  y  ériger  des  constructions  particulières. 
Il  est  vraiment  regrettable  que,  dans  un  temps  où  l'on  s'im- 
pose de  toutes  parts  des  sacrifices  pour  isoler  les  monu- 
ments et  les  préserver  du  voisinage  immédiat  et  souvent 
dangereux  des  habitations  particulières,  on  n'ait  pas  pris  la 
même  mesure  pour  un  édifice  aussi  important  que  celui  qui 
est  projeté  à  Borgerhout  et  qu'on  ne  lui  ait  pas  ménagé  un 
parvis  convenable. 

La  Commission  a  émis  l'avis,  en  conséquence,  que  les 
autorités  locales  devraient  acquérir  tout  le  terrain  dispo- 
nible entre  les  quatre  rues  et  que  l'église  devrait  être  reculée 
de  façon  que  les  faces  postérieures  des  sacristies  fussent 
placées  à  front  de  rue. 

Celte  disposition  aurait  l'immense  avantage  d'isoler  com- 
plètement l'église,  tout  en  réservant  un  parvis  de  24  mètres 
devant  sa  façade  principale.  On  doit  déplorer  aussi  qu'on 
ait  imposé  aux  autorités  locales  l'obligation  de  placer  l'église 
projetée  de  telle  manière  que  sa  façade  soit  tournée  vers 
la  partie  la  moins  habilée  de  l'agglomération. 


—  415  — 

2"  La  nouvelle  étude  présentée  par  M.  l'architecte  Hoste  d,.  sa^fé-coenr. 

I  I         ,  Il  '     I-  1  n  '    /~i  .  à  Mont-S'Amand. 

pour  la   tour   de   la   nouvelle    église    du    Sacre-Cœur   a 
construire  à  Mont-Saint-Amand  (Flandre  orientale). 

3"  Le  projet  dressé  par  M.  l'architecte  VandeWyngaertd.^i/fj;!c,oie. 
pour  l'agrandissement  et  la  restauration  de  l'église  d'Aix- 
sur-Cloie,  commune  d'Halanzy  (Luxembourg). 

4°  Le  plan  d'une  sacristie  à  construire  à  l'église  de  Sosoye  église  de  sosoye. 
(Namur). 

S"  Les  projets   de  buffets   d'orgues  à   placer  dans   les  '^de'il'ie^p"'' 
églises  de  Rommershoven  (Limbourg),   Bouillon  (Luxem- 
bourg) et  Floreffe  (Namur). 

6"  Les  dessins  d'un  devant  d'autel  et  d'un  banc  de  com- 
munion destinés  à  l'église  de  Bure  (Namur). 


de  diverses 
églises. 


La  Commission  a  cru  devoir  appeler  l'attention  du  dé- 
partement de  la  justice  sur  le  nombre  toujours  croissant 
des  églises  rurales  dont  on  propose  la  démolition  et  qu'on 
demande  à  remplacer  par  des  constructions  nouvelles. 

En  plus  d'une  circonstance,  elle  a  pu  constater  que  l'am- 
bition d'avoir  une  église  neuve  pousse  certaines  admi- 
nistrations fabriciennes  ou  communales  à  négliger  l'entretien 
des  anciens  édifices  et  notamment  la  réparation  des  toitures 
et  des  gouttières.  Dans  certaines  localités,  on  projette  une 
construction  nouvelle  par  le  seul  motif  que  la  superficie 
de  l'église  existante  n'est  plus  en  rapport  avec  le  chiffre 
de  la  population,  ou  que  l'église  est  située  à  l'écart  d'une 
agglomération  d'habitations  nouvellement  formée.  On  voit 
disparaître  ainsi  des  édifices  parfois  remarquables  au  double 


—  416  — 

point  de  vue  de  l'art  et  de  l'histoire  locale,  et  qui  sont  le 
plus  souvent  remplacés  par  des  constructions  banales  et 
sans  caractère. 

Une  économie  mal  entendue  amène,  en  outre,  dans  un 
grand  nombre  de  projets,  l'emploi  de  matériaux  peu  résis- 
tants, tels  que  le  plaire  pour  les  chapiteaux  et  autres  par- 
ties ornées,  le  plafonnage  pour  les  voûtes.  Tout  ce  qui  est 
exécuté  dans  ces  conditions  économiques  exige  bientôt  des 
réparations  coûteuses,  que  les  autorités  locales  négligent, 
soit  par  incurie,  soit  faute  de  ressources,  et  le  nouvel  édifice 
se  trouve,  après  quelques  années  d'existence,  dans  un  état 
plus  délabré  que  l'ancien  temple  qu'il  a  remplacé,  et  qui 
datait  parfois  de  plusieurs  siècles. 

La  Commission  a,  à  différentes  reprises,  voulu  s'opposer 
à  l'emploi  de  ces  matériaux  factices.  Chaque  fois  on  lui  a 
répondu  que  les  ressources  locales  ne  permettaient  pas  d'y 
renoncer;  on  a  été  même  jusqu'à  l'accuser  d'enlrainer  les 
communes  à  des  dépenses  inutiles,  etc. 

II  semblerait  cependant  utile  de  réagir  contre  ces  fausses 
économies,  qui  dégénèrent  en  véritables  abus.  Le  Collège 
a  donc  prié  M.  le  Ministre  de  la  justice  de  lui  faire  connaître 
si,  pour  les  églises  nouvelles,  il  n'y  aurait  pas  lieu  de  refuser 
les  plans  dont  toutes  les  parties  ne  seraient  pas  projetées  en 
matériaux  solides.  Il  est  certain  que  la  dépense  immédiate 
sera  augmentée  dans  une  proportion  relativement  élevée, 
mais  elle  sera  amplement  compensée  par  les  économies 
considérables  qu'on  réalisera  sur  l'entretien  des  édifices 
construits  dans  ces  conditions,  et  où  l'on  n'aura  de  longtemps 
à  exécuter  aucun  travail  de  restauration. 

On  doit  ajouter  que  la  démohtion  d'une  ancienne  église 


—  417  — 

ne  devrait  être  autorisée  que  clans  des  cas  tout  à  fait 
exceptionnels,  alors,  par  exemple,  qu'il  serait  démontré 
à  l'évidence  que  le  maintien  intégrai  ou  partiel  n'est  pas 
possible. 

Il  s'attache  presque  toujours,  en  effet,  aux  édifices  de  ce 
genre  des  souvenirs  historiques  qui  intéressent  la  localité 
ou  les  familles.  Les  autorités  feraient  donc  acte  de  sage 
administration  en  s'efforçant  de  les  conserver  par  des 
travaux  de  restauration  et  en  se  bornant  à  les  agrandir 
quand  leur  superficie  ne  répond  plus  aux  besoins  de  la 
population. 

Enfin,  la  Commission  a  émis  l'avis  qu'il  ne  serait  pas 
inutile  de  rappeler  aux  autorités  que  la  chose  concerne,  les 
termes  de  l'art.  41  du  décret  du  50  décembre  1809,  relatif 
à  l'entretien  des  églises. 

TRAVAUX  DE  RESTAURATION. 

La  Commission  a  émis  des  avis  favorables  : 

1°  Sur  les  projets  des  travaux  de  restauration  à  exécuter    Rfparation 

I        J  U  églises. 

aux  églises  de  :  Wastinnes ,  Bueken  (Brabant),  Havay, 
Bernissart,  Wasmes  (Hainaut),  Namoussart,  commune  de 
Hamipré  (Luxembourg),  et  Sart-Saint-Laurent,  commune 
de  Floreffe  (Namur). 

2°  Sur  le  devis  estimatif  des  réparations  à  effectuer  à  „„Ëgiis^ 
l'église  d'Escanaffles  (Hainaut).  La  Commission  a  constaté 
que  ces  ouvrages  importants,  évalués  à  24,441  francs,  sont 
occasionnés  par  le  défaut  d'exécution  des  travaux  annuels 
d'entretien  prescrits  par  l'art.  41  du  décret  du  50  dé- 
cembre 1809. 


—  418  — 

"^^'de  HÙy.*'"'     5°  Sur  les  comptes  des  l'ecetles  et  des  dépenses  effectuées 

en  1876  et  1877  pour  la   restauration  de  l'église  primaire 

de  Huy. 
de  sahfi-Martin.     •^''  Sur  Ics  élats  des  travaux  de  restauration  exécutés  à  la 

tour  de  l'église  de  Saint-Martin,  à  Gourtrai,  pendant  l'année 

1877. 
desaiK^e'iii".    ^°  ^^''^  Ics  phus  dressés  par  M.  l'architecte  Jaminé  pour 

la  restauration  de  la  chapelle  de  la  Sainte-Croix,  à  l'église 

de  Saint-Quentin,  à  Hasselt. 
Cathédrale        _  Conformémeut  aux  instructions  de  M.  le  Ministre  de  la 

de  ISaaiur. 

justice,  des  délégués  ont  procédé,  le  4  décembre,  à  une 
inspection  de  la  cathédrale  de  Namur.  Ils  ont  constaté  que 
la  façade  principale  de  cet  édifice  se  trouve  dans  un  état  de 
dégradation  complète. 

Cette  façade  ne  date  que  d'un  siècle  environ  ;  la  pierre 
employée  provient  des  carrières  des  environs  de  Namur  ; 
elle  est  d'une  très-médiocre  qualité;  elle  est,  en  outre,  pla- 
cée généralement  en  délit  et  les  pierres  saillantes,  entable- 
ments, plate-formes  des  slylobates,  etc.,  n'ont  aucune  pente 
pour  faciliter  l'écoulement  des  eaux  ;  les  feuilles  de  plomb 
garnissant  ces  saillies  n'ont  pas  suffi  à  empêcher  les  infiltra- 
tions qui  ont  amené  la  ruine  de  ces  parties  de  l'édifice. 
D'autres  parties  encore  sont  dans  le  plus  mauvais  état  ;  la 
plupart  des  grandes  pierres  formant  le  parement  uni 
sont  fendues;  la  colonne  de  l'ordre  inférieur  à  l'angle 
sud-ouest  est  brisée  en  plusieurs  morceaux  et  a  déjà  été 
consolidée  au  moyen  de  cercles  de  fer;  la  colonne  joignante 
présent^  de  nombreuses  fissures  ;  les  bases  de  presque  toutes 
les  colonnes  sont  écrasées  et  la  partie  moulurée  de  l'une 
d'elles  est  même  remplacée  i)ar  du  bois;   enfin,  les  cinq 


—  419  — 

statues  qui  couronnent  la  partie  centrale  de  la  façade  sont 
complètenient  mutilées.  Les  seuls  fragments  assez  bien 
conservés  sont  les  chapiteaux  et  les  quatre  vases,  ce  qui 
permet  de  croire  que  ces  détails  ont  été  sculptés  dans  une 
pierre  d'une  autre  provenance  et  d'une  qualité  meilleure  ; 
le  bon  état  apparent  des  vases  donne  même  lieu  de  sup- 
poser que  ceux-ci  ont  déjà  été  renouvelés  depuis  la  construc- 
tion de  l'église. 

La  Commission  est  d'avis,  avec  ses  délégués,  que  la  façade 
de  la  cathédrale  est  dans  un  si  mauvais  état  qu'une  restau- 
ration en  sera,  pour  ainsi  dire  impossible  et  qu'on  sera 
forcément  amené,  de  même  qu'on  l'a  fait  déjà  à  l'église  de 
Saint-Loup,  à  devoir  la  reconstruire  complètement,  sauf  à 
remettre  en  œuvre  les  pierres  bien  conservées.  En  attendant 
que  ces  travaux  puissent  être  entrepris,  il  serait  prudent, 
dans  l'inlérct  de  la  sécurité  publique,  de  faire  enlever  les 
cinq  statues  et  toutes  les  pierres  qui  menacent  de  tomber. 
Il  conviendra  aussi  de  demander  à  un  architecte  capable  un 
projet  complet  des  travaux  à  exécuter. 

Le  Secrétaire  Général, 

J.  Rousseau. 


Vu  en  conformité  de  l'article  25  du  règlement. 

Le  Président, 

Wellens. 


LE  T  T  RE 


Messieurs  les  Membres  du  Comité  de  rédaction  du  BULLETIN 


Messieurs, 

J'ai  eu  l'honneur  de  vous  envoyer  deux  exemplaires  de 
l'ouvrage  que  nous  avons  publié  l'an  dernier,  en  juillet, 
sous  ce  titre  :  Abbaye  de  Villers-la-YUle  de  l'ordre  de 
Citeaux.  Description  des  ruines  avec  plans  et  dessins. 

Ce  petit  livre  n'a  d'autre  but  que  d'expliquer  aux  amateurs 
de  Villers.ce  qu'a  été  l'abbaye;  il  est  en  quelque  sorte  la 
préface  de  la  monographie  à  laquelle  je  mets  la  dernière 
main. 

C'est  à  ce  travail  que  M.  Coulon,  architecte,  fait  allusion, 
en  s'exprimant  comme  suit  dans  le  Bulletin  des  Commis- 
sions royales  d'art  et  d'archéologie  (17'"'  année,  n"'  5  et  6), 
page  260  :  «  J'ai  été  devancé  auprès  du  public  par  un 
»  architecte  belge  et  un  écrivain  français,  qui  viennent  de 
»  publier  un  opuscule  intitulé  :  Abbaye  de  Villers-la-Ville 
y>  de  l'ordre  de  Citeaux. 

j>  On  y  signale  comme  constituant  une  révélation  et  pour 


—  421  — 

»  trait  capital  la  coulure  pratiquée  dans  les  murs  de  la 
»  sixième  travée  et  d'où  il  résulte  que  l'église  fut  construite 
)^  en  deux  grandes  étapes;  or  cette  découverte  fut  faite  par 
»  M.  Jules  Tarlier  et  par  moi,  comme  le  constate  notre  lettre 
»  du  25  septembre  1863,  rendant  compte  au  Président  de 
»  la  Commission  royale  des  monuments  de  cette  trouvaille 
»  archéologique.  De  plus,  le  7  avril  1873,  en  séance  du 
»  Comité  du  Brabant,  j'ai  donné  lecture  d'une  notice  rela- 
»  tive  aux  études  que,  sur  la  demande  de  la  Commission 
»  prénommée,  cet  archéologue  distingué  et  moi  avions 
»  déjà  faites  àVillers;  cette  notice,  publiée  dans  le  Bulletin 
»  n"  2,  rappelle  ladite  couture  et  confirme  nos  droits  à  la 
»   paternité  de  ce  fait  historique. 

»  Il  y  a  dans  l'opuscule  cité  plus  haut  divers  points  de 
»  rencontre  avec  ma  monographie;  il  ne  me  convient  pas 
»  de  m'en  occuper,  du  moins  maintenant;  je  me  serais 
»  même  complètement  abstenu  si  j'avais  été  seul  en  jeu, 
»  si  mon  devoir  ne  m'obligeait  de  faire  restituer  à  mon 
»  regretté  ami  J.  Tarlier  la  part  qui  lui  revient  dans  cette 
»   importante  découverte.  » 

Je  n'ai  pas  à  apprécier  les  procédés  de  M.  Coulon,  quoi- 
qu'ils tendent  à  nous  accuser  de  plagiat.  Ce  moyen  peut 
paraître  adroit,  mais  il  m'oblige  à  laisser  celui  qui  l'emploie 
en  face  de  ses  propres  affirmations.  Voici,  en  effet,  comment 
il  s'exprime  (voir  le  Bulletin  du  Comité  provincial  du 
Brabant,  séance  du  7  avril  1873). 

«  Nous  avons  informé  la  Commission  royale  des  monu- 
»  ments,  le  25  septembre  1863,  que  les  nefs  avaient  été 
»  construites  en  deux  fois  sur  leur  longueur;  d'une  part 
»  cinq  colonnes  vers  l'entrée,  de  l'autre  quatre  colonnes 


—  422  — 

«  jusqu'à  la  trouée  du  transept.  Les  soudures  sont  visibles 
»  au  trilbrium  blindé  et  au  clérestory;  l'architecture  est  la 
»  nnéme,  mais  les  différences  existent  dans  les  appareils  et 
»  les  matériaux.  Quel  espace  de  temps  s'est  écoulé  entre  la 
»  construction  des  deux  grandes  parties  du  monument.  De 
»  quel  côté  se  trouve  l'œuvre  primitive.  Je  ne  me  charge 
»  pas  même  de  toucher  ici  à  la  solution  de  ces  questions, 
>)  cela  me  conduirait  trop  loin.  » 

Voilà  le  langage  de  M.  Coulon  en  1873  ! 

Non-seulement  il  ne  rattache  pas  la  couture  au  fait  his- 
torique dont  il  réclame  aujourd'hui  la  paternité,  mais  il 
décline  toute  opinion  sur  la  marche  des  travaux  de  cette 
partie  de  l'église.  Cet  aveu  de  la  part  d'un  architecte  ferait 
supposer  que  ladite  couture  était  ou  inaccessible  ou  bien 
cachée.  //  nen  est  rien.  Un  escalier,  connu  de  tous  les  visi- 
teurs de  Villers,  mène  sur  les  voûtes  encore  intactes  du 
bas-côté  méridional  ;  en  s'approchant  du  mur  de  la  nef,  on 
aperçoit  aussitôt,  dans  la  maçonnerie ,  les  lignes  de  raccord 
qui  expliquent  le  travail  interrompu  des  moines. 

Pas  de  verdure  ni  de  plâtras  !  Par  les  pierres  laissées  en 
amorce,  on  reconnaît  les  parties  les  plus  anciennes.  M.  Cou- 
lon n'a  donc  pas  vu,  de  18G5  à  1873,  la  couture  que  tout  le 
monde  pouvait,  sans  être  bien  grand  constructeur,  décou- 
vrir et  expliquer  aussitôt.  La  Terrade  avait  enlevé  les  char- 
pentes des  bas-côtés  en  1796;  depuis  lors  tout  était  à  nu. 

De  ce  que  M.  Coulon  ignorait  le  fait  historique  indiqué 
dès  1856  par  M.  Wauters,  il  conclut  que  nous  n'avons  pu 
voir  ladite  couture  ou  l'expliquer  avant  lui  !  Cette  prétention 
au  bon  œil  est  d'autant  plus  remarquable  que,  quoiqu'ac- 
compagné  de  M.  Tarlier  (1865),  il  n'a  pas  songé  à  s'assurer 


—  425  — 

si  la  couture  existait  à  la  voûte  principale  qui   en   1870 
recouvrait  encore  la  quatrième  travée. 

M.  Coulon  dit  (page  507)  :  —  «  La  voûte  de  la  travée 
»  où  se  trouve  la  coulure  a  disparu  avant  mes  études; 
»  je  ne  sais  donc  si  cette  couture  y  avait  laissé  son  em- 
»  preinte.  » 

Or,  cette  couture  a  existé  et,  en  1869,  j'ai  relevé  aussi 
exactement  que  possible  les  voussoirs  laissés  en  amorce 
dans  la  partie  de  la  voûte  encore  debout,  au-dessus  de 
l'arc  doubleau  de  la  quatrième  colonne.  Pour  donner  à  ce 
dessin,  destiné  à  ma  monographie,  un  témoignage  d'exacti- 
tude d'autant  plus  précieux  que  la  voûte  menaçait  de 
s'écrouler  après  chaque  hiver,  j'en  ai  fait  prendre  une  pho- 
tographie dont  il  n'a  jamais  existé  qu'une  seule  épreuve, 
celle  que  je  possède. 

Je  joins  à  mon  envoi,  Messieurs,  une  copie  de  cette 
photographie.  Vous  pourrez  ainsi  apprécier  le  bien  fondé 
de  M.  Coulon  à  contester  la  priorité  de  notre  travail. 

La  couture  en  elle-même  était  chose  secondaire  à  nos 
yeux;  nous  étions  uniquement  préoccupés  de  la  marche  des 
travaux  non-seulement  de  l'église,  mais  encore  de  tous  les 
bâtiments  claustraux  dont  nous  avions  retrouvé  les  dispo- 
sitions primitives  (voir  chap.  VII).  En  ce  qui  concerne 
l'église,  nous  différons  complètement  de  manière  de  voir 
avec  M.  Coulon,  qui  a  exactement  suivi  M.  Wauters. 

Il  ne  faut  pas  s'y  tromper,  c'est  en  cela  que  notre  travail  est 
original.  Toutes  nos  petites  découvertes  sont  notre  bien 
exclusif.  C'est  sous  le  plâtras,  dans  les  fondations  et  les  mu- 
railles même  que  nous  avons  trouvé  la  vérilé.  Nous  n'auto- 
risons personne  à  le  contester. 


—  424  — 

Je  borne  ici  mes  observations.  Vous  êtes  trop  préoc- 
cupés. Messieurs,  de  la  question  d'art  et  de  la  vérité  pour 
ne  pas  m'aider  à  rétablir  les  choses  dans  leur  véritable 
lumière. 

Recevez ,  je  vous  prie ,  l'assurance  de  ma  haute  considé- 
ration. 

Ch.    Licot, 
architecte. 


EXPOSITION  UNIVERSELLE  DE  PARIS 


RAPPORT 


A    M.    LE    MINISTRE     DE     L'INTÉRIEUR 


ARTS    APPLIQUÉS    A    L'INDUSTRIE 


A  l'exposition  universelle  de  i878,  à  Paris,  je  me  suis 
surtout  appliqué  à  étudier  les  arts  industriels,  comme  je 
l'avais  fait  à  deux  expositions  précédentes.  Profondément 
convaincu  de  l'importance  capitale  de  l'art  dans  ces 
branches,  considérant  l'art  pur  comme  la  source  vive  de 
celles-ci,  j'ai  étudié  aussi  les  galeries  des  beaux-arts  dans 
cet  ordre  d'idées  plus  que  je  ne  l'avais  fait  auparavant. 

J'ai  été  frappé  des  points  de  contact  que  présentent  ces 
études  et  de  la  lumière  qu'elles  apportent  pour  comprendre 
les  mouvements  et  les  progrès  des  arts  industriels. 

L'importance  de  l'art  dans  l'industrie  n'est  plus  à  démon- 


—  426  — 

Irer.   Elle  est  si  généralement  reconnue  aujourd'hui  qu'il 
est  inutile  d'y  insister. 

Les  tendances  et  le  progrès  dans  ce  sens,  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  signaler  dans  le  rapport  que  j'ai  fait  à  la  suite  de 
l'exposition  devienne  en  1873,  n'ont  fait  que  s'accentuer 
et  se  généraliser  à  celle  de  Paris. 

Comme  il  fallait  s'y  attendre,  c'était  la  France  qui,  pour 
les  beaux-arts  comme  pour  les  arts  industriels,  y  tenait  la 
place  la  plus  importante  et  la  plus  brillante.  Elle  était  chez 
elle  et  sur  un  terrain  qu'elle  peut  considérer  doublement 
comme  le  sien.  Elle  était  suivie  de  près  par  l'Autriche,  dont 
l'exposition  n'était  pas  aussi  importante  qu'en  1875,  mais  qui 
n'en  était  pas  moins  très-intéressante.  L'Angleterre,  l'Italie 
avaient  une  exposition  des  plus  remarquables,  et  notre 
petit  pays  y  était  représenté  d'une  façon  réellement 
brillante,  bien  plus  en  rapport  avec  sa  vitalité  qu'avec  son 
étendue. 

Les  arts  industriels  de  la  France  brillaient  par  ces  qualités 
pour  lesquelles  ils  sont  connus  de  longue  date  :  la  grâce, 
l'élégance  des  formes. 

Il  y  a  là  beaucoup  de  facilité,  fruit  de  la  tradition,  et 
l'assurance  produite  par  le  succès.  Mais  trop  souvent  aussi 
manque  de  caractère  et,  sous  prétexte  d'originalité,  des 
retours  stériles  ou  capricieux  vers  telle  ou  telle  époque  du 
xvii^  ou  du  XVIII*  siècle,  voire  même  vers  les  formes  orien- 
tales. 

Les  études  théoriques,  les  essais  raisonnes  tendant  à 
une  originalité  véritable  dont  on  est  si  préoccupé  à  notre 
époque,  ne  paraissent  pas  y  prospérer  beaucouj).  La  France, 
lurte  de  ses  excellentes  traditions,  procède  plutôt  par  sen- 


—  427  — 

liment,  recherche  avant  tout  des  formes  agréables,  mais, 
par  cela  même,  surtout  dans  la  petite  industrie,  tombe  très- 
souvent  dans  la  routine  ou  la  banalité.  ïleureusemonl  quel- 
ques industriels  d'élite  visent  constamment  à  obtenir  des  pro- 
duits qui  tiennent  tout  leur  prix  de  l'exquise  élégance  et  de 
la  pureté  des  formes.  En  première  ligne,  il  faut  citer  ici 
Barbédienne,  dont  les  produits  appartiennent  presque  à  l'art 
pur,  tant  la  recherche  de  la  beauté  y  est  visible.  Chez  lui 
rien  de  médiocre.  Depuis  la  grande  statue  coulée  jusqu'aux 
plus  petites  fantaisies,  tout  a  un  cachet  artistique  très-pro- 
noncé. C'est  grâce  à  de  tels  hommes  que  la  partie  des 
bronzes,  une  des  plus  importantes  de  Paris,  se  maintient  à 
un  degré  d'excellence  universellement  reconnu.  Heureuse- 
ment aussi  que  la  coopération  constante  d'artistes  archi- 
tectes, peintres  ou  sculpteurs,  réagit  énergiquement  contre 
cette  banalité  facile,  qui  pourrait  devenir  l'écueil  des  décora- 
teurs français.  J'ai  remarqué  un  bel  exemple  de  cette  coopé- 
ration dans  la  grandiose  décoration  architecturale  de  l'entrée 
de  la  galerie  des  beaux-arts  qui  faisait  face  au  pavillon  de  la 
ville  de  Paris,  conçue  par  l'architecte  Jaeger,  exécutée  par 
les  peintres  H.  Boulenger,  Ehrmann,  Polisch,  le  sculpteur 
Lequin  et  le  céramiste  Th.  Deck.  D'autres  exemples  non 
moins  remarquables  se  voyaient  dans  des  industries  parti- 
culières, comme  dans  l'orfèvrerie  Christofle,  chez  le  déco- 
rateur Dienst,  dans  la  marbrerie  et  les  meubles  où  j'ai  remar- 
qué de  belles  conceptions  de  l'architecte  P.  Sédille.  Sous  le 
point  de  vue  théorique  et  esthétique,  il  y  aurait  certes  à  redire 
dans  cette  division  du  travail  artistique  poussée  à  l'excès 
comme  cela  se  pratique  trop  souvent  à  Paris,  mais  il  n'en 
était  pas  moins  vrai  que  dans  les  exemples  cités  et  dans 


—  428  — 

bien  d'autres  encore  celte  division  était  appliquée  de  la 
manière  la  plus  intelligente. 

De  son  côté,  l'État  français  exerce  aussi  une  influence 
salutaire  sur  les  arts  décoratifs.  Depuis  longtemps,  celui-ci 
a  créé  des  institutions  spéciales  dans  le  seul  but  de  les 
maintenir  à  un  niveau  élevé.  Telle  est,  pour  la  céramique, 
cette  célèbre  manufacture  de  Sèvres,  dont  les  magnifiques 
produits  formaient  une  exposition  incomparable  dans  le 
grand  vestibule  du  Champ-de-Mars.  Telle  la  manufacture 
des  Gobelins  et  de  Beauvais  pour  les  lapis.  A  Sèvres  sur- 
tout, les  artistes  rivalisent  entre  eux  pour  créer  des  formes 
belles  et  pures,  des  types  que  l'industrie  courante  imite. 

J'aime  moins  l'influence  que  les  Gobelins  exercent  sur  les 
tapis,  Ses  produits,  bien  que  magnifiques,  sont  trop  souvent 
conçus  selon  des  traditions  routinières  et  quelquefois 
fausses.  Les  saines  traditions  ne  paraissent  pas  y  être  en 
grand  honneur  et  un  sentiment  esthétique  plus  élevé  y 
serait  fort  désirable. 

En  général,  les  industries  artistiques  françaises,  malgré 
leurs  belles  qualités,  apportent  peu  de  nouveau  à  l'étude 
esthétique.  La  céramique  prend  de  plus  en  plus  d'impor- 
tance et  s'adonne  aux  imitations  anciennes  de  la  Renais- 
sance française  ou  italienne,  du  Rouen  ancien,  ou  de 
l'Orient  arabe,  surtout  de  la  Perse  et  même  de  la  Chine  et 
du  Japon.  Les  célèbres  cristalleries  de  Baccarat,  intéres- 
santes sous  bien  des  rapports,  présentent  trop  souvent  des 
formes  banales  ou  vulgaires.  Le  manque  d'une  bonne  direc- 
tion esthétique  se  fait  surtout  sentir  dans  la  branche  si  impor- 
tante des  linges  de  table,  des  rideaux,  etc.  A  part  quelques 
pièces  dessinées  par  des  artistes  de  la  valeur  de  Mazerolles, 


—  /1.29  — 

et  qui,  à  proprement  dire,  n'appartient  plus  à  l'industrie, 
cette  branche  ne  montre  guère  que  des  motifs  prétenlieux 
ou  des  fantaisies  mal  comprises. 

L'Autriche  maintenait  assez  bien  le  rang  brillant  qu'elle 
occupait  à  Vienne  en  1873.  Les  bonnes  tradilions  décora- 
tives n'y  sont  certes  pas  assimilées  au  même  degré  qu'en 
France,  et  quoique  en  général  les  produits  témoignent  d'un 
goût  très-fin  et  correct,  il  leur  manque  souvent  la  hberté,  la 
souplesse  d'allure,  la  vie  en  un  mot,  qui  est  si  abondante  en 
France.  La  direction  imprimée  aux  branches  décoratives 
par  l'administration,  par  l'enseignement,  est  excellente. 
L'organisation  de  l'enseignement  supérieur  pour  art  indus- 
triel dans  la  «K.  K.  Kunstgewerbeschule  »  est  remarquable 
au  plus  haut  point  et  témoigne  de  tendances  relevées  et  vrai- 
ment artistiques.  On  y  étudie  avec  prédilection  les  ravis- 
santes productions  de  la  première  Renaissance,  les  premiers 
maîtres  italiens.  Cette  école,  mise  sur  un  pied  très-élevé, 
possède  comme  professeurs  les  talents  décoratifs  les  plus  re- 
connus en  Allemagne,  des  artistes  qui  prêtent  en  même  temps 
leur  talent  à  la  direction  des  principales  industries,  ou  des 
érudits  du  savoir  le  plus  étendu,  dont  témoignent  les  nom- 
breuses et  excellentes  publications  récentes  qui  sont  exposées. 

Malgré  tout  cela,  on  remarque  souvent  une  certaine  rai- 
deur ou  sécheresse  dans  les  formes,  surtout  dans  les  formes 
palpables.  C'est  dans  la  catégorie  des  dessins  sur  surfaces 
planes  que  les  meilleurs  résultats  sont  obtenus  jusqu'ici  ; 
dans  les  tapis,  où  se  distinguent  toujours  les  superbes  pro- 
duits de  la  maison  Haas  ;  dans  les  étoffes,  les  broderies  de 
Drachsler.  Dans  la  verrerie,  la  maison  Lobmeyer  est  par- 
venue à  un  degré  de  pureté  et  d'élégance  de  formes  tout  à 


—  AôO  — 

fait  remarquable,  tout  y  a  un  cachet  franchement  artistique, 
aussi  était-ce  la  plus  belle  exposition  dans  celte  branche  de 
tout  le  Champ-de-Mars. 

Beaucoup  d'industries  décoratives  y  sont  aussi  sous  la 
direction  d'architectes  renommés  et  produisent  ainsi  des 
œuvres  du  plus  sérieux  caractère.  Tel  un  grand  service  de 
table  exécuté  chez  Hollenbach,  dessiné  par  l'architecte 
Th.  de  Hansen  ;  des  candélabres,  de  belles  ferronneries 
composés  par  Von  Ferstel,  exécutés  par  Milde,  jusqu'aux 
deux  vases  avec  plateau  en  verre,  destinés  à  l'hôtel  de  ville 
devienne,  dessinés  par  l'architecte  Fr.  Schmidt  et  exécutés 
par  Lobmeyer.  11  y  avait  aussi  de  magnifiques  reliures 
d'apparat  par  L.  Groner  et  d'autres  objets  de  luxe  comme 
la  cassette  impériale  du  graveur  Jauner.  En  somme,  direc- 
tion et  tendances  excellentes  et  résultat  souvent  moins  artis- 
tique qu'on  ne  pourrait  l'attendre. 

L'Angleterre  recherche  surtout  l'originalité  dans  ses  pro- 
duits décoratifs.  A  la  suite  des  hommes  intelligents  qui 
s'attachent  à  rechercher  théoriquement  cette  originalité  dans 
cette  belle  institution  du  South  Kensington  Muséum,  tant 
de  fois  déjà  signalée,  les  décorateurs  vont  en  chercher  les 
éléments  partout. 

A  côté  de  beaucoup  d'essais  de  mobilier  dans  le  style 
national  ogival,  saxon  ou  Renaissance  Elisabeth,  on  ren- 
contre des  imilalions  archnïques,  préraphaëlistes,  arabes, 
voire  même  de  l'antique  Egypte  et  de  l'Assyrie.  Quelques-uns 
sont  heureux  et  surtout  hardis,  mais  la  plupart  laissent 
beaucoup  à  désirer  sous  le  rapport  du  goût,  tels,  par 
exemple,  les  meubles  avec  incrustations  colorées  deSheffield. 
Les  ouvrages  en  métal  de  Birmingham  sont  très-intéressants 


—  431  — 

sous  le  rapport  du  travail,  iDais  n'ont  rien  de  bien   remar- 
quable pour  l'estbétique.  C'est  dans  la  céramique  que  les 
résultais  les  plus  intéressants  sont  obtenus.  En  Angleterre, 
la  céramique  s'applique  aux  usctges  les  plus  divers.    J'ai 
remarqué  ainsi  une  heureuse  décoration  de  cheminée  en 
bois,   avec   panneaux   de   faïence,   représentant    par  des 
figures  bien  caractérisées  les  diverses  nations  qui  se  sont 
distinguées  dans  l'art  céramique  :  l'Egypte,   la  Chine,    la 
Perse,  la  Grèce,  l'Italie,  la  Germanie,   la  France  et  finale- 
ment l'Angleterre.  Cette  cheminée  faisait  partie  de  la  belle 
exposition  de  la  Compagnie  Colin-Minton-Campbell  de  Hoke 
ou  Trent.  — Dans  les  faïences  deDoulton,  Wedgwood,  etc., 
on  rencontre  également  beaucoup   d'imitations  celtiques, 
romanes  ou  Renaissance,  mais  ici  plus  heureusement  appli- 
quées. Dans  la  verrerie  de  la  maison  The  Webb,  les  imita- 
tions gravées  sur  verre  de  sujets  de  vases  grecs  sont  finement 
exécutées,  mais  d'une  application  moins  heureuse  ;  d'autres 
produits  de  cette  maison  sont  plus  heureux,  notamment  les 
lustres,  qui  ont  vraiment  un  caractère  nouveau  et  intéres- 
sant. Pour  l'orfèvrerie,  il  y  avait  une  magnifique  exposition, 
celle  de  la  maison  Elkington,  de  Londres,  avec  de  ravissantes 
ciselures  d'un  artiste  français,  Morel-Ladeuil  ;   mais,   sous 
le  rapport  de  l'art,  cette  belle  exposition  n'appartient  pas, 
à  vrai  dire,  à   l'Angleterre.  C'est  presque  une  importation 
française,  sous  pavillon  anglais. 

En  résumé,  il  est  visible  que  l'Angleterre  aura  encore 
fort  à  faire  avant  d'en  arriver  à  la  généralisation  des  qualités 
de  goût  et  d'harmonie.  Il  est  vrai  qu'on  y  fait  beaucoup 
d'efforts  pour  arriver  à  ce  résultat  à  bref  délai ,  qu'on 
n'y  recule  devant  aucun  sacrifice,  seulement  les  meilleures 


—  152  — 

tendances  et  les  efforts  les  plus  énergiques  de  l'administra- 
tion sont  insuffisants  s'ils  ne  sont  basés  sur  de  fortes  tra- 
ditions artistiques,  engendrées  par  la  vitalité  du  grand  art, 
qui  crée  pour  ainsi  dire  ce  qu'on  appelle  l'instinct  artis- 
tique chez  certains  peuples. 

A  l'exemple  des  principales  nations  européennes,  l'Italie 
cherche  aussi  à  faire  refleurir  les  arts  industriels.  Elle  est 
cependant  encore  bien  éloignée  de  ces  brillantes  traditions 
de  la  Renaissance.  Gela  se  voit  surtout  dans  le  mobilier  en 
bois  sculpté,  avec  mosaïques  ou  incrustations,  qui  la  plu- 
part du  temps  est  maigre  et  maniéré  et  où  l'on  ne  sait  pas 
mettre  de  mesure  dans  l'ornernentation.  Le  manque  d'une 
bonne  direction  artistique  y  est  évidente.  Certes,  comme 
exécution,  comme  détails  de  sculpture  sur  bois,  il  y  a  là 
des  morceaux  qui  témoignent  d'une  habileté  consommée, 
et  sous  ce  rapport  il  y  a  deux  panneaux  isolés  de  Frullini, 
de  Florence,  qui  sont  des  chefs-d'œuvre  et  que  le  musée  de 
Kensington  s'est  empressé  d'acheter.  Mais,  pour  la  perfec- 
tion d'un  meuble,  il  faut  i)lus  que  cette  habileté  de  détail, 
et  la  preuve  la  plus  frappante  en  étaient  les  meubles 
exposés  par  ce  même  Frullini.  L'ornementation  pleine 
de  brio  manque  de  mesure,  et  l'ensemble  est  mal  com- 
pris. N'est-ce  pas  aussi  ce  qui  arrive  pour  leur  statuaire, 
qui  témoigne  d'une  tendance  que  je  n'hésite  pas  à  qualilier 
de  déplorable  malgré  la  grande  vogue  qu'elle  obtient. 
Leurs  marbres  sont  fouillés  avec  une  adresse  étonnante, 
mais  il  n'y  a  aucune  tendance  élevée,  sérieuse,  ce  sont 
de  véritables  fioritures  en  marbre.  Cette  tendance,  qui 
existait  déjà  dans  les  précédentes  expositions,  s'est  for- 
tement accentuée  dans  celle-ci.  Pour  captiver  et  stimuler 


—  433  — 

ce  faux  succès,  ou  ne  craint  pas  de  descendre  jusqu'à  la 
charge. 

L'Italie  est  plus  heureuse  dans  la  résurrection  de 
quelques-unes  de  ses  anciennes  industries  artistiques.  Cela 
était  déjà  sensible  à  Vienne;  ici  c'est  de  toute  évidence.  Ce 
sont  surtout  les  verres  colorés  de  la  Compagnie  de  Venise, 
à  Murano,  dont  les  produits  reproduisent  de  si  près  les  an- 
ciens modèles  qu'ils  en  ont  un  caractère  qui  est  peut-être 
par  trop  archéologique.  Ce  sont  les  intéressants  et  ingé- 
nieux bijoux  romains,  où  l'initiative  de  Castellani  a  créé 
une  industrie  toute  nouvelle  par  l'imitation  des  bijoux 
antiques.  La  savante  et  intelligente  direction  de  Castellani 
exerce  encore  la  plus  heureuse  influence  à  Rome,  à  Naples, 
aussi  bien  qu'à  Venise,  où  il  fait  des  verres  antiques.  Ses 
collections  rétrospectives  sont  de  la  plus  haute  importance 
et  celle  des  bijoux  traditionnels  des  paysans  italiens  est  sin- 
gulièrement intéressante.  Voilà  une  industrie  magnifique 
basée  sur  d'excellentes  traditions  et  susceptible  des  plus 
brillants  développements. 

Ce  sont  encore  des  faïences,  imitations  des  beaux  produits 
de  la  Renaissance,  où  se  distingue  surtout  la  grande  manu- 
facture de  Ginori  et  C'%  à  Doccia. 

La  remarquable  industrie  du  fer  damasquiné  et  niellé  que 
je  signalais  à  Vienne  et  où  se  distinguait  surtout  M.  Zuloaga 
d'Eibar,  a  pris  depuis  plus  de  développement  et  devient 
l'industrie  la  plus  artistique  de  l'Espagne.  Elle  aussi  est 
basée  sur  l'imitation  des  anciennes  traditions  nationales,  où 
les  motifs  ingénieux  des  Maures  se  mêlent  si  souvent  aux 
formes  ogivales  ou  modernes. 

J'ai  vu  avec  bonheur  que  notre  pays  a  réalisé  des  progrès 


—  454  — 

sérieux  dans  les  arts  industriels;  son  exposition  témoigne 
d'une  vitalité  extraordinaire  et  contient  de  belles  promesses 
pour  l'avenir.  Jusqu'ici  c'était  par  son  école  de  peinture  que 
la  Belgique  soutenait  dignement  sa  vieille  réputation  artis- 
tique, maintenant  l'art  industriel  aussi  est  en  train  d'y 
prendre  son  rang.  En  première  ligne,  il  faut  citer  comme 
exemple  frappant  de  l'importance  de  l'art  dans  l'industrie 
les  belles  tapisseries  de  la  manufacture  de  Matines  dessinées 
par  M.  Geets,  et  tout  à  fait  dignes  de  l'antique  réputation 
de  cette  branche  dans  les  Flandres.  C'était  un  des  grands 
succès  de  l'exposition.  L'ex|)osition  des  décorations  et  du 
mobilier  des  industriels  bruxellois  démontre  qu'ils  sont 
entrés  dans  une  voie  plus  large.  La  tendance  marquée  à 
s'inspirer  de  l'ancien  style  national  est  excellente.  Aussi 
est-ce  dans  ce  sens  que  les  plus  grands  succès  sont  obtenus, 
et  c'était  bien  la  raison  principale  du  succès  exceptionnel 
de  la  façade  de  la  section.  Certaines  industries,  autrefois 
brillantes  dans  notre  pays,  pourraient  ainsi  se  relever  en 
renouant  les  traditions  délaissées.  Ainsi,  par  exemple,  le  tra- 
vail des  métaux  repoussés,  de  la  ciselure.  Celte  industrie, 
qui  es!  presque  un  art,  est  fortement  négligée  chez  nous, 
nos  orfèvres  font  de  banales  contrefaçons  françaises  ou  des 
spécialités  étroites;  ils  semblent  ignorer  combien  leur  art 
a  de  riches  ressources. 

La  tendance  à  renouer  les  anciennes  traditions  est  d'ail- 
leurs générale.  Le  mouvement  en  ce  sens  est  en  |)leine 
vigueur.  Partout  les  œuvres  du  passé  sont  mises  en  évidence, 
étudiées  et  imitées.  Elles  sont  reproduites  et  vulgarisées 
par  tous  les  moyens.  Tous  les  gouvernements  provoquent 
ou  stimulent  ce  retour  salutaire  par  la  création  de  musées, 


—  435  — 

d'écoles  richement  clolécs,  de  subsides  largement  répandus. 
La  preuve  la  plus  évidente  de  ce  puissant  mouvement,  ce 
sont  certainement  ces  expositions  d'art  rétrospectif  qui  sont 
devenues  inséparables  des  expositions  d'art  industriel. 

L'exposition  universelle  avait  aussi  son  exposition  rétros- 
pective, et  elle  était  magnifique.  Splendidement  installée 
dans  les  galnries  qui  couronnent  le  Trocadéro,  elle  était 
comme  une  manifestation  éclatante  de  l'art  ancien  en  face 
des  produits  modernes,  auxquels  il  sert  d'exemple  et  de 
guide.  Les  richesses  artistiques  y  étaient  innombrables  et 
fourniraient  à  elles  seules  la  matière  à  de  longues  études. 
La  galerie  orientale  ancienne  était  étonnante,  pleine  d'œu- 
vres  éblouissantes,  bien  supérieures  à  tout  ce  que  l'Orient 
produit  encore  aujourd'hui  dans  les  mêmes  traditions.  Toutes 
ces  richesses  étaient  fournies  par  de  riches  collections,  par- 
ticulières ou  autres,  et  le  goût  qui  a  présidé  à  la  formation 
de  ces  collections,  l'empressement  à  les  prêter  aux  exhibi- 
tions publiques,  n'est  pas  un  des  moindres  signes  du  temps. 
Toutes  les  époques  et  tous  les  pays  sont  mis  à  contribution 
pour  concourir  à  la  grande  œuvre  de  rénovation,  d'épura- 
tion du  goût  artistique  et  son  application  à  l'industrie. 

L'art  prime  l'industrie,  c'est  là  la  source ,  tout  le  monde 
l'a  compris;  mais  ce  que  tout  le  monde  ne  comprend  pas 
bien  encore,  c'est  qu'en  fait  d'art  tout  se  lient,  que  le  senti- 
ment qui  inspire  l'artiste  dans  la  création  d'un  chef-d'œuvre 
et  celui  qui  guide  l'industriel,  l'artisan  qui  sait  mettre  du 
goût  dans  les  choses  usuelles  de  la  vie,  sont  de  la  même 
nature  ;  que  la  différence  qui  existe  entre  l'art  pur  et  les  arts 
appliqués,  existe  seulement  dans  le  degré  d'intensité  de  ce 
sentiment,  que  le  goût  artistique  ne  s'improvise  pas  et  que, 


—  i36  — 

par  conséquent,  la  prospérilc  des  arts  industriels  dépend 
surtout  de  la  culture  des  beaux-arts.  C'est  une  observation 
que  je  me  suis  faite  à  différentes  reprises  en  parcourant  les 
galeries  des  beaux-arts  et  des  arts  industriels  au  Champ- 
de-Mars.  Là  où  existent  de  longues  et  constantes  traditions 
artistiques,  là  où  une  série  ininterrompue  de  grands 
artistes  sont  à  la  recherche  de  la  beauté  pure,  là  aussi 
les  arts  industriels  fleurissent  sans  effort  et  par  une 
conséquence  naturelle.  N'est-ce  pas  ce  qui  s'est  vu  de- 
puis longtemps  pour  la  France  et  ne  le  voit-on  pas  encore 
aujourd'hui?  Ne  pourrait-on  pas  dire  avec  raison  que  c'est 
à  la  culture  constante  des  beaux-arts  que  la  France  doit 
non-seulement  le  riche  développement  des  arts  décoratifs 
(jui  constitue  une  des  sources  principales  de  sa  richesse, 
mais  même  une  grande  partie  de  son  importance  dans  le 
monde?  C'est  elle  surtout  qui  produit  celte  attraction 
qu'elle  excerce,  la  sympathie  générale  qu'elle  inspire,  (jui 
souvent  pour  elle  devient  une  force  politique.  Les  gouverne- 
ments qui  se  sont  succédé  en  France  ont  eu  le  sentiment  de 
cette  vérité,  puisque  tous  à  l'envi  se  sont  appliqués  à  faire 
fleurir  et  à  encourager  largement  les  arts.  Ainsi  déjà  dès  le 
moyen  âge  n'y  voit-on  pas  les  arts  briller  d'un  vif  éclat  au 
xiii"  siècle?  N'est-ce  pas  dans  les  cathédrales  de  la  France, 
dans  cette  incomparable  Sainte-Chapelle  de  Paris,  que  l'ar- 
chitecture et  la  sculpture  du  moyen  âge  trouvent  leur  plus 
belle  expression?  Et  si  dans  la  Renaissance  l'initiative  par- 
tait de  l'Italie  et  le  déploiement  des  splendeurs  artistiques 
y  était  inouï,  la  France  rivalisait  heureusement  avec  ces 
splendeurs. 

Elle  manifestait  son  génie  propre  dans  de  brillantes  créa- 


—  457  — 

lions,  dans  le  Louvre,  les  Tuileries,  les  châteaux  d'Anet, 
de  Cliambord,  de  Blois,  d'Écouen  et  de  tant  d'autres.  —  Et 
depuis  celte  belle  époque  n'a-l-elle  pas  été  constamment  à  la 
tèle  des  arts  décoralirs?  N'a-t-elle  pas  donné  le  ton  à  toute 
l'Europe,  d'abord  par  les  pompeuses  constructions  de 
Louis  XIV,  par  les  caprices  de  ses  artistes  sous  Louis  XV  et 
Louis  XVr?  —  El  ce  mouvement  n'y  a  pas  cessé  jusqu'à  ce 
jour.  Toujours  on  voit  le  gouvernemenl  veiller  avec  sollici- 
tude à  la  grandeur  des  beaux-arts  et  encourager  largement 
les  artistes.  J'ai  applaudi  de  tout  cœur  en  voyant  que  les 
groupes  et  statues  les  plus  réussis  de  ces  derniers  temps, 
tels  que  la  Gloria  Viclis  de  Mercié,  l'Éducation  maternelle  de 
Delaplanche,  le  Semeur  de  Ghapu,  œuvres  dignes  des  beaux 
temps  de  l'art,  ont  été  acquis  par  l'État  pour  être  placés 
dans  des  squares  de  création  récente  à  Paris.  Cette  exposi- 
tion publique  et  permanente  d'œuvres  choisies  ne  doit  pas 
être  un  des  moyens  les  moins  puissants  pour  entretenir  le 
goût  et  l'amour  du  beau  dans  toutes  les  classes  de  la  société. 
C'est  grâce  à  ce  long  enchaînement  d'efforts  que  la  France 
doit  ce  sentiment  artistique  si  généralement  répandu  chez 
ses  ouvriers  et  si  universellement  apprécié  dans  ses  pro- 
duits d'art  industriel.  La  culture  de  ce  sentiment  y  est  si 
vivace  qu'il  résiste  même  au  penchant  bien  connu  du  ca- 
ractère français,  à  la  légèreté  qui  mène  si  souvent  aux 
études  superficielles  et  qui  se  traduit  dans  les  arts  déco- 
ratifs par  ces  objets  d'un  goût  facile  qu'on  rencontre  dans 
les  galeries  françaises. 

Sous  ce  point  de  vue,  il  sera  curieux  d'observer  ultérieu- 
rement la  marche  des  autres  nations  qui  occupaient  une 
place  brillante  dans  les  galeries  d'art  décoratif.  On  le  sait. 


—  458  — 

l'Aiilriciiu,  l'Anglelerro  onl  fait  de  grands  sacrifices,  ont 
fondé  de  splendides  institulions  pour  le  développennenl  de 
ces  arts.  Les  études,  les  tendances  y  sont  jieut-ètre  plus  sé- 
rieuses qu'en  France.  Mais  trouveront-ils  parmi  les  popula- 
tions les  ouvriers,  ce  goût  artistique,  fruit  d'une  longue 
tradition?  On  peut  le  croire  pour  l'Autriche,  qui  peut  se 
baser  sur  les  traditions  artistiques  de  l'Allemagne,  très-diffé- 
rentes de  celles  de  la  France,  mais  non  moins  vivaces.  Mais 
il  est  permis  d'en  douter  pour  l'Angleterre,  où  une  forte 
école  artistique  nationale  n'a  pas  encore  pleinement  réussi, 
où  la  culture  de  l'art  est  très-souvent  comme  celle  d'une 
plante  exotique.  C'est  là  surtout  qu'il  est  visible  que  les  plus 
belles  théories  et  les  meilleures  intentions  ne  suffisent  pas 
pour  réussir  dans  les  arts  et  même  dans  l'art  industriel; 
ces  qualités  restent  stériles  si  elles  ne  sont  vivifiées  par  ce 
sentiment  des  belles  formes,  qui  est  le  fruit  de  l'éducation 
artistique. 

Sous  ce  rapport,  notre  pays  a  un  riche  avenir  devant  lui  ; 
son  brillant  passé  artistique  en  est  le  garant,  tout  comme 
c'est  le  cas  pour  l'Italie.  Ces  deux  pays,  qui  ont  brillé  d'un  si 
vif  éclat  dans  les  arts,  ont  passé  également  par  une  longue 
période  d'inertie  causée  par  l'oppression  étrangère;  depuis 
qu'ils  ont  reconquis  leur  indépendance,  on  a  pu  y  constater 
un  réveil  singulièrement  actif,  une  vive  émulation  à  revendi- 
quer leur  ancienne  gloire  artistique  sous  l'aiguillon  de  la 
liberté  et  de  la  fierté  nationales.  Cela  est  vrai  surtout  pour 
notre  pays,  qui  depuis  bientôt  un  quart  de  siècle  se  réjouit 
de  sa  liberté  et  qui  peut  à  bon  droit  être  fier  du  mouvement 
artistique  qui  est  venu  à  sa  suite.  Le  résultat  à  l'exposition 
a   été   tout  à  l'honneur  de  la  Belgique.  En  effet,  si  son  in- 


—  439  — 

dustrie  a  démonlré  sa  vitalité,  c'est  par  les  arts,  par  rensei- 
gnement, où  elle  tenait  certainement  une  des  prcniicres 
places,  ({ue  la  Belgique  brillait  beaucoup  plus  qu'on  ne 
devrait  l'attendre  d'après  l'exiguïté  de  son  territoire.  Le 
gouvernement  a  contribué  largement  à  cette  renaissance  et 
il  entre  de  plus  en  plus  dans  celte  voie. 

Ces  beaux  résultats  ne  doivent  cependant  pas  nous  faire 
oublier  qu'il  y  encore  beaucoup  à  taire.  Pour  l'honneur  du 
pays,  il  est  à  espérer  que  la  Belgique  nouvelle  n'a  pas  encore 
atteint  son  apogée  dans  les  arts.  Le  domaine  de  l'art  est  in- 
fini comme  celui  de  l'esprit,  dont  il  est  une  des  manifesta- 
lions,  et  la  grandeur  qu'il  est  possible  d'y  atteindre  ne  se 
mesure  certainemenl  pas  à  l'étendue  d'un  pays. 

A  l'exposition  universelle,  la  France  nous  a  donné  un 
magnifique  exemple  universellement  apprécié ,  c'est  ce 
culte  de  la  forme  qui  éclate  dans  les  œuvres  de  ses  grands 
peintres,  de  ses  grands  sculpteurs,  comme  dans  celles  de 
leurs  bons  décorateurs.  Nous  aurions  tort  de  ne  pas  le 
suivre.  Tout  en  suivant  notre  nature,  notre  caractère,  qui 
constituent  notre  originalité,  nous  pourrions  rivaliser  avec 
nos  voisins  pour  les  tendances  sérieuses  de  l'art.  Nous  avons 
à  apprendre  d'eux  à  serrer  notre  dessin.  C'est  là  certaine- 
ment la  marque  la  plus  sûre  d'un  art  accompli  et  nos  an- 
cêtres y  excellaient  tout  aussi  bien  que  les  Français, 
quoique  avec  un  caractère  différent. 

Une  dernière  observation  que  j'ai  faite  dans  les  galeries 
des  beaux-arts,  c'est  que  si  les  beaux-arts  sont  la  source  des 
arts  industriels,  cela  est  particulièrement  vrai  pour  la 
sculpture  et  l'architecture.  Ces  deux  arts,  en  créant  des 
formes  palpables,  sont  par  là  même  plus  directement  en  rap- 


—  440  — 

porl  avec  les  aiis  industriels.  Bien  souvent  ils  y  touchent 
immédiatement  et  quelquefois  s'y  confondent.  La  peinture, 
(jui  est  l'art  des  formes  apparentes,  n'est  pas  aussi  directe- 
ment mise  à  contribution.  Ce  qui  fait  la  grandeur  de  la 
peinture,  c'est  qu'elle  crée  des  horizons  infinis,  qu'elle  n'est 
arrêtée  par  aucun  obstacle  matériel  ;  mais  cette  liberté  illi- 
mitée n'est  pas  applicable  aux  arts  industriels,  qui  doivent 
répondre  avant  tout  aux  exigences  matérielles.  La  peinture 
appliquée  doit  se  défaire  avant  tout  de  la  noble  prérogative, 
qui  est  son  apanage  dans  le  grand  art,  et  se  conformer  aux 
exigences  architectoniques  et  géométriques  qui  sont  la  base 
des  arts  industriels.  C'est  donc  surtout  du  développement 
de  la  sculpture  et  de  l'architecture  que  dépend  celui  de  l'art 
industriel.  Il  peut  arriver,  et  cela  s'est  vu,  que  la  peinture 
atteigne  les  plus  hauts  sommets  de  l'art  et  que  l'art  indus- 
triel ne  réponde  nullement  à  ces  splendeurs.  Gela  s'est  vu 
surtout  dans  la  Hollande.  L'architecture  ni  la  sculpture 
n'ont  jamais  brillé  beaucoup  en  Angleterre,  mais  la  pein- 
ture y  a  produit  quelques  chefs-d'œuvre.  C'est  encore  la 
France  qui  donne  la  preuve  la  plus  évidente  de  cette  vérité, 
c'est  particulièrement  dans  ces  deux  arts  qu'elle  a  toujours 
brillé  bien  plus  que  dans  la  peinture,  et  je  ne  suis  pas  éloi- 
gné de  croire  que  c'est  encore  le  cas  de  nos  jours.  L'Italie 
de  la  Renaissance  en  est  la  preuve  la  plus  belle;  à  cette  heu- 
reuse époque  tous  les  arts  marchaient  si  admirablement  de 
pair  qu'ils  ont  i)i-oduit  le  plus  superbe  et  le  plus  harmo- 
nieux développement  d'art  industriel  qui  s'est  peut-être 
jamais  vu.  Chez  nous,  la  sculpture,  sinon  l'architecture,  se 
trouve  dans  de  déplorables  conditions  d'infériorité,  elle  n'est 
pas  stimulée  par  le  grand  courant  du  public,  qui  est  plutôt 


—  441  — 

aftiré  vers  sa  sœur  plus  brillante,  la  peinture.  Malgré  ces 
conditions  défavorables,  la  sculpture,  comme  les  autres  arts, 
cherche  à  s'élever,  et  les  efforts  constants  de  nos  sculpteurs 
permettent  d'espérer  qu'ils  triompheront  à  la  Un  et  porte- 
ront leur  art  à  ce  niveau  élevé  qui  a  une  influence  si  salu- 
taire sur  le  développement  des  arts  industriels. 

Gand,  6  décembre  1878. 


L.  Van  Biesbroeck, 

statuaire, 

professeur  à  l'Académie  royale 

et  à  l'École  industrielle  de  Gand. 


TABLE   DES  MATIERES. 


Pages, 

Les  objets  étrusques  d'Eygenbilsen.  —  5"  article  (l""^  partie), 
par  M.  H.  ScHUERMANS         . 5 

Une  colonie  belgo-romaine  auRavensbosch,  près  de  Fauquemont, 
par  M.  Jos.  Habets 108 

Bibliographie,  par  M.  Ch.  Pioï 137 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  janvier  et  de  février  1878.        .     1  ifl 

Essai  historique  sur  les  tapisseries  et  les  tapissiers  de  haute  et 
de  basse-lice  de  Bruxelles  {Suite),  par  M.  Alphonse  Wauters.     1-49 

Notice  nécrologique.  —  Camille  Van  Dessel,  —  par  M.  H.  S.     24G 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mars  et  d'avril  1878        .        .    249 

L'église  de  l'ancienne  abbaye  de  Villers.  —  Notice  sur  l'église 
en  ruines  de  cette  abbaye,  par  M.  Emile  Coulon,  architecte 
provincial 259 

Les  monuments  religieux  disparus  de  Matines  (A  conUmier),  par 
M.  Emmanuel  Neeffs   .        .        • ô22 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  mai  et  de  juin  1878        .        .     ."."ô 

Une  colonie  belgo-romaine  au  Ravensbosch,  près  de  Fauquemont 
(2''  article).  —  Exploration  de  la  villa  de  Billich,  par 
M.  Jos.  Habets  .........     545 

L'église  collégiale  de  Saint-Hermès,  à  Renaix,  par  MM.  .1.  Rut- 
tiens  et  E.  Serrure 505 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-vci-- 
baux  des  séances  des  mois  de  juillet  et  d'août  1878        .        .     585 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  septembre  et  d'octobre  1878.     595 

Revue  bibliographique,  par  M.  H.  Schuermans iOi 

Commission  royale  des  monuments.  —  Résumé  des  procès-ver- 
baux des  séances  des  mois  de  novembre  et  de  décembre  1878.    -411 


—  II  — 

Lettre  à  Messieurs  les  Membres  du  Comité  de  rédaction  du 
Bulletin,  par  Ch.  Licot,  architecte 

Exposition  universelle  de  Paris.  —  Rapport  adressé  à  M.  le 
Ministre  de  Tinlérieur  sur  les  arts  appliqués  à  l'industrie,  par 
M.  L.  Van  Biesbrofxk,  statuaire,  professeur  à  l'Académie 
royale  et  à  l'École  industrielle  ^le  Gand         .... 


Pages. 


420 


425 


PLANCHES. 

Fouilles  faites  au  Ravensbosch,  pi.  I  et  II 
»  »  PI.  III     . 

Église  des  Saints-Pierre-et-Paul,  à  Malines 

L'ancienne  abbaye  de  Villers,  pi.  I  à  XIII. 

Fouilles  faites  au  Ravensbosch,  pi.     1 
»  »  pi.    II 

))  »  pi.  III      . 

Église  collégiale  de  Saint-Hermès,  à  Renaix,  pi.  1  à  V 


Pages. 

120*^ 

352^^ 
542  (^ 

544  j/- 

U6yy 

356  «-^ 


TABLES  ALPHABÉTIQUES 

pour  servir  au  travail  de  M.  Alplionse  WAUTERS 

INTITULÉ 

LES  TAPISSERIES  BRIJXELLOISES 

et  qui  a  été  inséré  dans  Los  volumes  précédents 


Les  chiffres  romains  indiquent  lannéc  ou  volume;  les  chiffres  arabes,  la  page 


LISTE  ALPllÂBÉTiaUE  DES  ARTISTES 

(sauf  quelques    artistes   au    nom   desquels    une    qualification  est   attachée, 
tous  sont  des  peintres). 


Achtschelliucx  (Luc),  XVI,  298, 

316,  320,  321,  324,  561. 
Albreclit     (  Balthazar  ) ,    XVII , 

208. 
Aldegraver  (Henri),  graveur,  XV, 

399 
Alsloot  (les  Van),  XVI,  288,  289; 

XVII,  154. 
Artois  (Jacques  Van  ou  d'),  XVI, 

298,  316  à  318. 

Bailleul  (Baudouin  de),  XV,  359, 

429. 
Benuing  (Simon)    et    non  Bem- 

ning,  XV,  465. 
Bol  (Jean),  XVI,  288. 
Bologne.  Vo^ez  Primatice  (le). 
Borcht  (les  Van  der),  XVI,  225, 

321;  XVII,  154. 
Bosch  (Jean  Van  Akeu,  dit),  XV, 

446. 
Boucher,  XVII,  208. 
Boudewyns  (Adrien-Franc.),  XVI, 

314. 
Bouts  (Thierri)  ou  de  Harlem,  XV, 

356. 
Boydens  ou  Boides  (Guill.),  XVI, 

200. 
Breughel  d'Enfer,  XV,  446. 
Broe  (les  De),  XVII,  153. 


Bronzino  (Alexandre  Allori,  dit 

le),  XVI,  204. 
Bruxelles  (de).  Vo^ezUoomeiV&a). 

Campana  (Pierre  de  Kempeneer, 

dit),  XV,  460,  483,  485  à  487. 
Candidus  (Pierre  De  Witte,  dit), 

XVI,  231. 
Champaigne  (Philippe  de),  XVI, 

297,  313.  — (Les),  XVII,  208. 
Claessens  (Jean),  XVI,  316,  320. 
Coecke  (Pierre),  XV,   477,   483, 

487,  496. 
CoUaert  (Charles),  graveur,  XVI, 

206. 
Côme,  XVI,  198. 
Coppens  (Augustin),  XVI,   331, 

332 
Cornélis  (Luc),  dit  de  Hollande,  ou 

le  Flamand,  XVI,  200,  207. 
Coxie  (Michel),  XV,  431,  483,  485; 

XVI,  549. 
Crayer  (Gaspar),  XVI,  297,  315, 

318. 

David  (Gérard),  XV,  366. 

Diirer  (Albert),  XV,  372,399,403, 

440,  487. 
Dyck  (Antoine  Van),  XVI,  268, 

297,  303. 


—  II  — 


Eisen  (Fiaiiçoisl,  XVI.  3S:3,  384. 
Ejck  (les  Van),  XV,  421, 425,  446. 

—  Jean  Yan  Evck,  XV,  350, 
357,  304,  404,  422;  XVI,  316. 

—  Hubert  Van  Eyck,  X\,  425. 

Floris,  XV,  477. 
Fouqnières,  XV,  370. 

Geels,  XVir,  230. 

Geldere  (Vincent  Van),  XV,  363. 

Ghiesberghe  (Adrien   Van).  XV, 

484. 
Giglio  (Francesco),  XVII,  244. 
Grange  (Louis»,  XVI,  331,  332. 

Haese  (Maximilien  De),  XVI,  334, 

335;  XVII,  171.  191. 
Heil  (les  A^an),  XVI,  316,  318-320. 
Helmont  (Si^rer- Jacques  Van), 

XVII,  151,  179. 
Herp  (Van),  XVI,  315. 
Heyden  (Jacques  Van  der),  XVI, 

322,  561. 
Hollande  (François  de),  XV,  465. 
Hondt  (Lambert  De),  XVI,  322, 

324.—  (Philippe  De),  XVI,  331 , 

333. 
Huart(P.),  XV,  .363. 

Janssens  (Victor -Honoré),  XVI, 
329-331  ;  XVU,  172,  173. 

Jordaeu  (Hans),  XV,  448. 

Jordaens  (Jacques),  XVI,  268, 20/ , 
315,  578. 

Jouvenct,  XVII,  184. 

Xenipeneer  (De).  Vo^ez-  rani])ana. 
Kessel  (Van),  XVI,  315;  XVll, 
151. 

Lebrun  (Charles),  XVI,  314,  553, 
561,  563;  XVII,  190,  200,  208. 

Lefebure  (Lancelot),  XVI,  304; 
XVII,  1.53. 

Lely  (P.  Vander  Faes,  dit  le  che- 
valier), XVI,  322. 

Leyde  (Lucas  de),  XV,  471,  477. 
486. 

Leyniers  (Daniel),  XVI,  306. 

Liefring  (Hans),  XVI,  222. 

Liere  (Josse  Van),  XV,  484. 

Lottin  (Jean),  XVI,  323,  325. 


Mabuse  (Jean  Gossart,  dit),  X^', 

460. 
Man  (André  De),  XVI,  213. 
IMantegna.  XV,  478. 
Meinling,  XV,  395,  404. 
Mertens  (Jean),  XVI.  317. 
SIessine  (Antonello  de),  XV,  395, 

404. 
Metzu,  XVII,  183. 
Metsvs  ou  Metzys,  XV,  447;  XVI, 

207;  XVII,  243. 
Meulen  (les  Van  der),  XVI,  303. 

—  (Adam  Van  der),  XVI,  314; 

XVII,  164,  199,  208. 
j\Iichel-Ang-e,  XV,  475. 
Mignard,  XVII,  208. 
Mockaert  (Everard),  XV,  485. 
Momper  (Josse  De),  XVI,  288, 280. 
Morales  (le  divin),  XV,  486. 
MuriDo,  XV,  486. 


Xasavo  (Matliicu  del),  trraveur, 
XV,  487. 


Orlev  (les  Van),  XV,  325-329, 
445, 463,  460.  —  (Bernard  Van), 

XV,  431,  445, 448, 457, 460, 469, 
473,  477, 479,483,484,487,488; 
XVII,  210.  —  (Jean  Van),  XV, 
326-329;  XVII,  163,  165,  171, 
182.  —  (Nicolas  Van),  XV,  485; 

XVI,  213. 
Ostade,  XVII,  183. 

Paige  (Jean  De),  XVI,  298,  306. 
Perini  (Francesco"»,  dit  le  Fattore, 

XV,  457  et  suiv.,  465. 

Pery  (Nicolas-Emmanuel  de),  XVJ, 

331,  333. 
Philippe,  de  J3ruxellcs,  XV,  447. 
Plassche  (P.  Van  dor),  XVI,  304, 

577,  57S. 
Poindre  (Jacques  le),  XV,  485. 
Pontorrao  (Jacques  Carrusci  da), 

XVI,  204. 

Potter  (Jérùme  De),  XVI,  315, 564. 
Priniatice  (Francesco  de  Bologne, 
dit  le),  XV,  471. 

Raphaël,  XV,  455,  457  et  suiv., 
464,  465,  467,  468,  477,  483; 
XVI,  232,  281,  558,  539,  542; 
Wn,  153. 


II  — 


Iiogcr.  Voi/e:  Wevtlen  (Vaii  dcr). 
Eoniaiii(Jules),XV,45o,'Jt)  1,471, 

473,  475,  47G,  477;  XVI,  199, 

202,  558;  XYII,  24-2. 
Eoome  (Jcau  Van)  ou  de  Bi-uxellcs, 

XV,  447. 
Eubeus,  XV,  466  ;  XVI,  208,  290, 

297,   302,   307,  538,   546,   550 

à  552;  XVII,  158,  244. 
Rysbrack  (Pierre),  XVI,  322,  323. 

Sallaerts  (Antoine),  XVI,  300  et 

suiv. 
Salviati,  XVI,  203. 
.Sansovino  (Jacques),  XVII,  244. 
iSchoevaerts  (Pierre),  XVI,  311. 
Scliongauer,  XV,  395. 
Schore(Guillanme  Van'),XVI,31G, 

320,  324. 
Seghers,  XVI,  302. 
Snellinck  (Jean)  le  vieux,  \Nll, 

152. 
Snyders,  XVI,  355. 
Stichele  (Gilles  De),  XV,  304. 
Straeten  (Jean  Van  der)  dit  Stra- 

danus,  XVI,  205. 
Sustermans  (Frédéric),  XVI/206. 

—  (Josse),  XVI,  207. 
Sweerts  (Michel),  XVI,  305. 

ïeuiers  et  son  fils,  XVI,  297,  307- 
313,  322,  324,  508,  577  ;  XVII, 
167,  182,  183,  205. 

Tintoret  (le),  XV,  453. 


Titien  (le),  XV,  431.  453,  472; 

XVII,  162. 
Tons  (les),  XV,  484,487. 


Uden  (Van),  XVI.  297,  209,  oUk 
Udinc  (Jean  d'),  XV,  457. 

Vaddere  (Louis  De),   XVI,  297, 

310,317,321,  577,  578;XV11, 

200. 
Valdor,  i,n'avcur,  XVI,  561. 
Vasari,  XV,  458;  XVI,  205. 
Venneyen  (Jean),  XV,  433,  484, 

487;XVJI,  162. 
Véronèse  (le),  XV,  487. 
Vinci  (Léonard  de),  XV,  483. 
Vincidor  (Thomas)  ou   Bolonlia, 

XV,  405,  483. 
Vroom  (Hcnri-Cornelis  De),  XVI, 

220. 

Watteau,  XVII,  208. 

Weyden  (Pioger  Van  der), XV, 373, 

394  et  suiv..  421,  426,  440  et 

suiv.,  447. 
Wildens,  XVI,  317. 
Witte  (.leau  De),  XV,  485;  XVI, 

213.  —  Pierre  De  Witte,  arciii- 

tecte.  Voyez  Candidus. 
Wouweruiaïis,  XVII,  184. 

Zucchero  (Frédéric),  XV,  187. 


TABLE  ALPHABETIQUE 

DES 

FABRICANTS  DE  TAPISSERIES  ET  AUTRES  TAPISSIERS. 


J'ai  beaucoup  hésité  avant  d'arrêter  définitivement  le  plan 
de  cette  table.  J'ai  songé  un  instant  à  en  retrancher  les 
simples  ouvriers,  même  les  maîtres  pour  lesquels  il  n'est 
pas  prouvé  qu'ils  se  soient  livrés  à  la  fabrication  des 
tentures.  Mais  il  m'a  paru  que  les  inconvénients  de  ces 
retranchements  en  compensaient  les  avantages.  En  effet,  le 
nom  d'un  ouvrier  peut  mettre  sur  la  trace  de  celui  d'un 
maître  s'étant  établi  plus  tard  ou  ayant  émigré  à  l'étranger 
et  celui  d'un  simple  tapissier  sur  les  destinées  d'une  famille 
ayant  autrefois  joué  un  rôle  important  dans  la  fabrication 
ou  possédé  des  dessins  et  des  documents  intéressants. 
Pour  raccourcir  notre  texte ,  j'ai  adopté  les  abréviations 
suivantes  : 

Gr.  désigne  les  tapissiers  inscrits  dans  la  confrérie  de  la 
Sainte-Croix,  de  l'église  de  Coudenberg. 

D.  Ceux  ayant  été  doyens  du  métier. 

G.  Ceux  qui,  en  1465  et  années  suivantes,  se  liront  recevoir 
dans  la  gilde  de  la  draperie,  alin  d'exercer,  concurremment 
avec  leur  profession  de  legiuercker,  celle  de  drapier. 

J.  Ceux  qui  se  sont  fait  admettre  dans  la  confrérie  de 


Saint-Jacques,  dans  la  chapelle  de  ce  nom  (depuis  église  de 
Noire-Dame  de  Bon-Secours). 

S.  Ceux  ayant  fait  partie  de  la  confrérie  de  Saint-Sébastien, 
à  Saint-Géry. 


Abeloos  (Daniel),  XVII,  152. 

Achter  (Jean  Van),  demeurant  rue  du  Prévôt,  vers  1500. 
Aelst  (Pierre  Van  Edinghen  ou  d'Enghieu,  dit  Van),  XV,  429,  430  ; 
XVII,  238.  —En  1520,  381  livres  lui  furent  payées  pour  tapis 
fabriqués  pour  Charles-Quint. 
Aerts  (Nicaise),  XVI,  261,  539. 
.'      (Jean),  XVI,  546,  547,  548. 

«      (Antoine),  D    1637-1638;  D.  ou  ancien  1665;  D.  1669. 
.      (Josse),  XVI,  285. 
«     (Michel)  ou  Orts,  D.  1672,  1686-1687. 
«     (Michel  le  Jeune),  D.  1699,  1707. 
Alfenen  (Gérard  Vander),  G.  4  février  1465-66. 
AUeaume  (les),  à  Aubusson,  XVII,  195. 
Andréa  (Pierre  f?e),  de  Flandre,  XVI,  197,  193. 
Ange  (Jacques  de  Flandre,  dit  de  1'),  XVI,  197. 
Anneessens  (Arnoul)  habitait  au  Torffsinne  (rue  de  la  Vierge-Noire), 

à  la  date  du  30  septembre  1668. 
Anzolbreche  ou  Alsemberg  (Corneille  d'),  à  Florence,  XVI,  206. 
Arien  (Arnoul  d')  ou  Van  Harlem,  à  Florence,  XVI,  204. 
Artenoys  (Thomas)  est  banni  à  perpétuité  le  6  septembre  1532. 
Assche  (Thomas  Van),  D.  1606,  1703. 
(Chrétien  Van),  D.  1758. 
(Corneille  Van),  D.  1772,  1783,  1791,  1793. 
(Jean- Joseph  Van),  D.  1783. 
Auvvercx,  nom  de  famille  que  l'on  écrivait  quelquefois  Auwerickx  ou 
Auricx  (Albert),  XVI,  315,  577,    578;   XVII,  150, 
161,  216. 
Il        (Nicolas),  XVII,    151;   privilégié  par  la  ville  le   3   sep- 
tembre 1703,  D.  1698,  1730;  cité  en  1738. 
(Paul),  P.  1713,  sous  le  nom  de  P.  Auricx. 


Auwercx  (riiilippe),  XVI,  332;  XVIJ,  ]51,  15:2,  221,  225,  :227; 
D.  1717,  1725,  1730,  1745,  1749,  1 756,  1761  ;  mort 
entre  1772  et  1776  (H  y  a  peut-être  là  deux  personnalités 
dittorente?). 
(Gaspar),  D.  1727,  1737,  1742,  1746;  demeurait  me  des 
Bogards, 
«       (Guillaume),  XVII,  151;  D.  1734,  1740. 

B.  (S.),  XVI,  530, 

Habou  de  la  Bourdaisière,    direeteur  de  la   fabrique  de  Fontaine- 
bleau, XV,  469, 
Backer  (Jean  De)  habitait  rue  d'Argent,  vers  1460. 
Baex(J,),XV,  445. 

Baerdegein  (Jean  Van),  dit  Stevens,  l't47. 

Baese    (Gérard   Van   dcr),    ouvrier   tapissier,   demeurant  rue  des 
Tanneurs,  près  de  l'auberge  de  Dru  i^olutheUen  (les  Trois  Esc(tbe(in.v), 
26  septembre  166S, 
Ballinck,  dit  Van  der  Beke  (George),  d'Anvers,  XVIT,  240, 
Baste  (Lamoral-François  De),  XVII,  237. 
Bauterlé  (Gilles  de  Bouturlo  ou  plutôt  de),  1571 . 
Bayewere  (Jean  De),  XV,  445. 

Beerens  (Michel),  dit  De  Hsckelere.  Voijez  Veldekens  (Gilles). 
Beerssele    (Michel    Van),    demeurant  au  quartier  dit   Overmolen, 

G.  12  octobre  1482. 
Behaegel,  d'Audenarde,  XVII,  19  8. 
Belgis  (François},   demeurant  au  cabaret  le  Roi  d'Espric/ne,  au  coin 

de  la  rue  de  la  Navette,  6  octobre  1668, 
Benedetto  {Giachetto),  d'Arras,  on  Benoît  [Jacques],  XV,  45  5. 
Berge  (Pierre  Van  den),  XVI,  r2S(),  578,  579. 
Berghe  (Gérard  Van  den),  S.  xvie  siècle, 
lîerghmans  (N.),  1),  an  II. 
Bernaerts  (Gérard),   dit  le  Vieux  ou  l'Aîné,  XVI,  261.  534,  539; 

était  mort  en  1638  ou  1629, 
Bernard  (Michel),  d'Arras,  XV,  353,  355. 
Betunen  (Gilles   Van)  demeurait    rue    Haute,   en   face    du   cabaret 

la  Forliv/e,  28  juillet  1668. 
Beveren  (Baudouin  Van),  XVI,  297,  29S.  572,  577- 


—   VII   — 

Beveren  (Martin  Van),  D.  1(;96. 

Bie  (Jean  De)  demeurait  rue  Saint-Julien,  3u  juin  1C63. 
Biest  (Hans  Van  (1er),  à  Munich,  XVI,  230. 
Binon  (Nicolas),  XVI,  256;  XWll,  244. 
Birgiôres  (Jacques),  de  Lille,  XVI,  l'.)8, 
Blommaert  (Antoine),  d'Audenarde,  XVI,  2  29. 
Blouwere  (Antoine  De),  D.  156!)-1B70. 
Boetwinckele  (Jean),  XVI,  203. 
Bogaerts  (Jean),  15  57. 
Bom  (Guillaume).  Foije:;  Veldekens  ((iillcs). 
Bomberghen  (les  de),  XV,  470. 
Bongiovanni  (Bernardino  di),  à  Ferrare,  XVI,  199. 
Borcht   ou  Borglit   (les  Van  der),   XVI,  327;   XVII,    154,   231 . 
Foi/ez  aussi  Castro  (A). 
(Jacques  Van  der)  ou  Van  der  Beurght,  XVI,  324,  325  ; 
XVIT,  154,  IGl,  174,  216. 
«        (Gaspar  Van  der),  XVII,  155,  181,  222,  224,  227. 
»        (Jean  Van  der),  XVI,  332,  vivait  encore  en  1730. 

(François  Van  der),  XVI,  332;  XVII,  155,  181,  182,  1S4. 
«        (Jean-François  Van  der),  fils  de  Gaspar,  XVII,  181,  185, 
225,  227. 
(Pierre  Van  der),  fils  de  Gaspar,  XVII,  181,  184,  227. 
«        (Jacques  Van  der),    fils   de   Jean-François,  XVII,  185   et 
suiv.,  230. 
Borremans  (Guillaume),  privilégié  par  la  ville,   ne  fal)riqnait  plus 
en  L640;  conseiller  communal  en  1628,  1629,  1636,  1640,  1655 
et  1656. 
Bosch  (Jean  Van  den),  à  Munich,  XVI,  230. 
Bossche  (Pierre  Van  den),  XV,  445. 
Bot  (Hector  De),  G.  28  juin  1488. 

Boteram   (Arnoul),    xvie   siècle.    Ce   nom    était   quelquefois    porté 
comme  surnom.    Foi/e::  plus  loin  au  mot  Flandre  (Picnaud  de). 
On  cite,  en  1491,  Etienne  Van  der  Dussen  allas  Botram. 
Boulengier  (Jean),  privilégié  par  la  ville,  était  mort  à  la  date  du 

24  mai  1662. 
Bourg  (Du),  à  Paris,  XVI,  225. 
l^rabant  (Antoine),  de  Bruges,  XV,  455. 


VIII    — 

Brande  (Josse  Yan  den),  D.  1698. 

«        (Sébastien  Van  den\  D.  1717;  demeurait  au  Marché  de  la 
Chapelle. 
Brandt  (Jean-Baptiste),  d'Audenarde,  XVLl,  230. 
Braquenié  (MM.),  XVI,  206,   529,  548,   567,  570,   573:   XYII, 

153.  230. 
Breuckelinck  (Gertrude   Waghemans,   veuve   de   Jean)  et    son    fils 

Guillaume,  1596. 
Brinck  (Jean),  teinturier,  XVII,  220  et  suiv.  —  (Josse),   son  fils, 

XVII,  222. 
Broe  ou  Broer  (les  De),  XVII,  153. 

•  (Alphonse  De),  ancien,  16  86-16  87. 
.     (Jean),  ancien,  1686-16S7. 

•  (Anselme),  XVI,   56S;   XVII,  154,  conseiller  communal  en 

16S7-1688,  encore  cité  en  1718  et  1730. 
<i    (Jean-Baptiste),  conseiller  communal  en  1697-1698,  cité  en 
1718  et  1730. 
Broecke  (Jean  Van  den),  G.  9  avril  1485. 

»       (Nicolas  Van  den),  G.  28  janvier  1485-14S6. 
Brugge  (Jean  Van  den)  ou  Du  Pont,  XV,   42S;   fabriquait  encore 
en  1510. 
.       (Conrad  Van  den),  XVI,  266,  285.  806,  566;  il  fut  encore 

doyen  en  1650-1651,  1661,  1669. 
.       (GasparVan  den,  XVI,  266,  285,  306,   566,   569,   578; 

il  fut  encore  doyen  en  1658. 
.      (Guillaume  Van  den),  D.  1704. 
Brustom  ou  Brustegom  (Bernard   Van),    XVI,    2G6 ,    270,    2  72, 
546. 
.  (Chrétien  Van),  XVI,  2S5,  547. 

Bruyne  (Denis  De)  Wouterssone  (ou  fils  de  Walter),  né  à  Bruxelles, 
ge  fit  recevoir  bourgeois  à  Anvers  le  8  octobre  1563. 

Calleberch  (Jean  Van),  XV,  445. 

Caneghem  (Jacques  Vanj,  d'Audenarde,  XVI,  229. 

Cantere  (Berthout  De),  d'Enghien,  XV,  363. 

Cappe  (Jean)  banni  à  perpétuité  le  5  septembre  1532. 

Carlouy  (Guillaume),  D.  1761. 


—    IX   — 

Carreggio    (Jean  da),   dit   de   Ciicchiaris  ou  Jean   de   Flandre  de 

Corigia,  XV,  199. 
Castro  (les  A),  XVII,  iB5. 

.       (Jacques  A),  XVII,  155,  156. 

«      (Gaspar  A),  XVII,  15fi. 
Cleroq  (les  Le)  ou  De  Clerck,  XVI,  571  ;  XVIT,  15R. 

<i       (Jean    De)    demeurait    au    neerr/racht,   (rue   des  Alexiens), 
en  1499. 

«       (Guillaume  De),  XV,  445. 

«       (I.  ou  Jean  Le),  XVI,  312,  571. 

«      (Jérôme De), XVI,  324,  325,  571  ;  XVII,  161,  221  ;  D.  1718  ; 
vivait  encore  en  1718. 

«      (Henri  De),  XVI,  572. 

u      (Baudouin  Le),  D.  1756. 

«       (Guillaume  De),  XVII,  244. 
Cleru  (Siger  Van)  demeurait,  vers  1450,   au   lieu  dit   Ruysbroeck, 

dans  la  maison  qui  appartint  ensuite  à  Gilles  Pannys. 
Clottaet  (Jean),  cité  comme  tisserand  de  tapis  [tappytwfvi^r)  en  1382. 
Clottaert  (Guillaume),  J.  1414. 
Cobus  (Jean),  XVI,  324,  325;  XVII,  160. 

«      (Jérôme),  D.  1747,  1749,  1753,  1758,  1766,  1776. 

.      (Jean),  D.  1791. 
Cock  (Goede  ou  Godefroid  Den),  1431. 
Coenot  (Jacques),  XVI,  324,  579;  XVH,  154. 
Coraans  (Gérard),  S.  xvie  siècle. 

(Marc  de),  à  Paris,  XVI,  225,  227. 
(Hippolyte  de),  XVT,  296. 
Comte  (Pierre  Le),  d'Arras,  XV,  353. 
Coninc  (Guillaume  De),  Cr.  1459. 
Coninck  (Pierre   De),   S.   xvr<'  siècle.  —  (Pierre  Loroy  ou   plutôt 

P.  De),  XV,  458;  XVII,  241. 
Cools  (Jean),  d'Enghien,  XV,  363. 

Corbie  (Guillaume),  apprêteur  de  tapisseries,  XVI,  264. 
Cordys  ou  Courdys  (les),  XVI,  569. 

»"     ou  Cordeys  (Jean),  XVI,  285,  297,  298,  572. 
»       ou  Caredys  (Jacques),  XVI,  578;  D.  1697. 
Ooster  (Gilles  De)  demeurait  au  quartier  dit  Overmnlen,  vers  1460. 


Costo  ou  Costa  (Jeau),  de  Flandre,  XV,  109. 

Cottart  (Jean],  XVI,  578. 

Cotthem  (François  Van),  XVI,  272,  572, 

Coymans  (Laurent;,  ouvrier  tapissier,  demeurait  rue  Haute,   près 

de  la  brasserie  dite  de  Nieuice  Camme,  2  octobre  166s. 
Cramer  (Guillaume  De),  à  Berg-op-Zoom,  XVI,  19-i. 
Crâne  (François),   en  Angleterre,  XV,  479,  480;  XVI,  232,   233. 
Croisettes  (Jean  des),  d'Arras,  XV,  354. 
Croix  (les  De  la),  XVII,  199,  200. 
Crorame  (Jean  De)  habitait  en  face  de  la  chapelle  Saint-Laurent, 

en  1499. 
Cudtsem  (Jean  Van\  vendit  des  tapisseries  aux  archiducs  en  1617. 
Cuper  (Philippe  De)  habitait  rue  du  Boiteux  (in  de  Creiipelstrale) , 

vers  1460. 

D.  (I.  V.),  initiales  qui  se  trouvent,  précédées  de  la  marque  légale 

de  Bruxelles,  sur  une  tapisserie  représentant  la  Plantation  du 

Mai. 
Daele  (Roland  Van  den),  XVI,  265;   fut  doyen  en  1626-1G27   et 

1G40-1641. 
Dermoyen  (les  Van  der  Moeyeu  ou  plutôt),  XV,  496, 
«'       (Chrétien),  XV,  445. 
(Guillaume),  XV,  470. 
(Jean),  XV,  430;  XVIL  240. 
Destock,  à  Aubusson,  XVII,  195. 
Diegem  (Jean  Van),  XVI,  214. 
Diericx  (Guillaume),  1596. 
Dist  (Everard  Van),  vers  1570. 
Doem  (André  et  H.,  peut-être  Henri),  Cr.  1459. 
Doelegen  (Claes  ou  Nicolas  Van  der),  S.  xvi''  siècle. 
Dordin,  à  Arras,  XV,  354. 
Drecoriuck   (Me  Balthasar) ,  peut-être   De   Coninck,    ù   Florence, 

XVI,  204. 
Driessche  (André  Van  den),  XVI,  285,  307,  570.  Il  y  eut  à  Bruxelles, 

au  xviie  siècle,  plusieurs  peintres  du  nom  de  Van  den  Dries. 
Drossate  (François  De),  G.  28  février  148  1-1485. 
Dury  (Jean),  de  Tournai,  XV,  359,  3(')0. 


Eggei'muns    (Daniel),    fabricant,    (pii   ('■tait    [irivilôgic   et   mourut 
vers  1643. 

Elsbroeck  (Guillaume  Van),  XV,  445. 

Elst  (Pierre  Van  der),  S.  xvi"  siècle. 

Embrechts  (Guillaume),  Cr.  1459. 

Enghien  (Pierre  d'),  ou  Van  Elinghen,  pour  VauEdinghen,  XV,  430^ 
Voyez  Aelst  (Van). 

Eyck  ou  Eycken  (les  frùres),  XVI.  32:}. 

Eynde  (Catherine  Van  den),  veuve  de  Jacques  Geuhels,  XVI,  201, 
272,  534,  537.  Eu  1638-1629,  elle  ne  vivait  plus. 

Fiandra  (Henri  de),  dit  aussi  d'Allemagne  ou  délia  Mirandola , 
XVI,  199. 

Flamand  (Bernardin  le),  XVI,  197. 

Flameng  (Jean),  XVI,  314. 

Flandre  (Renaud  de),  dit  aussi  di  Gnaltieri  (Wautcrs),  surnommé 
Boteram,  XVI,  197. 
(Rico  ou  Henri  de),  XVI,  199. 

Flascoen  (Jean),  d'Enghien,  XV,  362. 

Florence  (Jean  de),  de  Valeuciennes,  XV,  362. 

Fontaine  (Charles  de  la),  XVI,  572.  L'archiduc  Léopold-Guillaume 
lui  acheta,  moyennant  22,000  florins,  une  tenture  de  tapisseries 
rehaussée  d'or.  En  réclamant  des  ecclésiastiques  et  quatre  membres 
de  Flandre  la  somme  de  5,000  florins  pour  payer  cette  acquisition, 
le  gouverneur  général  promit  que  cette  tapisserie  servirait  «  de 
mémoire  pour  leur  province  "  (12  septembre  1654).  Liasses  de 
l'Audience,  aux  Archives  du  royaume,  no  775. 

Foulon  (Guillaume)  et  son  fils,  Guillaume-François,  XVII,  159. 

Frères  (Pierre),  d'Arras,  XV,  35 S. 

Gaetman  (Guillaume),  Cr.  1459 
Garnier  (Pasquier),  de  Tournai,  XV,  360. 
Gautieren  (Jean  Van  der),  Cr.  1459. 
Gentili  (Heraclite),  à  Rome,  XV,  453. 
Gcubels  (les),  XVI,  570;  XVII,  231. 

«       (François),  XV,   431,  433,  436,  475,  478;  XVI,    535; 

XVII,  344;  conseiller  communal  en  1564,  1574,  1576; 

receveur  communal  en  15  77. 


—   XII   — 

Geubels  (Jacques),  épouse  Catherine  Van  den  Eynde. 

«       (Jacques),  son  fils,  XVI,  536,  537;  D.  1626-1627. 
Gheerts  (Adrien),  S.  xyi"^  siècle. 
Ghieteets  (Jean),  XV,  433;  D.  1554. 
Gillis  (Jacques,  fils  de),  à  Florence,  XVI,  206. 

«      (Lié vin),  de  Bruges,  XVI,  197,  199. 
Glabbais  (Gilles  De),  XVI,  578. 
Goch  (Jean),  XVII,  160. 

Godclere  (Pierre  De),  XVI,  261,  539;  était  mort  en  1629. 
Godefroy  (Fierre),  de  Bruges,  XVI,  195. 
Goertere  (Jacques  De),  D,  1640-1 641 . 
Goetman  (Guillaume),  G.  30  septembre  1486. 
Gosset  (Jean),  à  Arras,  XV,  353. 
Goten  (Jacques  Van  der),  d'Anvers,  XVII,  207. 
Gothen  (Jean  Van  der),  G.  3  octobre  1469. 
Govaerts  (Hubert),  D.  1753,  1758. 
(Jean-Baptiste),  D    1761. 
Grenier  (Antoine  et  Jean),  de  Tournai,  XV,  361. 
Grimberchs  (Jean-Baptiste),  XVII,  160. 
Grimbergen  (Josse  Van),  XVII,  240. 
Groeze  (Jeandela),  XVI,  218. 
Grouseliers    (Jean -François ) ,    facteur    général    des    tapisseries    à 

Bruxelles,  XVI,  285,  286. 
Grue  (Renaud),  de  Tournai,  XV,  455  ;  XVI,  198. 
Grunette  (Louis),  1690. 

Guchte  (Maximilien  Van  der),  àDelft,  XVI,  222. 
Guchte  (les  Van  den),  XVI,  534. 

Guchte  (Charles  Van  den),  XVI,  285,  307  ;  D.  1626-1627. 
Guchte  (Pierre  Van  den),  XVI,  534. 
Guelegem    (Pierre    Van),    G.     23    novembre    1484;    demeurait   à 

rOvermolen,  près  delà  maison  dite  l'Ange;   en  marge  on  lit  le 

moi  patipe?'  (pauvre). 
Guillaume,   fut  tué  par  Jean  De  Hont  le  Jeune,  contre  lequel  ou 

porta  une  sentence  de  bannissement  le  20  juin  1550. 

Ilabbeke  (Gilles  Van),  XVI,  569. 

Hagen  (Jean  Van  der),  S.  xvie  siècle;  était  aussi  de  la  Chambre  de 
rliétoric|ue  la  Fleur  de  l)lé. 


—  xni  — 

Hageu  (Melchior  Vaii  der),  à  Nancy,  XVI,  231. 
Halfhuys  (Jean),  D.  1633-163-i. 

(Henri),  D.  1641-1642,  meurt  en  1642. 
Hamela  ou  Hammels  (Isaac  de),  à  Nancy,  XVI,  231. 
Hamer  (Jean  De),  XV,  429. 

Hameyden  (Bernard  Van  der),  à  Nancy,  XVI,  231. 
Hane  (Olivier  De),  G.  5  février  1487-1488. 

»     (Jean  De)  et  Matliilde  T'Sgreven,  sa  femme,  possédaient  la 

moitié  d'une  maison  située  à  )! Halfhimdtr  (rue  de  la  Paille 

actuelle),   dont  l'autre  moitié  appartenait  aux  enfants  de 

Gilles  Paunys  (en  1491). 

Hannemans    (Guillaume),    Cr.   1459,    demeurait  au   liuysbroeck ;  il 

possédait  le  moulin  dit  le  Buyvenmolen,  à  Dieghem,  qu'il  tenait  en 

fief  de  l'abbaye  d'Inde  et  qu'il  vendit. 
Hasselt  (les  Van),  XVI,  207. 
Haze  (Jean  De  ou  Le),  XV,  394. 
Hecke  (les  Van  den),  XVI,  549;  XVII,  231 . 

«     (Jean  Van  den),  XVI,  549. 

»      (François),  XVI,   256,  266,  303,  306,  547,  549,  550-553. 

«      (Jean-François),  fils  du  précédent,  XVI,  324,  552-555,  569; 
XVII,  149,  156;  D.  1661. 

»     (Antoine),  fils  de  François,  XVI,  555-556. 

«      (François),  fils  de  Jean-François,  XVII,  161,  216  ;  D.  1697, 
1713;  vivait  encore  en  1730. 

»     (Pierre),  fils  de  Jean-François,  XVt,  327,  332;  XVII,  164 
et  suiv.,  222,  224;  D.  1703,  1711. 

u     (Charles)  ou  Van  den  Necke,  D.  1737,  1772. 

.     (Nicolas),  D.  1772. 
lleetvelde  (Odin  de),  époux  de  Marie,  G.  7  février  1484-1485. 
Henno  (Arnoul),  à  Tournai,  XVI,  214. 
Herdersem  (Antoine),  XVI,  268. 

Hermans  (Jean),  demeurait  dans  la  rue  des  Feuilles,  en  1499. 
Hertshoren  (Gilles  in  den]  le  Jeune,  demeurait  au  quartier  d'Ovcr- 

molen,  à  la  date  du  4  avril  1433, 
Heurck  (N.  Van),  D,  an  II. 
Heyden  (Gilles  Van  der),  1557. 
Hoen  (François),  1510. 


—   \1V   — 

Holislacgher,  à  Gand,  XVII,  2(1 1. 

Hont   (Jean  De),  est  cilé  à  comparaiLro   comme  ayant  tué    Henri 

Cleygat,  5  janvier  1534-1535, 
Homvene  (Franc  De),  XV,  428. 
Hovc  (Gilles  De),  S,  xvi<"  siècle. 
Hubert,  tué  par  Michel  De  Cock  et   llans  De  Wagcneer,  qui  ?oiit 

bannis  le  13  janvier  1547-1548. 
Iluybrechts  (Pierre),  teinturier,  XVI,  277. 
Huyge  (Jean),  teinturier,  X\I,  277. 

Jans  (les),  d'Audenarde,  XVII,  199. 

Jaussens  (Henri,  Jils  de  Jean  ou),  XVI,  206. 

Jardin  (J.  Du),  ouvrier,  cite  comme  liabitant  dans  la  rue  du  tiac,à  la 

date  du  15  octobre  1668. 
Jean,  à  Aubusson,  XVII,  105. 

Kameline  (Corneille  de),  XV,  470. 

Kant  (A^'  Antoine),  teinturier,  XVII,  19('). 

Karehcr  ou  Kerckx  (M-^  Nicolas),  XVI,  199,  200,  .OOS,  20  i. 

(Louis),  XVI,  201. 
Kempeneer  (Guillaume  De),  XVII,  240  ;  il  habita  au   HeerfjracU, 

après  son   confrère   Jean  Du   Clerek  (au    xvi"   siècle).    Nicolas 

Hellinck  (voir  t.  XVI,  p.  :^07,)  était  Tun  de  ses  héritiers  par 

mariage.  De  Kempeneer  est  qualifié  de  lapluiler,  tandis  que  De 

Clerek  est  désigné  comme  kghoercker. 
Kimpe  (Nj,  dessinateur  ([QCdiXion%  [palroonlreclcer),  habitait  rue  des 

Alexiens,  près  de  l'auberge  dite  la  Chapelle  des  Pères  {Palers  Ca- 

pelle)  à  la  date  du  12  août  1668. 
Kindt  (Pierre),  XVI,   555,   569;  était  de   BaixcUcs  et   fut   doyen 

en  1660. 
Knibijcre  (Jean  De),  ayant  tué  François  De  Smet,  est  condamné  au 

bannissement  le  4  mai  1542. 

Labbe  (Herman),  XVI,  231. 

Lahier  (Tisain  ou  Toussaint),  habitait  rue  Haute,  en  1499. 

Lanckeert  (Josse),  h  Delft,  XVI,  222. 

Larchier  (Jean),  d'Enghien,  XV,  363. 

Lasmere  (Colard  Dd",  G.  25  mars  1491-1  192. 


—  w  — 

LatU-c  (Jean  de),  il'Arras,  XVI,  19*J. 
Lccfilael  (les  Van),  XVI,  572. 

(Jean  Van),  XVI,  285,  30:3,  30fi,  576. 
((iuillaume  Van),  son  lils,  XVI,  558,  577;  XVII,    151. 
Il  fut  doyen  en  1669. 
Lceraans  (Georges),  XVI,  285;  XVII,  152. 

"        ((Tuillaume),  XV,  -I-IS, 
Leenere  (Gabriel  De),  S.  xvi«  siècle. 

Leramens  (Antoine),  valet  ou  onvrier  d'Odin  de  llcetveldc.  Sa 
femme  se  fit  recevoir  dans  la  gilde  de  la  draperie  le  27  février 
1484-1485.  —  Il  est  cité,  en  1565,  avec  Catherine  de  Huldon- 
berg,  veuve  de  Colin  ou  Nicolas  Lemmens,  comme  ayant  possédé 
la  maison  dite  d'OndeborcI/,  près  de  la  Senne. 
Léon,  XV,  446. 

Leyniers  ou  Leniers  (les),  XVI,  275;  XVII,  171,  218,  222,  201. 
Il       (Colin  ou  Nicolas  et  Jean  Leniers  ou),  S.  xvi^  siècle. 

(Antoine),  XVI,  276;  XVII,  239. 
"        (Jacques),  XVI,  276;   sous  le  nom  de  Jacques  Lcnniers, 

il  fut  doyen  en  1569-1570. 
//        (Everard),  fils  d'Everard,  teinturier,  XVI,  276. 

(Gaspar),  fils  d'Everard  (T) ,  XVI,  276,  277;  D.   1626 
et  1637. 
Il       (Gilles),  frère  du  précédent,  XVI,  276. 
n       (Daniel),  frère  des  deux  précédents,  XVI,  26(5,  272,  2 7 G, 
285,  806;  doyen  en  place  de  Henri  Mations,  1636. 
(Everard),  fils  de  Gaspar,  XV,  481  ;  XVI,  270,  303,  306, 
557-559,  569. 
»        (Pierre),  frère  du  précédent,  XVI,  557,  559. 

(Nicolas),  frère  du  précédent,  XVI,  277,   336,  557,  560. 
(Jean),   fils    d'Everard  (II),   XVI,   560-563;   mort  étant 
doyen  en  1686-1637. 
»        (Daniel),  son  frère,  XVI,  559,  563. 
"       (Gilles),  frère  des  précédents,  XVI,  55  9,  564. 

(Gaspar),    fils    de   Nicolas,  XVI,  277,  306,   564,    569; 
XVII,  221. 
//        (Michel),  son  frère,  teinturier,  XVI,  278. 
"        (Daniel),  frère  des  précédents,  teinturier,  XVI,  278. 


—    XVI    — 

Leyniers  (Daniel,  fils  de  Gaspar  (II),  XVI,  559,  566,  5R8;XVI[,  222. 

(Urbain),   son   frère,  XVI,  332,   566,  568;  XVII,   171. 

221,  222,  223,  225.  227. 

"        (François  ou  Daniel-François),  iils  de   Daniel  (111),  XVI, 

278;  XVII,  178,  222,223. 

(Daniel),  fils  d'Urbain,  XVII,  174,  222,  223,  225,  227, 

229. 
(Henri),  fils  de  François,  XVII,  179,  223. 
(Jacques- Joseph),  fils  de  Daniel  (IV),  XVII,  180. 
(Louis?),  XVI,  330. 
«       (Corneille),  procureur,  XVII,  217. 

(Charles),  D.  1713,  1717,  1725,  1730;  cité  en  1738. 
(Laurent),  D.  1749. 
(Pierre),  1711,  1738. 
Lièvre  (Charles  Le  ou  Del),  XVI,  579. 

Linden  (Gilles),  ouvrier,   habitait    chaussée  de  Flandre ,   dans  la 
ruelle  d  Peine  perdue  (het  Verlorenkost  draetjen, 
24  octobre  1668). 
u  ,  ouvrier,  habitait  le  Vieux-Marché  (5  octobre  1668), 

Lint  (Gilles  Van),  alias  Vander  Cleyen,  Cr.  1459. 
Lisse  (Guillaume),  habitait  au  Ruysbroeck,  1433. 
Lodeyn  (Pierre),  habitait  chaussée  d'Anderlecht,  1668. 
Lodewycs  (Pierre),  J.  1407. 
Loenus  (Jean),  S.  xvi^  siècle. 

Lombeke  (Louis  Van),  demeurait  à  Overmolen,  1433. 
Loroy  (Pierre).  Voyez  Coninck  (Pierre  De). 
Luyckx  (Antoine),  1730,  D.  1703. 
(Henri),  D.  1756. 

Maegd  (Jean  De),  à  Middelbourg,  XVI,  222. 

Maelsack  (François  Van),  XVI,  547,  548,  549. 

Maincourt  (Renaud  de),  de  Paris,  XV,  455. 

Malle  (Jean  Van),  Cr.  1459. 

»     (Gilles  Van),  Cr.  après  1459, 

Malsteen  (Gilles)  avait  des  maisons  rue  du  Châssis  et  dans  la  rue 
(la  rue  des  Sablons)  allant  directement  du  Marché-aux-Chevaux 
(Peerdemerd,  le  Grand-Sablon)  aux  lleniparts,  1433. 


—    \V1[    — 

Mander  (Charles  Van),  à  Delft,  XVI,  2^3, 

Marchant  (Guillaume),  XVII,  228;  D.  1737,  1742,  1749. 

Mattens  (les),  XVI,  546,  547. 
(André),  XV,  433. 
(Jean),  XVI,  261,  536,  546, 
(Henri),  XVI,  266,  547. 

Meeren  (Jacques  Van  der),  XVI,  285. 

Meren(Jean  Van  der),  XVI,  5  79. 

Meester  (Pierre  De),  de  Bruges,  XV,  365. 

«       (Louis  De  Mestre  ou  plutôt  De),  1557. 
«       (Jean  De),  XVII,  222. 

Meeus  (Pierre)  le  Jeune,  qui  demeurait  au  Sablou,  plus  haut  que 
le  Pi(jeon  (de  Duvc)  et  dont  la  femme  Elisabeth  T'Scoeckx  entra 
dausla  Gilde  le  2G  février  1481-1482. 

Meise  (Guillaume),  1571. 

Melander  (Robert  de),  bourgeois  de  Bruxelles,  né  dans  cette  ville. 
Ayant  donné  des  coups  à  Pasquier  De  Necker,  l'un  des  sergents 
de  l'amman,  il  fut  emprisonné.  Il  demanda  sa  grâce  et  l'obtint, 
le  19  janvier  1619,  moyennant  le  paiement  d'une  amende  de 
25  florins.  Il  était  pauvre  et  avait  une  femme  et  cinq  enfants 
[Registres  de  V ancienne  Chambre  des  Comptes,  n»  654,   à  la  lin). 

Melsaet  (François)  avait  de  biens  rue  du  Miroir,  1675. 
(Winand),  1718. 

Melter  (Jean  De),  XVII,  154,  157,  201. 

Meterman  (Jean),  XVII,  238;  avait  des  biens  à  la  Puttcrie,   1491. 

Meurtz  (François),  1557. 

Meyer  (Pierre  De),  G.  6  février  1465-1466. 

Mille  (.lean),  de  Tournai,  XV,  455  ;  XVI,  198,  199. 

Moelen  (Augustin  Van  der),  Cr.  1459. 

Moelenbeke  (Everard  Van),  G.  10  mai  1487. 

Moermans  (Jean).  Voyez  Veerken  (Gilles  t'). 

Moens  (Guillaume),  S.  xvi"  siècle. 

Molenaert  (Gérard),  XVI,  199. 

Momboir  (Henri),  XVII,  233. 

Montaigne  (Gaspar),  teinturier,  XVI,  278. 

Montblanc  (la  comtesse  de),  baronne  d'Ingelmunster,  et  son  fils  le 
baron  Albéric,  XVII,  230. 


—    XVIII    — 

Moiùcornet  (les),  XVI,  560.  —  (Nicolas),  XVi,  2GG, 

Moor  (François  De),  à  Gand,  XVII,  20G. 

Moriaens  (Paul),  S.  xvie  siècle. 

Moriau  ou  Morlaux  (P'rançois-Doraiui(iuc  ou  Domnii(jue-Fraii(;uis), 

D. 1717,  1725,  1734, 174U,  1743. 
Motten  (Hubert  Van  (1er),  U.  1554. 
Moyen  (Van  der  ou  Der).  Voyez  Dcrnioyen. 
Moziu,  XVll,  199.  200. 

Ncck  (Antoine  De\  apprôteur,  XVI,  264. 

Neckere  (?as([uiîn-  De),  entre  dans  la  Gildc  de  iSaint-Gcoi'ges  le  25  fé- 
vrier 15G0-1561. 

Neusse  (Adrien  De),  d'Audenarde,  XVII,  198. 

Neva  (Jean  De),  XVI,  25G;  XVII,  177,  235,  244. 

Nicolaï  (Jean),  tapissier  de  l'empereur  Charles-Quiut,  habitait  près 
du  Palais  (1565). 

Nicolas,  à  Aubusson,  XVIT,  rJ5.  —  (Alaîtro).  Voyez  Ivarchcr. 

Nieuwenliove  (Paul  Van),  XVI,  530. 

Obri  (Kenaud),  tappesier  op  t'  hof,  Cr.  1459. 
Ockiers  (Pierre),  G.  31  janvier  1494-1495. 
Ocoche(Marc  d'),  XV,  449,  471. 
Ofhuys  ou  Otrhuys  ou  llofhuys  (lleuri),  D.  1G9S. 
(Gilles),  b.  1707. 

(Jean-Baptiste),  D.  1711,  1745,  1747. 
"        (Pierre),  surnommé   op    clen   Vaert  ou  au  Canal,   D.    1730, 
1737,  1742,  174G,  1749,  1753,  1766. 
(Hubert), D.  1734,1740,  1745,  1747,  1766,  1788 ;  conseil- 
ler communal  en    1740,  receveur  de    la  ville  en   1766, 
bourgmestre  des  nations  en  1745,  1749  et  1753. 
(Hubert-François),   D.   176G,    1772,    17^3,   an    II;  bourg- 
mestre des  nations  en  1758. 
(Guillaume),  D.  1776,  1788,  17!J3. 
(François),  D.  1776,  1791. 
(Josse),  D.  17^3,  1793,  an  II. 
Olbrechts  (Albert),  XVI,  206. 
Oniiiworcken  (Henri  Van),  1557. 


—  \1\  — 

Oiiicui,  dit  Vau  Lciiuicke  (Jean),  \V,  t'15, 

Ophciu  (Jean  \'an),  \V,  415, 

Uppenem  (Pierre  Van),  XV',  429. 

Ortie  (Jean  de  l'),  de  Tournai,  XV,  359,  3Cii, 

Outaert  (Guillaume),  XVI,  555,  5G9. 

(Jean)  ou  Outtaert,  1730;  D.  1704. 

r.  (V.),  marque  qui  se  voit  sur  une  tapisserie  où  était  représenté, 
se  détachant  sur  un  fond  presque  blanc,  une  offrande  au  dieu  Pan. 
Cette  pièce  fuit  partie  d'une  suite  à  personnages  vêtus  de  costumes 
du  xvi"  siècle  et  à  sujets  se  rapportant  en  général  à  la  chasse.  On 
considère  cette  tenture  comme  flamande,  et  les  cadres,  dit  Jacque- 
mart (Histoire  du  Mobilier,  p,  ISl),  ont  une  saveur  de  llubens. 
J'ain  (Maurice),  teinturier  ii  Aubusson,  XVII,  19(). 
ranncmaker  (les  De),  XV,  431  ;  XVT,  572,  573  ;  XVII,  271. 

(Pierre  Ue),XV,  429,  430,  431,445,  471.  Ce  fabricant 
posséda  à  Bruxelles,  à  la  Blanchisserie  (iw  de  Bleylcerije 
ou  à  la  Terre-Neuve),  dans  la  Craenstrate,  une  maison 
(ju'il  vendit  à  Pierre  Butkens 
(Pierre),  son  lils,  XV,  430,  445. 

(Henri),  XV,  429,   432;  épousa  Barbe,  tille  de  Jean 
Lambrechts    et    de   Catherine   Van   Eerbemde,   qui 
étaient  morts  l'un  et  l'autre  à  la  date  du  2  décembre 
1534  [Regidres  des  secrétaires  Ihjt  el  Halle,  f'  193, 
aux  archives  de  la  ville  d'Anvers). 
(Guillaume  De),  XV,  429,  432  et  suiv.,  437,  509,  514; 
XVI,  207,  208,  210,  215;  XVII,  237,  238,  241. 
(Erasme  De) ,  X V 1 ,  5 .52,57  3  ;  XVII,  2  0 1 . 
(François  De),  son  frère,  XVI,  574. 
(André  De),  lils  de  François,  XVI,  575. 
(François  De),  fils  d'André,  XVI,  57(). 
Pannys.  P'oir  au  mot  Plane  (Jean  De). 
Pape  (Simon  De),  d'Audenarde,  XVII,  201 . 
Parent  (Adrien),  XVI,  580. 
Parmentiers  (Jeanl,  XVI,  552;  XVII,  152. 

Parys  (Michel),  habitait  rue  Haute,  vis-à-vis  de  l'eglisc  des  Capucins 
(2  octobre  166 S). 


—    XX    — 

Peborch  (Jean  Van),  teinturier,  XVI,  275. 
Peemans  (Gérard),  XVI,  312  ;  XVII,  152,  261. 

(François),  D.  1676,  1704,  1711. 
Peeters  (Jean),  habitait  rue  du  Faucon  (17  octobre  1668), 
Pennys  (Martin),  XV,  375. 
Peperman  [Etienne),  ]557- 
Pepersack  (Daniel),  XVI,  229. 
Perclaes  (Michel),  ouvrier,  XVI,  268. 
Perklain  (Frédéric),  à  Aubusson,  XVII,  195. 
Peys  (Pierre),  XVI,  207. 
Pierrelala,  comme  on  le  nommait   vulgairement  {in  de  wundelinge), 

habitait  au  Vieux-Marché  (9  août  1668). 
Pissonnier  (Jean),  XV,  429. 
Planken  ou  de  la  Planche  (François  Van  der),  probablement  d'Aude- 

narde,  XVI,  225,  227. 
Pluckere  (Adrien  De),  d'Enghien,  XV,  363. 
Poortere  (Jean  De),   fils  de  Jean,    né  à  Bruxelles,  se  lit    recevoir 

bourgeois  à  Anvers,  le  8  octobre  1563. 
Porselot  (Garnot),  tapiùer  op  V  Jiof,  Cr.  1  459. 
Porte  (Bastien  de  la)  ou  Van  der  Poorten,  XV,  471. 
Potter,  Pottere  ou  Puttere  (Josse  De),  XV,  445. 
«        (Henri  De),  XVI,  577. 

(GuillaumeDe),XVI,  .5  52,  577;  XVII,  161,  216;  D.  1727. 
Il  demeurait  place  des  Wallons,  à  côté  d'Auwercx. 
,       (Jean  De),  D.  1717. 
(Jean  De),  D.  1783. 
(Joseph  De),  D.  1791. 
(Jean-Baptiste  De),  D.  1793. 
Pré  (Louis  De),  15  71. 
Provoost  (Gaspar),  lils  de  (i-érard,  et  né  à  Bruxelles,  se  lit  recevoir 

bourgeois  à  Anvers,  le  8  octobre  1563. 
Provost  (Mathieu),  1669. 

«        (Frédéric),  à' Aubusson,  XVII,  196. 
Provyns  (Nicolas),  d'Enghien,  XV,  363. 
Putte  (Gilles  Van  den),  Cr.  xvi"  siècle. 

Quickelberghe  (Vincent  Van),  d'Audenarde,  XVI,  229. 


—    XXI    — 

R.,  marque  qui  se  trouve  sur  V Histoire  de  Fnloain. 
Raedt  (André  De),  à  Harlem,  XVI,  195. 
Raes  (les',  XVI,  527;  XVII,  231. 

/>    (Gilles),  S.  xv!*-  siècle. 

.   (Jean),  XVI,  261,  272,  526,  535,  537,  539-546. 

«   (Jean),  dit  le  Jeune,  XVI,  306,  517,  551,  556. 

»   (François),  XVI,  213,  546. 

»    (Pierre),  fils  de  Jean,  XVI,  259. 
Raet  ou  Raedt  (.Jean),  XVI,  266,  270,  272,  306,  548,  549,   546. 
Rave   (Jean   De),    XV,  394;    avait   une  maison    au    Brlcsrhmolen , 

en  1491;  S,  xvi^  siècle. 
Remont  (Jean),  à  Arras,  XV,  354,  356. 
Reymbouts  (Martin),  XVI,  261,  538,  539. 

(François),  son  fils,  XVI,  539. 
Riccio  (Emmanuel),  XV,  470. 
Riemslagere    (Hubert),   fils  de   Nicolas  et   né  à  Bruxelles,    se    fit 

recevoir  bourgeois  à  Anvers  le  8  octobre  1563. 
Rigaut  (Jean),  1571. 

Rinne  (Pierquin  De),  que  Henné  appelle  Derviue,  1510. 
Robbins  (Philippe),  à  Audenarde,  XVÎI,  198. 
Rodants  (Martin),  XVI,  265. 

(Guillaume),  XVI,  552. 
(Mathieu),  XVI,  285;  XVII,  152;  D.  1661. 
Rombaud,  à  Aubiisson,  XVII,  196, 
Rombouts  (.Jean),  G.  27  août  1495;  demeurait  rue  Haute,  en  face 

de  la  maison  le  Miroir  (1499), 
Rossi  ou  Rosto  (Jean),   ou  plutôt  Roost  (Jean-Baptiste  Van  der), 

XVI,  199,  203,  204  et  suiv  ;  XVII,  244.  —  Jean,  son  fils,  XVI, 

204  et  suiv, 
Rosteyt  ;Jean),  XV,  445. 
Roux  (René  Le),  XVII,  157. 
Roy  (Antoine  De),  habitait  rue  Saint-Ghislain,  près  le  Gehroken  hoff 

ou  Jardin  rompu  (4  octobre  1668). 
Ruppien  (Thierri  Van),  qualifié  de  tapytwnere,  J.  1419. 
Rydams  ou  Reydams  (Henri),  XVI,  285,  303,  306,  558,  567,  569. 
»      (Henri),  son  fils,  XVI,  567;  XVII,  161,216. 
„     (Jacques-Ig-nace),filsduprécédent,XVI,56S;XVTT,172,222. 


—    XXII    — 

Sager  (Antoine  De),  XVII,  222. 

Sakurias,  XV,  42 U;  S.  xvi^  siècle;  était  aussi  meml)rc  de  la  rli.unhro 

de  rhétorique  la  Fleur  de  Blé. 
Sande  (Guillaume  Van  den),  XVI,  552:  IX  ir.96. 
«      (N.  Yandon),  XVII,  160. 

"      (Antoine),  surnoniiiu'-  in  de  Oitde  (Jlecrcoopers  f<lrriefe  ou  dans 
la  rue  des  Fripiers,  Y).  1742,  1746. 
SanI  (Léonard  op't),  demeurait  rue  de  l'Évenlail  -2  8  septembre  166  S). 
Sarasin  (Clément),  à  Tournai,  XV.  361. 
Sas  (Henri),  habitait  rue  du  Châssis,  1526. 
Scaetsaert  (Marti)i),  G,  18  avril  1483:  admis  avec  sa  femme,  Marie 

Meermans,  et  Adrien  Beeckman. 
Scheevels  (Pierre),  D.  1569-1570. 

Schuere  (Tisain   ou  Toussaint),  habitait   au  Bavaiddl  (rue  des  !Mi- 
nimes,  1567. 
«       (Pierre),  155  7. 
Schreybergh  (Jean),  XV.  445. 

Schuyt  (Jean)  habitait  rue  Haute,  en  face  de  l;i  tauncrii^  Saint-Fran- 
çois (l-^^' octobre  1668). 
Scoepe  (Henri),  Cr.  1459. 
Segers  ou  Zegers  (Jean),  G.  27  août  1405. 

«       (Jean),  alias  Luenus  de  Joucjlw  ou  le  Jeune,  S.  xvi''  sit'^ele. 

(Jacques)  et  ses  descendants,  XVI,  279. 
«       (Guillaume),   habitait  chaussée    d'Andcrlecht,   ruelle    de    la 
Blanchisserie  (17  octobre  1668). 
Sellier  ("Philippe),  de  Bruges,  XV,  366. 

Seraerls    (Corneille),   XVI,   261,    539;   entre  dans    le    serment   de 
Saint -George  le  4  mai  15  85. 
(Jacques),  XVI,  25 O,  5  33. 
Serjacobs  (Jean),  à  Florence,  XVI,  206. 
Sinay  (Pierre  Van),  XVI,  557, 
Sinnen  (Nicolas  Van  der),  XVI,  530. 
Slot  (Gérard),  XVI,  199. 
Smet  (Gilles  l)e),  alias  Thunys,  Cr.  1459. 

«  (Léon  De),  S.  xvi^  siècle;  peut-être  le  tapissier  cité  plus  haut 
sous  le  nom  de  Léon  ;  il  possédait,  en  1499.  deux  maisons 
près  le  Drieschmohu. 


—    XXIII    — 

Smet  (Jean   De),    tué   eu    1520,    ainsi    ([ii'il    rr-iulte    iriiii    ]n\n   du 
2i  avril  1530. 
u     (Nicolas  De),  apprèteur,  XVI,  2ii4. 

Sik'csens  (Lambert),  XVII,  222. 

Snoock,  ouvrier,  qui  demeurait  dans  la  maison  »  du  hossu  «  [r,a>i 
de.n  huit),  rue  du  Eenard  (23  septemhrc  1068). 

SûiIliot(.réi()rael,  XV,   145. 

Son  (Philippe  De),  ouvrier,  demeurait  rue  Saint-Gliislaiu,  prrs  du 
Jardin  rompu  (20  octobre  1668). 

Spiering  (François),  XV,  473;  XVI,  219,  222.  526, 

"        (Guillaume),  dit  De  Maech,  cité  eu  1565.  Les  De  ]\Iaech  de 
Middelbourg  étaient  peut-être  de  la  famille  des  Spiering. 

Steemans  (Antoine),  apprêteur,  XVI,  264. 

Sticlielen  (François  Van  der),  de  Gand,  XVII,  20(), 

Streken,  Streieken  ou  Stricken  (Gérard  Van  (1er),  XVI,  285,  307, 
558,  579;  XVII,  153. 

Streyckmans  ou  Streyckwaut  (Philij)pe;,  XVI,  285,  307. 

Stroobants  (Jean-Baptiste),  apprêteur,  XVI,  264. 

Struve  (Pierre),  Cr.  1459, 

Stryckere  (Jean  De),  XVI,  572;  XVII,  153.  Il  devint  -  aide  de  la 
tapisserie  «  du  roi  d'Espagne  à  Bruxelles.  Il  répara,  en  1679  ou 
1680,  trois  pièces  de  la  tenture  de  Ja  Passion  de  Jésus-C/erisi;  mais 
il  mourut  avant  d'avoir  obtenu  le  paiement  intégral  du  prix  de  son 
travail.  Sa  veuve  ayant  représenté  qu'elle  était  tracassée  par  ses 
créanciers  et  qu'elle  avait  quatre  enfants  à  sa  charge,  des  ordres 
de  la  satisfaire  furent  délivrés  par  le  conseil  des  finances  le 
14  octobre  1686,  le  25  septembre  1687  et  le  1er  juin  1689. 

Stuerbaut  (Daniel),  XVI,  218. 

Sweerts  (François),  XVI,  533. 
d'Anvers,  XVII,  212. 

Tauton  (Antoine',  XVI,  57!). 
Thibaud  (Joseph),  à  Harlem,  XVI,  222. 
Tombe  (Jacques  de  la),  à  Lille,  XVI,  576. 
Tomraen  (Gabriel  Van  der),  XV,  430. 

(Hubert  Van  der),  XV,  433. 
Tons  ou  Toens  (Guillaume),  XVI,  537. 

(François),  XVI,  261,  539. 


—   XXIV   — 

Vansnaelien  (?)  (François),  XVI,  268, 

Veerken  (Gilles  in  't),  habita  après  un  autre  legwercker,  Jean  Moer- 

mans,  une  maison  à  Overmolen  (1491). 
Veldekens  (Gilles),  fut  banni  avec  son  confrère  Michel  Beerens,  dit 
De  Heckelere,  pour  avoir  tué  un  autre  legwercker,  Guillaume  Bom 
(5  octobre  1523). 
Veresel  (Jean),  habitait  rue  de  la  Blancliisserie,  à  la  chaussée  d'An- 

derlecht  (21  octobre  1668). 
Vergara  (François  de),  teinturier,  XVI,  275,  277. 
Vermeulen  (Gaspar),    demeurait  chaussée  d'Anderlecht,  derrière  le 

JrtMcoïi  (10  octobre  1668). 
Vermillion  (Jean-Baptiste),  XVT,  232;  XVII,  161,  226. 
Vernyden  (Jean)',  fut  tué  par  l'un  de  ses  confrères,  Jean  Van  den 
Wyngaerden,  Flamand,   qui  pour  ce  fait  fut  exilé  du  Brabant  à 
perpétuité  par  les  magistrats  de  Bruxelles,  le  15  décembre  1447. 
Verren  (Pierre  Van),  à  Audeuarde,  XVII,  202  et  suivantes. 
Verrier  (François),  à  Paris,  XVI,  228, 
Vervoet  (maître  Jean),  XVI,  279. 

Vezellet  ou  Vescher,  peut-être  Visscher  (George),  XV,  441,  470. 
Visse  (Jean),  Cr.,  1459. 
Vivere  (Guillaume  Van  den),  S.  xvi^  siècle. 
Vleeminck  (Martin  De),  S.  xvie  siècle. 
Vogel  (Antoine  De),  ouvrier,  habitait  rue  Saint-Ghislain,  près   du 

Jardin-Rompu  (27  octobre  1668), 
Voghelere  (Jean  De),  XV,  446. 

Vorster  (Walter  De).  Ce  tapissier  ayant  accusé  quelques  membres  du 
magistrat  d'avoir  exigé  de  l'argent  pour  lui  rendre  justice,  fut 
condamné,  le  19  mai  1447,  à  remplir  dans  les  quinze  jours  les 
pénalités  suivantes  :  payer  une  amende  de  21  florins  peters,  faire 
maçonner  un  mur  d'une  étendue  de  3  verges  (ou  donner  pour 
chaque  verge  7  florins)  et  se  rendre  en  pèlerinage  à  Nicosie,  en 
Chypre,  ou  payer  50  florins,  moitié  au  proflt  du  duc  de  Brabant, 
moitié  au  proflt  de  la  ville  (i).  Ce  AValter  De  Vorster  figure  parmi 
les  personnes  qui  entrèrent,  lors  de  sa  formation,  dans  la  confrérie 
de  la  Sainte-Croix,  de  l'église  Saint-Jacques  sur  Coudenberg. 

(i)  Wil  Correct iehoerh-,  f"  122,  aux  Archives  communales  de  Bruxelles. 


—  xxv  — 

Vovstere  (François  De),  teinturier,  XV,  495,  406. 
Vos  (Michel  De),  XVI,  212. 

»    (Michel  De),  ancien  en  [Cii)9. 

»    (Marc  De),  XVII,  149. 

"    (Govaert  ou  Godefroid),  doyen  en  1676-1677. 

"     (Josse  De),  XVI,  324,325;  XVIt,  161,  162,  221. 

»     ;.leaM-François  De),  XVII,  163,  222,  225. 

-     (.Jean-Baptiste  De),  XVII,  164. 

«     (?  De),  XVII,  244. 
Votte  (Guillaume),  habitait  vue  de  Finquette  [JFyckct  drnte),  à  r-otc 

du  refuge  de  Dilighem  (1565), 
Vuwe  ou  Wouwé  (Daniel),  habitait  au  Ruphroeck  (1491). 

Waghemans  (Gertrude).  Voyez  Breuckelinck  (les). 

Walois  ou  Le  Walois  (Jean),  à  Arras,  XV,  354,  356. 

Walschaert  (Corneille),  D.    1697  et  1704;   vivait  encore  en  1730. 

(Luc),  D.  1699,  1707. 

(Jean),  D.  1740,  1788. 

(Louis),  D.  1766,  1788,  1793. 
Warnier  (Guillaume),  XVI,  576:  XVII,  158,  201. 
Wasch  (Josse),  teinturier,  XVI,  278. 
Waske  (Jean),  à  Aubusson,  XVII,  195. 
VVauters.  Foy^^  Flandre  (Renaud  de). 
Werion  (Pierre),  J.,    1406. 
Wiettelère,  à  Aubusson,  XVII,  195. 
Wielle  (Josse  Van  de),  S.  xvi*  siècle. 
Wilde  (Siger  De),  1433. 
Wilde  (De),  XVI,  257. 
Wouters  (Paul),  D.  1569-1570, 

Wyns   (Léonard),  XVI,   280,    307,   552,    569;   était   ac/iterraet, 
c'est-à-dire  de  l'arrière-conseil  de  son  nutier  en  KiSl. 

Y'mbrechts  (Guillaume),  Cr.  14.59. 
Yssche  (Guillaume  d'),  XV,  374. 

»       (Franc),  demeurait  rue  des  Foulons  (ou    du   Lombard),   vers 

1460. 


—    XXVI    — 

Zacharias,  XV,  429,  /''o//^;  Sakurias. 

Zegers.  Foi/ez  tiegeY^. 

Zeuuen  (Josse  Van),  XVI,  303. 

(Jacques  Van),  XVI,  573. 
Zittart  (Jérôme),  habitait  au  Vieux- Marché,  près   le   cabaret  Saint- 
Pi  eire  {\l  octobre  1668). 
Zomer  (Chréticii  Do),  XV,  4-4r). 


LISTE  ALPHABETIQUE  DE8  TENTURES. 


Abraham  (Vie  d'),  XV,   469;  XVil,  :Ul.  —  (Histoire  d'),    XVI, 

232;  XVII,  238.  —  Le  sacrifice  d'Abrahmii,  XVIl,  158. 
Absalon  (Histoire  d'),  XV,  366;  XVI,  543. 
Achille  (Histoire  d'),  XVI,  290,  Bt6. 
Adonis.  Voyez  Vénus. 
Adoration  du  veau  d'or  (f),  XVIl,  191 . 
Agamemnon,  XV,  429. 

Ages.  Voyez  Cinq  âges  (les);  Sept  âges  du  monde  ^lfcs). 
Aix  (Tapisseries  d'),  XV,  481  ;  XVIl,  243. 
Albe  (Victoires  du  duc),  XVI,  215. 
Albert  (Batailles  de  l'archiduc),  X\  I,  539. 
Alexandre  (Histoire  d'),  XV,  357,  427,  546,  553  ;  XVII,  lijo.  — 

Bataille  d'Alexandre  contre  Darius,  XVII,  170.  —  Les  bataiUes 

d'Alexandre  le  Grand,  XVII,    191.  — ■  Alexandre  combattant  un 

lion,  XVI,  546. 
Amazones  (Histoire  des),  XVI,  291. 
Amour  (Chambre  de  la  plaidoirie  d').  XV,  357.  —  (Triomphe  de  1'), 

XVr,  529. 
Amphitrite  (Triomphe  d'),  XVI,  32  7. 
Angleterre  (l'écusson  royal  d'),  XVIl,  156. 
Aonibal  (Histoire  d'),  XV,  394. —  Annibal  et  de  IScipion  (Histoire  d'), 

XVI,  558. 
Antoine  (Histoire  de  saint),  XV,  354,  44('>. 
Antoine  et  Cléopâtre  (Histoire  d'),  XVI,  291,  526,  577. 
Apocalypse  (l';,  XV,  372,  402,  439-441;  XVII,  236,  2:^7. 
Apollon  et  les  neuf  Muses,  XVIl,  170. 
Apôtres  (Actes  des),  XV,  472;  XVI,   232,   537,    539,   541,    558, 

560;  XVII,  153,  240.  —  (Prédication  des),  XV,  457,  46S,  471. 
Arabesques.  Voyez  Babesques. 
Arbre   de    Jessé   (!'),    XV,    42S.    430;    XVII,    237.    Voyez    .Jessé 

(Histoire  de). 
Arithmétique  enseignant  les  règles  du  calcul  (1'),  XV,  866. 


XXVIM    

Armada  (Défaite  de  1"),  XVI,  219-222. 

Armée  luiie  partie  de  1')  allant  voir  le  port,  XVII,  184.  —  Béjouis- 

sances  de  l'armée,  XVII,  184. 
Armoiries   (Tapisseries   avec),   XV,    3f'.l  ;    XVI,   311,    324,    577; 

XVII,  156. 
Arts  (les),  XVI.  561. 
Ascension  (I'),  XV,  355. 
Assemblée  de  dames,  XVII,  185. 
Assemblée  de  docteurs,  XVII,  170. 
Assuérns  et  de  la  reine  Esther  (Histoire  d'),  XV,  360.  — (Histoire  d') 

et  de  Vastbi,  XV,  427.  —  (Histoire  du  roi),  XVT,  206. 
Atalante.  Foyez  Méléagre  (Histoire  de). 
Audenardes  (les),  XV,  368;  XVII,  205, 
Aurélien  et  de  la  reine  Zénobie  (Histoire  de  l'empereur),  XVII,  152. 

Bacchanale  (une),  XVII,  170. 

Bacchus  (Triomphe  de),  XV,  476. 

Bethsabée.  Voyez  David. 

Boitsfort  (Chasses  de).  Voyez  Chasses. 

Bopcaiges  et  figures  poétiques  (Tapisseries  de),  XVI,  535.  —  Bocage 

avec  figures,  XVII,  236. 
liosch  (Rêves  de  Guillaume),  XVI,  528. 
Boine  (Bataille  de  la),  XVI,  325. 

Brabant  (Épisodes  de  l'histoire  du  duché  do),  XVII,  172. 
Brcsgate  (Bataille  de),  XVI,  325. 
Brotesques  (Tapisseries  dites),  XVI,  289. 

Cadmus  (Histoire  de),  XV,  431. 

Calicut  (Gens  à  la  manière  de),  XV,  430. 

Calvaire  (le),  XV,  425. 

Camille  (Histoire  de),  XVI,  291. 

Campement  (le),  XVII,  158.  —  Arrivée  au  oanip  et  levée  du  camp, 

XVII,  164. 
Cavalier  (un),  XVI,  55  7. 
Céladon  (Histoire  de),  XVI,  2î)l. 

Cène  du  Christ  et  de  ses  disciple-  (la  dernière),  XV,  470. 
César.  Voyez  Jules-César. 


—    XXIX    — 

Champs  (Scènes  de  la  vie  des),  XVI,  529. 

Charlemagne  (Histoire  de),  XV,  355.  —  (Le  sacre  de),   XVI,  543. 
Charles  VII  (Sacre  de)  et  son  entrée  dans  Reims,  XV,  426. 
Charles-Quint  (Sièges  et  victoires  de),  XV,  431.  —  Tapisseries  de 

Charles-Quint,  XVII,  237. 
Chasses,  XV,  350;  XVI,  206,  559.  —  Chasses  en  Soigne,  XV,  431. 

Chasses  de  l'empereur  Maximilien,  XV,    479;   XVII,    242.  — 

Chasse  à  l'autruche,  XVI,  206.  —  Chasses  de  Boitsfort,  XVI,  564. 

—  Scènes  de  chasse,  XVII,    156,  194.  —   Chasse   au   bocage, 

XVII,  236,  237. 
Chasseurs  buvant  et  fumant,  XVII,  183. 
Chastel  de  Franchise  (le),  XV,  355. 
Chasteté  (Triomphe  de  la),  XVI,  218. 
Château  des  Aygalades  (Tapisserie  du),  XV,  369. 
Châteaux  des  Mérode  (les),  XVII,  162. 
Chemin  des  honneurs  (le),  XV,  4  44. 
Cheval  (Éducation  du),  XVI,  568  ;  XVII,  154. 
Chevalier  au  Cygne  (Histoire  du),  XV,  360. 
Chevaux  à  l'abreuvoir  (des),  XVII,  184. 
Chinois  (Tapisseries  à  dessins),  XVII,  163. 
Christ  (Vie  du),  XV,   403,   464;  XVI,   229,  327;  XVII,  182.  — 

Le  Christ  sortant  du  tombeau,  etc.,  XV,  451. 
Circoncision  de  Notre-Seigneur  (la),  XVI,  571. 
Cité  des  Dames  (la),  XV,  361. 
Clélie  passant  le  Tibre,  XVII,  170. 

Cléopâtre  (Histoire  de),  XVI,  535,  561,   —   Voyez  aussi  Antoine. 
Clovis  (Histoire  du  roi)  et  de  sa  femme,  XV,   428.  —   Histoire  de 

Clovis,  premier  roi  chrétien,  XVI,  561,  562. 
Commerce  (Allégorie  relative  au),  XVII,  174. 
Constantin  (Tapisserie  de  l'empereur) ou  Histoii'C  de  Constantin,  XV, 

470;  XVI,  290,  296,  537,  579. 
Conversation,  XVII,  185. 

Couronnement  de  Notre-Dame  (le),  XV,  354,  360,  374. 
Créations  ou  sujets  bibliques  (les),  XVI,  526,  527.  — ■  La  Création 

du  monde,  XVII,  206. 
Credo  (Histoires  du),  XV,  354. 
Cupidon  (Travaux  de),  XVI,  543. 


—   XXX    — 

Cyrus  (Histoire  du  roi),  XV,  206.  —  fllistoire  de),  XVI,  536,  560, 
574, 

Danse  (la),  etc  ,  XVI,  310,  —  Danse  de  paysans,  XVII.  183. 

Daphnis  et  Chloé  (Histoire  de),  XVII,  19-i. 

David  (l'Histoire  de),  XV,  469;  XVI,  205,  21)1.  —  L'Histoire  de 

David  et  de  Bethsabce,   XV,  422,  481.  —   David   couronnant 

Bethsabce,  XV,  360. 
Décius  (l'Histoire  de),  XVI,  290,  .513,  557. 
Diane  (l'Histoire  de),  XVI;  290,  —  L'Histoire  de  Diane  et  de  Pan, 

XVI,  298.  —  Sacrifice  à  Diane,  XVII,  IM),  —  Repos  de  Diane 

après  la  chasse,  XVII,  170. 
Diane  de  Poitiers  (les  Amours  de),  XV,  473;  XVI,  550. 
Dieux  (Triomphes  des),  XV,  478;  XVII,  170,  228, 
Divertissements  (les),  XVII,  185. 
Don  de  la  Roche  (le),  XV,  35  5. 
Dole  (la  levée  du  siège  de),  XV,  42  1 . 
Doux  baiser  (le),  XVI,  324. 

Douze  mois  (les),  XV,  473,  470;  XVI,  314,  564;  XVII,  199. 
Douze  pairs  de  France  (les),  XV,  855;  XVII,  2'àQ. 

Église  (les  Triomphes  de  1'),  XVI,  290,  295,  550,  552,  553. 

Éleuthère  (saint).  Foijez  Piat  (saint). 

Enfant  Jésus  (1')  dans  les  bras  de  la  Vierge,  XV,  425. 

Enfant  prodigue  (Histoire  de  1'),  XV,  426. 

Enfants  (la  chambre  aux  petits),  XV,  3  57. 

Equitation  (les  Leçons  d'),  XVI,  531. 

Escaut  (Tapisserie  représentant  le  cours  de  1'),  XVI,  212. 

Espoir  en  la  bonté  de  Dieu,  XV,  427. 

l'îslhei'  aux  pieds  d'Assuérus,  XV,  3('i(l.  —  Ksther  (la  reine),  XVII, 

236.  —  Fnije:  aussi  Assuérus. 
Eugène  de  Savoie  (Victoires  (hi  prince),  XVIi,  162, 

Femmes  illustres  (les),  XVII,  171. 

Fête  champêtre,  XVII,  181. 

Fête  que  le  Seigneur  fit  à  ses  Apôtres  (la  dernièie),  XV^,   13n, 

Fêtes  des  paysans  (les),  XVII,  167, 


—    WXI    — 

Forêt  peuplée  (riiyôues,  etc.,  Wi.  5  48. 

Erigius  (rAvcutuve  de),  XVII,  210. 

Fruits  de  la  guerre  (les),  XV,  4.7(),  473;  Wll,  210,  242. 

Fuite  eu  Egypte  (la),  XV,  42  5. 

Galeries  (les),  XVI,  5o."). 

Gavre  (Histoire  de),  XVII,  19l.. 

Gédéon  (l'Histoire  de)  ou  de  la  Toison  d'or,  XV,  .35Î),  42'J  ;  XVII. 

236,  237. 
Godefroid  de  Bouillon  (l'Histoire  de),  XV,  355. 
Gombault  et  Macc,  XVI,  5  70. 
Grotesques  ou  Mois  grotesques  (les),  XV,  476 
Gudule  (la  Légende  de  Sainte-),  XV.  4-50. 
Guerre  (l'Art  de  la),  XVI,  324. 
Guerrier  debout  (un),  XVI.  539.  —  Un  gu<^rrior  anti(|UP  ennilKittant, 

XVT,  555. 
Guesclin  (l'Histoire  de  raessire  Bertrand  du),  XV,  35  5. 
Guillaume  de  Normandie  (l'Histoire  de),  XV,  355. 

Helcanus  qui  a  perdu  sa  dame  (l'Histoire  d"),  XV,  355. 

Hereule  (l'Histoire  d'),  XVI,  206;  XVII,  527.  ~  Les  travaux 
d'Hereule,  XV,  427,473;  XVII,  234.  —  Hereule  combattant 
le  lion  deNcmée,XVI,  531.  —  Hercule  étouffant  Antée, XVI,  548. 

Ilerkenbald  (l'Histoire  d'),  XV,  399,  447. 

Holopherne  (Histoire  d'),  XVII,  234. 

Homme  (la  V^ie  de  1'),  XVI,  206.  —  L'Histoire  de  l'Homme,  XVI, 
551. 

Honneurs  (les),  XV,  444;  XVII,  239. 

Hosties  de  Sainte-Gudule  (l'Histoire  de.s),  XVII,  1S4,  191. 

Ingolmunster  (le  siège  du  château  d"),  XV'II,  231. 

Jacob  (l'Histoire  de),  XV,  448;  XVI,  232.  —  Tapis.^crie  de  l'Ér-lielle 
de  Jacob,  XV,  480. 

Jardinage  (la  Tapisserie  du),  XVI,  2()7. 

Jason  (l'Histoire  de),  XV,  355,  427. 

Jean  (l'Histoire  de  saint),  XV,  854.  —  L'Histoire  de  saint  Jean- 
Baptiste,  XV,  423. 


—    XXXII    — 

Jéroboam  (l'Histoire  de),  XV,  470. 

Jessé  (Histoire  de),  XV,  430.  Voyez  Arbre  de  Jessé  (1'). 

Jésus-Christ.  Voyez  Christ  (le).  Enfant  Jésus.  —  Jésus-Christ  au 
Jardin  des  Olives,  XV,  402,  432.  —  Voi/ez  aussi  Fête,  Pas- 
sion, etc. 

Jeu  d'enfants  (le),  XVII,  205. 

Jeunesse  (Histoire  de  la)  et  déduit  appelé  la  Chasse  du  cerf,  XV,  357. 

.loseph  ou  Joseph  le  Juste  (Histoire  de),  XV,  429;  XVI,  204; 
XVII,  234,  23G. 

Josué  (l'Histoire  de),  XV,  470;  XVI,  534,  535.  —  Josué  combat- 
tant les  Amalécites,  XVII,  191. 

Jugement  rendu  par  un  roi,  XVI,  539. 

Jules-César  (riiistoire  de),  XV,  400.  —  Les  Triomphes  de  Jules- 
César,  XV,  429. —  Épisodes  Az  la  vie  de  César,  XVII,  149. 

Jupiter  (l'Histoire  de),  XVII,  175. 

Latone  (la  Vie  de),  XVI,  531. 

Laurent  (le  Martyre  de  saint),  XV,  450, 

Laurent  Guérin  qui  chassa  le  sanglier  (l'Histoire  de),  KV,  355. 

Laurent  le  Magnifique  (l'Histoire  de),  XVI,  206. 

Leyde  (la  Délivrance  de),  XVI,  222. 

Liège  (l'Histoire  de),  XV,  355    —  La  Bataille  de  Liège,  XV,  428  ; 

XVII,  235. 
Loth  (la  tapisserie  de),  XV,  470, 
Louis   XIV   approuvant  les  dessins    du   Louvre,    XVII,    152.    — 

Portrait  de  Louis  XIV,  XVII,  19S. 
Lucrèce  ^l'Histoire  de),  XV.  476. 

Marc  (Vie  de  saint),  XVII,  243. 

Marché  flamand,  XVII,  169.  —  Marché  aux  poissons,  XVII,  183. 

Maréchaux  visitant  les  chevaux,  XVII,  185. 

Marguerite  (le  Parement  de  la  reine),  XV,  360. 

Mariage  (la  tapisserie  du),  XV,  480. 

Marlborough  (les  Campagnes  du  général  duc  de),  XVII,  162. 

Martin  (saint),  XV,  361. 

Maximien  (l'Histoire  de  rempereur),  XV,  366. 

Méléagre  et  Atalaiite  (l'Histoire  de),  XVI,  561,  563. 

Métamorphoses  (rOvid<^  (h-),  XVII,  :207.  238. 


—  xxxiu  — 

Minerve  distribuaut  des  recompenses,  XVII,  170, 

Modus  (le  roi)  et  la  reine  Ratio,  XV,  449. 

Mois  de  Lucas  (les),  XV,  477  ;  XVT,  232.  —  Voyez  Douze  Mois  (les). 

Moïse  (l'Histoire  de),  XVI,  561,  562;  XVII,  176,  178,  228,  239. 

—  Moïse  sauvé  des  eaux,  XVII,  191. 
Moisson  (la),  XVII,  169. 
Moncade  (l'Histoire  du  comte  de),  XVII,  150. 
Monde  (les  Cinq  âges  du),  XV,  471.  —  Les  Sept  âges  du  monde, 

XV,  471. 
Moutons  pâturant,  XVI  [,  183. 
Mystère  de  l'incarnation  adoré  par  les  anges  et  les  hommes  (le), 

XV/425. 

Nassau  (les),  XV,  448. 

Nativité  de  Notre-Seignenr,  XV,  354. 

Neptune  tenant  le  trident,  XVI,  526.  —  Le  Triomphe  de  Neptune 

et  d'Amphitrite,  XVII,  155.  — Neptune  avec  Amphitrite,  XVII, 

170. 
Neuf  preuses  (les),  XV,  355. 
Neuf  preux  et  les  neuf  preuses  (les),  XV,  355. 
Nicolas  (saint),  XV,  361. 

Noé  (l'Histoire  de),  XV,  430,  438  ;  XVI,  232,  530,  535. 
Notre-Dame  (le  Couronnement  de),  XV,  354. 
Numa  Pompilius  (l'Histoire  de),  XVi.  531. 

Orgueilleux  de  la  lande,  nommé  Parceval  le  Gallois  (F),  XV,  355. 
Orphée  (l'Histoire  d'),  XV,  476. 

Ovide  (les  Fables  d'),   XVII,  228,   238.    —   Les  Métamorphoses 
d'Ovide,  XVI,  200;  XVII,  175,  207,  228. 

Pan  (l'Histoire  de).  —  Voyez  Diane. 

Pape  (la  tapisserie  du),  XV,  428. 

Paradis  terrestre  (le),  XVI,  561. 

Parc  des  bergers  (le),  XV,  857. 

Paris  et  Hélène  (l'Histoire  de),  XVI,  267. 

Parterres  à  vues  de  Versailles  (les),  XVII,  205. 

Parties  du  monde  (les),  XVII,  210. 


—    XX.XIV    — 

rassioii(h.;,  XV,  36U,  181:  XVII,  236,  237.  —  La  Passion  et  le 
Crucitiemeiit,  XV,  355.  —  Scènes  de  la  Passion,  XV,  404-108. 

Paul  (l'Histoire  ou  Vie  de  saint),  XV,  471  :  XVI,  577  •  XMl    15] 
241.  >  ,  ,         , 

Pavie  (la  Bataille  de),  XV,  451. 

Paysages  avec  paysans  et  bûcherons,  XV,  36o,  -  PaYsa-es  étolFés, 

XVII,  184.  '     ^ 

Paysans  de  Teuiers  (les),  X\  11,  177,  205,  22b. 
Pèche  du  poisson  (la),  XVII,  172. 
Pêche  miraculeuse  (la),  XVII,  241, 

Péchés  capitaux  (les  Sept),  XV,  40:2,  404,  443  ;  XVIl^  230, 
Pénélope  entourée  de  ses  femmes,  XVII,  170. 
Perseus  ou  Persée  (l'IIistoire  de),  XV,  430,  470. 
Pétrarque  (les  Triomphes  de),  XVI,  53S.  —  Pétrarque,  XVII,  23r, 

237. 
Phébus  (l'Histoire  de),  XV,  471. 

Piat  et  de  saint  Êieuthère  (la  légende  de  saint),  XV,  358. 
Plaisirs  champêtres  (les),   XVT,   530,  —  Plaisirs  du  monde  (le<) 

XVII,  1(37. 
Plantation  du  mai  (la),  XVII,  183. 
Pomone  (l'Histoire  de),  XVI,  538  ;  XVII,  237.  —  Galeries  et  ligures 

de  Pomone,  XVI,  538. 
Printemps  (le),  XVI,  555. 

Psyché  (l'Histoire  de),  XV,  420,  470;  XVI,  327;  XVII,  165,  171. 
Purgatoire  (le),  XV,  429. 
Pyrrhus  (le  Festin  de),  XVI,  567. 

Quinze  signes  et  jugement  de  Notre-Seigneur  (les),  XV,  355, 
Quichotte  (l'Histoire  de  don)  ou  Quixolte  de  la  Manche,  XVII,  15  0, 
168,  169,  170,  171,  172. 

Rabcsques  de  llaphaël  (les),  XV,  475. 

Récolte  du  foin  (la),  XVII,  183. 

Heine  assise  sur  sou  trône  (une),  XVI,  579. 

Remy  (la  Vie  de  saint),  XV,  481. 

Renaud  de  Montauban  (l'IIistoire  de),  XV.  374. 

Résurrection  du  ladre  (la),  XV,  354, 

Révocation  de  l'édit  de  Nantes  (la),  XVII.  15:.'. 


—    XNXV    — 

Keynier  qui  lit  un  champ  de  bataille  (IMlistoire  de),  XV,  oj"). 

lloi  terrassant  un  lion,  XVI,  536. 

lîois  (épisode  du  livre  des),  XVII,  158. 

Roland  (l'Histoiic  de),  XVI,  255. 

Romaines  (Histoires),  XVI,  291. 

Romains  et  des  Sabins  (le  Combat  des),  XVJ,  5411. 

Romulus  et  de  Réraus  (l'Histoire  de),  XV,  442;  XVil,  i'i\). 

Roosebeek  (l'Histoire  ou  la  Eataille  de),  XV,  35  5. 

Sabines  (le  Ravissement  ou  enlèvement  des),  XV,  476;  XVI,   5  l'J. 

Sacrement  (l'Histoire  du),  XV,  364. 

Saisons  de  l'année  (les  Qnatre),  XVI,  233,  314,  324;  XVJl,  ll'J, 

166,  171,  175,  244. 
Salomon  (l'Histoire  de),  XVI,  206.  ~  Salomon  sur  son  trône,  XVI, 

197.  —  L'entrevue  de  Salomon  et  de  la  reine  de  Saba,  XVI,  201 . 
Samson  (l'Histoire  de),  XV,  431;  XVI,  548,  549,  551. 
Sancho  Pansa  (l'Histoire  de),  XVII,  175. 
Scènes  champêtres,  XVII,  15  8,  159. 
Sciences  (les),  XVI,  532. 
Scipion  (la  Vie  de),  XV,  471  et  suiv.  ;  XVI,  20l ,  548,  377.  —  Les 

Batailles  ou  les  Victoires  de  Scipion,  XV,  472  et  suiv.;  XVI,  563; 

XVTI,  2  41. 
Scmirarais  de  Babylone  (l'Histoire  de),  XV,  355. 
Sept  âges  (les),  XV,  429;  XVII,  236.  —  Voyez  Monde   (les   Sept 

âges  du). 
Sept  Péchés  capitaux  (les).  —  Voi/e:;  les  Péchés  capitaux. 
Sept  sages  (les),  XV,  355. 

Serments  et  métiers  de  Bruxelles  (les),  XVII,  230, 
Sienne  (la  Guerre  de),  XVI,  206. 
Singes  (les),  XVI,  530. 
Sites  agréables,  XVII,  160, 
Soigne  (Vues  du  bois  de),  XV,  44 S. 
Souper  et  de  Banquet  (la  Condamnation  de),  XV,  426. 
Spasme  de  Sicile  (le),  XV,  468. 
Sphères  (les),  XVI,  528. 
Suède  (un  roi  de)  à  cheval,  XVI,  557. 
Susanne  et  les  Vieillards,  XV,  480, 


XXXVI    — 

Tanjuin  et  de  Lucrèce  la  Romaine  (Histoire  de),  XVi,   203,  291. 

Tenières  (les),  XVI,  309.  —  Sujets  à  la  Teniers,  XYIl,  15fi. 

Testament  (Épisodes  de  l'Ancien),  XVII,  191. 

Tête  du  Sauveur  couronnée  d'épines  (la),  XVII,  168. 

Thésée  (l'Histoire  de),  XVI,  543;  XVII,  204. 

Tobie  (Histoire  de),  XV,  449. 

Torbay  (la  Descente  de),  XV,  825. 

Triomphe   romain   (un),  XVI,    571.  —  Un   triomphateur  romain, 

XVII,  170. 
Troie  (l'Histoire  de),  XV,  430;  XVI,  291,  535,  537.  —  La  guerre 

de  Troie,  XVI,  567. 
Trois  Rois  (les),  XV,  366;  XVI,  565. 
Troyennes  (Scènes),  XVI,  583. 
Tunis  (l'Histoire  de  la  conquête  de),   XV,   431-438;  XVI,  232; 

XVII,  162. 

Ulysse  (la  Vie  ou  Histoire  d'),  XVI,  206,  290,  295,  529. 

Vénus  (les  Triomphes  de),  XV,   476.   —  lies  Amours   de   Vénus 

et  d'Adonis,  XVI,  827;  XVII,  163. 
A'erdures  (les),  XV,  392. 
Vertu  (la)  terrassant  le  Vice,  XV,  450. 
Vertumne  et  Pomone,  XV,  441. 
Vertus  et  les  vices  (les),  XV,  443,  444;  XVII,  239. 
Vierge  (le  Couronnement  de  la],  XV,  354.  —  La  Mort  de  la  Vierge, 

XVI,  200.  —  La  Vie  de  la  Vierge,  XV,  422.  —  La  Vierge  avec 
l'Enfant  Jésus,  XVII,  158. 

Vulcain  (l'Histoire  de),  XV,  478,  479  ;  XVI,  232. 

Zénobie  (l'Histoire  de).   Voi/e:;  Aurélieu.   —  Zénobie  à  la  chasse, 

XVII,  153. 


GETTY  CENTER  LINRARY       '